<p><q><em>&nbsp;&Agrave; aucun, toutefois, la ville [de Recife] ne s&rsquo;abandonne imm&eacute;diatement&nbsp;: son plus grand charme consiste &agrave; se laisser conqu&eacute;rir peu &agrave; peu</em><a href="#nbp1" id="footnoteref1_aq6rau0" name="liennbp1" title="« A nenhum, porém, a cidade [o Recife] se entrega imediatamente : seu melhor encanto consiste mesmo em deixar-se conquistar aos poucos. », (traduction personnelle). Gilberto Freyre, « O Caráter da Cidade », Guia Prático, Histórico e Sentimental da Cidade do Recife, São Paulo, Global, 2007, p. 23.">1</a><em>. </em></q></p> <p>&nbsp;</p> <p>Recife, capitale du Pernambouc compte un million et demi d&rsquo;habitants. Elle est la cit&eacute; la plus dens&eacute;ment verticale du Br&eacute;sil<a href="#nbp2" id="footnoteref2_y1ggec5" name="liennbp2" title="Ed Wanderley, « Recife vertical : os 10 prédios mais altos da capital pernambucana », dans Diario de Pernambuco, [En ligne] http://curiosamente.diariodepernambuco.com.br/project/recife-vertical-os-10-predios-mais-altos-da-capital-pernambucana/ (consulté le 2 septembre 2018).">2</a> ainsi que la plus grande ville du Nordeste, r&eacute;gion la plus pauvre du pays, ce qui l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; concentrer de fortes in&eacute;galit&eacute;s. Ce fait social s&rsquo;incarne pleinement dans la s&eacute;gr&eacute;gation architecturale de la ville. La majorit&eacute; des quartiers se vit selon un principe de discontinuit&eacute; spatiale&nbsp;: de hautes tours ultra s&eacute;curis&eacute;es coexistent avec des <em>favelas, </em>logements pr&eacute;caires construits des propres mains des habitants, lesquels se retrouvent souvent menac&eacute;s d&rsquo;expulsion en raison de l&rsquo;occupation ill&eacute;gale du territoire.</p> <p>Ces derni&egrave;res ann&eacute;es, la ville de Recife a &eacute;t&eacute; le point de convergence entre l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une production cin&eacute;matographique ind&eacute;pendante majeure et le mouvement d&rsquo;occupation urbaine citoyenne d&rsquo;ampleur, <em>Ocupe Estelita</em> (2012-2015). Avec ses longs m&eacute;trages de fiction <em>Les Bruits de Recife</em> (2012) et <em>Aquarius </em>(2016) qui ont respectivement connu leur premi&egrave;re internationale au Festival international du film de Rotterdam et au Festival de Cannes et ont &eacute;t&eacute; accompagn&eacute;s d&rsquo;un accueil critique des plus &eacute;logieux, Kleber Mendon&ccedil;a Filho a &eacute;t&eacute; le &laquo;&nbsp;cin&eacute;aste-habitant&nbsp;&raquo; de Recife le plus reconnu en-dehors du Br&eacute;sil. Le premier film d&eacute;peint le quotidien des habitants d&rsquo;une rue dans la zone Sud de la ville, en probl&eacute;matisant la circulation de peurs s&eacute;curitaires et de sa r&eacute;cup&eacute;ration par une entreprise priv&eacute;e. Le deuxi&egrave;me accompagne Clara, une femme d&rsquo;une soixantaine d&rsquo;ann&eacute;es, dans sa lutte pour continuer &agrave; habiter dans son immeuble, dont l&rsquo;architecture date de la fin des ann&eacute;es 1950, menac&eacute; de destruction par un constructeur, au profit d&rsquo;une grande tour, s&eacute;curis&eacute;e et &eacute;videmment plus rentable.</p> <p>Ces deux films mettaient en lumi&egrave;re des conflits d&rsquo;habitabilit&eacute; propres &agrave; Recife, en soulignant &eacute;galement le caract&egrave;re d&eacute;shabit&eacute; de la ville, comme si les recifenses avaient perdu l&rsquo;habitude d&rsquo;y vivre tout &agrave; fait, notamment par repli s&eacute;curitaire. C&rsquo;est entre le tournage de ces deux films qu&rsquo;a eu lieu <em>Ocupe Estelita, </em>largement accompagn&eacute; par une production audiovisuelle, autant comme t&eacute;moignage non m&eacute;diatique des actions en cours que comme cr&eacute;ations participant de l&rsquo;imaginaire d&rsquo;une autre ville d&eacute;sir&eacute;e et possible. Les projets cin&eacute;matographiques et audiovisuels se sont alors mus en espaces de r&eacute;sistance &agrave; Recife pour crier quelles images de la ville n&rsquo;&eacute;taient plus tol&eacute;rables pour des habitants cherchant &agrave; &laquo;&nbsp;r&eacute;-habiter&nbsp;&raquo; plut&ocirc;t que de r&eacute;p&eacute;ter les sch&egrave;mes obsol&egrave;tes de symphonies urbaines &agrave; la gloire d&rsquo;une modernit&eacute; qui ne profite qu&rsquo;&agrave; une infime partie de la population.</p> <p>En cela, cinq courts films-essais r&eacute;alis&eacute;s &agrave; Recife entre 2011 (soit un an avant le d&eacute;but d&rsquo;<em>Ocupe Estelita</em>) et 2016 (soit un an apr&egrave;s les derni&egrave;res actions) attirent particuli&egrave;rement notre attention. Il s&rsquo;agit du film collectif <em>[projetotorresgemeas]</em> (2011), <em>C&acirc;mara escura </em>(2012) de Marcelo Pedroso, <em>A copa do mundo no Recife</em> (2015) de Kleber Mendon&ccedil;a Filho, <em>Fotograma </em>(2015) de Caio Zatti et Lu&iacute;s Henrique Leal et <em>Nunca &eacute; noite no mapa</em> (2016) d&rsquo;Ernesto de Carvalho. Comment ces films &oelig;uvrent, autant dans un champ esth&eacute;tique qu&rsquo;anthropologique, dans leur moment de r&eacute;alisation et celui de r&eacute;ception, &agrave; convertir la possibilit&eacute; de &laquo;&nbsp;vivre quelque part&nbsp;&raquo; en &laquo;&nbsp;habiter activement&nbsp;&raquo;&nbsp;?</p> <p>Plus globalement, dans quelle mesure est-il possible de capturer l&rsquo;essence d&rsquo;une ville en permanence d&eacute;visag&eacute;e par la f&eacute;rocit&eacute; de la sp&eacute;culation immobili&egrave;re&nbsp;? Par quelles aspirations esth&eacute;tiques et au nom de quelle &eacute;thique citoyenne repenser et &oelig;uvrer &agrave; un Recife r&eacute;ellement habitable&nbsp;? Il ne nous importera pas tant de dresser un inventaire exhaustif des films &laquo;&nbsp;traitant&nbsp;&raquo; de la question &eacute;pineuse de l&rsquo;architecture et du logement &agrave; Recife et de se risquer &agrave; r&eacute;it&eacute;rer des cat&eacute;gorisations abusives comme celle du <em>cinema de pr&eacute;dio</em> (cin&eacute;ma d&rsquo;immeuble<a href="#nbp3" id="footnoteref3_0ngjcyj" name="liennbp3" title="C’est un terme que Louise Bernard remettait en discussion dans le cadre d’une recherche de master en études cinématographiques à l’Université Paris 7 soutenu en septembre 2016 et intitulé « Le « cinéma de prédios », une hétérotopie ? ». Elle a notamment programmé une séance de huit courts métrages où elle remettait en circulation cette notion. Source : http://inciti.org/2016/08/15/cineclube-inciti-apresenta-cinema-de-predios-uma-heterotopia/.">3</a>). Nous pr&eacute;f&eacute;rons interroger comment certains films ne relevant pas d&rsquo;une production proprement militante se sont inscrits dans le prolongement des probl&eacute;matiques d&rsquo;<em>Ocupe Estelita</em>. &Agrave; cet &eacute;gard, il importe de nous attacher &agrave; Recife selon l&rsquo;&eacute;chelle de ces &laquo;&nbsp;cin&eacute;astes habitants&nbsp;&raquo; pour mieux &eacute;tudier la diversit&eacute; et l&rsquo;hybridit&eacute; des formes filmiques &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre.</p> <h2><strong><em>Ocupe Estelita&nbsp;</em></strong><strong>: au recommencement de la ville</strong></h2> <p>Avec <em>Ocupe Estelita</em>, Recife a donn&eacute; lieu &agrave; une <em>r&eacute;sidence</em> d&rsquo;artistes, dans le sens litt&eacute;ral et non institutionnel du terme. Il s&rsquo;agissait alors de repenser l&rsquo;image de Recife depuis le point de vue de ceux qui travaillent &agrave; y habiter tout &agrave; fait. C&rsquo;est dans cette mouvance-l&agrave; qu&rsquo;il nous importe d&rsquo;inscrire le court m&eacute;trage collectif ainsi que ceux de Marcelo Pedroso, Kleber Mendon&ccedil;a Filho, Caio Zatti et Lu&iacute;s Henrique Leal et d&rsquo;Ernesto de Carvalho. Tout a commenc&eacute; en 2008, lorsque quatre entrepreneurs immobiliers, Moura Dubeux, Queiroz Galv&atilde;o, Ara Empreendimentos et GL Empreendimentos<a href="#nbp4" id="footnoteref4_42bp8e3" name="liennbp4" title="Chris Bueno, « Ocupe Estelita : movimento social e cultural defende marco historico de Recife », Ciência e Cultura, [En ligne] http://cienciaecultura.bvs.br/scielo.php?pid=S0009-67252014000400003&amp;script=sci_arttext (consulté le 10 septembre 2018).">4</a>, ont achet&eacute; le terrain du vieux r&eacute;seau ferroviaire f&eacute;d&eacute;ral, situ&eacute; dans une partie du centre historique de Recife, sur le quai Jos&eacute; Estelita. Sur ce terrain se trouvent les entrep&ocirc;ts o&ugrave; &eacute;tait stock&eacute; le sucre de canne produit dans la r&eacute;gion, b&acirc;timents qui portent une m&eacute;moire architecturale de l&rsquo;&eacute;conomie du pays, autant par leur style colonial que par leur localisation portuaire.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="A1.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A1.jpg" width="600" /></p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="A2.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A2.jpg" width="600" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;"><strong><em>A copa do mundo no Recife</em></strong><strong> (2015) de Kleber Mendon&ccedil;a Filho</strong><br /> Le Cais Estelita dans le paysage urbain de Recife, en plein d&eacute;mant&egrave;lement.