<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">La recherche qualitative en sciences humaines et sociales en général et en sociologie en particulier est un milieu « très vivant où s’expérimentent constamment de nouvelles manières de faire » (Paillé 2006:6). Fussent-elles parfois controversées, ces avancées sont essentielles au travail sociologique. Elles le sont, faut-il le rappeler, parce que <span style="color:black">la démarche scientifique du sociologue consiste à envisager ce qu’il veut connaître sous la forme d’une connaissance « par méthode destinée à produire une représentation distincte de l’objet qu’il cherche à connaître » (Granger 1986: 210). Et parce qu’il</span> « n’existe jamais de méthode prête à l’emploi », dans la mesure où il « s’agit toujours, pour le sociologue, de savoir plier ou adapter ses méthodes aux problèmes sociologiques qu’il entend résoudre » (Lahire 2022: 49).</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> Ces avancées sont multiples et protéiformes (Denzin and Lincoln 2017). Il n’est pas question de revenir en détail dessus. Simplement, on peut noter qu’elles peuvent concerner aussi bien 1) la mise sur pied d’une nouvelle méthode ou de nouveaux usages de méthodes éprouvées ; 2) la proposition de nouveaux concepts méthodologiques ; ou 3) prendre la forme d’une combinaison ou triangulation originale des méthodes (Taylor and Coffey, 2009). Qu’elles que soient ces avancées, il est vital pour la sociologie que ces nouvelles manières de faire soient discutées, partagées, et diffusées. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> C’est précisément l’intention ici : de partager une expérience méthodologique originale basée sur la simulation comme méthode de recherche sociologique. Mais qu’entend-on par simulation ? La<span style="color:black"> simulation est une invention méthodologique qui consiste à reproduire et à jouer une situation professionnelle comme si elle se déroulait réellement dans le contexte ordinaire de travail, sans toutefois s’y confondre. Celle-ci n’est pas nouvelle. Elle est présente dans des secteurs d’activités très variés et aussi différents que le médical, l’aéronautique et le nucléaire. Mais de manière bien différente, et avec une visée de recherche sociologique, les sociologues peuvent être amenés à investir la simulation, en particulier lorsque leur objet s’y prête. Ce fut le cas dans le cadre d’une recherche collaborative financée par le Fonds Européen de Développement Régional (<i>FEDER</i>) portant sur </span>les innovations technologiques en santé et fédérant le Centre Hospitalo-Universitaire de Tours<i>, <em>VYV 3</em></i> Centre-Val de Loire, et l’Université de Tours. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Après avoir rapidement rappelé les intentions de cette recherche, et les limites des méthodes habituelles – observations et entretiens par exemple – face à cet objet, <span style="color:black">l’objectif est de décrire la simulation et de voir comment elle peut être un dispositif de </span>redistribution des tâches et des actes entre les professionnels du soin. <span style="color:black">Plus précisément, images à l’appui – c’est-à-dire sur la base des films ethnographiques tirés de ces journées de simulation –, les accords professionnels feront l’objet d’une attention toute particulière. D’autant que ces images font apparaître que ce dispositif inédit et original semble un levier pour faire sortir les professionnels des pratiques et accords professionnels consacrés ou routinisés, au point d’initier de nouvelles formes de travail qui contrastent avec des formes de travail habituelles pour lesquelles le « coefficient de routine » (Menger, 2009) est important. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:14.0pt">Les avantages de la simulation dans l’accès aux données</span></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><i>La simulation : une méthode pour contourner les obstacles …</i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">En quoi les nouvelles technologies numériques transforment-elles les métiers de l’autonomie et de la santé, la relation thérapeutique et les formes de coopérations entre professionnels ? Comment ces outils sociotechniques font, défont ou refont différemment l’organisation et les relations de travail ? Avec quels impacts présents et futurs ? Voilà quelques-unes des questions qu’il s’agissait d’embrasser avec un regard sociologique dans le cadre du programme de recherche européen évoqué précédemment. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:black"> Pour tenter de répondre à ces questions, </span>la démarche des chercheurs en sociologie ayant mené cette enquête a consisté alors classiquement à recourir aux méthodes suivantes <span style="color:black">: entretiens avec les acteurs de santé – professionnels et patients –, questionnaires, observations <i>in situ</i>. Ces méthodes ont été extrêmement pertinentes. Cela ne fait pas le moindre doute. Mais elles ont aussi trouvé semble-t-il leurs limites dans le cas particulier des innovations technologiques en santé dans la mesure où elles ne permettent pas toujours de bien </span>décrire, comprendre et expliquer l’inventivité des usages et les nouvelles formes de travail qui n’ont pas encore été pensées ou prévues en ce domaine. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:black">A cela s’est ajouté un autre obstacle : celui de pouvoir accéder au plus près de la relation soignant-soigné. La méthode de l’entretien ou de l’observation ne permet bien souvent que d’en rester au seuil. Le secret médical et la monopolisation du travail du soin par les groupes professionnels y est pour beaucoup. Certes, certains sociologues ont en partie contourné cet obstacle. Ils l’ont fait généralement en occupant des fonctions directement dans l’institution étudiée. A l’instar </span>d’Erving Goffman, en observateur <i>incognito</i> à l’hôpital St Elizabeths de Washington, recruté comme assistant de direction, et tirant de cette immersion son ouvrage <a name="_Hlk130569492"><i>Asiles</i> (1961). </a>Mais cette posture d’observateur participant ou de « participation observante » (Wacquant, 2000) n’est elle-même pas sans défaut – puisque, même ainsi, l’intimité de la relation soignant-soigné demeure en partie inaccessible. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:black"> Or à cet égard, la simulation est apparue comme une solution pour contourner ces obstacles. Pour ce faire </span>une chambre médicalisée et une salle d’activité semblables à celles présentes à l’hôpital ou en établissement médico-social a été mise sur pied. Ceci dans le but d’accéder à une réalité qui ne serait pas visible autrement par les sociologues. Et pour lever l’obstacle de l’inaccessibilité aux plis les plus fins du travail du soin. Mais où ces espaces ont été implantés ? <span style="color:black">Le choix du lieu d’implantation pour réaliser les simulations n’est jamais neutre. L’un des critères méthodologiques a été d’opter pour un tiers-lieu – entendu comme un « lieu intermédiaire » (Oldenburg 1989) – qui ne soit ni </span>le Centre Hospitalo-Universitaire de Tours<i>, </i>ni <em>VYV 3</em> Centre-Val de Loire, ni l’Université de Tours, c’est-à-dire aucun des lieux apparentés aux partenaires du <i>consortium</i> intéressés à mettre sur pied ce dispositif de simulation à des fins de recherche sociologique. Aussi en résulte-t-il que les espaces de simulation ont été installés à Mame, la Cité de l’Innovation et de la Création à Tours. Ce site pouvait accueillir ce type d’initiative tout en se situant à proximité des partenaires du consortium. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> L’objectif assigné aux simulations n’a pas été de former les professionnels, mais de voir <span style="color:black">comment les innovations technologiques bouleversent la façon dont les professionnels du champ de l’autonomie et de la santé s’organisent, exercent ce que pourrait être pour une part leur métier dans le futur, interagissent et se (re)définissent en tant que professionnels. Ces objectifs ont fait office de cap, de guide sur quoi l’on a souhaité porter plus finement notre attention.