<p align="center">Note sur l&rsquo;article&nbsp;: Cet article est extrait de la th&egrave;se intitul&eacute;e Pertinence du nouveau syst&egrave;me de droit foncier au B&eacute;nin, dirig&eacute;e par MM.&nbsp;Alban MABA et Fran&ccedil;ois-Pierre BLANC, et soutenue &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Perpignan Via Domitia en 2022.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Dans une correspondance adress&eacute;e au chef de l&rsquo;Etat du B&eacute;nin, Yayi Boni, un B&eacute;ninois de la diaspora ivoirienne (A. S. L.) d&eacute;crit la situation de sa parcelle<a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a>&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <p><q>&nbsp;Monsieur le Pr&eacute;sident, </q></p> <p><q>J&rsquo;ai l&rsquo;honneur de vous informer de la situation de ma parcelle identifi&eacute;e (P) lot 280 AEL 986A, sis &agrave; Calavi quartier Agori 1.</q></p> <p><q>Cette parcelle, apr&egrave;s lev&eacute; topographique fait 584 m2, situ&eacute;e &agrave; un carrefour, est en passe d&rsquo;&ecirc;tre attribu&eacute;e &agrave; Monsieur D.A.V., ministre de la Justice, par la mairie de Calavi et le cabinet [g&eacute;om&egrave;tre] Dj. Monsieur D. est parait-il sinistr&eacute; &agrave; (Djadjo), un autre quartier de Calavi. Nous n&rsquo;avons pas les m&ecirc;mes vendeurs. Et je m&rsquo;&eacute;tonne donc de cette tractation. </q></p> <p><q>J&rsquo;ai acquis cette parcelle en 1984 et je dispose de tous les documents administratifs pour le recasement ; ce recasement est pr&eacute;sentement bloqu&eacute; par le chef de quartier, le chef arrondissement, le comit&eacute; de recasement, y compris le maire qui n&rsquo;attache aucune importance &agrave; cette spoliation. </q></p> <p><q>J&rsquo;ai port&eacute; plainte en avril 2012 au cabinet de M. Dj. qui est le g&eacute;om&egrave;tre charg&eacute; de cette zone de Calavi. M. Dj. m&rsquo;a extorqu&eacute; 250 000 F pour dit-il r&eacute;gulariser mon dossier. Il n&rsquo;a rien fait. L&rsquo;affaire a &eacute;t&eacute; envoy&eacute;e au tribunal par la brigade de gendarmerie de Calavi (r&eacute;f. envoi : cala/2012/rpo1310 du 10/05/2012). Le procureur de Calavi, apr&egrave;s nous avoir re&ccedil;u, a demand&eacute; aux conseillers, particuli&egrave;rement M. A.A. et M. H.P. leur r&ocirc;le. Il m&rsquo;a dit de prendre un avocat. J&rsquo;ai pris pour avocat, Maitre D.G. Alors qu&rsquo;aucun jugement n&rsquo;a &eacute;t&eacute; rendu, je constate que le chef de quartier et le chef arrondissement A.H. ont, fait poser d&rsquo;autres bornes d&eacute;but f&eacute;vrier 2014, aid&eacute; des agents de M. Dj. </q></p> <p><q>La d&eacute;lib&eacute;ration du dossier &eacute;tait pr&eacute;vue pour le 28 f&eacute;vrier 2014. Ce qui n&rsquo;a pas eu lieu &agrave; cause de la gr&egrave;ve des magistrats. Je viens d&rsquo;apprendre ce jour 11 avril 2014 que j&rsquo;ai perdu mon proc&egrave;s. Je ferai appel.</q></p> <p><q>Je suis &agrave; la retraite depuis septembre 2009 et je ne peux rien r&eacute;aliser dans mon pays, &agrave; cause de cet &eacute;tat de fait.</q></p> <p><q>J&rsquo;ai fait 3 ou 4 voyages Abidjan-Cotonou Cotonou-Abidjan &agrave; chaque audience. Finalement je suis &agrave; bout. Tout courrier adress&eacute; au pr&eacute;fet, au maire, au ministre de la D&eacute;centralisation, au m&eacute;diateur est rest&eacute; sans suite. Cela me frustre &eacute;norm&eacute;ment, car c&rsquo;est mon bien unique au B&eacute;nin. Je r&eacute;side encore &agrave; Abidjan pour des raisons familiales. </q></p> <p>Le foncier est au c&oelig;ur d&rsquo;enjeux multiples. La terre constitue le principal moyen de subsistance et le principal vecteur d&rsquo;investissement, d&rsquo;accumulation de richesse et de transmission entre les g&eacute;n&eacute;rations. De ce fait, l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la terre est une des pierres angulaires de la lutte contre la pauvret&eacute;. Le foncier est une cl&eacute; du d&eacute;veloppement &eacute;conomique des fili&egrave;res de production agricole, des op&eacute;rations de gestion des ressources naturelles (pastorales ou foresti&egrave;res), des am&eacute;nagements de bas-fonds ou de p&eacute;rim&egrave;tres d&rsquo;irrigation, des programmes d&rsquo;appui au d&eacute;veloppement local, rural ou urbain. A ce titre, la s&eacute;curisation fonci&egrave;re int&eacute;resse tous les acteurs, des exploitants locaux aux investisseurs nationaux ou &eacute;trangers, des collectivit&eacute;s territoriales aux prestataires de services publics. La question des investissements agricoles &agrave; grande &eacute;chelle, qui a attir&eacute; l&rsquo;attention de toute la communaut&eacute; internationale ces derni&egrave;res ann&eacute;es, sans pour autant &ecirc;tre nouvelle, atteste que la r&eacute;gulation de l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la terre constitue un enjeu politique et social important : du foncier d&eacute;pend la s&eacute;curit&eacute; alimentaire de nombreuses populations, la durabilit&eacute; des ressources naturelles et la paix sociale. Ainsi, l&rsquo;accession &agrave; la terre fait na&icirc;tre des litiges (I) et malheureusement de nombreuses malversations&nbsp;(II).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>I. Les multiples litiges li&eacute;s aux modes d&rsquo;accession &agrave; la terre</h2> <p>&laquo; Qui terre &agrave; guerre a &raquo;<a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a>. Faire la guerre, ce n&rsquo;est pas seulement piller ou &ecirc;tre pill&eacute;, c&rsquo;est aussi s&rsquo;accoutumer &agrave; pr&eacute;f&eacute;rer le droit de la n&eacute;cessit&eacute; actuelle au respect des droits ant&eacute;rieurement acquis<a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a>. Consid&eacute;r&eacute; comme un rapport social, le foncier renvoie aux relations qui naissent entre les hommes &agrave; propos de l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la terre et aux ressources naturelles y aff&eacute;rentes. Ces relations engendrent de multiples conflits. Dans un contexte marqu&eacute; par une comp&eacute;tition croissante pour la terre et les ressources naturelles, cette situation favorise les revendications multiples et contradictoires<a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a>. Elle suscite des conflits dont la r&eacute;solution n&rsquo;est pas ais&eacute;e.</p> <p>Le droit de propri&eacute;t&eacute; est un droit reconnu &agrave; tous les citoyens par la Constitution b&eacute;ninoise<a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a>. Au B&eacute;nin, toute personne a droit &agrave; la propri&eacute;t&eacute; et l&rsquo;engouement des B&eacute;ninois pour la terre, d&eacute;montre la valeur de la propri&eacute;t&eacute; mais aussi sa dimension culturelle. &laquo;&nbsp;Le B&eacute;ninois est n&eacute; les briques dans le ventre&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a>&nbsp;: cet adage implique qu&rsquo;au B&eacute;nin, tout individu aspire &agrave; avoir sa propre maison, son habitation, et ce quels que soient la qualit&eacute; et l&rsquo;environnement dans lequel elle est &eacute;rig&eacute;e. L&rsquo;essentiel est d&rsquo;avoir un toit sous lequel pouvoir dormir, un toit dont on est propri&eacute;taire. Ce d&eacute;sir accru d&rsquo;&ecirc;tre propri&eacute;taire d&rsquo;un lopin de terre des B&eacute;ninois entra&icirc;ne une concurrence dans l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la propri&eacute;t&eacute; fonci&egrave;re. Le foncier constitue donc un enjeu crucial. Sa gestion doit &ecirc;tre situ&eacute;e dans une perspective globale, car de son utilisation rationnelle d&eacute;pendent les perspectives de d&eacute;veloppement des terroirs. Dans un contexte de p&eacute;nurie de terres, il est important de s&rsquo;assurer que l&rsquo;utilisation des terres ne d&eacute;pend pas seulement du bon vouloir conjoncturel des pouvoirs locaux. En l&rsquo;absence d&rsquo;une r&eacute;elle volont&eacute; politique de juguler ce probl&egrave;me la pression fonci&egrave;re va s&rsquo;accentuer. Malheureusement, les comportements observ&eacute;s ces derniers temps, tant de la part des populations que des autorit&eacute;s &eacute;tatiques et des pouvoirs locaux, laissent penser que le rapport entretenu avec le foncier se d&eacute;cline davantage en termes de confrontation qu&rsquo;en termes de n&eacute;gociation ou de concertation. Chaque groupe social essaie d&rsquo;accaparer les ressources en fonction de son positionnement sur l&rsquo;&eacute;chiquier politique et social et de sa capacit&eacute; de n&eacute;gociation.</p> <p>Cette situation n&rsquo;est pas de nature &agrave; stabiliser et &agrave; permettre un d&eacute;veloppement &eacute;conomique et social optimal des villes et des campagnes b&eacute;ninoises. Ce d&eacute;sir effr&eacute;n&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre propri&eacute;taire se mue en une avidit&eacute; dans l&rsquo;acquisition des immeubles car tous les moyens pour y parvenir sont bons, ce qui explique que les litiges fonciers soient devenus un fait social. Ils repr&eacute;sentent une bonne part du contentieux soumis aux tribunaux b&eacute;ninois. Les litiges les plus fr&eacute;quent int&eacute;ressent le plus souvent les modes d&rsquo;acquisition (A) et la mauvaise foi des acteurs (B).</p> <p>&nbsp;</p> <h3>A. Un droit de propri&eacute;t&eacute; contest&eacute;</h3> <p>&laquo; La propri&eacute;t&eacute; est le droit de jouir et de disposer des choses de la mani&egrave;re la plus absolue, pourvu qu&rsquo;on n&rsquo;en fasse pas un usage prohib&eacute; par les lois et les r&egrave;glements &raquo;<a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a>. Ainsi, &ecirc;tre propri&eacute;taire implique la jouissance et la disposition de la chose. Pour &ecirc;tre titulaire de ce droit de propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;un bien, il existe divers moyens. La propri&eacute;t&eacute; des biens s&rsquo;acquiert et se transmet par succession, donation, achat, &eacute;change&hellip; Ces diff&eacute;rentes modes permettent d&rsquo;op&eacute;rer un transfert de propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;une personne &agrave; une autre.</p> <p>La transmission par h&eacute;ritage peut &ecirc;tre ab intestat ou testamentaire. La succession ab intestat est organis&eacute;e par les dispositions du Code des personnes et de la famille<a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a> (CPF) et constitue la norme au B&eacute;nin. Tr&egrave;s peu de B&eacute;ninois r&egrave;glent leur succession par testament. En g&eacute;n&eacute;ral, les biens restent indivis et la collectivit&eacute; tout enti&egrave;re en h&eacute;rite tandis que le chef de famille en assume la gestion. La propri&eacute;t&eacute; peut se transmettre par donation selon les r&egrave;gles du Code civil fran&ccedil;ais, du Code des personnes et de la famille, voire d&rsquo;autres textes. La propri&eacute;t&eacute; des biens s&rsquo;acquiert et se transmet par succession, par donation entre vifs ou testamentaire, et par l&rsquo;effet des obligations<a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a>.