<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Contre l&rsquo;agitation et la dimension gestionnaire de la vie quotidienne, Barthes cultive tout au long de son &oelig;uvre une forme de dilection pour l&#39;effacement et l&rsquo;oisivet&eacute;. Il r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; des formes de vies alternatives, en marge de la communaut&eacute; politique institu&eacute;e. Cette mani&egrave;re marginale de conduire sa vie semble se cristalliser dans la figure de l&rsquo;<i>amateur</i>. Dans les ann&eacute;es 1970, le terme revient de plus en plus fr&eacute;quemment, sous une forme substantiv&eacute;e, dot&eacute;e d&rsquo;une majuscule et pr&eacute;c&eacute;d&eacute; de l&rsquo;article ind&eacute;fini. L&rsquo;Amateur est alors hiss&eacute; au rang de <i>figure</i>. La figure, chez Barthes est une &laquo;&nbsp;allusion rh&eacute;torique&nbsp;(= un morceau cern&eacute; de discours, rep&eacute;rable puisque intitulable)&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 549</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn1" id="_ftnref1" name="_ftnref1">1</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">). La figure n&rsquo;a donc pas la rigueur philosophique d&rsquo;un concept, ou l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; suppos&eacute;e d&rsquo;une notion. Elle laisse pr&eacute;sager les recompositions et les mobilit&eacute;s, comme l&rsquo;a montr&eacute; Mathias &Eacute;c&oelig;ur &agrave; propos de Barthes et la musique</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn2" id="_ftnref2" name="_ftnref2">2</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">. Pr&eacute;cis&eacute;ment, si la r&eacute;flexion de Barthes sur l&rsquo;amateur &eacute;volue, il y a une constante&nbsp;: l&rsquo;amateur, loin de n&rsquo;&ecirc;tre pour lui qu&rsquo;une version inaboutie et par-l&agrave; m&eacute;diocre de l&rsquo;artiste ou du professionnel, constitue toujours une figure valoris&eacute;e. Par un renversement des valeurs, Barthes place &laquo;&nbsp;au sommet des hi&eacute;rarchies esth&eacute;tiques l&rsquo;amateur et non pas le professionnel&nbsp;&raquo; (<i>PDR</i> 351-352). </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Nous commencerons par montrer la fa&ccedil;on dont Barthes th&eacute;orise la figure de l&rsquo;amateur en tant qu&rsquo;individu clandestin, qui ne produirait que pour sa jouissance propre, en mobilisant la notion bataillienne de <i>d&eacute;pense </i>(I). Ensuite, nous verrons comment Barthes en vient dans les ann&eacute;es 1970 &agrave; multiplier les r&eacute;f&eacute;rences &agrave; une &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo;, politisant par-l&agrave; une figure jusqu&rsquo;alors solitaire et en retrait. Sur le mode proph&eacute;tique, Barthes va jusqu&rsquo;&agrave; sugg&eacute;rer que l&rsquo;advenue d&rsquo;un groupement d&rsquo;amateurs pourrait constituer un potentiel &eacute;mancipateur pour une civilisation qui se lib&eacute;rerait de ses imp&eacute;ratifs de rendement et de productivit&eacute; (II). Enfin, nous tracerons un parall&egrave;le entre la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; et la micro-communaut&eacute; idiorrythmique th&eacute;oris&eacute;e par Barthes dans<i> </i>son premier cours au Coll&egrave;ge de France. &Agrave; ce titre, nous nous demanderons si la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; pourrait &ecirc;tre fond&eacute;e pratiquement, ou si elle est condamn&eacute;e &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;un fantasme. Ne faut-il pas consid&eacute;rer que seule une communaut&eacute; fond&eacute;e par sa n&eacute;gation pourrait constituer un v&eacute;ritable rempart contre les r&eacute;cup&eacute;rations politiques ou &eacute;conomiques&nbsp;? En ce sens, la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; ne pourrait exister autrement que comme <i>utopie</i> ou comme imagination de l&rsquo;impossible. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Produire &laquo;&nbsp;pour rien&nbsp;&raquo;&nbsp;: la d&eacute;pense de l&rsquo;amateur </span></span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Les discours qui entourent la figure de l&rsquo;amateur chez Barthes sont toujours positifs. Cela est d&rsquo;autant plus surprenant que, comme l&rsquo;a justement montr&eacute; Adrien Chassain, l&rsquo;amateur, dans l&rsquo;usage commun, est souvent pr&eacute;sent&eacute; comme l&rsquo;envers du professionnel, du fait de &laquo;&nbsp;sa technique d&eacute;faillante, son manque de rigueur ou son rapport passif, de simple connaisseur, &agrave; la cr&eacute;ation</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn3" id="_ftnref3" name="_ftnref3">3</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. Comme le souligne Barthes, &laquo;&nbsp;le &ldquo;bon sens&rdquo; a une certaine commis&eacute;ration pour l&rsquo;amateurisme&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 574). Ordinairement, ajoute-t-il, &laquo;&nbsp;l&rsquo;amateur est d&eacute;fini comme une immaturation de l&rsquo;artiste&nbsp;: quelqu&rsquo;un qui ne peut &mdash; ou ne veut &mdash; se hausser &agrave; la ma&icirc;trise d&rsquo;une profession&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 868). Or, aux yeux de Barthes, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment parce que l&rsquo;amateur n&rsquo;est pas l&rsquo;artiste qu&rsquo;il a quelque chose en plus. Par un renversement des valeurs dont il est coutumier, Barthes va jusqu&rsquo;&agrave; d&eacute;clarer que &laquo;&nbsp;l&rsquo;Artiste devrait bien, de temps en temps, simuler l&rsquo;Amateur&nbsp;&raquo; (<i>PDR</i> 230). Mais qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;amateur a de plus que l&rsquo;artiste&nbsp;? Premi&egrave;rement, pour Barthes, l&rsquo;amateur c&rsquo;est &laquo;&nbsp;<i>celui qui ne montre pas</i>, ce qui ne se fait pas entendre&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 396). &Agrave; l&rsquo;image du peintre R&eacute;quichot, &laquo;&nbsp;qui r&eacute;pugnait &agrave; montrer sa peinture&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 378), l&rsquo;amateur est r&eacute;ticent &agrave; exhiber son &oelig;uvre. Dans le secret de sa pratique, il se soustrait au regard qu&rsquo;autrui et lui-m&ecirc;me portent sur son travail. Pour Barthes, l&agrave; o&ugrave; il y a transitivit&eacute; et communication, l&agrave; o&ugrave; l&rsquo;&oelig;uvre produite est destin&eacute;e &agrave; &ecirc;tre montr&eacute;e, il est impossible de se d&eacute;faire de l&rsquo;imago : &laquo; Quand je parle, imm&eacute;diatement je pense à l&rsquo;image de ma parole qui se forme en vous qui êtes là. Par là même, je suis pris dans un processus imaginaire qui est vertigineux et sans solution, sans apaisement &raquo; (<i>PDR</i> 441). Or, pr&eacute;cis&eacute;ment, ce que l&rsquo;amatorat</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn4" id="_ftnref4" name="_ftnref4">4</a> <span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">suspend, c&rsquo;est la pose. L&rsquo;amateur, contrairement &agrave; l&rsquo;artiste, est du c&ocirc;t&eacute; de &laquo; la jouissance pure (retir&eacute;e de toute n&eacute;vrose) &raquo;. L&rsquo;artiste, lui, d&egrave;s lors qu&rsquo;il se montre et montre ce qu&rsquo;il produit, &laquo; doit composer avec un imago, qui est le discours que l&rsquo;Autre tient sur ce qu&rsquo;il fait &raquo; (OCIV 396).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Comme le souligne Claude Coste, c&rsquo;est lorsque Barthes &eacute;crit, peint, ou dessine &laquo; qu&rsquo;il &eacute;chappe &agrave; l&rsquo;Imaginaire qui vient &agrave; la fois des autres (on me repr&eacute;sente) et de soi-m&ecirc;me (je me repr&eacute;sente)</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn5" id="_ftnref5" name="_ftnref5">5</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:"> &raquo;. L&rsquo;amateur produit clandestinement et pour lui-m&ecirc;me. Le &laquo;&nbsp;profit &eacute;norme de la situation d&rsquo;amateur&nbsp;&raquo;, en ce sens, &laquo;&nbsp;c&rsquo;est qu&rsquo;elle ne comporte pas d&rsquo;imaginaire, de narcissisme&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 861). De plus, ne produisant pas sur commande, sa pratique est lib&eacute;r&eacute;e de tout imp&eacute;ratif de productivit&eacute; ou de rendement. Or, pr&eacute;cis&eacute;ment, Barthes, qui &eacute;crivait souvent &laquo;&nbsp;pour r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;incitation de quelqu&rsquo;un&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 1040)</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn6" id="_ftnref6" name="_ftnref6">6</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">, est fatigu&eacute; par les textes de commande. Dans <i>La Pr&eacute;paration du roman</i>, la commande est apparent&eacute;e &agrave; une &laquo;&nbsp;t&acirc;che de gestion&nbsp;&raquo;, au m&ecirc;me titre que les &laquo;&nbsp;cours&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;courriers&nbsp;&raquo;, les &laquo;&nbsp;rendez-vous&nbsp;&raquo;, ou tout bonnement les &laquo;&nbsp;choses &agrave; faire&nbsp;&raquo; (<i>PDR</i> 256). En outre, confie Barthes, non seulement &laquo;&nbsp;le sujet &eacute;crivain subit une pression incessante&nbsp;&raquo;, mais en plus, &laquo;&nbsp;neuf fois sur dix, ce sont des demandes innocemment venues de la doxa sociale, de la masse sociale, qui visent &agrave; [le] faire r&eacute;p&eacute;ter ce qu&rsquo;[il] a d&eacute;j&agrave; dit&nbsp;&raquo; (<i>PDR</i> 21-22). Ainsi, il est logique que les activit&eacute;s qui comblent le plus l&rsquo;amateur en lui soient justement celles qui sont d&eacute;li&eacute;es du travail et de la recherche universitaire&nbsp;:&nbsp; </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><q><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;Lire&nbsp;? Mais c&rsquo;est mon travail. &Eacute;crire&nbsp;? Encore plus. C&rsquo;est pour cela que j&rsquo;aimais bien la peinture. C&rsquo;est une activit&eacute; absolument gratuite, corporelle, esth&eacute;tique, malgr&eacute; tout et en m&ecirc;me temps un vrai repos, une vraie paresse, parce que, n&rsquo;&eacute;tant rien de plus qu&rsquo;un amateur, je n&rsquo;y investissais aucune esp&egrave;ce de narcissisme. Cela m&rsquo;&eacute;tait &eacute;gal de faire bien ou mal <b>(</b><i>OCV</i> 762). </span></span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Face &agrave; cette &eacute;conomie de la commande, la production de l&rsquo;amateur appara&icirc;t bien comme un acte de pure gratuit&eacute;, ne r&eacute;pondant qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;impulsion individuelle d&rsquo;un besoin de produire pour soi. L&rsquo;amateur, comme l&rsquo;amoureux, produit &laquo;&nbsp;sans compter son temps, ses facult&eacute;s, sa fortune [&hellip;] sans esprit de réserve et de compensation&nbsp;&raquo;, l&agrave; o&ugrave; le professionnel s&rsquo;ins&egrave;re dans &laquo;&nbsp;une &eacute;conomie bourgeoise de la r&eacute;pl&eacute;tion&nbsp;&raquo;<b> </b>(<i>FDA</i> 116).