<p>&laquo;&nbsp;Nous habitons ici et &ccedil;a n&#39;est pas peu dire<a href="#nbp1" id="footnoteref1_c0oscj4" name="liennbp1" title="« Aux révolté-e-s de Notre-Dame-des-Landes », Zadnadir, jeudi 30 août 2012, [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article320 (consulté le 14 novembre 2018).">1</a> &raquo; d&eacute;clarent en 2012 les habitants de plusieurs lieux de la zone &agrave; d&eacute;fendre (zad) de Notre-Dame-des-Landes. L&#39;affirmation associe un sujet collectif &ndash; un &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo; &ndash; &agrave; un lieu&nbsp;; elle fait de la zad, par l&#39;usage du d&eacute;ictique &laquo;&nbsp;ici&nbsp;&raquo;, non seulement le lieu d&#39;habitat mais aussi l&#39;ancrage de la parole &eacute;nonciative&nbsp;; elle revendique une d&eacute;finition &laquo;&nbsp;pleine&nbsp;&raquo; de l&#39;habiter&nbsp;; elle &eacute;voque par la n&eacute;gative cette d&eacute;finition, en l&#39;opposant &agrave; un &laquo;&nbsp;peu dire&nbsp;&raquo;, &agrave; une acception pauvre ou r&eacute;ductrice&nbsp;; elle suppose un certain pouvoir du verbe, invite &agrave; consid&eacute;rer la d&eacute;claration verbale comme une action, un &laquo;&nbsp;dire&nbsp;&raquo; plut&ocirc;t qu&#39;un dit. Dans ces quelques mots publi&eacute;s sur le site internet de la zad se condensent un grand nombre des enjeux qui nourrissent le rapport entre la notion d&rsquo;habiter et la production litt&eacute;raire &agrave; Notre-Dame-des-Landes, territoire rural du nord de Nantes o&ugrave; s&#39;est d&eacute;ploy&eacute;e depuis les ann&eacute;es 2000 une lutte d&#39;occupation contre un projet d&#39;a&eacute;roport controvers&eacute;<a href="#nbp2" id="footnoteref2_uxsu0ba" name="liennbp2" title="Le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, s'il refait surface en 2000 au ministère de l'Équipement et des Transports, date initialement des années 1970. Il a été abandonné officiellement par l'État en 2018.">2</a>.</p> <p>S&#39;il est bien un terrain o&ugrave; la question de l&#39;habiter est au c&oelig;ur de tensions politiques, artistiques et existentielles, c&#39;est celui de la zad. Habiter a constitu&eacute; l&#39;une des premi&egrave;res modalit&eacute;s de lutte politique contre la r&eacute;activation du projet d&#39;a&eacute;roport dans les ann&eacute;es 2000. L&#39;id&eacute;e selon laquelle &laquo;&nbsp;un territoire se d&eacute;fend avec celles et ceux qui l&rsquo;habitent<a href="#nbp3" id="footnoteref3_28bztf4" name="liennbp3" title="« Défendre nos manières d’habiter la ZAD », Zadnadir, dimanche 13 mai 2018, [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article5801 (consulté le 14 novembre 2018).">3</a> &raquo; est au fondement de l&#39;appel des &laquo;&nbsp;habitants qui r&eacute;sistent&nbsp;&raquo; en 2008, invitation publique &agrave; &laquo;&nbsp;&eacute;tablir des campements d&rsquo;occupation sur les terrains que se sont injustement appropri&eacute;s les promoteurs d[u] projet<a href="#nbp4" id="footnoteref4_uwhmu0d" name="liennbp4" title="« Aux révolté-e-s de Notre-Dame-des-Landes », Zadnadir, art. cit.">4</a> &raquo;. Par ailleurs, depuis l&#39;abandon officiel du projet d&#39;a&eacute;roport par le gouvernement au d&eacute;but de l&#39;ann&eacute;e 2018, la d&eacute;fense d&#39;une certaine &laquo;&nbsp;mani&egrave;re d&#39;habiter&nbsp;&raquo; &agrave; la zad est devenue l&#39;un des arguments centraux de la poursuite de la lutte et du maintien des occupants sur le terrain<a href="#nbp5" id="footnoteref5_dgzcrhz" name="liennbp5" title="« Défendre nos manières d’habiter la ZAD », Zadnadir, art. cit.">5</a>, ainsi qu&#39;en t&eacute;moigne notamment la cr&eacute;ation du comit&eacute; &laquo;&nbsp;D&eacute;fendre. Habiter&nbsp;&raquo;. L&#39;importance accord&eacute;e &agrave; la notion, loin d&#39;&ecirc;tre l&#39;apanage des habitants de la zad, essaime dans l&#39;ensemble des publications m&eacute;diatiques et scientifiques qui s&#39;y rapportent, que l&#39;on songe par exemple &agrave; l&#39;appel publi&eacute; par une centaine d&#39;intellectuels, architectes et urbanistes en avril 2018 sur <em>Mediapart</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;comme &agrave; la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, d&eacute;fendons d&#39;autres mani&egrave;res d&rsquo;habiter<a href="#nbp6" id="footnoteref6_tl97zm7" name="liennbp6" title="« Comme à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, défendons d'autres manières d’habiter », Mediapart, 6 avril 2018 [En ligne] https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/060418/comme-la-zad-de-notre-dame-des-landes-defendons-dautres-manieres-d-habiter (consulté le 14 novembre 2018).">6</a> &raquo;.</p> <p>Il s&#39;agit ici, dans une perspective litt&eacute;raire, de comprendre ce qu&#39;un tel investissement de la notion d&#39;habiter fait &agrave; la litt&eacute;rature &ndash; et par extension aux &eacute;tudes litt&eacute;raires. Les productions litt&eacute;raires de la zad se caract&eacute;risent par une forte diversit&eacute; de formes, de modes de publication et de fonctions. Tracer les contours d&#39;un corpus coh&eacute;rent s&#39;av&egrave;re une entreprise complexe. Le crit&egrave;re d&#39;autochtonie qui permettrait d&#39;identifier des textes produits depuis la zad par les habitants de la zad est mis &agrave; mal par les modalit&eacute;s m&ecirc;mes de l&#39;habiter zadiste. Ainsi en t&eacute;moigne le r&eacute;cent ouvrage <em>Chroniques de la zone libre</em><a href="#nbp7" id="footnoteref7_2ow5ff8" name="liennbp7" title="Cosma Salé, Chroniques de la zone libre. Des zad au maquis : fragments de l'imaginaire autonome, Neuvy-en-Champagne, Le passager clandestin, 2016.">7</a>, t&eacute;moignage d&#39;une existence voyageuse, voire nomade, d&#39;un auteur circulant entre diff&eacute;rentes zad et communaut&eacute;s autog&eacute;r&eacute;es. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, les &eacute;chelles de production et de diffusion des productions litt&eacute;raires varient fortement, d&#39;une publication en ligne sur le site de la zad &agrave; un article paru dans le journal local <em>ZadNews</em>, de petits zines auto-&eacute;dit&eacute;s &agrave; des publications livresques en maison d&#39;&eacute;dition. Le crit&egrave;re de s&eacute;lection doit moins &ecirc;tre celui de l&#39;espace et de ses fronti&egrave;res poreuses que celui du temps. Les ensembles de pratiques et de textes que l&#39;on a identifi&eacute;s font l&#39;objet de publications tr&egrave;s diverses mais ils ont un point commun&nbsp;: l&#39;exp&eacute;rience d&#39;un enchev&ecirc;trement sp&eacute;cifique entre temps d&#39;&eacute;laboration des textes et temps de vie sur la zad. &Eacute;crire l&#39;habiter, &eacute;crire en habitant et &eacute;crire pour habiter se pr&eacute;sentent comme les trois faces d&#39;une m&ecirc;me litt&eacute;rature dont on cherchera &agrave; exposer et &agrave; analyser les enjeux dans un parcours &agrave; travers les livres du collectif Mauvaise Troupe<a href="#nbp8" id="footnoteref8_pkc3q4n" name="liennbp8" title="Collectif d’une douzaine de membres, la Mauvaise Troupe a notamment publié les livres Constellations (2014), Contrées (2016), Saisons (2017) ainsi que la collection de textes « Territoires en bataille », disponibles en ligne : https://mauvaisetroupe.org/ (consulté le 14 novembre 2018).">8</a>, les collectes de voix du collectif Adventices<a href="#nbp9" id="footnoteref9_jjn7y8x" name="liennbp9" title="Collectif de six membres habitants de la zad, Adventices a mené une collecte de voix sur le terrain de la zad qui a abouti à un recueil publié en ligne. Adventices, « Le Rosier, Petites histoires d'une zone à défendre », Infokiosques, décembre 2017 [En ligne] https://infokiosques.net/spip.php?article1586 (consulté le 14 novembre 2018).">9</a>, les productions du Journal Intime Collectif<a href="#nbp10" id="footnoteref10_x7peaft" name="liennbp10" title="À l’initiative de Carilone, habitante de la zad, le Journal Intime Collectif dit « le JIC » est un jeu d'écriture qui s’apparente à un atelier d’écriture et de discussions collectives pour raconter les espaces partagés au quotidien. Les productions issues des sessions JIC ont été rassemblées dans un recueil. JIC, « Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone à Défendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes) », JIC [en ligne]. http://www.ejic.com/ [site consulté le 14 novembre 2018].">10</a> et du Zad Social Rap<a href="#nbp11" id="footnoteref11_6de6219" name="liennbp11" title="Le Zad Social Rap est un atelier d’écriture et d’enregistrement collectif ayant lieu de manière hebdomadaire à la zad. Les morceaux de rap produits collectivement sont disponibles en ligne. Zad Social Rap, Soundcloud [En ligne] https://soundcloud.com/zadsocialrap (consulté le 14 novembre 2018).">11</a> ainsi que les interventions de terrain des Troupes de l&#39;imaginaire<a href="#nbp12" id="footnoteref12_sq0xicm" name="liennbp12" title="Les Troupes de l’imaginaire désignent un groupe d’intervention éphémère, constitué le dimanche 22 avril 2018 par une trentaine de participants répondant à l’appel de la bibliothèque de la zad, le Taslu, gérée par des membres de la Mauvaise Troupe. Voir « le Taslu appelle les troupes de l’imaginaire à se mobiliser », ZadNadir, [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article5604 (consulté le 14 novembre 2018).">12</a>.</p> <h2><strong>Th&eacute;ories&nbsp;: &Eacute;crire l&#39;habiter</strong></h2> <p>Le communiqu&eacute; de 2012 fait de l&#39;habiter une notion pol&eacute;mique. Sa d&eacute;finition est doublement n&eacute;gative. D&#39;une part, &laquo;&nbsp;habiter n&#39;est pas loger<a href="#nbp13" id="footnoteref13_f8e0fnl" name="liennbp13" title="« Aux révolté-e-s de Notre-Dame-des-Landes », Zadnadir, art. cit.">13</a> &raquo;. Le logement se r&eacute;duisant &agrave; &laquo;&nbsp;une case&nbsp;&raquo;, voire &agrave; &laquo;&nbsp;une cage dont les murs nous sont &eacute;trangers<a href="#nbp14a" id="footnoteref14_7bzppyl" name="liennbp14a" title="Ibidem.">14</a> &raquo;, le sens commun qui associe habitat et logement est rapidement mis &agrave; distance. Il s&#39;agit certes de s&rsquo;opposer &agrave; une acception appauvrie de la notion, relevant de l&rsquo;id&eacute;e re&ccedil;ue, mais &eacute;galement &agrave; une acception bien plus affermie&nbsp;: celle des am&eacute;nageurs, fruit de &laquo;&nbsp;leurs r&ecirc;ves cauchemardesques de m&eacute;tropole o&ugrave; l&rsquo;on ne ferait que passer<a href="#nbp14b" id="footnoteref14_wyki6in" name="liennbp14b" title="Ibidem.">14</a> &raquo;. Habiter, dans les textes litt&eacute;raires produits sur la zad, est ainsi avant tout une notion &agrave; d&eacute;fendre. Les ouvrages de la Mauvaise Troupe, plus particuli&egrave;rement, y consacrent des d&eacute;veloppements th&eacute;oriques qui interrogent l&rsquo;inflation discursive que conna&icirc;t actuellement l&rsquo;habiter dans le champ universitaire&nbsp;:</p> <p><q>Par le nombre de publications universitaires, de colloques, d&rsquo;expositions sur le sujet, on peut se demander quelle manie a touch&eacute; tant de sociologues, philosophes, urbanistes, anthropologues, paysagistes, artistes qui se regroupent pour travailler ce &laquo;&nbsp;concept &raquo;<a href="#nbp15" id="footnoteref15_o3szbs1" name="liennbp15" title="Mauvaise Troupe, Constellations, Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle, Paris, L'Éclat, 2014, p. 456.">15</a></q>.</p> <p>L&rsquo;interrogation n&rsquo;est pas exempte d&rsquo;ironie&nbsp;: le terme de &laquo;&nbsp;concept&nbsp;&raquo; n&rsquo;est repris que pour &ecirc;tre mis &agrave; distance, esquisse de critique d&rsquo;une pens&eacute;e jargonnante et d&eacute;sincarn&eacute;e de l&rsquo;habiter, tandis que la question de la &laquo;&nbsp;manie&nbsp;&raquo; s&rsquo;av&egrave;re rh&eacute;torique. La passion de l&rsquo;habiter, en effet, rel&egrave;ve moins pour les auteurs de la folie que d&rsquo;un financement public privil&eacute;gi&eacute;, la notion &eacute;tant devenue une &laquo;&nbsp;marotte pour am&eacute;nageurs<a href="#liennbp14c" id="footnoteref14_fsmn3bd" name="liennbp14c" title="Ibidem.">14</a> &raquo;. La pens&eacute;e de l&rsquo;habiter &agrave; la zad de Notre-Dame-des-Landes ne peut que se fonder sur une critique g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e de l&rsquo;am&eacute;nagement du territoire. Il est important de r&eacute;inscrire l&rsquo;inflation discursive et la conflictualit&eacute; qui entourent actuellement la notion d&rsquo;habiter dans un contexte historique particulier. Ainsi que le rappelle le g&eacute;ographe Philippe Subra, si un consensus se dessine dans la France de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre autour du d&eacute;veloppement &eacute;conomique des territoires via leur am&eacute;nagement, les ann&eacute;es 1970 sont le th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;une &laquo;&nbsp;transformation de la politique d&rsquo;am&eacute;nagement du territoire en une question conflictuelle<a href="#nbp16" id="footnoteref16_27qg9a2" name="liennbp16" title="Philippe Subra, Géopolitique locale, Territoire, acteurs, conflits, Paris, Armand Colin, 2016, p. 42.">16</a> &raquo;. En 1976 para&icirc;t ainsi l&rsquo;un des premiers livres de critique de l&rsquo;am&eacute;nagement et de la croissance, dans le cadre de l&rsquo;opposition au premier projet d&rsquo;a&eacute;roport &agrave; Notre-Dame-des-Landes&nbsp;: <em>D&eacute;gage&nbsp;!&hellip; on am&eacute;nage</em><a href="#nbp17" id="footnoteref17_7muzfwg" name="liennbp17" title="Jean de Legge et Roger Le Guen, Dégage !