<p> Ce « collaborateur de la première heure » de <em>La Libre Belgique</em>, P. Wauwermans, revient par l’écriture de ses souvenirs à la « terre » des origines du journal, en généalogiste qui circonscrit le territoire de ses ancêtres et se met en quête d’une histoire originelle. Il convoque un outil de mesure du temps de la vie humaine (« les tables de vie ») pour opérer une lecture de la longévité du journal et de ses acteurs ; les rédacteurs de 1933 appartiennent alors à la deuxième « génération » de journalistes de la maison. Il autorise donc à questionner la transmission de valeurs d’une génération à la suivante. L’anniversaire du journal s’apparente à celui d’un mariage (les « noces d’or ») ; c’est donc que ces générations successives sont les garantes d’une union et de promesses originelles. Ces deux métaphores, généalogique et maritale, invitent alors à questionner la permanence des identités journalistiques et de certains principes, tout autant que l'attachement des journalistes à leur maison. Cette double symbolique permet également de prendre conscience du contrat moral que peut représenter l'activité de journaliste, ce contrat étant exprimé non en termes de responsabilité sociale (contrat passé avec les lecteurs) mais d'appartenance à un lignage qui engage (double contrat passé avec une précédente génération et vis-à-vis des alliances fondatrices qu'elle a conclues). Aussi, la célébration de ce contrat originel peut à la fois être le moment de rappeler l'importance de certains (principes) fondateurs et de mesurer l'héritage reçu d'un tel contrat.</p>