<div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"> <p>&Eacute;crivain, photographe et critique de photographie, <font color="#000000">Herv&eacute; Guibert (1955-1991) est l&rsquo;auteur d&rsquo;une vingtaine de livres pour la plupart autobiographiques ou autofictionnels, ainsi que d&rsquo;un journal &eacute;dit&eacute; en vue d&rsquo;une publication posthume. Atteint du sida, il a aussi document&eacute; sa maladie dans un long-m&eacute;trage.</font></p> <p><font color="#000000">Le projet litt&eacute;raire et artistique de Guibert le voit constamment au centre de sa production. L&rsquo;auteur-personnage ne manque pas d&rsquo;int&eacute;grer dans son portrait composite sa relation aux espaces qu&rsquo;il habite et aux objets qui les peuplent. C&rsquo;est justement par l&rsquo;inscription de ces espaces dans son &oelig;uvre qu&rsquo;ils deviennent </font><em><font color="#000000">ses</font></em><font color="#000000"> espaces, qu&rsquo;il les habite. En t&eacute;moigne l&rsquo;une des recommandations de son livre sur la photographie&nbsp;: &laquo;&nbsp;Quand on arrive dans une ville, la premi&egrave;re chose est de photographier sa chambre, comme pour marquer son territoire<a class="see-footnote" href="#nbp1" name="liennbp1">1</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">De plus, la production artistique de l&rsquo;auteur r&eacute;v&egrave;le sa d&eacute;termination &agrave; narrer et repr&eacute;senter tout ce qu&rsquo;il a vu et v&eacute;cu ainsi que sa fa&ccedil;on de le vivre et de le voir. Lorsqu&rsquo;il r&eacute;sume sa po&eacute;tique dans la formule &laquo;&nbsp;quand je dispara&icirc;trai, j&rsquo;aurai tout dit<a class="see-footnote" href="#nbp2" name="liennbp2">2</a> &raquo;, l&rsquo;emphase est &agrave; la fois sur &laquo;&nbsp;tout&nbsp;&raquo; et sur le fait de l&rsquo;avoir &laquo;&nbsp;dit&nbsp;&raquo;. Comme le souligne une amie de Guibert, Dominique Issermann&nbsp;: &laquo;&nbsp;il avait envie de partager [&hellip;]. Le geste de montrer, c&rsquo;est &ccedil;a l&rsquo;histoire<a class="see-footnote" href="#nbp3" name="liennbp3">3</a>.&nbsp;&raquo;</font></p> <p><font color="#000000">Il est alors int&eacute;ressant de se demander si l&rsquo;acte de &laquo;&nbsp;marquer&nbsp;&raquo; par son art son territoire&nbsp;&ndash;&nbsp;initialement pour se l&rsquo;approprier comme lieu de vie et le transformer en espace habitable&nbsp;&ndash;&nbsp;peut devenir &eacute;galement un moyen de partager son univers. Ceci revient &agrave; analyser la fa&ccedil;on dont Guibert structure sa relation &agrave; ses objets et &agrave; ses lieux (par l&rsquo;&eacute;criture, la photographie et la vid&eacute;o) afin d&rsquo;y faire co-habiter son lecteur.</font></p> <p><font color="#000000">Dans les pages qui suivent, nous nous interrogerons sur les strat&eacute;gies que Guibert adopte pour y parvenir, &agrave; savoir l&rsquo;inscription de son corps dans ses espaces et la construction d&rsquo;un lien affectif entre le lecteur fid&eacute;lis&eacute; et les objets de l&rsquo;auteur. Nous nous demanderons enfin dans quelle mesure la maladie change le rapport de l&rsquo;auteur &agrave; ses espaces et &agrave; son public de lecteurs.</font></p> <p><font color="#000000">Tout en faisant r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la production &eacute;crite et photographique de Guibert, nous limiterons notre analyse &agrave; deux &oelig;uvres majeures de ses derni&egrave;res ann&eacute;es, &agrave; savoir le roman </font><em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000"><a class="see-footnote" href="#nbp4" name="liennbp4">4</a> (1991) et le film-documentaire </font><em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000"><a class="see-footnote" href="#nbp5" name="liennbp5">5</a> (diffus&eacute; sur TF1 en 1992). Notre choix est motiv&eacute; non seulement par le dialogue inter-m&eacute;diatique qui lie les deux &oelig;uvres, mais aussi par l&rsquo;importance qu&rsquo;elles rev&ecirc;tent, dans l&rsquo;&oelig;uvre de l&rsquo;auteur, quant &agrave; la mise en sc&egrave;ne de son univers spatial personnel.</font></p> <h2><strong><font color="#000000">La pr&eacute;sence de l&rsquo;auteur</font></strong></h2> <p><font color="#000000">Guibert &eacute;crit que, pour lui, &laquo;&nbsp;aimer une &eacute;criture [&hellip;] consiste aussi &agrave; avoir des fantasmes, sinon sur le corps qui l&rsquo;a produite, du moins sur ses lieux ou ses objets<a class="see-footnote" href="#nbp6" name="liennbp6">6</a> &raquo;. C&rsquo;est donc &agrave; partir de son exp&eacute;rience de lecteur qu&rsquo;il se donne comme but d&rsquo;engager &laquo;&nbsp;le d&eacute;sir de ses lecteurs pour la mat&eacute;rialit&eacute; de la sc&egrave;ne de l&rsquo;&eacute;criture<a class="see-footnote" href="#nbp7" name="liennbp7">7</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">Dans </font><em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000"> et </font><em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000">, l&rsquo;auteur vit et travaille dans son nouvel appartement parisien de la rue Raymond Losserand et dans l&rsquo;ermitage de Santa Caterina sur l&rsquo;&icirc;le d&rsquo;Elbe (un ancien monast&egrave;re restaur&eacute; par son ami photographe Hans-Georg Berger, dont la sacristie sert de chambre &agrave; Guibert). L&rsquo;appartement ne b&eacute;n&eacute;ficie pas d&rsquo;une continuit&eacute; dans l&rsquo;&oelig;uvre de l&rsquo;auteur (qui vient de s&rsquo;y installer) et il est reconnaissable en tant qu&rsquo;espace guibertien davantage par les objets qu&rsquo;il contient. En revanche, l&rsquo;ermitage appara&icirc;t &agrave; plusieurs reprises dans les textes de l&rsquo;auteur ainsi que dans ses photographies<a class="see-footnote" href="#nbp8" name="liennbp8">8</a>. C&rsquo;est pourtant uniquement dans le film qu&rsquo;on d&eacute;couvre l&rsquo;ermitage vu du dehors et dans son ensemble.</font></p> <p><font color="#000000">Puisque le roman et le film prennent la suite de </font><em><font color="#000000">&Agrave; l&rsquo;ami qui ne m&rsquo;a pas sauv&eacute; la vie</font></em><font color="#000000"> dans l&rsquo;&laquo;&nbsp;histoire personnelle du sida<a class="see-footnote" href="#nbp9" name="liennbp9">9</a> &raquo; de l&rsquo;auteur-personnage, son chez-soi d&rsquo;&eacute;crivain (sa &laquo;&nbsp;sc&egrave;ne de l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;) est aussi le chez-soi d&rsquo;un malade. La d&eacute;couverte ou red&eacute;couverte des lieux par un corps qui a chang&eacute; devient alors un &eacute;l&eacute;ment fondamental dans la narration de ces espaces. Ainsi, &agrave; propos de son appartement, Guibert &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce corps d&eacute;charn&eacute; [&hellip;] je le retrouvais chaque matin en panoramique auschwitzien dans le grand miroir de la salle de bains que l&rsquo;entrepreneur, comme par un fait expr&egrave;s, alors que je n&rsquo;avais toujours eu dans mes salles de bains que de miroirs de poche, y avait fait installer<a class="see-footnote" href="#nbp10" name="liennbp10">10</a>.&nbsp;&raquo; Arriv&eacute; dans l&rsquo;ermitage sur l&rsquo;&icirc;le, il d&eacute;crit les cons&eacute;quences de l&rsquo;affaiblissement de son corps pendant les mois de son absence&nbsp;:</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;&Agrave; Paris il y a l&rsquo;ascenseur, les taxis, le t&eacute;l&eacute;phone, l&rsquo;eau qui coule [&hellip;]. Ici [&hellip;] c&rsquo;est devenu dur d&rsquo;actionner la pompe, de tenir un seau plein d&rsquo;eau [&hellip;]. Il y a des marches un peu trop hautes pour moi, limite. Je n&rsquo;arr&ecirc;te pas d&rsquo;&eacute;prouver mes limites sous le regard des autres terroris&eacute;s par le manque d&rsquo;habitude<a class="see-footnote" href="#nbp11" name="liennbp11">11</a> [&hellip;] </font></q></p> <p><font color="#000000">L&rsquo;importance du corps et de ses mouvements entra&icirc;ne une volont&eacute; d&rsquo;explorer la relation du corps &agrave; l&rsquo;espace qui est &eacute;vidente aussi au niveau de l&rsquo;image dans le documentaire<a class="see-footnote" href="#nbp12" name="liennbp12">12</a>. Bien que, dans ce cas, le d&eacute;cor soit un exp&eacute;dient pour partager l&rsquo;attention du spectateur entre l&rsquo;auteur et d&rsquo;autres sujets, il est aussi une occasion de repr&eacute;senter ses espaces comme des espaces habit&eacute;s, c&rsquo;est-&agrave;-dire parcourus par son corps et racont&eacute;s par son regard.