… on aménage, Les Sables-d'Olonne, Éditions le Cercle d'or, 1976.">17</a>. Face &agrave; la multiplication croissante des conflits d&rsquo;am&eacute;nagement se d&eacute;veloppent alors dans les ann&eacute;es 1990 des dispositifs relevant de la &laquo;&nbsp;d&eacute;mocratie participative&nbsp;&raquo;, du d&eacute;bat public et de la concertation. C&rsquo;est bien dans ce cadre de gestion des conflits que l&rsquo;usage croissant de la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;habiter&nbsp;&raquo; est devenu, selon la Mauvaise Troupe, le signe d&rsquo;une &laquo;&nbsp;volont&eacute; de d&eacute;terminer avec plus de subtilit&eacute;s les moyens de faire accepter &agrave; une population donn&eacute;e un projet industriel<a href="#nbp18" id="footnoteref18_wgt5hes" name="liennbp18" title="Mauvaise Troupe, op. cit., p. 456.">18</a> &raquo;.</p> <p>Faire de l&rsquo;habiter une valeur de la zad implique ainsi de mener une entreprise contre-d&eacute;finitionnelle. Le g&eacute;ographe Fr&eacute;d&eacute;ric Barbe, reprenant la distinction de Berque entre <em>topos </em>et <em>ch&ocirc;ra</em><a href="#nbp19" id="footnoteref19_3w9408g" name="liennbp19" title="Augustin Berque, Ecoumène. Introduction à l´étude des milieux humains, Paris, Belin, 2000.">19</a>, propose d&rsquo;opposer au &laquo;&nbsp;lieu math&eacute;matis&eacute; de l&rsquo;am&eacute;nageur et de l&rsquo;&eacute;lu visionnaire&nbsp;&raquo; (<em>topos</em>) le &laquo;&nbsp;lieu existentiel et relationnel&nbsp;&raquo; (<em>ch&ocirc;ra</em>) d&eacute;fendu par les occupants de la zad<a href="#nbp20" id="footnoteref20_o2i3m0a" name="liennbp20" title="Frédéric Barbe, « La “zone à défendre” de Notre-Dame-des-Landes ou l’habiter comme politique », Norois, n° 238-239, 2016, p. 109-130.">20</a>. Dans <em>Contr&eacute;es</em>, Mauvaise Troupe souligne que les gestes de nomination du territoire s&rsquo;inscrivent dans ce m&ecirc;me jeu d&rsquo;opposition. Contre l&rsquo;acte de nomination &eacute;tatique et am&eacute;nageur, &laquo;&nbsp;vaste relooking s&eacute;mantique<a href="#nbp21" id="footnoteref21_i1eyhxh" name="liennbp21" title="Mauvaise Troupe, Contrées, Paris, L'Éclat, 2016, p. 223. Idem, p. 227.">21</a> &raquo;, qui homog&eacute;n&eacute;ise les territoires sous des appellations r&eacute;glement&eacute;es et marchandis&eacute;es (zones Natura 2000, Parc National, bassins strat&eacute;giques,<em> etc.</em>), est invoqu&eacute; le &laquo;&nbsp;geste imm&eacute;morial&nbsp;&raquo; par lesquels les habitants de la zad donnent des noms aux &laquo;&nbsp;territoires lib&eacute;r&eacute;s&nbsp;&raquo;, palimpsestes &laquo;&nbsp;qui racontent des histoires au pr&eacute;sent<a href="#nbp22" id="footnoteref22_xb3sq4h" name="liennbp22" title="Idem, p. 227.">22</a> &raquo;. Le d&eacute;tournement de l&rsquo;acronyme ZAD (Zone d&rsquo;Am&eacute;nagement Diff&eacute;r&eacute;) constitue le parfait exemple de cette &laquo;&nbsp;fa&ccedil;on de disputer le sens m&ecirc;me des choses &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; qui pr&eacute;tend les administrer<a href="#nbp23" id="footnoteref23_ablsw69" name="liennbp23" title="Idem, p. 265.">23</a> &raquo;. Par ce &laquo;&nbsp;bricolage des acteurs comme (a)m&eacute;nagement non formel<a href="#nbp24" id="footnoteref24_iykse6m" name="liennbp24" title="Captain Frog, « Ménagement [to be continued] », Poétique de l'appel d'offre [en ligne]. http://poetiquedelappeldoffres.blogspot.com/2013/12/menagement-to-be-continued.html [site consulté le 14 novembre 2018].">24</a> &raquo;, il s&rsquo;agit de &laquo;&nbsp;m&eacute;nager. Comme nommer sans blesser<a href="#nbp14d" id="footnoteref14_mmtw9ip" name="liennbp14d" title="Ibidem.">14</a> &raquo;, pour reprendre les mots du feuilleton num&eacute;rique &laquo;&nbsp;Po&eacute;tique de l&rsquo;appel d&rsquo;offre&nbsp;&raquo; publi&eacute; depuis Notre-Dame-des-Landes en 2013. Se pr&eacute;sentant comme une &laquo;&nbsp;farce po&eacute;tique et fabuleuse sur l&rsquo;am&eacute;nagement, l&rsquo;urbanisme et la marchandise<a href="#nbp25" id="footnoteref25_2euj6yn" name="liennbp25" title="Captain Frog, « Avertissement », Poétique de l'appel d'offre [en ligne].">25</a> &raquo;, le feuilleton, fortement nourri de r&eacute;f&eacute;rences universitaires, s&rsquo;inscrit en faux contre l&rsquo;instrumentalisation de notions telle qu&rsquo;&laquo;&nbsp;habiter&nbsp;&raquo; ou d&rsquo;&laquo;&nbsp;invention de formes in&eacute;dites&nbsp;&raquo;, productions d&rsquo;&laquo;&nbsp;une g&eacute;ographie qui se dit parfois critique, mais souvent ne dit rien et fait sans nommer<a href="#nbp26" id="footnoteref26_zn979j5" name="liennbp26" title="Captain Frog, « Ménagement [to be continued] », art. cit.">26</a> &raquo;.</p> <p>Comment lutter contre l&rsquo;appropriation gestionnaire ou hypocrite de la valeur &laquo;&nbsp;habiter&nbsp;&raquo;&nbsp;? C&rsquo;est dans la r&eacute;ponse &agrave; cette interrogation que semblent se fonder les modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;laboration et de compr&eacute;hension des productions litt&eacute;raires &agrave; la zad. Mauvaise Troupe relaie dans <em>Constellations</em> une conception relationnelle de l&rsquo;habiter qui puise chez les anthropologues Sahlins, Clastres, Ingold, ou encore chez le philosophe Deleuze, ses assises th&eacute;oriques. Habiter d&eacute;signe ainsi &laquo;&nbsp;une fa&ccedil;on de s&rsquo;enchev&ecirc;trer &agrave; des mondes singuliers, de se sentir des attaches quelque part, de modeler et cr&eacute;er ses espaces quotidiens<a href="#nbp27" id="footnoteref27_pkt4e86" name="liennbp27" title="Le communiqué « Aux révolté-e-s de Notre-Dame-des-Landes » de 2012 développe ce parti pris de l'interdépendance : « Habiter, c’est autre chose. C’est un entrelacement de liens. C’est appartenir aux lieux autant qu’ils nous appartiennent. C’est ne pas être indifférent aux choses qui nous entourent, c’est être attaché-e-s : aux gens, aux ambiances, aux champs, aux haies, aux bois, aux maisons. à telle plante qui repousse au même endroit, à telle bête qu’on prend l’habitude de voir là. C’est être en prise, en puissance sur nos espaces. », « Aux révolté-e-s de Notre-Dame-des-Landes », art. cit.">27</a> &raquo; dans un rapport d&rsquo;interd&eacute;pendance entre hommes et lieux. Deux remarques peuvent &ecirc;tre faites &agrave; propos de ce r&eacute;f&eacute;rentiel de l&rsquo;habiter &agrave; Notre-Dame-des-Landes. D&rsquo;une part, il s&rsquo;inscrit dans une conception du politique comme fa&ccedil;on de vivre ici-et-maintenant<a href="#nbp28" id="footnoteref28_weir3ki" name="liennbp28" title="Le géographe Frédéric Barbe qualifie l'expérience à la zad d'un « habiter en conscience d’habiter », désignant par là un « régime critique spécifique de l’habiter ». Frédéric Barbe, « La “zone à défendre” de Notre-Dame-des-Landes ou l’habiter comme politique », op. cit.">28</a>. Pour reprendre la r&eacute;flexion d&rsquo;Isabelle Fremeaux et de John Jordan, habitants de la zad, il rel&egrave;ve d&rsquo;un projet politique d&rsquo;utopie au pr&eacute;sent<a href="#nbp29" id="footnoteref29_fgkegia" name="liennbp29" title="Isabelle Frémeaux et John Jordan, Les Sentiers de l'utopie, Paris, La découverte, 2012.">29</a>, de <em>nowtopia</em><a href="#nbp30" id="footnoteref30_ssr1ssl" name="liennbp30" title="Chris Carlsson, Nowtopias, Édimbourg, AK Press, 2008.">30</a>, dans l&rsquo;h&eacute;ritage tr&egrave;s large d&rsquo;une pens&eacute;e anarchiste de l&rsquo;&eacute;cologie sociale<a href="#nbp31" id="footnoteref31_gd45bk6" name="liennbp31" title="Murray Bookchin, Qu'est-ce que l'écologie sociale ?, Lyon, Atelier de création libertaire, 2003, [1989]. Les référentiels politiques qui irriguent la zad sont ici abordés trop rapidement. Pour une analyse plus développée de la genèse politique de la zad, voir les travaux de Sylvaine Bulle, « Une expérimentation territoriale utopique : la ZAD Notre-Dame-des-Landes. Premiers éléments de genèse politique » dans le cadre du séminaire ETAPE n° 20, « Entre théorie et pratique : le Comité invisible et Notre-Dame-des-Landes », Paris, 5 février 2016.">31</a>. D&rsquo;autre part, il est irrigu&eacute; par un courant de pens&eacute;e en fort d&eacute;veloppement depuis le milieu des ann&eacute;es 1990 dans le champ des sciences humaines et sociales, fond&eacute; sur ce que l&rsquo;on nomme d&eacute;sormais un &laquo;&nbsp;tournant ontologique<a href="#nbp32" id="footnoteref32_f71ca26" name="liennbp32" title="Amiria Henare, Martin Holbraad et Sari Wastell, « Introduction. Thinking through things » dans Amiria Henare, Martin Holbraad et Sari Wastell (éds.), Thinking through things. Theorising artefacts ethnographically, Abingdon/New York, Routledge, p. 12.">32</a> &raquo; remettant en cause, pour le dire rapidement, l&rsquo;universalisme de la modernit&eacute; occidentale et le partage entre nature et culture. Les enjeux de ce tournant, activement observ&eacute;s et d&eacute;battus en anthropologie<a href="#nbp33" id="footnoteref33_qaxxm41" name="liennbp33" title="Voir notamment à la journée d'études « Anthropologie et ontologie : une étude critique » qui s'est tenue à l'ENS d'Ulm le 11 juin 2014.">33</a>, nourrissent une large partie des productions artistiques et litt&eacute;raires contemporaines<a href="#nbp34" id="footnoteref34_sk9qhma" name="liennbp34" title="L'un des effets les plus flagrants de la popularisation et de l'appropriation de cette pensée relationnelle de l'habiter s'expose dans le retour à la mode de « l'habiter poétiquement » dans les arts et la production littéraire. Catherine Coquio observe ainsi la multiplication de publications contemporaines qui, dans le rêve « de réunir l’art et la vie, la politique et la poésie, la contemplation et l’action, pour transformer la Terre en un lieu habitable », réactivent le mantra de Hölderlin (« En poète, l’homme habite sur cette terre »). Dans une perspective critique, la chercheuse propose d'interroger ce revival français du romantisme allemand à l’ère de la mondialisation et de l’anthropocène. Catherine Coquio, « Habiter poétiquement le monde », Journées d'études « Habiter les lieux », ZoneZadir, juillet 2018 [En ligne] https://zonezadir.hypotheses.org/atelier-habiter-poetiquement-le-monde (consulté le 14 novembre 2018).">34</a>.</p> <p>&laquo;&nbsp;Notre &eacute;poque n&rsquo;a jamais autant parl&eacute; d&rsquo;habiter au moment m&ecirc;me o&ugrave; elle appara&icirc;t proprement inhabitable<a href="#nbp35" id="footnoteref35_rrs751t" name="liennbp35" title="Mauvaise Troupe, Constellations, op. cit., p. 456.">35</a>.&nbsp;&raquo; Le constat de la Mauvaise Troupe a cela d&rsquo;int&eacute;ressant qu&rsquo;il propose une piste historique afin d&rsquo;expliquer pourquoi la pens&eacute;e de l&rsquo;habiter &laquo;&nbsp;par-del&agrave; nature et culture<a href="#nbp36" id="footnoteref36_maig61q" name="liennbp36" title="Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.">36</a> &raquo; constitue d&eacute;sormais un imp&eacute;ratif, au risque de devenir un v&eacute;ritable chant des sir&egrave;nes. Il prend acte &ndash; et ratifie &ndash; le nouveau grand r&eacute;cit qui structure l&rsquo;imaginaire collectif&nbsp;: celui de l&rsquo;anthropoc&egrave;ne. Ainsi que le note Michel Serres d&egrave;s les ann&eacute;es 1990, si l&rsquo;homme est appr&eacute;hend&eacute; comme une force naturelle, histoire et nature ne peuvent alors que se rencontrer&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;histoire globale entre dans la nature&nbsp;; la nature globale entre dans l&rsquo;histoire<a href="#nbp37" id="footnoteref37_bt4nw5k" name="liennbp37" title="Michel Serres, Le Contrat naturel, Paris, Flammarion/Champs, 1992, p. 18, cité dans Larrère, Catherine. « Anthropocène : le nouveau grand récit », Esprit, n° 12 (décembre 2015), p. 46-55.">37</a> &raquo;.</p> <p>Ce d&eacute;tour par les r&eacute;f&eacute;rentiels qui structurent de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale la pens&eacute;e de l&rsquo;habiter &agrave; la zad est fondamental. Il permet dans un premier temps une saisie affin&eacute;e des repr&eacute;sentations litt&eacute;raires du vivre &agrave; Notre-Dame-des-Landes. Ainsi d&rsquo;un t&eacute;moignage publi&eacute; sur le site internet de la zad par exemple, &laquo;&nbsp;fondus dans la for&ecirc;t&nbsp;&raquo;, qui confirme la puissance politique conf&eacute;r&eacute;e &agrave; la pens&eacute;e relationnelle de l&rsquo;habiter&nbsp;:</p> <p><q>Marcher dans le ma&iuml;s, les bauges, les for&ecirc;ts. Se d&eacute;chirer avec les barbel&eacute;s. Chercher les sentiers passables. Retrouver les amis, les complices. Habiter la nuit. Devenir la nuit, l&rsquo;esprit de la nuit, qui hulule, qui se d&eacute;place comme une nu&eacute;e pour envelopper les gendarmes<a href="#nbp38" id="footnoteref38_z4o80a8" name="liennbp38" title="« Fondus dans la forêt », ZadNadir, mardi 6 novembre 2012 [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article516 (consulté le 14 novembre 2018).">38</a>.</q></p> <p>Ce sont bien les exp&eacute;riences de l&rsquo;arpentage, de la d&eacute;chirure du soi puis de l&rsquo;enchev&ecirc;trement avec l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment nocturne qui permettent d&rsquo;enclore les forces de l&rsquo;ordre, dans une entreprise de &laquo;&nbsp;dissolution des corps constitu&eacute;s<a href="#nbp14e" id="footnoteref14_xp3etul" name="liennbp14e" title="Ibidem.">14</a> &raquo;. La mobilisation de la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;habiter&nbsp;&raquo; a ici ceci de sp&eacute;cifique qu&rsquo;elle construit un imaginaire politique du devenir-nuit tout autant qu&rsquo;elle rapporte une exp&eacute;rience v&eacute;cue &ndash; le texte se pla&ccedil;ant sous la cat&eacute;gorie g&eacute;n&eacute;rique du t&eacute;moignage. Elle invite ainsi &agrave; envisager les productions litt&eacute;raires dans leur constant dialogue avec le v&eacute;cu et l&rsquo;action politique.