<p>Entre la fin du XIX<sup>e</sup> siècle et le début du XX<sup>e</sup> siècle, au moment où Eadweard Muybridge expérimente la chronophotographie et Étienne-Jules Marey se consacre aux études sur le mouvement, la culture européenne se montre fascinée par l’imaginaire de la vitesse en tant qu’expression d’énergie et de progrès. Le théâtre réagit à cette sensibilité en développant une esthétique de l’accélération, qui se traduit entre autres par le genre protéiforme des spectacles de variétés, à savoir le music-hall, le vaudeville, la revue, la danse, la pantomime, le cirque et le café-concert. La vitesse s’avère être, non seulement un thème très fréquent des répertoires, mais aussi la condition essentielle d’une esthétique où priment les unités dramaturgiques brèves et facilement modulables. Dans « Il teatro di varietà. Manifesto futurista » (1913), Filippo Tommaso Marinetti donne une définition révélatrice du théâtre de variétés : il serait caractérisé par un « dynamisme de formes et de couleurs (mouvements simultanés de jongleurs, danseurs, gymnastes, écuyers multicolores, cyclones en spirale de danseurs tournoyants sur les pieds). »</p>