</p> </figcaption> </figure> <p>Le projet des entreprises, intitul&eacute; <em>Novo Recife</em> (<em>Nouveau Recife</em>), visait &agrave; d&eacute;molir l&rsquo;ensemble des b&acirc;timents pour construire un complexe d&rsquo;une douzaine d&rsquo;immeubles de luxe de quarante &eacute;tages<a href="#nbp5a" id="footnoteref5_g0iqny9" name="liennbp5a" title="Ibidem.">5</a>. En mai 2012 se tenait la premi&egrave;re audience publique relative &agrave; ce sujet, laquelle a suscit&eacute; une forte col&egrave;re d&rsquo;un groupe d&rsquo;habitants s&rsquo;opposant &agrave; la disparition de ces b&acirc;timents au profit d&rsquo;une privatisation de l&rsquo;espace visant une classe privil&eacute;gi&eacute;e. Cette opposition au projet &eacute;tait &eacute;galement symptomatique d&rsquo;un malaise plus profond concernant la perte du sentiment d&rsquo;habitation &agrave; Recife. Lors d&rsquo;un entretien r&eacute;alis&eacute; avec lui, le cin&eacute;aste Marcelo Pedroso se rappelait, en qualit&eacute; d&rsquo;habitant, &laquo;&nbsp;qu&rsquo;&agrave; ce moment-l&agrave;, la ville &eacute;tait un manque, pas une sc&egrave;ne<a href="#nbp6" id="footnoteref6_si889zx" name="liennbp6" title="Entretien réalisé avec le cinéaste à Recife le 20 juin 2018 grâce au soutien du REFEB dans le cadre de ma recherche doctorale en études cinématographiques pour un projet d’étape dans ma thèse intitulé : Filmer pour habiter Recife : une production d’images contemporaines en partage.">6</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Cette pr&eacute;occupation partag&eacute;e a provoqu&eacute;, dans un premier temps, la constitution du groupe <em>Direitos Urbanos</em> (<em>Droits Urbains</em>)<a href="#nbp7" id="footnoteref7_p0xxe6h" name="liennbp7" title="Cf. Direitos Urbanos | Recife, [En ligne] https://direitosurbanos.wordpress.com/about/ (consulté le 10 octobre 2018).">7</a>. Il s&rsquo;agissait d&rsquo;un cadre d&rsquo;union d&rsquo;actions citoyennes visant &agrave; vivre &agrave; nouveau la ville &agrave; &eacute;chelle d&rsquo;habitant, notamment en prenant part &agrave; des d&eacute;cisions politiques. Ce groupe &eacute;tait notamment compos&eacute; d&rsquo;avocats, de m&eacute;decins, d&rsquo;intellectuels et d&rsquo;artistes de Recife. C&rsquo;est ensuite qu&rsquo;a pu &eacute;merger le mouvement d&rsquo;occupation <em>Ocupe Estelita</em> (<em>Occupe Estelita)</em>. Le but premier &eacute;tait d&rsquo;enrayer la possible concr&eacute;tisation du <em>Novo Recife</em>, qui n&rsquo;a d&rsquo;ailleurs toujours pas vu le jour. Le mouvement a ensuite &eacute;t&eacute; rejoint par des habitants de quartiers populaires environnants, notamment la <em>comunidade do Coque</em>, menac&eacute;s d&rsquo;expulsion par le projet. La devise du mouvement est devenue&nbsp;: &laquo;&nbsp;A cidade &eacute; nossa. Ocupe-a.&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;La ville est &agrave; nous. Occupe-la.&nbsp;&raquo;). Marcelo Pedroso parle d&rsquo;<em>Ocupe Estelita</em> comme d&rsquo;une exp&eacute;rience empirique de la ville et de l&rsquo;activation d&rsquo;une m&eacute;moire de l&rsquo;espace<a href="#nbp8" id="footnoteref8_yaozlzx" name="liennbp8" title="Je me réfère à l’entretien réalisé à Recife le 20 juin dans le cadre de ma recherche doctorale, non publié.">8</a>, pla&ccedil;ant ainsi de nouvelles pratiques urbaines dans un processus collectif exceptionnel tout en cherchant &agrave; ce que cette reprise ait un impact r&eacute;el sur une plus longue &eacute;chelle temporelle.</p> <p>Dans son <em>Anthropologie de la ville</em>, Michel Agier propose une correspondance entre l&rsquo;occupation urbaine, l&rsquo;installation artistique et la manifestation politique comme &laquo;&nbsp;trois situations de prise de parole et de prise d&rsquo;espace et trois gestes de fondation de la ville<a href="#nbp9" id="footnoteref9_7xjwrlp" name="liennbp9" title="Michel Agier, Anthropologie de la ville, Paris, Presses Universitaires de France, 2015, p. 207.">9</a>.&nbsp;&raquo; &nbsp;Dans le cadre d&rsquo;<em>Ocupe Estelita</em>, la production audiovisuelle a pu jouer le r&ocirc;le de l&rsquo;installation artistique telle que l&rsquo;envisage l&rsquo;anthropologue, si l&rsquo;on consid&egrave;re la quantit&eacute; de films r&eacute;alis&eacute;s et diffus&eacute;s pour toucher le plus grand nombre de <em>spectateurs-habitants</em> possibles, &agrave; travers la cha&icirc;ne YouTube<a href="#nbp10" id="footnoteref10_ezsbif4" name="liennbp10" title="Cf. la chaîne YouTube du mouvement Ocupe Estelita : https://www.youtube.com/user/ocupeestelita (consulté le 12 octobre 2018).">10</a> du mouvement ainsi que des projections publiques sur le lieu m&ecirc;me de l&rsquo;occupation<a href="#nbp11" id="footnoteref11_b3b6j3k" name="liennbp11" title="Je me reporte notamment à l’entretien réalisé avec Pedro Severien à Recife en juin 2018 : « Cela dépendait de chaque film mais nous privilégions les projections communes. Recife cidade robada a connu sa première projection à côté du Cais de Estelita. L’idée était que découvrir le film soit une rencontre, une réunion, l’occasion d’un débat, de critiques. Les films ont aussi beaucoup circulé par WhatsApp. Les réseaux sociaux ont été fondamentaux pour que les films soient vus au-delà du groupe initial. Chaque film impliquait une stratégie différente selon l’urgence du moment. ». Entretien réalisé avec le cinéaste à Recife le 12 juin 2018 grâce au soutien du REFEB (non publié).">11</a>.</p> <p>Dans son recensement, d&eacute;coup&eacute; en sept cat&eacute;gories<a href="#liennbp12" id="footnoteref12_zqq9sfy" name="liennbp12" title="Il les a respectivement nommées A beleza está nas ruas (La beauté est dans les rues), A ideia é uma só (L’idée est une seule), Da ocupação, com carinho (De l’occupation, avec affection), Estelita, praça de guerra (Estelita, place de guerre), Fala que eu te escuto (Parle que je t’écoute), Formas de arte, formas de vida (Formes d’art, formes de vie), Pode ser cidade (Ça peut être ville). Pedro Severien, « Cinema de ocupação : uma cartografia da produção audiovisual engajada na luta pelo direito à cidade no Recife », thèse de doctorat en Arts et Communication, Universidade Federal de Pernambuco, 2018, p. 177-186.">12</a>, Pedro Severien recense soixante-huit films de formes tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes (cin&eacute;-tracts, clips, documentaires, films essais, films exp&eacute;rimentaux notamment) r&eacute;alis&eacute;s pendant les ann&eacute;es actives du mouvement <em>Ocupe Estelita</em>. Les vid&eacute;os qui ont &eacute;t&eacute; les plus vues et comment&eacute;es sont <em>Recife, cidade roubada</em> (<em>Recife, ville vol&eacute;e</em>, 2014<a href="#nbp13" id="footnoteref13_2loget0" name="liennbp13" title="Le film, mis en ligne le 18 novembre 2014, est visible via ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=dJY1XE2S9Pk (consulté le 15 septembre 2018).">13</a>), co-r&eacute;alis&eacute;e par Ernesto de Carvalho, Leon Sampaio, Lu&iacute;s Henrique Leal, Marcelo Pedroso et Pedro Severien (vue 165 669 fois et comment&eacute;e 298 fois<a href="#nbp14a" id="footnoteref14_thfh3gd" name="liennbp14a" title="À la date du 10 août 2018.">14</a>) et <em>Novo Apocalipse Recife</em> (<em>Nouvelle Apocalypse Recife</em>, 2015<a href="#nbp15" id="footnoteref15_gf2b5qk" name="liennbp15" title="La vidéo, datée du 13 mai 2015, est visible via ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=uE0wJi6xNBk (consulté le 15 septembre 2018).">15</a>), clip musical sign&eacute; collectivement<a href="#nbp16" id="footnoteref16_70rbgr7" name="liennbp16" title="« Nous avons tenté de diluer complètement la question de l’auteurisme avec certains films, dont Novo Apocalipse Recife, c’était vraiment un film réalisé à plus de trente personnes, chaque proposition sexiste était court-circuitée par des points de vue différents. Les films naissaient d’un débat pluriel. Les cadres se pensaient ensemble, on dessinait des story-boards en groupe. Ça a été une expérience de cinéma si radicale, si belle. Il y avait une énergie, un espace si particuliers. Nous étions dépositaires d’un espace tout en le créant. » témoignait Marcelo Pedroso. Entretien réalisé avec le cinéaste à Recife le 20 juin 2018 grâce au soutien du REFEB (non publié).">16</a> par une soixantaine de recifenses, dont le groupe de cin&eacute;astes pr&eacute;c&eacute;demment cit&eacute;. Dans le premier film, des simulations du projet <em>Novo Recife</em> sont relay&eacute;es par des t&eacute;moignages de partisans du mouvement <em>Ocupe Estelita</em> et des personnalit&eacute;s de la ville (dont Kleber Mendon&ccedil;a Filho), en s&rsquo;adressant directement au <em>spectateur-habitant</em> et s&rsquo;inscrivant ainsi dans les proc&eacute;d&eacute;s traditionnels des cin&eacute;-tracts.</p> <p><em>Novo Apocalipse Recife </em>a &eacute;t&eacute; visionn&eacute; 47 316 fois et a re&ccedil;u pr&egrave;s de 94 commentaires<a href="#nbp14b" id="footnoteref14_5x0qdi6" name="liennbp14b" title="À la date du 10 août 2018.">14</a>. Le clip parodie les paroles d&rsquo;une chanson embl&eacute;matique, &laquo;&nbsp;Recife minha cidade&nbsp;&raquo; de Reginaldo Rossi, en adoptant et ridiculisant le point de vue du pr&eacute;fet Geraldo Julio, complice du <em>Novo Recife</em>. La dimension populaire du chant est transform&eacute;e en ode ringarde et vulgaire &agrave; la sp&eacute;culation immobili&egrave;re. L&rsquo;hymne initialement d&eacute;di&eacute; &agrave; la ville dans ses aspects les plus traditionnels, la comparant &agrave; la Venise du Br&eacute;sil<a href="#nbp17" id="footnoteref17_mqxh13s" name="liennbp17" title="« Ela é a Veneza desse Brasil » chante Reginaldo Rossi.">17</a> se mue ici en slogan clinquant pour le <em>Novo Recife</em>, lui pr&eacute;f&eacute;rant l&rsquo;image d&rsquo;une &laquo;&nbsp;Miami Beach do Brasil&nbsp;&raquo; et chantonnant d&rsquo;une voix raillarde que &laquo;&nbsp;dans un contexte international, le Novo Recife est bien vertical<a href="#nbp18" id="footnoteref18_unilmbo" name="liennbp18" title="« Dentro de um contexto internacional o Novo Recife é bem vertical. » Traduction personnelle.">18</a> &raquo; et que &laquo;&nbsp;qui vit sur la place ou est dans la rue est urbaniste ou voleur<a href="#nbp19" id="footnoteref19_d92ydju" name="liennbp19" title="« Quem vive na praça ou tá na rua é urbanista ou é ladrão. » Traduction personnelle.">19</a>.