</p> <p>Les donations d&rsquo;immeubles se font de mani&egrave;re moderne en la forme notariale. La transmission de la propri&eacute;t&eacute; par achat-vente<a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a> est une convention par laquelle l&rsquo;acheteur acquiert ou s&rsquo;engage &agrave; acqu&eacute;rir un bien immeuble moyennant payement d&rsquo;un prix convenu tandis que le vendeur s&rsquo;engage &agrave; transf&eacute;rer ce bien &agrave; l&rsquo;acheteur moyennant le paiement du prix convenu. L&rsquo;&eacute;change constitue &eacute;galement un mode d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la propri&eacute;t&eacute;. Il consiste pour l&rsquo;une des parties &agrave; remettre un bien &agrave; l&rsquo;autre partie contre la remise d&rsquo;un autre bien. L&rsquo;acquisition de la propri&eacute;t&eacute; se fait aussi par accession ou incorporation. Elle s&rsquo;op&egrave;re encore par la prescription<a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a> car le juge moderne a, dans un premier temps, reconnu la prescription trentenaire au d&eacute;tenteur coutumier<a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a> et l&rsquo;a, dans un second temps, abr&eacute;g&eacute;e &agrave; dix si le propri&eacute;taire habite dans le ressort de la juridiction du lieu de situation de l&rsquo;immeuble. En outre, elle est port&eacute;e &agrave; vingt ans si le propri&eacute;taire vit en dehors du ressort de la juridiction du lieu de situation de l&rsquo;immeuble<a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a>.</p> <p>Un ph&eacute;nom&egrave;ne social doit &ecirc;tre pris en compte&nbsp;: le m&eacute;nage a pris une importance de plus en plus consid&eacute;rable dans la famille. Aussi les familles ont volontiers admis la constitution au profit de ces m&eacute;nages de masse de biens, de champs ou de plantation. Les transactions sont d&egrave;s lors devenues plus fr&eacute;quentes tout comme la circulation mon&eacute;taire. De nombreuses familles, ont ali&eacute;n&eacute; leurs biens communs qui, acquis par des particuliers, sont devenus des biens individuels et ont perdu leur caract&egrave;re familial. Coexistent d&eacute;sormais les propri&eacute;t&eacute;s collectives, familiales, de m&eacute;nages et individuelles.</p> <p>Ainsi expos&eacute;e aux mutations culturelles et sociales, la terre est devenue l&rsquo;objet de tous les d&eacute;sirs de la part d&rsquo;individus se muant en rapaces. Source de convoitise, de transactions sp&eacute;culatives, aussi on&eacute;reuses que douteuses, elle suscite de nombreux conflits qui trouvent leur source le plus souvent dans les mauvaises pratiques auxquelles s&rsquo;adonnent les acteurs lors des cessions et transferts de propri&eacute;t&eacute;, telles que le stellionat (1) et qui provoquent des revendications (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. La pratique du stellionat</h4> <p>Au B&eacute;nin, rien ne garantit que le vendeur soit le v&eacute;ritable propri&eacute;taire de la chose ou parcelle vendue<a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc">14</a> et la coexistence de plusieurs types de propri&eacute;t&eacute; entretient une atmosph&egrave;re floue autour de la gestion fonci&egrave;re. En effet, depuis la colonisation, la gestion collective des terres dont le garant est le chef de terre, a &eacute;t&eacute; fractionn&eacute;e au profit des lignages. Et le droit lignager est lui-m&ecirc;me fragilis&eacute; par les appropriations individuelles. L&rsquo;individualisme prenant le pas sur la solidarit&eacute; communautaire, se produit un morcellement anarchique des domaines fonciers lignagers qui donne lieu &agrave; une f&eacute;roce comp&eacute;tition entre individus issus du lignage ou non.</p> <p>Pourtant, la succession est le mode le plus r&eacute;pandu d&rsquo;acquisition de la propri&eacute;t&eacute; immobili&egrave;re au B&eacute;nin. &laquo;&nbsp;Nul ne peut &ecirc;tre contraint &agrave; demeurer dans l&rsquo;indivision et le partage peut toujours &ecirc;tre provoqu&eacute;, &agrave; moins qu&rsquo;il n&rsquo;y ait &eacute;t&eacute; sursis par jugement ou convention&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc">15</a>. La r&eacute;alit&eacute; b&eacute;ninoise ne permet pas de mettre en &oelig;uvre ces dispositions du Code civil fran&ccedil;ais. En pratique l&rsquo;indivision est souvent impos&eacute;e aux h&eacute;ritiers. L&rsquo;administrateur des biens est soit le fils a&icirc;n&eacute; du d&eacute;funt, soit un des fr&egrave;res du d&eacute;funt. Celui-ci g&egrave;re les biens au nom des h&eacute;ritiers ou coh&eacute;ritiers ; il en assume la gestion. Etant le repr&eacute;sentant des h&eacute;ritiers, ce dernier accomplit des actes de disposition sur les biens qui lui sont confi&eacute;s sans en informer les h&eacute;ritiers ou coh&eacute;ritiers. Le plus souvent, les immeubles sont de vastes domaines non am&eacute;nag&eacute;s que le gestionnaire fait inscrire &agrave; son nom au moment de proc&eacute;der &agrave; leur &eacute;tat des lieux. Il se permet ensuite de c&eacute;der ces domaines ou des portions de des domaines, ce qui suscite des contestations de la part des autres h&eacute;ritiers.</p> <p>Ce type de comportement tombe sous le coup du stellionat qui est le d&eacute;lit civil consistant &agrave; vendre ou hypoth&eacute;quer &agrave; une personne, au moyen d&rsquo;affirmations mensong&egrave;res ou de r&eacute;ticences dolosives, un bien d&eacute;j&agrave; vendu ou hypoth&eacute;qu&eacute; &agrave; une autre personne<a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc">16</a>. C&rsquo;est une pratique tr&egrave;s r&eacute;pandue sur le march&eacute; foncier, pratiqu&eacute;e par les vendeurs, d&eacute;marcheurs, h&eacute;ritiers, d&eacute;biteurs&hellip; alors que la vente de la chose d&rsquo;autrui est en principe prohib&eacute;e par la loi<a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc">17</a>.</p> <p>L&rsquo;infraction de stellionat est pr&eacute;vue et sanctionn&eacute;e au B&eacute;nin depuis 1965<a href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc">18</a>. Ainsi, &laquo;&nbsp;est r&eacute;put&eacute; stellionataire :</p> <p>1&deg;. Quiconque fait immatriculer en son nom un immeuble dont il sait, n&rsquo;&ecirc;tre pas propri&eacute;taire,</p> <p>2&deg;. Quiconque fait inscrire un droit r&eacute;el sur un titre qu&rsquo;il sait ne pas lui appartenir, quiconque accepte sciemment un certificat d&rsquo;inscription ainsi &eacute;tabli,</p> <p>3&deg;. Quiconque immatricule un immeuble en omettant sciemment de faire inscrire les hypoth&egrave;ques, droits r&eacute;els ou charges dont l&rsquo;immeuble est grev&eacute;,</p> <p>4&deg;. Quiconque sciemment c&egrave;de un titre de propri&eacute;t&eacute; qu&rsquo;il sait ne pas lui appartenir et quiconque accepte sciemment cette cession,</p> <p>5&deg;. Quiconque oblig&eacute; de faire inscrire une hypoth&egrave;que l&eacute;gale sur un bien soumis &agrave; immatriculation ou une hypoth&egrave;que forc&eacute;e sur des biens immobiliers, consent une hypoth&egrave;que conventionnelle sur les biens qui auront d&ucirc; &ecirc;tre frapp&eacute;s,</p> <p>6&deg;. Quiconque, frapp&eacute; ou non d&rsquo;incapacit&eacute;, contracte avec une tierce personne &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;une d&eacute;claration mensong&egrave;re&nbsp;&raquo;.</p> <p>La vente d&rsquo;immeuble se mat&eacute;rialise g&eacute;n&eacute;ralement par l&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;une convention de vente<a href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc">19</a> &eacute;tablie sur la base du certificat de non-litige<a href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc">20</a> d&eacute;livr&eacute; par le chef de quartier du lieu de situation de l&rsquo;immeuble. Or, plusieurs certificats peuvent &ecirc;tre d&eacute;livr&eacute;s pour un m&ecirc;me immeuble &agrave; diff&eacute;rentes personnes. La convention &eacute;tablie conf&egrave;re &agrave; son titulaire un droit de pr&eacute;somption de propri&eacute;t&eacute;. D&rsquo;autres documents servent &eacute;galement de titre de pr&eacute;somption de propri&eacute;t&eacute; : l&rsquo;attestation de recasement<a href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc">21</a>, le certificat de d&eacute;tention coutumi&egrave;re et d&rsquo;autres encore. A c&ocirc;t&eacute; de cela, les march&eacute;s fonciers informels sont essentiels pour ceux qui veulent acc&eacute;der &agrave; la terre pour se loger, &eacute;pargner, ou r&eacute;aliser des plus-values. Les r&egrave;gles &agrave; suivre pour y acc&eacute;der sont bien plus simples que sur le march&eacute; foncier formel. Les prix des parcelles y sont d&rsquo;autant plus faibles que le degr&eacute; d&rsquo;informalit&eacute; est &eacute;lev&eacute;.</p> <p>Cette situation contredit la formule de Joseph Comby selon laquelle&nbsp;: &laquo; Tout s&rsquo;ach&egrave;te et tout se vend facilement, en Afrique. Tout, sauf la terre &raquo;<a href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc">22</a>. En effet, la terre est aujourd&rsquo;hui devenue source de convoitises, de toutes sortes de transactions, et par-l&agrave; de moult conflits. Les terres collectives ou familiales sont mises en vente &agrave; l&rsquo;insu des membres autres que le vendeur<a href="#sdfootnote23sym" name="sdfootnote23anc">23</a>. Or, &laquo;&nbsp;la propri&eacute;t&eacute;, particuli&egrave;rement la propri&eacute;t&eacute; immobili&egrave;re, en particulier la propri&eacute;t&eacute; rurale, appelle, de son essence, un caract&egrave;re familial. Ce n&rsquo;est pas &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de l&rsquo;homme qu&rsquo;il faut b&acirc;tir la propri&eacute;t&eacute;, c&rsquo;est &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de la famille&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc">24</a>. La plupart des domaines &eacute;tant collectifs, certains membres proc&egrave;dent au morcellement, puis &agrave; leur vente sans requ&eacute;rir l&rsquo;avis des autres membres. N&rsquo;&eacute;tant pas associ&eacute;s aux formalit&eacute;s de cession, les coh&eacute;ritiers s&rsquo;y opposent<a href="#sdfootnote25sym" name="sdfootnote25anc">25</a>. Pour &ecirc;tre propri&eacute;taire, il faut qu&rsquo;autrui reconnaisse le rapport qui vous lie au bien en vue d&rsquo;une impossible contestation ult&eacute;rieure. L&rsquo;opposition peut exister, soit entre deux communaut&eacute;s<a href="#sdfootnote26sym" name="sdfootnote26anc">26</a>, soit entre un individu et une communaut&eacute; apr&egrave;s une vente de terre communautaire<a href="#sdfootnote27sym" name="sdfootnote27anc">27</a>. Elle peut &eacute;galement &ecirc;tre entre deux individus d&rsquo;une m&ecirc;me communaut&eacute; &agrave; la suite d&rsquo;une succession<a href="#sdfootnote28sym" name="sdfootnote28anc">28</a> ou deux individus li&eacute;s par un contrat de vente<a href="#sdfootnote29sym" name="sdfootnote29anc">29</a>. La parcelle, objet de la vente, peut &ecirc;tre vendue &agrave; plusieurs personnes. Les ventes sont pour la plupart consenties dans un cadre informel. Les rares ventes consenties sur le march&eacute; formel ont &eacute;t&eacute; pr&eacute;alablement r&eacute;alis&eacute;es de mani&egrave;re informelle. Les vendeurs, toujours en qu&ecirc;te de gain, vendent plus de droits que ne leur reconna&icirc;t la coutume ou m&ecirc;me le droit moderne. Dans la plupart des cas, ceux qui se consid&egrave;rent comme les propri&eacute;taires ne sont pas ceux qui d&eacute;tiennent les titres. Les mutations sont rarement officialis&eacute;es et celles devant &ecirc;tre faites par le vendeur pour le compte de l&rsquo;acqu&eacute;reur ne le sont pas en raison de la mauvaise foi du vendeur. Les pr&eacute;sum&eacute;s acqu&eacute;reurs tentent de d&eacute;fendre leurs parcelles comme ils le peuvent&nbsp;: soit en &ocirc;tant les plaques d&rsquo;identification appos&eacute;es par d&rsquo;autres et en les d&eacute;posant chez le chef de quartier (CQ)&nbsp;; soit en d&eacute;molissant les r&eacute;alisations faites par d&rsquo;autres.