<p>Mettre en relation la machine de Turing (1936) et <em>La Jeune Parque</em> (1917) de Paul Val&eacute;ry, pouvait, il y a quelques d&eacute;cennies, sembler &eacute;trange, sans aucune pertinence <em>a priori</em>, voire inappropri&eacute;. De fait, quel est le lien entre un mod&egrave;le de fonctionnement des machines et appareils m&eacute;caniques de calculs, consid&eacute;r&eacute; comme l&rsquo;anc&ecirc;tre de la programmation et de l&rsquo;ordinateur, et un texte po&eacute;tique&nbsp;? L&rsquo;&eacute;mergence et le d&eacute;veloppement de la litt&eacute;rature num&eacute;rique dans les ann&eacute;es 1980, avec l&rsquo;introduction des premiers ordinateurs dans la soci&eacute;t&eacute; civile, puis l&rsquo;apparition des divers logiciels, sans oublier la d&eacute;mocratisation d&rsquo;internet &agrave; la fin des ann&eacute;e 1990, a transfigur&eacute; les pratiques d&rsquo;&eacute;criture de certains auteurs, induisant ainsi un <em>digital turn</em> dans la cr&eacute;ation, l&rsquo;&eacute;dition et la lecture litt&eacute;raires. L&rsquo;environnement num&eacute;rique au sein duquel ces pratiques litt&eacute;raires sont con&ccedil;ues, diffus&eacute;es et appr&eacute;hend&eacute;es suscite parfois l&rsquo;&eacute;moi des lecteurs et des &eacute;crivains, de par la labilit&eacute; et l&rsquo;&eacute;tendue incommensurable qui le caract&eacute;risent ainsi qu&rsquo;en raison de l&rsquo;obsolescence des formats et supports qui le constituent.</p> <p>Mais l&rsquo;univers num&eacute;rique contamine, interp&eacute;n&egrave;tre, voire configure, par certains aspects, notre quotidien. Il s&rsquo;impose, malgr&eacute; le fait qu&rsquo;il puisse repr&eacute;senter un certain non-lieu, un espace virtuel, et incarne paradoxalement aussi, pour nombre de ses utilisateurs, arpenteurs, fl&acirc;neurs, <em>afficionados</em>, un &laquo;&nbsp;troisi&egrave;me-lieu<a href="#nbp1" id="footnoteref1_2j0qbb0" name="liennbp1" title="Ray Oldenburg, The Great Good Place, Cambridge, Da Capo Press, 1999, p. 36.[/fn] » – lieu de rencontre, d’échange, de partage, de fomentation de la communauté et d’assise démocratique. En un certain sens, on habite cet espace numérique en l’empruntant et en le fréquentant de manière journalière. Dans ce contexte, il s’agit de déterminer ce que signifie habiter l’espace numérique pour la figure de l’écrivain numérique. En d’autres termes, quelles sont les modalités de la présence sur internet de l’écrivain et de l’appartenance à une communauté en réseau qu’elle implique, mais aussi de la fréquentation de cet espace sans lieu ? Finalement, comment des habitus numériques se créent pour l’auteur 3.0. ? Si ces modalités, multiples et hétérogènes, ne peuvent toutes être appréhendées et commentées dans un seul et même article, il sera néanmoins question ici d’analyser plus spécifiquement deux d’entre elles. D’abord sera envisagé le fait d’habiter le quotidien pour l’écrivain numérique entre l’algorithme et les followers – ce qui est fortement lié à la notion d’habiter pour exister, à travers une écriture journalière, souvent autobiographique. Cette écriture emprunte le format du blog et des réseaux sociaux, elle se caractérise par une nature mutlimodale, plurisémiotique, renouvelant ainsi substantiellement le paradigme de l’auctorialité et donnant lieu à une « littérature exposéeOlivia Rosenthal, Lionel Ruffel, « Introduction : La littérature exposée », dans Littérature, vol. 4, n° 160 (2010), Paris, Armand Colin-Dunod, p. 3.">1</a> &raquo;. Ensuite, il s&rsquo;agira de consid&eacute;rer une autre mani&egrave;re d&rsquo;investir l&rsquo;espace et le m&eacute;dia num&eacute;riques pour l&rsquo;auteur, celle d&rsquo;habiter pour <em>faire &oelig;uvre</em>, touchant alors &agrave; deux acceptions du terme &laquo;&nbsp;habiter&nbsp;&raquo;&nbsp;&ndash;&nbsp;habiter, au sens g&eacute;ographique du terme, soit vivre dans une localit&eacute; r&eacute;pertori&eacute;e sur une carte, et habiter, c&rsquo;est-&agrave;-dire investir l&rsquo;espace num&eacute;rique et ses possibilit&eacute;s technologiques. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, l&rsquo;habiter rel&egrave;ve alors de la perspective d&rsquo;investir d&rsquo;une mani&egrave;re singuli&egrave;re un espace, de se l&rsquo;approprier par une certaine forme de vie, par une pr&eacute;sence et un ancrage subjectivant, mais dans un dialogue avec les sp&eacute;cificit&eacute;s d&rsquo;un lieu, qui colore aussi de ses caract&eacute;ristiques propres le mode de vie de son habitant. Le territoire num&eacute;rique est associ&eacute; &agrave; une localit&eacute; r&eacute;elle dans la litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e, et les deux habitats en dialogue op&egrave;rent selon un jeu de miroir r&eacute;fl&eacute;chissant sur le r&eacute;cit et le propos de leur habitant, l&rsquo;&eacute;crivain &eacute;tant &agrave; la fois r&eacute;sident d&rsquo;une ville et occupant de la toile. Autrement dit, il s&rsquo;agit d&rsquo;habiter pour <em>faire &oelig;uvre</em> en produisant une litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e, sous forme d&rsquo;applications mobiles pour &eacute;crans tactiles (tablettes, <em>smartphones</em>).</p> <h2><strong>&laquo;&nbsp;Habiter le quotidien&nbsp;&raquo; pour l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique, entre l&rsquo;algorithme et les <em>followers</em></strong></h2> <p>La pratique d&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire en contexte num&eacute;rique a renouvel&eacute; l&rsquo;approche de la cr&eacute;ation litt&eacute;raire, qui ne se r&eacute;duit plus seulement &agrave; la constitution d&rsquo;un texte verbal, voire &agrave; l&rsquo;agencement de ce texte sur la page&nbsp;&ndash;&nbsp;notamment si l&rsquo;on songe &agrave; des genres qui spatialisent les mots et les signes sur la page, tels que la po&eacute;sie visuelle, par exemple, mais qui repr&eacute;sente aussi une cr&eacute;ation multimodale, pluris&eacute;miotique et hyperm&eacute;diatique<a href="#nbp2" id="footnoteref2_9p9oro1" name="liennbp2" title="Ce terme désigne l’extension de l’hypertexte – soit un document contenant des unités d’information liées par des hyperliens et favorisant un accès à l’information de manière non linéaire et rapide – à des données multimédias telles que des images, du son, des vidéos. « Hypermédiatique » est utilisé de manière synonyme au terme « numérique ».">2</a> tout en demeurant principalement constitu&eacute;e par un texte de nature &laquo;&nbsp;litt&eacute;raire<a href="#nbp3" id="footnoteref3_ncidp13" name="liennbp3" title="Serge Bouchardon, « Le récit littéraire interactif : une valeur heuristique », dans Communication et langages, n° 155 (2008), p. 82.">3</a> &raquo;. Ce bouleversement esth&eacute;tique et rh&eacute;torique des formes de la litt&eacute;rature s&rsquo;accompagne d&rsquo;une red&eacute;finition du r&ocirc;le et de la place du lecteur comme de l&rsquo;auteur. Le paradigme de l&rsquo;auctorialit&eacute; est transfigur&eacute; et se caract&eacute;rise, dans l&rsquo;environnement num&eacute;rique, de mani&egrave;re plurielle, reposant sur deux tendances antagonistes. Habiter l&rsquo;espace virtuel pour l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique peut signifier une hyper-pr&eacute;sence m&eacute;diatique, une surexposition de son &laquo;&nbsp;identit&eacute; calcul&eacute;e<a href="#nbp4" id="footnoteref4_tgm7xzo" name="liennbp4" title="Fanny Georges, Antoine Seilles, Guillaume Artignan, Bérenger Arnaud, Nancy Rodriguez, et al., « Sémiotique et visualisation de l’identité numérique : une étude comparée de Facebook et Myspace », HAL, [En ligne]. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00410952/document (consulté le 13 août 2018).">4</a> &raquo; sur les r&eacute;seaux sociaux, online, en permanence, dans une instantan&eacute;it&eacute; sans pr&eacute;c&eacute;dent, et dans un dialogue constant, en temps r&eacute;el, avec ses internautes-followers s&rsquo;il le souhaite, ce que nous qualifions comme &eacute;tant une hyper-auctorialit&eacute;&nbsp;; ou bien l&rsquo;&laquo;&nbsp;habiter en ligne&nbsp;&raquo; peut, au contraire, se caract&eacute;riser par une forme de spectralit&eacute;, d&rsquo;invisibilit&eacute;&nbsp;&ndash;&nbsp;si l&rsquo;on envisage le fait que l&rsquo;auteur est souvent un programmeur et/ou un d&eacute;veloppeur d&rsquo;applications, voire parfois le programme lui-m&ecirc;me, pour une bonne partie de l&rsquo;&oelig;uvre. Ce deuxi&egrave;me r&eacute;gime de l&rsquo;auctorialit&eacute;, qui s&rsquo;appuie sur l&rsquo;absence apparente de l&rsquo;auteur, et m&ecirc;me sur une d&eacute;subjectivation de l&rsquo;auteur dans le cas du programme-auteur ou programme-g&eacute;niteur de textes, peut &ecirc;tre d&eacute;sign&eacute; comme une hypo-auctorialit&eacute;.</p> <h3><strong><em>Exposer l&rsquo;auteur&nbsp;: branding the authorship</em></strong></h3> <p>Les formes de l&rsquo;hyper-auctorialit&eacute; empruntent principalement le format du blog ainsi que les r&eacute;seaux sociaux. Elles pr&eacute;sentent dans la plupart des cas une &eacute;criture journali&egrave;re, une r&eacute;flexion dans et sur la quotidiennet&eacute;, et elles sont souvent &agrave; caract&egrave;re autobiographique. On distingue des types sp&eacute;cifiques de blog, qui constituent des vitrines en ligne pour l&rsquo;auteur, pour son &eacute;criture, voire participent &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une <em>persona</em>&nbsp;: l&rsquo;image que l&rsquo;&eacute;crivain essaie de construire sert des fins de reconnaissance, d&rsquo;ordre litt&eacute;raire, et/ou d&rsquo;ordre mercatique. Ce dernier se livrant ainsi &agrave; une d&eacute;marche de marketing, &agrave; un geste de <em>branding the autorship</em>. Les blogs concern&eacute;s sont les &laquo;&nbsp;blogues-carnets&nbsp;&raquo; (celui de Rondeau<a href="#nbp5" id="footnoteref5_c68so37" name="liennbp5" title="On peut citer le blog J’écris parce que je chante mal, comme exemple de ce type de « blogue-carnet ». [En ligne]. http://www.danielrondeau.com/ (consulté le 30 novembre 2018).">5</a>), &laquo;&nbsp;dans lesquels on peut lire aussi bien de la cr&eacute;ation litt&eacute;raire que des r&eacute;flexions personnelles, des notes ou des descriptions du quotidien de l&rsquo;auteur telles qu&rsquo;on les trouverait dans un journal intime<a href="#nbp6" id="footnoteref6_8i4c87y" name="liennbp6" title="Valérie Cools, Alexandre Béland-Bernard, « Les blogues de création littéraire : innovation ou recyclage de formes préexistantes », dans Cahiers virtuels du NT2, n° 1, ALN | NT2, [En ligne]. http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/les-blogues-de-creation-litteraire-innovation-ou-recyclage-de-formes (consulté le 13 août 2018).">6</a> &raquo;, ainsi que les &laquo;&nbsp;blogues-sites internet d&rsquo;auteur<a href="#nbp7" id="footnoteref7_80nmoc6" name="liennbp7" title="On peut citer le blog de Stéphane Soutoul, comme exemple de ce type de  « blogues-sites internet d’auteur ». [En ligne]. http://stephanesoutoul.blogspot.com/p/critiques.html (consulté le 30 novembre 2018).">7</a> &raquo;, &laquo;&nbsp;tenus par des auteurs publi&eacute;s, ou cherchant &agrave; &ecirc;tre publi&eacute;s<a href="#nbp8" id="footnoteref8_h5mwy42" name="liennbp8" title="Valérie Cools, Alexandre Béland-Bernard, op. cit.">8</a> &raquo;, comme celui de St&eacute;phane Soutoul par exemple. &laquo;&nbsp;Dans ce cas-ci, le blogue est une vitrine pour ces &eacute;crivains, qui y diffusent leurs cr&eacute;ations et obtiennent une certaine r&eacute;ception &agrave; travers les commentaires des lecteurs internautes<a href="#nbp9a" id="footnoteref9_j1skigt" name="liennbp9a" title="Ibid.">9</a>.