<p>Si un consensus existe autour de la paternité verlainienne de l’expression « poètes maudits », il est plus ardu de définir strictement et définitivement ce que celle-ci recouvre, la formule devant une large part de sa fortune au fait « que ceux qui l’ont utilisée se sont généralement bien gardés de la définir ». D’ailleurs Paul Verlaine confessait lui-même, dès l’avertissement de l’édition de 1884 de ses <i>Poètes maudits</i>, que l’expression était davantage dictée par les circonstances que par un souci d’exactitude, les appellations « poètes absolus » ou « les incompris » étant plus selon lui plus appropriées. Ce flou définitoire a permis à la catégorie « poètes maudits » d’évoluer au gré des époques, fonctionnant de façon rétroactive pour qualifier des auteurs bien au-delà des seuls six noms recensés à l’origine et quittant même la stricte sphère de la littérature pour essaimer dans d’autres champs artistiques.</p>