</p> <p>Cette accumulation d&rsquo;argent et de gains source d&rsquo;injustice est l&rsquo;&oelig;uvre de r&eacute;cidivistes, qui ne sont h&eacute;las pas assez inqui&eacute;t&eacute;s par les autorit&eacute;s publiques<a href="#sdfootnote30sym" name="sdfootnote30anc">30</a>. R&eacute;sistant &agrave; la loi, ce sont des &laquo;&nbsp;habitu&eacute;s de la prison&nbsp;&raquo;. Ces stellionataires perdent rarement leurs proc&egrave;s ou ne subissent que de courtes peines de prison car ils ma&icirc;trisent les rouages de la justice.</p> <p>Le stellionat n&rsquo;implique pas que des individus et des communaut&eacute;s familiales. Les g&eacute;om&egrave;tres et le personnel administratif y sont aussi m&ecirc;l&eacute;s ou s&rsquo;en rendent eux-m&ecirc;mes coupables. Au cours des op&eacute;rations de remembrement et de recasement, les g&eacute;om&egrave;tres vendent des parcelles qui ont pourtant des propri&eacute;taires<a href="#sdfootnote31sym" name="sdfootnote31anc">31</a> et certaines personnes, sans avoir jamais achet&eacute; des terres se retrouvent sur la liste des acqu&eacute;reurs<a href="#sdfootnote32sym" name="sdfootnote32anc">32</a>. Des acqu&eacute;reurs fictifs sont en effet cr&eacute;&eacute;s et des parcelles leur sont attribu&eacute;es.</p> <p>Les op&eacute;rations de remembrement et de recasement, sont effectu&eacute;es en plusieurs &eacute;tapes. La premi&egrave;re &eacute;tape consiste &agrave; recenser les pr&eacute;sum&eacute;s propri&eacute;taires, &agrave; l&rsquo;aide des plaques d&rsquo;identification implant&eacute;es sur les diff&eacute;rentes parcelles. Celles n&rsquo;ayant pas &eacute;t&eacute; identifi&eacute;es, sont enregistr&eacute;es sous anonymat et octroy&eacute;es apr&egrave;s d&rsquo;&eacute;ventuelles r&eacute;clamations.</p> <p>L&rsquo;administration centrale, par l&rsquo;interm&eacute;diaire de ses agents, se rend &eacute;galement coupable du crime de stellionat<a href="#sdfootnote33sym" name="sdfootnote33anc">33</a> lorsqu&rsquo;une parcelle ayant d&eacute;j&agrave; fait l&rsquo;objet de vente avec l&rsquo;accomplissement de toutes les formalit&eacute;s administratives et fiscales est revendue par l&rsquo;administration &agrave; des tiers.</p> <p>&laquo; Ce qui est remarquable dans l&rsquo;&eacute;change marchand, c&rsquo;est moins la reconnaissance r&eacute;ciproque de la d&eacute;tention de chaque partenaire que la possibilit&eacute; qui existe pour chacun d&rsquo;eux de se dessaisir de la chose, d&rsquo;en &ecirc;tre ind&eacute;pendant. L&rsquo;ind&eacute;pendance se retrouve dans le droit et le pouvoir d&rsquo;op&eacute;rer la rupture avec l&rsquo;autre&hellip; &raquo;<a href="#sdfootnote34sym" name="sdfootnote34anc">34</a>. Le droit de disposition absolu de la chose doit pouvoir &ecirc;tre transmis &agrave; l&rsquo;autre partie, sans quoi la transaction ne sera pas valide.</p> <h4>2. Les revendications de propri&eacute;t&eacute;</h4> <p>Aujourd&rsquo;hui, au B&eacute;nin, occuper une parcelle de terre, m&ecirc;me durablement et muni d&rsquo;un titre de propri&eacute;t&eacute;, ne constitue pas un gage de s&eacute;curit&eacute;. En mati&egrave;re immobili&egrave;re les contestations sont l&eacute;gion en ce pays<a href="#sdfootnote35sym" name="sdfootnote35anc">35</a>. Leurs causes sont multiples, pouvant notamment r&eacute;sulter d&rsquo;un acte de donation, de la vente de la parcelle d&rsquo;autrui ou d&rsquo;une usurpation pure et simple du droit de propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;un tiers. Elles peuvent aussi se fonder sur l&rsquo;usage abusif de m&eacute;canismes tels que la prescription ou l&rsquo;expropriation.</p> <p>Au B&eacute;nin, ces conflits en revendication ou en contestation de propri&eacute;t&eacute; opposent g&eacute;n&eacute;ralement les tenants du droit foncier moderne &agrave; ceux du droit coutumier ou rel&egrave;vent des luttes cons&eacute;quentes &agrave; l&rsquo;appropriation de la terre des anciens et des communaut&eacute;s autochtones. Il n&rsquo;est pas rare qu&rsquo;une vente op&eacute;r&eacute;e par un propri&eacute;taire soit contest&eacute;e par les descendants de sa lign&eacute;e des d&eacute;cennies plus tard. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne se rencontre, le plus souvent, dans le sud du B&eacute;nin o&ugrave; la marchandisation de la terre a connu une &eacute;volution galopante. C&rsquo;est le cas &eacute;galement en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire o&ugrave; &laquo; de nombreuses ventes de terre n&rsquo;impliquaient pas l&rsquo;ali&eacute;nation du bien foncier &raquo;<a href="#sdfootnote36sym" name="sdfootnote36anc">36</a>. La terre des anciens a fait l&rsquo;objet de cessions consenties selon la valeur marchande de la p&eacute;riode concern&eacute;e. Ces cessions sont g&eacute;n&eacute;ralement faites pour r&eacute;pondre &agrave; un besoin financier ponctuel, notamment pour faire face aux frais inh&eacute;rents &agrave; des &eacute;v&eacute;nements et c&eacute;r&eacute;monies tels que le d&eacute;c&egrave;s d&rsquo;un parent, la dot en vue du mariage ou du remariage d&rsquo;un parent ou de l&rsquo;un de ses enfants. Elles permettent de pourvoir &agrave; un besoin financier inhabituel comme la scolarisation d&rsquo;un enfant, la maladie...</p> <p>En droit coutumier, le contrat ne s&rsquo;&eacute;teint pas par la mort de l&rsquo;une des parties au contrat. Les h&eacute;ritiers doivent se charger de son ex&eacute;cution<a href="#sdfootnote37sym" name="sdfootnote37anc">37</a>. Cependant, la d&eacute;sacralisation de la parole donn&eacute;e et des biens, associ&eacute;e au recul de la morale, conduit &agrave; des contestations et des revendications formul&eacute;es par les h&eacute;ritiers des vendeurs. Le passage d&rsquo;une conception &laquo;&nbsp;sacrale&nbsp;&raquo; &agrave; une conception &laquo;&nbsp;mercantile&nbsp;&raquo;, conduit la terre &agrave; devenir v&eacute;nale, ce que favorisent &eacute;galement l&rsquo;individualisme ambiant et la puissance des &eacute;changes commerciaux et mon&eacute;taires<a href="#sdfootnote38sym" name="sdfootnote38anc">38</a>. Les descendants &eacute;voquent la rescision de la vente pour cause de l&eacute;sion<a href="#sdfootnote39sym" name="sdfootnote39anc">39</a>. Le droit coutumier ne r&eacute;git pas le domaine de la rescision, seul le droit moderne s&rsquo;y consacre. En effet, la rescision en mati&egrave;re de vente d&rsquo;un immeuble peut &ecirc;tre demand&eacute;e, quand le vendeur a &eacute;t&eacute; l&eacute;s&eacute; de plus des sept douzi&egrave;mes de la valeur du bien lors de la cession<a href="#sdfootnote40sym" name="sdfootnote40anc">40</a>. Pour appr&eacute;cier la l&eacute;sion, il faut consid&eacute;rer le bien au moment de la vente. Ces ventes ayant &eacute;t&eacute; consenties il y a des d&eacute;cennies sont g&eacute;n&eacute;ralement remises en cause par les petits-enfants des vendeurs. Les personnes qui, au moment de la cession, n&rsquo;&eacute;taient pas encore n&eacute;es ou seulement mineures, contestent l&rsquo;acte pass&eacute; et revendiquent les parcelles ou domaines vendus par leurs auteurs<a href="#sdfootnote41sym" name="sdfootnote41anc">41</a>. V&eacute;ritables fauteurs de troubles dans le domaine foncier, ils commettent de v&eacute;ritables &laquo;&nbsp;crimes de masse&nbsp;&raquo; en revendiquant des domaines estim&eacute;s &agrave; plusieurs milliards, qu&rsquo;ils arrachent &agrave; leurs propri&eacute;taires pour les brader ensuite sans scrupule. Il est g&eacute;n&eacute;ralement demand&eacute; aux pr&eacute;sum&eacute;s acqu&eacute;reurs de racheter ces parcelles &agrave; un montant tr&egrave;s &eacute;lev&eacute;<a href="#sdfootnote42sym" name="sdfootnote42anc">42</a>, ce qui contraint ceux qui ne peuvent s&rsquo;en acquitter &agrave; la d&eacute;possession de leur immeuble.</p> <p>Le d&eacute;lai pour demander la rescision du contrat de vente est fix&eacute; par le l&eacute;gislateur fran&ccedil;ais &agrave; deux ans &agrave; compter du jour de la vente. Pass&eacute; ce d&eacute;lai, aucune action ne peut plus &ecirc;tre intent&eacute;e<a href="#sdfootnote43sym" name="sdfootnote43anc">43</a>. En droit coutumier, la notion de prescription n&rsquo;existe pas, ce qui entra&icirc;ne des rebondissements dans les contestations des droits de propri&eacute;t&eacute;. En effet, les coutumes b&eacute;ninoises ne con&ccedil;oivent pas que le temps puisse avoir une influence sur un droit. Des tiers peuvent &eacute;galement contester le droit des propri&eacute;taires terriens qui ne disposent pas d&rsquo;un titre de propri&eacute;t&eacute; formel. Ces derniers n&rsquo;ont quant &agrave; eux qu&rsquo;&agrave; se faire &eacute;tablir un titre formel pour contester le droit coutumier des h&eacute;ritiers<a href="#sdfootnote44sym" name="sdfootnote44anc">44</a>.