&nbsp;&raquo; Il en est ainsi notamment pour le blog de l&rsquo;&eacute;crivaine Chlo&eacute; Delaume<a href="#nbp10" id="footnoteref10_rxq4kxy" name="liennbp10" title="Précisons que dans le cas de Chloé Delaume, cette dernière utilise son site internet, et notamment la section où elle poste des billets de blog, pour commenter sa propre d’écriture, ses projets et ses performances. De fait, on peut lire ce type de propos : « Ici, c’est fin mai 2018 et le chantier a avancé. Les espaces et les formes tracés, redistribués. Il y a le manuscrit, pour l’instant d’une soixantaine de pages en absolu bordel. Un roman, Aujourd’hui Mesdames. Le titre est bien plus adapté, entre autres. » [En ligne]. http://www.chloedelaume.net/?cat=24 (consulté le 28 novembre 2018). Ajoutons que Delaume s’est aussi livrée en 2015, par ailleurs, à la pratique de l’écriture littéraire numérique, en proposant Aliénare (une fiction numérique sous forme d’application, avec des vidéos et des animations de Franck Dion).">10</a>. Le blog n&rsquo;incarne pas seulement un m&eacute;dium pour la pratique d&rsquo;&eacute;criture de soi au quotidien, c&rsquo;est aussi une m&eacute;diation en vue d&rsquo;une l&eacute;gitimation, voire d&rsquo;une possible publication de livres. Cette d&eacute;marche s&rsquo;inscrit dans un d&eacute;sir de reconnaissance des auteurs, qui l&rsquo;&eacute;voquent aussi souvent dans leur blog, sans que cela n&rsquo;ait pour autant un lien avec l&rsquo;&eacute;criture et l&rsquo;esth&eacute;tique de leurs &oelig;uvres, notamment quant au genre choisi ou au style d&rsquo;&eacute;criture privil&eacute;gi&eacute;. Pr&eacute;cisons, dans cette perspective, que les types de blogs mentionn&eacute;s pr&eacute;c&eacute;demment se distinguent aussi parfois des &laquo;&nbsp;blogues-&oelig;uvres<a href="#nbp11" id="footnoteref11_maqt1ql" name="liennbp11" title="Valérie Cools, Alexandre Béland-Bernard, op. cit.">11</a> &raquo;, autrement dit des blogs dont le dispositif m&eacute;diatique est utilis&eacute; non pas &agrave; des fins de l&eacute;gitimation, de promotion ou de diffusion, mais bien &agrave; dessein d&rsquo;une exp&eacute;rimentation des possibilit&eacute;s techniques du num&eacute;rique pour <em>faire &oelig;uvre</em>, afin de proposer une &eacute;criture litt&eacute;raire fondamentalement native du m&eacute;dia num&eacute;rique.</p> <p>Certains auteurs ont une d&eacute;marche hybride, en ce sens qu&rsquo;ils investissent davantage les possibilit&eacute;s de l&rsquo;outil num&eacute;rique afin de cr&eacute;er un &laquo;&nbsp;blogue-&oelig;uvre&nbsp;&raquo;, soit un v&eacute;ritable dispositif esth&eacute;tique-technique qui fait l&rsquo;essence de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire. Mais, ces &laquo;&nbsp;blogues-&oelig;uvres&nbsp;&raquo; n&rsquo;en demeurent pas moins, &agrave; l&rsquo;occasion, parties prenantes d&rsquo;une strat&eacute;gie double, artistique et m&eacute;diatique, de la part de l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique. C&rsquo;est le cas, en l&rsquo;occurrence, du &laquo;&nbsp;blogue-&oelig;uvre&nbsp;&raquo; de Jean-Pierre Balpe, intitul&eacute; <em>La vie du G&eacute;n&eacute;ral Proust</em>, qui se d&eacute;cline en 18 blogs formant un &laquo;&nbsp;blogue-&oelig;uvre&nbsp;&raquo;. Le jeu sur l&rsquo;identit&eacute; et les avatars du &laquo;&nbsp;moi&nbsp;&raquo;&nbsp;&ndash;&nbsp;qui n&rsquo;en sont parfois pas, car ce sont de simples personnages des hyperfictions, &eacute;clat&eacute;es et dispers&eacute;es dans le r&eacute;seau de blogs&nbsp;&ndash;&nbsp;construit malgr&eacute; tout une certaine <em>persona num&eacute;rique. </em>Autre exemple, celui du site <em>D&eacute;sordre</em><a href="#nbp12" id="footnoteref12_ou8ja2d" name="liennbp12" title="Voir le site internet Désordre de Philippe De Jonckheere. [En ligne]. https://www.desordre.net/desordres%20entier.html (consulté le 28 novembre 2018).">12</a> de Philippe De Jonckheere, &laquo;&nbsp;en constante &eacute;volution depuis sa cr&eacute;ation en 2001. De nombreuses parties du site sont narratives, par exemple le r&eacute;cit hypertextuel intitul&eacute; <em>Chinois (ma vie)</em><a href="#nbp13" id="footnoteref13_71hn41o" name="liennbp13" title="Voir le site internet Désordre de Philippe De Jonckheere. [En ligne]. https://www.desordre.net/textes/romans/%20chinois/pictogramme.html (consulté le 28 novembre 2018).">13</a><em>. </em>Mais on peut consid&eacute;rer que l&rsquo;ensemble du site a une vis&eacute;e narrative et qu&rsquo;il est destin&eacute; &agrave; saisir &ldquo;l&rsquo;identit&eacute; narrative&rdquo; (Ricoeur, 1990) de l&rsquo;auteur<a href="#nbp14" id="footnoteref14_mw2i3c6" name="liennbp14" title="Serge Bouchardon, « Du récit hypertextuel au récit interactif », dans Revue de la BNF, n° 42 (mars 2012), p. 12.">14</a> &raquo;. En effet, les r&eacute;cits du blog n&rsquo;&eacute;laborent pas &agrave; eux seuls la posture &eacute;nonciative&nbsp;: leur agencement et le dispositif du site dans son entier, &agrave; travers l&rsquo;usage des hyperliens notamment, sans compter la fr&eacute;quence de publication, participent &agrave; construire l&rsquo;identit&eacute; narrative.</p> <p>En outre, se dire en fragments, &eacute;parpill&eacute;s en data, repr&eacute;sente en soi une modalit&eacute; narrative li&eacute;e &agrave; la structuration de ce qu&rsquo;on pourrait consid&eacute;rer comme des sous-espaces num&eacute;riques, ou plut&ocirc;t des plateformes et interfaces d&rsquo;&eacute;changes constitu&eacute;es par les nouveaux m&eacute;dias&nbsp;: Facebook, Twitter, My Space, Instagram, You Tube, les blogs, etc. Aussi, les constantes qui caract&eacute;risent le fonctionnement des r&eacute;seaux sociaux se r&eacute;v&egrave;lent &eacute;clairantes pour comprendre les formes de cr&eacute;ation artistique et litt&eacute;raire hyperm&eacute;diatiques. Les &eacute;crivains num&eacute;riques qui jouent sur l&rsquo;aspect autobiographique de leur &eacute;criture et mobilisent les r&eacute;seaux sociaux ne recourent pas moins que l&rsquo;utilisateur le plus commun et r&eacute;gulier de Facebook &agrave; une &laquo;&nbsp;identit&eacute; num&eacute;rique<a href="#nbp15" id="footnoteref15_bx2oxkf" name="liennbp15" title="Dominique Cardon, « Le design de la visibilité. Un essai de cartographie du web 2.0 », dans Réseaux, n° 152 (juin 2008), p. 97.">15</a> &raquo;, &agrave; une &laquo;&nbsp;identit&eacute; calcul&eacute;e<a href="#nbp16" id="footnoteref16_9pugusd" name="liennbp16" title="Fanny Georges et al., op. cit., p. 4.">16</a> &raquo;. &laquo;&nbsp;L&rsquo;identit&eacute; calcul&eacute;e [&hellip;] manifeste l&rsquo;emprise du logiciel sur la pr&eacute;sentation de soi&nbsp;: les &eacute;l&eacute;ments calcul&eacute;s permettent ainsi de mettre en &eacute;vidence les r&egrave;gles du jeu social stimul&eacute;s par la structuration de l&rsquo;interface<a href="#nbp9b" id="footnoteref9_oez6c73" name="liennbp9b" title="Ibid.">9</a> &raquo;. Par cons&eacute;quent, la structuration de l&rsquo;interface et les donn&eacute;es et sch&eacute;mas analys&eacute;s, enregistr&eacute;s et d&eacute;ploy&eacute;s par l&rsquo;algorithme engendrent un &laquo;&nbsp;design de l&rsquo;identit&eacute;<a href="#nbp9c" id="footnoteref9_9qna5ll" name="liennbp9c" title="Ibid.">9</a> &raquo; du profil de l&rsquo;utilisateur, soit aussi de celle de l&rsquo;&eacute;crivain, &oelig;uvrant et man&oelig;uvrant avec les technologies &agrave; des fins artistiques, &agrave; dessein de manifester la qualit&eacute; esth&eacute;tique du dispositif qu&rsquo;il &eacute;labore. De fait, &laquo;&nbsp;[l]&rsquo;identit&eacute; num&eacute;rique est [&hellip;] une coproduction o&ugrave; se rencontrent les strat&eacute;gies des plateformes et les tactiques des utilisateurs<a href="#nbp17" id="footnoteref17_cjqht40" name="liennbp17" title="Dominique Cardon, op. cit., p. 97.">17</a> &raquo;.</p> <p>Les mises en sc&egrave;ne de soi, qu&rsquo;elles rel&egrave;vent du geste d&rsquo;un utilisateur non &eacute;crivain ou bien de celui d&rsquo;un &eacute;crivain num&eacute;rique, r&eacute;pondent &agrave; une strat&eacute;gie. Toute pratique rel&egrave;ve d&rsquo;une strat&eacute;gie &agrave; un niveau de pertinence sup&eacute;rieur<a href="#nbp18" id="footnoteref18_oejwzdc" name="liennbp18" title="Jacques Fontanille, Pratiques sémiotiques, Paris, Presses Universitaires de France, 2008, p. 19.">18</a> dans le parcours de l&rsquo;expression qu&rsquo;elle construit pour produire du sens. Selon les &eacute;crivains num&eacute;riques en question, une typologie de &laquo;&nbsp;styles strat&eacute;giques<a href="#nbp19" id="footnoteref19_5rm3frw" name="liennbp19" title="Idem., p. 31.">19</a> &raquo; peut ais&eacute;ment &ecirc;tre d&eacute;gag&eacute;e. Ainsi qu&rsquo;&eacute;voqu&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment, il peut s&rsquo;agir&nbsp;:</p> <ul> <li>soit d&rsquo;un style strat&eacute;gique principalement ou en partie mercatique,</li> <li>soit d&rsquo;un style strat&eacute;gique principalement ou en partie de l&eacute;gitimation,</li> <li>mais aussi d&rsquo;un style principalement ou en partie sc&eacute;nographique,</li> <li>comme &eacute;galement d&rsquo;un style principalement ou partiellement d&eacute;claratif, engag&eacute;,</li> <li>ou bien encore d&rsquo;un style exp&eacute;rimental, strictement, voire exclusivement, esth&eacute;tique,</li> <li>et enfin&nbsp;&ndash;&nbsp;mais il y en aurait d&rsquo;autres&nbsp;&ndash;&nbsp;d&rsquo;un style relationnel, de mise en partage.