</p> <h2><strong>Gestes&nbsp;: &Eacute;crire en habitant</strong></h2> <p>&Agrave; quelles repr&eacute;sentations se vouer si &laquo;&nbsp;l&rsquo;on veut savoir ce qui se passe ici<a href="#nbp39" id="footnoteref39_k7z7fzd" name="liennbp39" title="Zad Social Rap, « Derrière la vitre » [En ligne] https://soundcloud.com/zadsocialrap (consulté le 14 novembre 2018).">39</a> &raquo;, &agrave; la zad de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;? Dans &laquo;&nbsp;derri&egrave;re la vitre<a href="#nbp14f" id="footnoteref14_9us1y21" name="liennbp14f" title="Ibidem.">14</a>​&nbsp;&raquo;, morceau r&eacute;alis&eacute; collectivement par le Zad Social Rap, atelier d&rsquo;&eacute;criture et d&rsquo;enregistrement hebdomadaire, l&rsquo;injonction au portrait du lieu est refus&eacute;e au profit d&rsquo;une invitation imp&eacute;rative&nbsp;: &laquo;&nbsp;reste pas derri&egrave;re ta vitre, sors bouge regarde ce qui se dessine&nbsp;&raquo;. L&rsquo;exploration des possibilit&eacute;s m&eacute;taphoriques de la vitre permet de perturber les lignes de partage entre les actifs et les passifs mais aussi entre le r&eacute;el et ses reflets. Ainsi que le souligne Jacques Ranci&egrave;re dans <em>Les Bords de la fiction, </em>les portes et les fen&ecirc;tres dans les textes litt&eacute;raires peuvent &ecirc;tre envisag&eacute;s comme des m&eacute;taphores du &laquo;&nbsp;cadre au sein duquel la fiction d&eacute;limite et peuple un monde sensible sp&eacute;cifique<a href="#nbp40" id="footnoteref40_pwejapm" name="liennbp40" title="Jacques Rancière, Les Bords de la fiction, Paris, Seuil, 2017, p. 15.">40</a>​&nbsp;&raquo;. Dans &laquo;&nbsp;derri&egrave;re la vitre&nbsp;&raquo;, il s&rsquo;agit progressivement de renverser le cadre de la &laquo;&nbsp;jolie vitrine&nbsp;&raquo; pour y substituer un autre point de vue et, partant, un autre monde sensible&nbsp;: celui depuis lequel &laquo;&nbsp;derri&egrave;re la vitre on l&acirc;che nos huit<a href="#nbp41" id="footnoteref41_gl2sqs2" name="liennbp41" title="Zad Social Rap, art. cit. Un « huit » étant une mesure de huit temps.">41</a>​&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire celui de la zad et de sa production artistique en acte. Le retournement du regard et de l&rsquo;usage de la vitre t&eacute;moigne du refus d&rsquo;un &laquo;&nbsp;amour de l&rsquo;apparence&nbsp;&raquo;, pour reprendre l&rsquo;expression de Laurent Schneider &agrave; propos de Baudelaire<a href="#nbp42" id="footnoteref42_iot4lfg" name="liennbp42" title="Laurent Schneider, « L'amour de l'apparence : Baudelaire, Nietzsche », Romantisme, n° 115 (2002), De ceci à cela, p. 83-91.">42</a>​. Faisant indirectement allusion au &laquo;&nbsp;mauvais vitrier<a href="#nbp43" id="footnoteref43_j0435ah" name="liennbp43" title="Charles Baudelaire, « Le mauvais vitrier », Petits Poèmes en prose, dans Œuvres complètes de Charles Baudelaire, Michel Lévy frères, 1869, p. 21-24.">43</a>​&nbsp;&raquo;, le texte du Zad Social Rap condamne en effet un monde qui &laquo;&nbsp;a pr&eacute;f&eacute;r&eacute; butter le vitrier&nbsp;&raquo; au motif de vouloir la &laquo;&nbsp;vie en beau<a href="#nbp44" id="footnoteref44_8t47n3u" name="liennbp44" title="Zad Social Rap, art. cit.">44</a>​&nbsp;&raquo;. Les productions litt&eacute;raires &agrave; Notre-Dame-des-Landes soulignent plus g&eacute;n&eacute;ralement les dangers de l&rsquo;art con&ccedil;u comme repr&eacute;sentation. <em>Le Rosier</em><a href="#nbp45" id="footnoteref45_rqm6n2d" name="liennbp45" title="Adventices, « Le Rosier, Petites histoires d'une zone à défendre », art. cit.">45</a>​, recueil de voix &eacute;labor&eacute; par le collectif Adventices, s&rsquo;ouvre sur une carte de la zad accompagn&eacute;e d&rsquo;embl&eacute;e d&rsquo;un avertissement&nbsp;: &laquo;&nbsp;la carte n&rsquo;est pas le terrain<a href="#nbp46" id="footnoteref46_qny12zl" name="liennbp46" title="Idem, p. 4.">46</a>​&nbsp;&raquo;. Dans <em>Constellations</em>, le collectif Mauvaise Troupe en appelle explicitement &agrave; &laquo;&nbsp;une autre mani&egrave;re de saisir un territoire<a href="#nbp47" id="footnoteref47_8m7tq7o" name="liennbp47" title="Mauvaise Troupe, Constellations, op. cit. p. 467.">47</a>​&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <p><q>&nbsp;Non plus celle qui le <em>repr&eacute;sente comme espace</em> (l&agrave; o&ugrave; les &ecirc;tres sont distribu&eacute;s de fa&ccedil;on fixe et proportionnelle, &agrave; chacun son domaine de contr&ocirc;le et ses propri&eacute;t&eacute;s, &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un champ avec ses parcelles d&eacute;coup&eacute;es et attitr&eacute;es) mais bien celle qui l&rsquo;<em>&eacute;prouve comme contre-espace </em>(l&agrave; o&ugrave; les &ecirc;tres circulent, d&eacute;ambulent mais dans le m&ecirc;me mouvement y habitent, y restent, le font vivre, comme &agrave; la mani&egrave;re du libre p&acirc;turage des nomades)<a href="#nbp14g" id="footnoteref14_mdfu2ix" name="liennbp14g" title="Ibidem.">14</a>​. </q></p> <p>La pens&eacute;e de l&rsquo;habiter, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&eacute;prouver le territoire&nbsp;&raquo;, implique un rejet des pouvoirs immortalisants &ndash; con&ccedil;us comme p&eacute;trifiants &ndash; de la repr&eacute;sentation. Il s&rsquo;agit &agrave; l&rsquo;inverse d&rsquo;adopter la &laquo;&nbsp;perspective r&eacute;sidentielle&nbsp;&raquo; d&eacute;fendue par l&rsquo;anthropologue Tim Ingold selon lequel les &laquo;&nbsp;formes que les hommes construisent&nbsp;&raquo; &ndash; y compris les formes discursives &ndash; &laquo;&nbsp;surgissent au cours m&ecirc;me de leur activit&eacute;, dans les contextes relationnels sp&eacute;cifiques de leur engagement pratique avec leur environnement<a href="#nbp48" id="footnoteref48_cauzmmc" name="liennbp48" title="Tim Ingold, Marcher avec les dragons, Bruxelles, Zones Sensibles, 2013.">48</a>​&nbsp;&raquo;. La litt&eacute;rature est ainsi moins con&ccedil;ue comme un exercice de repr&eacute;sentation seconde du monde que comme l&rsquo;apprentissage toujours reconduit de sa perception.</p> <p>Dans les entretiens, les membres d&rsquo;Adventices, du Journal Intime Collectif (JIC) comme ceux de la Mauvaise Troupe envisagent la litt&eacute;rature avant tout comme un geste. La collecte de voix et l&rsquo;&eacute;criture du <em>Rosier </em>sont envisag&eacute;es par les auteurs comme une &laquo;&nbsp;mani&egrave;re de devenir complices du lieu<a href="#nbp49" id="footnoteref49_wuj775m" name="liennbp49" title="Entretien avec le collectif Adventices, 25 mars 2018.">49</a>​&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;une double complicit&eacute; permise par le geste d&rsquo;&eacute;criture. Par un travail de montage de documents et de t&eacute;moignages, le recueil tisse l&rsquo;histoire d&rsquo;un lieu embl&eacute;matique de la zad, le Rosier, premier squat occup&eacute; &agrave; partir de 2007. Le r&eacute;cit du lieu, de son &eacute;volution, des successives destructions et reconstructions, s&rsquo;av&egrave;re ainsi indissociable du v&eacute;cu des voix que le texte orchestre. Mais pour les auteurs, arriv&eacute;s des ann&eacute;es plus tard &agrave; la zad, l&rsquo;enqu&ecirc;te et l&rsquo;&eacute;criture elles-m&ecirc;mes sont l&rsquo;occasion pour eux d&rsquo;acqu&eacute;rir une compr&eacute;hension affin&eacute;e du lieu et de s&rsquo;approprier l&rsquo;histoire de son occupation. En effet, les productions litt&eacute;raires &agrave; Notre-Dame-des-Landes ne sont pas le fruit d&rsquo;&laquo;&nbsp;autochtones&nbsp;&raquo; mais d&rsquo;&laquo;&nbsp;adventices&nbsp;&raquo;, pour reprendre l&rsquo;imaginaire v&eacute;g&eacute;tal du collectif. Une note en ouverture du <em>Rosier </em>pr&eacute;cise que les adventices d&eacute;signent des plantes &laquo;&nbsp;qui poussent dans les cultures sans y avoir &eacute;t&eacute; sem&eacute;es&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire quelque chose &laquo;&nbsp;qui vient du dehors, qui est acquis&nbsp;&raquo;, par opposition ce qui serait &laquo;&nbsp;inn&eacute;, d&eacute;termin&eacute; par la naissance<a href="#nbp50" id="footnoteref50_sre381i" name="liennbp50" title="Adventices, Le Rosier, op. cit., p. 5.">50</a>​&nbsp;&raquo;. Le geste d&rsquo;&eacute;crire, ainsi que le souligne Vil&eacute;m Flusser, ne consiste pas &agrave; ajouter de la mati&egrave;re sur une surface &ndash; de l&rsquo;encre sur une feuille par exemple<a href="#nbp51" id="footnoteref51_71niixr" name="liennbp51" title="Vilém Flusser, Les Gestes, Paris, Éd. Hors Commerce d'arts, 1999, p. 43.">51</a>​. <em>Graphein </em>signifie plut&ocirc;t &laquo;&nbsp;gratter une surface&nbsp;&raquo;, faire des trous, des inscriptions. &Eacute;crire d&eacute;signe donc bien moins un &laquo;&nbsp;geste constructif&nbsp;&raquo; qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;geste p&eacute;n&eacute;trant&nbsp;&raquo;, une mani&egrave;re de s&rsquo;inscrire dans un environnement<a href="#nbp14h" id="footnoteref14_espkhbe" name="liennbp14h" title="Ibidem.">14</a>​.</p> <p>Le travail men&eacute; lors des ateliers d&rsquo;&eacute;criture et de discussions collectives du JIC est &agrave; cet &eacute;gard exemplaire. D&eacute;fini par son initiatrice comme un &laquo;&nbsp;appareil de production&nbsp;&raquo; r&eacute;gi par un ensemble de r&egrave;gles, le JIC impose de &laquo;&nbsp;d&eacute;crire des sc&egrave;nes ou paysages r&eacute;els, des personnages anonymes&nbsp;&raquo;, d&rsquo;&eacute;crire &laquo;&nbsp;de mani&egrave;re strictement descriptive&nbsp;; (pas de psychologie ou de jugement de valeur) sans utiliser le pronom &ldquo;je&rdquo;&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;au pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, et de faire pr&eacute;c&eacute;der le texte &laquo;&nbsp;de la date, de l&rsquo;heure et du lieu<a href="#nbp52" id="footnoteref52_iukgzpp" name="liennbp52" title="« Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone à Défendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes) », Jic, p. 2 [en ligne]. http://www.ejic.com/ [site consulté le 14 novembre 2018].">52</a>​&nbsp;&raquo;. Ces quelques r&egrave;gles impliquent ainsi un imp&eacute;ratif de r&eacute;f&eacute;rentialit&eacute; tout en d&eacute;jouant la possibilit&eacute; de constitution d&rsquo;un savoir-pouvoir par le travail d&rsquo;anonymisation. Elles donnent priorit&eacute; au monde ext&eacute;rieur plus qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;univers psychologique&nbsp;; elles construisent une contemporan&eacute;it&eacute; entre moment de l&rsquo;observation et geste d&rsquo;&eacute;crire&nbsp;; elles ancrent l&rsquo;&eacute;criture dans le temps et l&rsquo;espace. En cela, elles constituent un v&eacute;ritable dispositif d&rsquo;&laquo;&nbsp;ouverture au monde&nbsp;&raquo;, une &laquo;&nbsp;fa&ccedil;on d&rsquo;&ecirc;tre plus l&agrave;&nbsp;&raquo;, dans un lieu que les gens &laquo;&nbsp;habitent r&eacute;ellement<a href="#nbp53" id="footnoteref53_oqhcknm" name="liennbp53" title="Entretien avec Carilone, 7 avril 2018.">53</a>​&nbsp;&raquo;, pour reprendre les mots de la conceptrice. Les productions rassembl&eacute;es sous forme de recueils t&eacute;moignent d&rsquo;une langue en travail, cherchant &agrave; qualifier les formes sp&eacute;cifiques du vivre &agrave; la zad. Ainsi d&rsquo;une absence de lune &laquo;&nbsp;aunuitd&rsquo;hui<a href="#nbp54" id="footnoteref54_5jp431z" name="liennbp54" title="« Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone à Défendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes) », op. cit., p. 4.">54</a>​&nbsp;&raquo;, &eacute;voquant des nuits non-&eacute;clair&eacute;es, &eacute;chappant au productivisme &laquo;&nbsp;24/7<a href="#nbp55" id="footnoteref55_2p0w68n" name="liennbp55" title="Jonathan Crary, 24/7, Le Capitalisme à l'assaut du sommeil, Paris, La Découverte, 2014.">55</a>​&nbsp;&raquo; ou encore du &laquo;&nbsp;chblouc<a href="#nbp56" id="footnoteref56_13hyqbd" name="liennbp56" title="« Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone à Défendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes) », op. cit., p. 34.">56</a>​&nbsp;&raquo;, onomatop&eacute;e caract&eacute;ristique des milliards de paires de bottes marchant dans la boue. L&rsquo;interdiction du recours au point de vue d&rsquo;un &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; surplombant met &agrave; distance la notion de paysage con&ccedil;u comme pur produit du regard<a href="#nbp57" id="footnoteref57_mngadd1" name="liennbp57" title="Ce refus n'est pas sans rappeler le développement, en sciences humaines et sociales, d'une approche relationnelle du travail de terrain, initiée notamment par les sciences studies féministes américaines. L'initiatrice du JIC revendique d'ailleurs une filiation avec l'ethnologie : « on est tous des petits ethnologues» (Entretien avec Carilone, 7 avril 2018). « Relation d'enquête », « co-savoir », engagement perceptuel et co-construction sont désormais les maîtres mots d'un terrain pensé avant tout dans sa dimension relationnelle.">57</a>​. Au r&eacute;cit d&rsquo;exploration exotique ou d&rsquo;explication causale se substitue le plaisir de la reconnaissance des choses du quotidien, ainsi que le r&eacute;v&egrave;le par exemple, dans l&rsquo;un des textes du JIC, l&rsquo;usage massif de la d&eacute;termination d&eacute;finie&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il y a les deux rang&eacute;es d&rsquo;arbres sur les c&ocirc;t&eacute;s qui encadrent le chemin<a href="#nbp58" id="footnoteref58_to91k53" name="liennbp58" title="« Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone à Défendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes) », op. cit., p. 34.">58</a>​&nbsp;&raquo;. Dans un style souvent fragmentaire, privil&eacute;giant la phrase nominale, les textes font compara&icirc;tre, en les juxtaposant, &eacute;l&eacute;ments humains, non-humains, paroles et objets&nbsp;:</p> <p><q>Au loin... des tas de mat&eacute;riaux, un coup &agrave; gauche, un coup &agrave; droite, pneus, palettes, grillages, bonbonnes de gaz, morceaux de bois, de m&eacute;tal, bouteilles vides, portes, phrases &eacute;crites, des fleurs. Tchip Tchip Cui Cui. Elle est l&eacute;g&egrave;re.</q></p> <p><q>Elle regarde dans tous les sens en chantonnant.</q></p> <p><q>&nbsp;Salut&nbsp;!</q></p> <p><q>&nbsp;Oh la vache </q></p> <p><q>&nbsp;Tout &agrave; construire </q></p> <p><q>&nbsp;On l&acirc;che rien </q></p> <p><q>&nbsp;On travaille la terre avec entrain </q></p> <p><q>&nbsp;Pas toujours facile hein&nbsp;?