</p> <p>Les terres squatt&eacute;es constituent aussi une source de revendication et de contestation du droit de propri&eacute;t&eacute;<a href="#sdfootnote45sym" name="sdfootnote45anc">45</a>. En effet, des parcelles ou domaines peuvent &ecirc;tre occup&eacute;s sans aucun titre l&eacute;gal. L&rsquo;occupation est g&eacute;n&eacute;ralement cons&eacute;cutive &agrave; l&rsquo;entretien et &agrave; la mise en culture de champs<a href="#sdfootnote46sym" name="sdfootnote46anc">46</a>. Or, la conception occidentale du droit de propri&eacute;t&eacute;, adopt&eacute;e au B&eacute;nin depuis la colonisation et confirm&eacute;e depuis l&rsquo;ind&eacute;pendance, heurte les conceptions africaines traditionnelles et communautaires d&rsquo;emprise du sol. La conception communautaire ou collective de la propri&eacute;t&eacute; fonci&egrave;re entra&icirc;ne la superposition de droits diff&eacute;rents s&rsquo;exer&ccedil;ant sur les terres (droit de labour, emprunt de terre, location de terre&hellip;). Le plus souvent la d&eacute;tention du sol et la mise en valeur de ce sol ne reviennent pas &agrave; une seule personne alors que les titulaires de ces diff&eacute;rents droits se comportent souvent en v&eacute;ritables propri&eacute;taires et se font enregistrer pendant les op&eacute;rations d&rsquo;&eacute;tat des lieux sur les listes de recensement des pr&eacute;sum&eacute;s propri&eacute;taires. Les locations sont consid&eacute;r&eacute;es comme des ventes et les ventes comme des locations selon la position de chacun. Toute personne d&eacute;sireuse de revendiquer ou de contester cette occupation sera confront&eacute;e &agrave; une r&eacute;alit&eacute; abstraite<a href="#sdfootnote47sym" name="sdfootnote47anc">47</a>, telle qu&rsquo;un d&eacute;c&egrave;s ou une maladie due &agrave; la r&eacute;action du propri&eacute;taire ou de ses h&eacute;ritiers, bien &eacute;videmment non reconnue par le droit moderne.</p> <p>D&rsquo;autres terres sont occup&eacute;es par pure convenance ou faute d&rsquo;occupation par le v&eacute;ritable propri&eacute;taire, le plus souvent avec la complicit&eacute; des autorit&eacute;s administratives<a href="#sdfootnote48sym" name="sdfootnote48anc">48</a>. L&agrave;, certaines personnes, ayant &eacute;volu&eacute; en ville ou ayant des relations dans l&rsquo;administration, se font d&eacute;livrer des preuves formelles pour d&eacute;poss&eacute;der les populations rurales ou les citoyens lamda dans l&rsquo;impossibilit&eacute; d&rsquo;apporter des preuves contraires ou formelles de propri&eacute;t&eacute;.</p> <p>La solidarit&eacute; &eacute;tait une vertu en Afrique. Au nom de cette solidarit&eacute;, l&rsquo;hospitalit&eacute; y &eacute;tait offerte &agrave; toute personne. C&rsquo;est ainsi que certaines personnes, amis, fr&egrave;res, cousins, neveux, ni&egrave;ces ou autres, ont &eacute;t&eacute; autoris&eacute;es, soit &agrave; construire sur l&rsquo;immeuble de leur h&ocirc;te, soit &agrave; habiter la construction &eacute;rig&eacute;e auparavant par le propri&eacute;taire et &agrave; y vivre, parfois sur plusieurs g&eacute;n&eacute;rations, sans aucune formalit&eacute;. Cet engagement reposait sur la seule bonne foi des deux parties et n&rsquo;avait aucune base juridique. Or, le droit b&eacute;ninois moderne ne reconna&icirc;t pas v&eacute;ritablement ce type d&rsquo;engagement. Plusieurs notions de droit moderne s&rsquo;y apparentent seulement comme le bail &agrave; construction, le droit d&rsquo;usage ou la copropri&eacute;t&eacute;. Le bail &agrave; construction est le bail par lequel le preneur s&rsquo;engage, &agrave; titre principal, &agrave; &eacute;difier sur le terrain du bailleur, des constructions, &agrave; les conserver en bon &eacute;tat pendant toute la dur&eacute;e du bail<a href="#sdfootnote49sym" name="sdfootnote49anc">49</a>. La dur&eacute;e du bail est de 18 &agrave; 99 ans. Il faut d&rsquo;embl&eacute;e remarquer que certains &eacute;l&eacute;ments font d&eacute;faut pour que l&rsquo;on puisse parler de bail &agrave; construction. Ici, l&rsquo;usage est &agrave; titre gratuit, sans aucune condition de bonne gestion ni fixation de d&eacute;lais. La copropri&eacute;t&eacute; quant &agrave; elle implique l&rsquo;exercice du droit de propri&eacute;t&eacute; sur une m&ecirc;me chose par plusieurs personnes. Cela implique la pr&eacute;sence de plusieurs propri&eacute;taires, ce qui n&rsquo;est pas le cas dans ce type d&rsquo;engagement.</p> <p>De plus, apr&egrave;s quelques d&eacute;cennies, les h&eacute;ritiers de l&rsquo;usager revendiquent l&rsquo;immeuble, soit en tant que propri&eacute;t&eacute; de leur auteur, soit en tant que copropri&eacute;taire par droit l&eacute;gu&eacute; par leur auteur. En somme, on assiste &agrave; la transformation du droit d&rsquo;habitation, d&rsquo;usufruit et de baux de terre en droit de propri&eacute;t&eacute;.</p> <p>En Afrique, la parole donn&eacute;e &eacute;tait sacr&eacute;e ; ce qui justifie pendant longtemps le non-recours &agrave; la mat&eacute;rialisation des engagements. Les contrats se faisaient par convention verbale devant le chef de quartier ou de village assist&eacute; de deux t&eacute;moins ainsi qu&rsquo;un f&eacute;ticheur pour marquer la pr&eacute;sence des divinit&eacute;s.</p> <p>La donation fait partie des modes d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la propri&eacute;t&eacute; mais elle est r&eacute;vocable dans toutes les coutumes. Chez les Peuhls du B&eacute;nin cependant la r&eacute;vocation n&rsquo;est admise qu&rsquo;en cas d&rsquo;inex&eacute;cution d&rsquo;une condition<a href="#sdfootnote50sym" name="sdfootnote50anc">50</a>. En droit moderne, la donation est &laquo; un acte par lequel le donateur se d&eacute;pouille actuellement et irr&eacute;vocablement de la chose donn&eacute;e en faveur du donataire qui l&rsquo;accepte &raquo;<a href="#sdfootnote51sym" name="sdfootnote51anc">51</a>. C&rsquo;est une ali&eacute;nation volontaire et gratuite du donateur pour les temps actuel et futur. Cela interdit toute r&eacute;tractation de sa part ou contestations ult&eacute;rieures de la part de sa post&eacute;rit&eacute;. Pour proc&eacute;der &agrave; une donation d&rsquo;immeuble la forme notari&eacute;e est exig&eacute;e.</p> <p>Le mobile de la donation est tr&egrave;s variable&nbsp;: un propri&eacute;taire terrien peut octroyer un ou plusieurs domaines pour marquer sa reconnaissance envers son bienfaiteur<a href="#sdfootnote52sym" name="sdfootnote52anc">52</a> ou bien pour r&eacute;compenser une amiti&eacute; fid&egrave;le et loyale. Or, ces donations sont remises en cause par des h&eacute;ritiers cupides ayant &eacute;puis&eacute; les terres que leur ont laiss&eacute; leurs parents. Ils revendiquent ces immeubles en brandissant des titres incontestables. Le contact avec la modernit&eacute; a d&eacute;t&eacute;rior&eacute; les relations sociales, la mauvaise foi a pris le pas sur la bonne. Les d&eacute;cisions des a&icirc;n&eacute;s sont remises en cause et le respect d&ucirc; &agrave; la tradition et au sacr&eacute; est perdu.</p> <p>A la suite des probl&egrave;mes li&eacute;s &agrave; la terre qui sont source de conflits domaniaux, viennent les contestations li&eacute;es &agrave; la terre qui constituent &eacute;galement des sources conflictuelles.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. Les contestations li&eacute;es &agrave; la ma&icirc;trise de la terre</h3> <p>Au nombre des modes d&rsquo;acquisition de la terre existe l&rsquo;achat qui est une convention par laquelle un acheteur acquiert l&rsquo;immeuble moyennant paiement d&rsquo;un prix au vendeur. De nos jours, c&rsquo;est le mode le plus courant d&rsquo;acquisition de la propri&eacute;t&eacute; car &laquo; tout homme doit pouvoir acc&eacute;der &agrave; la propri&eacute;t&eacute; par le travail et par l&rsquo;&eacute;pargne &raquo;<a href="#sdfootnote53sym" name="sdfootnote53anc">53</a>. Cependant, cette affirmation n&rsquo;est toujours pas r&eacute;alis&eacute;e au B&eacute;nin, notamment parce qu&rsquo;il existe un acc&egrave;s &agrave; la propri&eacute;t&eacute; par h&eacute;ritage. Cela consiste &agrave; transmettre l&rsquo;immeuble d&rsquo;une personne d&eacute;c&eacute;d&eacute;e &agrave; une ou plusieurs personnes vivantes, pratique tr&egrave;s courante et source de conflits et d&rsquo;injustices sur le continent africain (1).</p> <p>Historiquement, en Afrique, la terre appartenait &agrave; celui l&rsquo;ayant mise en valeur, ce qu&rsquo;il convient de d&eacute;nommer &laquo;&nbsp;occupation primitive&nbsp;&raquo;. Mais, avec la pouss&eacute;e d&eacute;mographique et l&rsquo;expansion urbaine, des mouvements de populations se sont produits en vue de trouver des terres &agrave; cultiver ou d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; des ressources &agrave; exploiter. Ces mouvements migratoires sont probl&eacute;matiques en ce qu&rsquo;ils suscitent une concurrence pour la ma&icirc;trise du sol et des ressources naturelles, provoquant tensions et violences parmi la population (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. Partage d&rsquo;h&eacute;ritage et empi&eacute;tement sur limite</h4> <p>L&rsquo;h&eacute;ritage est un mode d&rsquo;acquisition qui permet &agrave; un individu ou un groupe d&rsquo;individus de recevoir tout ou une partie du domaine foncier d&rsquo;un parent apr&egrave;s le d&eacute;c&egrave;s de ce dernier. Le mode de r&eacute;partition varie selon les coutumes. Dans presque toutes les coutumes, les filles sont exclues de la succession aux immeubles<a href="#sdfootnote54sym" name="sdfootnote54anc">54</a>. Cette exclusion est due au syst&egrave;me patrilin&eacute;aire et virilocal qui r&eacute;git le mariage en droit coutumier. L&rsquo;h&eacute;ritage se transmet de p&egrave;re en fils pour la p&eacute;rennisation des biens de la famille. Il est inadmissible que la famille de l&rsquo;homme soit enrichie au d&eacute;triment de celle de la femme car la terre n&rsquo;est pas seulement un moyen de production, mais constitue aussi un facteur d&eacute;terminant de pouvoir et de sp&eacute;culation. Pour qu&rsquo;une femme puisse h&eacute;riter, il faudrait qu&rsquo;elle fasse v&oelig;u de c&eacute;libat ou qu&rsquo;elle soit st&eacute;rile. Ainsi, la terre reste au sein de la lign&eacute;e apr&egrave;s son d&eacute;c&egrave;s. En cas de mariage, l&rsquo;h&eacute;ritage va aux enfants qui portent le nom d&rsquo;une autre lign&eacute;e.</p> <p>Le l&eacute;gislateur a r&eacute;solu ce probl&egrave;me&nbsp;: d&eacute;sormais, les femmes ou les enfants des femmes peuvent h&eacute;riter au m&ecirc;me titre que les hommes ou leurs enfants<a href="#sdfootnote55sym" name="sdfootnote55anc">55</a>. Tous les enfants sont &eacute;gaux, aucun enfant n&rsquo;est sup&eacute;rieur &agrave; un autre. Les femmes peuvent d&eacute;sormais se pr&eacute;valoir du m&ecirc;me droit que les hommes. La question qui reste en suspens est celle de l&rsquo;application de cette loi sur toute l&rsquo;&eacute;tendue du territoire b&eacute;ninois, sachant bien que les m&oelig;urs, les coutumes, les pratiques et opinions, qui ne se gravent ni sur le marbre, ni sur l&rsquo;airain, se trouvent ancr&eacute;s dans le c&oelig;ur des populations de fa&ccedil;on imm&eacute;moriale et se substituent insensiblement &agrave; la force de l&rsquo;autorit&eacute;<a href="#sdfootnote56sym" name="sdfootnote56anc">56</a>. Les biens immobiliers de celui qui meurt en ne laissant que des filles sont d&eacute;volus aux neveux chez certains peuples et aux fr&egrave;res cadets chez d&rsquo;autres. Le partage est toujours in&eacute;gal. Dans certaines coutumes, le partage est fait en d&eacute;croissance, en allant de l&rsquo;a&icirc;n&eacute; au cadet ; dans d&rsquo;autres, c&rsquo;est le cadet qui est le plus avantag&eacute; tandis que l&rsquo;&eacute;pouse en est exclue. Avec l&rsquo;av&egrave;nement de Code des personnes et de la famille (CPF), une solution th&eacute;orique a &eacute;t&eacute; trouv&eacute;e<a href="#sdfootnote57sym" name="sdfootnote57anc">57</a>. D&rsquo;autres textes juridiques, en mati&egrave;re fonci&egrave;re, permettent &agrave; la femme d&rsquo;avoir acc&egrave;s au foncier<a href="#sdfootnote58sym" name="sdfootnote58anc">58</a>.