</span> Cet objectif de recherche a guidé aussi l’élaboration et le raffinement du dispositif sociotechnique. Puisque, toujours pour contourner les obstacles relatifs aux limites de l’entretien et de l’observation, utilisés par ailleurs, chaque espace de simulation a été équipé de deux caméras fixes et d’une caméra vigie mobile. Ces caméras visaient à suivre le mouvement des professionnels en immersion et mis en situation ordinaire de travail. Toutes les séances de simulation ont donc été filmées et enregistrées avec l’accord préalable des participants. Cela a permis au moins deux choses : permettre aux participants qui observent et aux sociologues de voir la situation jouée sans être physiquement présents dans la scène. Et pour les chercheurs, de disposer de données qualitatives et « visuelles vivantes » <a name="_Hlk130569512">(Emmison and Smith 2000) </a>pour <i>in fine </i>travailler et produire leurs analyses. Mais surgit peut-être une question : comment la simulation à des fins de recherche a-t-elle finalement été mise en œuvre par les sociologues ? Répondre à ces questions, c’est rendre davantage visibles et transparents les processus qui ont présidé ici à la production des résultats de recherche</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><i>Rendre visible le processus de la simulation en sociologie : mise en œuvre </i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:black">Pour mettre les professionnels participants à ces simulations dans des conditions relativement proches de leurs conditions ordinaires de travail, celles-ci ont été basées sur le jeu de rôle, avec des scénarios bâtis par les sociologues. Les professionnels pouvaient jouer leur propre rôle ou bien celui d’un autre professionnel. Tandis que les scénarios ont été construits à partir des observations <i>in situ</i> ou de ce qui a été relaté par les professionnels dans le cadre d’entretiens individuels ou collectifs. Il s’agissait donc généralement de situations de travail rencontrées fréquemment par les professionnels : un refus de soin de la part d’un patient, un endormissement difficile, un état de santé qui requiert un avis médical par téléconsultation… Dans le cadre des simulations, ces situations ont toutefois eu ceci de particulier d’offrir la possibilité pour le professionnel de recourir à des outils numériques, puisque l’objectif était bien d’observer ce que cela produit sur eux et sur autrui.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:black">Les séances de simulation se déroulaient à chaque fois sur une journée. Elles accueillaient</span> au moins cinq et au maximum huit professionnels du champ de l’autonomie et de la santé. Les sociologues chargés d’assurer ces journées l’ont fait systématiquement en binôme d’une part pour des questions organisationnelles : animer le groupe, veiller à la bonne marche des caméras, lancer l’enregistrement audio et vidéo, etc. Et d’autre part pour des raisons scientifiques : mise en synergie et dialogue des perspectives sociologiques, mise en regard et en débat des analyses, etc. Ces derniers se présentaient dans la foulée des participants, indiquaient le cadre de la recherche, l’intention des simulations. Après quoi, le dispositif suivait généralement la mécanique suivante : <span style="color:black">1) briefing, 2) mise en situation, 3) débriefing. Le briefing (étape 1) avait lieu avant la mise en situation. Cette étape consistait à faire découvrir aux participants les espaces de simulation, en sorte qu’ils s’imprègnent des lieux et au besoin des technologies numériques pouvant être utilisées. Les sociologues donnaient ensuite des éléments de contexte du scénario bâti par leurs soins, et les rôles professionnels étaient distribués à cette étape. </span>La mise en situation (étape 2) correspondait à l’expérience de la situation simulée en chambre médicalisée ou en salle d’activité. Les sociologues et les autres participants avaient là une place de choix pour assister sur le vif à l’activité de travail – l’intégralité de la situation étant retransmise en direct –, donner si nécessaire de nouvelles indications sur la situation, la faire rejouer, etc. Le débriefing (étape 3) était l’occasion que tous les participants et les sociologues échangent sur ce qu’ils viennent de vivre ou de voir. C’est un temps pour faire un retour sur le déroulé de la situation, pour que s’exprime les émotions vécues, mais aussi revenir <i>en détail</i> sur les interactions. </span></span></p>
<p><img height="171" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112616-1.png" width="223" /> <img height="173" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112626-2.png" width="209" /></p>
<p>Photographie 1 Photographie 2</p>
<p> </p>
<p><img height="148" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112633-3.png" width="240" /> <img height="151" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112643-4.png" width="215" /></p>