&nbsp;&raquo;<a href="#nbp59" id="footnoteref59_y50i8rx" name="liennbp59" title="Idem, p. 7.">59</a></q></p> <p>Le parti pris de la description est ainsi con&ccedil;u comme une pratique d&rsquo;engagement perceptuel dans lequel l&rsquo;&ecirc;tre humain, par le geste d&rsquo;&eacute;crire, affine ses relations &agrave; l&rsquo;environnement, s&rsquo;enchev&ecirc;trant par exemple &agrave; un &laquo;&nbsp;soleil [qui] brille et fait briller la peau&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;une conception de la pratique litt&eacute;raire relativement proche de la pens&eacute;e &eacute;cocritique selon laquelle le texte participe de la construction culturelle de notre relation au monde<a href="#nbp60" id="footnoteref60_xuqsp9k" name="liennbp60" title="Lawrence Buell, The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 1995.">60</a>​, voire d&rsquo;une approche &eacute;cos&eacute;miotique du langage qui envisage toute communication et toute signification dans un rapport de continuit&eacute; avec l&rsquo;environnement<a href="#nbp61" id="footnoteref61_ofpw62u" name="liennbp61" title="Pour une présentation synthétique des grandes lignes de l'écosémiotique, voir l'article de Gabriel Vignola, « Écocritique, écosémiotique et représentation du monde en littérature », Cygne noir, n° 5, 2017 [en ligne]. http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique [site consulté le 14 novembre 2018].">61</a>​.</p> <p>Si l&rsquo;assimilation de la production litt&eacute;raire &agrave; un geste d&rsquo;inscription dans les lieux est commune &agrave; la plupart des auteurs rencontr&eacute;s, les modalit&eacute;s de cette inscription diff&egrave;rent cependant. Certes, les chapitres &laquo;&nbsp;f&ecirc;tes sauvages&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;la folle du logis&nbsp;&raquo; de <em>Constellations</em>, soulignent les membres de la Mauvaise Troupe, rel&egrave;vent d&rsquo;une &laquo;&nbsp;&eacute;criture exploratoire<a href="#nbp62" id="footnoteref62_oae31pt" name="liennbp62" title="Entretien avec la Mauvaise Troupe, 10 mai 2018.">62</a>​&nbsp;&raquo; qui vise &agrave; penser les exp&eacute;riences au pr&eacute;sent, dans un mouvement d&rsquo;incessants &laquo;&nbsp;aller-retours avec la vie<a href="#nbp14i" id="footnoteref14_2xa36r3" name="liennbp14i" title="Ibidem.">14</a>​&nbsp;&raquo;. La pens&eacute;e se r&eacute;alise ainsi par le geste d&rsquo;&eacute;criture, rejoignant la r&eacute;flexion de Vil&eacute;m Flusser selon lequel &laquo;&nbsp;il est faux de dire que l&rsquo;&eacute;criture fixe la pens&eacute;e&nbsp;&raquo;, &eacute;crire &eacute;tant en soi &laquo;&nbsp;une mani&egrave;re de penser<a href="#nbp63" id="footnoteref63_u6ud143" name="liennbp63" title="Vilém Flusser, op. cit., p. 50.">63</a>​&nbsp;&raquo;. Une telle appr&eacute;hension de la production litt&eacute;raire s&rsquo;inscrit dans un renversement plus large de la division du travail &agrave; la zad. Ainsi que le note la sociologue Genevi&egrave;ve Pruvost, &laquo;&nbsp;l&rsquo;activit&eacute; discursive&nbsp;&raquo; n&rsquo;y est point &laquo;&nbsp;s&eacute;parable de l&rsquo;environnement dans lequel elle se d&eacute;ploie&nbsp;&raquo; car &laquo;&nbsp;les moyens de production de la vie mat&eacute;rielle ne constituent pas le d&eacute;cor ou les coulisses d&rsquo;une agora qui occuperait le devant de la sc&egrave;ne<a href="#nbp64" id="footnoteref64_kl8xija" name="liennbp64" title="Geneviève Pruvost, « Critique en acte de la vie quotidienne à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (2013-2014) », Politix, vol. 117, n° 1, 2017, p. 35-62.">64</a>​&nbsp;&raquo;. La production litt&eacute;raire de la Mauvaise Troupe ne correspond cependant pas &agrave; un &laquo;&nbsp;geste p&eacute;n&eacute;trant&nbsp;&raquo; en ce qu&rsquo;elle s&rsquo;attacherait &agrave; d&eacute;crire les lieux, mais bien plut&ocirc;t en ce qu&rsquo;elle entretient d&rsquo;&eacute;troits rapports avec l&rsquo;action. S&rsquo;ouvrant sur le r&eacute;cit d&rsquo;un r&eacute;sistant &agrave; un projet de train &agrave; grande vitesse dans le Val de Suse, <em>Contr&eacute;es </em>pr&eacute;cise que chacun des mots de ce dernier &laquo;&nbsp;respire ce territoire o&ugrave;, depuis quelques ann&eacute;es maintenant, il s&rsquo;est r&eacute;solu &agrave; combattre<a href="#nbp65" id="footnoteref65_9rhmabi" name="liennbp65" title="Mauvaise Troupe, Contrées, op. cit, p. 9.">65</a>​.&nbsp;&raquo;</p> <p>L&rsquo;imaginaire d&rsquo;un rapport de continuit&eacute; organique entre les mots et le monde est assur&eacute; non par la description mais par le souffle &eacute;pique qui traverse la totalit&eacute; des textes du collectif. S&rsquo;il s&rsquo;agit certes d&rsquo;&eacute;crire en habitant &ndash; au sens d&rsquo;un refus de la s&eacute;paration entre l&rsquo;art et la vie, il est peut-&ecirc;tre plus int&eacute;ressant encore d&rsquo;envisager cette production litt&eacute;raire comme un &eacute;crire pour habiter. En effet, maintenir l&rsquo;habitat &agrave; la zad, pour des occupants constamment menac&eacute;s d&rsquo;expulsion, exige une litt&eacute;rature de situation.</p> <h2><strong>Actions&nbsp;: &Eacute;crire pour habiter</strong></h2> <p>Dans <em>Constellations</em>, l&rsquo;&eacute;vocation des mobilisations litt&eacute;raires dans le cadre de la lutte contre l&rsquo;implantation d&rsquo;un train &agrave; grande vitesse dans le Val de Suse est l&rsquo;occasion d&rsquo;une r&eacute;flexion sur l&rsquo;articulation entre litt&eacute;rature et lutte politique. Dans l&rsquo;h&eacute;ritage de Walter Benjamin, le texte &eacute;labore une pens&eacute;e de la litt&eacute;rature qui prolonge l&rsquo;ancestrale pratique des conteurs&nbsp;:</p> <p><q>&nbsp;Les contes sont n&eacute;s autour d&rsquo;un feu, il y a 25&nbsp;000 ans, pour parler du danger. Celui de s&rsquo;&eacute;loigner du feu, d&rsquo;abord. Ce danger, il court et remonte ce temps &eacute;lastique en changeant de forme, pour s&rsquo;emparer de nos r&eacute;cits, d&rsquo;une certaine histoire. [&hellip;] Nous sommes, aujourd&rsquo;hui comme toujours, il y a 25&nbsp;000 ans, autour d&rsquo;un feu, au moment du danger<a href="#nbp14j" id="footnoteref14_7cyeyr9" name="liennbp14j" title="Ibidem.">14</a>​. </q></p> <p>Prise dans le feu de l&rsquo;action, la litt&eacute;rature telle qu&rsquo;elle est produite &agrave; la zad ne se r&eacute;duit pas &agrave; une entreprise m&eacute;morielle, <em>a posteriori&nbsp;</em>; elle r&eacute;pond &agrave; des objectifs de lutte politique plus ou moins proches de ceux qu&rsquo;affiche par exemple le Camp Climat organis&eacute; sur la zad en 2012&nbsp;: &laquo;&nbsp;r&eacute;sistance par l&rsquo;action directe cr&eacute;ative&nbsp;&raquo;, souci &laquo;&nbsp;d&rsquo;alternatives concr&egrave;tes&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;ici et maintenant&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;large &eacute;ventail d&rsquo;ateliers et de discussions&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;internationalisation du mouvement&nbsp;&raquo; sont des principes que l&rsquo;on retrouve dans les pratiques litt&eacute;raires des diff&eacute;rents collectifs. On a ainsi identifi&eacute; quatre modalit&eacute;s selon lesquelles les productions litt&eacute;raires, &agrave; la zad, participent des actions de lutte pour le maintien de l&rsquo;habitat. Tout d&rsquo;abord, elles s&rsquo;inscrivent dans un champ discursif conflictuel&nbsp;: celui des d&eacute;finitions de ce qu&rsquo;est la zad. Elles s&rsquo;engagent ainsi dans une lutte des repr&eacute;sentations. Toujours &eacute;labor&eacute;es par des groupes, produits d&rsquo;un faire collectif, elles constituent &eacute;galement des dispositifs d&rsquo;organisation coll&eacute;giale qui d&eacute;bordent souvent les fronti&egrave;res du territoire g&eacute;ographique de Notre-Dame-des-Landes. Elles contribuent ainsi, &agrave; plus large &eacute;chelle, &agrave; renforcer des r&eacute;seaux affinitaires et politiques. Enfin, s&rsquo;attelant parfois &agrave; la construction de situation, elles rel&egrave;vent alors d&rsquo;une forme d&rsquo;action directe cr&eacute;ative dont il faudra analyser l&rsquo;efficace. On convoquera les productions des diff&eacute;rents collectifs pour envisager la premi&egrave;re modalit&eacute; d&rsquo;action, afin de pr&eacute;ciser que les discours des habitants sur la zad sont loin d&rsquo;&ecirc;tre univoques ou unanimes. On privil&eacute;giera ensuite dans l&rsquo;analyse des trois modalit&eacute;s suivantes &ndash; organisation collective, internationalisation des luttes et action directe &ndash; les productions litt&eacute;raires de la Mauvaise Troupe.</p> <p>La premi&egrave;re action litt&eacute;raire facilement identifiable &agrave; Notre-Dame-des-Landes est celle de fournir un contre-discours, une alternative concr&egrave;te aux portraits de terrain qui s&rsquo;&eacute;laborent dans le champ m&eacute;diatique. &laquo;&nbsp;Votre-Dame-du-Vietnam<a href="#nbp66" id="footnoteref66_4oe3z4k" name="liennbp66" title="Zad Social Rap, « Votre-Dame-du-Vietnam » [En ligne] https://soundcloud.com/zadsocialrap (consulté le 14 novembre 2018).">66</a>​&nbsp;&raquo;, morceau collectif du Zad Social Rap, parodie les r&eacute;cits m&eacute;diatiques alarmistes qui font de la zad un &laquo;&nbsp;western sans vautour<a href="#nbp67" id="footnoteref67_lpmjlba" name="liennbp67" title="Le titre du morceau renvoie en effet à la remarque de l’éditorialiste Christophe Barbier sur BFMTV à propos de l’évacuation de Notre-Dame-des-Landes : « On est plus proche d’un guérilla type Vietnam des pauvres que de la simple répression d’une manifestation » cité dans Samuel Gontier, « À Notre-Dame-des-Landes, “le Vietnam des pauvres” menace la France d’une “guérilla” », Télérama, 15 décembre 2017 [En ligne] https://www.telerama.fr/television/a-notre-dame-des-landes,-le-vietnam-des-pauvres-menace-la-france-dune-guerilla,n5402676.php (consulté le 14 novembre 2018).">67</a>​&nbsp;&raquo;. Le travail sur les rimes construit un discours lancinant qui associe pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;imaginaire terrifiant des &laquo;&nbsp;tours &agrave; laser dans [les] basses-cours&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;comptes &agrave; rebours&nbsp;&raquo; et autres &laquo;&nbsp;prises d&rsquo;otage de joibour&nbsp;&raquo; imput&eacute;es aux zadistes, aux d&eacute;lires du &laquo;&nbsp;nal-jour&nbsp;&raquo; qui ne peut alors rimer qu&rsquo;avec un cri de panique&nbsp;: &laquo;&nbsp;au secours<a href="#nbp68" id="footnoteref68_ets4qq8" name="liennbp68" title="Zad Social Rap, « Votre-Dame-du-Vietnam », op. cit.">68</a>​&nbsp;&raquo;. Le texte, en reprenant et d&eacute;tournant les clich&eacute;s m&eacute;diatiques<a href="#nbp69" id="footnoteref69_at4isn7" name="liennbp69" title="Voir l’enquête d’Acrimed, observatoire des médias indépendant : Acrimed, « Désinformation sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes : les médias au garde-à-vous », Acrimed, mardi 2 janvier 2018 [En ligne] https://www.acrimed.org/Desinformation-sur-la-ZAD-de-Notre-Dame-des (consulté le 14 novembre 2018).">69</a>​, &eacute;labore un discours de contre-terrain. Devenue &laquo;&nbsp;terrain de jeu&nbsp;&raquo; d&rsquo;un &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo;, la zad est rendue aux occupants qui se r&eacute;approprient les signes de la violence&nbsp;: &laquo;&nbsp;c&rsquo;est nous le vent, la tornade, la grenade d&eacute;goupill&eacute;e<a href="#nbp14k" id="footnoteref14_2kl8yjm" name="liennbp14k" title="Ibidem.">14</a>​&nbsp;&raquo;. Si la reconqu&ecirc;te passe ici par l&rsquo;humour, la charge conflictuelle que contient plus g&eacute;n&eacute;ralement tout discours prenant la zad pour objet ne doit pas &ecirc;tre minimis&eacute;e. &Eacute;crire sur la zad correspond in&eacute;vitablement &agrave; une prise de position dans une ar&egrave;ne aux antagonismes particuli&egrave;rement forts, entre les divers parti-pris m&eacute;diatiques mais &eacute;galement entre les diff&eacute;rents collectifs d&rsquo;habitants sur la zad. Alors que l&rsquo;&eacute;criture des textes de La Mauvaise Troupe ont en partie &eacute;t&eacute; &eacute;crits afin de ne pas &laquo;&nbsp;laisser des sociologues ou des auteurs attitr&eacute;s tirer les le&ccedil;ons et analyses de ce [qu&rsquo;ils vivent] &agrave; [leur] place<a href="#nbp70" id="footnoteref70_nufbf0d" name="liennbp70" title="« L'imaginaire de la zad, entretien avec le Collectif Mauvaise Troupe », Mouvement, 8 mars 2016 [en ligne]. http://www.mouvement.net/ [site consulté le 14 novembre 2018].">70</a>​&nbsp;&raquo;, la pr&eacute;face au recueil du <em>Rosier, </em>elle, pr&eacute;sente explicitement le texte comme une nouvelle alternative concr&egrave;te, cette fois-ci aux livres de la Mauvaise Troupe accus&eacute;s d&rsquo;&laquo;&nbsp;entretenir des mythes&nbsp;&raquo; et de faire entendre &laquo;&nbsp;des voix h&eacute;ro&iuml;ques<a href="#nbp71" id="footnoteref71_jnw2y72" name="liennbp71" title="Adventices, Le Rosier, op. cit., p. 3.">71</a>​&nbsp;&raquo;. Si le recueil du <em>Rosier </em>s&rsquo;ouvre symptomatiquement sur l&rsquo;imp&eacute;ratif grammaticalis&eacute; &laquo;&nbsp;voici&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est que la pr&eacute;sentation de la zad, de son histoire et de ses habitants, est au c&oelig;ur d&rsquo;une bataille d&eacute;finitionnelle entre diff&eacute;rentes composantes de la zone. Malgr&eacute; les intentions affich&eacute;es par les diff&eacute;rents collectifs d&rsquo;appr&eacute;hender la litt&eacute;rature comme une exp&eacute;rience perceptuelle, selon une perspective r&eacute;sidentielle, la question de la repr&eacute;sentation reste centrale.