</li> </ul> <p>Dans le cas de l&rsquo;usage massif et r&eacute;current des r&eacute;seaux sociaux par l&rsquo;&eacute;crivain, il s&rsquo;av&egrave;re que certains styles strat&eacute;giques peuvent s&rsquo;esquisser plus distinctement que d&rsquo;autres. Partant du constat que Facebook pr&eacute;sente une identit&eacute; d&eacute;clarative de son utilisateur, en raison de l&rsquo;organisation de son interface<a href="#nbp20" id="footnoteref20_9b7j0q1" name="liennbp20" title="Fanny Georges et al., op. cit., p. 3.">20</a> notamment, le style strat&eacute;gique d&eacute;claratif peut donc aussi tr&egrave;s nettement caract&eacute;riser le discours d&rsquo;un &eacute;crivain sur cette plateforme. Aussi,&nbsp;&ndash;&nbsp;et ce, toujours dans la perspective d&rsquo;&eacute;clairer les styles strat&eacute;giques de l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique, en lien avec la modalit&eacute; d&eacute;clarative&nbsp;&ndash;&nbsp;notons que &laquo;&nbsp;[l]&rsquo;analyse de Facebook montrait que les utilisateurs &agrave; fort indice d&eacute;claratif d&eacute;ployaient plus d&rsquo;activit&eacute;s communautaires collectives (appartenance &agrave; des groupes)<a href="#nbp9d" id="footnoteref9_lztujb5" name="liennbp9d" title="Ibid.">9</a> &raquo;. S&rsquo;agissant de l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique, ce dernier &eacute;tat de fait se v&eacute;rifie &eacute;galement, dans la mesure o&ugrave; la pr&eacute;sence pour un auteur sur les r&eacute;seaux sociaux dans un but cr&eacute;atif correspond &agrave; un style strat&eacute;gique de mise en partage, et un proc&egrave;s d&rsquo;&eacute;criture collaborative, communautaire. Cette d&eacute;marche de cr&eacute;ation et cette mani&egrave;re d&rsquo;habiter l&rsquo;espace virtuel pour l&rsquo;auteur ont donn&eacute; lieu, en l&rsquo;occurrence, &agrave; &laquo;&nbsp;un r&eacute;cit participatif Facebook<a href="#nbp21" id="footnoteref21_qyie8h5" name="liennbp21" title="Serge Bouchardon, op. cit., p. 11.">21</a> &raquo;, <em>Un roman du r&eacute;seau</em> (2012), gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;initiative de V&eacute;ronique Taquin. Roman au sein duquel l&rsquo;internaute a pu incarner un personnage et se livrer &agrave; des actions d&rsquo;&eacute;criture. Taquin a mis en ligne en 2011 un roman en neuf feuilletons sur le site de <em>Mediapart</em>, pour lesquels les lecteurs &eacute;taient invit&eacute;s &agrave; r&eacute;agir et &agrave; faire part de leurs interpr&eacute;tations<a href="#nbp22" id="footnoteref22_war0dba" name="liennbp22" title="Laurent Loty, « Un roman du réseau de Véronique Taquin. Enjeux culturels d’une fiction réticulaire interprétée sur Mediapart », Numérique et écriture littéraire. Mutations des pratiques, Paris, Éditions Hermann, 2015, p. 119.">22</a>. Le tour de force de ce roman r&eacute;side dans la mise en abyme de la notion de r&eacute;cit participatif sur internet, puisque la di&eacute;g&egrave;se &eacute;voque des internautes qui partagent et r&eacute;&eacute;crivent des r&eacute;cits, alors m&ecirc;me que le partage des feuilletons sur <em>Mediapart </em>a induit l&rsquo;&eacute;criture de r&eacute;cits interpr&eacute;tatifs par les lecteurs eux-m&ecirc;mes.</p> <h3><strong><em>L&rsquo;auctorialit&eacute; spectrale&nbsp;: le codeur-d&eacute;veloppeur et son programme</em></strong></h3> <p>Si paradoxalement, l&rsquo;&eacute;crivain n&rsquo;a jamais eu davantage l&rsquo;opportunit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre dans une forme &laquo;&nbsp;d&rsquo;hyper-pr&eacute;sence&nbsp;&raquo; en temps r&eacute;el, de mani&egrave;re continue, ou avec une r&eacute;gularit&eacute; tr&egrave;s dense, &agrave; raison de plusieurs fois par jour (possibilit&eacute; de <em>twitter</em> plusieurs fois par jour, de poster des contenus sur Facebook ou Instagram), il n&rsquo;en demeure pas moins que l&rsquo;auctorialit&eacute; num&eacute;rique comporte aussi une dimension qui rel&egrave;ve d&rsquo;un paradigme de l&rsquo;en-de&ccedil;&agrave;, des pr&eacute;fixes de l&rsquo;<em>hypo- </em>ou du <em>sub-</em>, d&rsquo;une forme de spectralit&eacute; que recouvre la &laquo;&nbsp;main&nbsp;&raquo; invisible qui engendre le texte&nbsp;: celle du codeur-d&eacute;veloppeur, voire parfois celle m&eacute;taphorique du programme.</p> <p>En principe, on consid&egrave;re que l&rsquo;utilisateur d&rsquo;un site, d&rsquo;un blog et d&rsquo;un r&eacute;seau social est g&eacute;n&eacute;ralement en concordance avec la personne de l&rsquo;&eacute;crivain et la figure auctoriale, mais, afin d&rsquo;&ecirc;tre parfaitement exhaustif, il faudrait v&eacute;rifier le degr&eacute; de complexit&eacute; des op&eacute;rations de gestion du site et des effets esth&eacute;tiques produits par le dispositif, pour d&eacute;terminer si l&rsquo;&eacute;crivain demeure un simple utilisateur ou, au contraire, entre dans l&rsquo;univers du programmeur de commandes au sein d&rsquo;une interface et d&rsquo;un environnement num&eacute;riques. Ce point est crucial, puisqu&rsquo;il d&eacute;termine la part de conception programmatique-num&eacute;rique de la part de l&rsquo;auteur en regard de son &oelig;uvre litt&eacute;raire hyperm&eacute;diatique. Il est moins fr&eacute;quent que le d&eacute;veloppeur-codeur d&rsquo;une application internet (cr&eacute;ation d&rsquo;un site internet) ou d&rsquo;une application mobile (une application configur&eacute;e pour fonctionner sous les syst&egrave;mes d&rsquo;exploitation iOs ou Android) concorde avec la personne de l&rsquo;&eacute;crivain.</p> <p>D&rsquo;une part, il se pr&eacute;sente la possibilit&eacute; de diffraction de la notion d&rsquo;auctorialit&eacute;, qui ne se r&eacute;duirait plus &agrave; un mod&egrave;le de type un &eacute;crivain pour une personne physique, ni m&ecirc;me &agrave; un collectif d&rsquo;auteurs compos&eacute; de plusieurs &eacute;crivains, mais bien plut&ocirc;t une auctorialit&eacute; double constitu&eacute;e par un &eacute;crivain en amont et par un codeur-d&eacute;veloppeur en aval. D&rsquo;autre part, se manifeste &eacute;galement le cas de figure d&rsquo;une auctorialit&eacute; unifi&eacute;e, car l&rsquo;&eacute;crivain est aussi le codeur-d&eacute;veloppeur de sa propre &oelig;uvre. Enfin, autre configuration typique de la litt&eacute;rature num&eacute;rique&nbsp;: la pr&eacute;sence d&rsquo;un &laquo;&nbsp;tiers auteur<a href="#nbp23" id="footnoteref23_ymcwkrd" name="liennbp23" title="Philippe Bootz, « Vers de nouvelles formes en poésie numérique programmée ? », dans RiLUnE, n° 5 (2006), p. 24.">23</a> &raquo;, soit le programme informatique, qui repr&eacute;sente une instance de cr&eacute;ation et de g&eacute;n&eacute;ration du texte, et pour certains types d&rsquo;&oelig;uvres en est m&ecirc;me le principal auteur (po&egrave;mes par g&eacute;n&eacute;ration, par exemple). L&rsquo;instance robotique de cr&eacute;ation partage l&rsquo;auctorialit&eacute; avec la personne du programmeur/&eacute;crivain, et reconfigure cette derni&egrave;re en introduisant une entit&eacute; non humaine dans le geste de production du texte litt&eacute;raire. Bien que le programme ne s&rsquo;invente pas seul, et n&rsquo;invente pas totalement seul non plus le texte, il reste qu&rsquo;il est en partie responsable ou co-responsable de l&rsquo;engendrement et de la <em>processualit&eacute;</em> du texte de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire. Si la litt&eacute;rature num&eacute;rique ne manifeste pas une disparition de l&rsquo;auteur<a href="#nbp24" id="footnoteref24_psaefhz" name="liennbp24" title="Maurice Blanchot, Le livre à venir, Paris, Gallimard, 1959, p. 265.">24</a>, il n&rsquo;en demeure pas moins que la figure de l&rsquo;auteur est parfois dissimul&eacute;e derri&egrave;re le titre d&rsquo;une &oelig;uvre (c&rsquo;est souvent le cas pour les applications mobiles de po&eacute;sie num&eacute;rique), invisible, ou bien portant le masque du programme, de cette auctorialit&eacute; robotique, neutre, algorithm&eacute;e (<em>La S&eacute;paration</em>, 2013)<a href="#nbp25" id="footnoteref25_20k8sgc" name="liennbp25" title="Voir le site dédié à l’application La Séparation, développée par un collectif [En ligne]. http://i-trace.fr/separation/index.php (consulté le 28 novembre 2018).">25</a>. <em>L&rsquo;&ecirc;tre-auteur</em> semble investi d&rsquo;une certaine spectralit&eacute;, surtout lorsque la notion d&rsquo;auteur repose sur des sans-noms, des sans-visages, voire sur une absence de corpor&eacute;it&eacute; quand il s&rsquo;agit d&rsquo;un programme informatique, d&rsquo;une suite d&rsquo;op&eacute;rations en langage C. La transfiguration qui s&rsquo;op&egrave;re dans la notion d&rsquo;auctorialit&eacute; en contexte num&eacute;rique, dans le passage de la voix au code, de la figure de l&rsquo;auteur, ma&icirc;tre du verbe (selon la conception traditionnelle et s&eacute;culaire de la litt&eacute;rature), vers celle du codeur, ou du &laquo;&nbsp;tiers-auteur<a href="#nbp26" id="footnoteref26_t3fh0o7" name="liennbp26" title="Philippe Bootz, op. cit., p. 24.">26</a> &raquo;, se caract&eacute;rise par une certaine forme d&rsquo;effacement et de spectralit&eacute;, en ce sens que le recours &agrave; l&rsquo;algorithme d&eacute;subjective, voire d&eacute;personnalise (quand ne figure ni nom ni visage) le geste d&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne d&eacute;personnalisant, d&eacute;subjectivant, de l&rsquo;&eacute;criture num&eacute;rique manifeste un r&eacute;gime d&rsquo;hypo-auctorialit&eacute;. La diff&eacute;rence qui r&eacute;side entre l&rsquo;omnipr&eacute;sence de l&rsquo;&eacute;crivain pour une part, s&rsquo;agissant de l&rsquo;hyper-auctorialit&eacute;, et la spectralit&eacute; de l&rsquo;auteur pour une autre, est li&eacute;e notamment au r&ocirc;le&nbsp;&ndash;&nbsp;plus ou moins grand&nbsp;&ndash;&nbsp;accord&eacute; au logiciel comme tiers cr&eacute;ateur de l&rsquo;&oelig;uvre.