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">La gratuit&eacute; de la production de l&rsquo;amateur peut &ecirc;tre rapproch&eacute;e de la notion bataillienne de <i>d&eacute;pense</i></span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn7" id="_ftnref7" name="_ftnref7">7</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">. Barthes revendique d&rsquo;ailleurs l&rsquo;emprunt &agrave; Bataille, qualifiant par ce terme tout &laquo;&nbsp;ce qu&rsquo;on fait pour rien, sans aucune esp&egrave;ce d&rsquo;esprit d&rsquo;&eacute;change&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 537). La d&eacute;pense, aussi qualifi&eacute;e sous la plume de Bataille d&rsquo;exc&egrave;s, de démesure, de violence, de consumation, de consommation sans calcul, de potlatch ou encore de crue, renvoie à toutes les exp&eacute;riences improductives, qui n&rsquo;ont d&rsquo;autres fins que d&rsquo;exister et qui sont inutilisables par la société marchande. Ainsi, &laquo;&nbsp;le luxe, les deuils, la guerre, les cultes, les constructions de monuments somptuaires, les jeux, les spectacles, les arts, l&rsquo;activité sexuelle perverse (c&rsquo;est-à-dire d&eacute;tourner de la finalité g&eacute;nitale)</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn8" id="_ftnref8" name="_ftnref8">8</a>&nbsp;<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&raquo;, mais aussi le &laquo; rire, [l&rsquo;] h&eacute;ro&iuml;sme, [le] sacrifice, [l&rsquo;] extase, [la] po&eacute;sie, [l&rsquo;] &eacute;rotisme, ou autres &raquo; sont &laquo; les diverses formes de la d&eacute;pense</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn9" id="_ftnref9" name="_ftnref9">9</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:"> &raquo;. La d&eacute;pense de Bataille recoupe alors les forces de la souveraineté s&rsquo;opposant au travail marchand, à l&rsquo;id&eacute;ologie, et à la productivité. L&rsquo;amateur de Barthes, en cultivant gratuitement son art sans souci de faire &oelig;uvre, fait alors acte de souverainet&eacute;. Il embl&eacute;matise &laquo;&nbsp;un rapport &eacute;mancip&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;, o&ugrave; &laquo;&nbsp;les r&ocirc;les de producteur et de consommateur se confondent ou permutent&nbsp;&raquo;, o&ugrave; &laquo;&nbsp;la technique s&rsquo;exerce et se r&eacute;fl&eacute;chit innocemment, hors des valeurs professionnelles de perfection, de performance ou de virtuosit&eacute;</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn10" id="_ftnref10" name="_ftnref10">10</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. Si l&rsquo;amateur produit, c&rsquo;est toujours par <i>d&eacute;s&oelig;uvrement</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire sans volont&eacute; de faire &oelig;uvre&nbsp;: &laquo;&nbsp;nulle pens&eacute;e du gain final&nbsp;: la D&eacute;pense est ouverte, &agrave; l&rsquo;infini [&hellip;] sans but&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 116). Il ne vise alors gu&egrave;re la perfection, la coh&eacute;rence et l&rsquo;ach&egrave;vement, qui sont les exigences classiques de l&rsquo;&oelig;uvre. L&rsquo;amateur, ajoute Barthes, &laquo;&nbsp;n&rsquo;est nullement un h&eacute;ros (de la cr&eacute;ation, de la performance)&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 632)&nbsp;; sa grandeur n&rsquo;a rien de grandiose. Il est &laquo;&nbsp;celui qui fait de la peinture, de la musique, du sport, de la science, sans esprit de ma&icirc;trise ou de comp&eacute;tition&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 632). Sa pratique, par excellence non-&oelig;uvre, ne s&rsquo;&eacute;puise pas en vain &laquo; &agrave; tenter d&rsquo;arpenter une totalit&eacute; dont les contours toujours se d&eacute;robent&nbsp;&raquo;&nbsp;: elle &eacute;chappe ainsi &laquo;&nbsp;&agrave; la tyrannie du Tout inconnaissable</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn11" id="_ftnref11" name="_ftnref11">11</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. L&rsquo;amateur, c&rsquo;est donc celui qui valorise le fait de produire en soi, sans concevoir le produit fini &mdash; l&rsquo;&oelig;uvre &mdash; comme une fin. En ce sens, &laquo;&nbsp;il met l&rsquo;accent sur la production de l&rsquo;&oelig;uvre et non sur l&rsquo;&oelig;uvre comme produit&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 574). L&rsquo;amatorat revient donc &agrave; &laquo;&nbsp;d&eacute;penser sans terme, sans crise&nbsp;&raquo;, ou, pour le dire autrement, &agrave; &laquo;&nbsp;pratiquer un rapport sans orgasme&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 103). La production de l&rsquo;amateur, en ce sens, est <i>d&eacute;chet</i></span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn12" id="_ftnref12" name="_ftnref12">12</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:"><i>&nbsp;</i>: elle ne prend pas place &laquo;&nbsp;dans une &eacute;conomie d&rsquo;&eacute;change&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 107)<i>.</i> Le d&eacute;chet, sous la plume de Barthes, d&eacute;signe g&eacute;n&eacute;ralement &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment improductif, l&rsquo;excr&eacute;ment auquel aboutit un processus et dont on se d&eacute;barrasse sans gloire&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn13" id="_ftnref13" name="_ftnref13">13</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">. Comment souvent chez Barthes, les termes les plus vils sont sublim&eacute;s et le d&eacute;chet ne doit pas &ecirc;tre entendu en un sens p&eacute;joratif, mais bien plut&ocirc;t comme ce que ni la soci&eacute;t&eacute; ni le pouvoir ne pourra r&eacute;cup&eacute;rer &mdash; c&rsquo;est bien un &laquo;&nbsp;d&eacute;chet sans poubelle&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 53), c&rsquo;est-&agrave;-dire que rien ne peut contenir, assimiler. &Agrave; la mani&egrave;re de l&rsquo;&eacute;criture de Cy Twombly, le d&eacute;chet &laquo;&nbsp;n&rsquo;est pas forc&eacute;ment ce qui reste apr&egrave;s qu&rsquo;on en a us&eacute;, mais ce qui <i>jet&eacute; </i>hors d&rsquo;usage&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 704). En ce sens, l&rsquo;amateur, pour reprendre un terme cher &agrave; Bataille, est du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;<i>h&eacute;t&eacute;rologie</i>, qui englobe &laquo; l&rsquo;ensemble des r&eacute;sultats de la d&eacute;pense improductive &raquo;</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn14" id="_ftnref14" name="_ftnref14">14</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:"> et se compose &laquo;&nbsp;d&rsquo;éléments impossibles à assimiler</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn15" id="_ftnref15" name="_ftnref15">15</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. Chez Bataille, la sph&egrave;re hétérogène est le lieu de l&rsquo;&eacute;nergie collective et de l&rsquo;&eacute;lan orgiaque. Elle s&rsquo;oppose à la sph&egrave;re de l&rsquo;<i>homog&egrave;ne</i>, celle où toute activité se voit assigner une finalité imm&eacute;diate. C&rsquo;est, par exemple, la sph&egrave;re de la rationalit&eacute;, de l&rsquo;utilit&eacute; et de la productivité. En suivant ce d&eacute;coupage, nous pourrions dire que le professionnel est du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;homog&egrave;ne, l&agrave; o&ugrave; l&rsquo;amateur est du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne. La production de l&rsquo;amateur est donc &laquo;&nbsp;sans emploi</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn16" id="_ftnref16" name="_ftnref16">16</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;, elle se situe &laquo;&nbsp;au-del&agrave; de l&rsquo;utilit&eacute;</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn17" id="_ftnref17" name="_ftnref17">17</a>&nbsp;<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&raquo;. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Amateur, Barthes s&rsquo;est d&rsquo;ailleurs revendiqu&eacute; comme tel &agrave; plusieurs reprises. D&rsquo;une part, il place son dernier cours au Coll&egrave;ge de France, <i>La Pr&eacute;paration du roman</i>, sous l&rsquo;hospice d&rsquo;&laquo;&nbsp;un int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral pour l&rsquo;Amateur, les pratiques et les valeurs de l&rsquo;Amateur&nbsp;&raquo; (<i>PDR</i> 230). D&rsquo;autre part, comme &laquo;&nbsp;la jeune fille bourgeoise du XIX<sup>e </sup>si&egrave;cle&nbsp;&raquo; de <i>Roland Barthes par Roland Barthes</i>, qui &laquo;&nbsp;produisait inutilement, b&ecirc;tement, pour elle-m&ecirc;me [&hellip;] c&rsquo;&eacute;tait sa forme de d&eacute;pense &agrave; elle&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 632), Barthes a go&ucirc;t&eacute; les charmes d&rsquo;une pratique dilettante dans divers domaines, allant du dessin au piano en passant par la peinture. Parmi les nombreux projets de livres dont Barthes a &eacute;gren&eacute; la piste dans ses textes, se trouve justement l&rsquo;id&eacute;e suivante&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;amateur </i>(consigner ce qui m&rsquo;arrive lorsque je peins)&nbsp;&raquo;<b> </b>(<i>OCIV</i> 723). &laquo;&nbsp;Quand j&rsquo;ai du temps&nbsp;&raquo;, confie Barthes dans un entretien, &laquo;&nbsp;je fais un peu de musique ou de peinture au titre compl&egrave;tement assum&eacute; d&rsquo;un simple amateur&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 861). C&rsquo;est dans le domaine de la musique en g&eacute;n&eacute;ral et du piano en particulier que la d&eacute;fense de l&rsquo;amatorat de Barthes s&rsquo;est le plus