<p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">La recherche qualitative en sciences humaines et sociales en g&eacute;n&eacute;ral et en sociologie en particulier est un milieu &laquo;&nbsp;tr&egrave;s vivant o&ugrave; s&rsquo;exp&eacute;rimentent constamment de nouvelles mani&egrave;res de faire&nbsp;&raquo; (Paill&eacute; 2006:6). Fussent-elles parfois controvers&eacute;es, ces avanc&eacute;es sont essentielles au travail sociologique. Elles le sont, faut-il le rappeler, parce que <span style="color:black">la d&eacute;marche scientifique du sociologue consiste &agrave; envisager ce qu&rsquo;il veut conna&icirc;tre sous la forme d&rsquo;une connaissance &laquo;&nbsp;par m&eacute;thode destin&eacute;e &agrave; produire une repr&eacute;sentation distincte de l&rsquo;objet qu&rsquo;il cherche &agrave; conna&icirc;tre&nbsp;&raquo; (Granger 1986: 210). Et parce qu&rsquo;il</span>&nbsp;&laquo;&nbsp;n&rsquo;existe jamais de m&eacute;thode pr&ecirc;te &agrave; l&rsquo;emploi&nbsp;&raquo;, dans la mesure o&ugrave; il &laquo;&nbsp;s&rsquo;agit toujours, pour le sociologue, de savoir plier ou adapter ses m&eacute;thodes aux probl&egrave;mes sociologiques qu&rsquo;il entend r&eacute;soudre&nbsp;&raquo; (Lahire 2022: 49).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ces avanc&eacute;es sont multiples et prot&eacute;iformes (Denzin and Lincoln 2017). Il n&rsquo;est pas question de revenir en d&eacute;tail dessus. Simplement, on peut noter qu&rsquo;elles peuvent concerner aussi bien 1) la mise sur pied d&rsquo;une nouvelle m&eacute;thode ou de nouveaux usages de m&eacute;thodes &eacute;prouv&eacute;es&nbsp;; 2) la proposition de nouveaux concepts m&eacute;thodologiques&nbsp;; ou 3) prendre la forme d&rsquo;une combinaison ou triangulation originale des m&eacute;thodes (Taylor and Coffey, 2009). Qu&rsquo;elles que soient ces avanc&eacute;es, il est vital pour la sociologie que ces nouvelles mani&egrave;res de faire soient discut&eacute;es, partag&eacute;es, et diffus&eacute;es. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;intention&nbsp;ici&nbsp;: de partager une exp&eacute;rience m&eacute;thodologique originale bas&eacute;e sur la simulation comme m&eacute;thode de recherche sociologique. Mais qu&rsquo;entend-on par simulation&nbsp;? La<span style="color:black"> simulation est une invention m&eacute;thodologique qui consiste &agrave; reproduire et &agrave; jouer une situation professionnelle comme si elle se d&eacute;roulait r&eacute;ellement dans le contexte ordinaire de travail, sans toutefois s&rsquo;y confondre. Celle-ci n&rsquo;est pas nouvelle. Elle est pr&eacute;sente dans des secteurs d&rsquo;activit&eacute;s tr&egrave;s vari&eacute;s et aussi diff&eacute;rents que le m&eacute;dical, l&rsquo;a&eacute;ronautique et le nucl&eacute;aire. Mais de mani&egrave;re bien diff&eacute;rente, et avec une vis&eacute;e de recherche sociologique, les sociologues peuvent &ecirc;tre amen&eacute;s &agrave; investir la simulation, en particulier lorsque leur objet s&rsquo;y pr&ecirc;te. Ce fut le cas dans le cadre d&rsquo;une recherche collaborative financ&eacute;e par le Fonds Europ&eacute;en de D&eacute;veloppement R&eacute;gional (<i>FEDER</i>) portant sur </span>les innovations technologiques en sant&eacute; et f&eacute;d&eacute;rant le Centre Hospitalo-Universitaire de Tours<i>, <em>VYV 3</em></i> Centre-Val de Loire, et l&rsquo;Universit&eacute; de Tours. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Apr&egrave;s avoir rapidement rappel&eacute; les intentions de cette recherche, et les limites des m&eacute;thodes habituelles &ndash; observations et entretiens par exemple &ndash; face &agrave; cet objet, <span style="color:black">l&rsquo;objectif est de d&eacute;crire la simulation et de voir comment elle peut &ecirc;tre un dispositif de </span>redistribution des t&acirc;ches et des actes entre les professionnels du soin. <span style="color:black">Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, images &agrave; l&rsquo;appui &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire sur la base des films ethnographiques tir&eacute;s de ces journ&eacute;es de simulation &ndash;, les accords professionnels feront l&rsquo;objet d&rsquo;une attention toute particuli&egrave;re. D&rsquo;autant que ces images font appara&icirc;tre que ce dispositif in&eacute;dit et original semble un levier pour faire sortir les professionnels des pratiques et accords professionnels consacr&eacute;s ou routinis&eacute;s, au point d&rsquo;initier de nouvelles formes de travail qui contrastent avec des formes de travail habituelles pour lesquelles le &laquo;&nbsp;coefficient de routine&nbsp;&raquo; (Menger, 2009) est important. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:14.0pt">Les avantages de la simulation dans l&rsquo;acc&egrave;s aux donn&eacute;es</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><i>La simulation&nbsp;: une m&eacute;thode pour contourner les obstacles &hellip;</i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">En quoi les nouvelles technologies num&eacute;riques transforment-elles les m&eacute;tiers de l&rsquo;autonomie et de la sant&eacute;, la relation th&eacute;rapeutique et les formes de coop&eacute;rations entre professionnels&nbsp;? Comment ces outils sociotechniques&nbsp;font, d&eacute;font ou refont diff&eacute;remment l&rsquo;organisation et les relations de travail&nbsp;? Avec quels impacts pr&eacute;sents et futurs&nbsp;? Voil&agrave; quelques-unes des questions qu&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;embrasser avec un regard sociologique dans le cadre du programme de recherche europ&eacute;en &eacute;voqu&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour tenter de r&eacute;pondre &agrave; ces questions, </span>la d&eacute;marche des chercheurs en sociologie ayant men&eacute; cette enqu&ecirc;te a consist&eacute; alors classiquement &agrave; recourir aux m&eacute;thodes suivantes <span style="color:black">: entretiens avec les acteurs de sant&eacute; &ndash; professionnels et patients &ndash;, questionnaires, observations <i>in situ</i>. Ces m&eacute;thodes ont &eacute;t&eacute; extr&ecirc;mement pertinentes. Cela ne fait pas le moindre doute. Mais elles ont aussi trouv&eacute; semble-t-il leurs limites dans le cas particulier des innovations technologiques en sant&eacute; dans la mesure o&ugrave; elles ne permettent pas toujours de bien </span>d&eacute;crire, comprendre et expliquer l&rsquo;inventivit&eacute; des usages et les nouvelles formes de travail qui n&rsquo;ont pas encore &eacute;t&eacute; pens&eacute;es ou pr&eacute;vues&nbsp;en ce domaine. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">A cela s&rsquo;est ajout&eacute; un autre obstacle&nbsp;: celui de pouvoir acc&eacute;der au plus pr&egrave;s de la relation soignant-soign&eacute;. La m&eacute;thode de l&rsquo;entretien ou de l&rsquo;observation ne permet bien souvent que d&rsquo;en rester au seuil. Le secret m&eacute;dical et la monopolisation du travail du soin par les groupes professionnels y est pour beaucoup. Certes, certains sociologues ont en partie contourn&eacute; cet obstacle. Ils l&rsquo;ont fait g&eacute;n&eacute;ralement en occupant des fonctions directement dans l&rsquo;institution &eacute;tudi&eacute;e. A l&rsquo;instar </span>d&rsquo;Erving Goffman, en observateur <i>incognito</i> &agrave; l&rsquo;h&ocirc;pital St Elizabeths de Washington, recrut&eacute; comme assistant de direction, et tirant de cette immersion son ouvrage <a name="_Hlk130569492"><i>Asiles</i> (1961). </a>Mais cette posture d&rsquo;observateur participant ou de &laquo;&nbsp;participation observante&nbsp;&raquo; (Wacquant, 2000) n&rsquo;est elle-m&ecirc;me pas sans d&eacute;faut &ndash; puisque, m&ecirc;me ainsi, l&rsquo;intimit&eacute; de la relation soignant-soign&eacute; demeure en partie inaccessible.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Or &agrave; cet &eacute;gard, la simulation est apparue comme une solution pour contourner ces obstacles. Pour ce faire </span>une chambre m&eacute;dicalis&eacute;e et une salle d&rsquo;activit&eacute; semblables &agrave; celles pr&eacute;sentes &agrave; l&rsquo;h&ocirc;pital ou en &eacute;tablissement m&eacute;dico-social a &eacute;t&eacute; mise sur pied. Ceci dans le but d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; une r&eacute;alit&eacute; qui ne serait pas visible autrement par les sociologues. Et pour lever l&rsquo;obstacle de l&rsquo;inaccessibilit&eacute; aux plis les plus fins du travail du soin. Mais o&ugrave; ces espaces ont &eacute;t&eacute; implant&eacute;s&nbsp;? <span style="color:black">Le choix du lieu d&rsquo;implantation pour r&eacute;aliser les simulations n&rsquo;est jamais neutre. L&rsquo;un des crit&egrave;res m&eacute;thodologiques a &eacute;t&eacute; d&rsquo;opter pour un tiers-lieu &ndash; entendu comme un &laquo;&nbsp;lieu interm&eacute;diaire&nbsp;&raquo; (Oldenburg 1989) &ndash; qui ne soit ni </span>le Centre Hospitalo-Universitaire de Tours<i>, </i>ni <em>VYV 3</em> Centre-Val de Loire, ni l&rsquo;Universit&eacute; de Tours, c&rsquo;est-&agrave;-dire aucun des lieux apparent&eacute;s aux partenaires du <i>consortium</i> int&eacute;ress&eacute;s &agrave; mettre sur pied ce dispositif de simulation &agrave; des fins de recherche sociologique. Aussi en r&eacute;sulte-t-il que les espaces de simulation ont &eacute;t&eacute; install&eacute;s &agrave; Mame, la Cit&eacute; de l&rsquo;Innovation et de la Cr&eacute;ation &agrave; Tours. Ce site pouvait accueillir ce type d&rsquo;initiative tout en se situant &agrave; proximit&eacute; des partenaires du consortium. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L&rsquo;objectif assign&eacute; aux simulations n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; de former les professionnels, mais de voir <span style="color:black">comment les innovations technologiques bouleversent la fa&ccedil;on dont les professionnels du champ de l&rsquo;autonomie et de la sant&eacute; s&rsquo;organisent, exercent ce que pourrait &ecirc;tre pour une part leur m&eacute;tier dans le futur, interagissent et se (re)d&eacute;finissent en tant que professionnels. Ces objectifs ont fait office de cap, de guide sur quoi l&rsquo;on a souhait&eacute; porter plus finement notre attention.