</p> <p>Pour autant, le partage d&rsquo;h&eacute;ritage continue de susciter des conflits<a href="#sdfootnote59sym" name="sdfootnote59anc">59</a>. Certains h&eacute;ritiers s&rsquo;estiment l&eacute;s&eacute;s dans le partage le contestent<a href="#sdfootnote60sym" name="sdfootnote60anc">60</a>, pr&eacute;tendant que leur part n&rsquo;&eacute;quivaut pas &agrave; celle de leurs coh&eacute;ritiers. En effet, tr&egrave;s peu de successions sont r&eacute;gl&eacute;es par voie testamentaire. Pourtant le de cujus, de son vivant, peut d&eacute;cider de proc&eacute;der au partage de ses biens, ce qu&rsquo;il fait le plus souvent en avantageant certains enfants au profit d&rsquo;autres, g&eacute;n&eacute;ralement sous l&rsquo;influence de l&rsquo;&eacute;pouse pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e. Des m&eacute;contentements et des frustrations naissent parmi des h&eacute;ritiers qui contestent le partage op&eacute;r&eacute; par l&rsquo;auteur<a href="#sdfootnote61sym" name="sdfootnote61anc">61</a>. Le l&eacute;gislateur a tent&eacute; de rem&eacute;dier &agrave; cette situation en &eacute;tablissant l&rsquo;&eacute;galit&eacute; de tous les citoyens devant la loi quels que soient leur sexe et leur &acirc;ge<a href="#sdfootnote62sym" name="sdfootnote62anc">62</a>. La captation d&rsquo;h&eacute;ritage, constitue &eacute;galement une source de conflits qui conduit &agrave; des tensions et voies de fait.</p> <p>Une autre source de conflits est l&rsquo;empi&eacute;tement sur limite. Afin de pr&eacute;venir ce type de conflit, il faut d&eacute;limiter la sph&egrave;re d&rsquo;intervention de chacun des voisins par rapport &agrave; son propre fonds et &agrave; celui du voisin<a href="#sdfootnote63sym" name="sdfootnote63anc">63</a>. Cette d&eacute;limitation se fait gr&acirc;ce au bornage et &agrave; la cl&ocirc;ture. Le bornage est une op&eacute;ration qui consiste &agrave; fixer la ligne s&eacute;parative de deux terrains non b&acirc;tis et &agrave; les marquer par des signes mat&eacute;riels appel&eacute;s bornes<a href="#sdfootnote64sym" name="sdfootnote64anc">64</a>. Une implantation de marques ext&eacute;rieures apparentes et durables est n&eacute;cessaire et tout propri&eacute;taire peut obliger son voisin au bornage de leurs propri&eacute;t&eacute;s contigu&euml;s &agrave; leurs frais communs<a href="#sdfootnote65sym" name="sdfootnote65anc">65</a>. C&rsquo;est une op&eacute;ration contradictoire qui doit &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute;e entre les propri&eacute;taires voisins, faute de quoi, elle n&rsquo;est pas opposable au propri&eacute;taire qui n&rsquo;y a pas pris part en signant la convention. Le bornage est utile car il permet de conna&icirc;tre les limites de la propri&eacute;t&eacute;, la superficie exacte du fond, et &eacute;vite les risques d&rsquo;empi&eacute;tement sur le sol du voisin.</p> <p>Au B&eacute;nin, traditionnellement, soit les terrains &eacute;taient d&eacute;limit&eacute;s par l&rsquo;implantation d&rsquo;arbres, l&rsquo;&eacute;rection d&rsquo;un temple ou couvent de &laquo;&nbsp;vodoun&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote66sym" name="sdfootnote66anc">66</a>, la construction d&rsquo;une palissade ou chambre sur les limites contigu&euml;s&hellip; soit, au nom de la collectivit&eacute;, aucune limite n&rsquo;&eacute;tait &eacute;tablie entre les terrains. Se pose aujourd&rsquo;hui la question de savoir si ces limites apparentes peuvent certifier l&rsquo;exactitude des limites entre deux terrains voisins. Si la pose de bornes est entr&eacute;e dans les habitudes au B&eacute;nin, c&rsquo;est &agrave; chaque propri&eacute;taire de marquer les limites de sa parcelle, sans en informer ses voisins car chacun doit conna&icirc;tre les limites de son fonds. L&rsquo;action en bornage est personnelle et l&rsquo;op&eacute;ration est r&eacute;alis&eacute;e aux frais personnels du propri&eacute;taire qui le requiert. Ces bornes sont souvent pos&eacute;es par le propri&eacute;taire initial et transmises aux acqu&eacute;reurs et sous-acqu&eacute;reurs. C&rsquo;est une source permanente de conflits car, sciemment ou non, les bornes chevauchent le fonds voisin. L&rsquo;empi&eacute;tement consiste &agrave; installer une haie, une palissade ou un mur sur le terrain de son voisin et se consid&eacute;rer ensuite comme propri&eacute;taire d&rsquo;une bande de terrain situ&eacute;e au-del&agrave; de la limite v&eacute;ritable de son bien-fonds. &laquo;&nbsp;L&rsquo;empi&eacute;tement m&ecirc;me minime est sanctionn&eacute; par les tribunaux. Cela revient en effet &agrave; une expropriation par un particulier, ce qui est contraire au droit&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote67sym" name="sdfootnote67anc">67</a>. L&rsquo;action en bornage est &eacute;galement l&rsquo;&oelig;uvre des g&eacute;om&egrave;tres au cours d&rsquo;op&eacute;rations de remembrement et de recasement. Pour d&eacute;terminer la superficie de chaque propri&eacute;taire, des bornes sont pos&eacute;es. Cette op&eacute;ration est source de malversations et conflits car on assiste aux d&eacute;placements anarchiques de ces bornes par certains g&eacute;om&egrave;tres, soit pour agrandir l&rsquo;espace d&rsquo;un propri&eacute;taire qui les soudoie, soit pour cr&eacute;er des espaces et vendre &agrave; des propri&eacute;taires fictifs. Au cours de l&rsquo;op&eacute;ration de remembrement<a href="#sdfootnote68sym" name="sdfootnote68anc">68</a>, des chutes de parcelles se d&eacute;gagent des lots. Ces chutes sont souvent annex&eacute;es et vendues aux propri&eacute;taires voisins imm&eacute;diats<a href="#sdfootnote69sym" name="sdfootnote69anc">69</a> qui man&oelig;uvrent en ce sens.</p> <p>Les empi&eacute;tements suscitent de nombreux proc&egrave;s. Dans un esprit communautaire et fraternel, des propri&eacute;taires autorisent parfois leurs voisins &agrave; empi&eacute;ter sur leur terrain et franchir la ligne mitoyenne, voire &agrave; faire des am&eacute;nagements cens&eacute;s &ecirc;tre temporaires. Ainsi, un propri&eacute;taire peut autoriser son voisin &agrave; installer une v&eacute;randa sur son terrain contre la promesse de la d&eacute;molir lorsqu&rsquo;il en fera la demande. La difficult&eacute; na&icirc;t lorsque cette v&eacute;randa est transform&eacute;e en chambre&hellip;<a href="#sdfootnote70sym" name="sdfootnote70anc">70</a> D&rsquo;autres installent des cl&ocirc;tures qui r&eacute;duisent la superficie du terrain de leur voisin au profit de la leur sans avoir bien s&ucirc;r obtenu pr&eacute;alablement l&rsquo;accord de ce dernier<a href="#sdfootnote71sym" name="sdfootnote71anc">71</a>. Pour &eacute;viter de tels conflits, il faudrait borner les terrains en connaissant leurs limites exactes&hellip; Cela &eacute;viterait les d&eacute;molitions de cl&ocirc;tures et des b&acirc;timents empi&eacute;tant sur le fonds voisin.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. La conqu&ecirc;te de nouvelles terres et les querelles sur les terres agropastorales</h4> <p>Pays essentiellement agricole<a href="#sdfootnote72sym" name="sdfootnote72anc">72</a>, le B&eacute;nin est confront&eacute; &agrave; des probl&egrave;mes structurels tels que la gestion des terres agricoles. La terre, ressource vitale, se rar&eacute;fie avec la pouss&eacute;e d&eacute;mographique et l&rsquo;extension des villes vers les zones rurales et p&eacute;riurbaines. Le foncier est le socle du d&eacute;veloppement agricole. L&rsquo;agriculture b&eacute;ninoise est domin&eacute;e par les petites exploitations agricoles comme dans la plupart des PMA. Ces exploitations sont constitu&eacute;es de petites et moyennes exploitations de type familial orient&eacute;es vers la polyculture. Aux c&ocirc;t&eacute;s des exploitations familiales, existent des entreprises agricoles modernes implant&eacute;es par des promoteurs priv&eacute;s qui investissent leurs capitaux dans le foncier et des plantations p&eacute;rennes<a href="#sdfootnote73sym" name="sdfootnote73anc">73</a>. Pourtant, toutes les terres cultivables ne sont pas mises en valeur<a href="#sdfootnote74sym" name="sdfootnote74anc">74</a> et ce pour plusieurs raisons comme l&rsquo;expansion urbaine, l&rsquo;affectation de terres rurales aux industries et autres infrastructures.</p> <p>&laquo; Dans beaucoup de soci&eacute;t&eacute;s, le pass&eacute; n&rsquo;est pas diff&eacute;rent du pr&eacute;sent, car il n&rsquo;est pas autre chose qu&rsquo;une part essentielle de la vie du collectif qui s&rsquo;y r&eacute;f&egrave;re constamment, le parle, l&rsquo;habite, en tire des exemples ou des ressources d&rsquo;autorit&eacute; &raquo;<a href="#sdfootnote75sym" name="sdfootnote75anc">75</a>. Dans la soci&eacute;t&eacute; b&eacute;ninoise, cette affirmation se justifie. Auparavant, les paysans quittaient leur lieu d&rsquo;habitation pour aller travailler dans les champs d&rsquo;autres contr&eacute;es, &agrave; des kilom&egrave;tres de distance.</p> <p>La valeur v&eacute;nale des terres augmente sur le march&eacute; foncier car il y a une forte demande de la part des particuliers, tels que fonctionnaires et hommes politiques qui aspire &agrave; la th&eacute;saurisation ou sp&eacute;culation. Les hectares th&eacute;sauris&eacute;s manquent aux paysans qui n&rsquo;ont plus de terres &agrave; cultiver&hellip; &laquo;&nbsp;De tous les biens, la terre a cette originalit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre en quantit&eacute; finie : ce que l&rsquo;un prend au-del&agrave; de son quotient para&icirc;t n&eacute;cessairement enlev&eacute; aux autres ; pour elle, l&rsquo;espoir est interdit, ou l&rsquo;illusion, dont on se berce pour d&rsquo;autres richesses, qu&rsquo;en augmentant la production&hellip;&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote76sym" name="sdfootnote76anc">76</a>. En qu&ecirc;te de terres agricoles, de nombreux paysans migrent vers des zones &laquo;&nbsp;vierges&nbsp;&raquo; et s&rsquo;y installent. Ces occupations engendrent de nouveaux conflits car toutes les terres font d&eacute;j&agrave; l&rsquo;objet d&rsquo;une appropriation&nbsp;: il n&rsquo;y a plus de terre sans ma&icirc;tre ou, du moins, tr&egrave;s peu de terres sont v&eacute;ritablement sans ma&icirc;tre. Faudrait-il une redistribution des terres ? Nullement car le cycle infernal se poursuivra, les m&ecirc;mes causes produisant les m&ecirc;mes effets. De plus, un exode rural conduit les jeunes qui pr&eacute;f&egrave;rent c&eacute;der leurs terres pour s&rsquo;acheter des motos et s&rsquo;installer en ville pour s&rsquo;adonner &agrave; l&rsquo;activit&eacute; de conducteur de taxi moto commun&eacute;ment appel&eacute; z&eacute;midjan<a href="#sdfootnote77sym" name="sdfootnote77anc">77</a>.