</p> <p>C&rsquo;est notamment le cas des &oelig;uvres qui se fondent sur la g&eacute;n&eacute;ration de textes comme dynamique d&rsquo;organisation essentielle de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire. G&eacute;n&eacute;ralement le programme ou le logiciel, configur&eacute; comme un g&eacute;n&eacute;rateur de signes, de lettres, de mots ou de textes devient, en quelque sorte, la figure auctoriale principale. Le cycle de <em>Digital Concrete Poetry</em> de Jorg Piringer<a href="#nbp27" id="footnoteref27_mk49zch" name="liennbp27" title="Voir les navigations filmées des différentes applications poétiques sur le site de Jörg Piringer : Apps by Jörg Piringer, [En ligne]. http://apps.piringer.net/ (consulté le 25 août 2018).">27</a> (&eacute;crivain num&eacute;rique-codeur-d&eacute;veloppeur) en est l&rsquo;exemple type. La voix po&eacute;tique s&rsquo;absente pour laisser place &agrave; une exp&eacute;rience sur le rythme et la mati&egrave;re plastique et sonore des &laquo;&nbsp;alphagrammes<a href="#nbp28" id="footnoteref28_gbqlknf" name="liennbp28" title="Jacques Anis, Jean-Louis Chiss et Christian Puech, L’écriture : théories et descriptions, Paris / Bruxelles, Éditions universitaires / De Boeck-Université, 1988, p. 87.">28</a> &raquo;, &laquo;&nbsp;topogrammes<a href="#nbp9e" id="footnoteref9_p7lz2dp" name="liennbp9e" title="Ibid.">9</a> &raquo; et &laquo;&nbsp;logogrammes<a href="#nbp9f" id="footnoteref9_mutdxzy" name="liennbp9f" title="Ibid.">9</a> &raquo; en tout genre, privil&eacute;giant l&rsquo;acc&egrave;s direct du lecteur au texte &agrave; manipuler avec les doigts pour produire le sens de l&rsquo;&oelig;uvre. Fond&eacute;e sur le m&ecirc;me principe de primaut&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rience s&eacute;miotique du lecteur impliqu&eacute; dans la manipulation gestuelle et la formation du sens qui en d&eacute;coule&nbsp;: l&rsquo;&laquo;&nbsp;application po&eacute;tique<a href="#nbp29" id="footnoteref29_hz6cdh6" name="liennbp29" title="Emmanuelle Pelard, « Poétique de la poésie numérique pour écrans tactiles », dans Cahiers virtuels du Laboratoire NT2, n° 8, ALN | NT2, [En ligne]. http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/poetique-de-la-poesie-numerique-pour-ecrans-tactiles (consulté le 13 août 2018).">29</a> &raquo; <em>Textagon</em> <em>Word Art Generator</em><a href="#nbp30" id="footnoteref30_5egyqu1" name="liennbp30" title="Voir la présentation de l’application poétique sur l’Apple store : App Store Preview, [En ligne]. https://itunes.apple.com/us/app/textagon-word-art-generator/id495073429?mt=8 (consulté le 15 septembre 2018).">30</a> (2013) d&rsquo;Adam Mathes, qui s&rsquo;apparente &agrave; de la po&eacute;sie visuelle 3.0.</p> <p>La conception de la figure unique de l&rsquo;auteur perd en intensit&eacute; &agrave; travers les pratiques num&eacute;riques litt&eacute;raires qui s&rsquo;appuient sur une forte implication des utilisateurs-lecteurs. Le cycle de <em>Poetry for Excitable Mobile Media,</em> <em>PoEMM</em><a href="#nbp31" id="footnoteref31_djca99h" name="liennbp31" title="Voir les navigations filmées des différentes applications poétiques sur le site de Jason Edward Lewis : P.o.E.M.M., [En ligne]. http://www.poemm.net/ (consulté le 13 août 2018).">31</a> (2010-2013), de Jason Edward Lewis et Bruno Nadeau, est une &oelig;uvre mettant en relief ces actions de manipulation et d&rsquo;&eacute;criture en relais, dont l&rsquo;esth&eacute;tique r&eacute;side dans le partage en devenir. En effet, la derni&egrave;re &eacute;tape de r&eacute;alisation de ce cycle d&rsquo;applications po&eacute;tiques fut de d&eacute;livrer le code permettant de cr&eacute;er et d&rsquo;engendrer les diff&eacute;rents po&egrave;mes, en laissant la licence en libre acc&egrave;s. Partager le code en <em>open source</em> a donc constitu&eacute; l&rsquo;acte fondateur de cr&eacute;ation d&rsquo;une communaut&eacute; esth&eacute;tique num&eacute;rique, unie par une auctorialit&eacute; en partage, dans la mesure o&ugrave; elle rassemble tous les utilisateurs-lecteurs devenus des lecteurs-auteurs bis. On pose dans ce cas la secondarit&eacute; de l&rsquo;auctorialit&eacute;, puisque le lecteur-auteur de <em>PoEMM</em> n&rsquo;est pas l&rsquo;auteur premier, mais un auteur secondaire en quelque sorte, un auteur bis, renouvelant une cr&eacute;ation, rem&eacute;diant un code d&eacute;j&agrave; existant, et pourtant donnant lieu &agrave; un nouveau po&egrave;me.</p> <p>La notion d&rsquo;auteur, envisag&eacute;e en litt&eacute;rature majoritairement selon la perspective de la singularit&eacute;, s&rsquo;affaiblit en ce sens en contexte num&eacute;rique&nbsp;&ndash;&nbsp;sans que cela n&rsquo;ait en rien une connotation n&eacute;gative. La dilution du singulier dans le fait d&rsquo;&eacute;pouser la multiplicit&eacute; qu&rsquo;implique le processus de cr&eacute;ation num&eacute;rique met au jour une esth&eacute;tique relationnelle<a href="#nbp32" id="footnoteref32_tdnlymf" name="liennbp32" title="Nicolas Bourriaud, Esthétique relationnelle, Dijon, Les Presses du réel, 1998.">32</a>, essentielle &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire num&eacute;rique. Finalement, habiter l&rsquo;espace hyperm&eacute;diatique au quotidien pour un &eacute;crivain num&eacute;rique peut signifier r&eacute;aliser, non plus seulement des &oelig;uvres polyc&eacute;phales&nbsp;&ndash;&nbsp;telles que les avant-gardes du XX<sup>e</sup> s&rsquo;y sont livr&eacute;es &agrave; r&eacute;p&eacute;tition&nbsp;&ndash;, mais donner acte &agrave; une &oelig;uvre <em>millioc&eacute;phale, </em>gr&acirc;ce &agrave; la formation d&rsquo;un groupe social de lecteurs-cr&eacute;ateurs r&eacute;unissant des milliers de mains pour <em>faire &oelig;uvre</em>.</p> <h2><strong>&laquo;&nbsp;Habiter pour faire &oelig;uvre&nbsp;&raquo;&nbsp;: une litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e en vue de textualiser le lieu, la ville et les espaces au prisme des &eacute;crans tactiles mobiles</strong></h2> <p>Une autre mani&egrave;re d&rsquo;habiter l&rsquo;espace num&eacute;rique pour l&rsquo;&eacute;crivain qui se livre &agrave; une cr&eacute;ation hyperm&eacute;diatique est d&rsquo;investir les lieux, les r&eacute;gions, les villes et les localit&eacute;s en cr&eacute;ant un r&eacute;seau d&rsquo;espaces de nature diverse, &agrave; travers la connexion internet, et en &eacute;tablissant une interf&eacute;rence entre des types de spatialit&eacute;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. C&rsquo;est ce qui se produit quand l&rsquo;espace virtuel et l&rsquo;espace urbain se rencontrent au sein de genres litt&eacute;raires d&rsquo;un nouveau type.</p> <p>La notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;&oelig;uvre ouverte<a href="#nbp33" id="footnoteref33_tyhqks3" name="liennbp33" title="Umberto Eco, L’Œuvre ouverte, trad. Chantal Roux de Bézieux et André Boucourechliev, Paris, Éditions du Seuil, 1965.">33</a> &raquo; semble d&egrave;s lors plus que jamais d&rsquo;actualit&eacute;, dans la mesure o&ugrave; les &oelig;uvres litt&eacute;raires num&eacute;riques s&rsquo;ouvrent ainsi sur un espace hors du livre, cr&eacute;ant &laquo;&nbsp;un livre hors le livre<a href="#nbp34" id="footnoteref34_lbydm3g" name="liennbp34" title="Alexandre Gefen, Claire Jeantet, « Le livre hors le livre », dans Cahiers virtuels du Laboratoire NT2, n° 8, ALN | NT2, [En ligne]. http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/le-livre-hors-le-livre (consulté le 13 août 2018).">34</a> &raquo;. Nombre d&rsquo;entre elles empruntent, pour ce faire, le format de l&rsquo;application mobile (pour &eacute;crans tactiles, tablettes et <em>smartphones</em>), et utilisent les fonctions et technologies num&eacute;riques de g&eacute;olocalisation&nbsp;&ndash;&nbsp;telles que le GPS int&eacute;gr&eacute; au <em>smartphone</em> ou &agrave; l&rsquo;iPad, la connexion &agrave; Google Maps ou aux bornes locales (<em>beacons</em>), l&rsquo;activation d&rsquo;une puce RFID/NFC, ou encore l&rsquo;int&eacute;gration de donn&eacute;es d&rsquo;API, etc<em>.</em> Deux gestes semblent organiser cette litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e&nbsp;: d&rsquo;une part, celui de &laquo;&nbsp;relocaliser&nbsp;&raquo; la litt&eacute;rature, dans le sens de &laquo;&nbsp;(re)territorialiser&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;(r&eacute;)impl&eacute;menter&nbsp;&raquo; dans une localit&eacute;, et, d&rsquo;autre part, celui de po&eacute;tiser le lieu, la ville et le monument.</p> <h3><strong><em>G&eacute;oinscrire la litt&eacute;rature&nbsp;: Google Maps et la po&eacute;sie, les nouveaux &laquo;&nbsp;alli&eacute;s substantiels</em></strong><a href="#nbp35" id="footnoteref35_tkdiri6" name="liennbp35" title="René Char, Recherche de la base et du sommet, section II « Alliés substantiels », Paris, Gallimard, p. 690, 1983.">35</a> <strong><em>&raquo;</em></strong></h3> <p>Une partie de la litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e qu&rsquo;on rencontre sur les plateformes de t&eacute;l&eacute;chargement d&rsquo;applications mobiles, soit l<em>&rsquo;Apple store</em> ou le <em>Google Play</em>, a pour dessein de <em>g&eacute;oinscrire</em><a href="#nbp36" id="footnoteref36_qsq6d95" name="liennbp36" title="Ce néologisme, que nous proposons, désigne le geste de l’écrivain ou de l’artiste d’inscrire le texte littéraire hypermédiatique géographiquement, c’est-à-dire à travers sa (géo)localisation et sa relation (esthétique, imaginaire, lyrique) au territoire.">36</a> la litt&eacute;rature&nbsp;; autrement dit, il ne s&rsquo;agit pas seulement de recourir aux outils et fonctions de g&eacute;olocalisation des appareils portatifs pour proposer un r&eacute;cit urbain ou un po&egrave;me urbain, mais aussi de (re)territorialiser la litt&eacute;rature, d&rsquo;ancrer dans un lieu le geste d&rsquo;&eacute;criture et les textes litt&eacute;raires. Ce fut pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;impulsion inaugurale du projet de cr&eacute;ation r&eacute;pondant de l&rsquo;abr&eacute;viation G.P.S., qui joue pr&eacute;cis&eacute;ment sur l&rsquo;homonymie de cette derni&egrave;re. En effet, G.P.S. signifie le titre abr&eacute;g&eacute; de l&rsquo;&oelig;uvre-projet, soit <em>Global Poetry System</em>, et renvoie &eacute;galement au nom de la technologie utilis&eacute;e, &agrave; savoir le <em>Global Positionning System. </em>Le projet est pr&eacute;sent&eacute; sur le site internet du <em>Global Poetry System </em>(2011) comme un projet qui tend &agrave; explorer et &agrave; <em>g&eacute;oinscrire</em> la po&eacute;sie du monde, &agrave; partir de l&rsquo;id&eacute;e que la po&eacute;sie est partout pr&eacute;sente, des pierres tombales aux graffitis, des cartes aux blogs, qu&rsquo;elle s&rsquo;inscrit tant dans les paysages que dans nos m&eacute;moires. Le GPS invitant tout un chacun &agrave; photographier, filmer, enregistrer ou coucher sur le papier des po&egrave;mes et &agrave; dire au monde o&ugrave; ces derniers se situent sur une carte<a href="#nbp37" id="footnoteref37_s78mmyt" name="liennbp37" title="Voir la présentation sur le site internet du projet : http://gps.southbankcentre.co.uk/ (consulté le 15 septembre 2018).">37</a>.