&nbsp;&raquo; Au d&eacute;but du clip, les plans g&eacute;n&eacute;raux du centre historique de Recife se voient vite remplac&eacute;s par des plans rapproch&eacute;s d&rsquo;immeubles en construction. Puis, les espaces publics (la plage de Boa Viagem et la <em>Pra&ccedil;a do Marco Zero, </em>situ&eacute;e en plein c&oelig;ur de la ville) se font envahir par des tours mouvantes et anthropomorphes, qui ne sont autres que des habitants v&ecirc;tus des costumes du groupe de carnaval <em>Empatando tua vista </em>(litt&eacute;ralement &laquo;&nbsp;bloquant ta vue&nbsp;&raquo;). Ce groupe d&rsquo;habitants a lui aussi &eacute;merg&eacute; du mouvement <em>Ocupe Estelita</em>. Il existe depuis 2014 et se d&eacute;place dans la ville pendant la temporalit&eacute; carnavalesque autant pour d&eacute;noncer les m&eacute;faits de la sp&eacute;culation immobili&egrave;re que pour inviter &agrave; l&rsquo;occupation des espaces publics. La construction narrative du clip repose sur une virtualisation progressive de la ville en accord avec les paroles chant&eacute;es par l&rsquo;alter ego de Geraldo Julio, si l&rsquo;on consid&egrave;re la multiplication d&rsquo;effets sp&eacute;ciaux dans les derniers temps de la vid&eacute;o, jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;incendie num&eacute;rique de la totalit&eacute; de Recife. En cela, par la parodie et l&rsquo;ironie, <em>Novo Apocalipse Recife </em>met en lumi&egrave;re le caract&egrave;re irr&eacute;el de l&rsquo;habitabilit&eacute; telle qu&rsquo;elle est con&ccedil;ue par les entreprises immobili&egrave;res et soutenue par le pr&eacute;fet.</p> <h2><strong>Dans la marge d&rsquo;Estelita, de nouvelles images pour rouvrir la ville</strong></h2> <p>Les cinq films&nbsp; auxquels nous allons d&eacute;sormais nous attacher, <em>[projetotorresgemeas]</em> (2011), <em>C&acirc;mara escura </em>(2012), <em>A copa do mundo no Recife</em> (2015), <em>Fotograma </em>(2015) et <em>Nunca &eacute; noite no mapa</em> (2016), bien que li&eacute;s &agrave; <em>Ocupe Estelita</em>, notamment parce que Ernesto de Carvalho, Lu&iacute;s Henrique Leal, Marcelo Pedroso et Caio Zatti ont activement particip&eacute; &agrave; la production audiovisuelle du mouvement, sont &agrave; consid&eacute;rer comme une extension p&eacute;riph&eacute;rique des productions du mouvement, notamment en raison de leur mode de diffusion<a href="#nbp20" id="footnoteref20_3m9ccza" name="liennbp20" title="Nous pouvons commencer en remarquant qu’à l’exception de [projetotorresgêmeas] et Fotograma, les films ne sont pas librement accessibles en ligne. A copa do mundo no Recife est initialement une commande de la chaîne de télévision SportTV et Nunca é noite no mapa a surtout été projeté en festivals (Olhar de Cinema à Curitiba, Cachoeira Doc, A semana dos Realizadores  do Rio, Forumdocbh…).">20</a>. Aussi, nous ne pouvons pas les consid&eacute;rer comme partie int&eacute;grante de l&rsquo;horizon du &laquo;&nbsp;cin&eacute;ma d&rsquo;occupation&nbsp;&raquo; tel que Pedro Severien l&rsquo;a con&ccedil;u dans la th&egrave;se qu&rsquo;il a soutenue en 2018 et qui s&rsquo;intitule&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cinema de ocupa&ccedil;&atilde;o&nbsp;: uma cartografia da produ&ccedil;&atilde;o audiovisual engajada na luta pelo direito &agrave; cidade no Recife&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Cin&eacute;ma d&rsquo;occupation&nbsp;: une cartographie de production audiovisuelle engag&eacute;e dans la lutte pour le droit &agrave; la ville &agrave; Recife<a href="#nbp21" id="footnoteref21_0f0ig8r" name="liennbp21" title="Pedro Severien, « Cinema de ocupação : uma cartografia da produção audiovisual engajada na luta pelo direito à cidade no Recife », thèse de doctorat en Arts et Communication, Universidade Federal de Pernambuco, 2018.">21</a> &raquo;). Dans son travail, le cin&eacute;aste et chercheur d&eacute;clinait l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un &laquo;&nbsp;cin&eacute;ma d&rsquo;occupation&nbsp;&raquo; comme caract&eacute;ris&eacute; par &laquo;&nbsp;sa force participative&nbsp;&ndash;&nbsp;d&rsquo;un espace commun instaur&eacute; par la pr&eacute;sence de corps&nbsp;&ndash;&nbsp;et de r&eacute;cit&nbsp;&ndash;&nbsp;un cin&eacute;ma avec les pieds sur terre pour produire des mondes. [&hellip;] L&rsquo;occupation n&rsquo;est n&eacute;anmoins pas seulement celle du virtuel, du discours, du r&eacute;cit, mais de l&rsquo;espace en tant que lieu pour une pr&eacute;sence et une performativit&eacute;. Les corps occupent<a href="#nbp22" id="footnoteref22_it454z2" name="liennbp22" title="« Assim, proponho a noção de cinema de ocupação por sua força participativa ― a de um espaço comum instaurado pela presença dos corpos — e narrativa — cinema com os pés no chão para produzir mundos. […] A ocupação, portanto, não é apenas essa do virtual, do discurso, da narrativa, mas do espaço enquanto lugar para uma presença e uma performatividade. Os corpos ocupam. » Traduction personnelle. Pedro Severien, op. cit., p. 24-25.">22</a>.&nbsp;&raquo; Et en premier lieu, pourrions-nous ajouter, les corps des cin&eacute;astes, r&eacute;-habitant sur un autre mode la cartographie habituelle de l&rsquo;espace v&eacute;cu. En cela, il nous importe de consid&eacute;rer les r&eacute;alisateurs de ces cinq films davantage comme des &laquo;&nbsp;cin&eacute;astes habitants&nbsp;&raquo; que comme des &laquo;&nbsp;cin&eacute;astes militants&nbsp;&raquo;, sans toutefois nier l&rsquo;engagement politique de certains d&rsquo;entre eux. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;il nous semble plus appropri&eacute; de parler de &laquo;&nbsp;cin&eacute;ma de la r&eacute;-habitation&nbsp;&raquo;.</p> <p>Il importe, pour analyser et comprendre les images des cinq films de notre corpus, de nous int&eacute;resser &agrave; la d&eacute;marche avec laquelle ils ont &eacute;t&eacute; b&acirc;tis. Et ce, d&rsquo;autant plus que ces cinq films d&eacute;ploient des propri&eacute;t&eacute;s r&eacute;flexives, laissant appara&icirc;tre ou rappelant le moment de capture et de fabrication, comme si la r&eacute;appropriation de la ville de Recife par ces modes de cin&eacute;ma ne pouvait avoir lieu sans laisser les collures visibles, sans rappeler l&rsquo;aspect de formes &laquo;&nbsp;en chantier&nbsp;&raquo; en-dehors de toute pr&eacute;visibilit&eacute; de plans pr&eacute;alables.</p> <p>Il s&rsquo;agit de cinq films-essais, avec des intensit&eacute;s exp&eacute;rimentales et documentaires variables, forme qui leur permet de repenser l&rsquo;espace avec une grande libert&eacute; formelle, sans chercher &agrave; le contenir dans un format particuli&egrave;rement contraignant. C&rsquo;est dans l&rsquo;expression de la singularit&eacute; de chaque projet qu&rsquo;ils contribuent &agrave; un &laquo;&nbsp;autre&nbsp;&raquo; Recife, au renouvellement de ses images comme partie prenante d&rsquo;une occupation des espaces. <em>[projetotorresgemeas]</em> joue avec le principe d&rsquo;un cadavre exquis exp&eacute;rimental o&ugrave; le montage fait appara&icirc;tre des visions jusque-l&agrave; tues&nbsp;; <em>C&acirc;mara escura </em>se place sur le mode du film performatif o&ugrave; le cin&eacute;aste met sa pr&eacute;sence en danger autant que l&rsquo;aboutissement de son projet&nbsp;; <em>A copa do mundo no Recife </em>r&eacute;active les documentaires essais &agrave; la premi&egrave;re personne, avec des incursions ludiques qui font penser aux plus malicieux d&rsquo;entre eux, Chris Marker en premi&egrave;re ligne&nbsp;; <em>Fotograma, </em>lui, rappelle le d&eacute;corticage des images dans l&rsquo;exploration infinie d&rsquo;un d&eacute;tail comme a pu le pratiquer l&rsquo;essayiste Harun Farocki&nbsp;; <em>Nunca &eacute; noite no mapa</em> propose d&rsquo;inverser les relations de pouvoir en explorant Google Street View.</p> <p>Le film collectif <em>[projetotorresgemeas]</em> (2011) est n&eacute; suite &agrave; un appel &agrave; projet artistique d&rsquo;un groupe de recifenses. Certains d&rsquo;entre eux allaient, plusieurs mois apr&egrave;s le film, participer &agrave; l&rsquo;audience publique concernant <em>Novo Recife</em> et rejoindre <em>Direitos Urbanos </em>et <em>Ocupe Estelita</em>. Les images ont &eacute;t&eacute; film&eacute;es par plus de cinquante habitants de Recife et mont&eacute;es par cinq seulement<a href="#nbp23" id="footnoteref23_l6pwnfg" name="liennbp23" title="Selon le processus décrit par Marcelo Pedroso dans l’entretien réalisé avec lui.">23</a>, lesquels ont cherch&eacute; une certaine repr&eacute;sentativit&eacute; des rushes, re&ccedil;ues anonymement, portant le projet que le film soit celui de l&rsquo;ensemble des participants. En r&eacute;sulte un court m&eacute;trage hybride, alternant entre des moments exp&eacute;rimentaux et d&rsquo;autres plus clairement documentaires. La forme m&ecirc;me du film, par son h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute;, est une r&eacute;sistance dans l&rsquo;<em>imagibilit&eacute;</em> de la ville, tant elle s&rsquo;oppose &agrave; l&rsquo;uniformisation architecturale de Recife actuelle. Ainsi, aussi bien dans le processus de tournage que dans le d&eacute;tournement des images quotidiennes de Recife, <em>[projetotorresgemeas] </em>se propose de r&eacute;-habiter Recife dans un &eacute;lan d&rsquo;horizontalit&eacute;.</p> <p>Le titre du court m&eacute;trage est significatif&nbsp;: il s&rsquo;agit du nom du symbole de la sp&eacute;culation immobili&egrave;re victorieuse &agrave; Recife, les <em>Torres G&ecirc;meas</em> (&laquo;&nbsp;Tours Jumelles&nbsp;&raquo;), deux tours de luxe de quarante-deux &eacute;tages, dont la construction s&rsquo;est achev&eacute;e en 2009 et situ&eacute;es &agrave; quelques m&egrave;tres du quai Jos&eacute; Estelita<a href="#nbp24" id="footnoteref24_dt7ylpr" name="liennbp24" title="Luísa Pecora, « Kleber Mendonça Filho : “Cinema do Brasil está achatado por megalançamentos” », iG São Paulo, [En ligne] https://ultimosegundo.ig.com.br/cultura/cinema/2013-01-03/kleber-mendonca-filho-cinema-do-brasil-esta-achatado-%20por-megalancamentos.html (consulté le 10 août 2018).">24</a>. &laquo;&nbsp;Pour comprendre le projet <em>Novo Recife</em>, il suffit de regarder les Torres G&ecirc;meas. Elles sont la bande-annonce du <em>Novo Recife</em>.