<p>En 1926, lors de l’une des premières réunions entre surréalistes et membres de la revue communiste <i>Clarté</i>, il est décidé de « critiquer objectivement les activités révolutionnaires intellectuelles (comme certaines tentatives anticipées de culture prolétarienne [<i>sic</i>]) dans la mesure où elles se réclament d'activités intellectuelles qui relèvent : a) du dilettantisme, b) de l'aristocratie, c) du libéralisme intellectuel, d) de l'esprit européen ». Par cette déclaration fracassante, les surréalistes rejoignent une critique contre le dilettantisme révolutionnaire de plus en plus courante dans les années 1920, en particulier au cœur des avant-gardes politiques. Le dilettante, figure à l’origine musicale puis littéraire, avait d’abord été incarné par Ernest Renan dans la célèbre étude de Paul Bourget : il y était décrit comme un être inconséquent, observant les idéologies sans jamais y souscrire, et n’ayant d’appréhension du monde qu’esthétique. Bourget lui reproche son manque de profondeur et de force vitale. Individu peu fiable, le dilettante ne fournit pas le soutien nécessaire à la bonne santé de la société.</p>