</font></p> <p><font color="#000000">En effet, Guibert se filme &agrave; distance variable par rapport &agrave; la cam&eacute;ra, presque toujours en plan moyen, se faisant encadrer par ses objets, qu&rsquo;il filme aussi en gros plan. C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment cette inscription du corps de l&rsquo;auteur dans son d&eacute;cor qui constitue la nouveaut&eacute; la plus significative du film par rapport &agrave; sa production photographique. Parmi les nombreuses photographies de ses appartements et ses chambres, il est en effet tr&egrave;s rare de voir son corps coexister avec ses objets. Une photographie fait exception, &laquo;&nbsp;Autoportrait rue du Moulin-vert, 1986<a class="see-footnote" href="#nbp13" name="liennbp13"> 13</a> &raquo;, o&ugrave; Guibert met en sc&egrave;ne un simulacre de sa mort, se repr&eacute;sentant allong&eacute; au milieu de la pi&egrave;ce, couvert par un linceul et entour&eacute; par une t&ecirc;te en cire de Jeanne d&rsquo;Arc, un disque des psaumes de Liszt et un fuseau.</font></p> <p><font color="#000000">Tout comme Alain Buisine, dans leur analyse de l&rsquo;&oelig;uvre photographique de Guibert Jean-Pierre Boul&eacute; et Arnaud Genon insistent sur son intention de photographier l&rsquo;absence<a class="see-footnote" href="#nbp14" name="liennbp14">14</a>. Cette interpr&eacute;tation des photographies a &eacute;galement &eacute;t&eacute; appliqu&eacute;e au documentaire&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;absence est signifi&eacute;e dans la vid&eacute;o [&hellip;] par les plans r&eacute;it&eacute;r&eacute;s qui explorent la structure et le d&eacute;cor de l&rsquo;appartement, comme si son occupant se trouvait ailleurs et l&rsquo;appartement vide<a class="see-footnote" href="#nbp15" name="liennbp15">15</a> &raquo;. Cependant, si le documentaire joue sans aucun doute avec la disparition imminente de son auteur-personnage, il faut &eacute;galement prendre en compte la force de la </font><em><font color="#000000">pr&eacute;sence</font></em><font color="#000000"> de Guibert dans le long-m&eacute;trage et dans les plans sur les objets<a class="see-footnote" href="#nbp16" name="liennbp16">16</a>. Alors que, quand Guibert est dans le cadre, le tournage se fait presque toujours en plan fixe et il agit comme si la cam&eacute;ra n&rsquo;&eacute;tait pas l&agrave; (mais dans les plans moyens on voit souvent l&rsquo;un des pieds du cam&eacute;scope), lorsqu&rsquo;il filme ses objets, il le fait souvent en cam&eacute;ra port&eacute;e, parfois accentuant la mobilit&eacute; de la cam&eacute;ra en la faisant tourner vertigineusement. De plus, m&ecirc;me lorsqu&rsquo;il filme ses objets sans rentrer dans le cadre, c&rsquo;est explicitement lui qui est en train de les filmer (comme les g&eacute;n&eacute;riques en informent le spectateur). D&rsquo;ailleurs, c&rsquo;est une caract&eacute;ristique essentielle de l&rsquo;&eacute;criture de Guibert que de le rendre toujours physiquement pr&eacute;sent et de l&rsquo;int&eacute;grer au r&eacute;cit ou &agrave; la repr&eacute;sentation. Il suffit &agrave; ce propos de consid&eacute;rer les cinq plans cons&eacute;cutifs d&eacute;di&eacute;s aux deux peluches Agneaudoux et Belours, dans lesquels Guibert leur donne diff&eacute;rentes positions &eacute;rotiques. On sait depuis </font><em><font color="#000000">Mes parents</font></em><font color="#000000"> qu&rsquo;Agneaudoux est la peluche d&rsquo;enfance de l&rsquo;auteur<a class="see-footnote" href="#nbp17" name="liennbp17">17</a>, alors qu&rsquo;on apprend dans </font><em><font color="#000000">L&rsquo;Incognito</font></em><font color="#000000"> que Belours est &laquo;&nbsp;l&rsquo;ours d&rsquo;enfant que j&rsquo;ai piqu&eacute; &agrave; Bibi [l&rsquo;ami/amant de Guibert, Thierry] pour en faire son compagnon<a class="see-footnote" href="#nbp18" name="liennbp18">18</a> &raquo;. Comme dans la photographie &laquo;&nbsp;Agenaudoux, 1981<a class="see-footnote" href="#nbp19" name="liennbp19"> 19</a> &raquo;, dans laquelle Guibert tient Agneaudoux suspendu dans l&rsquo;air par sa main, la mise en sc&egrave;ne dans ces plans, malicieuse et attachante &agrave; la fois (de par l&rsquo;identification d&rsquo;Agneaudoux et Belours &agrave; Guibert et Thierry), ne fait que renforcer la pr&eacute;sence de l&rsquo;auteur dans la m&ecirc;me pi&egrave;ce que ses peluches. Sans se montrer, il se filme presque en train de filmer, puisque le regard et la composition de la sc&egrave;ne, qui en plus signale sa pr&eacute;sence &agrave; travers les r&eacute;arrangements d&rsquo;un plan &agrave; l&rsquo;autre, sont manifestement les siens.</font></p> <p><font color="#000000">Ainsi, l&rsquo;auteur, qui &eacute;crit dans son journal &laquo;&nbsp;la photo qu&rsquo;un autre que moi pourrait faire, qui ne tient pas au rapport particulier que j&rsquo;ai avec tel ou tel, je ne veux pas la faire<a class="see-footnote" href="#nbp20" name="liennbp20">20</a> &raquo;, non seulement met en sc&egrave;ne, par les cadrages et les mouvements de cam&eacute;ra, sa sensibilit&eacute; ou son go&ucirc;t, mais construit son film &agrave; partir de l&rsquo;&laquo;&nbsp;ant&eacute;c&eacute;dent affectif<a class="see-footnote" href="#nbp21" name="liennbp21">21</a> &raquo; repr&eacute;sent&eacute; par son rapport &agrave; ses objets. Il agit donc en complicit&eacute; avec ses objets et communique cette complicit&eacute; au spectateur<a class="see-footnote" href="#nbp22" name="liennbp22">22</a>.</font></p> <h2><strong><font color="#000000">L&rsquo; &laquo;&nbsp;ant&eacute;c&eacute;dent affectif&nbsp;&raquo;</font></strong></h2> <p><font color="#000000">Pour l&rsquo;efficacit&eacute; des plans du film, l&rsquo;auteur compte &eacute;galement sur l&rsquo;&laquo;&nbsp;ant&eacute;c&eacute;dent affectif&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il a d&eacute;j&agrave; su construire chez son public de lecteurs. &Agrave; ce propos, Claire Legendre, parlant de Guibert, exprime son &laquo;&nbsp;euphorie&nbsp;&raquo; lors de sa premi&egrave;re rencontre avec les photographies de l&rsquo;auteur &agrave; la suite de la lecture de ses textes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout a pris forme comme d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; sue par c&oelig;ur mais jamais vue. Comme les petits &eacute;l&egrave;ves latinistes lorsqu&rsquo;ils vont &agrave; Rome pour la premi&egrave;re fois<a class="see-footnote" href="#nbp23" name="liennbp23">23</a> &raquo;. De m&ecirc;me, Boul&eacute; et Genon soulignent plus sobrement que &laquo;&nbsp;le film est familier pour qui conna&icirc;t les photos de Guibert<a class="see-footnote" href="#nbp24" name="liennbp24">24</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">En effet, le lecteur habitu&eacute; &agrave; son univers conna&icirc;t la plupart des objets et le rapport particulier qui lie l&rsquo;auteur &agrave; ses tableaux et &agrave; ses possessions. Dans </font><em><font color="#000000">Mes parents</font></em><font color="#000000">, par exemple, le premier renseignement sur l&rsquo;enfance de Guibert concerne les reproductions de </font><em><font color="#000000">Terrasse du caf&eacute; le soir</font></em><font color="#000000"> de Van Gogh et du </font><em><font color="#000000">Cri</font></em><font color="#000000"> de Munch que ses parents avaient &laquo;&nbsp;inconsid&eacute;r&eacute;ment punais&eacute;[es]&nbsp;&raquo; au mur. Il &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les images ont des insinuations diaboliques. [&hellip;] L&rsquo;irradiation de ces deux images sur mon corps d&rsquo;enfant est &agrave; ce point violente que je me suis exerc&eacute; &agrave; devenir aveugle lorsque je passe devant elles<a class="see-footnote" href="#nbp25" name="liennbp25">25</a> &raquo;. Si d&rsquo;une part leur pr&eacute;sence le d&eacute;range<a class="see-footnote" href="#nbp26" name="liennbp26">26</a>, il se cr&eacute;e n&eacute;anmoins une affinit&eacute; entre Guibert et ses objets, dans lesquels il s&rsquo;amuse &agrave; d&eacute;nicher un c&ocirc;t&eacute; monstrueux comme il le fait avec lui-m&ecirc;me (la t&ecirc;te de Jeanne d&rsquo;Arc fait ainsi fuir les chiens, comme lui les chats<a class="see-footnote" href="#nbp27" name="liennbp27">27</a>). Il d&eacute;veloppe aussi une fascination physique et fantasmatique &agrave; leur l&rsquo;&eacute;gard, comme en t&eacute;moigne le chapitre &laquo;&nbsp;L&rsquo;image canc&eacute;reuse&nbsp;&raquo; de </font><em><font color="#000000">L&rsquo;Image fant&ocirc;me</font></em><font color="#000000"><a class="see-footnote" href="#nbp28" name="liennbp28">28</a>.