&nbsp;&raquo; d&eacute;clarait Kleber Mendon&ccedil;a Filho dans le court m&eacute;trage <em>Recife, cidade roubada</em> (2014), solidaire de la production militante d&rsquo;<em>Ocupe Estelita</em>. Dans <em>[projetotorresgemeas]</em>, les <em>Torres G&ecirc;meas</em> sont film&eacute;es sous diff&eacute;rents angles et contribuent &agrave; donner une image diffuse de la ville. Ces images multiples mettent en lumi&egrave;re leur caract&egrave;re d&rsquo;anomalie architecturale dans l&rsquo;espace v&eacute;cu, neutralisant leur pouvoir de repr&eacute;sentation id&eacute;ologique des projets de planification des villes br&eacute;siliennes. Nous retrouvons ainsi les tours r&eacute;duites en maquette dans la balance d&rsquo;une divinit&eacute; urbaine. Elles apparaissent ensuite dans les reflets dans une eau recouverte de plantes polluantes, puis comme des formes abstraites per&ccedil;ues depuis une fen&ecirc;tre, d&rsquo;o&ugrave; la cam&eacute;ra scrute vainement l&rsquo;horizon. Les tours sont finalement mat&eacute;rialis&eacute;es par deux p&eacute;nis en &eacute;rection, sur fond de d&eacute;cor artificiel de cit&eacute; baln&eacute;aire, ultime image d&rsquo;une ville devenue construction phallocrate irr&eacute;elle. Le montage am&egrave;ne toujours les tours comme un &eacute;l&eacute;ment dissonant de l&rsquo;espace et du film &eacute;galement, sans appropriation po&eacute;tique possible pour les inclure dans l&rsquo;histoire de la ville. La pr&eacute;sence du mot &laquo;&nbsp;projet&nbsp;&raquo; dans le titre induit que la vigueur d&rsquo;une cr&eacute;ation collective (mais non anonyme<a href="#nbp25" id="footnoteref25_2pn7feg" name="liennbp25" title="Nous retrouvons notamment Luís Henrique Leal, Marcelo Pedroso et Caio Zatti.">25</a>) permet de m&eacute;tamorphoser les effets de la sp&eacute;culation immobili&egrave;re et d&rsquo;en diminuer le poids dans le paysage urbain.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="A3.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A3.jpg" width="600" /></p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="A4.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A4.jpg" width="600" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;"><strong><em>[projetotorresgemeas]</em></strong><strong> (2011) - Collectif</strong><br /> Jeux de perception, vers l&rsquo;immat&eacute;rialisation des Torres Gem&ecirc;as.</p> </figcaption> </figure> <p>Dans <em>C&acirc;mara escura </em>(2012), Marcelo Pedroso fabrique une o&icirc;te contenant une petite cam&eacute;ra, dans l&rsquo;espoir de la laisser &agrave; des habitants inconnus du quartier ais&eacute; <em>Casa Forte</em>. Le cin&eacute;aste appara&icirc;t &agrave; l&rsquo;&eacute;cran et montre le processus du film. Il sonne d&rsquo;interphone s&eacute;curis&eacute; en portail d&eacute;shumanis&eacute;, dans le but de r&eacute;colter des images film&eacute;es par des voisins emmur&eacute;s. <em>C&acirc;mara escura </em>laisse se dessiner le d&eacute;sir de cr&eacute;er des images sans propri&eacute;taire<a href="#nbp26" id="footnoteref26_wwprasy" name="liennbp26" title="« Je me suis demandé comment ce serait de prendre une caméra qui n’appartiendrait à rien, à personne. Est-il possible qu’une caméra vienne de nulle part ? Qu’elle surgisse comme ça ? L’idée était d’installer une situation sans paramètres. » se demandait Marcelo Pedroso dans l’entretien mené avec lui.">26</a>, des images qui enregistrent le monde dans des rues d&eacute;sert&eacute;es, tout en se confrontant &agrave; l&rsquo;impossible contact avec ceux qui ont d&eacute;cid&eacute; de d&eacute;shabiter la ville, tant ils la vivent verticalement.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="A5.png" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A5.png" width="600" /></p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="A6.png" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A6.png" width="600" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;"><strong><em>C&acirc;mara escura</em></strong><strong> (2012) de Marcelo Pedroso</strong><br /> Marcelo Pedroso en plein tournage dans le voisinage, cam&eacute;ra dans la bo&icirc;te.</p> </figcaption> </figure> <p>Dans <em>A copa do mundo no Recife</em> (2015), Kleber Mendon&ccedil;a Filho r&eacute;v&egrave;le, en usant d&rsquo;une voix-off flegmatique et d&rsquo;un montage ludique, les contradictions et conflits intrins&egrave;ques aux pratiques spatiales de Recife, d&rsquo;autant plus visibles lorsque la ville accueille de nombreux &eacute;trangers en raison des matchs de la Coupe du monde de football 2014. Pour capter avec une certaine exhaustivit&eacute; des images de ce moment si particulier, le r&eacute;alisateur a donn&eacute; carte blanche &agrave; d&rsquo;autres cin&eacute;astes<a href="#nbp27" id="footnoteref27_88bcq4j" name="liennbp27" title="Il s’agit d’Ernesto de Carvalho, Juliano Dornelles, Maira Iabrudi, Leonardo Lacca, Juliana Lapa, Beto Martins, Marcelo Pedroso, Pedro Sotero et Leonardo Sette.">27</a>, dont certains impliqu&eacute;s dans <em>Ocupe Estelita</em>, pour filmer de mani&egrave;re simultan&eacute;e. Le court m&eacute;trage s&rsquo;ach&egrave;ve sur un montage en parall&egrave;le entre le match Br&eacute;sil &ndash; Mexique et l&rsquo;expulsion tr&egrave;s violente d&rsquo;<em>Ocupe Estelita </em>par la police militaire. Avec <em>Fotograma </em>(2015), Caio Zatti et Lu&iacute;s Henrique Leal proposent un arr&ecirc;t sur une image qu&rsquo;ils ont mont&eacute;e dans un pr&eacute;c&eacute;dent film, <em>Velho Recife Novo</em> (2012), &eacute;galement co-r&eacute;alis&eacute; avec Cristiano Borba, L&iacute;via N&oacute;brega et compos&eacute; d&rsquo;entretiens avec des urbanistes et architectes qui s&rsquo;expriment notamment sur la verticalisation de la ville. Par des jeux de vitesse et d&rsquo;agrandissement, Leal et Zatti cherchent &agrave; habiter un plan qui leur avait &eacute;chapp&eacute;, en probl&eacute;matisant et g&eacute;n&eacute;alogisant la pr&eacute;sence d&rsquo;un seul corps dans le champ, une femme noire qui marche en longeant un mur de plusieurs m&egrave;tres de haut dans la zone hupp&eacute;e du Sud de Recife. &Agrave; partir de cette portion d&rsquo;image qui contient un fragment d&rsquo;espace, ils interrogent l&rsquo;ambivalence de la libert&eacute; de circuler dans l&rsquo;espace public pour les habitants opprim&eacute;s.</p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="A7.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A7.jpg" width="600" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;"><strong><em>Fotograma </em></strong><strong>(2015) de Caio Zatti et Lu&iacute;s Henrique Leal</strong><br /> Pr&eacute;sence humaine en temps d&rsquo;absence urbaine.</p> </figcaption> </figure> <p>Dans,<em> Nunca &eacute; noite no mapa</em> (2016), Ernesto de Carvalho surprend la venue d&#39;une voiture de Google Street View dans sa rue, &agrave; la fronti&egrave;re avec un quartier populaire. Il prend en photo ce moment avant de d&eacute;couvrir qu&rsquo;il appara&icirc;t sur la carte en ligne. Il entreprend alors un montage de moments o&ugrave; Google se fait complice de la r&eacute;pression &eacute;tatique, notamment des arrestations violentes de la police et la destruction progressive d&rsquo;un quartier populaire au profit d&rsquo;un projet immobilier. Le moment de la prise de vue simultan&eacute;e par Google Street View et lui souligne le pouvoir que chaque habitant poss&egrave;de &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de son lieu de vie, pour peu qu&rsquo;il veuille en faire porter la voix.</p> <h2><strong>&laquo;&nbsp;La ville est &agrave; nous&nbsp;&raquo;&nbsp;: l&rsquo;espace public avant tout</strong></h2> <p>Ces cinq films ne cherchent pas &agrave; r&eacute;soudre, sur un plan urbain et artistique, une r&eacute;invention de lieux collectifs utopiques mais ils se proposent d&rsquo;investir un lien fort, m&ecirc;me illusoire, avec des lieux pr&eacute;existants et d&eacute;laiss&eacute;s par la communaut&eacute;, des habitants de Recife. Le point de d&eacute;part des projets vise d&rsquo;abord &agrave; un franchissement du lieu de vie priv&eacute; vers un espace public, pens&eacute; dans son potentiel collectif. Ils tendent &agrave; &laquo;&nbsp;d&eacute;privatiser&nbsp;&raquo; le droit &agrave; l&rsquo;habiter dans une ville fortement s&eacute;gr&eacute;gu&eacute;e. Avec ses plans d&rsquo;employ&eacute;es de maison nettoyant les vitres d&rsquo;un appartement des Torres Gem&ecirc;as, puis les tours vues en contre-point d&rsquo;immeubles insalubres et le t&eacute;moignage d&rsquo;un homme qui vit dans un quartier populaire du centre de Recife, portant avec constance une casquette du MST (Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre)<a href="#nbp28" id="footnoteref28_f2b6bkg" name="liennbp28" title="L’acronyme en portugais se décline comme Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra.">28</a>, <em>[projetotorresgemeas] </em>laisse appara&icirc;tre deux versants d&rsquo;une disparition de l&rsquo;espace&nbsp;: la virtualisation du paysage recifense depuis des tours dor&eacute;es, tandis que les habitants historiques des alentours savent leur pr&eacute;sence menac&eacute;e.</p> <p><em>C&acirc;mara escura </em>investit l&rsquo;espace d&eacute;sert&eacute; des portes d&rsquo;entr&eacute;e de r&eacute;sidences de classe ais&eacute;e et l&rsquo;impossibilit&eacute; &agrave; franchir le mur, m&ecirc;me en d&eacute;clinant son identit&eacute;<a href="#nbp29" id="footnoteref29_wh2nq7m" name="liennbp29" title="Marcelo Pedroso se voit contraint de donner son numéro d’identité lors d’un échange à l’interphone.">29</a>. Le film exprime le d&eacute;sarroi des franchissements impossibles au sein d&rsquo;une ville toujours plus en retrait. Quand il dit &agrave; un habitant &agrave; l&rsquo;interphone que son projet vise &agrave; &laquo;&nbsp;en finir avec le mal &ecirc;tre&nbsp;&raquo; qui existe &agrave; Recife, on lui r&eacute;pond que sa pr&eacute;sence est terrifiante et qu&rsquo;il envahit l&rsquo;espace priv&eacute;. Dans <em>A copa do mundo no Recife, </em>le montage nous am&egrave;ne &agrave; circuler entre le c&oelig;ur de Recife dans sa splendeur pittoresque (le <em>frevo</em>, danse locale, y a la part belle) et la reconqu&ecirc;te du m&eacute;tro par la classe moyenne qui l&rsquo;emprunte tr&egrave;s rarement. Puis, nous passons de la joie d&rsquo;un but du Br&eacute;sil, film&eacute; dans un stade et dans plusieurs foyers, dont celui du cin&eacute;aste lui-m&ecirc;me, &agrave; la violence de la r&eacute;pression d&rsquo;<em>Ocupe Estelita</em>. Un fondu sonore nous fait passer de l&rsquo;euphorie sportive &agrave; la cadence des attaques au <em>Cais de Estelita</em>, des klaxons aux bruit des balles, mettant en &eacute;vidence la mani&egrave;re dont la m&eacute;diatisation d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement de masse &eacute;clipse une lutte essentiellement populaire.