<p>Contre l’agitation et la dimension gestionnaire de la vie quotidienne, Barthes cultive tout au long de son œuvre une forme de dilection pour l'effacement et l’oisiveté. Il réfléchit à des formes de vies alternatives, en marge de la communauté politique instituée. Cette manière marginale de conduire sa vie semble se cristalliser dans la figure de l’<i>amateur</i>. Dans les années 1970, le terme revient de plus en plus fréquemment, sous une forme substantivée, dotée d’une majuscule et précédé de l’article indéfini. L’Amateur est alors hissé au rang de <i>figure</i>. La figure, chez Barthes est une « allusion rhétorique (= un morceau cerné de discours, repérable puisque intitulable) » (<i>OCV</i> 549). La figure n’a donc pas la rigueur philosophique d’un concept, ou l’homogénéité supposée d’une notion. Elle laisse présager les recompositions et les mobilités, comme l’a montré Mathias Écœur à propos de Barthes et la musique. Précisément, si la réflexion de Barthes sur l’amateur évolue, il y a une constante : l’amateur, loin de n’être pour lui qu’une version inaboutie et par-là médiocre de l’artiste ou du professionnel, constitue toujours une figure valorisée. Par un renversement des valeurs, Barthes place « au sommet des hiérarchies esthétiques l’amateur et non pas le professionnel » (<i>PDR</i> 351-352).</p>