</p> <p>La production litt&eacute;raire s&rsquo;envisage &eacute;galement en tant qu&rsquo;action pour habiter au sens o&ugrave; elle constitue un v&eacute;ritable organisateur collectif. Du Journal Intime Collectif aux textes de la Mauvaise Troupe en passant par le recueil des Adventices ou les morceaux du Zad Social Rap, une m&ecirc;me conception conviviale et d&eacute;mocratique de l&rsquo;&eacute;criture traverse les initiatives. &laquo;&nbsp;Pas besoin d&rsquo;&ecirc;tre bon pour prendre son tour<a href="#nbp72" id="footnoteref72_q6528ki" name="liennbp72" title="Zad Social Rap, « Enfant, chant de colère » [En ligne] https://soundcloud.com/zadsocialrap (consulté le 14 novembre 2018).">72</a>​&nbsp;&raquo; pr&eacute;cise un participant du Zad Social Rap, la notion de tour &eacute;voquant, au-del&agrave; du passage dans la salle d&rsquo;enregistrement, une t&acirc;che, une responsabilit&eacute; commune. Dans le cadre d&rsquo;une telle collectivisation de l&rsquo;art, puisque &laquo;&nbsp;la po&eacute;sie est revenue dans des bouches sans pr&eacute;tentions<a href="#nbp73" id="footnoteref73_5fnf7g0" name="liennbp73" title="Mauvaise Troupe, Contrées, op. cit., p. 9.">73</a>​&nbsp;&raquo;, les productions prennent bien souvent la forme du montage, de l&rsquo;orchestration de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&oelig;uvre collective<a href="#nbp74" id="footnoteref74_d3786y1" name="liennbp74" title="C'est ainsi que sont présentés les textes issus des ateliers du Journal Intime Collectif.">74</a>​&nbsp;&raquo;. Dans le cadre du Journal Intime Collectif, la mise en partage est triple&nbsp;: au partage de l&rsquo;espace collectif &ndash; les participants ayant en commun un voisinage &ndash; s&rsquo;ajoutent le partage des r&egrave;gles du dispositif de production lors de l&rsquo;&eacute;laboration des textes, mais &eacute;galement le partage des discussions, lectures et critiques des productions. Pour le collectif Mauvaise Troupe, &eacute;crire ne se r&eacute;duit d&rsquo;ailleurs pas &agrave; tisser des liens entre ceux qui r&eacute;sident sur le territoire de la zad. Le seul titre de <em>Contr&eacute;es, </em>&eacute;voquant &eacute;tymologiquement la <em>regio contrata</em>, c&rsquo;est-&agrave;-dire le &laquo;&nbsp;pays situ&eacute; en face de celui qui regarde&nbsp;&raquo;, &eacute;labore un v&eacute;ritable dialogue entre le territoire de Notre-Dame-des-Landes en France et le Val de Suse en Italie. Il s&rsquo;agit par-l&agrave;, d&rsquo;une part, d&rsquo;explorer une conception de l&rsquo;habiter qui d&eacute;passe &laquo;&nbsp;cette vision essentiellement mat&eacute;rielle, g&eacute;ographique d&rsquo;un espace circonscrit, d&eacute;limit&eacute;, et dont il faudrait d&eacute;fendre les limites<a href="#nbp75" id="footnoteref75_sxmqtwz" name="liennbp75" title="Mauvaise Troupe, Constellations, op. cit., p. 462.">75</a>​&nbsp;&raquo;. Une mani&egrave;re pleine d&rsquo;habiter est ainsi d&eacute;finie par &laquo;&nbsp;sa mise &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve avec d&rsquo;autres territoires&nbsp;&raquo;, par &laquo;&nbsp;les alliances et les complicit&eacute;s&nbsp;&raquo; qui se nouent &laquo;&nbsp;avec d&rsquo;autres lieux proches ou lointains<a href="#nbp14l" id="footnoteref14_b9i7lfz" name="liennbp14l" title="Ibidem.">14</a>​&nbsp;&raquo;. D&rsquo;autre part, de mani&egrave;re plus concr&egrave;te, l&rsquo;action d&rsquo;enqu&ecirc;te et d&rsquo;&eacute;criture permet aux auteurs de tisser des liens strat&eacute;giques avec d&rsquo;autres mouvements sociaux. L&rsquo;&eacute;criture de <em>Contr&eacute;es</em> est ainsi l&rsquo;occasion de fr&eacute;quenter le mouvement NO TAV<a href="#nbp76" id="footnoteref76_a6nfyyg" name="liennbp76" title="NO TAV est un mouvement de protestation dans la vallée de Suse contre le projet de construction d’une ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin.">76</a>​. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, dans le cadre du premier num&eacute;ro du projet &laquo;&nbsp;Territoires en bataille&nbsp;&raquo;, projet de &laquo;&nbsp;r&eacute;daction et de diffusion de courts &eacute;crits donnant &agrave; voir et &agrave; sentir les dynamiques &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans diff&eacute;rents espaces en lutte en Europe et dans le monde<a href="#nbp77" id="footnoteref77_c3py4q6" name="liennbp77" title="Mauvaise Troupe, “Errekaleor, le plus grand squat du Pays basque”, collection « Territoires en bataille », n° 1, 2018, Constellations [En ligne] https://mauvaisetroupe.org/IMG/pdf/errekaleor-2.pdf (consulté le 14 novembre 2018).">77</a>​&nbsp;&raquo;, le travail d&rsquo;&eacute;criture permet de tisser un lien avec une habitante du quartier basque autog&eacute;r&eacute; d&rsquo;Errekaleor. Si habiter &agrave; Notre-Dame-des-Landes d&eacute;signe initialement une situation g&eacute;ographique commune, il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;tablir des relations de solidarit&eacute; qui d&eacute;passent les fronti&egrave;res de la zone, en exploitant la litt&eacute;rature, entre autres, comme pratique de sociabilit&eacute;. Ainsi d&rsquo;un ensemble d&rsquo;entretiens men&eacute;s dans le Val de Suse, expos&eacute;s sous forme de livrets en libre-service sur un pr&eacute;sentoir de la biblioth&egrave;que du Taslu de Notre-Dame-des-Landes, ou encore de la pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre <em>Notre Dame d&rsquo;Ha&iuml;ti </em>de la compagnie r&eacute;unionnaise Lolita Monga<em>,</em> &eacute;crite en r&eacute;sidence &agrave; Notre-Dame-des-Landes, t&eacute;moignant de cette volont&eacute; de tisser un r&eacute;seau tout en constituant un imaginaire politique partag&eacute; qui entrelace l&rsquo;histoire de la R&eacute;union &agrave; la r&eacute;volte ha&iuml;tienne ainsi qu&rsquo;aux luttes de la zad.</p> <p>Enfin, s&rsquo;il s&rsquo;agit &agrave; la zad d&rsquo;&eacute;crire pour habiter, c&rsquo;est que la litt&eacute;rature s&rsquo;inscrit dans un vaste champ de pratiques qui s&rsquo;attellent directement &agrave; la &laquo;&nbsp;construction de situations<a href="#nbp78" id="footnoteref78_k60m9er" name="liennbp78" title="Guy Debord, Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l’organisation et de l’action de la tendance situationniste internationale, Paris, Mille-et-une-nuits, Poche, 2000, [1957].">78</a>​&nbsp;&raquo;. La production litt&eacute;raire du collectif Mauvaise Troupe notamment se veut une r&eacute;appropriation directe du projet situationniste. Nourri de r&eacute;f&eacute;rences &agrave; Guy Debord ou Raoul Vaneigem &ndash; qui a d&rsquo;ailleurs apport&eacute; son soutien aux occupants de la zad<a href="#nbp79" id="footnoteref79_rieriwk" name="liennbp79" title="« Messages de soutien et chanson de Raoul Vaneigem », ZadNadir, lundi 23 avril 2018 [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article5679 (consulté le 14 novembre 2018).">79</a>​&nbsp;&ndash; le collectif r&eacute;active le projet d&rsquo;une po&eacute;sie qui &laquo;&nbsp;doit avoir pour but la v&eacute;rit&eacute; pratique<a href="#nbp80" id="footnoteref80_x17704e" name="liennbp80" title="Guy Debord, « Manifeste pour une construction de situations », septembre 1953, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 2006, p. 108.">80</a>​&nbsp;&raquo;. Il est facile d&rsquo;observer, sur le terrain de la zad, une volont&eacute; de circonscrire l&rsquo;art &agrave; ce qu&rsquo;il est possible de vivre sur-le-champ, dans l&rsquo;espace social. Ainsi de la tour-phare construite &agrave; c&ocirc;t&eacute; de la biblioth&egrave;que du Taslu sur le lieu de la Rolandi&egrave;re, d&eacute;crite par l&rsquo;artiste-activiste John Jordan comme une r&eacute;activation de l&rsquo;imaginaire d&rsquo;Alexandrie, ou encore des nombreuses cabanes et barricades qu&rsquo;Isabelle Fremeaux qualifie de &laquo;&nbsp;quotidien en tant qu&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art<a href="#nbp81" id="footnoteref81_wf8414a" name="liennbp81" title="Isabelle Frémeaux et John Jordan, « Notre-Dame-Des-Landes : la communauté des gens de boue », aux Laboratoires d'Aubervilliers, 19 mai 2013 [En ligne] https://vimeo.com/72884670 (consulté le 14 novembre 2018).">81</a>​&nbsp;&raquo;.</p> <p>Concernant le travail litt&eacute;raire, la d&eacute;marche semble plus d&eacute;licate&nbsp;: &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; Guy Debord est &agrave; la BNF, [&hellip;] est-il encore possible, dans les ann&eacute;es 2000, de consid&eacute;rer l&rsquo;&eacute;criture comme un geste offensif<a href="#nbp82" id="footnoteref82_o2zt0a9" name="liennbp82" title="Mauvaise Troupe, Constellations, op. cit., p. 495.">82</a>​&nbsp;?&nbsp;&raquo;, se demande le collectif. La biblioth&egrave;que de la zad, le Taslu, n&rsquo;h&eacute;site pourtant pas &agrave; mobiliser les ressources politiques de la litt&eacute;rature, soit qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de recourir au capital symbolique d&rsquo;un auteur afin de l&eacute;gitimer l&rsquo;occupation<a href="#nbp83" id="footnoteref83_1mwwsxp" name="liennbp83" title="Voir notamment la rencontre-débat avec Éric Vuillard, le 1er février 2018 à la bibliothèque du Taslu, quelques mois après que l'écrivain a obtenu le prix Goncourt de littérature pour L'Ordre du jour.">83</a>​, soit qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de souscrire au potentiel subversif de la fiction&nbsp;: ainsi de la venue des ateliers de l&rsquo;Ant&eacute;monde &agrave; la zad pour un atelier &laquo;&nbsp;de fabrication d&rsquo;imaginaires enthousiastes et critiques du complexe techno-industriel<a href="#nbp84" id="footnoteref84_a5ddi7s" name="liennbp84" title="« Qui sommes-nous ? », Ateliers de l'Antémonde [En ligne] https://antemonde.org/ (consulté le 14 novembre 2018).">84</a>​&nbsp;&raquo; fond&eacute; sur les outils de la science-fiction<a href="#nbp85" id="footnoteref85_sqhi02p" name="liennbp85" title="Pour plus de renseignements, voir Bâtir aussi, première édition de textes issus de précédents ateliers d'écriture des Ateliers de l'Antémonde dans d'autres territoires français. Ateliers Antémonde, Bâtir aussi, Paris, Éditions Cambourakis, 2018.">85</a>​&nbsp;ou des nombreuses activit&eacute;s &eacute;labor&eacute;es avec l&rsquo;&eacute;crivain Alain Damasio<a href="#nbp86" id="footnoteref86_3njtigc" name="liennbp86" title="Voir notamment sa ballade-lecture dans la forêt de Rohanne du 17 mai 2018, ZadNadir, [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article5817 (consulté le 14 novembre 2018).">86</a>​. L&rsquo;offensive imaginaire doit permettre, selon la Mauvaise Troupe, de r&eacute;pondre &agrave; une crise qui, pour citer les mots du Comit&eacute; Invisible souvent repris par le collectif, &laquo;&nbsp;n&rsquo;est pas &eacute;conomique, &eacute;cologique ou politique, [mais] avant tout celle de la pr&eacute;sence<a href="#nbp87" id="footnoteref87_jc18wxq" name="liennbp87" title="Comité Invisible, À nos amis, Paris, La Fabrique, 2014, p. 31.">87</a>​&nbsp;&raquo;. Le parti pris du r&eacute;cit fictif se veut, pour le dire rapidement, un outil de r&eacute;enchantement qui permette des mani&egrave;res pleines d&rsquo;habiter&nbsp;: &laquo;&nbsp;nous en faisons le pari&nbsp;: il y a des mani&egrave;res de raconter, d&rsquo;inventer [...] qui, en laissant indistincts r&eacute;el et imaginaire, marquent nos vies, inspirent nos gestes<a href="#nbp88" id="footnoteref88_yz945ri" name="liennbp88" title="Mauvaise Troupe, Constellations, op. cit., p. 287.">88</a>​.&nbsp;&raquo; Ce sont pr&eacute;cis&eacute;ment les sp&eacute;cificit&eacute;s d&rsquo;une &laquo;&nbsp;mani&egrave;res de raconter&nbsp;&raquo; de la Mauvaise Troupe que l&rsquo;on analysera ici&nbsp;: celle mise en place lors de la mobilisation des &laquo;&nbsp;troupes de l&rsquo;imaginaire&nbsp;&raquo; &agrave; la zad le 22 avril 2018 <a href="#nbp89" id="footnoteref89_mx6wy0y" name="liennbp89" title="« le Taslu appelle les troupes de l’imaginaire à se mobiliser », ZadNadir, [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article5604 (consulté le 14 novembre 2018).">89</a>​, journ&eacute;e de lecture orale et collective de textes litt&eacute;raires face aux forces de l&rsquo;ordre. Suivant un parcours sur diff&eacute;rents lieux de la zad, la journ&eacute;e est avant tout l&rsquo;occasion de rappeler les histoires des constructions et destructions, des victoires et des d&eacute;faites face aux forces de l&rsquo;ordre ayant marqu&eacute; les sites. Le registre &eacute;pique, tr&egrave;s fr&eacute;quemment employ&eacute; dans les textes de la Mauvaise Troupe, peuple ainsi le lieu de batailles selon ce que Luk&aacute;cs a pu nommer, dans ses r&eacute;flexions sur &eacute;pop&eacute;e et roman, une logique de simplification<a href="#nbp90" id="footnoteref90_uzpno62" name="liennbp90" title="Georg Lukács, La Théorie du roman, Collection Tel (n° 144), Paris, Gallimard, 1989, cité par Florence Goyet, « Pour une approche organique de l'épopée » dans Feuillebois-Pierunek Ève (dir.), Epopées du monde. Pour un panorama (presque) général, Paris, Classiques Garnier, 2011.">90</a>​. L&rsquo;exaltation &eacute;pique faisant des individus des surhommes, l&rsquo;id&eacute;e de transparence, le go&ucirc;t pour le merveilleux, caract&eacute;ristiques selon Luk&aacute;cs de cette &laquo;&nbsp;po&eacute;sie d&rsquo;un &acirc;ge sans ombre<a href="#nbp14m" id="footnoteref14_9rnuuum" name="liennbp14m" title="Ibidem.">14</a>​&nbsp;&raquo;, sont pr&eacute;cis&eacute;ment les reproches commun&eacute;ment adress&eacute;s aux productions de la Mauvaise Troupe par une partie critique des occupants de la zad. On s&rsquo;inspire ici des travaux de Florence Goyet qui montre comment le &laquo;&nbsp;travail &eacute;pique&nbsp;&raquo;, s&rsquo;il s&rsquo;appuie certes sur un premier mouvement de simplification qui permet de &laquo;&nbsp;confirmer la solidit&eacute; de l&rsquo;ordre&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire de &laquo;&nbsp;pr&eacute;senter de fa&ccedil;on ordonn&eacute;e le chaos de la bataille et le chaos de la politique<a href="#nbp91" id="footnoteref91_n8t1u4d" name="liennbp91" title="Florence Goyet, « Pour une approche organique de l'épopée », op. cit., p. 