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="A8.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A8.jpg" width="600" /></p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="A9.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="338" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A9.jpg" width="600" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;"><strong><em>A copa do mundo no Recife</em></strong><strong> (2015) de Kleber Mendon&ccedil;a Filho</strong><br /> Actions simultan&eacute;es&nbsp;: victoire sportive contre r&eacute;pression polici&egrave;re.</p> </figcaption> </figure> <p>Dans <em>Fotograma, </em>les r&eacute;alisateurs s&rsquo;int&eacute;ressent au droit de circulation d&rsquo;une passante afro-descendante dans une rue mur&eacute;e de la zone Sud de Recife. Dans quelle mesure s&rsquo;agit-il de la manifestation d&rsquo;une libert&eacute; gagn&eacute;e depuis l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage en 1888&nbsp;? Dans quelle mesure la solitude de cette femme dans un quartier hupp&eacute; o&ugrave; les habitants ne fr&eacute;quentent pas la rue marque un autre type d&rsquo;asservissement, celui d&rsquo;une s&eacute;gr&eacute;gation spatiale qui propulse certains corps dans les rues et pr&eacute;serve d&rsquo;autres des violences urbaines&nbsp;? Dans <em>Nunca &eacute; noite no mapa, </em>Ernesto de Carvalho d&eacute;montre qu&rsquo;en sortant de sa maison, en d&eacute;rivant dans la carte Google du Br&eacute;sil et dans ses moments les plus violents, il regagne son droit &agrave; l&rsquo;image. Il peut terminer le film sur un plan captur&eacute; par Google en le faisant tout &agrave; fait sien&nbsp;; il est d&eacute;sormais chez lui, et non cette capture d&rsquo;&eacute;cran vol&eacute;e par une entreprise nord-am&eacute;ricaine.</p> <p>Tous ces films probl&eacute;matisent la verticalit&eacute; de Recife et ce qu&rsquo;elle emp&ecirc;che d&rsquo;habitabilit&eacute;, en travaillant &agrave; filmer l&rsquo;espace depuis la projection d&rsquo;horizontalit&eacute; des cin&eacute;astes. Le film de Marcelo Pedroso s&rsquo;ouvre sur un plan instable, cam&eacute;ra en mains, tentant d&rsquo;arriver au dernier &eacute;tage des tours environnantes. Par la suite, le corps du cin&eacute;aste appara&icirc;tra toujours film&eacute; en plan moyen, soulignant de ce fait la hauteur des murs qui d&eacute;passent le cadre choisi. Kleber Mendon&ccedil;a Filho r&eacute;alise un plan pr&eacute;paratoire &agrave; une &laquo;&nbsp;petite d&eacute;sob&eacute;issance civile<a href="#nbp30" id="footnoteref30_dmw6dc2" name="liennbp30" title="« J’ai effacé les Torres Gêmeas du plan. Envisager ce plan comme document, c’est compliqué ! Il n’est pas absurde de penser que d’ici 500 ans, une série d’événements pourrait faire que des photos de Recife ne survivraient pas, mais que par hasard, Aquarius survivrait, et que ce plan deviendrait une des seules références de Recife en 2015. J’aime assez cette idée du faux document. Dans ce cas, c’est un petit acte de désobéissance civile. » Claire Allouche, « Entretien avec Kleber Mendonça Filho, cinéaste habitant », Répliques n°10, printemps 2018, p. 95.">30</a> &raquo; qu&rsquo;il mettra &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans son long m&eacute;trage de fiction <em>Aquarius, </em>car il reprendra un plan du court m&eacute;trage en supprimant les Torres Gem&ecirc;as en postproduction.</p> <p>Caio Zatti et Lu&iacute;s Henrique Leal r&eacute;v&egrave;lent par la voix off la r&eacute;alit&eacute; de ce mur, non comme un fond de plan de couleur claire mais comme une mat&eacute;rialit&eacute; hostile, emp&ecirc;chant l&rsquo;horizon, annihilant toute profondeur de champ. Ernesto de Carvalho s&rsquo;int&eacute;resse, depuis les archives de Google Street View, &agrave; la d&eacute;molition progressive d&rsquo;un immeuble de quartier tr&egrave;s populaire, o&ugrave;, ironie tragique, demeure jusqu&rsquo;au bout l&rsquo;inscription manuelle &laquo;&nbsp;<em>Aluga-se casas e quarto&nbsp;</em>&raquo; (Location d&rsquo;appartements et chambre), en raison de la construction de tours par une entreprise immobili&egrave;re d&rsquo;envergure. &laquo;&nbsp;Le film cr&eacute;e un espace &agrave; partir du moment o&ugrave; la rue est investie avec la cam&eacute;ra d&rsquo;un t&eacute;l&eacute;phone portable. Comment on cr&eacute;e la ville avec une cam&eacute;ra dans la main&nbsp;? Pour moi, c&rsquo;est une question majeure en termes de construction d&rsquo;une ville. Et cela se pose pour n&rsquo;importe quelle personne qui sortirait avec une cam&eacute;ra dans la main.&nbsp;&raquo; propose le cin&eacute;aste<a href="#nbp31" id="footnoteref31_4rfqawc" name="liennbp31" title="Claire Allouche, « L’œil était dans la carte. Entretien avec Ernesto de Carvalho. », Revue Documentaires n°30, à paraître.">31</a>.</p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="A10.png" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="379" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/A10.png" width="600" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;"><strong><em>Nunca &eacute; noite no mapa</em></strong><strong> (2016) de Ernesto de Carvalho</strong><br /> Google complice de la ruine de quartiers populaires.</p> </figcaption> </figure> <p>Ces films d&eacute;-m&eacute;canisent dans un m&ecirc;me &eacute;lan l&rsquo;investissement de la ville et des images. La cam&eacute;ra du cin&eacute;aste n&rsquo;est pas employ&eacute;e comme un outil mais un corps multiple qui r&eacute;active une ville pluridimensionnelle (<em>[projetotorresg&ecirc;meas], A copa do muno no Recife</em>) ou un corps autonome capable de r&eacute;sistance aux images de surveillance apparentes (<em>C&acirc;mara escura</em>, <em>Fotograma,</em> <em>Nunca &eacute; noite no mapa</em>). Ces usages des images participent de l&rsquo;exp&eacute;rience de nouvelles pratiques spatiales dans le lieu de vie du r&eacute;alisateur. Le droit &agrave; l&rsquo;image et les droits &agrave; la ville se conjuguent r&eacute;ciproquement et l&rsquo;image de Recife qui surgit alors ne s&rsquo;investit qu&rsquo;&agrave; condition de ne pas laisser les architectes complices de la verticalisation sauvage s&rsquo;en emparer. Dans ces films de r&eacute;-habitation, le point de vue, qui est aussi un point de spatialisation tangible, est ainsi celui d&rsquo;un &laquo;&nbsp;cin&eacute;aste habitant<a href="#nbp32" id="footnoteref32_mhrja3i" name="liennbp32" title="Ce terme, encore en construction, est au cœur de ma recherche doctorale et était déjà esquissé dans mon mémoire de recherche à l’EHESS. Il s’agit notamment de considérer que, pour le cinéaste-habitant, la valeur des lieux filmés n’est pas interchangeable mais bien affective et politique, invitant à une modification des habitudes en termes de pratiques urbaines au nom d’une mémoire partagée de la ville, inscrite dans ses espaces communs.">32</a> &raquo;. Non seulement le cin&eacute;aste r&eacute;v&egrave;le sa pr&eacute;sence &agrave; l&rsquo;&eacute;cran (Marcelo Pedroso, se pr&eacute;sentant comme vivant dans le quartier de Paranamirim, Ernesto de Carvalho laissant son adresse exacte sur l&rsquo;&eacute;cran de Google Street View) ou par la voix (Kleber Mendon&ccedil;a Filho, Lu&iacute;s Henrique Leal), mais cette simultan&eacute;it&eacute; possible entre lieu de vie et lieu de l&rsquo;image appara&icirc;t comme la condition <em>sine qua non</em> du film.</p> <h2><strong>R&eacute;-habiter Recife apr&egrave;s l&rsquo;occupation </strong></h2> <p>Les images de Recife qui &eacute;mergent un peu avant et apr&egrave;s les premi&egrave;res activit&eacute;s participatives d&rsquo;<em>Ocupe Estelita </em>r&eacute;v&egrave;lent une ville en construction, dont la cin&eacute;g&eacute;nie se meut au fil des projets des habitants, faisant ainsi &eacute;merger de nouveaux cadres d&rsquo;habitabilit&eacute; aussi bien urbains qu&rsquo;artistiques. Ce double ancrage spatial vaut comme politique de la ville au sens o&ugrave; l&rsquo;entend Jean-Christophe Bailly&nbsp;:</p> <p><q>&nbsp;[&hellip;] refaire du corps l&agrave; o&ugrave; il y a eu de la proth&egrave;se, susciter des lieux l&agrave; o&ugrave; a op&eacute;r&eacute; la puissance neutralisante du non-lieu tout en se m&eacute;fiant, inversement, de cette opposition manich&eacute;enne et de l&rsquo;id&eacute;ologie du lieu, du haut lieu qu&rsquo;elle v&eacute;hicule, faire surgir du tissu l&agrave; o&ugrave; les mailles ont &eacute;t&eacute; inexistantes ou se sont rel&acirc;ch&eacute;es<a href="#nbp33" id="footnoteref33_sspoprn" name="liennbp33" title="Jean-Christophe Bailly, « À propos de la politique de la ville », La Ville à l’œuvre, Paris, Les Éditions de l’Imprimeur, 2001, p. 106.">33</a> [...] </q></p> <p>Le mouvement <em>Ocupe Estelita</em> et les cr&eacute;ations qu&rsquo;il a suscit&eacute;es ne doivent ainsi pas &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme une parenth&egrave;se politique, close ou suspendue, mais comme un espace qui a commenc&eacute; &agrave; s&rsquo;ouvrir, un espace comme un cadre propice aux &eacute;volutions choisies. &laquo;&nbsp;On parle d&rsquo;espace, mais ce n&rsquo;est pas tant celui qui est d&eacute;peint dans le film, c&rsquo;est l&rsquo;espace que nous construisons pour le geste de faire le film qui importe. Cet espace commence &agrave; l&rsquo;heure de penser comment faire le film, quelles sont les relations qui vont s&rsquo;&eacute;tablir entre les gens, ce qui se mat&eacute;rialise dans l&rsquo;image et comment le film sera montr&eacute;, quels d&eacute;bats il va rendre possible<a href="#nbp34" id="footnoteref34_2ip6wx9" name="liennbp34" title="Propos recueillis lors de l’entretien mené avec Marcelo Pedroso.">34</a> &raquo; exposait Marcelo Pedroso. Ces cinq films r&eacute;flexifs r&eacute;alis&eacute;s en marge de la production explicitement militante d&rsquo;<em>Ocupe Estelita </em>invitent &agrave; habiter les images film&eacute;es en-dehors de leur strict cadre cin&eacute;matographique. Ils impliquent un retour sur les lieux de vie m&ecirc;mes comme fondement des images et comme potentiel de transformations partag&eacute;es.