</p> <p>On entend par terre agropastorale, l&rsquo;espace sur lequel se font les activit&eacute;s agricoles et celles de l&rsquo;&eacute;levage extensif. &laquo; L&rsquo;espace pastoral ou terre pastorale est un espace global associant des formes int&eacute;gr&eacute;es de mise en valeur et des droits collectifs d&rsquo;utilisation et de gestion. Ces droits sont consacr&eacute;s par l&rsquo;histoire, par le savoir-faire technique et gestionnaire des collectivit&eacute;s, et par des pratiques de gestion et d&rsquo;acc&egrave;s r&eacute;ciproques aux ressources pastorales &raquo;<a href="#sdfootnote78sym" name="sdfootnote78anc">78</a>. L&rsquo;&eacute;levage repr&eacute;sente une part importante dans l&rsquo;&eacute;conomie et l&rsquo;agriculture du pays. Il est tributaire des ressources naturelles pour la satisfaction de ses besoins alimentaires. Ces ressources naturelles sont r&eacute;parties dans l&rsquo;espace et le temps. Pendant longtemps, la l&eacute;gislation nationale ne s&rsquo;est pas trop consacr&eacute;e aux droits des &eacute;leveurs sur les terres. La terre appartenant &agrave; ceux qui la mettent en valeur, les &eacute;leveurs s&eacute;dentaires sont, malgr&eacute; l&rsquo;anciennet&eacute; de leur installation, consid&eacute;r&eacute;s comme de simples occupants n&rsquo;ayant que des droits d&rsquo;usage. Eux-m&ecirc;mes se consid&egrave;rent pourtant comme propri&eacute;taires des terres. Ainsi la cohabitation est souvent difficile entre ces deux cat&eacute;gories d&rsquo;acteurs du d&eacute;veloppement. L&rsquo;extension des activit&eacute;s agricoles r&eacute;tr&eacute;cit l&rsquo;espace pastoral et conduit les &eacute;leveurs &agrave; se d&eacute;placer pour chercher de nouvelles ressources pour leurs troupeaux. Ces d&eacute;placements sont devenus de plus en plus importants, voire transfrontaliers, avec la recrudescence des conflits entre &eacute;leveurs et agriculteurs. A la recherche de ressources, les &eacute;leveurs envahissent les jach&egrave;res r&eacute;serv&eacute;es aux b&oelig;ufs de trait des agriculteurs, les champs souvent install&eacute;s sur les domaines d&eacute;laiss&eacute;s par les &eacute;leveurs pour la transhumance ou sur les couloirs de passage des animaux ; on assiste &agrave; la destruction des cultures qui engendre des violences &agrave; l&rsquo;issue parfois tragique.</p> <p>L&rsquo;espace pastoral est ici victime d&rsquo;une l&eacute;gislation floue, peu adapt&eacute;e et trop flexible, permettant &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat de revendiquer sa ma&icirc;trise et de l&rsquo;affecter ensuite &agrave; la r&eacute;alisation de projets de d&eacute;veloppement. La superposition des droits sur les terres n&rsquo;est pas prise en compte dans l&rsquo;&eacute;laboration des lois. Les droits des pasteurs sont marginalis&eacute;s. Il est temps de mettre en &oelig;uvre une politique fonci&egrave;re tenant compte de la diversit&eacute; de droits exerc&eacute;s sur les terres.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>II. La recrudescence des malversations fonci&egrave;res</h2> <p>La malversation est un &laquo; grave &eacute;cart de conduite&hellip; notion g&eacute;n&eacute;rique non &eacute;rig&eacute;e en incrimination sp&eacute;ciale mais diffuse dans l&rsquo;&eacute;ventail des infractions financi&egrave;res qu&rsquo;inspire l&rsquo;app&acirc;t du gain &raquo;<a href="#sdfootnote79sym" name="sdfootnote79anc">79</a>. Le manque de synergie entre les structures de gestion fonci&egrave;re et leur laxisme ainsi que la m&eacute;connaissance et l&rsquo;inapplication des textes conduisent &agrave; des d&eacute;r&egrave;glements. La terre a perdu son caract&egrave;re sacr&eacute;, coh&eacute;sif, collectif et inali&eacute;nable. D&eacute;sormais, elle est un instrument de mensuration de pouvoir et de richesse ; elle n&rsquo;est plus b&acirc;tie &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de la famille, mais de l&rsquo;homme. Des pratiques ill&eacute;gales pour l&rsquo;obtenir se d&eacute;veloppent car la terre a cette originalit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre en quantit&eacute; finie<a href="#sdfootnote80sym" name="sdfootnote80anc">80</a>&nbsp;; ce que l&rsquo;un prend manque &agrave; l&rsquo;autre.</p> <p>L&rsquo;&Eacute;tat, auparavant propri&eacute;taire de toutes les terres, et les collectivit&eacute;s locales, doivent, pour r&eacute;aliser certains travaux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t public, recourir &agrave; l&rsquo;expropriation. Les domaines publics et priv&eacute;s ont &eacute;t&eacute; brad&eacute;s et les autorit&eacute;s publiques doivent d&eacute;sormais recourir &agrave; des conventions pour recouvrer la propri&eacute;t&eacute;. De surcro&icirc;t, &laquo; toute convention contient toujours une dose de l&eacute;sion licite, coutumi&egrave;rement accept&eacute;e, car les bonnes affaires font la propri&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote81sym" name="sdfootnote81anc">81</a>. En l&rsquo;occurrence cette l&eacute;sion profite &agrave; une mafia (A) dont l&rsquo;activit&eacute; de spoliation (B) est en pleine expansion.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>A. Le d&eacute;ploiement de la mafia fonci&egrave;re</h3> <p>Au B&eacute;nin, la gestion de la terre s&rsquo;op&egrave;re au m&eacute;pris de toute politique fonci&egrave;re susceptible de contribuer au d&eacute;veloppement &eacute;conomique du pays. Depuis des d&eacute;cennies les divers acteurs du march&eacute; foncier entretiennent un climat de crise et de contestations tel que d&eacute;tenir un titre de propri&eacute;t&eacute; aujourd&rsquo;hui n&rsquo;est plus un gage de s&eacute;curit&eacute;. La mafia fonci&egrave;re s&eacute;vit donc en toute qui&eacute;tude.</p> <p>Si le d&eacute;veloppement &eacute;conomique, d&eacute;mographique et sociopolitique a transform&eacute; les enjeux gravitant autour du contr&ocirc;le du foncier, il faut constater que dans le m&ecirc;me temps, la capacit&eacute; de r&eacute;gulation par l&rsquo;&Eacute;tat et/ou par les pouvoirs coutumiers est fortement r&eacute;duite. La r&eacute;partition des terres auparavant, l&rsquo;&oelig;uvre des pouvoirs traditionnels, leur &eacute;chappe. L&rsquo;appropriation par un individu ou une famille restreinte a pris le pas sur des modes de gestion collectifs, en particulier sur les terres rurales. Les conflits se d&eacute;roulant en Afrique, poss&egrave;dent une dimension agraire et fonci&egrave;re qui est souvent sous-estim&eacute;e. Ces conflits peuvent concerner des individus, des familles, des groupes, des soci&eacute;t&eacute;s tant nationales que multinationales et m&ecirc;me l&rsquo;&Eacute;tat. Ils prennent la forme de l&rsquo;accaparement des terres&nbsp;(1) et d&rsquo;une corruption g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e (2).</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>1. L&rsquo;accaparement des terres</h4> <p>&laquo; Malheur &agrave; ceux qui ajoutent maison &agrave; maison, qui joignent champ &agrave; champ, jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;il n&rsquo;y ait plus de places, et jusqu&rsquo;&agrave; ce que vous habitiez seuls au milieu du pays &raquo;<a href="#sdfootnote82sym" name="sdfootnote82anc">82</a>. Dans de nombreux pays de l&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest, la concentration de la propri&eacute;t&eacute; de la terre agricole entre les mains de quelques individus s&rsquo;op&egrave;re au d&eacute;triment de la classe paysanne expuls&eacute;e et expropri&eacute;e des terres qu&rsquo;elle exploitait depuis des g&eacute;n&eacute;rations. Les achats massifs de terres accentuent la d&eacute;pendance alimentaire de la population vis-&agrave;-vis de l&rsquo;ext&eacute;rieur et menacent le d&eacute;veloppement.</p> <p>Ce ph&eacute;nom&egrave;ne est d&eacute;sign&eacute; par l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;accaparement des terres&nbsp;&raquo; qui vient de l&rsquo;anglais land grabbing<a href="#sdfootnote83sym" name="sdfootnote83anc">83</a>. Elle fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la prise de contr&ocirc;le et &agrave; l&rsquo;exploitation de grandes &eacute;tendues de terres, souvent acquises ou lou&eacute;es par des investisseurs &eacute;trangers<a href="#sdfootnote84sym" name="sdfootnote84anc">84</a>. La marchandisation du foncier a permis aujourd&rsquo;hui au B&eacute;nin des achats massifs de terres agricoles, ce qui implique que la terre puisse &ecirc;tre vendue, mais &agrave; quel prix ? L&rsquo;ampleur du ph&eacute;nom&egrave;ne est inqui&eacute;tante et alarmante<a href="#sdfootnote85sym" name="sdfootnote85anc">85</a>. Plusieurs milliers d&rsquo;hectares (ha) de terres ont pu &ecirc;tre c&eacute;d&eacute;s aux investisseurs nationaux et &eacute;trangers ainsi qu&rsquo;aux &eacute;lites politico-administratives locales, privant les couches pauvres de l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la terre. Au B&eacute;nin, &agrave; la diff&eacute;rence des autres pays de la sous-r&eacute;gion, les terres agricoles sont davantage brad&eacute;es aux nationaux qu&rsquo;aux &eacute;trangers.</p> <p>&laquo; L&rsquo;accaparement n&rsquo;est pas moins dommageable que la guerre en termes d&rsquo;impacts n&eacute;gatifs sur la population civile &raquo;<a href="#sdfootnote86sym" name="sdfootnote86anc">86</a>. G&eacute;n&eacute;ralement, en Afrique, les terres accapar&eacute;es par les nationaux ne sont pas exploit&eacute;es pour diverses raisons. Si certains grands propri&eacute;taires confient l&rsquo;exploitation de leurs domaines &agrave; des paysans moyennant un revenu, ils sont parfois victimes d&rsquo;exploitants de mauvaise foi<a href="#sdfootnote87sym" name="sdfootnote87anc">87</a> qui vendent ou consomment les produits agricoles &agrave; leur insu. Face &agrave; de tels comportements, d&rsquo;autres propri&eacute;taires, dans l&rsquo;incapacit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;sents pour exercer un contr&ocirc;le ni exploiter personnellement ces biens, pr&eacute;f&egrave;rent laisser les terres incultes. Les terres confi&eacute;es pour exploitations peuvent &ecirc;tre aussi objet de conflit.</p> <p>La r&eacute;alit&eacute; au B&eacute;nin est toute autre&nbsp;: les propri&eacute;taires sont souvent la cible d&rsquo;attaques mystiques<a href="#sdfootnote88sym" name="sdfootnote88anc">88</a> qui ne peuvent &ecirc;tre prouv&eacute;es ni expliqu&eacute;es par la science. Par ce proc&eacute;d&eacute; l&rsquo;exploitant peut arracher la terre &agrave; son propri&eacute;taire et susciter une psychose chez les membres de sa famille afin que personne ne vienne lui contester son &laquo;&nbsp;droit de propri&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; usurp&eacute;. Qui, au B&eacute;nin, a la capacit&eacute; d&rsquo;acheter des terres &agrave; vocation mara&icirc;ch&egrave;res, d&rsquo;acqu&eacute;rir des p&eacute;rim&egrave;tres irrigu&eacute;s ou d&rsquo;investir dans leur am&eacute;nagement, d&rsquo;y employer des salari&eacute;s ou des fermiers si ce n&rsquo;est des notables, des citadins, des hauts fonctionnaires, des commer&ccedil;ants ou des travailleurs immigr&eacute;s ? L&rsquo;acquisition massive des terres a pour cons&eacute;quence imm&eacute;diate l&rsquo;exclusion des petits producteurs. La majorit&eacute; de la population, notamment la population paysanne, vit en-dessous du seuil de pauvret&eacute;. Au vu de la faiblesse des mesures de protection sociale, ces paysans, c&egrave;dent leurs terres aux accapareurs.