443.">91</a>​&nbsp;&raquo;, repose &eacute;galement sur un retour de la confusion qui permet d&rsquo;aboutir &agrave; &laquo;&nbsp;des solutions politiques viables, profondes et <em>nouvelles</em><a href="#nbp14n" id="footnoteref14_msl7c3b" name="liennbp14n" title="Ibidem.">14</a>​&nbsp;&raquo;. L&rsquo;intervention artistique de &laquo;&nbsp;troupes de l&rsquo;imaginaire&nbsp;&raquo; &agrave; Notre-Dame-des-Landes en 2018 est certes bien loin de l&rsquo;<em>&eacute;pop&eacute;e de Gilgamesh</em> ou de l&rsquo;<em>Iliade. </em>Cependant, une m&ecirc;me logique du doute vient nourrir le &laquo;&nbsp;travail &eacute;pique&nbsp;&raquo; mis en place par le dispositif d&rsquo;intervention litt&eacute;raire, qui n&rsquo;est pas sans lien avec la qu&ecirc;te revendiqu&eacute;e &agrave; la zad de nouvelles mani&egrave;res d&rsquo;habiter. La situation se donne &agrave; voir &agrave; premi&egrave;re vue comme celle d&rsquo;un rapport de forces social avant tout. &Agrave; l&rsquo;appel de la biblioth&egrave;que de la zone, il s&rsquo;agit de rassembler des &laquo;&nbsp;personnalit&eacute;s du monde des livres et des id&eacute;es<a href="#nbp92" id="footnoteref92_ajl7r9t" name="liennbp92" title="Appel de la bibliothèque du Taslu communiqué sur les listes de diffusion des mobilisations universitaires de 2018.">92</a>​&nbsp;&raquo; &agrave; Notre-Dame-des-Landes et de poursuivre ainsi la logique de l&rsquo;initiative des &laquo;&nbsp;barricades de mots<a href="#nbp93" id="footnoteref93_jcj2j15" name="liennbp93" title="« Une barricade de mots pour défendre la ZAD », Mouvements, vol. 89, n° 1, 2017, p. 149-154.">93</a>​&nbsp;&raquo; men&eacute;e en 2016<a href="#nbp94" id="footnoteref94_clfiz96" name="liennbp94" title="Il s’agit d’un projet d’abécédaire de la zad élaboré par « plusieurs dizaines de chercheur-es, précaires, étudiant-es, enseignant-es, écrivain-es, éditeur-es, journalistes, militant-es associatifs et syndicaux ». Voir « Barricades de mots en défense de la zad », Zadnadir [En ligne] https://blogs.mediapart.fr/jade-lindgaard/blog/021116/barricade-de-mots-en-defense-de-la-zad (consulté le 14 novembre 2018).">94</a>​. En mobilisant le capital culturel et social de figures intellectuelles, les habitants de la zone cherchent &agrave; accro&icirc;tre la l&eacute;gitimit&eacute; de leurs positions. La violence symbolique semble d&rsquo;ailleurs &ecirc;tre l&rsquo;une des modalit&eacute;s de lutte contre la violence physique des gendarmes mobiles&nbsp;: &laquo;&nbsp;si vous ne comprenez pas ce que nous disons, c&rsquo;est normal, c&rsquo;est de la litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, d&eacute;clare ironiquement l&rsquo;un des habitants au rang de gendarmes, convoquant ainsi l&rsquo;autorit&eacute; du litt&eacute;raire tel qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; constitu&eacute; et l&eacute;gitim&eacute; notamment par l&rsquo;institution scolaire. Deux r&eacute;gimes de violence l&eacute;gitime s&rsquo;affrontent-ils&nbsp;? Contre le monopole de la violence physique l&eacute;gitime de l&rsquo;&Eacute;tat, on pourrait penser qu&rsquo;il s&rsquo;agit paradoxalement de remobiliser, afin de d&eacute;fendre l&rsquo;occupation, une violence symbolique fond&eacute;e sur une in&eacute;galit&eacute; en mati&egrave;re de ressources culturelles. Les Troupes de l&rsquo;imaginaire seront d&rsquo;ailleurs appel&eacute;es &agrave; une seconde intervention de terrain le 20 mai 2018 dans le cadre d&rsquo;un &laquo;&nbsp;grand concours d&rsquo;outrage aux forces de l&rsquo;ordre<a href="#nbp95" id="footnoteref95_a29k0xs" name="liennbp95" title="« Appel aux troupes de l’imaginaire #2 : Grand concours d’outrage aux forces de l’ordre. » Zadnadir [En ligne] https://zad.nadir.org/spip.php?article5859 (consulté le 14 novembre 2018).">95</a>​&nbsp;&raquo;. L&rsquo;intervention litt&eacute;raire de terrain &agrave; Notre-Dame-des-Landes appara&icirc;t ainsi &agrave; premi&egrave;re vue comme la manifestation exemplaire d&rsquo;une bataille, dont le nom m&ecirc;me de &laquo;&nbsp;troupes de l&rsquo;imaginaire&nbsp;&raquo; file la m&eacute;taphore guerri&egrave;re.</p> <p>L&rsquo;exp&eacute;rience <em>in situ</em> de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement permet toutefois d&rsquo;affiner consid&eacute;rablement l&rsquo;analyse. Elle r&eacute;v&egrave;le avant tout la radicale incommensurabilit&eacute; des deux forces en pr&eacute;sence&nbsp;: la charge symbolique de la litt&eacute;rature ne peut en aucun cas se mesurer, mat&eacute;riellement, &agrave; la force polici&egrave;re. Son mode d&rsquo;existence est celui du sursis&nbsp;: elle peut avoir et tenir lieu <em>tant qu&rsquo;</em>ordre contraire n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; donn&eacute;. &Agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du terrain, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une production litt&eacute;raire <em>pour habiter </em>r&eacute;v&egrave;le ainsi ses limites. &Agrave; la vuln&eacute;rabilit&eacute; du lieu, entour&eacute; des escadrons de gendarmes mobiles et marqu&eacute; par l&rsquo;absence, les r&eacute;centes destructions de l&rsquo;habitat<a href="#nbp96" id="footnoteref96_mn3zc8e" name="liennbp96" title="Une large partie de la session de lecture a eu lieu sur les ruines du Gourbi, lieu de vie collectif plusieurs fois détruit, plusieurs fois reconstruit.">96</a>​, s&rsquo;ajoute la vuln&eacute;rabilit&eacute; de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement litt&eacute;raire lui-m&ecirc;me. La voix des lectrices et lecteurs est fragile, souvent couverte par bruit de l&rsquo;h&eacute;licopt&egrave;re de gendarmerie qui survole la zone, et toutes et tous ne sont pas rompus &agrave; l&rsquo;exercice de la performance &agrave; voix haute. Ces limites qui se r&eacute;v&egrave;lent &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du terrain permettent alors de clarifier la relation entre l&rsquo;intervention litt&eacute;raire et la notion mainte fois interrog&eacute;e de l&rsquo;habiter. L&rsquo;enjeu r&eacute;side avant tout, pour les participants, dans le maintien de ce qu&rsquo;Yves Citton nomme une &laquo;&nbsp;&eacute;cologie de l&rsquo;attention<a href="#nbp97" id="footnoteref97_o8mnjjs" name="liennbp97" title="Yves Citton, Pour une écologie de l'attention, Paris, Éditions du Seuil, 2014.">97</a>​&nbsp;&raquo;. S&rsquo;il s&rsquo;agit en principe d&rsquo;une intervention litt&eacute;raire <em>pour habiter</em>, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une litt&eacute;rature qui s&rsquo;inscrit dans des rapports de force, se r&eacute;v&egrave;le &agrave; l&rsquo;usage sa capacit&eacute;, avant tout, &agrave; construire des situations reposant sur un r&eacute;gime de communication sp&eacute;cifique. L&rsquo;intervention implique un effort d&rsquo;&laquo;&nbsp;attention conjointe&nbsp;&raquo; afin de r&eacute;sister au r&eacute;gime attentionnel de &laquo;&nbsp;l&rsquo;alerte<a href="#nbp14o" id="footnoteref14_d8stuiu" name="liennbp14o" title="Ibidem.">14</a>​&nbsp;&raquo; ayant envahi la zad en p&eacute;riode d&rsquo;expulsion. Dans le feu de l&rsquo;action, l&rsquo;intervention litt&eacute;raire <em>pour habiter</em> semble pr&eacute;cis&eacute;ment s&rsquo;effectuer <em>en habitant</em>, &agrave; savoir en s&rsquo;effor&ccedil;ant de pr&eacute;server la possibilit&eacute; d&rsquo;un r&eacute;gime &eacute;cologique de l&rsquo;attention, qui ne fasse l&rsquo;impasse ni sur l&rsquo;humour, ni sur l&rsquo;infra-ordinaire de &laquo;&nbsp;la pluie qui mouille les barricades, l&rsquo;herbe, l&rsquo;amoncellement, les v&eacute;los renvers&eacute;s, les poubelles d&eacute;bordantes, les pieds nus sur la terre, et une basket blanche &ldquo;all star&rdquo; seule et d&eacute;lass&eacute;e au milieu du petit chemin<a href="#nbp98" id="footnoteref98_hqy5390" name="liennbp98" title="« Septembre 2012. Les Planchettes » dans « Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone à Défendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes) », op. cit., p. 24.">98</a>​.&nbsp;&raquo;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><b>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</b></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Bibliographie</strong></p> <p><strong><em>Production litt&eacute;raire de la zad</em></strong></p> <p>Adventices, &laquo;&nbsp;Le Rosier, Petites histoires d&rsquo;une zone &agrave; d&eacute;fendre&nbsp;&raquo;<em>, Infokiosques</em>, d&eacute;cembre 2017 [En ligne]&nbsp;<a href="https://infokiosques.net/spip.php?article1586">https://infokiosques.net/spip.php?article1586</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p>Captain Frog, <em>Po&eacute;tique de l&rsquo;appel d&rsquo;offre</em> [En ligne]&nbsp;<a href="http://poetiquedelappeldoffres.blogspot.com/2013/12/menagement-to-be-continued.html">http://poetiquedelappeldoffres.blogspot.com/2013/12/menagement-to-be-continued.html</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p>Jic, &laquo;&nbsp;Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone &agrave; D&eacute;fendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes)&nbsp;&raquo;, <em>JIC </em>[En ligne]&nbsp;<a href="http://www.ejic.com/">http://www.ejic.com/</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p>Mauvaise Troupe, <em>Constellations</em>, <em>Trajectoires r&eacute;volutionnaires du jeune 21&egrave; si&egrave;cle</em>, Paris, L&rsquo;&Eacute;clat, 2014.</p> <p>Mauvaise Troupe, <em>Contr&eacute;es,</em> Paris, L&rsquo;&Eacute;clat, 2016.</p> <p>Mauvaise Troupe, &laquo;&nbsp;Errekaleor, le plus grand squat du Pays basque&nbsp;&raquo;, collection &laquo;&nbsp;Territoires en bataille&nbsp;&raquo;<em>, </em>n&deg;&nbsp;1, 2018, <em>Constellations </em>[En ligne]&nbsp;<a href="https://mauvaisetroupe.org/IMG/pdf/errekaleor-2.pdf">https://mauvaisetroupe.org/IMG/pdf/errekaleor-2.pdf</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p>Sal&eacute;, Cosma, <em>Chroniques de la zone libre. Des zad au maquis : fragments de l&rsquo;imaginaire autonome, </em>Neuvy-en-Champagne, Le passager clandestin, 2016.</p> <p>Zad Social Rap, <em>Soundcloud</em> [En ligne]&nbsp;<a href="https://soundcloud.com/zadsocialrap">https://soundcloud.com/zadsocialrap</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><strong><em>R&eacute;f&eacute;rences</em></strong></p> <p>Ant&eacute;monde, Ateliers, <em>B&acirc;tir aussi, </em>Paris, Cambourakis<em>, </em>2018.</p> <p>Barbe, Fr&eacute;d&eacute;ric, &laquo; La &laquo; zone &agrave; d&eacute;fendre &raquo; de Notre-Dame-des-Landes ou l&rsquo;habiter comme politique&raquo;, <em>Norois</em>, n&deg;&nbsp;238-239, 2016, p. 109-130.</p> <p>Berque, Augustin, <em>&Eacute;coum&egrave;ne. Introduction &agrave; l&acute;&eacute;tude des milieux humains</em>, Paris, Belin, 2000.</p> <p>Bookchin Murray, <em>Qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;&eacute;cologie sociale&nbsp;?</em> Lyon, Atelier de cr&eacute;ation libertaire, 2003, [1989].</p> <p>Buell, Lawrence, <em>The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture,</em> Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 1995.</p> <p>Carlsson Chris, <em>Nowtopias</em>, &Eacute;dimbourg, AK Press, 2008.</p> <p>Citton, Yves, <em>Pour une &eacute;cologie de l&rsquo;attention</em>, Paris, Seuil, 2014.</p> <p>Comit&eacute; Invisible, <em>&Agrave; nos amis</em>, Paris, La Fabrique, 2014.</p> <p>Crary, Jonathan, <em>24/7, Le Capitalisme &agrave; l&rsquo;assaut du sommeil</em>, Paris, La D&eacute;couverte, 2014.</p> <p>Debord, Guy, &laquo;&nbsp;Manifeste pour une construction de situations&nbsp;&raquo; (septembre 1953), <em>&OElig;uvres compl&egrave;tes</em>, Paris, Gallimard, 2006.</p> <p>De Legge, Jean et Roger Le Guen, <em>D&eacute;gage&nbsp;!&hellip; on am&eacute;nage,</em> Les Sables-d&rsquo;Olonne, Le Cercle d&rsquo;or, 1976.</p> <p>Descola, Philippe, <em>Par-del&agrave; nature et culture,</em> Paris, Gallimard, 2005.</p> <p>Flusser, Vil&eacute;m, <em>Les Gestes,</em> Paris, Hors Commerce d&rsquo;arts, 1999.</p> <p>Fr&eacute;meaux, Isabelle et John Jordan, <em>Les Sentiers de l&rsquo;utopie</em>, Paris, La D&eacute;couverte, 2012.</p> <p>Goyet, Florence, &laquo;&nbsp;Pour une approche organique de l&rsquo;&eacute;pop&eacute;e&nbsp;&raquo; dans &Egrave;ve Feuillebois-Pierunek (dir.), <em>&Eacute;pop&eacute;es du monde. Pour un panorama (presque) g&eacute;n&eacute;ral,</em> Paris, Classiques Garnier, 2011, p.&nbsp;437-455.</p> <p>Henare, Amiria, Martin Holbraad et Sari Wastell, &laquo; Introduction. Thinking through things&nbsp;&raquo; dans Amiria Henare, Martin Holbraad et Sari Wastell (&eacute;ds.), <em>Thinking through things. Theorising artefacts ethnographically</em>, Abingdon/New York, Routledge, 2006, p.&nbsp;1‐31.</p> <p>Ingold, Tim, <em>Marcher avec les dragons, </em>Bruxelles, Zones Sensibles, 2013.</p> <p>Larr&egrave;re, Catherine. &laquo;&nbsp;Anthropoc&egrave;ne&nbsp;: le nouveau grand r&eacute;cit&nbsp;&raquo;, <em>Esprit</em>, n&deg;&nbsp;12 (d&eacute;cembre 2015), p.&nbsp;46-55.</p> <p>Ranci&egrave;re, Jacques, <em>Les Bords de la fiction</em>, Paris, Seuil, 2017.</p> <p>Schneider, Laurent, &laquo;&nbsp;L&rsquo;amour de l&rsquo;apparence&nbsp;: Baudelaire, Nietzsche&nbsp;&raquo;, <em>Romantisme</em>, n&deg;&nbsp;115 (2002), De ceci &agrave; cela, p.&nbsp;83-91.</p> <p>Subra, Philippe, <em>G&eacute;opolitique locale, Territoire, acteurs, conflits</em>, Paris, Armand Colin, 2016.</p> <p>Vignola, Gabriel, &laquo;&nbsp;&Eacute;cocritique, &eacute;cos&eacute;miotique et repr&eacute;sentation du monde en litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, <em>Cygne noir</em>, n&deg;&nbsp;5 (2017). [En ligne] <a href="http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique">http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><a href="#liennbp1" name="nbp1">1</a> &laquo;&nbsp;Aux r&eacute;volt&eacute;-e-s de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;&raquo;, <i>Zadnadir</i>, jeudi 30 ao&ucirc;t 2012, [En ligne]&nbsp;<a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article320">https://zad.nadir.org/spip.php?article320</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp2" name="nbp2">2</a> Le projet d&#39;a&eacute;roport &agrave; Notre-Dame-des-Landes, s&#39;il refait surface en 2000 au minist&egrave;re de l&#39;&Eacute;quipement et des Transports, date initialement des ann&eacute;es 1970. Il a &eacute;t&eacute; abandonn&eacute; officiellement par l&#39;&Eacute;tat en 2018.