souvent exprim&eacute;e. Rappelons que sa pratique du piano est ancienne, qu&rsquo;elle remonte &agrave; l&rsquo;enfance, et que la s&oelig;ur de son p&egrave;re, qui habitait Bayonne, &eacute;tait professeur de piano. Or, si Barthes a &laquo;&nbsp;v&eacute;cu dans une atmosph&egrave;re de musique&nbsp;&raquo;, il se targue pourtant de n&rsquo;avoir &laquo;&nbsp;pas travaill&eacute;&nbsp;&raquo; et de ne poss&eacute;der &laquo;&nbsp;aucune technique, aucune v&eacute;locit&eacute;&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 861). Sa pratique musicale est enti&egrave;rement du c&ocirc;t&eacute; de la jouissance et du &laquo;&nbsp;non-vouloir-saisir</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn18" id="_ftnref18" name="_ftnref18">18</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;amateur ne cherche &agrave; produire que sa propre jouissance&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 396). L&rsquo;<i>amator</i>, &eacute;tymologiquement, c&rsquo;est d&rsquo;ailleurs &laquo;&nbsp;celui qui aime et aime encore&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 632). Son amatorat tol&egrave;re alors les contretemps et les fausses notes. De plus, la pratique de l&rsquo;amateur engage le corps</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn19" id="_ftnref19" name="_ftnref19">19</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;: &laquo;&nbsp;le contact entre le corps de l&rsquo;amateur et l&rsquo;art est tr&egrave;s &eacute;troit, tr&egrave;s pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;<b> </b>(<i>OCIV</i> 861). Son rapport &agrave; la musique, par exemple, est technique, artisanal, et m&ecirc;me sensuel, avant que d&rsquo;&ecirc;tre virtuose, c&eacute;r&eacute;bral ou &eacute;rudit. C&rsquo;est &eacute;galement par cette &laquo;&nbsp;remont&eacute;e vers le corps&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 267) que s&rsquo;explique l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de Barthes pour l&rsquo;&eacute;criture &mdash; ou plut&ocirc;t, pour la &laquo;&nbsp;scription&nbsp;&raquo; &mdash; en tant qu&rsquo;activit&eacute; proprement manuelle et musculaire</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn20" id="_ftnref20" name="_ftnref20">20</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">. Il s&rsquo;agit de penser le <i>geste</i> de celui qui &eacute;crit, avant de s&rsquo;int&eacute;resser au contenu m&ecirc;me de ce qui est dit. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Ce qu&rsquo;il y a de s&eacute;duisant et de proprement utopique dans la posture de l&rsquo;amateur, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment sa position autarcique. Or, Barthes est depuis toujours anim&eacute; par ce &laquo;&nbsp;go&ucirc;t de s&rsquo;arranger des espaces clos (de travail, de vie, de sommeil), prot&eacute;g&eacute;s par des chicanes, des redans&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 98). La tentation du retrait, centrale dans <i>Comment vivre ensemble&nbsp;? </i>et dans <i>Le Neutre</i>, traverse en fait en filigrane toute l&rsquo;&oelig;uvre. Cette situation de retrait est en fait directement li&eacute;e &agrave; la condition de l&rsquo;&eacute;crivain telle que la con&ccedil;oit Barthes. L&rsquo;&eacute;crivain est en constant <i>d&eacute;calage </i>avec les rythmes de la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;: </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><q><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;[...] celui qui se donne à l&rsquo;&eacute;criture (si du moins j&rsquo;interroge certains des auteurs et si je m&rsquo;interroge moi-m&ecirc;me) se sent séparé du monde ; non pas seulement par un acte de retraite physique, mais par un sentiment, à la limite culpabilisant, de rupture, de divorce, de s&eacute;paration de valeur ; il se retire des valeurs reconnues du monde, d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on, il se d&eacute;solidarise, il renonce à une certaine complicit&eacute;, en tout cas quotidienne ; s&rsquo;il reste co-pr&eacute;sent au monde, c&rsquo;est par un d&eacute;tour que parfois il a du mal à assumer, et il se sent facilement, celui qui veut &eacute;crire et celui qui &eacute;crit, en &eacute;tat d&rsquo;apostasie (la&iuml;que bien s&ucirc;r) (<i>PDR</i> 638). </span></span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Ainsi, &laquo; soustraite au livre &raquo;, la vie de l&rsquo;écrivain est &laquo; contin&ucirc;ment celle d&rsquo;un <i>sujet d&eacute;mod&eacute; </i>&raquo; (<i>OCIV</i> 700). L&rsquo;&eacute;crivain &eacute;tant, &laquo;&nbsp;du moins en grande partie, infonctionnel&nbsp;&raquo;, lui aussi d&eacute;veloppe &laquo;&nbsp;une utopie de la pure d&eacute;pense, de la d&eacute;pense &ldquo;pour rien&rdquo;&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 880), tout comme l&rsquo;amateur. Son plaisir est proprement pervers, en ce qu&rsquo;il &laquo; n&rsquo;est pas rentabilis&eacute; par une finalit&eacute; sociale&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 874), d&rsquo;o&ugrave; la grande situation de marginalit&eacute; qui est la sienne. En rupture de ban, l&rsquo;&eacute;crivain, tout comme l&rsquo;amateur, est atopique&nbsp;; il est &laquo;&nbsp;suspendu <i>a humanis</i>, loin des choses humaines, par un d&eacute;cret tacite d&rsquo;insignifiance&nbsp;&raquo;&nbsp;: il ne fait partie &laquo;&nbsp;d&rsquo;aucun r&eacute;pertoire, d&rsquo;aucun asile&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 261). </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Le potentiel &eacute;mancipateur d&rsquo;une &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo;</span></span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&Agrave; c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;amateur comme figure, tel qu&rsquo;il se donne &agrave; voir sous les traits de la jeune fille bourgeoise, de R&eacute;quichot ou de Barthes lui-m&ecirc;me, coexiste chez Barthes une r&eacute;flexion proprement politique sur l&rsquo;amateur en tant que groupe, collectif ou communaut&eacute;. Cette id&eacute;e selon laquelle &laquo;&nbsp;la grande figure d&rsquo;une civilisation qui se lib&eacute;rerait serait celle de l&rsquo;amateur&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 849) est en fait ancienne. L&rsquo;id&eacute;e appara&icirc;t d&egrave;s 1945 alors que Barthes, s&eacute;journant en sanatorium, assiste &agrave; un concert de musique de chambre&nbsp;: &laquo;&nbsp;une civilisation n&rsquo;est belle que dans la mesure o&ugrave; il y a une circulation naturelle entre les &oelig;uvres de ses grands hommes et la vie intime de ses individus et de ses foyers&nbsp;&raquo; (<i>OCI</i> 83). Barthes regrette alors le divorce entre pratique et &eacute;coute &mdash; un th&egrave;me sur lequel il reviendra en 1970 dans &laquo;&nbsp;Musica Practica&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 447-450). La &laquo; musique pratique &raquo;, &laquo; celle que l&rsquo;on joue &raquo;, qui est une activit&eacute; &laquo; surtout manuelle &raquo; dans laquelle &laquo; le corps commande, conduit, coordonne &raquo; en devenant &laquo; scripteur, et non r&eacute;cepteur, capteur &raquo;, est oppos&eacute;e &agrave; une &laquo; musique passive, r&eacute;ceptive &raquo;, qui est &laquo; devenue la musique (celle du concert, du festival, du disque, de la radio) &raquo; (<i>OCIII</i> 447). Barthes regrette alors que la pratique musicale manuelle de l&rsquo;amateur, &laquo;&nbsp;d&rsquo;abord li&eacute;e &agrave; la classe oisive (aristocratique)&nbsp;&raquo; se soit &laquo;&nbsp;affadie en rite mondain &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement de la d&eacute;mocratie bourgeoise&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 447) avant de compl&egrave;tement dispara&icirc;tre. S&rsquo;il y a eu &laquo;&nbsp;des temps ali&eacute;n&eacute;s (les soci&eacute;t&eacute;s monarchiques ou m&ecirc;me f&eacute;odales) o&ugrave; il y avait un amateurisme r&eacute;el au sein des classes dirigeantes&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 861), aujourd&rsquo;hui il n&rsquo;y a plus m&ecirc;me d&rsquo;&eacute;lite capable de prendre en charge le &laquo;&nbsp;charme (discret) de la culture bourgeoise&nbsp;&raquo;<b> </b>(<i>OCIV</i> 862). Cela n&rsquo;est pas sans rappeler la &laquo;&nbsp;Th&eacute;orie du Contretemps&nbsp;&raquo; (<i>LA</i> 336), ch&egrave;re &agrave; Barthes, selon laquelle il serait souhaitable de &laquo;&nbsp;transporter dans une société socialiste certains des charmes (je ne dis pas&nbsp;: des valeurs) de l&rsquo;art de vivre bourgeois&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 639). </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Ainsi, &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une conception de l&rsquo;amatorat comme pratique individuelle et clandestine, Barthes r&eacute;fl&eacute;chit au potentiel &eacute;mancipateur dont pourrait &ecirc;tre porteuse une &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 861). Barthes se prend alors &agrave; fantasmer une soci&eacute;t&eacute; dans laquelle &laquo;&nbsp;les &ecirc;tres agiraient sans pr&eacute;occupation de l&rsquo;image qu&rsquo;ils vont d&eacute;clencher chez les autres&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 861)&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><q><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;Ce th&egrave;me tr&egrave;s important sur le plan de la pratique, je le convertis en th&eacute;orie, dans la mesure o&ugrave; je peux imaginer une soci&eacute;t&eacute; &agrave; venir, totalement d&eacute;sali&eacute;n&eacute;e, qui, sur le plan de l&rsquo;&eacute;criture, ne conna&icirc;trait plus que des activit&eacute;s d&rsquo;amateur. Notamment dans l&rsquo;ordre du texte. Les gens &eacute;criraient, feraient des textes, pour le plaisir, profiteraient de la jouissance de l&rsquo;&eacute;criture sans pr&eacute;occupation de l&rsquo;image qu&rsquo;ils pourraient susciter chez autrui (<i>OCIV</i> 861). </span></span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Pour Barthes, c&rsquo;est justement parce qu&rsquo;une disproportion croissante existe entre&nbsp;les gens qui lisent et ceux qui &eacute;crivent, qu&rsquo;il convient d&rsquo;&laquo;&nbsp;accorde[r] tant d&rsquo;importance au r&ocirc;le de