</font></p> <p><font color="#000000">Si un lecteur entrait dans son &oelig;uvre &agrave; la hauteur du </font><em><font color="#000000">Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000"> ou du documentaire, ce serait d&rsquo;ailleurs l&rsquo;auteur lui-m&ecirc;me qui inviterait &agrave; remonter en arri&egrave;re, &agrave; tisser des liens. Dans le roman, il affirme&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai toujours su que je ferais un jour un grand succ&egrave;s d&rsquo;un de mes livres, et qu&rsquo;il ferait conna&icirc;tre tous les autres<a class="see-footnote" href="#nbp29" name="liennbp29">29</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">En effet, comme dans le cas des personnages qui s&rsquo;inspirent de la m&ecirc;me personne et qui changent de nom d&rsquo;un livre &agrave; l&rsquo;autre, les objets reviennent, parfois sugg&eacute;rant l&rsquo;identification d&rsquo;un personnage &agrave; la personne qui leur &eacute;tait associ&eacute;e. Comme le dit Claire Legendre, lors de son p&egrave;lerinage &agrave; l&rsquo;ermitage&nbsp;:</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;G&eacute;rard [un ami de Guibert] m&rsquo;a pr&eacute;venue que Herv&eacute; trompait son monde, jouait avec la r&eacute;alit&eacute;, brouillait les pistes. Mais &agrave; quoi bon les brouiller si ce n&rsquo;est dans l&rsquo;espoir secret qu&rsquo;un lecteur amoureux ne vienne un jour s&rsquo;amuser &agrave; les d&eacute;faire&nbsp;? [&hellip;] Je pioche des indices et je joue mon r&ocirc;le pour que le roman perdure<a class="see-footnote" href="#nbp30" name="liennbp30">30</a>. </font></q></p> <p><font color="#000000">Nous citons ici &agrave; titre d&rsquo;exemple l&rsquo;objet le plus embl&eacute;matique&nbsp;: la t&ecirc;te de Jeanne d&rsquo;Arc. Cette t&ecirc;te, qu&rsquo;on rep&egrave;re dans le documentaire en arri&egrave;re-plan, au-dessus de la biblioth&egrave;que, figurait d&eacute;j&agrave; dans&nbsp;&laquo;&nbsp;Autoportrait rue du Moulin-vert, 1986&nbsp;&raquo;. Elle appara&icirc;t aussi dans le recueil de photographies </font><em><font color="#000000">Le Seul visage</font></em><font color="#000000">, dans &laquo;&nbsp;La t&ecirc;te de Jeanne d&rsquo;Arc<a class="see-footnote" href="#nbp31" name="liennbp31">31</a> &raquo;. &Agrave; cette t&ecirc;te et &agrave; son acquisition rocambolesque, Guibert d&eacute;die la nouvelle du m&ecirc;me titre publi&eacute;e dans </font><em><font color="#000000">Mauve le vierge</font></em><font color="#000000"><a class="see-footnote" href="#nbp32" name="liennbp32">32</a>. La t&ecirc;te est &eacute;galement incluse dans la liste des objets du protagoniste de </font><em><font color="#000000">L&rsquo;Incognito</font></em><font color="#000000"><a class="see-footnote" href="#nbp33" name="liennbp33">33</a></font><em><font color="#000000">.</font></em><font color="#000000"> Elle appara&icirc;t aussi dans le roman fictionnel </font><em><font color="#000000">Des Aveugles</font></em><font color="#000000"> avec un second personnage ressemblant Guibert<a class="see-footnote" href="#nbp34" name="liennbp34">34</a> : un jeune &laquo;&nbsp;esth&egrave;te&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;saint&nbsp;&raquo;, chez qui se trouve</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;une st&egrave;lette &eacute;gyptienne de bois noir sur laquelle &eacute;tait pos&eacute;e une t&ecirc;te de cire renvers&eacute;e, qui faisait un effet de d&eacute;capitation, mais dans laquelle il ne voyait que l&rsquo;imploration, et sur ses l&egrave;vres certains soirs d&rsquo;ivresse il apposait ses propres l&egrave;vres. La t&ecirc;te repr&eacute;sentait Jeanne d&rsquo;Arc qui entendait des voix<a class="see-footnote" href="#nbp35" name="liennbp35">35</a> [&hellip;] </font></q></p> <p><font color="#000000">Puisque c&rsquo;est uniquement la pr&eacute;sence de la t&ecirc;te qui fait le lien avec Guibert, ce lien n&rsquo;est perceptible que par ceux qui connaissent l&rsquo;existence de cet objet. De cette fa&ccedil;on, le lecteur &laquo;&nbsp;expert&nbsp;&raquo; se fait complice de l&rsquo;auteur. De plus, lorsque le lecteur &laquo;&nbsp;reconna&icirc;t&nbsp;&raquo; l&rsquo;objet, il reconna&icirc;t aussi la chambre, qui pourrait &ecirc;tre celle de Guibert&nbsp;: il a donc l&rsquo;impression de savoir o&ugrave; il est et attend l&rsquo;apparition d&rsquo;autres &eacute;l&eacute;ments familiers.</font></p> <p><font color="#000000">En raison de cette mythologie cr&eacute;&eacute;e par Guibert autour de ses objets par la photographie et surtout par ses textes, dans </font><em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000"> ils n&rsquo;ont plus besoin d&rsquo;un &laquo;&nbsp;pr&eacute;texte&nbsp;&raquo; pour &ecirc;tre l&agrave;. Ainsi, la repr&eacute;sentation de l&rsquo;auteur parmi ses objets diff&egrave;re, par exemple, de celle de sa grand-tante Louise avec les siens, telle qu&rsquo;il l&rsquo;avait propos&eacute;e dans son roman-photo </font><em><font color="#000000">Suzanne et Louise</font></em><font color="#000000"><a class="see-footnote" href="#nbp36" name="liennbp36">36</a>. Elle diff&egrave;re aussi d&rsquo;&laquo;&nbsp;Autoportrait, rue du Moulin-vert, 1986&nbsp;&raquo;, puisque, dans la photo, la t&ecirc;te de Jeanne d&rsquo;Arc semble prendre la pose&nbsp;: elle guide le regard du spectateur et, tout comme les psaumes de Liszt et le fuseau, fonctionne &laquo;&nbsp;comme un signe de spiritualit&eacute;<a class="see-footnote" href="#nbp37" name="liennbp37">37</a> &raquo;. Au contraire, &agrave; l&rsquo;exception des plans d&rsquo;Angeaudoux et Belours, assimilables aux photographies d&eacute;di&eacute;es aux deux peluches<a class="see-footnote" href="#nbp38" name="liennbp38">38</a>, dans le film les objets apparaissent pour la premi&egrave;re fois non seulement en couleur mais aussi &laquo;&nbsp;chez eux&nbsp;&raquo;, dans leur disposition &laquo;&nbsp;naturelle&nbsp;&raquo; les uns &agrave; c&ocirc;t&eacute; des autres. Ce qui, sans doute, repr&eacute;sente une &eacute;tape ult&eacute;rieure du voyage &agrave; Rome des petits latinistes dont parlait Claire Legendre.</font></p> <p><font color="#000000">Nous pouvons aussi consid&eacute;rer l&rsquo;&eacute;num&eacute;ration, dans </font><em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000">, des objets que Guibert poss&egrave;de sur l&rsquo;&icirc;le d&rsquo;Elbe&nbsp;:</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;J&rsquo;&eacute;tais si heureux [&hellip;] de retrouver ma chambre, la sacristie, avec son vieux lit en fer sous sa moustiquaire en chapiteau, et tous les objets de mon s&eacute;jour &agrave; Rome&nbsp;: la peinture du moine, le manuscrit d&rsquo;Eug&egrave;ne encadr&eacute;, l&rsquo;Arlequin en damier color&eacute; en &eacute;quilibre sur son jeu de massacre, la Vierge en bois articul&eacute; achet&eacute;e avec Jules &agrave; Lisbonne, la loupe dor&eacute;e du XVIII</font><font color="#000000"><sup>e</sup></font><font color="#000000">, le Pinocchio que m&rsquo;a offert Eug&egrave;ne et sa lampe en forme d&rsquo;&eacute;toile, l&rsquo;enfant noir de Mancini avec la chemise tach&eacute;e de sang, la miniature de deux amants ligot&eacute;s qui vont se jeter &agrave; la baille, la chouette empaill&eacute;e, le petit portait de l&rsquo;enfant albinos, le grand tirage de la photo de Robin, du plus grand au plus petit, redispos&eacute;s gentiment dans l&rsquo;espace de la chambre par Gustave juste avant que j&rsquo;arrive<a class="see-footnote" href="#nbp39" name="liennbp39">39</a>. </font></q></p> <p><font color="#000000">La liste introduit les objets comme d&eacute;j&agrave; connus, par l&rsquo;emploi du d&eacute;terminatif mais aussi parce que les indications qui les accompagnent ne font souvent que les lier &agrave; d&rsquo;autres parties du cosmos guibertien (le voyage &agrave; Lisbonne, Rome, l&rsquo;&eacute;crivain Eug&egrave;ne Savitzkaya&hellip;) sans en dire davantage. Pour un lecteur novice de l&rsquo;&oelig;uvre de Guibert, les informations sur la provenance des objets, au lieu d&rsquo;offrir des renseignements, rendent donc le texte plus obscur, tout en invitant &agrave; le d&eacute;chiffrer. De cette fa&ccedil;on, ce lecteur &agrave; initier devine qu&rsquo;il y aurait une ou plusieurs histoires &agrave; conna&icirc;tre sur chacun de ces objets, et il a &eacute;galement &agrave; sa disposition un guide pour en savoir davantage. Par exemple, comme la miniature de deux amants et le tableau de Mancini se trouvaient &agrave; Rome auparavant, c&rsquo;est dans les livres &laquo;&nbsp;romains&nbsp;&raquo;, </font><em><font color="#000000">L&rsquo;Incognito</font></em><font color="#000000"> et </font><em><font color="#000000">&Agrave; l&rsquo;ami qui ne m&rsquo;a pas sauv&eacute; la vie</font></em><font color="#000000">, qu&rsquo;il faudra les chercher<a class="see-footnote" href="#nbp40" name="liennbp40">40</a>. Au contraire, dans le cas d&rsquo;un lecteur se souvenant des passages o&ugrave; il &eacute;tait question de ces objets, la liste ne peut que produire un effet de familiarit&eacute;, surtout en raison de la fa&ccedil;on dont Guibert fait r&eacute;f&eacute;rence aux composants de son monde comme s&rsquo;il se parlait &agrave; lui-m&ecirc;me. La familiarit&eacute; ne se limite pas &agrave; une simple reconnaissance des objets mais sous-entend des implications &eacute;motives, puisqu&rsquo;elle fait appel &agrave; des souvenirs du lecteur </font><em><font color="#000000">et</font></em><font color="#000000"> de l&rsquo;auteur.