</p> <p>Par ailleurs, nous ne cherchons pas &agrave; mythifier l&rsquo;impact d&rsquo;<em>Ocupe Estelita </em>et &agrave; &eacute;clipser ainsi d&rsquo;autres mouvements d&rsquo;occupation qui ont eu lieu au Br&eacute;sil ces derni&egrave;res ann&eacute;es<a href="#nbp35" id="footnoteref35_jbrpppd" name="liennbp35" title="Nous pouvons notamment penser au long métrage de fiction Era o Hotel Cambridge (2015) d’Eliane Caffé, qui tisse une trame narrative sur la cohabitation de personnes d’horizons très différents dans un immeuble inoccupé à São Paulo.">35</a> et qui ont aussi pu, dans une autre mesure, donner lieu &agrave; des productions cin&eacute;matographiques. En attestent notamment un texte r&eacute;cent du critique Victor Guimar&atilde;es<a href="#nbp36" id="footnoteref36_mss7qeo" name="liennbp36" title="Victor Guimarães analyse les films brésiliens suivants : Na missão, com Kadu (2016) d’Aiano Bemfica, Kadu Freitas et Pedro Maia de Brito, Ava yvy verá – A terra do povo do raio (2016) de Genito Gomes, Valmir Gonçalves Cabreira, Jhonn Nara Gomes, Jhonaton Gomes, Joilson Brites, Sarah Brites, Edina Ximenez et Dulcídio Gomes et Conte isso àqueles que dizem que fomos derrotados (2018) d’Aiano Bemfica, Camila Bastos, Cris Araújo et Pedro Maia de Brito. Victor Guimarães, « Occuper, résister, construire : les territoires reconquis du cinéma », Jérôme Baron (dir.), D’autres continents, mouvances du cinéma présent, Laval, Warm, 2018, p. 132.">36</a> o&ugrave; il conclut&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Occuper, r&eacute;sister, construire.&quot; Le slogan des mouvements d&rsquo;occupation des terres au Br&eacute;sil est peut-&ecirc;tre devenu celui d&rsquo;un renouvellement des termes du cin&eacute;ma militant.</em>&nbsp;&raquo;. Nous pouvons aussi penser &agrave; un article du chercheur Pablo Gon&ccedil;alo o&ugrave; il expose l&rsquo;urgence politique du cin&eacute;ma br&eacute;silien &agrave; reprendre en mains et prendre en images des espaces disput&eacute;s par des int&eacute;r&ecirc;ts priv&eacute;s ou abandonn&eacute;s par les instances gouvernementales&nbsp;:</p> <p><q>&nbsp;[&hellip;] comme si, face &agrave; l&rsquo;abstraction g&eacute;opolitique du capital financier contemporain, l&rsquo;occupation r&eacute;v&eacute;lait une face, un visage, une petite histoire qui, ici, dans cette g&eacute;ographie atypique, pouvait obtenir une voix, bien que minime, fragile et provisoire. Comme si, du vecteur rapide de la construction et destruction de la financiarisation de l&rsquo;espace, ces immeubles vides revendiquaient une r&eacute;instauration pas seulement de l&rsquo;espace, mais de la propre politique ou d&rsquo;un espace public inclusif, duquel une v&eacute;ritable ar&egrave;ne de voix dissonantes r&eacute;sonne et abrite un commun qui, derni&egrave;rement, insiste &agrave; germer d&eacute;j&agrave; par l&rsquo;usurpation<a href="#nbp37" id="footnoteref37_wpf4ttf" name="liennbp37" title="« Como se, à abstração geopolítica do capital financeiro contemporâneo, a ocupação revelasse uma face, um rosto, uma pequena história que, por ali, naquela geografia atípica, pudesse obter uma voz, ainda que mínima, frágil, e provisória. Como se, do vetor veloz de construção e destruição da financeirização do espaço, aqueles prédios vazios reivindicassem uma reinstauração não apenas do espaço, mas da própria política ou de um espaço público inclusivo, do qual uma verdadeira arena de vozes dissonantes ecoe e abrigue um comum que, ultimamente, insiste em já brotar como usurpado. » (traduction personnelle). Pablo Gonçalo, « Como ocupar uma abstração », Cinética, [En ligne] http://revistacinetica.com.br/nova/como-ocupar-uma-abstracao/ (consulté le 10 août 2018).">37</a>. </q></p> <p>Pour conclure, il convient de nous int&eacute;resser &agrave; la r&eacute;habilitation d&rsquo;une esth&eacute;tique inclusive de la r&eacute;-habitation comme un projet v&eacute;ritablement pluriel, &agrave; Recife mais aussi dans toutes les villes du Br&eacute;sil o&ugrave; la verticalisation implique l&rsquo;expulsion de quartiers populaires entiers au profit de puissantes entreprises immobili&egrave;res. Si tous les films abord&eacute;s ici montrent ou &eacute;voquent des versants les plus d&eacute;favoris&eacute;s de Recife, il est n&eacute;cessaire de questionner le droit de leurs habitants &agrave; &laquo;&nbsp;faire&nbsp;&raquo; aussi image, &agrave; faire entendre leurs voix depuis leurs lieux de vie et depuis l&rsquo;esp&eacute;rance de leurs transformations. En cela, il nous importe d&rsquo;accompagner le projet de film participatif de la jeune cin&eacute;aste Ayla Alencar de Oliveira, r&eacute;alis&eacute; dans la <em>comunidade do Pilar</em>, quartier populaire du centre historique de Recife, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; des Torres G&ecirc;meas, o&ugrave; elle a grandi. Dans sa note d&rsquo;intention<a href="#nbp38" id="footnoteref38_wq3pyeo" name="liennbp38" title="Ce document de travail n’a pas été publié à ce jour. Nous le tenons néanmoins à la disposition pour consultation.">38</a>, elle expose son d&eacute;sir de contribuer &agrave; la m&eacute;moire du quartier avec la participation &eacute;troite des habitants, de fixer leur m&eacute;moire affective, comme cin&eacute;aste-habitante avec des acteurs urbains r&eacute;els&nbsp;: &laquo;&nbsp;(Re)conna&icirc;tre le lieu o&ugrave; l&rsquo;on vit et se reconna&icirc;tre en lieu. L&eacute;gitimer l&rsquo;habitant, ses exp&eacute;riences et les potentialit&eacute;s de sa communaut&eacute;. Tout cela, &agrave; travers un &eacute;change d&rsquo;exp&eacute;riences dans les domaines de l&rsquo;art, de la culture et de l&rsquo;&eacute;ducation<a href="#nbp39" id="footnoteref39_rmgj5hb" name="liennbp39" title="« (Re)conhecer o lugar em que se vive e se reconhecer nele. Legitimar o morador, suas vivências e as potencialidades da sua comunidade. Tudo isso, através de uma troca de experiências em arte, cultura e educação. » (Traduction personnelle), Leonardo Vila Nova, « Comunidade do Pilar respira arte e cultura neste fim de semana », Por aqui, [En ligne] https://poraqui.com/recife-antigo-centro/comunidade-do-pilar-respira-arte-e-cultura-neste-fim-de-semana/ (consulté le 10 août 2018).">39</a>. &raquo; &Agrave; plusieurs reprises, Ayla Alencar de Oliveira a mis en place des ateliers cr&eacute;atifs ouverts &agrave; tous les habitants du quartier et propos&eacute;s par les membres de l&rsquo;&eacute;quipe du film pour nouer des liens durables dans l&rsquo;espace v&eacute;cu<a href="#nbp5b" id="footnoteref5_a8etfij" name="liennbp5b" title="Ibidem.">5</a>. Le projet Pilar pourrait incarner un mode d&rsquo;agir pour la ville sans peur de l&rsquo;usure urbaine, mu par la seule n&eacute;cessit&eacute; de filmer des plans comme on ouvre des portes, de revitaliser par l&rsquo;image la r&eacute;alit&eacute; effective d&rsquo;une communaut&eacute; de quartier. Le cin&eacute;ma br&eacute;silien ind&eacute;pendant des prochaines ann&eacute;es repose ainsi en partie sur ses chemins d&rsquo;habitabilit&eacute;, pla&ccedil;ant la vigueur des ancrages spatiaux des habitants en marge comme une forme de r&eacute;sistance par l&rsquo;image &agrave; l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie m&eacute;diatique du pays et &agrave; la violence politique en cours d&rsquo;institutionnalisation.</p> <p>&nbsp;</p> <p><em>Ce texte reprend des &eacute;l&eacute;ments propres &agrave; deux terrains de recherche effectu&eacute;s &agrave; Recife en 2017 (gr&acirc;ce &agrave; une aide &agrave; la mobilit&eacute; de l&rsquo;EHESS) et en 2018 (gr&acirc;ce &agrave; une bourse accord&eacute;e par le REFEB), ainsi que d&rsquo;une programmation intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Ocupar espa&ccedil;os e telas&nbsp;&raquo;, qui a eu lieu le 2 ao&ucirc;t 2018 &agrave; l&rsquo;espace INCITI &agrave; Recife. J&rsquo;adresse mes plus vifs remerciements &agrave; Jeanne de Larrard et Guillaume Ernst de l&rsquo;Institut Fran&ccedil;ais du Consulat G&eacute;n&eacute;ral de France &agrave; Recife pour le Nordeste, ainsi qu&rsquo;&agrave; Maria Brand&atilde;o, Claudia Damasceno, Brigitte Derlon et &Acirc;ngela Prysthon pour m&rsquo;avoir accompagn&eacute;e dans ces &eacute;tapes de travail. Toute ma gratitude va aussi aux cin&eacute;astes Ayla Alencar de Oliveira,</em> <em>Ernesto de Carvalho, Lu&iacute;s Henrique Leal, Kleber Mendon&ccedil;a Filho, Marcelo Pedroso, Leonardo Sette, Pedro Severien et Caio Zatti pour leurs g&eacute;n&eacute;reux t&eacute;moignages. Dans ce moment politique si particulier, toutes mes pens&eacute;es vont &eacute;galement aux habitants de Recife rencontr&eacute;s.</em></p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><b>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</b></p> <p><strong>Bibliographie&nbsp;:</strong></p> <p>Agier, Michel, <em>Anthropologie de la ville</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2015.</p> <p>Allouche, Claire, &laquo;&nbsp;Quand la m&eacute;moire d&rsquo;un lieu de vie fait vibrer les plans&nbsp;: <em>O som ao redor </em>(2012) et <em>Aquarius </em>(2016) de Kleber Mendon&ccedil;a Filho, deux films d&rsquo;un &quot;cin&eacute;aste-habitant&quot;&nbsp;&raquo;, m&eacute;moire de Master 2 en Territoires, Espaces et Soci&eacute;t&eacute;s, &Eacute;cole des Hautes &Eacute;tudes en Sciences Sociales, 2017.</p> <p>Allouche, Claire, &laquo;&nbsp;Entretien avec Kleber Mendon&ccedil;a Filho, cin&eacute;aste habitant&nbsp;&raquo;, <em>R&eacute;pliques</em> n&deg;&nbsp;10, printemps 2018, p.&nbsp;88-111.</p> <p>Allouche, Claire, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&oelig;il &eacute;tait dans la carte. Entretien avec Ernesto de Carvalho.