l&rsquo;&ldquo;amateur&rdquo;, qui doit revaloriser la fonction productive que les circuits commerciaux ont r&eacute;ifi&eacute;e&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 885). Sa &laquo;&nbsp;conviction profonde et constante est qu&rsquo;il ne sera jamais possible de lib&eacute;rer la lecture si, d&rsquo;un m&ecirc;me mouvement, nous ne lib&eacute;rons pas l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 934). Dans notre soci&eacute;t&eacute; industrielle, consid&egrave;re Barthes, l&rsquo;amateurisme a tout d&rsquo;une &laquo;&nbsp;sorte d&rsquo;art de vivre lib&eacute;rateur&nbsp;&raquo; (<i>OCV</i> 574). Dans la &laquo;&nbsp;civilisation du produit&nbsp;&raquo; qui est la n&ocirc;tre, rien ne serait plus subversif que le plaisir pur et gratuit que retire l&rsquo;amateur de sa pratique. Barthes regrette qu&rsquo;&laquo;&nbsp;à gauche, par morale [&hellip;] on suspecte, on d&eacute;daigne tout &ldquo;r&eacute;sidu d&rsquo;h&eacute;donisme&rdquo;&nbsp;&raquo; (<i>LA</i> 231). Or, rappelle-t-il, il faut &laquo;&nbsp;ne jamais dire assez la force de <i>suspension </i>du plaisir&nbsp;: c&rsquo;est une v&eacute;ritable <i>&eacute;poch&egrave;</i>, un arr&ecirc;t qui fige au loin toutes les valeurs admises&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 260). Il en appelle alors à ne pas entrer dans &laquo; la m&eacute;tonymie de la Faute sociale &raquo; (<i>OCIV</i> 792), laquelle censure toujours le <i>pour-moi</i> du plaisir. Sur le mode utopique, Barthes entrevoit alors le caract&egrave;re proprement politique et subversif d&rsquo;une &laquo;&nbsp;d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; libre (o&ugrave; la jouissance circulerait sans passer par l&rsquo;argent)&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 658). </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Il est notable que ses r&eacute;flexions sur le potentiel &eacute;mancipateur de l&rsquo;amatorat s&rsquo;accompagnent d&rsquo;une intense m&eacute;ditation sur le th&egrave;me de la communaut&eacute;. La production non-marchande et clandestine de l&rsquo;amateur ne semble trouver &agrave; s&rsquo;exprimer qu&rsquo;en marge de la soci&eacute;t&eacute; politique institu&eacute;e. Barthes qualifie sa r&eacute;flexion sur une soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs d&rsquo;&laquo;&nbsp;utopie &agrave; la Fourier&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 861). La comparaison doit &ecirc;tre prise au s&eacute;rieux, Barthes ayant r&eacute;fl&eacute;chi la communaut&eacute; &agrave; partir du phalanst&egrave;re fouri&eacute;riste dans <i>Sade, Fourier, Loyola</i>. Il revient longuement sur la fa&ccedil;on dont la vie des membres du phalanst&egrave;re fouri&eacute;riste est agenc&eacute;e selon une myriade de d&eacute;tails relatifs &agrave; l&rsquo;organisation de la vie quotidienne. Pour Barthes, &laquo;&nbsp;le phalanst&egrave;re en tant que lieu organis&eacute;, ferm&eacute;, et o&ugrave; pourtant le plaisir circule&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 212) est un th&egrave;me important, si ce n&rsquo;est capital sur le plan &eacute;thique. Justement, il consid&egrave;re que c&rsquo;est l&rsquo;organisation de la vie quotidienne &mdash; horaires, programmes de nourriture, projets de v&ecirc;tements, installations immobili&egrave;res, pr&eacute;ceptes de conversation ou de communication &mdash; qui fait &laquo;&nbsp;la marque de l&rsquo;utopie&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 715). La &laquo;&nbsp;qu&ecirc;te collective&nbsp;&raquo; de Fourier s&rsquo;oppose en tous points au &laquo;&nbsp;voyage organis&eacute;&nbsp;&raquo; et au &laquo;&nbsp;club de vacances&nbsp;(avec sa population class&eacute;e, ses plaisirs planifi&eacute;s)&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 772), pr&eacute;cis&eacute;ment parce que la vie retir&eacute;e qu&rsquo;elle rend possible est soustraite &agrave; toute logique marchande. Le mobile, la raison d&rsquo;&ecirc;tre de la communaut&eacute; fouri&eacute;riste, &laquo;&nbsp;n&rsquo;est pas la justice, l&rsquo;&eacute;galit&eacute;, la libert&eacute;, etc., c&rsquo;est le plaisir&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 772). &Agrave; ce titre, Barthes prend soin de distinguer le plaisir du loisir&nbsp;: &laquo;&nbsp;les <i>plaisirs</i>, et non les <i>loisirs</i>&nbsp;: c&rsquo;est ce qui s&eacute;pare &mdash; heureusement &mdash; l&rsquo;Harmonie fouri&eacute;riste de l&rsquo;&Eacute;tat moderne&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 774). Les plaisirs consacr&eacute;s par la soci&eacute;t&eacute; fouri&eacute;riste se distinguent radicalement des &laquo;&nbsp;<i>affaires d&rsquo;&Eacute;tat</i>&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 774) pr&eacute;cis&eacute;ment en ce qu&rsquo;ils ne sont orient&eacute;s vers aucune fin pratique, vers aucun but politique. Ils n&rsquo;existent qu&rsquo;en tant que tels, et pour eux-m&ecirc;mes. Ce faisant, &laquo;&nbsp;Fourier a choisi le Domestique contre le Politique&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 775). Toute la th&eacute;orie soci&eacute;taire fouri&eacute;riste repose sur le fait de &laquo;&nbsp;transformer le travail en loisir (et non pas de suspendre le travail en plaisir)&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 774). C&rsquo;est l&agrave; tout ce qui rapproche le soci&eacute;taire fouri&eacute;riste de l&rsquo;amateur, et ce qui le distingue par cons&eacute;quent du professionnel ou du commer&ccedil;ant. C&rsquo;est &laquo;&nbsp;le plaisir lui-m&ecirc;me [qui] devient une valeur d&rsquo;&eacute;change&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 775), et non pas le prix de la production comme valeur marchande. Il y a donc un d&eacute;calage entre les pratiques de la soci&eacute;t&eacute; fouri&eacute;riste et l&rsquo;argent qui peut en r&eacute;sulter, lequel est &laquo;&nbsp;curieusement d&eacute;tach&eacute; du commerce, de l&rsquo;&eacute;change, de l&rsquo;&eacute;conomie&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 776). Se dessine alors une v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;po&eacute;tique du <i>rebut</i>&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 783), qui n&rsquo;est pas, &agrave; nouveau, sans rappeler l&rsquo;&eacute;conomie du d&eacute;chet et de la d&eacute;pense bataillienne</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn21" id="_ftnref21" name="_ftnref21">21</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">. Finalement, l&rsquo;utopie socialiste de Fourier vise &agrave; permettre le libre exercice des passions des soci&eacute;taires, en marge de l&rsquo;&eacute;conomie marchande et de la politique institu&eacute;e.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Le rapport &eacute;mancip&eacute; au travail de la soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs fouri&eacute;riste suppose de la disponibilit&eacute; temporelle. N&rsquo;&eacute;tant pas soumis au circuit marchand, les amateurs fantasm&eacute;s par Barthes doivent pouvoir disposer d&rsquo;un temps qui leur soit propre, lib&eacute;r&eacute; des imp&eacute;ratifs de gestion. C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment ce que le n&eacute;ologisme &laquo;&nbsp;idiorrythmie&nbsp;&raquo; vise &agrave; exprimer&nbsp;: compos&eacute; du grec <i>idios</i> et <i>rhutmos</i>, il signifie &laquo;&nbsp;rythme propre&nbsp;&raquo;. Barthes le d&eacute;veloppe dans son premier cours au Coll&egrave;ge de France, intitul&eacute; <i>Comment vivre ensemble&nbsp;?</i>. L&rsquo;idiorrythmie renvoie &agrave; la tentative de &laquo;&nbsp;concilier la vie individuelle et la vie collective, l&rsquo;ind&eacute;pendance du sujet et la sociabilit&eacute; du groupe&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 25). Il convient alors d&rsquo;imaginer des petites communaut&eacute;s autarciques, restreintes et &eacute;lectives. Barthes estime que le &laquo;&nbsp;nombre optimal d&rsquo;un groupe &agrave; l&rsquo;idiorrythmie&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 178) se doit d&rsquo;&ecirc;tre inf&eacute;rieur &agrave; dix. V&eacute;ritable &laquo;&nbsp;structure collective-individualiste&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 59), la micro-communaut&eacute; idiorrythmique vise &agrave; rendre possible un mode de vie permettant la &laquo;&nbsp;sociabilit&eacute; sans ali&eacute;nation&nbsp;&raquo;, la &laquo;&nbsp;solitude sans exil&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 26). Par &laquo;&nbsp;l&rsquo;organisation de l&rsquo;espace habit&eacute;, habitable&nbsp;&raquo;, il s&rsquo;agit alors de concevoir une &laquo;&nbsp;socialit&eacute; &agrave; la fois affectueuse et a&eacute;r&eacute;e&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 212), qui ne soit ni exc&egrave;s de solitude, ni exc&egrave;s de collectivit&eacute;. Il ne s&rsquo;agit plus de vivre selon les temps de la soci&eacute;t&eacute; (journ&eacute;e de travail, de transports, loisirs codifi&eacute;s, etc.) mais selon une &laquo;&nbsp;conception souple de la contrainte&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 68). La micro-communaut&eacute; idiorrythmique vise alors &agrave; conqu&eacute;rir un temps lib&eacute;r&eacute; et d&eacute;sali&eacute;n&eacute;, hors des scansions temporelles impos&eacute;es par la soci&eacute;t&eacute; et le monde du travail. Elle s&rsquo;accompagne d&rsquo;ailleurs d&rsquo;une certaine &laquo;&nbsp;conception aristocratique de l&rsquo;<i>otium</i>&nbsp;&raquo; en tant qu&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;tat de vie non productif &eacute;conomique &mdash; mais surproductif spirituellement et/ou intellectuellement&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 131). La micro-communaut&eacute; idiorrythmique ne consiste donc pas &agrave; &laquo;&nbsp;proposer une fa&ccedil;on id&eacute;ale d&rsquo;organiser le pouvoir&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 83), mais bien plut&ocirc;t &agrave; le contourner. Barthes esquisse alors &laquo;&nbsp;des contours et des formes de vie alternatives&nbsp;&raquo; (<i>N</i> 33), des &laquo;&nbsp;choix-&agrave;-c&ocirc;t&eacute;s&nbsp;&raquo;, fantasmant une &laquo;&nbsp;vie libre, &agrave; quelques-uns&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 41), loin de la