<p>Photographie 3 Photographie 4</p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:black">Cette étape du débriefing est fondamentale. Elle est conduite sous l’optique sociologique. Dans celle-ci il n’est pas question </span>d’apprendre aux professionnels à faire leur travail, mais bien plutôt pour les sociologues de voir et d’apprendre comment ces derniers le font, ici lorsque de nouvelles technologies numériques s’invitent dans la trame de l’interaction. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><i>La simulation : un éclairage gagnant-gagnant</i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Ainsi en utilisant la simulation comme un « laboratoire social » et méthodologique vivant à des fins de recherche sociologique, cette méthode semble fondée sur une dynamique « gagnant-gagnant ». </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">A l’échelle des participants aux simulations, ceux-ci bénéficient d’un retour réflexif immédiat ou presque de la part des autres et des sociologues dans un climat sécurisant. La clé de ce climat singulier réside bien sûr dans les relations interpersonnelles qui ne nouent au fil des présentations croisées, des mises en situations et des échanges. Mais elle tient aussi au fait que dans ce cadre il n’y ait pas de pratiques professionnelles attendues ou donnant lieu à évaluation. De fait, la simulation comme méthode de recherche est <span style="color:black">là pour éprouver et étudier des pratiques professionnelles expérimentales. Les sociologues ne sont donc pas là pour « faire apprendre », mais pour apprendre eux-mêmes comment les professionnels agissent </span>et « orientent, contrôlent, infléchissent et modifient chacun leurs lignes d’action à la lumière de ce qu’ils trouvent dans les actions d’autrui » <a name="_Hlk130569546">(Blumer 1969: 53). </a>Ils n’ont de cesse néanmoins comme on l’a dit plus tôt de mettre en perspective les points de vue et de partager leurs connaissances sociologiques. En sorte que « connaissance sociologique » et « connaissance pratique » des professionnels enquêtés s’éclairent dans un jeu d’aller-retour permanent. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Parmi les participants-enquêtés, en acceptant de jouer le jeu du « faire comme si » de la simulation, c’est-à-dire en acceptant de se mettre en jeu devant les autres dans un contexte proche du contexte ordinaire de travail sans toutefois s’y confondre, les professionnels semblent en apprendre davantage sur eux-mêmes et sur les autres. Les simulations, conduites sous l’optique sociologique, leurs permettent d’être mis <span style="color:black">dans une forme d’ « empathie intersubjective », qui « consiste à reconnaître à l’autre la possibilité de m’informer utilement sur des aspects de moi-même que j’ignore encore » <a name="_Hlk130569554">(Tisseron 2017: 86). </a>Ce temps suspendu, et un peu inédit, permet de voir, publiciser et mettre en débat les savoirs spécifiques mis en œuvre par les professionnels. Par ailleurs, la forme même du dispositif de simulation comme méthode de recherche sociologique offre la possibilité aux professionnels de se revoir après-coup en image. Aussi n’a-t-il pas été rare qu’au moment des échanges du débriefing les professionnels enquêtés soient surpris, ne pensant pas qu’il était possible de voir et comprendre « tout ça ».</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">A l’échelle cette fois-ci des sociologues, l’intérêt de cette méthode semble relever au moins de trois ordres : 1) <span style="color:black">recueillir des données qualitatives par des voies différentes que l’entretien ou l’observation ; 2) décrire, comprendre et expliquer des nouvelles formes de travail qui n’ont pas encore été pensées ou prévues, en offrant un espace pour éprouver et réfléchir sur des pratiques et des coopérations professionnelles expérimentales ; 3) </span>avoir accès à une réalité qu’il serait parfois difficile d’atteindre autrement<span style="color:black">. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Aussi ces simulations se sont-elles révélées un relatif succès si l’on appelle succès le nombre de personnes enquêtées et de données audio-visuelles qu’il a été possible d’enregistrer et d’exploiter par cette voie, dans le cadre du programme de recherche européen précédemment évoqué. Au total, 120 professionnels de l’autonomie et de la santé des six départements de la région Centre-Val de Loire ont participé à ces simulations. Et une centaine d’heures d’enregistrements audio ou audio-visuels a été moissonnés. Or à l’analyse, ces images rendent compte de la manière dont <span style="color:black">ce dispositif de simulation semble un levier pour 1) faire sortir les professionnels des pratiques et accords professionnels routinisés, au point d’initier de nouvelles formes de travail qui contrastent avec les routines consacrées. Et 2) redistribuer temporellement des tâches et des actes entre les professionnels. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="color:black">La simulation : un générateur d’expériences professionnelles inédits de </span></span></b><b><span style="font-size:14.0pt">redistribution des tâches et des actes dans le soin ?</span></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b> </b>L’analyse des enregistrements audiovisuels prend appui sur les connaissances les plus actuelles dans les champs de l’analyse du travail et des groupes professionnels (Vezinat, 2016), de l’innovation scientifique et technique (Alkrich, Callon et Latour, 2006), de l’innovation sociale (Klein, Laville et Moulaert, 2014), de l’activité (Barbier et Durand, 2017) et des compétences interactionnelles (Fillietaz et Zogmal, 2020). Elle s’inspire également des travaux sur la dimension processuelle de l’activité de travail ainsi que leurs négociations dans des dynamiques professionnelles (Hughes, 1996 ; Strauss, 1992 ; Abbott, 2003), mêlant des niveaux d’échelle et de regard à la fois les plus micro aux plus macrosociologiques. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Sans pouvoir relater et analyser l’ensemble des processus de redistribution des actes et des tâches entre les professionnels du soin survenues lors des simulations, une configuration, au sens d’Elias (1991), de transformation des pratiques coopératives mérite de s’y attarder. Elle concerne notamment les simulations dont le cœur du scénario tourne autour d’un soin difficile : refus de soin face à un patient on ne peut plus agité.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><i>Le soin difficile en simulation : transformation des coopérations…</i></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Le scénario générique est celui d’un soin difficile. Un résident en EHPAD tourangeau depuis plusieurs années est connu pour redouter les piqûres, les prises de sang. Présentement, l’infirmière doit faire un prélèvement sanguin. L’expression de cette crainte se traduit côté résident par des cris, des gestes brusques et un refus de présenter son bras. Les professionnels de l’autonomie et de la santé, seuls ou en binôme, entrent dans la chambre et se retrouvent face à un résident entre apeurement et désapprobation. Elles savent que le résident a de la famille éloignée dans le Nord qui ne vient jamais le voir. Que le résident dialogue généralement peu, sans être apathique. Aux yeux de ceux qui en prennent soin, il est « dans son monde », se « balade » beaucoup dans l’établissement, participe peu aux activités collectives, prétend avoir des choses à faire. Et lorsqu’il rejoint une activité, cela ne dure jamais longtemps, il se lève, revient, repart… Face à cette situation de soin difficile, les professionnelles tentent d’intervenir. Dans ce cas-ci, ou bien le résident finit par devenir réceptif, ou bien il demeure opposant. L’intérêt de cette situation est d’observer ce que font les professionnelles, comment elles se coordonnent ou non, coopèrent, ajustent leurs comportements pour réaliser leur soin.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> Confronté à cette situation, les chercheurs en sociologie ont assisté sur-le-vif à la manière dont les professionnelles « orientent, contrôlent, infléchissent et modifient chacun leurs lignes d’action à la lumière de ce qu’ils trouvent dans les actions d’autrui » (Blumer, 1969 : 53). Lorsqu’une professionnelle s’aventurait seule dans ce type de situation, par exemple une infirmière, elle ajustait son comportement en fonction des actions du résident. Son objectif était d’abord de détourner son attention du soin à venir. Pour ce faire, cette dernière pouvait faire « feu de tout bois » : aller chercher une tisane, un morceau de carré de chocolat, convoquer l’environnement immédiat de la chambre pour échanger autour d’une photo, d’un tableau, ou du mobilier. Le corps du professionnel, véritable « axe de sa relation au monde », pour reprendre une formule de Le Breton (2013), était également mis en branle comme « émetteur et récepteur de sens » au service de cet objectif : la voix se faisait plus douce, moins forte, pour essayer de trancher avec l’inquiétude du résident. Concernant le répertoire de gestes et de mimiques déployé, et sans que celui-ci n’affleure toujours à la conscience, les actions des professionnels se sont ressemblés dans leur manière de s’appuyer sur le lit du résident, le regarder dans les yeux, le prendre par la main. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> Lorsque le professionnel parvenait seul à détourner l’attention du résident et à réaliser son soin, la situation pouvait s’arrêter-là. En revanche, il pouvait arriver aussi qu’elle se retrouve en incapacité de délivrer son soin face à un résident opposant. Dans ce cas de figure, elle pouvait alors faire appel à un autre professionnel, sollicité en renfort, pour intervenir en binôme. Les binômes spontanément formés étaient des binômes de soignants – par exemple un médecin et une infirmière (MED-IDE), ou plus fréquemment encore, une infirmière avec une aide-soignante (IDE-AS). La coopération se réalisait alors selon une logique de « primauté de métier » et de hiérarchie symbolique suivant lesquelles les actes techniques, particulièrement valorisés, échoient au médecin ou à l’infirmière, tandis que le <i>care</i> (distingué du <i>cure</i>) visant à « calmer » le résident étaient tantôt conjointement pris en charge par les deux professionnels, tantôt délégués à l’infirmière dans le binôme MED-IDE, ou à l’aide-soignante dans le binôme IDE-AS. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Cette délégation de tâche était néanmoins moins marquée dès lors que pour détourner l’attention du résident vis-à-vis du soin à venir, les professionnels recouraient à un outil technologique numérique : un robot, un téléphone, un casque de réalité virtuelle, etc. L’ordre de l’interaction s’en trouvait généralement modifié. Ceci tient au fait suivant : dès le moment où l’outil numérique est introduit dans la scène de la simulation, les professionnels faisaient en sorte de l’encastrer dans la trame de la relation comme un partenaire à part entière, au même titre que le résident et les professionnels. L’attention du résident se déplaçait : elle se focalisait alors moins sur les professionnels et le soin à venir que sur l’outil numérique, redistribuant simultanément leur pouvoir et leur place dans les interactions. Ces résultats convergent avec les travaux sociologiques montrant que la place et les frontières entre les professionnels fluctuent à mesure qu’évoluent les innovations sociotechniques (Esterle, Mathieu-Fritz et Esponoza, 2011). </span></span></p>
<p> </p>
<p align="center" style="text-align:center"><img height="328" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112937-5.png" width="401" /></p>
<p align="center" style="text-align:center"> </p>
<p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Photographie 5</span></span></p>
<table align="left">
<tbody>
<tr>
<td style="width:91px; height:3432px"> </td>
</tr>
<tr>
<td> </td>
<td> </td>
</tr>
</tbody>
</table>
<p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><i><span style="color:black">L’animatrice M. et l’infirmière A. avec le résident B.</span></i></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>… et avènement de nouveaux binômes de travail</b></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> Fait plus surprenant encore pour les sociologues comme pour les professionnels : le dispositif de simulation a été l’occasion de voir advenir des binômes de professionnels moins spontanés et moins habitués à travailler de concert : des binômes de soignant (IDE ou AS) et d’animateur. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Ceci a sous doute été favorisé par le fait que le dispositif de simulation est un espace et un temps qui mixe les appartenances professionnelles. Alors que la très forte division du travail dans les EHPAD et les résidences autonomies a cours entre professionnels (par exemple entre les soignants et animateurs, ou entre les soignants centrés sur la technique et les soignants qui « se laissent aller » à faire de l’animation, considéré par certains comme relavant de l’amusement et de l’occupationnel), les professionnels n’ont pas toujours la possibilité de « travailler avec » des collègues dont ils méconnaissent ou mésestiment l’activité de travail. La simulation en cela est un dispositif qui tranche en partie avec l’ordinaire du travail : elle met les professionnels d’horizons de métiers et d’établissements différents autour de la table. Les chercheurs ont ainsi été témoin d’invention et de transformation de coopération dans ce type de binôme innovant, où soignant et animateur convergent vers un même objectif : rendre plus facile et possible le soin. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> Dans cette configuration, au sens d’Elias, la dynamique des relations professionnelles donne à voir comment l’animatrice se met au service du soignant tout en prenant très largement le <i>leadership</i> sur la manière dont se déroule la partition des interactions. En la matière, pour prendre appui sur un support vidéo issu du matériau récolté – mais ayant une forte représentativité théorique de ce qui a pu être observé (photographie 5 ci-dessus) – l’animatrice est la première à utiliser l’outil numérique (ici le casque de réalité virtuelle). Cette dernière donne des éléments sur l’objet, ce qu’elle voit, pour anticiper ou préparer l’autre, le soigné, à utiliser l’outil à son tour. Surtout, la « primauté des métiers » entre infirmière et animatrice est bousculée, retravaillée, dans la mesure où c’est non pas l’infirmière mais l’animatrice qui fait signe à l’infirmière quand elle peut faire le soin difficile. Ces signes par lesquels sont donnés le signal sont presque imperceptibles : un signe de la main, un mouvement de la tête. Sans même que le moindre mot ne soit prononcé, les professionnelles se comprennent. L’infirmière va d’elle-même chercher le chariot médical, se tient prête à recevoir les signaux suivants de la part de l’animatrice. Dans cette configuration, il est arrivé également que l’animatrice explique le geste technique (la prise de sang), ce qui va se passer, là où c’est habituellement ce qui échoie à l’infirmière diplômée d’état. </span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Ainsi, on le comprend, par le dispositif de simulation, c’est un nouveau binôme de travail qui s’ouvre tout en redistribuant des tâches et des actes. Et c’est tout « <i>l’ethos » </i>professionnel de l’animatrice qui est mis au service de l’infirmière, de la qualité du soin, et plus largement de la réussite de celui-ci. </span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="color:black">Conclusion</span></span></b></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">La simulation, on l’a vu, est une i<span style="color:black">nnovation méthodologique significative qui consiste à reproduire et à jouer une situation professionnelle comme si elle se déroulait réellement dans le contexte ordinaire de travail, sans toutefois s’y confondre. Surtout, elle peut être utilisée à des fins de recherche sociologique pour accéder à des données qu’il serait difficile d’atteindre autrement. Après avoir présenté l’intérêt de cette méthode, l’objectif de cet article était de rendre davantage visible et transparent sa mise en œuvre, d’une part, et d’autre part de rendre compte du type de résultats qu’il est possible de produire par cette dernière, ici sur la redistribution des tâches et des actes dans le domaine du soin. De toute évidence, une telle méthode n’est pas dénuée de limites liées par exemple 1) </span>à la difficulté et au coût d’implémentation d’un tel dispositif ; 2) au fait d’être étroitement dépendant de la participation volontaire des professionnels dans un processus qui peut apparaître plus engageant que l’entretien ou l’observation en contexte ordinaire de travail ; 3) à la particularité de sa mise en œuvre dans la mesure où il contraint les sociologues à livrer sur-le-champ leurs analyses, au moment du débriefing. Pour autant, cette méthode qualitative permet de manière inédite d’accéder à et de produire des données de sciences sociales et constitue une innovation méthodologique qui mérite d’être discutée, partagée, et réappropriée.</span></span></p>
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<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:14.0pt">Bibliographie</span></b></span></span></p>