</span> Cet objectif de recherche a guid&eacute; aussi l&rsquo;&eacute;laboration et le raffinement du dispositif sociotechnique. Puisque, toujours pour contourner les obstacles relatifs aux limites de l&rsquo;entretien et de l&rsquo;observation, utilis&eacute;s par ailleurs, chaque espace de simulation a &eacute;t&eacute; &eacute;quip&eacute; de deux cam&eacute;ras fixes et d&rsquo;une cam&eacute;ra vigie mobile. Ces cam&eacute;ras visaient &agrave; suivre le mouvement des professionnels en immersion et mis en situation ordinaire de travail. Toutes les s&eacute;ances de simulation ont donc &eacute;t&eacute; film&eacute;es et enregistr&eacute;es avec l&rsquo;accord pr&eacute;alable des participants. Cela a permis au moins deux choses&nbsp;: permettre aux participants qui observent et aux sociologues de voir la situation jou&eacute;e sans &ecirc;tre physiquement pr&eacute;sents dans la sc&egrave;ne. Et pour les chercheurs, de disposer de donn&eacute;es qualitatives et &laquo;&nbsp;visuelles vivantes&nbsp;&raquo; <a name="_Hlk130569512">(Emmison and Smith&nbsp;2000) </a>pour <i>in fine </i>travailler et produire leurs analyses. Mais surgit peut-&ecirc;tre une question&nbsp;: comment la simulation &agrave; des fins de recherche a-t-elle finalement &eacute;t&eacute; mise en &oelig;uvre par les sociologues&nbsp;? R&eacute;pondre &agrave; ces questions, c&rsquo;est rendre davantage visibles et transparents les processus qui ont pr&eacute;sid&eacute; ici &agrave; la production des r&eacute;sultats de recherche</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><i>Rendre visible le processus de la simulation&nbsp;en sociologie&nbsp;: mise en &oelig;uvre </i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Pour mettre les professionnels participants &agrave; ces simulations dans des conditions relativement proches de leurs conditions ordinaires de travail, celles-ci ont &eacute;t&eacute; bas&eacute;es sur le jeu de r&ocirc;le, avec des sc&eacute;narios b&acirc;tis par les sociologues. Les professionnels pouvaient jouer leur propre r&ocirc;le ou bien celui d&rsquo;un autre professionnel. Tandis que les sc&eacute;narios ont &eacute;t&eacute; construits &agrave; partir des observations <i>in situ</i> ou de ce qui a &eacute;t&eacute; relat&eacute; par les professionnels dans le cadre d&rsquo;entretiens individuels ou collectifs. Il s&rsquo;agissait donc g&eacute;n&eacute;ralement de situations de travail rencontr&eacute;es fr&eacute;quemment par les professionnels&nbsp;: un refus de soin de la part d&rsquo;un patient, un endormissement difficile, un &eacute;tat de sant&eacute; qui requiert un avis m&eacute;dical par t&eacute;l&eacute;consultation&hellip; Dans le cadre des simulations, ces situations ont toutefois eu ceci de particulier d&rsquo;offrir la possibilit&eacute; pour le professionnel de recourir &agrave; des outils num&eacute;riques, puisque l&rsquo;objectif &eacute;tait bien d&rsquo;observer ce que cela produit sur eux et sur autrui.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Les s&eacute;ances de simulation se d&eacute;roulaient &agrave; chaque fois sur une journ&eacute;e. Elles accueillaient</span> au moins cinq et au maximum huit professionnels du champ de l&rsquo;autonomie et de la sant&eacute;.&nbsp; Les sociologues charg&eacute;s d&rsquo;assurer ces journ&eacute;es l&rsquo;ont fait syst&eacute;matiquement en bin&ocirc;me d&rsquo;une part pour des questions organisationnelles&nbsp;: animer le groupe, veiller &agrave; la bonne marche des cam&eacute;ras, lancer l&rsquo;enregistrement audio et vid&eacute;o, etc. Et d&rsquo;autre part pour des raisons scientifiques&nbsp;: mise en synergie et dialogue des perspectives sociologiques, mise en regard et en d&eacute;bat des analyses, etc. Ces derniers se pr&eacute;sentaient dans la foul&eacute;e des participants, indiquaient le cadre de la recherche, l&rsquo;intention des simulations. Apr&egrave;s quoi, le dispositif suivait g&eacute;n&eacute;ralement la m&eacute;canique suivante : <span style="color:black">1) briefing, 2) mise en situation, 3) d&eacute;briefing. Le briefing (&eacute;tape 1) avait lieu avant la mise en situation. Cette &eacute;tape consistait &agrave; faire d&eacute;couvrir aux participants les espaces de simulation, en sorte qu&rsquo;ils s&rsquo;impr&egrave;gnent des lieux et au besoin des technologies num&eacute;riques pouvant &ecirc;tre utilis&eacute;es. Les sociologues donnaient ensuite des &eacute;l&eacute;ments de contexte du sc&eacute;nario b&acirc;ti par leurs soins, et les r&ocirc;les professionnels &eacute;taient distribu&eacute;s &agrave; cette &eacute;tape. </span>La mise en situation (&eacute;tape 2) correspondait &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de la situation simul&eacute;e en chambre m&eacute;dicalis&eacute;e ou en salle d&rsquo;activit&eacute;. Les sociologues et les autres participants avaient l&agrave; une place de choix pour assister sur le vif &agrave; l&rsquo;activit&eacute; de travail &ndash; l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; de la situation &eacute;tant retransmise en direct &ndash;, donner si n&eacute;cessaire de nouvelles indications sur la situation, la faire rejouer, etc. Le d&eacute;briefing (&eacute;tape 3)&nbsp;&eacute;tait l&rsquo;occasion que tous les participants et les sociologues &eacute;changent sur ce qu&rsquo;ils viennent de vivre ou de voir. C&rsquo;est un temps pour faire un retour sur le d&eacute;roul&eacute; de la situation, pour que s&rsquo;exprime les &eacute;motions v&eacute;cues, mais aussi revenir <i>en d&eacute;tail</i> sur les interactions. </span></span></p> <p><img height="171" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112616-1.png" width="223" />&nbsp; <img height="173" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112626-2.png" width="209" /></p> <p>Photographie 1&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Photographie 2</p> <p>&nbsp;</p> <p><img height="148" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112633-3.png" width="240" />&nbsp;&nbsp; <img height="151" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112643-4.png" width="215" /></p> <p>Photographie 3&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Photographie 4</p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Cette &eacute;tape du d&eacute;briefing est fondamentale. Elle est conduite sous l&rsquo;optique sociologique. Dans celle-ci il n&rsquo;est pas question </span>d&rsquo;apprendre aux professionnels &agrave; faire leur travail, mais bien plut&ocirc;t pour les sociologues de voir et d&rsquo;apprendre comment ces derniers le font, ici lorsque de nouvelles technologies num&eacute;riques s&rsquo;invitent dans la trame de l&rsquo;interaction. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><i>La simulation&nbsp;: un &eacute;clairage gagnant-gagnant</i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ainsi en utilisant la simulation comme un &laquo;&nbsp;laboratoire social&nbsp;&raquo; et m&eacute;thodologique vivant &agrave; des fins de recherche sociologique, cette m&eacute;thode semble fond&eacute;e sur une dynamique &laquo;&nbsp;gagnant-gagnant&nbsp;&raquo;. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">A l&rsquo;&eacute;chelle des participants aux simulations, ceux-ci b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;un retour r&eacute;flexif imm&eacute;diat ou presque de la part des autres et des sociologues dans un climat s&eacute;curisant. La cl&eacute; de ce climat singulier r&eacute;side bien s&ucirc;r dans les relations interpersonnelles qui ne nouent au fil des pr&eacute;sentations crois&eacute;es, des mises en situations et des &eacute;changes. Mais elle tient aussi au fait que dans ce cadre il n&rsquo;y ait pas de pratiques professionnelles attendues ou donnant lieu &agrave; &eacute;valuation. De fait, la simulation comme m&eacute;thode de recherche est <span style="color:black">l&agrave; pour &eacute;prouver et &eacute;tudier des pratiques professionnelles exp&eacute;rimentales. Les sociologues ne sont donc pas l&agrave; pour &laquo;&nbsp;faire apprendre&nbsp;&raquo;, mais pour apprendre eux-m&ecirc;mes comment les professionnels agissent </span>et &laquo;&nbsp;orientent, contr&ocirc;lent, infl&eacute;chissent et modifient chacun leurs lignes d&rsquo;action &agrave; la lumi&egrave;re de ce qu&rsquo;ils trouvent dans les actions d&rsquo;autrui&nbsp;&raquo; <a name="_Hlk130569546">(Blumer 1969: 53). </a>Ils n&rsquo;ont de cesse n&eacute;anmoins comme on l&rsquo;a dit plus t&ocirc;t de mettre en perspective les points de vue et de partager leurs connaissances sociologiques. En sorte que &laquo;&nbsp;connaissance sociologique&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;connaissance pratique&nbsp;&raquo; des professionnels enqu&ecirc;t&eacute;s s&rsquo;&eacute;clairent dans un jeu d&rsquo;aller-retour permanent. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Parmi les participants-enqu&ecirc;t&eacute;s, en acceptant de jouer le jeu du &laquo;&nbsp;faire comme si&nbsp;&raquo; de la simulation, c&rsquo;est-&agrave;-dire en acceptant de se mettre en jeu devant les autres dans un contexte proche du contexte ordinaire de travail sans toutefois s&rsquo;y confondre, les professionnels semblent en apprendre davantage sur eux-m&ecirc;mes et sur les autres. Les simulations, conduites sous l&rsquo;optique sociologique, leurs permettent d&rsquo;&ecirc;tre mis <span style="color:black">dans une forme d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;empathie intersubjective&nbsp;&raquo;, qui &laquo;&nbsp;consiste &agrave; reconna&icirc;tre &agrave; l&rsquo;autre la possibilit&eacute; de m&rsquo;informer utilement sur des aspects de moi-m&ecirc;me que j&rsquo;ignore encore&nbsp;&raquo; <a name="_Hlk130569554">(Tisseron 2017: 86). </a>Ce temps suspendu, et un peu in&eacute;dit, permet de voir, publiciser et mettre en d&eacute;bat les savoirs sp&eacute;cifiques mis en &oelig;uvre par les professionnels. Par ailleurs, la forme m&ecirc;me du dispositif de simulation comme m&eacute;thode de recherche sociologique offre la possibilit&eacute; aux professionnels de se revoir apr&egrave;s-coup en image. Aussi n&rsquo;a-t-il pas &eacute;t&eacute; rare qu&rsquo;au moment des &eacute;changes du d&eacute;briefing les professionnels enqu&ecirc;t&eacute;s soient surpris, ne pensant pas qu&rsquo;il &eacute;tait possible de voir et comprendre&nbsp;&laquo;&nbsp;tout &ccedil;a&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">A l&rsquo;&eacute;chelle cette fois-ci des sociologues, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de cette m&eacute;thode semble relever au moins de trois ordres&nbsp;: 1) <span style="color:black">recueillir des donn&eacute;es qualitatives par des voies diff&eacute;rentes que l&rsquo;entretien ou l&rsquo;observation&nbsp;; 2) d&eacute;crire, comprendre et expliquer des nouvelles formes de travail qui n&rsquo;ont pas encore &eacute;t&eacute; pens&eacute;es ou pr&eacute;vues, en offrant un espace pour &eacute;prouver et r&eacute;fl&eacute;chir sur des pratiques et des coop&eacute;rations professionnelles exp&eacute;rimentales&nbsp;; 3) </span>avoir acc&egrave;s &agrave; une r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;il serait parfois difficile d&rsquo;atteindre autrement<span style="color:black">. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Aussi ces simulations se sont-elles r&eacute;v&eacute;l&eacute;es un relatif succ&egrave;s si l&rsquo;on appelle succ&egrave;s le nombre de personnes enqu&ecirc;t&eacute;es et de donn&eacute;es audio-visuelles qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; possible d&rsquo;enregistrer et d&rsquo;exploiter par cette voie, dans le cadre du programme de recherche europ&eacute;en pr&eacute;c&eacute;demment &eacute;voqu&eacute;. Au total, 120 professionnels de l&rsquo;autonomie et de la sant&eacute; des six d&eacute;partements de la r&eacute;gion Centre-Val de Loire ont particip&eacute; &agrave; ces simulations. Et une centaine d&rsquo;heures d&rsquo;enregistrements audio ou audio-visuels a &eacute;t&eacute; moissonn&eacute;s. Or &agrave; l&rsquo;analyse, ces images rendent compte de la mani&egrave;re dont <span style="color:black">ce dispositif de simulation semble un levier pour 1) faire sortir les professionnels des pratiques et accords professionnels routinis&eacute;s, au point d&rsquo;initier de nouvelles formes de travail qui contrastent avec les routines consacr&eacute;es. Et 2) redistribuer temporellement des t&acirc;ches et des actes entre les professionnels. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="color:black">La simulation&nbsp;: un g&eacute;n&eacute;rateur d&rsquo;exp&eacute;riences professionnelles in&eacute;dits de </span></span></b><b><span style="font-size:14.0pt">redistribution des t&acirc;ches et des actes&nbsp;dans le soin ?</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </b>L&rsquo;analyse des enregistrements audiovisuels prend appui sur les connaissances les plus actuelles dans les champs de l&rsquo;analyse du travail et des groupes professionnels (Vezinat, 2016), de l&rsquo;innovation scientifique et technique (Alkrich, Callon et Latour, 2006), de l&rsquo;innovation sociale (Klein, Laville et Moulaert, 2014), de l&rsquo;activit&eacute; (Barbier et Durand, 2017) et des comp&eacute;tences interactionnelles (Fillietaz et Zogmal, 2020). Elle s&rsquo;inspire &eacute;galement des travaux sur la dimension processuelle de l&rsquo;activit&eacute; de travail ainsi que leurs n&eacute;gociations dans des dynamiques professionnelles (Hughes, 1996&nbsp;; Strauss, 1992&nbsp;; Abbott, 2003), m&ecirc;lant des niveaux d&rsquo;&eacute;chelle et de regard &agrave; la fois les plus micro aux plus macrosociologiques. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Sans pouvoir relater et analyser l&rsquo;ensemble des processus de redistribution des actes et des t&acirc;ches entre les professionnels du soin survenues lors des simulations, une configuration, au sens d&rsquo;Elias (1991), de transformation des pratiques coop&eacute;ratives m&eacute;rite de s&rsquo;y attarder. Elle concerne notamment les simulations dont le c&oelig;ur du sc&eacute;nario tourne autour d&rsquo;un soin difficile&nbsp;: refus de soin face &agrave; un patient on ne peut plus agit&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><i>Le soin difficile en simulation&nbsp;: transformation des coop&eacute;rations&hellip;</i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Le sc&eacute;nario g&eacute;n&eacute;rique est celui d&rsquo;un soin difficile. Un r&eacute;sident en EHPAD tourangeau depuis plusieurs ann&eacute;es est connu pour redouter les piq&ucirc;res, les prises de sang. Pr&eacute;sentement, l&rsquo;infirmi&egrave;re doit faire un pr&eacute;l&egrave;vement sanguin. L&rsquo;expression de cette crainte se traduit c&ocirc;t&eacute; r&eacute;sident par des cris, des gestes brusques et un refus de pr&eacute;senter son bras. Les professionnels de l&rsquo;autonomie et de la sant&eacute;, seuls ou en bin&ocirc;me, entrent dans la chambre et se retrouvent face &agrave; un r&eacute;sident entre apeurement et d&eacute;sapprobation. Elles savent que le r&eacute;sident a de la famille &eacute;loign&eacute;e dans le Nord qui ne vient jamais le voir. Que le r&eacute;sident dialogue g&eacute;n&eacute;ralement peu, sans &ecirc;tre apathique. Aux yeux de ceux qui en prennent soin, il est &laquo;&nbsp;dans son monde&nbsp;&raquo;, se &laquo;&nbsp;balade&nbsp;&raquo; beaucoup dans l&rsquo;&eacute;tablissement, participe peu aux activit&eacute;s collectives, pr&eacute;tend avoir des choses &agrave; faire. Et lorsqu&rsquo;il rejoint une activit&eacute;, cela ne dure jamais longtemps, il se l&egrave;ve, revient, repart&hellip; Face &agrave; cette situation de soin difficile, les professionnelles tentent d&rsquo;intervenir. Dans ce cas-ci, ou bien le r&eacute;sident finit par devenir r&eacute;ceptif, ou bien il demeure opposant. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de cette situation est d&rsquo;observer ce que font les professionnelles, comment elles se coordonnent ou non, coop&egrave;rent, ajustent leurs comportements pour r&eacute;aliser leur soin.