totalit&eacute; sociale. Ces collectivit&eacute;s repr&eacute;sentent ainsi une sorte d&rsquo;id&eacute;al qui n&rsquo;est pas sans rappeler la &laquo;&nbsp;<i>communaut&eacute; de solitaires</i>&nbsp;&raquo; pens&eacute;e par Quignard, &laquo;&nbsp;invention passionnante &mdash;&nbsp;m&ecirc;me si elle est difficilement concevable pour l&rsquo;esprit</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn22" id="_ftnref22" name="_ftnref22">22</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. Comme le phalanst&egrave;re fouri&eacute;riste ou la communaut&eacute; idiorrythmique barth&eacute;sienne, la &laquo;&nbsp;Soci&eacute;t&eacute; de Solitaires</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn23" id="_ftnref23" name="_ftnref23">23</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo; de Quignard s&rsquo;oppose &agrave; toute association utilitariste ou mercantile. Par opposition, elle fait du d&eacute;sint&eacute;ressement la valeur supr&ecirc;me du regroupement. Pour Quignard, cela permettrait de &laquo;&nbsp;d&eacute;subordonner la production artistique au succ&egrave;s du plus grand nombre&nbsp;&raquo; et donc d&rsquo;en revenir &laquo;&nbsp;&agrave; une diffusion plus solitaire et plus clandestine de l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn24" id="_ftnref24" name="_ftnref24">24</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. Ne trouve-t-on pas l&agrave; le m&ecirc;me mot d&rsquo;ordre de Barthes quant au fantasme d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs par opposition &agrave; la soci&eacute;t&eacute; de consommateurs&nbsp;? </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">La ruine du groupement ou la communaut&eacute; d&eacute;s&oelig;uvr&eacute;e </span></span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Il convient d&eacute;sormais de s&rsquo;interroger sur la viabilit&eacute; d&rsquo;un tel fantasme, celui d&rsquo;une &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; ou d&rsquo;une &laquo;&nbsp;utopie &agrave; la Fourier&nbsp;&raquo;. Peut-on r&eacute;ellement concevoir des petites soci&eacute;t&eacute;s de pure d&eacute;pense, qui ne seraient anim&eacute;es par rien d&rsquo;autre que par le plaisir gratuit d&rsquo;une poign&eacute;e d&rsquo;amateurs&nbsp;? Cette question de l&rsquo;applicabilit&eacute; du r&ecirc;ve &agrave; la r&eacute;alit&eacute; &mdash; ou de l&rsquo;actualisation du fantasme &mdash; a particuli&egrave;rement pr&eacute;occup&eacute; Barthes, de <i>Sade, Fourier et Loyola </i>&agrave; <i>Comment vivre ensemble&nbsp;?</i>.<i> </i>Si l&rsquo;on s&rsquo;attarde sur les <i>discours </i>qui entourent la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; il est notable qu&rsquo;ils semblent toujours s&rsquo;&eacute;noncer sous le signe de la proph&eacute;tie. Le &laquo;&nbsp;luxe&nbsp;&raquo;, la &laquo;&nbsp;d&eacute;pense sans &eacute;change&nbsp;&raquo;, reconna&icirc;t Barthes, n&rsquo;appartiennent &laquo;&nbsp;pas encore &agrave; la politique d&rsquo;aujourd&rsquo;hui mais cependant d&eacute;j&agrave; &agrave; la politique de demain&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 501). La soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs que Barthes appelle de ses v&oelig;ux est alors du c&ocirc;t&eacute; du non-avenu. De plus, Barthes mod&egrave;re syst&eacute;matiquement le potentiel &eacute;mancipateur, y compris pour l&rsquo;avenir, de l&rsquo;amateur&nbsp;: &laquo;&nbsp;il est &mdash; il sera <i>peut-&ecirc;tre</i> &mdash; l&rsquo;artiste contre-bourgeois&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 632). De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, lorsqu&rsquo;il fantasme une civilisation d&eacute;sali&eacute;n&eacute;e, c&rsquo;est toujours au conditionnel qu&rsquo;il affirme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce serait beau&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 849). Par ailleurs, dans son cours au Coll&egrave;ge de France, Barthes place d&rsquo;embl&eacute;e la communaut&eacute; idiorrythmique sous le signe du fantasme. Il d&eacute;finit le fantasme comme un &laquo;&nbsp;sc&eacute;nario absolument positif, qui met en sc&egrave;ne le positif du d&eacute;sir, qui ne conna&icirc;t que des positifs&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 35). En ce sens, la force fantasmatique tient peut-&ecirc;tre justement &agrave; ce qu&rsquo;elle tol&egrave;re que les images positives et d&eacute;sirables du Vivre-ensemble, &eacute;vacuant par-l&agrave; toutes les lacunes &eacute;ventuelles d&rsquo;une telle configuration. Le fantasme, pr&eacute;cise Barthes, tol&egrave;re donc les reniements, les paradoxes logiques, les contradictions. Par exemple, explique-t-il, &laquo;&nbsp;fantasmatiquement, il n&rsquo;est pas contradictoire de vouloir vivre seul et de vouloir vivre ensemble&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 35). Le fantasme, ajoute-t-il, &laquo;&nbsp;n&rsquo;est pas dialectique (&eacute;videmment&nbsp;!)&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 35). Contrairement au r&ecirc;ve, il ne &laquo;&nbsp;travaille&nbsp;&raquo; pas&nbsp;: improductif, il n&rsquo;est jamais appel&eacute; &agrave; se r&eacute;aliser</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn25" id="_ftnref25" name="_ftnref25">25</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">. En ce sens, la vie idiorrythmique ne saurait &ecirc;tre la synth&egrave;se d&rsquo;une opposition entre solitude et communaut&eacute;. Pire encore, le fantasme, en ce qu&rsquo;il &laquo; r&eacute;p&egrave;te inlassablement un plaisir d&rsquo;avenir sans parvenir &agrave; en programmer r&eacute;ellement la r&eacute;alisation&nbsp;&raquo; (<i>PDR</i> 265), se doit de rester inassouvi. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Ainsi, si l&rsquo;on s&rsquo;int&eacute;resse au terme &agrave; partir duquel Barthes pense l&rsquo;idiorrythmie &mdash; le fantasme &mdash; il appara&icirc;t clairement que le projet communautaire barth&eacute;sien n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; appel&eacute; &agrave; se d&eacute;velopper autrement que de mani&egrave;re utopique ou imaginaire. Il convient d&eacute;sormais de s&rsquo;interroger sur les raisons pr&eacute;cises qui rendent caduques toute actualisation du fantasme idiorrythmique, et donc toute r&eacute;alisation pratique et concr&egrave;te d&rsquo;une &laquo; soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo;. Tout d&rsquo;abord, rappelons les bases &agrave; partir desquelles Barthes construit sa communaut&eacute; idiorrythmique. Premi&egrave;rement, la communaut&eacute; idiorrythmique ne doit r&eacute;pondre qu&rsquo;&agrave; la <i>r&egrave;gle</i>, terme connot&eacute; positivement, et non &agrave; la <i>loi</i>, terme connot&eacute; n&eacute;gativement. La &laquo;&nbsp;r&egrave;gle&nbsp;&raquo;, pour Barthes, correspond &agrave; la myriade de d&eacute;tails relatifs &agrave; l&rsquo;organisation de la vie de chacun en fonction de <i>son </i>rythme (son emploi du temps, son am&eacute;nagement, sa di&eacute;t&eacute;tique, etc.) &Agrave; l&rsquo;oppos&eacute;e, la &laquo;&nbsp;loi&nbsp;&raquo; implique des formes de codifications, de prescriptions, de pouvoir, de hi&eacute;rarchie et de soumission qui ne permettent plus le respect du rythme propre. Deuxi&egrave;mement, il souligne que la micro-communaut&eacute; idiorrythmique ne saurait &ecirc;tre fond&eacute;e sur une appartenance ou une adh&eacute;sion&nbsp;: elle &laquo;&nbsp;ne prot&egrave;ge pas une puret&eacute;&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 94), soutient Barthes. Elle ne rev&ecirc;t pas les formes de la nation ou de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t convergent d&rsquo;une classe sociale. Dans le cas d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs, le seul &laquo;&nbsp;ciment&nbsp;&raquo; communautaire admissible ne pourrait &ecirc;tre que la pure jouissance d&rsquo;une pratique gratuite, en forme de d&eacute;pense. Barthes en appelle alors &agrave; consid&eacute;rer le groupement &laquo;&nbsp;comme une pure machine hom&eacute;ostasique qui s&rsquo;entretient elle-m&ecirc;me&nbsp;: circuit ferm&eacute; de charge et de d&eacute;pense&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 81). Il faudrait imaginer qu&rsquo;&laquo;&nbsp;une fois la structure (le Vivre-Ensemble) lanc&eacute;e, elle dure &agrave; la fa&ccedil;on d&rsquo;un hom&eacute;ostat perp&eacute;tuel&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 71). Le seul principe organisateur de la communaut&eacute; idiorrythmique acceptable serait celui du simple plaisir d&rsquo;&ecirc;tre ensemble. Le <i>T&eacute;los </i>&mdash; c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;la Cause&nbsp;&raquo;, la raison pour laquelle un groupe se formerait &mdash; se doit &ecirc;tre le plus vague possible, &laquo;&nbsp;non militant&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 31). Le <i>T&eacute;los </i>implique &laquo;&nbsp;un corps de doctrine &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur duquel les &eacute;l&eacute;ments (principes, constats, cons&eacute;quences) se d&eacute;veloppement logiquement&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 796). Il ne fonctionne que par syst&egrave;me ferm&eacute;, lequel est toujours th&eacute;ologique ou dogmatique, &laquo;&nbsp;dont la voie de transmission est l&rsquo;insistance, la r&eacute;p&eacute;tition, le cat&eacute;chisme, l&rsquo;orthodoxie&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 796). Le <i>T&eacute;los </i>d&rsquo;une communaut&eacute; idiorrythmique ne pourrait viser autre que chose que &laquo;&nbsp;le &ldquo;bonheur&rdquo;, pour le &ldquo;plaisir&rdquo;&nbsp;= la sociabilit&eacute; comme fin en soi&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 83). Cela suppose alors de renoncer au fondement de la plupart des groupes, c&rsquo;est-&agrave;-dire au <i>T&eacute;los</i> commun. La communaut&eacute; idiorrythmique, en ce sens, est autot&eacute;lique et autosuffisante&nbsp;: elle est &agrave; elle-m&ecirc;me sa propre fin et sa propre justification. Il s&rsquo;agit v&eacute;ritablement d&rsquo;une &laquo;&nbsp;vue idyllique de la mondanit&eacute;&nbsp;: machine sans but, sans transformation, qui &eacute;labore du plaisir &agrave; l&rsquo;&eacute;tat pur&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 83). Nous retrouvons l&agrave; la promotion des valeurs de l&rsquo;amatorat pr&eacute;c&eacute;demment &eacute;voqu&eacute;es&nbsp;: gratuit&eacute;, improductivit&eacute;, et jouissance. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Tout <i>T&eacute;los</i> autre que &laquo;&nbsp;flottant&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 81) reviendrait &agrave; quitter le jeu de la d&eacute;pense et &agrave; s&rsquo;exposer &agrave; des formes de r&eacute;cup&eacute;ration par l&rsquo;&eacute;conomie et la politique. Le T&eacute;los, consid&egrave;re Barthes, c&rsquo;est le passage presque in&eacute;vitable d&rsquo;une vie selon la &laquo;&nbsp;r&egrave;gle&nbsp;&raquo; &agrave; une vie selon la &laquo;&nbsp;loi&nbsp;&raquo;, ce qui reviendrait &agrave; passer d&rsquo;une communaut&eacute; fluente qui permet l&rsquo;individuation et la vie improductive, &agrave; une structure rigide et collectiviste. D&rsquo;une &laquo;&nbsp;utopie domestique&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;partielle&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 403), le groupement retomberait fatalement dans l&rsquo;utopie politique. D&rsquo;une m&eacute;thode d&eacute;prise vis-&agrave;-vis d&rsquo;autrui, ce serait passer &agrave; une m&eacute;thode d&rsquo;emprise (<i>N</i> 37)&nbsp;; des &laquo;&nbsp;configurations non-stables&nbsp;&raquo;&nbsp;(<i>CVE</i> 39) qu&rsquo;il appelle de ses v&oelig;ux, ce serait passer &agrave; des &laquo;&nbsp;cadences cassantes, implacables de r&eacute;gularit&eacute;&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 39). Or, si un groupement veut rester &laquo;&nbsp;amateur&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire hors des circuits marchands et de leurs imp&eacute;ratifs de rentabilit&eacute;, il doit &eacute;viter tout aussi bien la professionnalisation et que le militantisme. Rien de plus &eacute;tranger &agrave; la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; que le syndicalisme ou la lutte partisane. De plus, le risque d&rsquo;une communaut&eacute; ordonn&eacute;e selon un <i>T&eacute;los </i>fixe est toujours la r&eacute;cup&eacute;ration par ce que Barthes appelle &laquo;&nbsp;la Bureaucratie&nbsp;&raquo;, cette &laquo;&nbsp;d&eacute;it&eacute; vigilante qui guette le moindre groupement idiorrythmique et fond sur lui d&egrave;s qu&rsquo;il commence &agrave; &ldquo;prendre&rdquo;&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 77). C&rsquo;en serait alors fini de la communaut&eacute; idiorrythmique, cet &laquo;&nbsp;&eacute;tat sauvage&nbsp;&raquo; de pur plaisir, qui n&rsquo;est agi par &laquo;&nbsp;aucun germe de pouvoir, aucun relais r&eacute;ifi&eacute;, institutionnalis&eacute;, chosifi&eacute;, entre l&rsquo;individu et le micro-groupe&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 77). Le risque de &laquo;&nbsp;cristallisation d&rsquo;un pouvoir r&eacute;el&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 78) est &eacute;norme et guette fatalement tout groupement idiorrythmique, de sorte que tout ce qui se situe au-del&agrave; d&rsquo;un <i>T&eacute;los </i>flottant est incompatible avec les pratiques et les valeurs d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Or, pr&eacute;cis&eacute;ment, c&rsquo;est sur ce point que le fantasme achoppe face au principe de r&eacute;alit&eacute;. &Agrave; plusieurs reprises, Barthes se pose la question suivante&nbsp;: &laquo;&nbsp;Peut-on concevoir un (petit) groupe sans <i>T&eacute;los&nbsp;</i>? Un tel groupe est-il viable&nbsp;?&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 83). De fait, observe Barthes, chaque communaut&eacute; qui a &ldquo;pris&rdquo;, pour le dire comme lui (c&rsquo;est-&agrave;-dire qui s&rsquo;est organis&eacute;e durablement), s&rsquo;est organis&eacute;e autour d&rsquo;un <i>T&eacute;los</i>. Il cite plusieurs exemples&nbsp;: dans les agr&eacute;gats chr&eacute;tiens, la finalit&eacute; de la vie en commun est la recherche de saintet&eacute;&nbsp;; dans le sanatorium de <i>La Montagne magique</i> de Mann, c&rsquo;est la mort qui lie les hommes ensemble&nbsp;; dans les communaut&eacute;s libertaires hippies, c&rsquo;est la qu&ecirc;te du bonheur&nbsp;; dans les maisons closes de Sade, c&rsquo;est l&rsquo;&Eacute;ros, etc. Le c&oelig;ur du probl&egrave;me est l&agrave;&nbsp;: Barthes fantasme une communaut&eacute; sans <i>T&eacute;los</i>, dont participe la qu&ecirc;te d&rsquo;une &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo;, mais en derni&egrave;re instance, il ne croit pas viable une telle communaut&eacute;. Barthes avait beau r&ecirc;ver dans <i>Le Lexique de l&rsquo;auteur</i> de soci&eacute;t&eacute;s qui ne feraient pas syst&egrave;me et ne s&rsquo;orienteraient vers aucune fin, parlant de &laquo;&nbsp;cl&eacute;ricature sans th&eacute;ologie&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;monast&egrave;re sans foi&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;phalanst&egrave;res d&rsquo;individualistes&nbsp;&raquo; (<i>LA</i> 212), quelques ann&eacute;es plus tard, il ne semble plus y croire. Certes, il y a &laquo;&nbsp;affinit&eacute; entre l&rsquo;idiorrythmie et l&rsquo;absence de <i>T&eacute;los</i>&nbsp;&raquo;, mais surtout, il y a &laquo;&nbsp;<i>inviabilit&eacute; </i>d&rsquo;un groupe sans <i>T&eacute;los</i>&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 83). De fait, &agrave; mesure qu&rsquo;il progresse dans l&rsquo;exploration de son fantasme, le d&eacute;senchantement l&rsquo;emporte sur le fantasme&nbsp;: &laquo;&nbsp;le projet idiorrythmique implique la constitution impossible (surhumaine) d&rsquo;un groupe dont le <i>T&eacute;los</i> serait de se d&eacute;truire perp&eacute;tuellement comme groupe&nbsp;&raquo; (<i>CVE</i> 84). Tout se passe comme si la communaut&eacute; idiorrythmique, pour le rester, &eacute;tait condamn&eacute;e &agrave; l&rsquo;auto-dissolution d&egrave;s lors qu&rsquo;elle commence &agrave; devenir p&eacute;renne. Pour Barthes, chercher &agrave; tirer d&rsquo;une utopie &laquo;&nbsp;partielle&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;domestique&nbsp;&raquo; des principes politiques ou doctrinaux, c&rsquo;est la condamner &agrave; devenir un <i>syst&egrave;me</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; retomber dans un discours &agrave; pr&eacute;tention totalisatrice &mdash; un discours de cat&eacute;chisme et de foi. Alors m&ecirc;me que &laquo;&nbsp;l&rsquo;&oelig;uvre de Fourier ne constitue pas un syst&egrave;me&nbsp;&raquo;, d&egrave;s lors &laquo;&nbsp;qu&rsquo;on a voulu &ldquo;r&eacute;aliser&rdquo; cette &oelig;uvre (dans les phalanst&egrave;res), elle est devenue r&eacute;trospectivement un &ldquo;syst&egrave;me&rsquo;&rsquo; vou&eacute; &agrave; un fiasco imm&eacute;diat&nbsp;&raquo; (<i>OCIII</i> 796). Ainsi, ajoute-t-il &laquo;&nbsp;comme syst&egrave;me entier, aucune utopie n&rsquo;a la moindre chance d&rsquo;application&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 531). Finalement, il appara&icirc;t que puisque toute vie de groupe est toujours guett&eacute;e par le risque d&rsquo;une r&eacute;cup&eacute;ration hi&eacute;rarchique et bureaucratique &mdash; toutes choses oppos&eacute;es aux aspirations d&rsquo;une &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; &mdash;, l&rsquo;idiorrythmie est &laquo;&nbsp;condamn&eacute;e &agrave; une &eacute;quilibre pr&eacute;caire, voire &agrave; l&rsquo;auto-destruction</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn26" id="_ftnref26" name="_ftnref26">26</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Conclusion&nbsp;: la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; ou l&rsquo;imagination de l&rsquo;impossible</span></span></span></b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Barthes affirme l&rsquo;impossibilit&eacute; de faire &oelig;uvre de la communaut&eacute;, ou de concevoir la communaut&eacute; autrement que fond&eacute;e sur sa propre n&eacute;gation. Pour le dire comme Jean-Luc Nancy, il s&rsquo;agit de &laquo;&nbsp;dissocier l&rsquo;id&eacute;e de &ldquo;communaut&eacute;&rdquo; de toute projection dans une &oelig;uvre faite ou &agrave; faire &mdash; un &Eacute;tat, une Nation, un Peuple</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn27" id="_ftnref27" name="_ftnref27">27</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. La communaut&eacute; est alors proprement <i>d&eacute;s&oelig;uvr&eacute;e</i>, tout comme l&rsquo;amateur refuse de faire &oelig;uvre de sa pratique. Indirectement, il reprend &agrave; son compte les th&eacute;ories de d&eacute;construction</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn28" id="_ftnref28" name="_ftnref28">28</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:"> de l&rsquo;id&eacute;e de communaut&eacute;, dont Bataille avait anticip&eacute; le principe en th&eacute;orisant l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une communaut&eacute; n&eacute;gative, en tant qu&rsquo;&laquo;&nbsp;absence de communaut&eacute;</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn29" id="_ftnref29" name="_ftnref29">29</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;communaut&eacute; de ceux qui n&rsquo;ont pas de communaut&eacute;</span></span></span></span></span></span><a href="#_ftn30" id="_ftnref30" name="_ftnref30">30</a><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&raquo;. En derni&egrave;re instance, seule une communaut&eacute; fond&eacute;e par son impossibilit&eacute; ou sa non-r&eacute;alisation peut constituer un rempart contre toutes les r&eacute;cup&eacute;rations politiques ou &eacute;conomiques. Finalement, si la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; r&ecirc;v&eacute;e par Barthes a bien des affinit&eacute;s avec le fantasme idiorrythmique, elle est comme lui pratiquement impossible. Or, si Barthes fait l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;impossible, il rappelle toutefois que &laquo;&nbsp;ce qui est impossible n&rsquo;est pas inconcevable&nbsp;&raquo; (<i>OCIV</i> 801)&nbsp;: c&rsquo;est l&agrave; pr&eacute;cis&eacute;ment la marque de l&rsquo;utopie. Ultimement, la &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;amateurs&nbsp;&raquo; ne doit pas être comprise autrement que comme une utopie : &laquo; c&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pour cela que l&rsquo;utopie &mdash; le &ldquo;jet&rsquo;&rsquo; utopique &mdash; a de l&rsquo;importance &raquo;, dit-il, &laquo; comme imagination (courage ?) de l&rsquo;impossible &raquo; (<i>OCV</i> 385).