</p> <p>Cette conception tr&egrave;s ouverte et &eacute;volutive du texte po&eacute;tique rend compte d&rsquo;une pratique de la po&eacute;sie qui conna&icirc;t, &agrave; travers un geste de rem&eacute;diation, un d&eacute;placement de ses modalit&eacute;s s&eacute;miotiques propres, <em>a priori</em> de l&rsquo;ordre de l&rsquo;&eacute;nonciation verbale, d&egrave;s lors d&eacute;territorialis&eacute;es en une &eacute;nonciation visuelle et de nature hyperm&eacute;diatique. Ce <em>work in progress</em> repose sur une entreprise collective et s&rsquo;enracine dans un esprit de d&eacute;mocratie culturelle, gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;initiative d&rsquo;un centre culturel de Londres, favorisant ainsi la cr&eacute;ation contemporaine de textes po&eacute;tiques multim&eacute;diaux, qui n&rsquo;est pas sans rappeler la conception surr&eacute;aliste de la po&eacute;sie et d&rsquo;autres encore&nbsp;&ndash;&nbsp;une po&eacute;sie <em>interartistique</em>, qui r&eacute;side dans la vie comme dans l&rsquo;art, faisant donc se rejoindre art et quotidien, et qui se veut &ecirc;tre un geste et une pens&eacute;e main dans la main avec l&rsquo;autre, avec la communaut&eacute;.</p> <p>Une autre mani&egrave;re de faire se rencontrer l&rsquo;espace num&eacute;rique et l&rsquo;espace urbain, gr&acirc;ce &agrave; une pratique de (re)territorialisation de la litt&eacute;rature, est celle propos&eacute;e par la compagnie th&eacute;&acirc;trale New York Shakespeare Exchange, de New York City, qui fonde, en 2009, <em>The Sonnet Project</em><a href="#nbp38" id="footnoteref38_6tygprh" name="liennbp38" title="Voir New York Shakespeare Exchange, The Sonnet Project, [En ligne]. https://nysx.org/programs-2/sonnet-project/ (consulté le 13 août 2018).">38</a>. Il s&rsquo;agit l&agrave; aussi d&rsquo;une &oelig;uvre fond&eacute;e sur une implication de la communaut&eacute; et de la population new-yorkaise pour r&eacute;interpr&eacute;ter les sonnets de Shakespeare, en les relocalisant et en les performant dans les lieux charg&eacute;s d&rsquo;histoire de la ville embl&eacute;matique de l&rsquo;Est des &Eacute;tats-Unis. <em>The Sonnet Project</em> est d&eacute;crit comme une exp&eacute;rimentation multim&eacute;diatique des po&egrave;mes de Shakespeare, &agrave; travers la cr&eacute;ation de 154 courts-m&eacute;trages, un pour chaque sonnet, &agrave; l&rsquo;occasion du 450<sup>e</sup> anniversaire de Shakespeare (en avril 2014)&nbsp;&ndash;&nbsp;154 courts-m&eacute;trages en vid&eacute;os, 154 acteurs, 154 lieux pour 154 sonnets. Chaque vid&eacute;o implique un acteur diff&eacute;rent et est film&eacute;e dans un endroit unique de New York, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;un lieu symbolique ou historique de la ville. Un site internet ainsi qu&rsquo;une application mobile pour &eacute;crans tactiles ont &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;s pour mettre en &oelig;uvre le projet et d&eacute;livrer une nouvelle vid&eacute;o tous les deux ou trois jours durant cette ann&eacute;e anniversaire. Les films des po&egrave;mes perform&eacute;s par un acteur sont accompagn&eacute;s d&rsquo;un texte reprenant l&rsquo;histoire ou &eacute;voquant la connotation du lieu au sein duquel la performance prend place. L&rsquo;outil de g&eacute;olocalisation intervenant dans cette application permet &agrave; l&rsquo;utilisateur-lecteur de rep&eacute;rer et de voir o&ugrave; se trouve chaque lieu et de d&eacute;couvrir les autres sonnets perform&eacute;s et film&eacute;s &agrave; proximit&eacute;, dans le voisinage.</p> <p>Affirmer que <em>The Sonnet Project</em> ne constitue pas une forme de cr&eacute;ation, en invoquant le fait qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une performance dramaturgique, d&rsquo;une interpr&eacute;tation des sonnets shakespeariens, serait, &agrave; notre sens, mal comprendre toute une partie de la culture num&eacute;rique et de la litt&eacute;rature hyperm&eacute;diatique. Jay Bolter dans son ouvrage <em>The Digital Plenitude</em> &eacute;voque, entre autres, pour qualifier les pratiques culturelles m&eacute;diatiques &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique, les concepts de &laquo;&nbsp;remix culture&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;flow<a href="#nbp39" id="footnoteref39_33ltuhl" name="liennbp39" title="Jay Bolter, The Digital Plenitude. The Decline of Elite Culture and The Rise of Digital Media, Cambridge, MIT Press, à paraître.">39</a> &raquo;. Le geste artistique se fonde donc sur ce paradigme du flux li&eacute; au m&eacute;dia d&rsquo;Internet, qui permet en permanence d&rsquo;actualiser les contenus, de les r&eacute;cup&eacute;rer aussi sans contrainte temporelle ou spatiale, d&egrave;s lors que la connexion est &eacute;tablie. Les possibilit&eacute;s et les fonctionnalit&eacute;s d&rsquo;Internet autorisent ainsi et d&eacute;veloppent des pratiques qui participent d&rsquo;une <em>remix culture</em>.</p> <p>Dans <em>The Sonnet Project</em>, le sonnet shakespearien fait l&rsquo;objet d&rsquo;une r&eacute;&eacute;nonciation, fond&eacute;e &agrave; la fois sur une rem&eacute;diation&nbsp;&ndash;&nbsp;le sonnet devient une performance th&eacute;&acirc;trale, puis un court-m&eacute;trage, lui-m&ecirc;me partie prenante d&rsquo;une application mobile enrichie de la pr&eacute;sence d&rsquo;un autre texte&nbsp;&ndash;, sur une relocalisation (dans les rues de New York) et sur une recontextualisation (interpr&eacute;ter et mettre en sc&egrave;ne de mani&egrave;re neuve, au XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle, un texte du XVI<sup>e</sup> si&egrave;cle). Or toute r&eacute;&eacute;nonciation d&rsquo;une &oelig;uvre d&rsquo;art ou d&rsquo;une &oelig;uvre litt&eacute;raire n&rsquo;est pas seulement une rem&eacute;diation ou une simple r&eacute;p&eacute;tition de l&rsquo;&oelig;uvre originale. En outre, ce qui pr&eacute;vaut pour l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art contemporaine en tant que r&eacute;&eacute;nonciation d&rsquo;une s&eacute;rie de tableaux ant&eacute;rieurs peut s&rsquo;appliquer aussi &agrave; la r&eacute;&eacute;nonciation litt&eacute;raire num&eacute;rique. En effet, &laquo;&nbsp;[v]iser l&rsquo;acte de la citation, c&rsquo;est mettre l&rsquo;accent sur la mani&egrave;re dont une image 2 s&rsquo;empare du contenu propositionnel de l&rsquo;image 1 [&hellip;] en l&rsquo;int&eacute;grant dans un autre r&eacute;gime de sens, qui engage un positionnement du sujet d&rsquo;&eacute;nonciation diff&eacute;rent<a href="#nbp40" id="footnoteref40_8u3hch0" name="liennbp40" title="Marion Colas-Blaise, « Reproduction sérielle et citation d’image : répéter, est-ce nier ? », dans Sémir Badir, Maria Giulia Dondero (dir.), L’Image peut-elle nier ?, Liège, Presses Universitaires de Liège, 2016, p. 54.">40</a> &raquo;. D&egrave;s lors, tendre &agrave; citer Shakespeare dans <em>The Sonnet Project</em> repr&eacute;sente bien davantage qu&rsquo;un acte de reproduction du m&ecirc;me<a href="#nbp41" id="footnoteref41_373hfda" name="liennbp41" title="On s’inscrit ici dans la conception deleuzienne de la répétition, considérant que « l’intérieur de la répétition est toujours affecté d’un ordre de différence », dans Gilles Deleuze, Répétition et différence, Paris, PUF, 1968, p. 38.">41</a> : c&rsquo;est mettre en relief la mani&egrave;re dont cette nouvelle pratique du texte s&rsquo;empare du texte original en l&rsquo;int&eacute;grant dans un autre r&eacute;gime de sens, avec un sujet d&rsquo;&eacute;nonciation dont le positionnement diverge. Rem&eacute;dier, relocaliser, recontextualiser, r&eacute;&eacute;noncer, c&rsquo;est cr&eacute;er. La r&eacute;&eacute;nonciation g&eacute;ographique et num&eacute;rique constitue donc une mani&egrave;re de <em>faire &oelig;uvre</em>, &agrave; part enti&egrave;re.</p> <h3><strong><em>Augmenter l&rsquo;espace urbain&nbsp;par les locative narratives </em></strong></h3> <p>Certaines &oelig;uvres litt&eacute;raires num&eacute;riques mobilisent activement les outils de g&eacute;olocalisation afin de construire un nouveau type de narration et d&rsquo;&eacute;laborer un r&eacute;cit qui n&rsquo;est plus seulement multim&eacute;diatique et hyperreli&eacute;, mais aussi intrins&egrave;quement li&eacute; en temps r&eacute;el &agrave; la r&eacute;alit&eacute; de l&rsquo;espace urbain. Qualifi&eacute;es de <em>locative narratives</em>, ou encore de &laquo;&nbsp;r&eacute;cit interactif&nbsp;urbain<a href="#nbp42" id="footnoteref42_cc51q9a" name="liennbp42" title="Serge Bouchardon, op. cit., p. 30.">42</a> &raquo;, ces textes g&eacute;olocalis&eacute;s, qui s&rsquo;inscrivent dans le m&eacute;tissage de plusieurs types de spatialit&eacute;s (num&eacute;rique, urbaine, imaginaire, etc<em>.