<p>En France, la m&eacute;moire de Mai 68 est loin d&#39;&ecirc;tre uniforme. La multiplicit&eacute; des supports et la diversit&eacute; des voix qui la racontent n&#39;est pas &eacute;trang&egrave;re &agrave; cet &eacute;clatement. Chaque anniversaire d&eacute;cennal de l&#39;&eacute;v&eacute;nement est accompagn&eacute; d&#39;une pl&eacute;thore d&#39;&eacute;crits qui, entre t&eacute;moignages, synth&egrave;ses historiques et ouvrages pol&eacute;miques, tentent de saisir ce moment majeur de la soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise, d&#39;en comprendre la nature et d&#39;en tirer les cons&eacute;quences. Les passions, les clivages id&eacute;ologiques et les souvenirs encore vivaces remod&egrave;lent sans cesse le profil de l&#39;&eacute;v&eacute;nement. Les travaux d&rsquo;historiens les plus s&eacute;rieux ne peuvent entraver les usages opportunistes et politiques du pass&eacute;. La &laquo;&nbsp;fr&eacute;n&eacute;sie de m&eacute;moire&raquo; agit durablement dans nos repr&eacute;sentations de cette p&eacute;riode. Jean-Pierre Rioux souligne &laquo;&nbsp;le r&ocirc;le de la m&eacute;moire dans la m&eacute;tamorphose de l&#39;&eacute;v&eacute;nement&raquo;, rappelant ici la capacit&eacute; des actes comm&eacute;moratifs &agrave; po&eacute;tiser le pass&eacute;.</p>