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <hr /> <p style="text-align:justify"><b>Notes et r&eacute;f&eacute;rences :</b></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Bibliographie</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Agamben Giorgio, <i>La communauté qui vient</i>, Paris, Seuil,1990.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Barthes Roland, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes, tome III (1968-1971)</i>, Paris, Seuil, 2002.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes, tome IV (1972-1976)</i>, Paris, Seuil, 2002.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, <i>tome V (1976-1980)</i>, Paris, Seuil, 2002.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>Comment vivre ensemble. Simulations romanesques de quelques espaces quotidiens, cours et s&eacute;minaire au Coll&egrave;ge de France (1976-1977)</i>, Paris, Seuil / Imec, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2002.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>Le Neutre, Notes de cours au Coll&egrave;ge de France 1977-1978</i>, Paris, Seuil / Imec, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2002.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>La Pr&eacute;paration du roman I et II. Notes de cours et de s&eacute;minaires au Coll&egrave;ge de France, 1978-1979 et 1979-1980</i>, Paris, Seuil / Imec, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2003.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>Le Lexique d&#39;auteur. S&eacute;minaire &agrave; l&#39;&Eacute;cole Pratique des Hautes &Eacute;tudes 1973-1974</i> suivi de</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Fragments in&eacute;dits de Roland Barthes par Roland Barthes,</span></span></i><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Paris, Seuil, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2010.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Bataille Georges, <i>La part maudite</i> [1949], Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1967. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes, tome I</i>, Paris, Gallimard, 1970.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, <i>tome V,</i> Paris, Gallimard, 1973.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, <i>tome VII,</i> Paris, Gallimard, 1976.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, <i>tome VIII,</i> Paris, Gallimard, 1976. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Blanchot Maurice, <i>La communauté inavouable</i>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1983.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Chassain Adrien, &laquo; Roland Barthes : &ldquo;Les pratiques et les valeurs de l&rsquo;amateur&rdquo; &raquo;, Alexandre de Vitry et Mathieu Vernet (dir.), &laquo; Vertus passives &raquo;, <i>LHT Fabula</i>, n&deg; 15, octobre 2015.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, &laquo; &ldquo;Nihil nisi propositum&rdquo; : Roland Barthes et la po&eacute;tique de l&rsquo;&oelig;uvre à venir, entre projet et commande &raquo;, <i>Revue Roland Barthes</i>, n&deg;4, 2018.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Compagnon Antoine, &laquo; Le Roman de Roland Barthes &raquo;, <i>Revue des sciences humaines</i>, num&eacute;ros 266-267, 2002, p. 203-231. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Coste Claude, <i>Roland Barthes moraliste</i>, Villeneuve d&rsquo;Ascq, Presses universitaires de Septentrion, 1998.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, &laquo; Roland Barthes par Roland Barthes ou Le d&eacute;mon de la totalité &raquo;, <i>Recherches &amp; travaux</i>, n&deg;75, 2009, p. 35-54.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Derrida Jacques<i>, Politiques de l&rsquo;amitié</i>, Paris, Galil&eacute;e, 1994.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&Eacute;c&oelig;ur Mathias, &laquo;&nbsp;Barthes et la figure de l&rsquo;amateur&nbsp;&raquo;, colloque <i>Barthes et la musique</i>, Fondation Singer-Polignac, 3, 4 et 5 juin 2015.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Gauthier Rodolphe, &laquo; De la solitude du collectionneur d&rsquo;anecdotes &agrave; la communaut&eacute; de solitaires : Esquisse d&rsquo;analyse de la pratique politique de Pascal Quignard &raquo;, <i>TIES</i>, Po&eacute;tique / politique : l&rsquo;esth&eacute;tique en partage ? n&deg;3, 2019, p. 47-58. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Hollier Denis, <i>Le Collège de sociologie (1937-1939)</i>, Paris, Gallimard, 1995.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:11.0pt" xml:lang="EN-US"><span arial="" style="font-family:">Manghani Sunil, &laquo;&nbsp;Barthes/Bataille: The Writing of Neutral Economy&nbsp;&raquo;, <i>Theory, Culture &amp; Society</i>, vol.35, 4/5, 2018, p. 193-215.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Marciniak Magdalena, &laquo;&nbsp;Le fantasme, pas le r&ecirc;ve...&nbsp;&raquo;, <i>Essaim</i>, 2016/2, n&deg;37, p. 107-118.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Nancy Jean-Luc, <i>La communauté d&eacute;s&oelig;uvr&eacute;e</i>, Paris, Galil&eacute;e, 1983.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">&mdash;, <i>La communaut&eacute; d&eacute;savou&eacute;e</i>, Paris, Galil&eacute;e, 2014.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Noudelmann Fran&ccedil;ois, <i>Le Toucher des philosophes. Sartre, Nietzsche et Barthes au piano</i>, Paris, Gallimard, 2008. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Quignard Pascal, <i>Sur l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une communaut&eacute; de solitaires</i>, Paris, Arl&eacute;a, 2015.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Ranci&egrave;re Jacques, <i>Aux bords du politique</i>, Paris, Gallimard, 1990. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Rouquayrol Louis, &laquo; L&rsquo;&ldquo;idiorrythmie&rdquo; selon Roland Barthes : entre &eacute;thique et fantasme &raquo;, <i>Revue cygne noir</i>, Quand ego signe. S&eacute;miotique, fantasme, fantaisie, n&deg;8, 2020.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Samoyault Tiphaine, <i>Roland Barthes</i>, Paris, Seuil, 2015. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Stiegler Bernard, &laquo; Le temps de l&rsquo;amatorat &raquo;, <i>Alliage</i>, n&deg; 69, 2011, p. 161-179.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">Susini-Anastopoulos Fran&ccedil;oise, <i>L&rsquo;&eacute;criture fragmentaire. D&eacute;finitions et enjeux</i>, Paris, PUF, 1997.</span></span></span></span></p> <hr /> <div> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" id="_ftn1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline">1</a><span arial="" style="font-family:"> Nous emploierons les abr&eacute;viations suivantes, qui pr&eacute;c&egrave;dent le num&eacute;ro de la page entre parenth&egrave;ses&nbsp;: <i>OCIII</i> : <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes, tome III (1968-1971),</i> Paris, Seuil, 2002&nbsp;; <i>OCIV</i> : <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes, tome IV (1972-1976)</i>, Paris, Seuil, 2002&nbsp;; <i>OCV</i> <i>: &OElig;uvres compl&egrave;tes, tome V (1976-1980)</i>, Paris, Seuil, 2002&nbsp;; <i>CVE</i> : <i>Comment vivre ensemble. Simulations romanesques de quelques espaces quotidiens, cours et s&eacute;minaire au Coll&egrave;ge de France (1976-1977)</i>, Paris, Seuil / Imec, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2002&nbsp;; <i>N</i> : <i>Le Neutre, Notes de cours au Coll&egrave;ge de France 1977-1978,</i> Paris, Seuil / Imec, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2002&nbsp;; <i>PDR</i> : <i>La Pr&eacute;paration du roman I et II. Notes de cours et de s&eacute;minaires au Coll&egrave;ge de France, 1978-1979 et 1979-1980</i>, Paris, Seuil / Imec, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2003&nbsp;; <i>LA</i>&nbsp;<i>: Le Lexique d&#39;auteur. S&eacute;minaire &agrave; l&#39;&Eacute;cole Pratique des Hautes &Eacute;tudes 1973-1974</i> suivi de <i>Fragments in&eacute;dits de Roland Barthes par Roland Barthes</i>, Paris, Seuil, &laquo; Traces &eacute;crites &raquo;, 2010.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" id="_ftn2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline">2</a><span arial="" style="font-family:"> Mathias &Eacute;c&oelig;ur, &laquo;&nbsp;Barthes et la figure de l&rsquo;amateur&nbsp;&raquo;, communication au colloque <i>Barthes et la musique</i>, Fondation Singer-Polignac, 3, 4 et 5 juin 2015.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" id="_ftn3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline">3</a><span arial="" style="font-family:"> Adrien Chassain, &laquo;&nbsp;Roland Barthes : &ldquo;Les pratiques et les valeurs de l&rsquo;amateur&rdquo;&nbsp;&raquo;, Alexandre de Vitry et Mathieu Vernet (dir.), &laquo;&nbsp;Vertus passives&nbsp;&raquo;, <i>LHT Fabula</i>, n&deg; 15, octobre 2015.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" id="_ftn4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline">4</a><span arial="" style="font-family:"> Nous pr&eacute;f&eacute;rerons le terme &laquo;&nbsp;amatorat&nbsp;&raquo; &agrave; celui d&rsquo;&laquo;&nbsp;amateurisme&nbsp;&raquo;, en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Bernard Stiegler qui consid&egrave;re que le premier d&eacute;joue la connotation p&eacute;jorative du second (Bernard Stiegler, &laquo; Le temps de l&rsquo;amatorat &raquo;, <i>Alliage</i>, n&deg; 69, 2011, p. 161-179).</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" id="_ftn5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline">5</a><span arial="" style="font-family:"> Claude Coste, &laquo; Roland Barthes par Roland Barthes ou Le d&eacute;mon de la totalité &raquo;, <i>Recherches &amp; travaux</i>, n&deg;75, 2009, p. 44.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" id="_ftn6" name="_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline">6</a><span arial="" style="font-family:"> Sur le rapport de Barthes &agrave; la commande commerciale, voir Antoine Compagnon, &laquo;&nbsp;Le Roman de Roland Barthes&nbsp;<i>&raquo;, Revue des sciences humaines</i>, num&eacute;ros 266-267, 2002, p. 204. Voir aussi Adrien Chassain, &laquo;&nbsp;&ldquo;Nihil nisi propositum&rdquo; : Roland Barthes et la po&eacute;tique de l&rsquo;&oelig;uvre à venir, entre projet et commande&nbsp;&raquo;, <i>Revue Roland Barthes</i>, n&deg;4, 2018.