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Confront&eacute; &agrave; cette situation, les chercheurs en sociologie ont assist&eacute; sur-le-vif &agrave; la mani&egrave;re dont les professionnelles &laquo;&nbsp;orientent, contr&ocirc;lent, infl&eacute;chissent et modifient chacun leurs lignes d&rsquo;action &agrave; la lumi&egrave;re de ce qu&rsquo;ils trouvent dans les actions d&rsquo;autrui&nbsp;&raquo; (Blumer, 1969&nbsp;: 53). Lorsqu&rsquo;une professionnelle s&rsquo;aventurait seule dans ce type de situation, par exemple une infirmi&egrave;re, elle ajustait son comportement en fonction des actions du r&eacute;sident. Son objectif &eacute;tait d&rsquo;abord de d&eacute;tourner son attention du soin &agrave; venir. Pour ce faire, cette derni&egrave;re pouvait faire &laquo;&nbsp;feu de tout bois&nbsp;&raquo;&nbsp;: aller chercher une tisane, un morceau de carr&eacute; de chocolat, convoquer l&rsquo;environnement imm&eacute;diat de la chambre pour &eacute;changer autour d&rsquo;une photo, d&rsquo;un tableau, ou du mobilier. Le corps du professionnel, v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;axe de sa relation au monde&nbsp;&raquo;, pour reprendre une formule de Le Breton (2013), &eacute;tait &eacute;galement mis en branle comme &laquo;&nbsp;&eacute;metteur et r&eacute;cepteur de sens&nbsp;&raquo; au service de cet objectif&nbsp;: la voix se faisait plus douce, moins forte, pour essayer de trancher avec l&rsquo;inqui&eacute;tude du r&eacute;sident. Concernant le r&eacute;pertoire de gestes et de mimiques d&eacute;ploy&eacute;, et sans que celui-ci n&rsquo;affleure toujours &agrave; la conscience, les actions des professionnels se sont ressembl&eacute;s dans leur mani&egrave;re de s&rsquo;appuyer sur le lit du r&eacute;sident, le regarder dans les yeux, le prendre par la main. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Lorsque le professionnel parvenait seul &agrave; d&eacute;tourner l&rsquo;attention du r&eacute;sident et &agrave; r&eacute;aliser son soin, la situation pouvait s&rsquo;arr&ecirc;ter-l&agrave;. En revanche, il pouvait arriver aussi qu&rsquo;elle se retrouve en incapacit&eacute; de d&eacute;livrer son soin face &agrave; un r&eacute;sident opposant. Dans ce cas de figure, elle pouvait alors faire appel &agrave; un autre professionnel, sollicit&eacute; en renfort, pour intervenir en bin&ocirc;me. Les bin&ocirc;mes spontan&eacute;ment form&eacute;s &eacute;taient des bin&ocirc;mes de soignants &ndash; par exemple un m&eacute;decin et une infirmi&egrave;re (MED-IDE), ou plus fr&eacute;quemment encore, une infirmi&egrave;re avec une aide-soignante (IDE-AS). La coop&eacute;ration se r&eacute;alisait alors selon une logique de &laquo;&nbsp;primaut&eacute; de m&eacute;tier&nbsp;&raquo; et de hi&eacute;rarchie symbolique suivant lesquelles les actes techniques, particuli&egrave;rement valoris&eacute;s, &eacute;choient au m&eacute;decin ou &agrave; l&rsquo;infirmi&egrave;re, tandis que le <i>care</i> (distingu&eacute; du <i>cure</i>) visant &agrave; &laquo;&nbsp;calmer&nbsp;&raquo; le r&eacute;sident &eacute;taient tant&ocirc;t conjointement pris en charge par les deux professionnels, tant&ocirc;t d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s &agrave; l&rsquo;infirmi&egrave;re dans le bin&ocirc;me MED-IDE, ou &agrave; l&rsquo;aide-soignante dans le bin&ocirc;me IDE-AS. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cette d&eacute;l&eacute;gation de t&acirc;che &eacute;tait n&eacute;anmoins moins marqu&eacute;e d&egrave;s lors que pour d&eacute;tourner l&rsquo;attention du r&eacute;sident vis-&agrave;-vis du soin &agrave; venir, les professionnels recouraient &agrave; un outil technologique num&eacute;rique&nbsp;: un robot, un t&eacute;l&eacute;phone, un casque de r&eacute;alit&eacute; virtuelle, etc. L&rsquo;ordre de l&rsquo;interaction s&rsquo;en trouvait g&eacute;n&eacute;ralement modifi&eacute;. Ceci tient au fait suivant&nbsp;: d&egrave;s le moment o&ugrave; l&rsquo;outil num&eacute;rique est introduit dans la sc&egrave;ne de la simulation, les professionnels faisaient en sorte de l&rsquo;encastrer dans la trame de la relation comme un partenaire &agrave; part enti&egrave;re, au m&ecirc;me titre que le r&eacute;sident et les professionnels. L&rsquo;attention du r&eacute;sident se d&eacute;pla&ccedil;ait&nbsp;: elle se focalisait alors moins sur les professionnels et le soin &agrave; venir que sur l&rsquo;outil num&eacute;rique, redistribuant simultan&eacute;ment leur pouvoir et leur place dans les interactions. Ces r&eacute;sultats convergent avec les travaux sociologiques montrant que la place et les fronti&egrave;res entre les professionnels fluctuent &agrave; mesure qu&rsquo;&eacute;voluent les innovations sociotechniques (Esterle, Mathieu-Fritz et Esponoza, 2011). </span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center"><img height="328" src="https://www.numerev.com/img/ck_3299_32_image-20240603112937-5.png" width="401" /></p> <p align="center" style="text-align:center">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Photographie 5</span></span></p> <table align="left"> <tbody> <tr> <td style="width:91px; height:3432px">&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> </tbody> </table> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i><span style="color:black">L&rsquo;animatrice M. et l&rsquo;infirmi&egrave;re A. avec le r&eacute;sident B.</span></i></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b>&hellip; et av&egrave;nement de nouveaux bin&ocirc;mes de travail</b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Fait plus surprenant&nbsp;encore pour les sociologues&nbsp;comme pour les professionnels&nbsp;: le dispositif de simulation a &eacute;t&eacute; l&rsquo;occasion de voir advenir des bin&ocirc;mes de professionnels moins spontan&eacute;s et moins habitu&eacute;s &agrave; travailler de concert&nbsp;: des bin&ocirc;mes de soignant (IDE ou AS) et d&rsquo;animateur. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ceci a sous doute &eacute;t&eacute; favoris&eacute; par le fait que le dispositif de simulation est un espace et un temps qui mixe les appartenances professionnelles. Alors que la tr&egrave;s forte division du travail dans les EHPAD et les r&eacute;sidences autonomies a cours entre professionnels (par exemple entre les soignants et animateurs, ou entre les soignants centr&eacute;s sur la technique et les soignants qui &laquo;&nbsp;se laissent aller&nbsp;&raquo; &agrave; faire de l&rsquo;animation, consid&eacute;r&eacute; par certains comme relavant de l&rsquo;amusement et de l&rsquo;occupationnel), les professionnels n&rsquo;ont pas toujours la possibilit&eacute; de &laquo;&nbsp;travailler avec&nbsp;&raquo; des coll&egrave;gues dont ils m&eacute;connaissent ou m&eacute;sestiment l&rsquo;activit&eacute; de travail. La simulation en cela est un dispositif qui tranche en partie avec l&rsquo;ordinaire du travail&nbsp;: elle met les professionnels d&rsquo;horizons de m&eacute;tiers et d&rsquo;&eacute;tablissements diff&eacute;rents autour de la table. Les chercheurs ont ainsi &eacute;t&eacute; t&eacute;moin d&rsquo;invention et de transformation de coop&eacute;ration dans ce type de bin&ocirc;me innovant, o&ugrave; soignant et animateur convergent vers un m&ecirc;me objectif : rendre plus facile et possible le soin. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans cette configuration, au sens d&rsquo;Elias, la dynamique des relations professionnelles donne &agrave; voir comment l&rsquo;animatrice se met au service du soignant tout en prenant tr&egrave;s largement le <i>leadership</i> sur la mani&egrave;re dont se d&eacute;roule la partition des interactions. En la mati&egrave;re, pour prendre appui sur un support vid&eacute;o issu du mat&eacute;riau r&eacute;colt&eacute; &ndash; mais ayant une forte repr&eacute;sentativit&eacute; th&eacute;orique de ce qui a pu &ecirc;tre observ&eacute; (photographie 5 ci-dessus) &ndash; l&rsquo;animatrice est la premi&egrave;re &agrave; utiliser l&rsquo;outil num&eacute;rique (ici le casque de r&eacute;alit&eacute; virtuelle). Cette derni&egrave;re donne des &eacute;l&eacute;ments sur l&rsquo;objet, ce qu&rsquo;elle voit, pour anticiper ou pr&eacute;parer l&rsquo;autre, le soign&eacute;, &agrave; utiliser l&rsquo;outil &agrave; son tour. Surtout, la &laquo;&nbsp;primaut&eacute; des m&eacute;tiers&nbsp;&raquo; entre infirmi&egrave;re et animatrice&nbsp;est bouscul&eacute;e, retravaill&eacute;e, dans la mesure o&ugrave; c&rsquo;est non pas l&rsquo;infirmi&egrave;re mais l&rsquo;animatrice qui fait signe &agrave; l&rsquo;infirmi&egrave;re quand elle peut faire le soin difficile. Ces signes par lesquels sont donn&eacute;s le signal sont presque imperceptibles&nbsp;: un signe de la main, un mouvement de la t&ecirc;te. Sans m&ecirc;me que le moindre mot ne soit prononc&eacute;, les professionnelles se comprennent. L&rsquo;infirmi&egrave;re va d&rsquo;elle-m&ecirc;me chercher le chariot m&eacute;dical, se tient pr&ecirc;te &agrave; recevoir les signaux suivants de la part de l&rsquo;animatrice. Dans cette configuration, il est arriv&eacute; &eacute;galement que l&rsquo;animatrice explique le geste technique (la prise de sang), ce qui va se passer, l&agrave; o&ugrave; c&rsquo;est habituellement ce qui &eacute;choie &agrave; l&rsquo;infirmi&egrave;re dipl&ocirc;m&eacute;e d&rsquo;&eacute;tat. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:19.85pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ainsi, on le comprend, par le dispositif de simulation, c&rsquo;est un nouveau bin&ocirc;me de travail qui s&rsquo;ouvre tout en redistribuant des t&acirc;ches et des actes. Et c&rsquo;est tout &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;ethos&nbsp;&raquo; </i>professionnel de l&rsquo;animatrice qui est mis au service de l&rsquo;infirmi&egrave;re, de la qualit&eacute; du soin, et plus largement de la r&eacute;ussite de celui-ci. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="color:black">Conclusion</span></span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">La simulation, on l&rsquo;a vu, est une i<span style="color:black">nnovation m&eacute;thodologique significative qui consiste &agrave; reproduire et &agrave; jouer une situation professionnelle comme si elle se d&eacute;roulait r&eacute;ellement dans le contexte ordinaire de travail, sans toutefois s&rsquo;y confondre. Surtout, elle peut &ecirc;tre utilis&eacute;e &agrave; des fins de recherche sociologique pour acc&eacute;der &agrave; des donn&eacute;es qu&rsquo;il serait difficile d&rsquo;atteindre autrement. Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de cette m&eacute;thode, l&rsquo;objectif de cet article &eacute;tait de rendre davantage visible et transparent sa mise en &oelig;uvre, d&rsquo;une part, et d&rsquo;autre part de rendre compte du type de r&eacute;sultats qu&rsquo;il est possible de produire par cette derni&egrave;re, ici sur la redistribution des t&acirc;ches et des actes dans le domaine du soin. De toute &eacute;vidence, une telle m&eacute;thode n&rsquo;est pas d&eacute;nu&eacute;e de limites&nbsp;li&eacute;es par exemple 1) </span>&agrave; la difficult&eacute; et au co&ucirc;t d&rsquo;impl&eacute;mentation d&rsquo;un tel dispositif&nbsp;; 2) au fait d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;troitement d&eacute;pendant de la participation volontaire des professionnels dans un processus qui peut appara&icirc;tre plus engageant que l&rsquo;entretien ou l&rsquo;observation en contexte ordinaire de travail&nbsp;; 3) &agrave; la particularit&eacute; de sa mise en &oelig;uvre dans la mesure o&ugrave; il contraint les sociologues &agrave; livrer sur-le-champ leurs analyses, au moment du d&eacute;briefing. Pour autant, cette m&eacute;thode qualitative permet de mani&egrave;re in&eacute;dite d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; et de produire des donn&eacute;es de sciences sociales et constitue une innovation m&eacute;thodologique qui m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre discut&eacute;e, partag&eacute;e, et r&eacute;appropri&eacute;e.