</em>), reposent sur des modalit&eacute;s esth&eacute;tiques participative, collective et interactive. La communaut&eacute; de lecteurs-utilisateurs, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des habitants d&rsquo;une ville, de la population d&rsquo;un quartier, voire des fl&acirc;neurs passagers, des touristes, participe, gr&acirc;ce au geste de lecture du r&eacute;cit, d&rsquo;une part, d&rsquo;autre part, &agrave; travers le fait de r&eacute;aliser physiquement et g&eacute;ographiquement le parcours des textes&nbsp;: un parcours &agrave; la fois imaginaire et r&eacute;el, <em>alocal</em> (car num&eacute;rique, virtuel et empruntant la fiction litt&eacute;raire) et pourtant <em>situ&eacute;</em> dans la ville. Il semble manifeste, &agrave; nouveau, que la litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e implique le lien, la relation (et non pas celle, seulement, en r&eacute;seau, entre internautes, de la connexion &agrave; une plateforme d&rsquo;&eacute;changes sociaux telle que Twitter, Instagram, My Space ou Facebook). La relation est celle des communaut&eacute;s qui se (re)forment (parfois d&eacute;j&agrave; existantes mais latentes), gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;utilisation commune de l&rsquo;application mobile. La communaut&eacute; esth&eacute;tique num&eacute;rique qui &eacute;merge &eacute;tant li&eacute;e, dans le cas de la litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e, aux communaut&eacute;s urbaines. L&rsquo;implication de l&rsquo;habitant d&rsquo;une ville, d&rsquo;un passant dans un quartier, &agrave; travers un parcours de lecture, qui ne correspond plus seulement &agrave; une trajectoire interpr&eacute;tative mais s&rsquo;incarne aussi &agrave; travers un trajet dans la ville, aboutit &agrave; la constitution d&rsquo;une collectivit&eacute;, gr&acirc;ce &agrave; ce &laquo;&nbsp;troisi&egrave;me lieu&nbsp;&raquo; qu&rsquo;est l&rsquo;espace num&eacute;rique. L&rsquo;auteur num&eacute;rique &agrave; l&rsquo;origine des <em>locative narratives</em> se voit, de fait, r&eacute;ussir ce qu&rsquo;un urbaniste cherche &agrave; cr&eacute;er au sein d&rsquo;un espace public, &agrave; savoir cr&eacute;er un lieu de partage et de rencontre, qui ne se r&eacute;duit pas &agrave; une zone de transition et de passage, soit favoriser un lien social en donnant une valeur &agrave; un endroit, en investissant symboliquement, artistiquement un lieu.</p> <p>Mais la pratique de lecture et d&rsquo;interpr&eacute;tation n&rsquo;est pas n&eacute;cessairement la seule action &agrave; laquelle se livre le lecteur-utilisateur d&rsquo;un r&eacute;cit interactif urbain, dans la mesure o&ugrave; il est aussi incit&eacute; &agrave; partager sur les r&eacute;seaux sociaux des contenus et son avis &agrave; propos de son exp&eacute;rience, voire parfois &agrave; lui-m&ecirc;me composer un texte, participant au processus narratif de l&rsquo;&oelig;uvre. Les <em>locative narratives</em> ne se r&eacute;duisent pas &agrave; une exp&eacute;rience d&rsquo;&laquo;&nbsp;immersion fictionnelle<a href="#nbp43" id="footnoteref43_5gtyj4s" name="liennbp43" title="Jean-Marie Schaeffer, Pourquoi la fiction ?, Paris, Seuil, 1999.">43</a> &raquo;, elles invitent &eacute;galement &agrave; vivre la rencontre entre l&rsquo;espace urbain et l&rsquo;espace num&eacute;rique, entre la fiction et la r&eacute;alit&eacute;, offrant la possibilit&eacute; d&rsquo;exp&eacute;rimenter ainsi une &laquo;&nbsp;r&eacute;alit&eacute; mixte<a href="#nbp44" id="footnoteref44_justmfp" name="liennbp44" title="Alexandre Gefen, Claire Jeantet, op. cit.">44</a> &raquo;, voire une r&eacute;alit&eacute; <em>augment&eacute;e</em>, <em>enrichie</em>.</p> <p>En outre, alors m&ecirc;me qu&rsquo;il est sans cesse question de la r&eacute;alit&eacute; virtuelle, de la d&eacute;mat&eacute;rialisation des objets, des informations, des documents et des op&eacute;rations, la litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e, en proc&eacute;dant directement d&rsquo;un outil num&eacute;rique qui pointe vers un lieu concret, emprunte le chemin inverse. Elle repousse les limites de l&rsquo;espace virtuel, num&eacute;rique, sans lieu et sans contours, en inscrivant l&rsquo;&oelig;uvre hyperm&eacute;diatique dans un espace tangible. En l&rsquo;occurrence, dans <em>Steps in Time Poetry</em> (2017)&nbsp;&ndash;&nbsp;une application mobile d&eacute;di&eacute;e &agrave; la po&eacute;sie dans la ville de Newcastle, d&eacute;velopp&eacute;e par le laboratoire d&rsquo;arts et de litt&eacute;rature num&eacute;rique de l&rsquo;Universit&eacute; de Newcastle&nbsp;&ndash;, la lecture po&eacute;tique s&rsquo;accompagne du mouvement physique et de la marche &agrave; pied, donnant naissance &agrave; une nouvelle pratique d&rsquo;interpr&eacute;tation du texte&nbsp;: la &laquo;&nbsp;walk poetry<a href="#nbp45" id="footnoteref45_58gdnkf" name="liennbp45" title="Voir la présentation de l’application poétique sur l’Apple store : App Store Preview, [En ligne]. https://itunes.apple.com/us/app/steps-in-time-poetry/id1209470530?mt=8 (consulté le 15 septembre 2018).">45</a> &raquo; (<em>Steps in Time Poetry</em>, 2017). Les points r&eacute;pertori&eacute;s dans Newcastle, accessibles sur <em>Google Maps</em>, donnent acc&egrave;s aux po&egrave;mes &eacute;crits, l&rsquo;application proposant aussi d&rsquo;en &eacute;crire et de les ajouter. Se situant entre l&rsquo;&eacute;cran et le monument ou la ville, les &oelig;uvres hyperm&eacute;diatiques g&eacute;olocalis&eacute;es renouvellent les genres et les types de discours litt&eacute;raires en textualit&eacute;s nomades.</p> <p>Autre exemple en ce sens, <em>The Silent History</em><a href="#nbp46" id="footnoteref46_xgl9ykw" name="liennbp46" title="Voir la présentation de l’application poétique sur l’Apple store : App Store Preview, [En ligne]. https://itunes.apple.com/lu/app/the-silent-history/id1034208751?mt=8&amp;ign-mpt=uo%3D4 (consulté le 15 septembre 2018).">46</a> (2011), qui organise la narration en fonction de l&rsquo;activation du GPS dans un lieu d&rsquo;une ville californienne, afin d&rsquo;avoir acc&egrave;s aux diff&eacute;rents r&eacute;cits qui composent l&rsquo;application litt&eacute;raire. Finalement, la litt&eacute;rature g&eacute;olocalise, soit territorialise les textes g&eacute;ographiquement, puisque l&rsquo;action de g&eacute;olocalisation r&eacute;investit l&rsquo;espace num&eacute;rique d&rsquo;une dimension locale, mat&eacute;rielle et topographique. N&eacute;anmoins, dans un double mouvement, cette pratique litt&eacute;raire num&eacute;rique&nbsp;&ndash;&nbsp;consid&eacute;rant une autre acception de la notion de territorialisation&nbsp;&ndash;&nbsp;d&eacute;territorialise<a href="#nbp47" id="footnoteref47_iugpn3n" name="liennbp47" title="Gilles Deleuze, Felix Guattari, Capitalisme et schizophrénie 2. Mille plateaux, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 244.">47</a> les formes et les genres litt&eacute;raires, en d&eacute;pla&ccedil;ant leurs sp&eacute;cificit&eacute;s po&eacute;tiques. Avec les <em>locative narratives</em>, il ne s&rsquo;agit plus seulement de territorialiser la litt&eacute;rature, mais aussi de po&eacute;tiser le lieu, de l&rsquo;enrichir d&rsquo;une strate litt&eacute;raire, parfois alors m&ecirc;me que ce dernier est riche d&rsquo;une histoire et tr&egrave;s fortement connot&eacute; par son architecture ou les valeurs qu&rsquo;il v&eacute;hicule. Le geste d&rsquo;&eacute;criture <em>sur, avec et en</em> ces lieux repr&eacute;sente une patrimonialisation litt&eacute;raire d&rsquo;un lieu. L&rsquo;&eacute;crivain habite les territoires g&eacute;ographique et num&eacute;rique pour <em>faire &oelig;uvre</em> en tant qu&rsquo;architecte d&rsquo;une exp&eacute;rience pour le lecteur, et investit son r&ocirc;le comme celui d&rsquo;un urbaniste du virtuel et de la fiction.</p> <p>&nbsp;</p> <p>En d&eacute;finitive, habiter l&rsquo;espace num&eacute;rique pour <em>le lisant</em>, le lecteur, comme pour <em>l&rsquo;&eacute;crivant</em>, l&rsquo;auteur, est polys&eacute;mique. Les pratiques d&rsquo;&eacute;criture comme celles de la lecture ont substantiellement chang&eacute; et &eacute;volu&eacute; en contexte num&eacute;rique, donnant lieu &agrave; une nouvelle relation entre auteur et lecteur, &agrave; un rapport diff&eacute;rent au geste d&rsquo;&eacute;criture comme &agrave; celui de la lecture. La pr&eacute;sence de l&rsquo;&eacute;crivain sur internet et sur les r&eacute;seaux sociaux manifeste deux modalit&eacute;s de <em>l&rsquo;&ecirc;tre-auteur</em>&nbsp;: une surexposition et une hyper-pr&eacute;sence caract&eacute;risant une hyper-auctorialit&eacute;, ou <em>a contrario</em> une hypo-auctorialit&eacute; qui manifeste un auteur fant&ocirc;me, le spectre du cr&eacute;ateur se r&eacute;v&eacute;lant derri&egrave;re un codeur-d&eacute;veloppeur (parfois anonyme), voire dans les coulisses d&rsquo;un programme g&eacute;n&eacute;rateur de texte qui prend la voix, en tiers-auteur, par la voie de l&rsquo;algorithme. Ces deux r&eacute;gimes de l&rsquo;auctorialit&eacute;, et la mani&egrave;re dont ils reconfigurent aussi l&rsquo;implication et la participation du lecteur, qui relaie cette parole, voire la rem&eacute;die et la r&eacute;&eacute;nonce en cr&eacute;ant &agrave; son tour, aboutit &agrave; la formation de communaut&eacute;s esth&eacute;tiques num&eacute;riques. L&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique habite au quotidien l&rsquo;espace num&eacute;rique pour &eacute;crire le quotidien, le partager et exister au sein d&rsquo;un &ecirc;tre-ensemble.</p> <p>Si l&rsquo;on envisage le lieu &agrave; travers son influence sur la cr&eacute;ation de l&rsquo;artiste et de l&rsquo;&eacute;crivain, la litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e souligne la porosit&eacute; des fronti&egrave;res entre l&rsquo;espace num&eacute;rique et la spatialit&eacute; g&eacute;ographique, entre le local d&rsquo;une ville et le global sur lequel s&rsquo;ouvre l&rsquo;Internet, fomentant une esth&eacute;tique du <em>glocal</em> pour les &oelig;uvres num&eacute;riques litt&eacute;raires urbaines. Du partage mondialis&eacute; des applications mobiles de litt&eacute;rature, entre milliers de <em>followers</em>, &agrave; l&rsquo;&eacute;loge du lieu par GPS interpos&eacute; pour magnifier une culture locale, la litt&eacute;rature g&eacute;olocalis&eacute;e s&rsquo;inscrit dans une &laquo;&nbsp;forme de vie&nbsp;&raquo; contemporaine, celle d&rsquo;un d&eacute;veloppement durable, conciliant r&eacute;alit&eacute;s mondiales et pr&eacute;occupations locales, tentant de pr&eacute;server les cultures et environnements des diff&eacute;rentes r&eacute;gions du monde. En ce sens, habiter pour l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique c&rsquo;est <em>faire &oelig;uvre</em> en d&eacute;veloppant durablement ce n&oelig;ud entre &eacute;loge litt&eacute;raire du lieu et constitution de communaut&eacute;s esth&eacute;tiques num&eacute;riques.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><b>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</b></p> <p><strong>Bibliographie</strong></p> <p>Anis, Jacques, Jean-Louis Chiss et Christian Puech, <em>L&rsquo;&eacute;criture&nbsp;: th&eacute;ories et descriptions,</em> Paris / Bruxelles, &Eacute;ditions universitaires / De Boeck-Universit&eacute;, 1988.</p> <p>Blanchot, Maurice, <em>Le livre &agrave; venir</em>, Paris, Gallimard, 1959.