</font></p> <p><font color="#000000">Dans le film, comme dans le cas des vues d&rsquo;ensemble de la salle &agrave; manger &agrave; Paris<a class="see-footnote" href="#nbp41" name="liennbp41">41</a>, la liste trouve son &eacute;quivalent au niveau de l&rsquo;image dans la s&eacute;rie des plans des objets dans l&rsquo;ermitage et dans les vues panoramiques de l&rsquo;int&eacute;rieur de la sacristie, avec les objets dans leur disposition habituelle.</font></p> <p><font color="#000000">Dans le plan de montage initial, la pr&eacute;sence des s&eacute;quences d&eacute;di&eacute;es au d&eacute;cor et aux objets de Guibert &eacute;tait expliqu&eacute;e par l&rsquo;introduction d&rsquo;une lectrice &laquo;&nbsp;voyeuse&nbsp;&raquo; qui a suivi l&rsquo;&eacute;crivain jusque sur l&rsquo;&icirc;le d&rsquo;Elbe. Dans leur reconstruction de la gen&egrave;se du film, Philippe Art&egrave;res et Gilles Cugnon r&eacute;sument l&rsquo;&eacute;pisode de la fa&ccedil;on suivante&nbsp;:</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;Une jeune admiratrice, munie d&rsquo;un cam&eacute;scope, d&eacute;barque sur l&rsquo;&icirc;le, &agrave; la recherche de l&rsquo;&eacute;crivain&nbsp;; elle d&eacute;couvre l&rsquo;ancien monast&egrave;re dans lequel il s&eacute;journe et qu&rsquo;elle filme d&rsquo;abord &agrave; distance ainsi que ses habitants [&hellip;]. La voyeuse [&hellip;] profite ensuite de leur absence pour s&rsquo;introduire dans la demeure, qu&rsquo;elle visite et filme dans les moindres d&eacute;tails. Apr&egrave;s avoir d&eacute;couvert le manuscrit d&rsquo;un roman intitul&eacute; </font><em><font color="#000000">La pudeur et l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000">, elle est surprise par le retour de l&rsquo;&eacute;crivain, qui la d&eacute;couvre dans le placard o&ugrave; elle s&rsquo;est cach&eacute;e, mais elle parvient &agrave; s&rsquo;enfuir en oubliant sa cam&eacute;ra. L&rsquo;&eacute;crivain d&eacute;cide alors de l&rsquo;utiliser pour se filmer au quotidien<a class="see-footnote" href="#nbp42" name="liennbp42">42</a> [&hellip;] </font></q></p> <p><font color="#000000">Alors que la figure de la voyeuse non seulement justifiait l&rsquo;existence d&rsquo;un type particulier d&rsquo;images mais &eacute;tait aussi &agrave; l&rsquo;origine du documentaire, le montage d&eacute;finitif de </font><em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000"> renonce au cadre fictionnel, et les images s&rsquo;offrent au spectateur sans aucune &laquo;&nbsp;l&eacute;gende&nbsp;&raquo; en dehors des livres de l&rsquo;auteur.</font></p> <p><font color="#000000">D&rsquo;ailleurs, comme le soulignent Art&egrave;res et Cugnon, les plans d&eacute;di&eacute;s aux objets &laquo;&nbsp;s&rsquo;inscrivent dans la droite ligne de la pratique qu&rsquo;avait Guibert de la photographie&nbsp;&raquo; surtout les &laquo;&nbsp;clich&eacute;s o&ugrave; Guibert mettait en sc&egrave;ne son propre travail d&rsquo;&eacute;criture<a class="see-footnote" href="#nbp43" name="liennbp43">43</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">Cette continuit&eacute; n&rsquo;est pas uniquement d&rsquo;ordre th&eacute;matique ou stylistique (le cadrage, la lumi&egrave;re), mais d&eacute;pend aussi de l&rsquo;appareil que l&rsquo;auteur utilise pour tourner son film&nbsp;: &laquo;&nbsp;une cam&eacute;ra vid&eacute;o amateur, du type des cam&eacute;scopes alors commercialis&eacute;s, ais&eacute;ment manipulable, dot&eacute;e d&rsquo;un zoom et de deux pieds<a class="see-footnote" href="#nbp44" name="liennbp44">44</a> &raquo;. Guibert lui-m&ecirc;me souligne le lien entre ce cam&eacute;scope et son appareil photographique (un Rollei 35)&nbsp;: &laquo;&nbsp;j&rsquo;ai fait toutes mes photos avec un tout petit appareil, d&rsquo;amateur, &ccedil;a aussi c&rsquo;est un appareil d&rsquo;amateur<a class="see-footnote" href="#nbp45" name="liennbp45">45</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">Catherine Gu&eacute;neau revient sur ce type d&rsquo;appareil pour mettre en lumi&egrave;re le lien entre la possibilit&eacute; m&ecirc;me de l&rsquo;autobiographie/autoportrait au cin&eacute;ma et un appareil permettant de se filmer<a class="see-footnote" href="#nbp46" name="liennbp46">46</a>. De plus, d&rsquo;apr&egrave;s elle, seulement un tel &laquo;&nbsp;dispositif d&rsquo;auto-filmage&nbsp;&raquo; permettrait &agrave; Guibert de &laquo;&nbsp;partager cette exp&eacute;rience du quotidien le plus directement possible avec le spectateur, [&hellip;] sans le regard ext&eacute;rieur d&rsquo;un op&eacute;rateur qui aurait in&eacute;vitablement introduit une dimension voyeuriste<a class="see-footnote" href="#nbp47" name="liennbp47">47</a> &raquo;. En effet, m&ecirc;me si, au moment du tournage, le cadre fictionnel introduisait originellement une perspective autre (celle de la voyeuse) entre l&rsquo;auteur et son public, il s&rsquo;agissait de la perspective d&rsquo;une lectrice amoureuse, dans laquelle le spectateur pouvait facilement se projeter, ce qui ne faisait que renforcer davantage l&rsquo;intimit&eacute; entre l&rsquo;auteur et son lecteur-spectateur. D&rsquo;ailleurs, l&rsquo;invitation au lecteur &agrave; p&eacute;n&eacute;trer dans l&rsquo;espace personnel de l&rsquo;auteur et &agrave; y cohabiter est une partie int&eacute;grante de l&rsquo;&oelig;uvre de Guibert. Il travaille &agrave; en faire &eacute;galement une composante essentielle de son legs par une invitation (m&eacute;taphorique et non) au p&egrave;lerinage.</font></p> <h2><strong><font color="#000000">L&rsquo;invitation au p&egrave;lerinage</font></strong></h2> <p><font color="#000000">&laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;crivais des lettres &agrave; T. [&hellip;], je ne les lui envoyais pas, pla&ccedil;ais l&rsquo;enveloppe cachet&eacute;e &agrave; son nom dans une bo&icirc;te de bois blanc, et il venait les lire, elles &eacute;taient &agrave; sa disposition, dans la bo&icirc;te [&hellip;]. Les lettres ont cess&eacute;, le cahier a pris le relais<a class="see-footnote" href="#nbp48" name="liennbp48">48</a> &raquo;&nbsp;: une apostille en guise de pr&eacute;face renseigne ainsi le lecteur du </font><em><font color="#000000">Mausol&eacute;e des amants</font></em><font color="#000000">, la version publi&eacute;e du journal intime de l&rsquo;auteur. D&egrave;s le d&eacute;but, donc, surgit autour du texte une ambiance intime, confidentielle, &eacute;nigmatique de par l&rsquo;&eacute;vocation d&rsquo;un lieu physique o&ugrave; l&rsquo;on peut &laquo;&nbsp;venir lire&nbsp;&raquo; le texte et par la pr&eacute;sence du myst&eacute;rieux destinataire se cachant derri&egrave;re l&rsquo;initiale &laquo;&nbsp;T.&nbsp;&raquo;. L&rsquo;existence m&ecirc;me d&rsquo;un destinataire nie le statut de soliloque du journal, le transformant en une missive adress&eacute;e &agrave; quelqu&rsquo;un. Une place est alors donn&eacute;e au lecteur. En effet, si le cahier &eacute;tait devenu pour T. &laquo;&nbsp;l&rsquo;endroit o&ugrave; il pouvait venir lire, &agrave; tout moment, dans mon absence&nbsp;&raquo;, Guibert conclut son apostille en annon&ccedil;ant &laquo;&nbsp;j&rsquo;ouvre la bo&icirc;te en public [&hellip;]&nbsp;: je peux facilement m&rsquo;imaginer mort<a class="see-footnote" href="#nbp49a" name="liennbp49a">49</a> &raquo;. L&rsquo;invitation &agrave; entrer dans l&rsquo;espace intime qui abritait le cahier correspond alors &agrave; l&rsquo;imminente mort de l&rsquo;auteur, et &agrave; son &eacute;volution en personnage qui va mourir. Cette transformation a co&iuml;ncid&eacute; effectivement dans la vie de Guibert &agrave; sa v&eacute;ritable perc&eacute;e m&eacute;diatique avec son premier livre sur le sida, </font><em><font color="#000000">&Agrave; l&rsquo;ami qui ne m&rsquo;a pas sauv&eacute; la vie</font></em><font color="#000000">.