&nbsp;&raquo;, <em>Revue Documentaires</em>, n&deg;&nbsp;30, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p>Bailly, Jean-Christophe, &laquo;&nbsp;&Agrave; propos de la politique de la ville&nbsp;&raquo;, <em>La Ville &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre</em>, Paris, Les &Eacute;ditions de l&rsquo;Imprimeur, 2001.</p> <p>Freyre, Gilberto, &laquo;&nbsp;O Car&aacute;ter da Cidade&nbsp;&raquo;, <em>Guia</em> <em>Pr&aacute;tico, Hist&oacute;rico e Sentimental</em> <em>da Cidade do Recife, </em>S&atilde;o Paulo<em>,</em> Global, 2007.</p> <p>Guimar&atilde;es, Victor, &laquo;&nbsp;Occuper, r&eacute;sister, construire&nbsp;: les territoires reconquis du cin&eacute;ma&nbsp;&raquo;, J&eacute;r&ocirc;me Baron (dir.), <em>D&rsquo;autres continents, mouvances du cin&eacute;ma pr&eacute;sent</em>, Laval, Warm, 2018, p.&nbsp;123-132.</p> <p>Maury, Corinne, <em>Habiter le monde, &eacute;loge du po&eacute;tique dans le cin&eacute;ma du r&eacute;el</em>, Li&egrave;ge, Yellow Now, 2011.</p> <p>Severien, Pedro, &laquo;&nbsp;Cinema de ocupa&ccedil;&atilde;o&nbsp;: uma cartografia da produ&ccedil;&atilde;o audiovisual engajada na luta pelo direito &agrave; cidade no Recife&nbsp;&raquo;, th&egrave;se de doctorat en Arts et Communication, Universidade Federal de Pernambuco, 2018.</p> <p><strong>Sitographie&nbsp;:</strong></p> <p>Bueno, Chris, &laquo;&nbsp;Ocupe Estelita&nbsp;: movimento social e cultural defende marco historico de Recife&nbsp;&raquo;, <em>Ci&ecirc;ncia e Cultura, </em>[En ligne] <a href="http://cienciaecultura.bvs.br/scielo.php?pid=S0009-67252014000400003&amp;script=sci_arttext">http://cienciaecultura.bvs.br/scielo.php?pid=S0009-67252014000400003&amp;script=sci_arttext</a> (consult&eacute; le 10 septembre 2018).</p> <p>Gon&ccedil;alo, Pablo, &laquo;&nbsp;Como ocupar uma abstra&ccedil;&atilde;o&nbsp;&raquo;, <em>Cin&eacute;tica, </em>[En ligne]. <a href="http://revistacinetica.com.br/nova/como-ocupar-uma-abstracao/">http://revistacinetica.com.br/nova/como-ocupar-uma-abstracao/</a> (consult&eacute; le 10 ao&ucirc;t 2018).</p> <p>Pecora, Lu&iacute;sa, &laquo;&nbsp;Kleber Mendon&ccedil;a Filho&nbsp;: &ldquo;Cinema do Brasil est&aacute; achatado por megalan&ccedil;amentos&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>iG S&atilde;o Paulo</em>, [En ligne] <a href="https://ultimosegundo.ig.com.br/cultura/cinema/2013-01-03/kleber-mendonca-filho-cinema-do-brasil-esta-achatado-%20por-megalancamentos.html">https://ultimosegundo.ig.com.br/cultura/cinema/2013-01-03/kleber-mendonca-filho-cinema-do-brasil-esta-achatado-%20por-megalancamentos.html</a> (consult&eacute; le 10 ao&ucirc;t 2018).</p> <p>Vila Nova, Leonardo, &laquo;&nbsp;Comunidade do Pilar respira arte e cultura neste fim de semana&nbsp;&raquo;, <em>Por aqui, </em>[En ligne] <a href="https://poraqui.com/recife-antigo-centro/comunidade-do-pilar-respira-arte-e-cultura-neste-fim-de-semana/">https://poraqui.com/recife-antigo-centro/comunidade-do-pilar-respira-arte-e-cultura-neste-fim-de-semana/</a> (consult&eacute; le 10 ao&ucirc;t 2018).</p> <p>Wanderley, Ed, &laquo;&nbsp;Recife vertical&nbsp;: os 10 pr&eacute;dios mais altos da capital pernambucana&nbsp;&raquo;, dans <em>Diario de Pernambuco</em>, [En ligne]. <a href="http://curiosamente.diariodepernambuco.com.br/project/recife-vertical-os-10-predios-mais-altos-da-capital-pernambucana/">http://curiosamente.diariodepernambuco.com.br/project/recife-vertical-os-10-predios-mais-altos-da-capital-pernambucana/</a> (consult&eacute; le 2 septembre 2018).</p> <hr /> <p><a href="#liennbp1" name="nbp1">1 </a>&laquo;&nbsp;A nenhum, por&eacute;m, a cidade [o Recife] se entrega imediatamente&nbsp;: seu melhor encanto consiste mesmo em deixar-se conquistar aos poucos.&nbsp;&raquo;, (traduction personnelle). Gilberto Freyre, &laquo;&nbsp;O Car&aacute;ter da Cidade&nbsp;&raquo;, <em>Guia Pr&aacute;tico, Hist&oacute;rico e Sentimental da Cidade do Recife</em>, S&atilde;o Paulo, Global, 2007, p.&nbsp;23.</p> <p><a href="#liennbp2" name="nbp2">2</a> Ed Wanderley, &laquo;&nbsp;Recife vertical&nbsp;: os 10 pr&eacute;dios mais altos da capital pernambucana&nbsp;&raquo;, dans <em>Diario de Pernambuco</em>, [En ligne] <a href="http://curiosamente.diariodepernambuco.com.br/project/recife-vertical-os-10-predios-mais-altos-da-capital-pernambucana/">http://curiosamente.diariodepernambuco.com.br/project/recife-vertical-os-10-predios-mais-altos-da-capital-pernambucana/</a> (consult&eacute; le 2 septembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp3" name="nbp3">3 </a>C&rsquo;est un terme que Louise Bernard remettait en discussion dans le cadre d&rsquo;une recherche de master en &eacute;tudes cin&eacute;matographiques &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paris 7 soutenu en septembre 2016 et intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Le &laquo;&nbsp;cin&eacute;ma de pr&eacute;dios&nbsp;&raquo;, une h&eacute;t&eacute;rotopie&nbsp;?&nbsp;&raquo;. Elle a notamment programm&eacute; une s&eacute;ance de huit courts m&eacute;trages o&ugrave; elle remettait en circulation cette notion. Source&nbsp;: <a href="http://inciti.org/2016/08/15/cineclube-inciti-apresenta-cinema-de-predios-uma-heterotopia/">http://inciti.org/2016/08/15/cineclube-inciti-apresenta-cinema-de-predios-uma-heterotopia/</a>.</p> <p><a href="#liennbp4" name="nbp4">4 </a>Chris Bueno, &laquo;&nbsp;Ocupe Estelita&nbsp;: movimento social e cultural defende marco historico de Recife&nbsp;&raquo;, <em>Ci&ecirc;ncia e Cultura, </em>[En ligne] <a href="http://cienciaecultura.bvs.br/scielo.php?pid=S0009-67252014000400003&amp;script=sci_arttext">http://cienciaecultura.bvs.br/scielo.php?pid=S0009-67252014000400003&amp;script=sci_arttext</a> (consult&eacute; le 10 septembre 2018).</p> <p>5 <a href="#liennbp5a" name="nbp5a">a</a> <a href="#liennbp5b" name="nbp5b">b</a> <em>Ibidem.</em></p> <p><a href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> Entretien r&eacute;alis&eacute; avec le cin&eacute;aste &agrave; Recife le 20 juin 2018 gr&acirc;ce au soutien du REFEB dans le cadre de ma recherche doctorale en &eacute;tudes cin&eacute;matographiques pour un projet d&rsquo;&eacute;tape dans ma th&egrave;se intitul&eacute;&nbsp;: <em>Filmer pour habiter Recife&nbsp;: une production d&rsquo;images contemporaines en partage</em>.</p> <p><a href="#liennbp7" name="nbp7">7</a><em> Cf.</em> <em>Direitos Urbanos | Recife</em>, [En ligne] <a href="https://direitosurbanos.wordpress.com/about/">https://direitosurbanos.wordpress.com/about/</a> (consult&eacute; le 10 octobre 2018).</p> <p><a href="#liennbp8" name="nbp8">8 </a>Je me r&eacute;f&egrave;re &agrave; l&rsquo;entretien r&eacute;alis&eacute; &agrave; Recife le 20 juin dans le cadre de ma recherche doctorale, non publi&eacute;.</p> <p><a href="#liennbp9" name="nbp9">9 </a>Michel Agier, <em>Anthropologie de la ville</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2015, p.&nbsp;207.</p> <p><a href="#liennbp10" name="nbp10">10</a><em> Cf.</em> la cha&icirc;ne YouTube du mouvement <em>Ocupe Estelita</em>&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/user/ocupeestelita">https://www.youtube.com/user/ocupeestelita</a> (consult&eacute; le 12 octobre 2018).</p> <p><a href="#liennbp11" name="nbp11">11</a> Je me reporte notamment &agrave; l&rsquo;entretien r&eacute;alis&eacute; avec Pedro Severien &agrave; Recife en juin 2018&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cela d&eacute;pendait de chaque film mais nous privil&eacute;gions les projections communes. <em>Recife cidade robada</em> a connu sa premi&egrave;re projection &agrave; c&ocirc;t&eacute; du Cais de Estelita. L&rsquo;id&eacute;e &eacute;tait que d&eacute;couvrir le film soit une rencontre, une r&eacute;union, l&rsquo;occasion d&rsquo;un d&eacute;bat, de critiques. Les films ont aussi beaucoup circul&eacute; par WhatsApp. Les r&eacute;seaux sociaux ont &eacute;t&eacute; fondamentaux pour que les films soient vus au-del&agrave; du groupe initial. Chaque film impliquait une strat&eacute;gie diff&eacute;rente selon l&rsquo;urgence du moment.&nbsp;&raquo;. Entretien r&eacute;alis&eacute; avec le cin&eacute;aste &agrave; Recife le 12 juin 2018 gr&acirc;ce au soutien du REFEB (non publi&eacute;).</p> <p><a href="#liennbp12" name="nbp12">12</a> Il les a respectivement nomm&eacute;es <em>A beleza est&aacute; nas ruas </em>(La beaut&eacute; est dans les rues), <em>A ideia &eacute; uma s&oacute; </em>(L&rsquo;id&eacute;e est une seule), <em>Da ocupa&ccedil;&atilde;o, com carinho </em>(De l&rsquo;occupation, avec affection), <em>Estelita, pra&ccedil;a de guerra </em>(Estelita, place de guerre), <em>Fala que eu te escuto </em>(Parle que je t&rsquo;&eacute;coute), <em>Formas de arte, formas de vida </em>(Formes d&rsquo;art, formes de vie), <em>Pode ser cidade </em>(&Ccedil;a peut &ecirc;tre ville). Pedro Severien, &laquo;&nbsp;Cinema de ocupa&ccedil;&atilde;o&nbsp;: uma cartografia da produ&ccedil;&atilde;o audiovisual engajada na luta pelo direito &agrave; cidade no Recife&nbsp;&raquo;, th&egrave;se de doctorat en Arts et Communication, Universidade Federal de Pernambuco, 2018, p.&nbsp;177-186.</p> <p><a href="#liennbp13" name="nbp13">13 </a>Le film, mis en ligne le 18 novembre 2014, est visible via ce lien&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=dJY1XE2S9Pk">https://www.youtube.com/watch?v=dJY1XE2S9Pk</a> (consult&eacute; le 15 septembre 2018).</p> <p>14 <a href="#liennbp14a" name="nbp14a">a</a> <a href="#liennbp14b" name="nbp14b">b</a> &Agrave; la date du 10 ao&ucirc;t 2018.</p> <p><a href="#liennbp15" name="nbp15">15 </a>La vid&eacute;o, dat&eacute;e du 13 mai 2015, est visible via ce lien&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=uE0wJi6xNBk">https://www.youtube.com/watch?v=uE0wJi6xNBk</a> (consult&eacute; le 15 septembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp16" name="nbp16">16 </a>&laquo;&nbsp;Nous avons tent&eacute; de diluer compl&egrave;tement la question de l&rsquo;auteurisme avec certains films, dont <em>Novo Apocalipse Recife, </em>c&rsquo;&eacute;tait vraiment un film r&eacute;alis&eacute; &agrave; plus de trente personnes, chaque proposition sexiste &eacute;tait court-circuit&eacute;e par des points de vue diff&eacute;rents. Les films naissaient d&rsquo;un d&eacute;bat pluriel. Les cadres se pensaient ensemble, on dessinait des story-boards en groupe. &Ccedil;a a &eacute;t&eacute; une exp&eacute;rience de cin&eacute;ma si radicale, si belle. Il y avait une &eacute;nergie, un espace si particuliers. Nous &eacute;tions d&eacute;positaires d&rsquo;un espace tout en le cr&eacute;ant.