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:18pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:14.0pt">Bibliographie</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Abbott, A. (2003). Ecologies li&eacute;es&nbsp;: &agrave; propos du syst&egrave;me des professions. Dans P-M Menger (dir.), <i>Les professions et leurs sociologies. Mod&egrave;les th&eacute;oriques, cat&eacute;gorisations, &eacute;volutions</i> (p. 29-50). Editions de la Maison des sciences de l&rsquo;homme.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Alkrich, M., Callon, M., &amp; Latour, B. (2006). <i>Sociologie de la traduction: Textes fondateurs. </i>Paris: Ecole des Mines de Paris.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Barbier, J.-M., &amp; Durand, M. (2017). <i>Encyclop&eacute;die d&rsquo;analyse des activit&eacute;s.</i> Paris: Presses Universitaires de France.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Blumer, H. (1969). <i>Symbolic Interaction: perspective, and method. </i>Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Denzin, N. K., &amp; Lincoln, Y. S. (Eds.). (2018). <i>The sage handbook of qualitative research.</i> London: Sage.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Elias, N. (1991). <i>La soci&eacute;t&eacute; des individus. </i>Paris: Fayard.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Emmison, M., &amp; Smith, P. (Eds.). (2000). <i>Researching the Visual. </i>London: Sage.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Esterle, L., Mathieu-Fritz, A., &amp; Espinoza, P. (2011). L&#39;impact des consultations &agrave; distance sur les pratiques m&eacute;dicales. Vers un nouveau m&eacute;tier de m&eacute;decin? <em>Revue fran&ccedil;aise des affaires sociales</em>, <em>66</em>, 63-79.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Filliettaz, L., &amp; Zogmal, M. (Dirs.). (2020). <em>Mobiliser et d&eacute;velopper des comp&eacute;tences interactionnelles en situation de travail &eacute;ducatif</em>. Toulouse: Octar&egrave;s.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Granger, G. G. (1986). Pour une &eacute;pist&eacute;mologie du travail scientifique. In J. Hamburger (Ed.), <i>La philosophie des sciences aujourd&rsquo;hui </i>(pp. 111-129). Paris: Editions Gauthier-Villars.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Goffman, E. (1961). <i>Asylums: Essays on the Social Situation of Mental Patient and Other Inmates.</i> New York: Anchor Books.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Hugues, E. (1996)<i>. Le regard sociologique: Essais choisis.</i> Paris: Editions de l&rsquo;Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Klein, J., Laville, J., &amp; Moulaert, F. (2014). <i>L&#39;innovation sociale.</i> Toulouse: &Eacute;r&egrave;s.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Lahire, B. (2022). L&rsquo;invention m&eacute;thodologique : le cas de l&rsquo;interpr&eacute;tation sociologique des r&ecirc;ves<i>. &Eacute;ducation Permanente</i>, 230, 49-58.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Menger, P. M. (2009). <i>Le travail cr&eacute;ateur: S&rsquo;accomplir dans l&rsquo;incertain</i>. Paris: Gallimard/Seuil.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Oldenburg, R. (1989). <i>The Great Good Place.</i> New York: Paragon.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Paill&eacute;, P. (2006). <i>La m&eacute;thodologie qualitative: Postures de recherche et travail de terrain.</i> Paris: Armand Colin.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Peneff, J. (2005). <i>L&#39;H&ocirc;pital en urgence</i>. Paris: &Eacute;ditions M&eacute;taili&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Strauss, A. L. (1992). <em>La trame de la n&eacute;gociation: Sociologie qualitative et interactionnisme</em>. Textes r&eacute;unis et pr&eacute;sent&eacute;s par I. Baszanger. Paris: &Eacute;ditions L&#39;Harmattan.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Taylor, C., &amp; Coffey, A. (2009). Editorial. Special issue: qualitative research and methodological innovation. <i>Qualitative Research, 9</i>(5), 523-526.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Tisseron, S. (2017). <i>Empathie et manipulations: Les pi&egrave;ges de la compassion</i>. Paris: Albin Michel.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Vezinat, N. (2016). <i>Sociologie des groupes professionnels</i>. Paris: Armand Colin.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Wacquant, L. (2000). <em>Corps et &acirc;me: Carnets ethnographiques d&#39;un apprenti boxeur</em>. Marseille: &Eacute;ditions Agone.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Weber, M. (2003). <i>Economie et soci&eacute;t&eacute;: Les cat&eacute;gories de la sociologie (tome 1)</i>. (Original work published 1922). Paris: Pocket.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p>