</font></p> <p><font color="#000000">L&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;un rapport avec le lecteur, souvent sous la forme d&rsquo;un jeu de s&eacute;duction, est une donn&eacute;e essentielle de l&rsquo;&oelig;uvre de Guibert bien avant la maladie. Cette insistance sur la communication comme but de l&rsquo;&eacute;criture trouve de nombreuses attestations, parmi lesquelles les propos recueillis par Didier Eribon en juillet 1991. L&rsquo;auteur d&eacute;clare pr&eacute;f&eacute;rer au sein de ses livres &laquo;&nbsp;celui que les gens aimeront le plus. Celui qui sera le plus vendu. Parce que, pour moi, &eacute;crire, c&rsquo;est une tentative de communication&nbsp;&raquo;. Il ajoute que &laquo;&nbsp;[c]&rsquo;est incroyable de passer de 5&nbsp;000 &agrave; 130&nbsp;000 lecteurs. Ce sont des rencontres<a class="see-footnote" href="#nbp50" name="liennbp50">50</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">Une fois atteint le but d&rsquo;&laquo;&nbsp;avoir des lecteurs<a class="see-footnote" href="#nbp49b" name="liennbp49b">49</a> &raquo;, au moment o&ugrave; il &eacute;crit </font><em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000"> et se filme, le statut d&rsquo;auteur de Guibert est donc chang&eacute;. Par cons&eacute;quent, non seulement les deux &oelig;uvres prennent en compte l&rsquo;existence des lecteurs r&eacute;els (le roman depuis sa d&eacute;dicace), mais elles les int&egrave;grent aussi comme personnages, puisque Guibert peut d&eacute;sormais les identifier gr&acirc;ce aux lettres qu&rsquo;il re&ccedil;oit et aux rencontres dans la rue. Ce sont, comme l&rsquo;auteur l&rsquo;explique &agrave; Didier Eribon, &laquo;&nbsp;des femmes. Beaucoup de femmes. Des femmes infirmi&egrave;res, des nounous, des mamans, des saintes d&eacute;plorables. Beaucoup de jeunes filles aussi<a class="see-footnote" href="#nbp51a" name="liennbp51a">51</a>...&nbsp;&raquo;. Ainsi, </font><em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000"> inclut la lettre d&rsquo;une lectrice et l&rsquo;un des paragraphes du </font><em><font color="#000000">Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000"> raconte une rencontre troublante avec une jeune femme dans l&rsquo;autobus<a class="see-footnote" href="#nbp52" name="liennbp52">52</a>. C&rsquo;est pourtant une autre figure de lecteur qui nous int&eacute;resse davantage&nbsp;: le lecteur &laquo;&nbsp;posthume&nbsp;&raquo;, le lecteur voyeur, le lecteur p&egrave;lerin.</font></p> <p><font color="#000000">Ce genre de lecteur appara&icirc;t ou devait appara&icirc;tre dans les deux &oelig;uvres. Dans le roman, Guibert &eacute;crit&nbsp;:</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;Mais moi je planais compl&egrave;tement&nbsp;: je savais d&eacute;j&agrave; que chaque ann&eacute;e des dizaines de gens curieux, des amoureux, des jeunes filles, des ex&eacute;g&egrave;tes tarabiscot&eacute;s et pointilleux feraient le p&egrave;lerinage sur l&rsquo;&icirc;le d&rsquo;Elbe pour se recueillir sur ma tombe vide. [&hellip;] Qu&rsquo;on ferait visiter cette chambre mis&eacute;rable et nue, sublime dans son luxe asc&eacute;tique<a class="see-footnote" href="#nbp53" name="liennbp53">53</a>. </font></q></p> <p><font color="#000000">En effet, </font><em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000"> offre une cons&eacute;cration officielle du r&ocirc;le de l&rsquo;ermitage dans la vie et l&rsquo;&oelig;uvre de l&rsquo;auteur, sous forme d&rsquo;une plaque qu&rsquo;il imagine pos&eacute;e sur la porte de la sacristie apr&egrave;s sa mort&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ici Herv&eacute; Guibert a &eacute;crit la plupart de ses livres<a class="see-footnote" href="#nbp49c" name="liennbp49c">49</a> &raquo;. L&rsquo;ermitage est aussi d&eacute;sign&eacute; comme l&rsquo;endroit o&ugrave; il a fait ses plus belles photographies<a class="see-footnote" href="#nbp54" name="liennbp54">54</a>. Guibert y ajoute la composante romanesque qui le caract&eacute;rise comme &eacute;crivain en le choisissant comme le lieu de son enterrement (d&rsquo;o&ugrave; la tombe &laquo;&nbsp;vide&nbsp;&raquo; dans la citation ci-dessus)&nbsp;:</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;Nous nous sommes mis d&rsquo;accord avec Gustave pour l&rsquo;inhumation. Nous ne croyons pas que nous puissions l&eacute;galement m&rsquo;enterrer dans le jardin sous le lentisque. Gustave a eu l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un enterrement factice dans le cimeti&egrave;re du village avec le cercueil vide, et de m&rsquo;enterrer &agrave; la nuit dans le jardin du clo&icirc;tre<a class="see-footnote" href="#nbp51b" name="liennbp51b">51</a> [&hellip;] </font></q></p> <p><font color="#000000">En ce qui concerne le film, le sc&eacute;nario initial pr&eacute;voyait le personnage de la voyeuse et aussi une lettre dans laquelle elle d&eacute;crivait son aventure&nbsp;:</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">Je lui [&agrave; Guibert] avais &eacute;crit plusieurs lettres auxquelles il n&rsquo;avait pas r&eacute;pondu. Je d&eacute;cidai d&rsquo;aller au-devant de lui. D&rsquo;apr&egrave;s certains &eacute;l&eacute;ments fournis par ses livres qui se recoupaient, j&rsquo;avais localis&eacute; l&rsquo;endroit o&ugrave; il se cachait&nbsp;: dans un monast&egrave;re sur l&rsquo;&icirc;le d&rsquo;Elbe<a class="see-footnote" href="#nbp55" name="liennbp55">55</a>.</font></q></p> <p><font color="#000000">Cette lettre faisait donc, y compris dans le film, de l&rsquo;ermitage l&rsquo;endroit guibertien par excellence. De plus, la lettre admettait non seulement que le lecteur des livres de l&rsquo;auteur &eacute;tait cens&eacute; &ecirc;tre au courant de l&rsquo;existence de cet endroit, mais que l&rsquo;endroit &eacute;tait rep&eacute;rable. Le p&egrave;lerinage est donc possible<a class="see-footnote" href="#nbp56" name="liennbp56">56</a>.</font></p> <p><font color="#000000">Dans </font><em><font color="#000000">Facing It. AIDS Diaries and the Death of the Author</font></em><font color="#000000">, Ross Chambers fonde son interpr&eacute;tation de </font><em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000"> sur l&rsquo;essai de Guibert &agrave; propos de la photographie, </font><em><font color="#000000">L&rsquo;Image fant&ocirc;me</font></em><font color="#000000">, et, en particulier sur le chapitre &laquo;&nbsp;L&rsquo;image canc&eacute;reuse&nbsp;&raquo;. Dans ce chapitre, apr&egrave;s avoir port&eacute; &agrave; m&ecirc;me la peau la photographie abim&eacute;e d&rsquo;un gar&ccedil;on, le narrateur s&rsquo;aper&ccedil;oit que&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;image &eacute;tait blanche [&hellip;]. Chaque pigment chimique du papier avait trouv&eacute; sa place dans un des pores de ma peau. Et la m&ecirc;me image se recomposait exactement, &agrave; l&rsquo;envers. Le transfert l&rsquo;avait d&eacute;livr&eacute; de sa maladie<a class="see-footnote" href="#nbp57" name="liennbp57">57</a>&hellip;&nbsp;&raquo;. S&rsquo;appuyant sur ce texte, Chambers se demande de quelle fa&ccedil;on dans le film l&rsquo;auteur obtient une image capable de hanter son lecteur<a class="see-footnote" href="#nbp58" name="liennbp58">58</a> et r&eacute;pond &agrave; partir des concepts d&rsquo;&laquo;&nbsp;image fantomatique&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;survivance&nbsp;&raquo; et surtout de &laquo;&nbsp;transfert&nbsp;&raquo;. Il souligne que la rh&eacute;torique du documentaire&nbsp;correspond</font></p> <p class="rtejustify"><q><font color="#000000">&nbsp;&agrave; la conception traditionnelle de la lecture comme enrichissement du lecteur par le texte et/ou du texte par le lecteur. D&rsquo;autres textes [sur le sida] [&hellip;] positionnent le lecteur en tant que survivant d&rsquo;une fa&ccedil;on moins confortable et m&ecirc;me beaucoup plus sombre, comme le site non pas d&rsquo;un enrichissement mais de deuil. Ce qui reste fondamental dans la vid&eacute;o de Guibert [&hellip;] est le fait que sa compr&eacute;hension de l&rsquo;&eacute;criture en tant qu&rsquo;image fant&ocirc;me, et de la hantise d&rsquo;un lecteur &agrave; laquelle cette &eacute;criture donne donc lieu, implique la </font><em><font color="#000000">n&eacute;cessit&eacute;</font></em><font color="#000000"> m&ecirc;me d&rsquo;une lecture qui comporte une r&eacute;action [</font><em><font color="#000000">responsive reading</font></em><font color="#000000"><a class="see-footnote" href="#nbp59" name="liennbp59">59</a>]. </font></q></p> <p><font color="#000000">Cette r&eacute;action se d&eacute;cline de diff&eacute;rentes fa&ccedil;ons, bien document&eacute;es dans la critique sur Guibert. Elle s&rsquo;&eacute;tend aussi aux lieux et aux objets. En 2002, par exemple, lors d&rsquo;une exposition &agrave; la Galerie Agathe Gaillard, d&eacute;di&eacute;e &agrave; Guibert et intitul&eacute;e </font><em><font color="#000000">Les objets</font></em><font color="#000000">, une vente aux ench&egrave;res d&rsquo;une s&eacute;lection de ses objets est organis&eacute;e. Une &eacute;mission de France Culture d&eacute;di&eacute;e &agrave; Guibert en 2004 s&rsquo;ouvre justement sur une visite chez l&rsquo;un de ses lecteurs, chez lequel l&rsquo;interviewer retrouve, entre autres objets guibertiens, une photographie de la biblioth&egrave;que de Guibert par lui-m&ecirc;me et la miniature </font><em><font color="#000000">Le d&eacute;sespoir</font></em><font color="#000000"> acquise &agrave; la vente aux ench&egrave;res. Le lecteur interview&eacute; se d&eacute;fend d&rsquo;avoir voulu cr&eacute;er un mus&eacute;e. Il parle de son int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;&oelig;uvre et l&rsquo;univers de Guibert et explique qu&rsquo;&laquo;&nbsp;au fur et &agrave; mesure j&rsquo;ai achet&eacute; des choses parce que &ccedil;a me plaisait. [&hellip;] C&rsquo;est quelqu&rsquo;un qui accompagne, c&rsquo;est un auteur qui m&rsquo;accompagne<a class="see-footnote" href="#nbp60" name="liennbp60">60</a> &raquo;.