</p> <p>Bolter, Jay, <em>The Digital Plenitude. The Decline of Elite Culture and The Rise of Digital Media, </em>Cambridge, MIT Press, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p>Bootz, Philippe, &laquo;&nbsp;Vers de nouvelles formes en po&eacute;sie num&eacute;rique programm&eacute;e&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans <em>RiLUnE</em>, n&deg;&nbsp;5 (2006), p.&nbsp;19-35.</p> <p>Bouchardon, Serge, &laquo;&nbsp;Le r&eacute;cit litt&eacute;raire interactif&nbsp;: une valeur heuristique&nbsp;&raquo;, dans <em>Communication et langages</em>, n&deg;&nbsp;155 (2008), p.&nbsp;81-97.</p> <p>Bouchardon, Serge, &laquo;&nbsp;Du r&eacute;cit hypertextuel au r&eacute;cit interactif&nbsp;&raquo;, dans <em>Revue de la BNF</em>, n&deg;&nbsp;42 (mars 2012), p.&nbsp;13-20.</p> <p>Bourriaud, Nicolas, <em>Esth&eacute;tique relationnelle</em>, Dijon, Les Presses du r&eacute;el, 1998.</p> <p>Cardon, Dominique, &laquo;&nbsp;Le design de la visibilit&eacute;. Un essai de cartographie du web 2.0&nbsp;&raquo;, dans <em>R&eacute;seaux</em>, n&deg;&nbsp;152 (juin 2008), p.&nbsp;93-137.</p> <p>Char, Ren&eacute;, <em>Recherche de la base et du sommet, </em>section II &laquo;&nbsp;Alli&eacute;s substantiels&nbsp;&raquo;, Paris, Gallimard, 1983.</p> <p>Colas-Blaise, Marion, &laquo;&nbsp;Reproduction s&eacute;rielle et citation d&rsquo;image&nbsp;: r&eacute;p&eacute;ter, est-ce nier&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans Badir S&eacute;mir, Dondero Maria Giulia, <em>L&rsquo;Image peut-elle nier&nbsp;?</em>, Li&egrave;ge, Presses Universitaires de Li&egrave;ge, 2016, p.&nbsp;49-60.</p> <p>Cools, Val&eacute;rie et Alexandre B&eacute;land-Bernard, &laquo;&nbsp;Les blogues de cr&eacute;ation litt&eacute;raire&nbsp;: innovation ou recyclage de formes pr&eacute;existantes&nbsp;&raquo;, dans <em>Cahiers virtuels du laboratoire NT2</em>, n&deg;&nbsp;1, <em>ALN | NT2</em>, [En ligne]. <a href="http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/les-blogues-de-creation-litteraire-innovation-ou-recyclage-de-formes">http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/les-blogues-de-creation-litteraire-innovation-ou-recyclage-de-formes</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p>Deleuze, Gilles, <em>R&eacute;p&eacute;tition et diff&eacute;rence</em>, Paris, PUF, 1968.</p> <p>Deleuze, Gilles et F&eacute;lix Guattari, <em>Capitalisme et schizophr&eacute;nie 2. Mille plateaux</em>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1980.</p> <p>Eco, Umberto, <em>L&rsquo;&oelig;uvre ouverte</em>, trad. Chantal Roux de B&eacute;zieux et Andr&eacute; Boucourechliev, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1965.</p> <p>Fontanille, Jacques, <em>Pratiques s&eacute;miotiques</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2008.</p> <p>Gefen, Alexandre et Claire Jeantet, &laquo;&nbsp;Le livre hors le livre&nbsp;&raquo;, dans<em> Cahiers virtuels du Laboratoire NT2</em>, n&deg;&nbsp;8, <em>ALN | NT2</em>, [En ligne]. <a href="http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/le-livre-hors-le-livre">http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/le-livre-hors-le-livre</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p>Georges, Fanny, Antoine Seilles, Guillaume Artignan, B&eacute;ranger Arnaud, Nancy Rodriguez et <em>al.</em>, &laquo;&nbsp;Sémiotique et visualisation de l&rsquo;identité numérique&nbsp;: une étude comparée de Facebook et Myspace&nbsp;&raquo;, <em>HAL</em>, [En ligne]. <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00410952/document">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00410952/document</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p>Gracq, Julien, <em>En lisant, en &eacute;crivant</em>, Paris, Jos&eacute; Corti, 1980.</p> <p>Loty, Laurent, &laquo;&nbsp;<em>Un </em><em>roman du r&eacute;seau</em>&nbsp;de V&eacute;ronique Taquin. Enjeux culturels d&rsquo;une fiction r&eacute;ticulaire interpr&eacute;t&eacute;e sur Mediapart&nbsp;&raquo;, <em>Num&eacute;rique et</em> <em>&eacute;criture litt&eacute;raire. Mutations des pratiques,</em> Paris, &Eacute;ditions Hermann, 2015, p.&nbsp;119-137.</p> <p>Oldenburg, Ray, <em>The Great Good Place</em>, Cambridge, Da Capo Press, 1999.</p> <p>Pelard, Emmanuelle, &laquo;&nbsp;Po&eacute;tique de la po&eacute;sie num&eacute;rique pour &eacute;crans tactiles&nbsp;&raquo;, dans<em> Cahiers virtuels du Laboratoire NT2</em>, n&deg;&nbsp;8, <em>ALN | NT2</em>, [En ligne]. <a href="http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/poetique-de-la-poesie-numerique-pour-ecrans-tactiles">http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/poetique-de-la-poesie-numerique-pour-ecrans-tactiles</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p>Rosenthal, Olivia et Lionel Ruffel, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;: La litt&eacute;rature expos&eacute;e&nbsp;&raquo;, dans <em>Litt&eacute;rature</em>, vol.&nbsp;4, n&deg;&nbsp;160 (2010), Paris, Armand Colin-Dunod, p.&nbsp;3-13.</p> <p>Schaeffer, Jean-Marie, <em>Pourquoi la fiction&nbsp;?</em>, Paris, Seuil, 1999.</p> <hr /> <p><a href="#liennbp1" name="nbp1">1</a> Ray Oldenburg, <em>The Great Good Place</em>, Cambridge, Da Capo Press, 1999, p.&nbsp;36.[/fn<sup>]</sup> &raquo;&nbsp;&ndash;&nbsp;lieu de rencontre, d&rsquo;&eacute;change, de partage, de fomentation de la communaut&eacute; et d&rsquo;assise d&eacute;mocratique. En un certain sens, on <em>habite </em>cet espace num&eacute;rique en l&rsquo;empruntant et en le fr&eacute;quentant de mani&egrave;re journali&egrave;re. Dans ce contexte, il s&rsquo;agit de d&eacute;terminer ce que signifie habiter l&rsquo;espace num&eacute;rique pour la figure de l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique. En d&rsquo;autres termes, quelles sont les modalit&eacute;s de la pr&eacute;sence sur internet de l&rsquo;&eacute;crivain et de l&rsquo;appartenance &agrave; une communaut&eacute; en r&eacute;seau qu&rsquo;elle implique, mais aussi de la fr&eacute;quentation de cet espace sans lieu&nbsp;? Finalement, comment des <em>habitus</em> num&eacute;riques se cr&eacute;ent pour l&rsquo;auteur 3.0.&nbsp;?</p> <p>Si ces modalit&eacute;s, multiples et h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, ne peuvent toutes &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;es et comment&eacute;es dans un seul et m&ecirc;me article, il sera n&eacute;anmoins question ici d&rsquo;analyser plus sp&eacute;cifiquement deux d&rsquo;entre elles. D&rsquo;abord sera envisag&eacute; le fait d&rsquo;habiter le quotidien pour l&rsquo;&eacute;crivain num&eacute;rique entre l&rsquo;algorithme et les <em>followers&nbsp;</em>&ndash;&nbsp;ce qui est fortement li&eacute; &agrave; la notion d&rsquo;habiter pour exister, &agrave; travers une &eacute;criture journali&egrave;re, souvent autobiographique. Cette &eacute;criture emprunte le format du blog et des r&eacute;seaux sociaux, elle se caract&eacute;rise par une nature mutlimodale, pluris&eacute;miotique, renouvelant ainsi substantiellement le paradigme de l&rsquo;auctorialit&eacute; et donnant lieu &agrave; une &laquo;&nbsp;litt&eacute;rature expos&eacute;eOlivia Rosenthal, Lionel Ruffel, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;: La litt&eacute;rature expos&eacute;e&nbsp;&raquo;, dans <em>Litt&eacute;rature</em>, vol.&nbsp;4, n&deg;&nbsp;160 (2010), Paris, Armand Colin-Dunod, p.&nbsp;3.</p> <p><a href="#liennbp2" name="nbp2">2 </a>Ce terme d&eacute;signe l&rsquo;extension de l&rsquo;hypertexte&nbsp;&ndash;&nbsp;soit un document contenant des unit&eacute;s d&rsquo;information li&eacute;es par des hyperliens et favorisant un acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information de mani&egrave;re non lin&eacute;aire et rapide&nbsp;&ndash;&nbsp;&agrave; des donn&eacute;es multim&eacute;dias telles que des images, du son, des vid&eacute;os. &laquo;&nbsp;Hyperm&eacute;diatique&nbsp;&raquo; est utilis&eacute; de mani&egrave;re synonyme au terme &laquo;&nbsp;num&eacute;rique&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#liennbp3" name="nbp3">3</a> Serge Bouchardon, &laquo;&nbsp;Le r&eacute;cit litt&eacute;raire interactif&nbsp;: une valeur heuristique&nbsp;&raquo;, dans <em>Communication et langages</em>, n&deg;&nbsp;155 (2008), p.&nbsp;82.</p> <p><a href="#liennbp4" name="nbp4">4</a> Fanny Georges, Antoine Seilles, Guillaume Artignan, Bérenger Arnaud, Nancy Rodriguez, et <em>al</em>., &laquo;&nbsp;Sémiotique et visualisation de l&rsquo;identité numérique&nbsp;: une étude comparée de Facebook et Myspace&nbsp;&raquo;, <em>HAL</em>, [En ligne]. <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00410952/document">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00410952/document</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp5" name="nbp5">5 </a>On peut citer le blog <em>J&rsquo;&eacute;cris parce que je chante mal</em>, comme exemple de ce type de &laquo;&nbsp;blogue-carnet&nbsp;&raquo;. [En ligne]. <a href="http://www.danielrondeau.com/">http://www.danielrondeau.com/</a> (consult&eacute; le 30 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> Val&eacute;rie Cools, Alexandre B&eacute;land-Bernard, &laquo;&nbsp;Les blogues de cr&eacute;ation litt&eacute;raire&nbsp;: innovation ou recyclage de formes pr&eacute;existantes&nbsp;&raquo;, dans <em>Cahiers virtuels du NT2</em>, n&deg; 1, <em>ALN | NT2</em>, [En ligne]. <a href="http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/les-blogues-de-creation-litteraire-innovation-ou-recyclage-de-formes">http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/les-blogues-de-creation-litteraire-innovation-ou-recyclage-de-formes</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp7" name="nbp7">7</a> On peut citer le blog de St&eacute;phane Soutoul, comme exemple de ce type de&nbsp; &laquo;&nbsp;blogues-sites internet d&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;. [En ligne]. <a href="http://stephanesoutoul.blogspot.com/p/critiques.html">http://stephanesoutoul.blogspot.com/p/critiques.html</a> (consult&eacute; le 30 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp8" name="nbp8">8</a> Val&eacute;rie Cools, Alexandre B&eacute;land-Bernard,<em> op. cit</em>.</p> <p>9 <a href="#liennbp9a" name="nbp9a">a</a> <a href="#liennbp9b" name="nbp9b">b</a> <a href="#liennbp9c" name="nbp9c">c</a> <a href="#liennbp9d" name="nbp9d">d</a> <a href="#liennbp9e" name="nbp9e">e</a> <a href="#liennbp9f" name="nbp9f">f</a><em> Ibid.