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<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Abbott, A. (2003). Ecologies liées : à propos du système des professions. Dans P-M Menger (dir.), <i>Les professions et leurs sociologies. Modèles théoriques, catégorisations, évolutions</i> (p. 29-50). Editions de la Maison des sciences de l’homme.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Alkrich, M., Callon, M., & Latour, B. (2006). <i>Sociologie de la traduction: Textes fondateurs. </i>Paris: Ecole des Mines de Paris.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Barbier, J.-M., & Durand, M. (2017). <i>Encyclopédie d’analyse des activités.</i> Paris: Presses Universitaires de France.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Blumer, H. (1969). <i>Symbolic Interaction: perspective, and method. </i>Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Denzin, N. K., & Lincoln, Y. S. (Eds.). (2018). <i>The sage handbook of qualitative research.</i> London: Sage.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Elias, N. (1991). <i>La société des individus. </i>Paris: Fayard.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Emmison, M., & Smith, P. (Eds.). (2000). <i>Researching the Visual. </i>London: Sage.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Esterle, L., Mathieu-Fritz, A., & Espinoza, P. (2011). L'impact des consultations à distance sur les pratiques médicales. Vers un nouveau métier de médecin? <em>Revue française des affaires sociales</em>, <em>66</em>, 63-79.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Filliettaz, L., & Zogmal, M. (Dirs.). (2020). <em>Mobiliser et développer des compétences interactionnelles en situation de travail éducatif</em>. Toulouse: Octarès.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Granger, G. G. (1986). Pour une épistémologie du travail scientifique. In J. Hamburger (Ed.), <i>La philosophie des sciences aujourd’hui </i>(pp. 111-129). Paris: Editions Gauthier-Villars.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Goffman, E. (1961). <i>Asylums: Essays on the Social Situation of Mental Patient and Other Inmates.</i> New York: Anchor Books.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Hugues, E. (1996)<i>. Le regard sociologique: Essais choisis.</i> Paris: Editions de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Klein, J., Laville, J., & Moulaert, F. (2014). <i>L'innovation sociale.</i> Toulouse: Érès.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Lahire, B. (2022). L’invention méthodologique : le cas de l’interprétation sociologique des rêves<i>. Éducation Permanente</i>, 230, 49-58.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Menger, P. M. (2009). <i>Le travail créateur: S’accomplir dans l’incertain</i>. Paris: Gallimard/Seuil.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Oldenburg, R. (1989). <i>The Great Good Place.</i> New York: Paragon.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Paillé, P. (2006). <i>La méthodologie qualitative: Postures de recherche et travail de terrain.</i> Paris: Armand Colin.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Peneff, J. (2005). <i>L'Hôpital en urgence</i>. Paris: Éditions Métailié.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Strauss, A. L. (1992). <em>La trame de la négociation: Sociologie qualitative et interactionnisme</em>. Textes réunis et présentés par I. Baszanger. Paris: Éditions L'Harmattan.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Taylor, C., & Coffey, A. (2009). Editorial. Special issue: qualitative research and methodological innovation. <i>Qualitative Research, 9</i>(5), 523-526.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Tisseron, S. (2017). <i>Empathie et manipulations: Les pièges de la compassion</i>. Paris: Albin Michel.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Vezinat, N. (2016). <i>Sociologie des groupes professionnels</i>. Paris: Armand Colin.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Wacquant, L. (2000). <em>Corps et âme: Carnets ethnographiques d'un apprenti boxeur</em>. Marseille: Éditions Agone.</span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Weber, M. (2003). <i>Economie et société: Les catégories de la sociologie (tome 1)</i>. (Original work published 1922). Paris: Pocket.</span></span></p>
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