</font></p> <p><font color="#000000">L&rsquo;absorption des lieux et des objets dans l&rsquo;univers romanesque de Guibert et la transmission de ce m&ecirc;me univers au lecteur transforment donc son d&eacute;cor en image capable de hanter le lecteur, ou de &laquo;&nbsp;l&rsquo;accompagner&nbsp;&raquo;. Ses espaces demeurent dans l&rsquo;imagination du lecteur des espaces connus et &agrave; conna&icirc;tre, des espaces que l&rsquo;auteur lui a offerts afin que quelqu&rsquo;un puisse continuer &agrave; les habiter, comme il l&rsquo;aurait fait, apr&egrave;s sa mort.</font></p> <h2><strong><font color="#000000">Conclusion</font></strong></h2> <p><font color="#000000">Guibert livre &agrave; son lecteur son univers intime, compos&eacute; de ses relations, de ses lieux et de ses objets, en l&rsquo;y plongeant directement, la plupart du temps sans aucune explication. C&rsquo;est au lecteur d&rsquo;y demeurer et de continuer &agrave; y p&eacute;n&eacute;trer davantage, parcourant &agrave; plusieurs reprises les m&ecirc;mes endroits selon des perspectives diff&eacute;rentes et des niveaux progressifs d&rsquo;approfondissement et d&rsquo;attachement. De cette fa&ccedil;on, le lecteur assiste en co-cr&eacute;ateur &agrave; la mise au point graduelle du monde de Guibert autour de lui. L&rsquo;auteur le r&eacute;compense par des significations qui ne se r&eacute;v&egrave;lent que par une exploration exhaustive de son &oelig;uvre. Le lecteur habite ces espaces dans la mesure o&ugrave; ils prennent forme autour de lui et o&ugrave; il construit son rapport &agrave; eux par une familiarit&eacute; croissante qui co&iuml;ncide avec la transformation des espaces de l&rsquo;auteur en espaces partag&eacute;s avec le lecteur. Si </font><em><font color="#000000">La Pudeur et l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000"> et </font><em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000"> participent de ce fonctionnement, ils en sont aussi la conclusion. Le film proc&egrave;de &agrave; une r&eacute;v&eacute;lation plus compl&egrave;te et en couleur de deux endroits fondamentaux pour la vie et l&rsquo;&oelig;uvre de l&rsquo;auteur (son appartement et l&rsquo;ermitage) et &agrave; l&rsquo;inscription de son corps entour&eacute; de ses objets dans ses espaces. Le roman s&rsquo;adresse lui plus directement que les livres pr&eacute;c&eacute;dents &agrave; un public &eacute;largi de lecteurs, dont Guibert d&eacute;sormais sait qu&rsquo;ils le connaissent ou souhaitent le conna&icirc;tre davantage. Ainsi, les plans sur le d&eacute;cor et la liste des objets paraissent &ecirc;tre des r&eacute;ponses &agrave; des curiosit&eacute;s peut-&ecirc;tre encore implicites. Ils encouragent aussi, tout comme l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; des textes de l&rsquo;auteur, la fascination pour ces endroits et ces objets, et fonctionnent ainsi comme des points de d&eacute;part pour des investigations nouvelles au sein des textes et des photographies. C&rsquo;est l&rsquo;une des lectures que l&rsquo;on peut donner du monologue en voix off qui conclut le film&nbsp;: &laquo;&nbsp;la vid&eacute;o [&hellip;] peut aussi faire le lien entre photo, &eacute;criture et cin&eacute;ma<a class="see-footnote" href="#nbp61" name="liennbp61">61</a> &raquo;. De plus, gr&acirc;ce &agrave; des cadrages suggestifs et espi&egrave;gles, des plans qui ne servent qu&rsquo;&agrave; transmettre la beaut&eacute; du lieu (sur l&rsquo;&icirc;le) et la pr&eacute;sence encombrante et affectueuse des objets, gr&acirc;ce, finalement, &agrave; sa d&eacute;claration d&rsquo;amour pour ces m&ecirc;mes objets et pour l&rsquo;ermitage, Guibert invite son lecteur-spectateur non seulement &agrave; assister &agrave; son intimit&eacute;, mais &eacute;galement &agrave; y participer, en le faisant complice de son rapport fantasmatique, absurde et &eacute;mouvant &agrave; son monde. De cette fa&ccedil;on, Guibert, qui, comme en t&eacute;moignent ses livres, faisait de la disponibilit&eacute; &agrave; entrer dans le jeu de son &eacute;criture une condition et une &eacute;preuve dans toutes ses relations personnelles, ne se comporte pas diff&eacute;remment avec ses espaces personnels. Il ne les habite et ils n&rsquo;existent qu&rsquo;&agrave; travers et pour son &eacute;criture. Et son &eacute;criture, depuis toujours, n&rsquo;existe que pour &ecirc;tre adress&eacute;e, personnellement, &agrave; son lecteur.</font></p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><strong>Bibliographie et filmographie</strong></p> <p><em><strong>&OElig;uvres d&rsquo;Herv&eacute; Guibert&nbsp;:</strong></em></p> <p><em>Suzanne et Louise</em>, Paris, &Eacute;ditions libres Hallier, 1980.</p> <p><em>L&rsquo;Image fant&ocirc;me</em>, Paris, Minuit, 1981.</p> <p>&laquo;&nbsp;Entretien avec Eug&egrave;ne Savitzkaya&nbsp;&raquo;, <em>Minuit</em>, n&deg; 49 (1982), p.&nbsp;5-12.</p> <p><em>Le Seul visage</em>, Paris, Minuit, 1984.</p> <p><em>Mes parents</em>, Paris, Gallimard, 1986.</p> <p><em>Des Aveugles</em>, Paris, Gallimard, 1992 [1985].</p> <p><em>Mauve le vierge</em>, Paris, Gallimard, 1988.</p> <p><em>L&rsquo;Incognito</em>, Paris, Gallimard, 1989.</p> <p><em>&Agrave; l&rsquo;ami qui ne m&rsquo;a pas sauv&eacute; la vie</em>, Paris, Gallimard 1993 [1991].</p> <p><em>Le Protocole compassionnel</em>, Paris, Gallimard, 1991.</p> <p><em>La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</em>, DVD, Paris, BQHL &eacute;ditions, 2009 [1992].</p> <p>[Avec Hans-Georg Berger]&nbsp;: <em>Dialogues d&rsquo;images</em>, Bordeaux, William Blake &amp; Co., 1992.</p> <p><em>Le Mausol&eacute;e des amants</em>, Paris, Gallimard, 2003 [2001].</p> <p><em>Herv&eacute; Guibert photographe</em>, Paris, Gallimard, 2011.</p> <p>&nbsp;</p> <p><em><strong>Entretiens avec Herv&eacute; Guibert&nbsp;:</strong></em></p> <p>Donner, Christophe, &laquo;&nbsp;Pour r&eacute;pondre aux quelques questions qui se posent&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>La R&egrave;gle du jeu</em>, n&deg;&nbsp;7 (1992), p.&nbsp;135-157.</p> <p>Eribon, Didier, &laquo;&nbsp;Herv&eacute; Guibert et son double&raquo;, <em>Le Nouvel Observateur</em>, 18 juillet 1991, p.&nbsp;87-89, dans <em>herveguibert.net</em>, [En ligne]. <a href="https://www.herveguibert.net/le-nouvel-obs">https://www.herveguibert.net/le-nouvel-obs</a> (consult&eacute; le 13 octobre 2018).</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong><em>Sources secondaires&nbsp;:</em></strong></p> <p>Arti&egrave;res, Philippe et Gilles Cugnon, &laquo;&nbsp;La Pudeur ou l&rsquo;impudeur d&rsquo;Herv&eacute; Guibert. Gen&egrave;se d&rsquo;&ldquo;un des documentaires les plus bizarres&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Genesis</em>, n&deg;&nbsp;21 (2003), p.&nbsp;49-73.</p> <p>Boul&eacute;, Jean-Pierre et Arnaud Genon, <em>Herv&eacute; Guibert&nbsp;: l&rsquo;&eacute;criture photographique ou le miroir de soi</em>, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2015.</p> <p>Chambers, Ross, <em>Facing It. AIDS Diaries and the Death of the Author</em>, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1998.</p> <p>Doncque, Anthony, <em>Guibert Cin&eacute;ma</em>, DVD, Paris, Les Films du Paradoxe, 2011.</p> <p>Gaudemar, Antoine de, &laquo;&nbsp;Les Aveux permanents d&rsquo;Herv&eacute; Guibert &raquo;, <em>Lib&eacute;ration</em>, 20 Octobre 1988, p.&nbsp;12.</p> <p>Gu&eacute;neau, Catherine, &laquo;&nbsp;La mise en &ldquo;je&rdquo; du film&nbsp;&raquo;, <em>Cahier Louis-Lumi&egrave;re</em>, n&deg;&nbsp;8 (2011), p.&nbsp;18-25.</p> <p>Josse, Vincent, <em>Surpris par la nuit - Herv&eacute; Guibert, un romancier barbare et d&eacute;licat</em> [&eacute;mission radiophonique], France Culture, 4 octobre 2004, dans <em>France Culture</em> [En ligne]. <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/surpris-par-la-nuit-herve-guibert-un-romancier-barbare-et-delicat-1ere-diffusion-04102004">https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/surpris-par-la-nuit-herve-guibert-un-romancier-barbare-et-delicat-1ere-diffusion-04102004</a> (consult&eacute; le 13 octobre 2018).</p> <p>Kawakami, Akane, <em>Photobiography&nbsp;: Photographic Self-Writing in Proust, Guibert, Ernaux, Mace</em>, Londres, Taylor &amp; Francis, 2013.</p> <p>Legendre, Claire, &laquo;&nbsp;Le seul personnage&nbsp;&raquo;, <em>La revue litt&eacute;raire</em>, n&deg;&nbsp;51 (2011), p.&nbsp;23-32.