</p> <p>Pourtant, &laquo; si l&rsquo;habitant ne soul&egrave;ve la jarre, l&rsquo;&eacute;tranger ne peut tuer la souris qui se trouve en dessous&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote89sym" name="sdfootnote89anc">89</a>. L&rsquo;accaparement est favoris&eacute; par les gouvernants eux-m&ecirc;mes. Des appels aux investisseurs sont lanc&eacute;s par les &Eacute;tats. Les investisseurs pr&eacute;sentent des projets de d&eacute;veloppement d&rsquo;activit&eacute;s qui impliquent une implantation fonci&egrave;re. Or, toutes les terres ayant d&eacute;j&agrave; fait l&rsquo;objet d&rsquo;une appropriation<a href="#sdfootnote90sym" name="sdfootnote90anc">90</a>, les terres sont prises aux paysans pour &ecirc;tre c&eacute;d&eacute;es aux investisseurs. Leur prix varie selon la fertilit&eacute;, la situation g&eacute;ographique ou le degr&eacute; d&rsquo;urbanisation<a href="#sdfootnote91sym" name="sdfootnote91anc">91</a>. Les &eacute;lus locaux sont complices des investisseurs. Ils vont &agrave; la rencontre des populations, leur pr&eacute;sentent les projets, les convainquent d&rsquo;y adh&eacute;rer pour le d&eacute;veloppement de leur localit&eacute; et la cr&eacute;ation de la main-d&rsquo;&oelig;uvre, ce qui n&rsquo;est qu&rsquo;un leurre. Mais, quiconque se l&egrave;verait pour lutter contre le bradage des terres serait alors consid&eacute;r&eacute; comme un ennemi du d&eacute;veloppement et perdrait son &eacute;lectorat.</p> <p>Pire encore, les pressions sur la terre se sont accentu&eacute;es avec les projets d&rsquo;extension de la production d&rsquo;agro-carburants qui ont conduit &agrave; c&eacute;der de larges surfaces de terres arables &agrave; des investisseurs &eacute;trangers<a href="#sdfootnote92sym" name="sdfootnote92anc">92</a>. Dans la commune de Sav&egrave; au B&eacute;nin, un bail de 30 hectares vers le fleuve Okpara a suscit&eacute; le m&eacute;contentement du roi. En effet, un d&eacute;put&eacute; natif de Sav&egrave; a n&eacute;goci&eacute; le bail de 99 ans avec des investisseurs chinois pour y pratiquer une agriculture industrialis&eacute;e. Ils ont promis l&rsquo;&eacute;lectrification de la ville mais &eacute;galement le reversement d&rsquo;une partie des recettes, la construction d&rsquo;&eacute;coles et d&rsquo;h&ocirc;pitaux, de logements, etc. qui doivent acc&eacute;l&eacute;rer le d&eacute;veloppement de la ville.</p> <p>D&rsquo;autres pays que le B&eacute;nin, dans la sous-r&eacute;gion en sont aussi victimes. En Sierra L&eacute;one, des populations locales se sont estim&eacute;es abus&eacute;es par un contrat de bail de cinquante ans sign&eacute; par l&rsquo;&Eacute;tat et la soci&eacute;t&eacute; financi&egrave;re des caoutchoucs Sofcin sur &agrave; peu pr&egrave;s 6&nbsp;500 hectares de palmeraie. En effet, des promesses comme des compensations pour les terres perdues, des investissements et la cr&eacute;ation d&rsquo;emplois, qui sont demeur&eacute;es lettre morte. Les actions de protestation ont conduit les activistes au paiement d&rsquo;amende et &agrave; des peines privatives de libert&eacute;<a href="#sdfootnote93sym" name="sdfootnote93anc">93</a>.</p> <p>La localit&eacute; de Famienkro en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire est en conflit avec l&rsquo;&Eacute;tat parce qu&rsquo;il lui a pris des terres qu&rsquo;il a ensuite attribu&eacute;es &agrave; la Compagnie H&eacute;v&eacute;icole de Prikro. Cela concerne un domaine de 11&nbsp;000 hectares dont 5&nbsp;000 hectares avaient &eacute;t&eacute; occup&eacute;s par l&rsquo;ex-complexe sucrier de S&eacute;rebou, une soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;&Eacute;tat qui ne d&eacute;tenait aucun titre sur ces parcelles. Les populations revendiquent aujourd&rsquo;hui leurs terres alors que l&rsquo;&Eacute;tat parle de terre sans ma&icirc;tre. Pourtant, ces terres &eacute;taient mises en culture depuis des si&egrave;cles. La concession date de 1993 et ce n&rsquo;est qu&rsquo;en 1994 que l&rsquo;Etat a proc&eacute;d&eacute; &agrave; l&rsquo;immatriculation des terres sans purge des droits coutumiers, ce qui remet en cause la concession des terres. Les populations ont violemment contest&eacute; cette concession par des mouvements qui ont conduit &agrave; des emprisonnements et des morts d&rsquo;hommes<a href="#sdfootnote94sym" name="sdfootnote94anc">94</a>.</p> <p>Les pays africains, pour attirer les investissements directs &eacute;trangers, se livrent une concurrence des facilit&eacute;s d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la terre. Des r&eacute;formes sont entreprises avec le concours des institutions internationales<a href="#sdfootnote95sym" name="sdfootnote95anc">95</a> car il faut que les &Eacute;tats se rapprochent pour d&eacute;finir des politiques d&rsquo;investissement qui favoriseront le v&eacute;ritable d&eacute;veloppement et permettront aussi d&rsquo;&eacute;radiquer, dans la mesure du possible, la corruption.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Une corruption g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e</h4> <p>&laquo; Les hommes sont gouvern&eacute;s non pas par des mots couch&eacute;s noir sur blanc, ou par des th&eacute;ories abstraites, mais par les autres hommes &raquo;<a href="#sdfootnote96sym" name="sdfootnote96anc">96</a>. &laquo; La corruption est le comportement p&eacute;nalement r&eacute;pr&eacute;hensible par lequel une personne sollicite, agr&eacute;e ou accepte un don, une offre ou une promesse, des pr&eacute;sents ou des avantages quelconques en vue d&rsquo;accomplir, de retarder ou d&rsquo;omettre d&rsquo;accomplir un acte entrant d&rsquo;une fa&ccedil;on directe ou indirecte dans le cadre de ses fonctions &raquo;<a href="#sdfootnote97sym" name="sdfootnote97anc">97</a>. Les personnes vis&eacute;es ici sont celles investies d&rsquo;un mandat &eacute;lectif public d&eacute;positaire de l&rsquo;autorit&eacute; publique charg&eacute;e d&rsquo;une mission de service public<a href="#sdfootnote98sym" name="sdfootnote98anc">98</a>. La corruption pose en fait le probl&egrave;me du pouvoir. On ne peut n&eacute;gocier que les pouvoirs que l&rsquo;on d&eacute;tient ou bien ceux qu&rsquo;on est en mesure de faire croire qu&rsquo;on d&eacute;tient, ce qui est plus courant, et qui constituent une autre forme de pouvoir.</p> <p>En mati&egrave;re fonci&egrave;re, ce sont les acteurs &eacute;tatiques, infra-&eacute;tatiques et priv&eacute;s qui interviennent dans l&rsquo;ex&eacute;cution de politiques &eacute;troitement li&eacute;es aux autres politiques sectorielles<a href="#sdfootnote99sym" name="sdfootnote99anc">99</a>, ce qui est la source de difficult&eacute;s inh&eacute;rentes &agrave; la concurrence pouvant exister entre les objectifs poursuivis par chaque politique sectorielle.</p> <p>Le foncier est un rapport social<a href="#sdfootnote100sym" name="sdfootnote100anc">100</a>. Il r&eacute;v&egrave;le les relations que les hommes entretiennent avec l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la terre et aux ressources, la gestion et la garantie des droits y aff&eacute;rents.</p> <p>Tout d&eacute;tenteur d&rsquo;une portion de pouvoir est susceptible d&rsquo;&ecirc;tre b&eacute;n&eacute;ficiaire direct de d&eacute;tournement<a href="#sdfootnote101sym" name="sdfootnote101anc">101</a>. Ce d&eacute;tournement est favoris&eacute; par la corruption, un fl&eacute;au social qui a atteint toutes les strates de la population. Elle consiste en des actes illicites, des abus de pouvoirs, des abstentions ou d&rsquo;autres actes commis par les gouvernants dans l&rsquo;exercice de leurs missions. Les usagers, en vue de b&eacute;n&eacute;ficier des services ou de contourner les normes en vigueur, offrent des pr&eacute;sents soit en num&eacute;raire, soit en nature, dont le corrupteur pr&eacute;tend qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;acte de corruption, mais de reconnaissance ou de gratitude tandis que le corrompu &eacute;voque une opportunit&eacute; ou un&nbsp;&laquo;&nbsp;service rendu&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote102sym" name="sdfootnote102anc">102</a>.</p> <p>Le contournement de la loi est l&rsquo;&oelig;uvre des hautes personnalit&eacute;s ou des citoyens de moyenne classe car la majorit&eacute; de la population b&eacute;ninoise est analphab&egrave;te et ignore souvent les r&egrave;gles de droit, ce qui l&rsquo;expose aux effets n&eacute;fastes des actes de corruption. &laquo;&nbsp;La raison du plus fort est toujours la meilleure&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote103sym" name="sdfootnote103anc">103</a>. Le d&eacute;tenteur de la force est th&eacute;oriquement l&rsquo;&Eacute;tat mais ce sont ses repr&eacute;sentants qui l&rsquo;exercent et la d&eacute;tournent &agrave; leur profit, profitant de l&rsquo;impuissance de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&Eacute;tat&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;La corruption fonci&egrave;re est donc une forme de corruption politique et publique li&eacute;e &agrave; la dynamique du march&eacute; foncier et qui implique des acteurs &eacute;tatiques et non-&eacute;tatiques&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote104sym" name="sdfootnote104anc">104</a>. Elle alt&egrave;re tous les actes pos&eacute;s qu&rsquo;ils accomplissent, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;achat de domaine, de fiscalit&eacute;, d&rsquo;op&eacute;rations d&rsquo;urbanisation et d&rsquo;am&eacute;nagement comme les allotissements, les recasements, les remembrements ou les ouvertures de voies.