</em></p> <p><a href="#liennbp10" name="nbp10">10</a> Pr&eacute;cisons que dans le cas de Chlo&eacute; Delaume, cette derni&egrave;re utilise son site internet, et notamment la section o&ugrave; elle poste des billets de blog, pour commenter sa propre d&rsquo;&eacute;criture, ses projets et ses performances. De fait, on peut lire ce type de propos&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ici, c&rsquo;est fin mai 2018 et le chantier a avanc&eacute;. Les espaces et les formes trac&eacute;s, redistribu&eacute;s. Il y a le manuscrit, pour l&rsquo;instant d&rsquo;une soixantaine de pages en absolu bordel. Un roman, <em>Aujourd&rsquo;hui Mesdames</em>. Le titre est bien plus adapt&eacute;, entre autres.&nbsp;&raquo; [En ligne]. <a href="http://www.chloedelaume.net/?cat=24">http://www.chloedelaume.net/?cat=24</a> (consult&eacute; le 28 novembre 2018).</p> <p>Ajoutons que Delaume s&rsquo;est aussi livr&eacute;e en 2015, par ailleurs, &agrave; la pratique de l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire num&eacute;rique, en proposant Ali&eacute;nare (une fiction num&eacute;rique sous forme d&rsquo;application, avec des vid&eacute;os et des animations de Franck Dion).</p> <p><a href="#liennbp11" name="nbp11">11</a> Val&eacute;rie Cools, Alexandre B&eacute;land-Bernard, <em>op. cit</em>.</p> <p><a href="#liennbp12" name="nbp12">12 </a>Voir le site internet <em>D&eacute;sordre</em> de Philippe De Jonckheere. [En ligne]. <a href="https://www.desordre.net/desordres%20entier.html">https://www.desordre.net/desordres%20entier.html</a> (consult&eacute; le 28 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp13" name="nbp13">13 </a>Voir le site internet <em>D&eacute;sordre</em> de Philippe De Jonckheere. [En ligne]. <a href="https://www.desordre.net/textes/romans/%20chinois/pictogramme.html">https://www.desordre.net/textes/romans/%20chinois/pictogramme.html</a> (consult&eacute; le 28 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp14" name="nbp14">14</a> Serge Bouchardon, &laquo;&nbsp;Du r&eacute;cit hypertextuel au r&eacute;cit interactif&nbsp;&raquo;, dans <em>Revue de la BNF</em>, n&deg;&nbsp;42 (mars 2012), p.&nbsp;12.</p> <p><a href="#liennbp15" name="nbp15">15</a> Dominique Cardon, &laquo;&nbsp;Le design de la visibilit&eacute;. Un essai de cartographie du web 2.0&nbsp;&raquo;, dans <em>R&eacute;seaux</em>, n&deg;&nbsp;152 (juin 2008), p.&nbsp;97.</p> <p><a href="#liennbp16" name="nbp16">16</a> Fanny Georges et <em>al</em>., <em>op. cit</em>., p.&nbsp;4.</p> <p><a href="#liennbp17" name="nbp17">17</a> Dominique Cardon, <em>op. cit</em>., p.&nbsp;97.</p> <p><a href="#liennbp18" name="nbp18">18</a> Jacques Fontanille, <em>Pratiques s&eacute;miotiques</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2008, p.&nbsp;19.</p> <p><a href="#liennbp19" name="nbp19">19</a><em> Idem</em>., p.&nbsp;31.</p> <p><a href="#liennbp20" name="nbp20">20</a> Fanny Georges et <em>al</em>., <em>op. cit</em>., p.&nbsp;3.</p> <p><a href="#liennbp21" name="nbp21">21</a> Serge Bouchardon, <em>op. cit</em>., p.&nbsp;11.</p> <p><a href="#liennbp22" name="nbp22">22</a> Laurent Loty, &laquo;&nbsp;<em>Un roman du r&eacute;seau</em>&nbsp;de V&eacute;ronique Taquin. Enjeux culturels d&rsquo;une fiction r&eacute;ticulaire interpr&eacute;t&eacute;e sur Mediapart&nbsp;&raquo;, <em>Num&eacute;rique et</em> <em>&eacute;criture litt&eacute;raire. Mutations des pratiques,</em> Paris, &Eacute;ditions Hermann, 2015, p.&nbsp;119.</p> <p><a href="#liennbp23" name="nbp23">23</a> Philippe Bootz, &laquo;&nbsp;Vers de nouvelles formes en po&eacute;sie num&eacute;rique programm&eacute;e&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans <em>RiLUnE</em>, n&deg;&nbsp;5 (2006), p.&nbsp;24.</p> <p><a href="#liennbp24" name="nbp24">24</a> Maurice Blanchot, <em>Le livre &agrave; venir</em>, Paris, Gallimard, 1959, p.&nbsp;265.</p> <p><a href="#liennbp25" name="nbp25">25</a> Voir le site d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;application <em>La S&eacute;paration</em>, d&eacute;velopp&eacute;e par un collectif [En ligne]. <a href="http://i-trace.fr/separation/index.php">http://i-trace.fr/separation/index.php</a> (consult&eacute; le 28 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp26" name="nbp26">26</a> Philippe Bootz, <em>op. cit</em>., p.&nbsp;24.</p> <p><a href="#liennbp27" name="nbp27">27</a> Voir les navigations film&eacute;es des diff&eacute;rentes applications po&eacute;tiques sur le site de J&ouml;rg Piringer&nbsp;: <em>Apps by J&ouml;rg Piringer</em>, [En ligne]. <a href="http://apps.piringer.net/">http://apps.piringer.net/</a> (consult&eacute; le 25 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp28" name="nbp28">28</a> Jacques Anis, Jean-Louis Chiss et Christian Puech, <em>L&rsquo;&eacute;criture&nbsp;: th&eacute;ories et descriptions,</em> Paris / Bruxelles, &Eacute;ditions universitaires / De Boeck-Universit&eacute;, 1988, p.&nbsp;87.</p> <p><a href="#liennbp29" name="nbp29">29</a> Emmanuelle Pelard, &laquo;&nbsp;Po&eacute;tique de la po&eacute;sie num&eacute;rique pour &eacute;crans tactiles&nbsp;&raquo;, dans <em>Cahiers virtuels du Laboratoire NT2</em>, n&deg;&nbsp;8, <em>ALN | NT2</em>, [En ligne]. <a href="http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/poetique-de-la-poesie-numerique-pour-ecrans-tactiles">http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/poetique-de-la-poesie-numerique-pour-ecrans-tactiles</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp30" name="nbp30">30</a> Voir la pr&eacute;sentation de l&rsquo;application po&eacute;tique sur l&rsquo;Apple store&nbsp;: <em>App Store Preview</em>, [En ligne]. <a href="https://itunes.apple.com/us/app/textagon-word-art-generator/id495073429?mt=8">https://itunes.apple.com/us/app/textagon-word-art-generator/id495073429?mt=8</a> (consult&eacute; le 15 septembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp31" name="nbp31">31</a> Voir les navigations film&eacute;es des diff&eacute;rentes applications po&eacute;tiques sur le site de Jason Edward Lewis&nbsp;: <em>P.o.E.M.M.</em>, [En ligne]. <a href="http://www.poemm.net/">http://www.poemm.net/</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp32" name="nbp32">32</a> Nicolas Bourriaud, <em>Esth&eacute;tique relationnelle</em>, Dijon, Les Presses du r&eacute;el, 1998.</p> <p><a href="#liennbp33" name="nbp33">33</a> Umberto Eco, <em>L&rsquo;&OElig;uvre ouverte</em>, trad. Chantal Roux de B&eacute;zieux et Andr&eacute; Boucourechliev, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1965.</p> <p><a href="#liennbp34" name="nbp34">34</a> Alexandre Gefen, Claire Jeantet, &laquo;&nbsp;Le livre hors le livre&nbsp;&raquo;, dans<em> Cahiers virtuels du Laboratoire NT2</em>, n&deg;&nbsp;8, <em>ALN | NT2</em>, [En ligne]. <a href="http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/le-livre-hors-le-livre">http://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/article/le-livre-hors-le-livre</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp35" name="nbp35">35</a> Ren&eacute; Char, <em>Recherche de la base et du sommet</em>, section II &laquo;&nbsp;Alli&eacute;s substantiels&nbsp;&raquo;, Paris, Gallimard, p.&nbsp;690, 1983.</p> <p><a href="#liennbp36" name="nbp36">36</a> Ce n&eacute;ologisme, que nous proposons, d&eacute;signe le geste de l&rsquo;&eacute;crivain ou de l&rsquo;artiste d&rsquo;inscrire le texte litt&eacute;raire hyperm&eacute;diatique g&eacute;ographiquement, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; travers sa (g&eacute;o)localisation et sa relation (esth&eacute;tique, imaginaire, lyrique) au territoire.</p> <p><a href="#liennbp37" name="nbp37">37</a> Voir la pr&eacute;sentation sur le site internet du projet&nbsp;: <a href="http://gps.southbankcentre.co.uk/">http://gps.southbankcentre.co.uk/</a> (consult&eacute; le 15 septembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp38" name="nbp38">38</a> Voir New York Shakespeare Exchange, <em>The Sonnet Project</em>, [En ligne]. <a href="https://nysx.org/programs-2/sonnet-project/">https://nysx.org/programs-2/sonnet-project/</a> (consult&eacute; le 13 ao&ucirc;t 2018).</p> <p><a href="#liennbp39" name="nbp39">39</a> Jay Bolter, <em>The Digital Plenitude. The Decline of Elite Culture and The Rise of Digital Media</em>, Cambridge, MIT Press, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p><a href="#liennbp40" name="nbp40">40</a> Marion Colas-Blaise, &laquo;&nbsp;Reproduction s&eacute;rielle et citation d&rsquo;image&nbsp;: r&eacute;p&eacute;ter, est-ce nier&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans S&eacute;mir Badir, Maria Giulia Dondero (dir.), <em>L&rsquo;Image peut-elle nier&nbsp;?</em>, Li&egrave;ge, Presses Universitaires de Li&egrave;ge, 2016, p.&nbsp;54.</p> <p><a href="#liennbp41" name="nbp41">41</a> On s&rsquo;inscrit ici dans la conception deleuzienne de la r&eacute;p&eacute;tition, consid&eacute;rant que &laquo;&nbsp;l&rsquo;int&eacute;rieur de la r&eacute;p&eacute;tition est toujours affect&eacute; d&rsquo;un ordre de diff&eacute;rence&nbsp;&raquo;, dans Gilles Deleuze, R&eacute;p&eacute;tition et diff&eacute;rence, Paris, PUF, 1968, p.&nbsp;38.</p> <p><a href="#liennbp42" name="nbp42">42</a> Serge Bouchardon<em>, op. cit</em>., p.&nbsp;30.</p> <p><a href="#liennbp43" name="nbp43">43</a> Jean-Marie Schaeffer, <em>Pourquoi la fiction&nbsp;?</em>, Paris, Seuil, 1999.</p> <p><a href="#liennbp44" name="nbp44">44</a> Alexandre Gefen, Claire Jeantet, <em>op. cit</em>.</p> <p><a href="#liennbp45" name="nbp45">45</a> Voir la pr&eacute;sentation de l&rsquo;application po&eacute;tique sur l&rsquo;<em>Apple store&nbsp;</em>: <em>App Store Preview</em>, [En ligne]. <a href="https://itunes.apple.com/us/app/steps-in-time-poetry/id1209470530?mt=8">https://itunes.apple.com/us/app/steps-in-time-poetry/id1209470530?mt=8</a> (consult&eacute; le 15 septembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp46" name="nbp46">46</a> Voir la pr&eacute;sentation de l&rsquo;application po&eacute;tique sur l&rsquo;<em>Apple store&nbsp;</em>: <em>App Store Preview</em>, [En ligne]. <a href="https://itunes.apple.com/lu/app/the-silent-history/id1034208751?mt=8&amp;ign-mpt=uo%3D4">https://itunes.apple.com/lu/app/the-silent-history/id1034208751?mt=8&amp;ign-mpt=uo%3D4</a> (consult&eacute; le 15 septembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp47" name="nbp47">47</a> Gilles Deleuze, Felix Guattari, <em>Capitalisme et schizophr&eacute;nie 2. Mille plateaux</em>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1980, p.&nbsp;244.</p>