</p> <p><a href="#liennbp3" name="nbp3">3</a> &laquo;&nbsp;D&eacute;fendre nos mani&egrave;res d&rsquo;habiter la ZAD&nbsp;&raquo;, <i>Zadnadir</i>, dimanche 13 mai 2018, [En ligne]&nbsp;<a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article5801">https://zad.nadir.org/spip.php?article5801</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp4" name="nbp4">4</a> &laquo;&nbsp;Aux r&eacute;volt&eacute;-e-s de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;&raquo;,<em> Zadnadir,</em> art. cit.</p> <p><a href="#liennbp5" name="nbp5">5</a> &laquo;&nbsp;D&eacute;fendre nos mani&egrave;res d&rsquo;habiter la ZAD&nbsp;&raquo;, <i>Zadnadir</i>, art. cit.</p> <p><a href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> &laquo;&nbsp;Comme &agrave; la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, d&eacute;fendons d&#39;autres mani&egrave;res d&rsquo;habiter&nbsp;&raquo;, <i>Mediapart, </i>6 avril 2018 [En ligne]&nbsp;<a href="https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/060418/comme-la-zad-de-notre-dame-des-landes-defendons-dautres-manieres-d-habiter">https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/060418/comme-la-zad-de-notre-dame-des-landes-defendons-dautres-manieres-d-habiter</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp7" name="nbp7">7</a> Cosma Sal&eacute;, <i>Chroniques de la zone libre. Des zad au maquis&nbsp;: fragments de l&#39;imaginaire autonome</i>, Neuvy-en-Champagne, Le passager clandestin, 2016.</p> <p><a href="#liennbp8" name="nbp8">8</a> Collectif d&rsquo;une douzaine de membres, la Mauvaise Troupe a notamment publi&eacute; les livres <i>Constellations </i>(2014)<i>, Contr&eacute;es </i>(2016)<i>, Saisons </i>(2017) ainsi que la collection de textes &laquo;&nbsp;Territoires en bataille&nbsp;&raquo;, disponibles en ligne&nbsp;: <a href="https://mauvaisetroupe.org/">https://mauvaisetroupe.org/</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp9" name="nbp9">9</a> Collectif de six membres habitants de la zad, Adventices a men&eacute; une collecte de voix sur le terrain de la zad qui a abouti &agrave; un recueil publi&eacute; en ligne. Adventices, &laquo;&nbsp;Le Rosier, Petites histoires d&#39;une zone &agrave; d&eacute;fendre&nbsp;&raquo;, <i>Infokiosques, </i>d&eacute;cembre 2017 [En ligne]&nbsp;<a href="https://infokiosques.net/spip.php?article1586">https://infokiosques.net/spip.php?article1586</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp10" name="nbp10">10</a> &Agrave; l&rsquo;initiative de Carilone, habitante de la zad, le Journal Intime Collectif dit &laquo;&nbsp;le JIC&nbsp;&raquo; est un jeu d&#39;&eacute;criture qui s&rsquo;apparente &agrave; un atelier d&rsquo;&eacute;criture et de discussions collectives pour raconter les espaces partag&eacute;s au quotidien. Les productions issues des sessions JIC ont &eacute;t&eacute; rassembl&eacute;es dans un recueil. JIC, &laquo;&nbsp;Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone &agrave; D&eacute;fendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes)&nbsp;&raquo;,<i> JIC </i>[en ligne]. <a href="http://www.ejic.com/">http://www.ejic.com/</a> [site consult&eacute; le 14 novembre 2018].</p> <p><a href="#liennbp11" name="nbp11">11</a> Le Zad Social Rap est un atelier d&rsquo;&eacute;criture et d&rsquo;enregistrement collectif ayant lieu de mani&egrave;re hebdomadaire &agrave; la zad. Les morceaux de rap produits collectivement sont disponibles en ligne. Zad Social Rap, S<i>oundcloud</i> [En ligne]&nbsp;<a href="https://soundcloud.com/zadsocialrap">https://soundcloud.com/zadsocialrap</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp12" name="nbp12">12</a> Les Troupes de l&rsquo;imaginaire d&eacute;signent un groupe d&rsquo;intervention &eacute;ph&eacute;m&egrave;re, constitu&eacute; le dimanche 22 avril 2018 par une trentaine de participants r&eacute;pondant &agrave; l&rsquo;appel de la biblioth&egrave;que de la zad, le Taslu, g&eacute;r&eacute;e par des membres de la Mauvaise Troupe. Voir &laquo;&nbsp;le Taslu appelle les troupes de l&rsquo;imaginaire &agrave; se mobiliser&nbsp;&raquo;, <i>ZadNadir</i>, [En ligne]&nbsp;<u><a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article5604">https://zad.nadir.org/spip.php?article5604</a></u>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp13" name="nbp13">13</a> &laquo;&nbsp;Aux r&eacute;volt&eacute;-e-s de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;&raquo;, <i>Zadnadir,</i> art. cit.</p> <p>14 <a href="#liennbp14a" name="nbp14a">a</a> <a href="#liennbp14b" name="nbp14b">b</a> <a href="#liennbp14c" name="nbp14c">c</a> <a href="#liennbp14d" name="nbp14d">d</a> <a href="#liennbp14e" name="nbp14e">e</a> <a href="#liennbp14f" name="nbp14f">f</a> <a href="#liennbp14g" name="nbp14g">g</a> <a href="#liennbp14h" name="nbp14h">h</a> <a href="#liennbp14i" name="nbp14i">i</a> <a href="#liennbp14j" name="nbp14j">j</a> <a href="#liennbp14k" name="nbp14k">k</a> <a href="#liennbp14l" name="nbp14l">l</a> <a href="#liennbp14m" name="nbp14m">m</a> <a href="#liennbp14n" name="nbp14n">n</a> <a href="#liennbp14o" name="nbp14o">o</a> <i>Ibidem.</i></p> <p><a href="#liennbp15" name="nbp15">15</a> Mauvaise Troupe, <i>Constellations, Trajectoires r&eacute;volutionnaires du jeune 21<sup>e</sup> si&egrave;cle</i>, Paris, L&#39;&Eacute;clat, 2014, p.&nbsp;456.</p> <p><a href="#liennbp16" name="nbp16">16 </a>Philippe Subra, <i>G&eacute;opolitique locale, Territoire, acteurs, conflits</i>, Paris, Armand Colin, 2016, p.&nbsp;42.</p> <p><a href="#liennbp17" name="nbp17">17</a> Jean de Legge et Roger Le Guen, <i>D&eacute;gage&nbsp;!&hellip; on am&eacute;nage,</i> Les Sables-d&#39;Olonne, &Eacute;ditions le Cercle d&#39;or, 1976.</p> <p><a href="#liennbp18" name="nbp18">18</a> Mauvaise Troupe, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;456.</p> <p><a href="#liennbp19" name="nbp19">19</a> Augustin Berque, <em>Ecoum&egrave;ne. Introduction &agrave; l&acute;&eacute;tude des milieux humains</em>, Paris, Belin, 2000.</p> <p><a href="#liennbp20" name="nbp20">20</a> Fr&eacute;d&eacute;ric Barbe, &laquo;&nbsp;La &ldquo;zone &agrave; d&eacute;fendre&rdquo; de Notre-Dame-des-Landes ou l&rsquo;habiter comme politique&nbsp;&raquo;, <i>Norois,</i> n&deg;&nbsp;238-239, 2016, p.&nbsp;109-130.</p> <p><a href="#liennbp21" name="nbp21">21</a> Mauvaise Troupe, <i>Contr&eacute;es</i>, Paris, L&#39;&Eacute;clat, 2016, p.&nbsp;223. <i>Idem</i>, p.&nbsp;227.</p> <p><a href="#liennbp22" name="nbp22">22</a><i> Idem</i>, p.&nbsp;227.</p> <p><a href="#liennbp23" name="nbp23">23</a><i> Idem, </i>p.&nbsp;265.</p> <p><a href="#liennbp24" name="nbp24">24</a> Captain Frog, &laquo;&nbsp;M&eacute;nagement [to be continued]&nbsp;&raquo;, <i>Po&eacute;tique de l&#39;appel d&#39;offre</i> [en ligne]. <a href="http://poetiquedelappeldoffres.blogspot.com/2013/12/menagement-to-be-continued.html">http://poetiquedelappeldoffres.blogspot.com/2013/12/menagement-to-be-continued.html</a> [site consult&eacute; le 14 novembre 2018].</p> <p><a href="#liennbp25" name="nbp25">25</a> Captain Frog, &laquo;&nbsp;Avertissement&nbsp;&raquo;, <i>Po&eacute;tique de l&#39;appel d&#39;offre</i> [en ligne].</p> <p><a href="#liennbp26" name="nbp26">26</a> Captain Frog, &laquo;&nbsp;M&eacute;nagement [to be continued]&nbsp;&raquo;, art. cit.</p> <p><a href="#liennbp27" name="nbp27">27</a> Le communiqu&eacute; &laquo;&nbsp;Aux r&eacute;volt&eacute;-e-s de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;&raquo; de 2012 d&eacute;veloppe ce parti pris de l&#39;interd&eacute;pendance&nbsp;: &laquo;&nbsp;Habiter, c&rsquo;est autre chose. C&rsquo;est un entrelacement de liens. C&rsquo;est appartenir aux lieux autant qu&rsquo;ils nous appartiennent. C&rsquo;est ne pas &ecirc;tre indiff&eacute;rent aux choses qui nous entourent, c&rsquo;est &ecirc;tre attach&eacute;-e-s&nbsp;: aux gens, aux ambiances, aux champs, aux haies, aux bois, aux maisons. &agrave; telle plante qui repousse au m&ecirc;me endroit, &agrave; telle b&ecirc;te qu&rsquo;on prend l&rsquo;habitude de voir l&agrave;. C&rsquo;est &ecirc;tre en prise, en puissance sur nos espaces.&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Aux r&eacute;volt&eacute;-e-s de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;&raquo;, art. cit.</p> <p><a href="#liennbp28" name="nbp28">28</a> Le g&eacute;ographe Fr&eacute;d&eacute;ric Barbe qualifie l&#39;exp&eacute;rience &agrave; la zad d&#39;un &laquo;&nbsp;habiter en conscience d&rsquo;habiter&nbsp;&raquo;, d&eacute;signant par l&agrave; un &laquo;&nbsp;r&eacute;gime critique sp&eacute;cifique de l&rsquo;habiter&nbsp;&raquo;. Fr&eacute;d&eacute;ric Barbe, &laquo;&nbsp;La &ldquo;zone &agrave; d&eacute;fendre&rdquo; de Notre-Dame-des-Landes ou l&rsquo;habiter comme politique&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i></p> <p><a href="#liennbp29" name="nbp29">29</a> Isabelle Fr&eacute;meaux et John Jordan, <i>Les Sentiers de l&#39;utopie</i>, Paris, La d&eacute;couverte, 2012.</p> <p><a href="#liennbp30" name="nbp30">30</a> Chris Carlsson, <i>Nowtopias</i>, &Eacute;dimbourg, AK Press, 2008.</p> <p><a href="#liennbp31" name="nbp31">31</a> Murray Bookchin, <i>Qu&#39;est-ce que l&#39;&eacute;cologie sociale&nbsp;?</i>, Lyon, Atelier de cr&eacute;ation libertaire, 2003, [1989]. Les r&eacute;f&eacute;rentiels politiques qui irriguent la zad sont ici abord&eacute;s trop rapidement. Pour une analyse plus d&eacute;velopp&eacute;e de la gen&egrave;se politique de la zad, voir les travaux de Sylvaine Bulle, &laquo;&nbsp;Une exp&eacute;rimentation territoriale utopique&nbsp;: la ZAD Notre-Dame-des-Landes. Premiers &eacute;l&eacute;ments de gen&egrave;se politique&nbsp;&raquo; dans le cadre du s&eacute;minaire ETAPE n&deg;&nbsp;20, &laquo;&nbsp;Entre th&eacute;orie et pratique&nbsp;: le Comit&eacute; invisible et Notre-Dame-des-Landes&nbsp;&raquo;, Paris, 5 f&eacute;vrier 2016.</p> <p><a href="#liennbp32" name="nbp32">32 </a>Amiria Henare, Martin Holbraad et Sari Wastell, &laquo;&nbsp;Introduction. Thinking through things&nbsp;&raquo; dans Amiria Henare, Martin Holbraad et Sari Wastell (&eacute;ds.), <i>Thinking through things. Theorising artefacts ethnographically</i>, Abingdon/New York, Routledge, p.&nbsp;12.</p> <p><a href="#liennbp33" name="nbp33">33</a> Voir notamment &agrave; la journ&eacute;e d&#39;&eacute;tudes &laquo;&nbsp;Anthropologie et ontologie&nbsp;: une &eacute;tude critique&nbsp;&raquo; qui s&#39;est tenue &agrave; l&#39;ENS d&#39;Ulm le 11 juin 2014.</p> <p><a href="#liennbp34" name="nbp34">34</a> L&#39;un des effets les plus flagrants de la popularisation et de l&#39;appropriation de cette pens&eacute;e relationnelle de l&#39;habiter s&#39;expose dans le retour &agrave; la mode de &laquo;&nbsp;l&#39;habiter po&eacute;tiquement&nbsp;&raquo; dans les arts et la production litt&eacute;raire. Catherine Coquio observe ainsi la multiplication de publications contemporaines qui, dans le r&ecirc;ve &laquo;&nbsp;de r&eacute;unir l&rsquo;art et la vie, la politique et la po&eacute;sie, la contemplation et l&rsquo;action, pour transformer la Terre en un <i>lieu habitable</i>&nbsp;&raquo;, r&eacute;activent le mantra de H&ouml;lderlin (&laquo;&nbsp;En po&egrave;te, l&rsquo;homme habite sur cette terre&nbsp;&raquo;). Dans une perspective critique, la chercheuse propose d&#39;interroger ce revival fran&ccedil;ais du romantisme allemand &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la mondialisation et de l&rsquo;anthropoc&egrave;ne. Catherine Coquio, &laquo;&nbsp;Habiter po&eacute;tiquement le monde&nbsp;&raquo;, Journ&eacute;es d&#39;&eacute;tudes &laquo;&nbsp;Habiter les lieux&nbsp;&raquo;, <i>ZoneZadir,</i> juillet 2018 [En ligne]&nbsp;<a href="https://zonezadir.hypotheses.org/atelier-habiter-poetiquement-le-monde">https://zonezadir.hypotheses.org/atelier-habiter-poetiquement-le-monde</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp35" name="nbp35">35</a> Mauvaise Troupe, <i>Constellations</i>, <i>op. cit., </i>p.&nbsp;456.</p> <p><a href="#liennbp36" name="nbp36">36</a> Philippe Descola, <i>Par-del&agrave; nature et culture,</i> Paris, Gallimard, 2005.</p> <p><a href="#liennbp37" name="nbp37">37</a> Michel Serres, <i>Le Contrat naturel</i>, Paris, Flammarion/Champs, 1992, p.&nbsp;18, cit&eacute; dans Larr&egrave;re, Catherine. &laquo;&nbsp;Anthropoc&egrave;ne&nbsp;: le nouveau grand r&eacute;cit&nbsp;&raquo;, <i>Esprit</i>, n&deg;&nbsp;12 (d&eacute;cembre 2015), p.&nbsp;46-55.</p> <p><a href="#liennbp38" name="nbp38">38</a> &laquo;&nbsp;Fondus dans la for&ecirc;t&nbsp;&raquo;, <i>ZadNadir, </i>mardi 6 novembre 2012 [En ligne]&nbsp;<a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article516">https://zad.nadir.org/spip.php?article516</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp39" name="nbp39">39</a> Zad Social Rap, &laquo;&nbsp;Derri&egrave;re la vitre&nbsp;&raquo; [En ligne]&nbsp;<a href="https://soundcloud.com/zadsocialrap">https://soundcloud.com/zadsocialrap</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp40" name="nbp40">40</a> Jacques Ranci&egrave;re, <i>Les Bords de la fiction</i>, Paris, Seuil, 2017, p.&nbsp;15.</p> <p><a href="#liennbp41" name="nbp41">41</a> Zad Social Rap, art. cit<i>. </i>Un &laquo;&nbsp;huit&nbsp;&raquo; &eacute;tant une mesure de huit temps.</p> <p><a href="#liennbp42" name="nbp42">42</a> Laurent Schneider, &laquo;&nbsp;L&#39;amour de l&#39;apparence : Baudelaire, Nietzsche&nbsp;&raquo;, <i>Romantisme</i>, n&deg;&nbsp;115 (2002), De ceci &agrave; cela, p.&nbsp;83-91.