</p> <p>Pratt, Murray, &laquo;&nbsp;L&rsquo;autorepr&eacute;sentation, l&rsquo;&eacute;criture autre et l&rsquo;ange&nbsp;&raquo;, dans Ralph Sarkonak (dir.), <em>Le Corps textuel d&rsquo;Her.</em></p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp1" name="nbp1">1</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">L&rsquo;Image fant&ocirc;me</font></em><font color="#000000">, Paris, Minuit, 1981, p.&nbsp;96.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp2" name="nbp2">2 </a>Antoine de Gaudemar, &laquo;&nbsp;Les Aveux permanents d&rsquo;Herv&eacute; Guibert&nbsp;&raquo;, <em><font color="#000000">Lib&eacute;ration</font></em><font color="#000000">, 20 Octobre 1988, p.&nbsp;12.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp3" name="nbp3">3</a> Interview dans Anthony Doncque, <em><font color="#000000">Guibert Cin&eacute;ma</font></em><font color="#000000">, DVD, Paris, Les Films du Paradoxe, 2011.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp4" name="nbp4">4</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard, 1991.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp5" name="nbp5">5 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000">, DVD, Paris, BQHL &eacute;ditions, 2009. Le montage du film a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; par Maureen Mazurek, &agrave; qui Guibert confie cette t&acirc;che qui lui &eacute;tait devenue p&eacute;nible.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> Herv&eacute; Guibert, &laquo;&nbsp;Entretien avec Eug&egrave;ne Savitzkaya&nbsp;&raquo;, <em><font color="#000000">Minuit</font></em><font color="#000000">, n&deg;&nbsp;49 (1982), p.&nbsp;7.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp7" name="nbp7">7</a> Murray Pratt, &laquo;&nbsp;L&rsquo;autorepr&eacute;sentation, l&rsquo;&eacute;criture autre et l&rsquo;ange&nbsp;&raquo;, dans Ralph Sarkonak (dir.), <em><font color="#000000">Le Corps textuel d&rsquo;Herv&eacute; Guiber</font></em><font color="#000000">t, Paris-Caen, Minard, 1997, p.&nbsp;138.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp8" name="nbp8">8&nbsp; </a>Par exemple, on retrouvait d&eacute;j&agrave; l&rsquo;ermitage dans &laquo;&nbsp;Papier Magique&nbsp;&raquo; (<em><font color="#000000">Mauve le vierge</font></em><font color="#000000">), </font><em><font color="#000000">L&rsquo;Incognito</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">&Agrave; l&rsquo;ami qui ne m&rsquo;a pas sauv&eacute; la vie</font></em><font color="#000000">, et dans plusieurs photographies de Herv&eacute; Guibert, </font><em><font color="#000000">Le Seul visage</font></em><font color="#000000">, Paris, Minuit, 1984 (par exemple, p.&nbsp;44-48).</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp9" name="nbp9">9</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit.</font></em><font color="#000000">, quatri&egrave;me de couverture.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp10" name="nbp10">10</a><em><font color="#000000"> Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;14-15.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp11" name="nbp11">11</a><em><font color="#000000"> Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;121.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp12" name="nbp12">12</a> Boul&eacute; et Genon soulignent l&rsquo;influence des portraits de Guibert par Berger sur cette &eacute;volution vers un autoportrait dynamique. Jean-Pierre Boul&eacute; et Arnaud Genon, <em><font color="#000000">Herv&eacute; Guibert&nbsp;: l&rsquo;&eacute;criture photographique ou le miroir de soi</font></em><font color="#000000">, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2015, p.&nbsp;251-252. Parmi les photographies de Berger on en retrouve aussi plusieurs o&ugrave; Guibert est repr&eacute;sent&eacute; avec ses objets, par exemple &laquo;&nbsp;Rome&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Le fauteuil rouge&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;84 rue du Moulin Vert&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Le canap&eacute; rose&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Agneau-doux&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Chez soi&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Le moine et Pinocchio&nbsp;&raquo;. Hans-Georg Berger et Herv&eacute; Guibert, </font><em><font color="#000000">Dialogues d&rsquo;images</font></em><font color="#000000">, Bordeaux, William Blake &amp; Co., 1992.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp13" name="nbp13">13</a><em><font color="#000000"> Herv&eacute; Guibert photographe</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard, 2011, p.&nbsp;171. Voir <a href="http://www.callicoonfinearts.com/artists/herve-guibert/">http://www.callicoonfinearts.com/artists/herve-guibert/</a>, image n&deg;&nbsp;14. (consult&eacute; le 13 octobre 2018).</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp14" name="nbp14">14</a> Jean-Pierre Boul&eacute; et Arnaud Genon, <em><font color="#000000">Herv&eacute; Guibert&nbsp;: l&rsquo;&eacute;criture photographique</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;197-207. Alain Buisine, &laquo;&nbsp;Le photographique plut&ocirc;t que la photographie&nbsp;&raquo;, </font><em><font color="#000000">Nottingham French Studies</font></em><font color="#000000">, vol.&nbsp;34, n&deg;&nbsp;1 (1995), p.&nbsp;32-41.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp15" name="nbp15">15 </a>Ross Chambers, <em><font color="#000000">Facing It. AIDS Diaries and the Death of the Author</font></em><font color="#000000">, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1998, p.&nbsp;45. Nous traduisons.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp16" name="nbp16">16</a> Sur la &laquo;&nbsp;pr&eacute;sence&nbsp;&raquo; de Guibert &eacute;galement dans ses photos, voir Akane Kawakami, <em><font color="#000000">Photobiography&nbsp;: Photographic Self-Writing in Proust, Guibert, Ernaux, Mace</font></em><font color="#000000">, Londres, Taylor &amp; Francis, 2013, p.&nbsp;68-77.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp17" name="nbp17">17 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Mes parents</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard, 1986, p.&nbsp;21-22.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp18" name="nbp18">18</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">L&rsquo;Incognito</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard, 1989, p.&nbsp;16.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp19" name="nbp19">19 </a><em><font color="#000000">Herv&eacute; Guibert photographe</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;84. Voir <a href="http://www.callicoonfinearts.com/artists/herve-guibert/">http://www.callicoonfinearts.com/artists/herve-guibert/</a>, image n&deg;&nbsp;23 (consult&eacute; le 13 octobre 2018).</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp20" name="nbp20">20</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Mausol&eacute;e des amants</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard, 2003 [2001], p.&nbsp;27.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp21" name="nbp21">21</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">L&rsquo;Image fant&ocirc;me</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit.</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;96.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp22" name="nbp22">22</a> Comme il l&rsquo;avait fait &agrave; partir de son roman-photo <em><font color="#000000">Suzanne et Louise</font></em><font color="#000000">. Herv&eacute; Guibert, </font><em><font color="#000000">Suzanne et Louise</font></em><font color="#000000">, Paris, &Eacute;ditions libres Hallier, 1980. Voir aussi Akane Kawakami, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">. p.&nbsp;42 </font><em><font color="#000000">sqq</font></em><font color="#000000">.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp23" name="nbp23">23 </a>Claire Legendre, &laquo;&nbsp;Le seul personnage&nbsp;&raquo;, <em><font color="#000000">La revue litt&eacute;raire</font></em><font color="#000000">, n&deg;&nbsp;51 (2011), p.&nbsp;25.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp24" name="nbp24">24</a> Jean-Pierre Boul&eacute; et Arnaud Genon, <em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;254.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp25" name="nbp25">25 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Mes parents</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;19.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp26" name="nbp26">26</a> Voir aussi Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Mausol&eacute;e des amants</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;13-14.