&nbsp;&raquo; t&eacute;moignait Marcelo Pedroso. Entretien r&eacute;alis&eacute; avec le cin&eacute;aste &agrave; Recife le 20 juin 2018 gr&acirc;ce au soutien du REFEB (non publi&eacute;).</p> <p><a href="#liennbp17" name="nbp17">17</a> &laquo;&nbsp;Ela &eacute; a Veneza desse Brasil&nbsp;&raquo; chante Reginaldo Rossi.</p> <p><a href="#liennbp18" name="nbp18">18</a> &laquo;&nbsp;Dentro de um contexto internacional o Novo Recife &eacute; bem vertical.&nbsp;&raquo; Traduction personnelle.</p> <p><a href="#liennbp19" name="nbp19">19</a> &laquo;&nbsp;Quem vive na pra&ccedil;a ou t&aacute; na rua &eacute; urbanista ou &eacute; ladr&atilde;o.&nbsp;&raquo; Traduction personnelle.</p> <p><a href="#liennbp20" name="nbp20">20</a> Nous pouvons commencer en remarquant qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;exception de <em>[projetotorresg&ecirc;meas]</em> et <em>Fotograma</em>, les films ne sont pas librement accessibles en ligne. <em>A copa do mundo no Recife</em> est initialement une commande de la cha&icirc;ne de t&eacute;l&eacute;vision SportTV et <em>Nunca &eacute; noite no mapa </em>a surtout &eacute;t&eacute; projet&eacute; en festivals (Olhar de Cinema &agrave; Curitiba, Cachoeira Doc, A semana dos Realizadores&nbsp; do Rio, Forumdocbh&hellip;).</p> <p><a href="#liennbp21" name="nbp21">21</a> Pedro Severien, &laquo;&nbsp;Cinema de ocupa&ccedil;&atilde;o&nbsp;: uma cartografia da produ&ccedil;&atilde;o audiovisual engajada na luta pelo direito &agrave; cidade no Recife&nbsp;&raquo;, th&egrave;se de doctorat en Arts et Communication, Universidade Federal de Pernambuco, 2018.</p> <p><a href="#liennbp22" name="nbp22">22</a> &laquo;&nbsp;Assim, proponho a no&ccedil;&atilde;o de <em>cinema de ocupa&ccedil;&atilde;o </em>por sua for&ccedil;a participativa&nbsp;―&nbsp;a de um espa&ccedil;o comum instaurado pela presen&ccedil;a dos corpos&nbsp;&mdash;&nbsp;e narrativa&nbsp;&mdash;&nbsp;cinema com os p&eacute;s no ch&atilde;o para produzir mundos. [&hellip;] A ocupa&ccedil;&atilde;o, portanto, n&atilde;o &eacute; apenas essa do virtual, do discurso, da narrativa, mas do espa&ccedil;o enquanto lugar para uma presen&ccedil;a e uma <em>performatividade</em>. Os corpos ocupam.&nbsp;&raquo; Traduction personnelle. Pedro Severien, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;24-25.</p> <p><a href="#liennbp23" name="nbp23">23 </a>Selon le processus d&eacute;crit par Marcelo Pedroso dans l&rsquo;entretien r&eacute;alis&eacute; avec lui.</p> <p><a href="#liennbp24" name="nbp24">24</a> Lu&iacute;sa Pecora, &laquo;&nbsp;Kleber Mendon&ccedil;a Filho&nbsp;: &ldquo;Cinema do Brasil est&aacute; achatado por megalan&ccedil;amentos&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>iG S&atilde;o Paulo</em>, [En ligne] <a href="https://ultimosegundo.ig.com.br/cultura/cinema/2013-01-03/kleber-mendonca-filho-cinema-do-brasil-esta-achatado-%20por-megalancamentos.html">https://ultimosegundo.ig.com.br/cultura/cinema/2013-01-03/kleber-mendonca-filho-cinema-do-brasil-esta-achatado-%20por-megalancamentos.html</a> (consult&eacute; le 10 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp25" name="nbp25">25</a> Nous retrouvons notamment Lu&iacute;s Henrique Leal, Marcelo Pedroso et Caio Zatti.</p> <p><a href="#liennbp26" name="nbp26">26 </a>&laquo;&nbsp;Je me suis demand&eacute; comment ce serait de prendre une cam&eacute;ra qui n&rsquo;appartiendrait &agrave; rien, &agrave; personne. Est-il possible qu&rsquo;une cam&eacute;ra vienne de nulle part&nbsp;? Qu&rsquo;elle surgisse comme &ccedil;a&nbsp;? L&rsquo;id&eacute;e &eacute;tait d&rsquo;installer une situation sans param&egrave;tres.&nbsp;&raquo; se demandait Marcelo Pedroso dans l&rsquo;entretien men&eacute; avec lui.</p> <p><a href="#liennbp27" name="nbp27">27</a> Il s&rsquo;agit d&rsquo;Ernesto de Carvalho, Juliano Dornelles, Maira Iabrudi, Leonardo Lacca, Juliana Lapa, Beto Martins, Marcelo Pedroso, Pedro Sotero et Leonardo Sette.</p> <p><a href="#liennbp28" name="nbp28">28 </a>L&rsquo;acronyme en portugais se d&eacute;cline comme <em>Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra</em>.</p> <p><a href="#liennbp29" name="nbp29">29</a> Marcelo Pedroso se voit contraint de donner son num&eacute;ro d&rsquo;identit&eacute; lors d&rsquo;un &eacute;change &agrave; l&rsquo;interphone.</p> <p><a href="#liennbp30" name="nbp30">30</a> &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai effac&eacute; les Torres G&ecirc;meas du plan. Envisager ce plan comme document, c&rsquo;est compliqu&eacute; ! Il n&rsquo;est pas absurde de penser que d&rsquo;ici 500 ans, une s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements pourrait faire que des photos de Recife ne survivraient pas, mais que par hasard, <em>Aquarius</em> survivrait, et que ce plan deviendrait une des seules r&eacute;f&eacute;rences de Recife en 2015. J&rsquo;aime assez cette id&eacute;e du faux document. Dans ce cas, c&rsquo;est un petit acte de d&eacute;sob&eacute;issance civile.&nbsp;&raquo; Claire Allouche, &laquo;&nbsp;Entretien avec Kleber Mendon&ccedil;a Filho, cin&eacute;aste habitant&nbsp;&raquo;, <em>R&eacute;pliques</em> n&deg;10, printemps 2018, p.&nbsp;95.</p> <p><a href="#liennbp31" name="nbp31">31</a> Claire Allouche, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&oelig;il &eacute;tait dans la carte. Entretien avec Ernesto de Carvalho.&nbsp;&raquo;, <em>Revue Documentaires</em> n&deg;30, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p><a href="#liennbp32" name="nbp32">32</a> Ce terme, encore en construction, est au c&oelig;ur de ma recherche doctorale et &eacute;tait d&eacute;j&agrave; esquiss&eacute; dans mon m&eacute;moire de recherche &agrave; l&rsquo;EHESS. Il s&rsquo;agit notamment de consid&eacute;rer que, pour le cin&eacute;aste-habitant, la valeur des lieux film&eacute;s n&rsquo;est pas interchangeable mais bien affective et politique, invitant &agrave; une modification des habitudes en termes de pratiques urbaines au nom d&rsquo;une m&eacute;moire partag&eacute;e de la ville, inscrite dans ses espaces communs.</p> <p><a href="#liennbp33" name="nbp33">33</a> Jean-Christophe Bailly, &laquo;&nbsp;&Agrave; propos de la politique de la ville&nbsp;&raquo;, <em>La Ville &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre</em>, Paris, Les &Eacute;ditions de l&rsquo;Imprimeur, 2001, p.&nbsp;106.</p> <p><a href="#liennbp34" name="nbp34">34</a> Propos recueillis lors de l&rsquo;entretien men&eacute; avec Marcelo Pedroso.</p> <p><a href="#liennbp35" name="nbp35">35</a> Nous pouvons notamment penser au long m&eacute;trage de fiction <em>Era o Hotel Cambridge </em>(2015) d&rsquo;Eliane Caff&eacute;, qui tisse une trame narrative sur la cohabitation de personnes d&rsquo;horizons tr&egrave;s diff&eacute;rents dans un immeuble inoccup&eacute; &agrave; S&atilde;o Paulo.</p> <p><a href="#liennbp36" name="nbp36">36</a> Victor Guimar&atilde;es analyse les films br&eacute;siliens suivants&nbsp;: <em>Na miss&atilde;o, com Kadu </em>(2016) d&rsquo;Aiano Bemfica, Kadu Freitas et Pedro Maia de Brito, <em>Ava yvy ver&aacute;&nbsp;&ndash;&nbsp;A terra do povo do raio </em>(2016) de Genito Gomes, Valmir Gon&ccedil;alves Cabreira, Jhonn Nara Gomes, Jhonaton Gomes, Joilson Brites, Sarah Brites, Edina Ximenez et Dulc&iacute;dio Gomes et <em>Conte isso &agrave;queles que dizem que fomos derrotados </em>(2018) d&rsquo;Aiano Bemfica, Camila Bastos, Cris Ara&uacute;jo et Pedro Maia de Brito. Victor Guimar&atilde;es, &laquo;&nbsp;Occuper, r&eacute;sister, construire&nbsp;: les territoires reconquis du cin&eacute;ma&nbsp;&raquo;, J&eacute;r&ocirc;me Baron (dir.), <em>D&rsquo;autres continents, mouvances du cin&eacute;ma pr&eacute;sent</em>, Laval, Warm, 2018, p.&nbsp;132.</p> <p><a href="#liennbp37" name="nbp37">37</a> &laquo;&nbsp;Como se, &agrave; abstra&ccedil;&atilde;o geopol&iacute;tica do capital financeiro contempor&acirc;neo, a ocupa&ccedil;&atilde;o revelasse uma face, um rosto, uma pequena hist&oacute;ria que, por ali, naquela geografia at&iacute;pica, pudesse obter uma voz, ainda que m&iacute;nima, fr&aacute;gil, e provis&oacute;ria. Como se, do vetor veloz de constru&ccedil;&atilde;o e destrui&ccedil;&atilde;o da financeiriza&ccedil;&atilde;o do espa&ccedil;o, aqueles pr&eacute;dios vazios reivindicassem uma reinstaura&ccedil;&atilde;o n&atilde;o apenas do espa&ccedil;o, mas da pr&oacute;pria pol&iacute;tica ou de um espa&ccedil;o p&uacute;blico inclusivo, do qual uma verdadeira arena de vozes dissonantes ecoe e abrigue um comum que, ultimamente, insiste em j&aacute; brotar como usurpado.&nbsp;&raquo; (traduction personnelle). Pablo Gon&ccedil;alo, &laquo;&nbsp;Como ocupar uma abstra&ccedil;&atilde;o&nbsp;&raquo;, <em>Cin&eacute;tica, </em>[En ligne] <a href="http://revistacinetica.com.br/nova/como-ocupar-uma-abstracao/">http://revistacinetica.com.br/nova/como-ocupar-uma-abstracao/</a> (consult&eacute; le 10 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp38" name="nbp38">38</a> Ce document de travail n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; publi&eacute; &agrave; ce jour. Nous le tenons n&eacute;anmoins &agrave; la disposition pour consultation.</p> <p><a href="#liennbp39" name="nbp39">39</a> &laquo;&nbsp;(Re)conhecer o lugar em que se vive e se reconhecer nele. Legitimar o morador, suas viv&ecirc;ncias e as potencialidades da sua comunidade. Tudo isso, atrav&eacute;s de uma troca de experi&ecirc;ncias em arte, cultura e educa&ccedil;&atilde;o.&nbsp;&raquo; (Traduction personnelle), Leonardo Vila Nova, &laquo;&nbsp;Comunidade do Pilar respira arte e cultura neste fim de semana&nbsp;&raquo;, <em>Por aqui, </em>[En ligne] <a href="https://poraqui.com/recife-antigo-centro/comunidade-do-pilar-respira-arte-e-cultura-neste-fim-de-semana/">https://poraqui.com/recife-antigo-centro/comunidade-do-pilar-respira-arte-e-cultura-neste-fim-de-semana/</a> (consult&eacute; le 10 ao&ucirc;t 2018).</p>