</p> <p><a href="#liennbp43" name="nbp43">43</a> Charles Baudelaire, &laquo;&nbsp;Le mauvais vitrier&nbsp;&raquo;, <i>Petits Po&egrave;mes en prose, </i>dans <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes de Charles Baudelaire, </i>Michel L&eacute;vy fr&egrave;res, 1869, p.&nbsp;21-24.</p> <p><a href="#liennbp44" name="nbp44">44</a> Zad Social Rap, art. cit.</p> <p><a href="#liennbp45" name="nbp45">45 </a>Adventices, &laquo;&nbsp;Le Rosier, Petites histoires d&#39;une zone &agrave; d&eacute;fendre&nbsp;&raquo;, art. cit.</p> <p><a href="#liennbp46" name="nbp46">46</a><i> Idem, </i>p.&nbsp;4.</p> <p><a href="#liennbp47" name="nbp47">47</a> Mauvaise Troupe, <i>Constellations</i>, <i>op. cit. </i>p.&nbsp;467.</p> <p><a href="#liennbp48" name="nbp48">48</a> Tim Ingold, <i>Marcher avec les dragons, </i>Bruxelles, Zones Sensibles, 2013.</p> <p><a href="#liennbp49" name="nbp49">49</a> Entretien avec le collectif Adventices, 25 mars 2018.</p> <p><a href="#liennbp50" name="nbp50">50</a> Adventices, <i>Le Rosier, op. cit.</i>, p.&nbsp;5.</p> <p><a href="#liennbp51" name="nbp51">51</a> Vil&eacute;m Flusser, <i>Les Gestes,</i> Paris, &Eacute;d. Hors Commerce d&#39;arts, 1999, p.&nbsp;43.</p> <p><a href="#liennbp52" name="nbp52">52</a> &laquo;&nbsp;Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone &agrave; D&eacute;fendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes)&nbsp;&raquo;, <i>Jic, </i>p.&nbsp;2 [en ligne]. <a href="http://www.ejic.com/">http://www.ejic.com/</a> [site consult&eacute; le 14 novembre 2018].</p> <p><a href="#liennbp53" name="nbp53">53</a> Entretien avec Carilone, 7 avril 2018.</p> <p><a href="#liennbp54" name="nbp54">54 </a>&laquo;&nbsp;Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone &agrave; D&eacute;fendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes)&nbsp;&raquo;<i>, op. cit.</i>, p.&nbsp;4.</p> <p><a href="#liennbp55" name="nbp55">55</a> Jonathan Crary, <i>24/7, Le Capitalisme &agrave; l&#39;assaut du sommeil</i>, Paris, La D&eacute;couverte, 2014.</p> <p><a href="#liennbp56" name="nbp56">56</a> &laquo;&nbsp;Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone &agrave; D&eacute;fendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes)&nbsp;&raquo;<i>, op. cit.</i>, p.&nbsp;34.</p> <p><a href="#liennbp57" name="nbp57">57</a> Ce refus n&#39;est pas sans rappeler le d&eacute;veloppement, en sciences humaines et sociales, d&#39;une approche relationnelle du travail de terrain, initi&eacute;e notamment par les <i>sciences studies </i>f&eacute;ministes am&eacute;ricaines. L&#39;initiatrice du JIC revendique d&#39;ailleurs une filiation avec l&#39;ethnologie&nbsp;: &laquo;&nbsp;on est tous des petits ethnologues&raquo; (Entretien avec Carilone, 7 avril 2018). &laquo;&nbsp;Relation d&#39;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;co-savoir&nbsp;&raquo;, engagement perceptuel et co-construction sont d&eacute;sormais les ma&icirc;tres mots d&#39;un terrain pens&eacute; avant tout dans sa dimension relationnelle.</p> <p><a href="#liennbp58" name="nbp58">58</a> &laquo;&nbsp;Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone &agrave; D&eacute;fendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes)&nbsp;&raquo;<i>, op. cit.</i>, p.&nbsp;34.</p> <p><a href="#liennbp59" name="nbp59">59</a><i> Idem,</i> p.&nbsp;7.</p> <p><a href="#liennbp60" name="nbp60">60</a> Lawrence Buell, <i>The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture</i>, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 1995.</p> <p><a href="#liennbp61" name="nbp61">61</a> Pour une pr&eacute;sentation synth&eacute;tique des grandes lignes de l&#39;&eacute;cos&eacute;miotique, voir l&#39;article de Gabriel Vignola, &laquo;&nbsp;&Eacute;cocritique, &eacute;cos&eacute;miotique et repr&eacute;sentation du monde en litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, <i>Cygne noir</i>, n&deg;&nbsp;5, 2017 [en ligne]. <a href="http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique">http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique</a> [site consult&eacute; le 14 novembre 2018].</p> <p><a href="#liennbp62" name="nbp62">62</a> Entretien avec la Mauvaise Troupe, 10 mai 2018.</p> <p><a href="#liennbp63" name="nbp63">63</a> Vil&eacute;m Flusser, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;50.</p> <p><a href="#liennbp64" name="nbp64">64</a> Genevi&egrave;ve Pruvost, &laquo;&nbsp;Critique en acte de la vie quotidienne &agrave; la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (2013-2014)&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Politix</i>, vol.&nbsp;117, n&deg;&nbsp;1, 2017, p.&nbsp;35-62.</p> <p><a href="#liennbp65" name="nbp65">65</a> Mauvaise Troupe, <i>Contr&eacute;es, op. cit, </i>p.&nbsp;9.</p> <p><a href="#liennbp66" name="nbp66">66</a> Zad Social Rap, &laquo;&nbsp;Votre-Dame-du-Vietnam&nbsp;&raquo; [En ligne]&nbsp;<a href="https://soundcloud.com/zadsocialrap">https://soundcloud.com/zadsocialrap</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp67" name="nbp67">67</a> Le titre du morceau renvoie en effet &agrave; la remarque de l&rsquo;&eacute;ditorialiste Christophe Barbier sur BFMTV &agrave; propos de l&rsquo;&eacute;vacuation de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;: &laquo;&nbsp;On est plus proche d&rsquo;un gu&eacute;rilla type Vietnam des pauvres que de la simple r&eacute;pression d&rsquo;une manifestation&nbsp;&raquo; cit&eacute; dans Samuel Gontier, &laquo;&nbsp;&Agrave; Notre-Dame-des-Landes, &ldquo;le Vietnam des pauvres&rdquo; menace la France d&rsquo;une &ldquo;gu&eacute;rilla&rdquo;&nbsp;&raquo;,<i> T&eacute;l&eacute;rama, </i>15 d&eacute;cembre 2017 [En ligne]&nbsp;<a href="https://www.telerama.fr/television/a-notre-dame-des-landes,-le-vietnam-des-pauvres-menace-la-france-dune-guerilla,n5402676.php">https://www.telerama.fr/television/a-notre-dame-des-landes,-le-vietnam-des-pauvres-menace-la-france-dune-guerilla,n5402676.php</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp68" name="nbp68">68</a> Zad<i> </i>Social Rap, &laquo;&nbsp;Votre-Dame-du-Vietnam&nbsp;&raquo;<i>, op. cit.</i></p> <p><a href="#liennbp69" name="nbp69">69</a> Voir l&rsquo;enqu&ecirc;te d&rsquo;Acrimed, observatoire des m&eacute;dias ind&eacute;pendant&nbsp;: Acrimed, &laquo;&nbsp;D&eacute;sinformation sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes&nbsp;: les m&eacute;dias au garde-&agrave;-vous&nbsp;&raquo;, <i>Acrimed</i>, mardi 2 janvier 2018<i> </i>[En ligne]&nbsp;<a href="https://www.acrimed.org/Desinformation-sur-la-ZAD-de-Notre-Dame-des">https://www.acrimed.org/Desinformation-sur-la-ZAD-de-Notre-Dame-des</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp70" name="nbp70">70 </a>&laquo;&nbsp;L&#39;imaginaire de la zad, entretien avec le Collectif Mauvaise Troupe&nbsp;&raquo;, <i>Mouvement</i>, 8 mars 2016 [en ligne]. <a href="http://www.mouvement.net/">http://www.mouvement.net/</a> [site consult&eacute; le 14 novembre 2018].</p> <p><a href="#liennbp71" name="nbp71">71</a> Adventices, <i>Le Rosier, op. cit.</i>, p.&nbsp;3.</p> <p><a href="#liennbp72" name="nbp72">72</a> Zad Social Rap, &laquo;&nbsp;Enfant, chant de col&egrave;re&nbsp;&raquo; [En ligne]&nbsp;<a href="https://soundcloud.com/zadsocialrap">https://soundcloud.com/zadsocialrap</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp73" name="nbp73">73</a> Mauvaise Troupe, <i>Contr&eacute;es,</i> <i>op. cit., </i>p.&nbsp;9.</p> <p><a href="#liennbp74" name="nbp74">74</a> C&#39;est ainsi que sont pr&eacute;sent&eacute;s les textes issus des ateliers du Journal Intime Collectif.</p> <p><a href="#liennbp75" name="nbp75">75</a> Mauvaise Troupe, <i>Constellations, op. cit., </i>p.&nbsp;462.</p> <p><a href="#liennbp76" name="nbp76">76</a> NO TAV est un mouvement de protestation dans la vall&eacute;e de Suse contre le projet de construction d&rsquo;une ligne de train &agrave; grande vitesse Lyon-Turin.</p> <p><a href="#liennbp77" name="nbp77">77</a> Mauvaise Troupe, &ldquo;Errekaleor, le plus grand squat du Pays basque&rdquo;, collection &laquo;&nbsp;Territoires en bataille&nbsp;&raquo;<i>, </i>n&deg;&nbsp;1, 2018, <i>Constellations </i>[En ligne]<i>&nbsp;</i><a href="https://mauvaisetroupe.org/IMG/pdf/errekaleor-2.pdf">https://mauvaisetroupe.org/IMG/pdf/errekaleor-2.pdf</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp78" name="nbp78">78</a> Guy Debord, <i>Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l&rsquo;organisation et de l&rsquo;action de la tendance situationniste internationale</i>, Paris, Mille-et-une-nuits, Poche, 2000, [1957].</p> <p><a href="#liennbp79" name="nbp79">79 </a>&laquo;&nbsp;Messages de soutien et chanson de Raoul Vaneigem&nbsp;&raquo;, ZadNadir, lundi 23 avril 2018 [En ligne]&nbsp;<a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article5679">https://zad.nadir.org/spip.php?article5679</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp80" name="nbp80">80</a> Guy Debord, &laquo;&nbsp;Manifeste pour une construction de situations&nbsp;&raquo;, septembre 1953, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, Paris, Gallimard, 2006, p.&nbsp;108.</p> <p><a href="#liennbp81" name="nbp81">81</a> Isabelle Fr&eacute;meaux et John Jordan, &laquo;&nbsp;Notre-Dame-Des-Landes&nbsp;: la communaut&eacute; des gens de boue&nbsp;&raquo;, aux Laboratoires d&#39;Aubervilliers, 19 mai 2013 [En ligne]&nbsp;<a href="https://vimeo.com/72884670">https://vimeo.com/72884670</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp82" name="nbp82">82</a> Mauvaise Troupe, <i>Constellations</i>, <i>op. cit</i>., p.&nbsp;495.</p> <p><a href="#liennbp83" name="nbp83">83</a> Voir notamment la rencontre-d&eacute;bat avec &Eacute;ric Vuillard, le 1er f&eacute;vrier 2018 &agrave; la biblioth&egrave;que du Taslu, quelques mois apr&egrave;s que l&#39;&eacute;crivain a obtenu le prix Goncourt de litt&eacute;rature pour <em>L&#39;Ordre du jour</em>.</p> <p><a href="#liennbp84" name="nbp84">84</a> &laquo;&nbsp;Qui sommes-nous ?&nbsp;&raquo;, <i>Ateliers de l&#39;Ant&eacute;monde </i>[En ligne]&nbsp;<a href="https://antemonde.org/">https://antemonde.org/</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp85" name="nbp85">85</a> Pour plus de renseignements, voir <i>B&acirc;tir aussi</i>, premi&egrave;re &eacute;dition de textes issus de pr&eacute;c&eacute;dents ateliers d&#39;&eacute;criture des Ateliers de l&#39;Ant&eacute;monde dans d&#39;autres territoires fran&ccedil;ais. Ateliers Ant&eacute;monde, <i>B&acirc;tir aussi,</i> Paris, &Eacute;ditions Cambourakis<i>, </i>2018.</p> <p><a href="#liennbp86" name="nbp86">86</a> Voir notamment sa ballade-lecture dans la for&ecirc;t de Rohanne du 17 mai 2018, <i>ZadNadir</i>, [En ligne]&nbsp;<a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article5817">https://zad.nadir.org/spip.php?article5817</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp87" name="nbp87">87</a> Comit&eacute; Invisible, <i>&Agrave; nos amis</i>, Paris, La Fabrique, 2014, p.&nbsp;31.</p> <p><a href="#liennbp88" name="nbp88">88</a> Mauvaise Troupe, <i>Constellations, op. cit., </i>p.&nbsp;287.</p> <p><a href="#liennbp89" name="nbp89">89</a> &laquo;&nbsp;le Taslu appelle les troupes de l&rsquo;imaginaire &agrave; se mobiliser&nbsp;&raquo;, <i>ZadNadir</i>, [En ligne]&nbsp;<u><a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article5604">https://zad.nadir.org/spip.php?article5604</a></u>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp90" name="nbp90">90</a> Georg Luk&aacute;cs, <i>La Th&eacute;orie du roman, </i>Collection Tel (n&deg;&nbsp;144), Paris, Gallimard, 1989, cit&eacute; par Florence Goyet, &laquo;&nbsp;Pour une approche organique de l&#39;&eacute;pop&eacute;e&nbsp;&raquo; dans Feuillebois-Pierunek &Egrave;ve (dir.), <i>Epop&eacute;es du monde. Pour un panorama (presque) g&eacute;n&eacute;ral,</i> Paris, Classiques Garnier, 2011.</p> <p><a href="#liennbp91" name="nbp91">91</a> Florence Goyet, &laquo;&nbsp;Pour une approche organique de l&#39;&eacute;pop&eacute;e&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;443.</p> <p><a href="#liennbp92" name="nbp92">92</a> Appel de la biblioth&egrave;que du Taslu communiqu&eacute; sur les listes de diffusion des mobilisations universitaires de 2018.</p> <p><a href="#liennbp93" name="nbp93">93</a> &laquo;&nbsp;Une barricade de mots pour d&eacute;fendre la ZAD&nbsp;&raquo;, <i>Mouvements</i>, vol.&nbsp;89, n&deg;&nbsp;1, 2017, p.&nbsp;149-154.</p> <p><a href="#liennbp94" name="nbp94">94</a> Il s&rsquo;agit d&rsquo;un projet d&rsquo;ab&eacute;c&eacute;daire de la zad &eacute;labor&eacute; par &laquo;&nbsp;plusieurs dizaines de chercheur-es, pr&eacute;caires, &eacute;tudiant-es, enseignant-es, &eacute;crivain-es, &eacute;diteur-es, journalistes, militant-es associatifs et syndicaux&nbsp;&raquo;. Voir &laquo;&nbsp;Barricades de mots en d&eacute;fense de la zad&nbsp;&raquo;, <i>Zadnadir</i> [En ligne]&nbsp;<a href="https://blogs.mediapart.fr/jade-lindgaard/blog/021116/barricade-de-mots-en-defense-de-la-zad">https://blogs.mediapart.fr/jade-lindgaard/blog/021116/barricade-de-mots-en-defense-de-la-zad</a> (consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp95" name="nbp95">95</a> &laquo;&nbsp;Appel aux troupes de l&rsquo;imaginaire #2&nbsp;: Grand concours d&rsquo;outrage aux forces de l&rsquo;ordre.&nbsp;&raquo; <i>Zadnadir</i> [En ligne]&nbsp;<a href="https://zad.nadir.org/spip.php?article5859">https://zad.nadir.org/spip.php?article5859</a>&nbsp;(consult&eacute; le 14 novembre 2018).</p> <p><a href="#liennbp96" name="nbp96">96 </a>Une large partie de la session de lecture a eu lieu sur les ruines du Gourbi, lieu de vie collectif plusieurs fois d&eacute;truit, plusieurs fois reconstruit.</p> <p><a href="#liennbp97" name="nbp97">97</a> Yves Citton, <i>Pour une &eacute;cologie de l&#39;attention</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 2014.</p> <p><a href="#liennbp98" name="nbp98">98</a> &laquo;&nbsp;Septembre 2012. Les Planchettes&nbsp;&raquo; dans &laquo;&nbsp;Absolument tous les recueils du JIC (Journal Intime Collectif) de la ZAD (Zone &agrave; D&eacute;fendre) de NDDL (Notre Dame Des Landes)&nbsp;&raquo;<i>, op. cit.</i>, p.&nbsp;24.</p>