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp27" name="nbp27">27 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Mauve le vierge</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard, 1988, p.&nbsp;100.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp28" name="nbp28">28 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">L&rsquo;Image fant&ocirc;me</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;165-169.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp29" name="nbp29">29</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;127-28.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp30" name="nbp30">30</a> Claire Legendre, <em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;32.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp31" name="nbp31">31 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Seul visage</font></em><font color="#000000">, Paris, p.&nbsp;59. Voir <a href="http://www.callicoonfinearts.com/artists/herve-guibert/">http://www.callicoonfinearts.com/artists/herve-guibert/</a>, image n&deg;&nbsp;13. (consult&eacute; le 13 octobre 2018).</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp32" name="nbp32">32</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Mauve le vierge</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;85-100.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp33" name="nbp33">33</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">L&rsquo;Incognito</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;16.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp34" name="nbp34">34</a> Dans le roman il existe aussi un lecteur b&eacute;n&eacute;vole qui dit &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo;. Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Des Aveugles</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard, 1992 [1985], p.&nbsp;65.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp35" name="nbp35">35</a><em><font color="#000000"> Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;105.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp36" name="nbp36">36</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Suzanne et Louise</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., photos &laquo;&nbsp;Le Carmel 3&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;La transfiguration&nbsp;&raquo;.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp37" name="nbp37">37</a> Jean-Pierre Boul&eacute; et Arnaud Genon, <em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000"> , p.&nbsp;236.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp38" name="nbp38">38</a><em><font color="#000000"> Herv&eacute; Guibert photographe</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;84-86. Agneaudoux est aussi le seul objet dont l&rsquo;histoire est &laquo;&nbsp;racont&eacute;e&nbsp;&raquo; dans le documentaire, puisque ces plans sont suivis par un extrait d&rsquo;un film tourn&eacute; par le p&egrave;re de l&rsquo;auteur et qui le montre enfant avec son agneau peluche.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp39" name="nbp39">39</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;117.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp40" name="nbp40">40</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">L&rsquo;Incognito</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;98-99 et </font><em><font color="#000000">&Agrave; l&rsquo;ami qui ne m&rsquo;a pas sauv&eacute; la vie</font></em><font color="#000000">, Paris, Gallimard 1993 [1991], p.&nbsp;75-77.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp41" name="nbp41">41</a> Surtout dans la s&eacute;quence o&ugrave; le plan fixe sur la salle &agrave; manger dure huit secondes avant l&rsquo;apparition de l&rsquo;auteur, qui demeure 55 secondes debout, de dos, se balan&ccedil;ant au milieu de la pi&egrave;ce. Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., min.&nbsp;33.58-35.08.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp42" name="nbp42">42</a> Philippe Arti&egrave;res et Gilles Cugnon, &laquo;&nbsp;<em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000"> d&rsquo;Herv&eacute; Guibert. Gen&egrave;se d&rsquo;&ldquo;un des documentaires les plus bizarres&rdquo; &raquo;, </font><em><font color="#000000">Genesis</font></em><font color="#000000">, n&deg;&nbsp;21 (2003), p.&nbsp;56.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp43" name="nbp43">43 </a><em><font color="#000000">Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;56-58.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp44" name="nbp44">44</a><em><font color="#000000"> Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;52-53.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp45" name="nbp45">45 </a>Christophe Donner, &laquo;&nbsp;Pour r&eacute;pondre aux quelques questions qui se posent&hellip;&nbsp;&raquo;, <em><font color="#000000">La R&egrave;gle du jeu</font></em><font color="#000000">, n&deg;&nbsp;7 (1992), p.&nbsp;155.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp46" name="nbp46">46 </a>Catherine Gu&eacute;neau, &laquo;&nbsp;La mise en &ldquo;je&rdquo; du film&nbsp;&raquo;, <em><font color="#000000">Cahier Louis-Lumi&egrave;re</font></em><font color="#000000">, n&deg;&nbsp;8 (2011), p.&nbsp;18.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp47" name="nbp47">47</a><em><font color="#000000"> Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;24.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp48" name="nbp48">48</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Mausol&eacute;e des amants</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., p.&nbsp;9.</font></p> <p class="footnote">49 <a class="footnote-multi" href="#liennbp49a" name="nbp49a">a</a> <a class="footnote-multi" href="#liennbp49b" name="nbp49b">b</a> <a class="footnote-multi" href="#liennbp49c" name="nbp49c">c</a> <em><font color="#000000">Ibidem</font></em><font color="#000000">.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp50" name="nbp50">50</a> Didier Eribon, &laquo;Herv&eacute; Guibert et son double&raquo;, <em><font color="#000000">Le Nouvel Observateur</font></em><font color="#000000">, 18 juillet 1991, p.&nbsp;87-89.</font></p> <p class="footnote">51 <a class="footnote-multi" href="#liennbp51a" name="nbp51a">a</a> <a class="footnote-multi" href="#liennbp51b" name="nbp51b">b</a> <em><font color="#000000">Ibidem.</font></em></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp52" name="nbp52">52 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">Le Protocole compassionnel</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit.</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;114-116.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp53" name="nbp53">53 </a><em><font color="#000000">Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;129.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp54" name="nbp54">54</a><em><font color="#000000"> Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;122.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp55" name="nbp55">55</a> Cit&eacute; dans Philippe Arti&egrave;res et Gilles Cugnon, <em><font color="#000000">op. cit.</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;60.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp56" name="nbp56">56</a> Au propos de sa visite &agrave; l&rsquo;ermitage en 1998, Claire Legendre &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;La moustiquaire, l&rsquo;&eacute;l&eacute;phant, tout est l&agrave;&nbsp;&raquo;, dans Claire Legendre, <em><font color="#000000">op. cit.</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;30.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp57" name="nbp57">57</a> Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">L&rsquo;Image fant&ocirc;me</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit.</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;169.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp58" name="nbp58">58 </a>Ross Chambers, <em><font color="#000000">op. cit.</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;37.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp59" name="nbp59">59 </a><em><font color="#000000">Idem</font></em><font color="#000000">, p.&nbsp;59. Nous traduisons.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp60" name="nbp60">60</a> Vincent Josse, <em><font color="#000000">Surpris par la nuit - Herv&eacute; Guibert, un romancier barbare et d&eacute;licat</font></em><font color="#000000"> [&eacute;mission radiophonique], France Culture, 4 octobre 2004.</font></p> <p class="footnote"><a class="footnote-label" href="#liennbp61" name="nbp61">61 </a>Herv&eacute; Guibert, <em><font color="#000000">La Pudeur ou l&rsquo;impudeur</font></em><font color="#000000">, </font><em><font color="#000000">op. cit</font></em><font color="#000000">., 00:56:22 - 00:56:24.</font></p> </div>