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" id="_ftn7" name="_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline">7</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille, &laquo; La notion de d&eacute;pense &raquo; [1933], <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, tome I, Paris, Gallimard, 1970, p. 302-320.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" id="_ftn8" name="_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline">8</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille<i>, La Part maudite</i> [1949], Paris, &Eacute;ditions de Minuit, &laquo; Critiques &raquo;, 1967, p. 27.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" id="_ftn9" name="_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline">9</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille, <i>L&rsquo;Exp&eacute;rience int&eacute;rieure</i>, in <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, tome V, Paris, Gallimard, 1973, p. 11.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" id="_ftn10" name="_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline">10</a><span arial="" style="font-family:"> Adrien Chassain, &laquo; &ldquo;Nihil nisi propositum&rsquo;&rsquo; : Roland Barthes et la po&eacute;tique de l&rsquo;&oelig;uvre à venir, entre projet et commande &raquo;,<i> op</i>. <i>cit</i>., en ligne.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" id="_ftn11" name="_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline">11</a><span arial="" style="font-family:"> Fran&ccedil;oise Susini-Anastopoulos, <i>L&rsquo;&Eacute;criture fragmentaire. D&eacute;finitions et enjeux</i>, Paris, PUF, 1997, p. 110.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" id="_ftn12" name="_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline">12</a><span arial="" style="font-family:"> Par ailleurs, pour qualifier le suppl&eacute;ment qui exc&egrave;de &laquo;&nbsp;la dialectique du besoin et du d&eacute;sir&nbsp;&raquo;, Barthes parle parfois aussi de &laquo;&nbsp;<i>reste</i>&nbsp;&raquo;. Le reste, c&rsquo;est le &laquo;&nbsp;d&eacute;bordement de la pure fonction&nbsp;&raquo;<i> </i>(LA 215).</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" id="_ftn13" name="_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline">13</a><span arial="" style="font-family:"> Claude Coste, <i>Roland Barthes moraliste</i>, Villeneuve d&rsquo;Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998, p. 204.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref14" id="_ftn14" name="_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline">14</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille, &laquo; La critique sociale &raquo;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, tome I, <i>op</i>. <i>cit</i>., p. 346.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref15" id="_ftn15" name="_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline">15</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille, &laquo; Structure psychologique du fascisme &raquo;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, tome I, <i>op</i>. <i>cit.</i>, pp. 344.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref16" id="_ftn16" name="_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline">16</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille, &laquo; Lettre à Alexandre Koj&egrave;ve &raquo;, cit&eacute; par Denis Hollier, <i>Le Collège de sociologie (1937-1939),</i> Paris, 1995 p. 76.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref17" id="_ftn17" name="_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline">17</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille, &laquo; La souveraineté &raquo;, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, tome VIII, Paris, Gallimard, 1976, p. 248.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref18" id="_ftn18" name="_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline">18</a><span arial="" style="font-family:"> Pour Barthes, une attitude est &laquo;&nbsp;sans vouloir-saisir&nbsp;&raquo; lorsqu&rsquo;elle est &laquo;&nbsp;sans but, sans dessein&nbsp;&raquo; (<i>N</i> 81).</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref19" id="_ftn19" name="_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline">19</a><span arial="" style="font-family:"> Sur cette question, voir Fran&ccedil;ois Noudelmann, <i>Le toucher des philosophes. Sartre, Nietzsche et Barthes au piano</i>, Paris, Gallimard, 2008. Voir aussi Tiphaine Samoyault, <i>Roland Barthes</i>, Paris, Seuil, 2015, p. 85.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref20" id="_ftn20" name="_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline">20</a><span arial="" style="font-family:"> Ainsi le texte &laquo;&nbsp;Variations sur l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo; porte-t-il sur l&rsquo;&eacute;criture en tant qu&rsquo;activit&eacute; manuscrite impliquant &laquo;&nbsp;le trac&eacute; de la main&nbsp;&raquo; (<i>OCIV </i>267). Le rapport &eacute;troit entre l&rsquo;&eacute;criture et le corps passe, entre autres, par une r&eacute;flexion très mat&eacute;rielle sur les instruments graphiques, avec lesquels Barthes entretenait, de son propre aveu, &laquo; un rapport presque maniaque&nbsp;&raquo; (<i>OC IV</i> 483-487). Cette amour de Barthes pour les beaux outils graphiques (mais aussi pour la papeterie au sens large) s&rsquo;exprime notamment lors de ses voyages, où il semble presque &laquo; jauger &raquo; la qualité de l&rsquo;art de vivre d&rsquo;un pays à ses outils graphiques. À titre d&rsquo;exemple, Barthes appr&eacute;cie particuli&egrave;rement du Japon son &laquo; stylo feutre &raquo;, de la Chine sa &laquo; calligraphie &raquo;, ou encore des &Eacute;tats-Unis sa papeterie &laquo; abondante, pr&eacute;cise, et ing&eacute;nieuse &raquo;. Barthes va d&rsquo;ailleurs jusqu&rsquo;à dire que &laquo; la diff&eacute;rence des civilisations passe par des objets aussi frustes que ceux-l&agrave;... &raquo; (<i>OCIII</i> 89).</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref21" id="_ftn21" name="_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline">21</a><span arial="" style="font-family:"> Sur le lien entre le degr&eacute; z&eacute;ro de Barthes et la d&eacute;pense de Bataille, voir Sunil <span style="font-variant:small-caps">M</span>anghani, &laquo;&nbsp;Barthes/Bataille: The Writing of Neutral Economy&nbsp;&raquo;, <i>Theory, Culture &amp; Society</i>, vol.35, 4/5, 2018, p. 193-215.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref22" id="_ftn22" name="_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline">22</a><span arial="" style="font-family:"> Pascal Quignard, <i>Sur l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une communaut&eacute; de solitaires</i>, Paris, Arl&eacute;a, 2015, p. 28.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref23" id="_ftn23" name="_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline">23</a><span arial="" style="font-family:"> Pascal Quignard, cit&eacute; par<b> </b>Rodolphe Gauthier, &laquo; De la solitude du collectionneur d&rsquo;anecdotes &agrave; la communaut&eacute; de solitaires : Esquisse d&rsquo;analyse de la pratique politique de Pascal Quignard &raquo;, <i>TIES</i>, Po&eacute;tique / politique : l&rsquo;esth&eacute;tique en partage ? n&deg;3, 2019, p. 53.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref24" id="_ftn24" name="_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline">24</a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, p. 67.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref25" id="_ftn25" name="_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline">25</a><span arial="" style="font-family:"> Sur la nature non-dialectique du fantasme, voir Magdalena Marciniak, &laquo;&nbsp;Le fantasme, pas le r&ecirc;ve...&nbsp;&raquo;, <i>Essaim</i>, 2016/2, n&deg;37, p. 107-118.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref26" id="_ftn26" name="_ftn26" style="color:blue; text-decoration:underline">26</a><span arial="" style="font-family:"> Louis Rouquayrol, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&ldquo;idiorrythmie&rdquo; selon Roland Barthes : entre &eacute;thique et fantasme&nbsp;&raquo;, <i>Revue cygne noir</i>, Quand ego signe. S&eacute;miotique, fantasme, fantaisie, n&deg;8, 2020.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref27" id="_ftn27" name="_ftn27" style="color:blue; text-decoration:underline">27</a><span arial="" style="font-family:"> Jean-Luc Nancy, <i>La communaut&eacute; d&eacute;savou&eacute;e</i>, Paris, Galil&eacute;e, 2014, p. 154.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref28" id="_ftn28" name="_ftn28" style="color:blue; text-decoration:underline">28</a><span arial="" style="font-family:"> Dont participent, de mani&egrave;re non exhaustive&nbsp;: Maurice Blanchot, <i>La communauté inavouable</i>, Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1983&nbsp;; Jean-Luc Nancy, <i>La communauté d&eacute;s&oelig;uvr&eacute;e</i>, Paris, Galil&eacute;e, 1983&nbsp;; Jacques Ranci&egrave;re, <i>Aux bords du politique</i>, Paris, Gallimard, 1990&nbsp;; Giorgio Agamben, <i>La communauté qui vient</i>, Paris, Seuil,1990&nbsp;; ou Jacques Derrida, <i>Politiques de l&rsquo;amitié</i>, Paris, Galil&eacute;e, 1994.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref29" id="_ftn29" name="_ftn29" style="color:blue; text-decoration:underline">29</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille,&nbsp;<i>La Religion surr&eacute;aliste</i>, in <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, tome VII, Paris, Gallimard, 1976, p. 394.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref30" id="_ftn30" name="_ftn30" style="color:blue; text-decoration:underline">30</a><span arial="" style="font-family:"> Georges Bataille, <i>M&eacute;thode de m&eacute;ditation</i>, in <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, tome V, Paris, Gallimard, 1973, p. 483.</span></span></span></p> </div> </div>