</p> <p>La corruption et les d&eacute;tournements profitent avant tout aux plus puissants du syst&egrave;me politico-administratif. De nombreux domaines et parcelles sont achet&eacute;s ou offerts au m&eacute;pris des r&egrave;gles en vigueur &agrave; ces &eacute;lites politiques et ces hauts fonctionnaires qui usent tant de ces proc&eacute;d&eacute;s qu&rsquo;ils ne sont parfois m&ecirc;me plus capables d&rsquo;identifier ces domaines ou parcelles enregistr&eacute;s en leur nom. A titre d&rsquo;exemple, &agrave; la suite du d&eacute;c&egrave;s d&rsquo;un ancien ministre b&eacute;ninois, ont &eacute;t&eacute; d&eacute;couvertes des parcelles &agrave; son nom dont lui-m&ecirc;me ignorait l&rsquo;existence, qui provenaient soit d&rsquo;un achat &agrave; vil prix car la cession dilue l&rsquo;escroquerie sociale<a href="#sdfootnote105sym" name="sdfootnote105anc">105</a>, soit d&rsquo;un don. Des parcelles sont en effet parfois octroy&eacute;es gratuitement aux autorit&eacute;s politico-administratives par les g&eacute;om&egrave;tres afin d&rsquo;obtenir des march&eacute;s ou ne pas &ecirc;tre poursuivis ou d&eacute;nonc&eacute;s pour leurs man&oelig;uvres frauduleuses, mais aussi par des &eacute;lus communaux &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; de tutelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire le pr&eacute;fet, les ministres, voire au pr&eacute;sident de la R&eacute;publique lui-m&ecirc;me. Les membres du comit&eacute; de lotissement peuvent aussi b&eacute;n&eacute;ficier de ces faveurs, recourant &agrave; un pr&ecirc;te-nom pour camoufler leur forfait. B&eacute;n&eacute;ficier d&rsquo;un service &laquo;&nbsp;public&nbsp;&raquo; de la part de l&rsquo;administration fonci&egrave;re est devenu tr&egrave;s complexe et d&eacute;courageant pour le citoyen lambda. Ne peuvent braver tous les obstacles que ceux qui ont des moyens financiers suffisants ou qui disposent d&rsquo;un carnet d&rsquo;adresses bien fourni, de &laquo;&nbsp;relations&nbsp;&raquo;. La ma&icirc;trise des rouages de l&rsquo;administration publique leur permet d&rsquo;obtenir indument la r&eacute;alisation de programmes d&rsquo;urbanisation.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. L&rsquo;extension de la spoliation fonci&egrave;re</h3> <p>&laquo; Nul ne peut &ecirc;tre priv&eacute; de son droit de propri&eacute;t&eacute; si ce n&rsquo;est pour une cause d&rsquo;utilit&eacute; publique et contre juste et pr&eacute;alable d&eacute;dommagement &raquo;<a href="#sdfootnote106sym" name="sdfootnote106anc">106</a>. En Afrique de l&rsquo;Ouest, et particuli&egrave;rement au B&eacute;nin, la spoliation fonci&egrave;re est devenue une gangr&egrave;ne qui s&eacute;vit de fa&ccedil;on spectaculaire et nuisible tant pour l&rsquo;&Eacute;tat que la garantie des droits. Elle constitue une d&eacute;possession violente<a href="#sdfootnote107sym" name="sdfootnote107anc">107</a> ou faite avec fraude. Pour qu&rsquo;une cession soit valable, il faut avoir la capacit&eacute; de se dessaisir, que le dessaisissement soit sans contrainte ni man&oelig;uvres dolosives.</p> <p>Le droit de propri&eacute;t&eacute; a une valeur constitutionnelle. Il conf&egrave;re au propri&eacute;taire la jouissance et la disposition de l&rsquo;immeuble de la mani&egrave;re la plus absolue tout en respectant les usages autoris&eacute;s par les lois et les r&egrave;glements<a href="#sdfootnote108sym" name="sdfootnote108anc">108</a>. Des droits sont reconnus au propri&eacute;taire qui peut les exercer de mani&egrave;re absolue ; c&rsquo;est-&agrave;-dire compl&egrave;tement, sans exception ni aucune restriction ; l&rsquo;atteinte &agrave; ce droit est sujette &agrave; paiement de dommages et int&eacute;r&ecirc;ts. Cet absolutisme est cependant th&eacute;orique car le l&eacute;gislateur y apporte des att&eacute;nuations<a href="#sdfootnote109sym" name="sdfootnote109anc">109</a>. L&rsquo;exercice du droit de propri&eacute;t&eacute; subit des limitations, voire des contraintes, en vue de respecter l&rsquo;exercice d&rsquo;autres droits.</p> <p>G&eacute;n&eacute;ralement, les atteintes &agrave; l&rsquo;exercice du droit de propri&eacute;t&eacute; sont l&rsquo;&oelig;uvre de l&rsquo;autorit&eacute; publique, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de l&rsquo;&Eacute;tat ou d&rsquo;autres personnes de droit public. Elles rel&egrave;vent des pr&eacute;rogatives qui lui sont reconnues pour r&eacute;aliser des &oelig;uvres d&rsquo;utilit&eacute; publique. L&rsquo;utilit&eacute; publique est la &laquo; qualit&eacute; qu&rsquo;une d&eacute;claration officielle de l&rsquo;autorit&eacute; publique reconna&icirc;t &agrave; une institution ou &agrave; une op&eacute;ration en consid&eacute;ration de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qui s&rsquo;y rattache pour le bien public et qui entra&icirc;ne l&rsquo;application d&rsquo;un r&eacute;gime juridique plus ou moins exorbitant de droit commun&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote110sym" name="sdfootnote110anc">110</a>. Elle agit alors dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral de la collectivit&eacute;. Le service public est &laquo; [&hellip;] toute activit&eacute; dont l&rsquo;accomplissement doit &ecirc;tre assur&eacute;, r&eacute;gl&eacute; et contr&ocirc;l&eacute; par les gouvernants, parce que l&rsquo;accomplissement de cette activit&eacute; est indispensable &agrave; la r&eacute;alisation et au d&eacute;veloppement de l&rsquo;ind&eacute;pendance sociale et qu&rsquo;elle est de telle nature qu&rsquo;elle ne peut &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute;e compl&egrave;tement que par l&rsquo;intervention de la force gouvernante &raquo;<a href="#sdfootnote111sym" name="sdfootnote111anc">111</a>. Pour accomplir pleinement cette mission de service public, l&rsquo;&Eacute;tat et les autres personnes morales de droit public doivent se doter de biens mobiliers et immobiliers. Ces biens sont acquis soit, par voie d&rsquo;accord avec les propri&eacute;taires (acquisition contractuelle), soit par la technique d&rsquo;acquisition des biens propres au droit public qui comprend la &laquo;&nbsp;r&eacute;quisition&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote112sym" name="sdfootnote112anc">112</a>, la &laquo;&nbsp;pr&eacute;emption&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote113sym" name="sdfootnote113anc">113</a> et l&rsquo;expropriation pour cause d&rsquo;utilit&eacute; publique qui est la manifestation la plus radicale de la limitation du droit de propri&eacute;t&eacute;. L&rsquo;expropriation pour cause d&rsquo;utilit&eacute; publique est &laquo; l&rsquo;une des plus importantes techniques auxquelles la puissance publique peut avoir recours pour imposer aux membres de la collectivit&eacute; des prestations exig&eacute;es par l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote114sym" name="sdfootnote114anc">114</a>. Elle est r&eacute;glement&eacute;e par des lois bien structur&eacute;es, mais sa mise en &oelig;uvre se fait souvent de fa&ccedil;on ill&eacute;gale (1), ce qui s&rsquo;ajoute aux situations de d&eacute;guerpissement anarchique (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. L&rsquo;expropriation ill&eacute;gale</h4> <p>Si pour certains B&eacute;ninois, l&rsquo;expropriation est une bonne affaire, pour d&rsquo;autres, c&rsquo;est un vol manifeste et sans scrupule dont les r&egrave;gles sont soigneusement codifi&eacute;es par la puissance publique<a href="#sdfootnote115sym" name="sdfootnote115anc">115</a>. L&rsquo;expropriation pour cause d&rsquo;utilit&eacute; publique est la &laquo; proc&eacute;dure permettant &agrave; une personne publique (&Eacute;tat, collectivit&eacute; territoriale, &eacute;tablissement public) de contraindre une personne priv&eacute;e &agrave; lui c&eacute;der un bien immobilier ou des droits r&eacute;els immobiliers, dans un but d&rsquo;utilit&eacute; publique et moyennant une juste et pr&eacute;alable indemnit&eacute; &raquo;<a href="#sdfootnote116sym" name="sdfootnote116anc">116</a>. Or, la pratique r&eacute;v&egrave;le souvent qu&rsquo;invoquer &laquo; l&rsquo;utilit&eacute; publique c&rsquo;est se procurer un maximum de terrain pour un prix d&eacute;risoire, c&rsquo;est la spoliation, le vol manifeste &raquo;<a href="#sdfootnote117sym" name="sdfootnote117anc">117</a>.</p> <p>Au B&eacute;nin, jusqu&rsquo;&agrave; r&eacute;cemment, la l&eacute;gislation r&eacute;gissant l&rsquo;expropriation se composait de la l&eacute;gislation coloniale<a href="#sdfootnote118sym" name="sdfootnote118anc">118</a> et d&rsquo;une loi postcoloniale<a href="#sdfootnote119sym" name="sdfootnote119anc">119</a>. A ses termes, pour des raisons de n&eacute;cessit&eacute; et d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t public, l&rsquo;&Eacute;tat peut r&eacute;quisitionner, acheter ou prendre &agrave; charge, la terre, les biens et les autres moyens de production dans les villes comme dans les campagnes. Une indemnisation intervient si les conditions l&rsquo;exigent<a href="#sdfootnote120sym" name="sdfootnote120anc">120</a>. Pendant la p&eacute;riode r&eacute;volutionnaire (1972-1990), l&rsquo;indemnisation des expropri&eacute;s relevait de l&rsquo;appr&eacute;ciation discr&eacute;tionnaire de l&rsquo;administration. L&rsquo;&Eacute;tat &eacute;tait seul juge de la n&eacute;cessit&eacute; ou non d&rsquo;une indemnisation et de la d&eacute;termination de son montant<a href="#sdfootnote121sym" name="sdfootnote121anc">121</a>. Aussi, le plus souvent, aucune indemnisation n&rsquo;&eacute;tait vers&eacute;e aux expropri&eacute;s. Ils sont rep&eacute;r&eacute;s lors des &eacute;tats des lieux pr&eacute;alables au cours desquels la promesse de compensation avec une parcelle de terrain d&rsquo;un lotissement futur leur est faite. Ils sont consid&eacute;r&eacute;s comme des &laquo;&nbsp;sinistr&eacute;s&nbsp;&raquo; et l&rsquo;expropriation est assimil&eacute;e &agrave; une catastrophe naturelle<a href="#sdfootnote122sym" name="sdfootnote122anc">122</a>. Compte tenu de la vocation du sol et des d&eacute;bouch&eacute;s offerts, sur rapport du ministre de l&rsquo;Agriculture et de la Coop&eacute;ration, le pr&eacute;sident de la R&eacute;publique peut, par d&eacute;cret, en d&eacute;cider l&rsquo;am&eacute;nagement et la mise en valeur<a href="#sdfootnote123sym" name="sdfootnote123anc">123</a>. De nombreuses fermes d&rsquo;&Eacute;tat ont &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;es en toute ill&eacute;galit&eacute; sur la base d&rsquo;expropriations. Elles constituent des &eacute;checs financiers. Les anciens propri&eacute;taires ont souvent peu &agrave; peu repris leurs terres et des acteurs politiques s&rsquo;en sont attribu&eacute;es des parcelles revendues &agrave; d&rsquo;autres particuliers.</p> <p>A l&rsquo;arriv&eacute;e de la d&eacute;mocratie, le droit de propri&eacute;t&eacute; est reconnu par la Constitution et sa violation implique un juste et pr&eacute;alable d&eacute;dommagement<a href="#sdfootnote124sym" name="sdfootnote124anc">124</a>. Ainsi, en cas de n&eacute;cessit&eacute; et d&rsquo;utilit&eacute; publique, toute personne peut &ecirc;tre dessaisie de sa propri&eacute;t&eacute; dans les conditions fix&eacute;es par la loi. Le droit de l&rsquo;urbanisme est d&rsquo;ailleurs consid&eacute;r&eacute; comme &eacute;tant celui des &laquo;&nbsp;atteintes l&eacute;gales &agrave; la propri&eacute;t&eacute; fonci&egrave;re&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote125sym" name="sdfootnote125anc">125</a>.</p> <p>Sur le plan r&eacute;gional, le d&eacute;dommagement des expropri&eacute;s est &eacute;galement obligatoire<a href="#sdfootnote126sym" name="sdfootnote126anc">126</a>. L&rsquo;&Eacute;tat k&eacute;nyan a &eacute;t&eacute; condamn&eacute; sur cette base &agrave; payer &agrave; la communaut&eacute; endorois (ethnie vivant au Kenya) un d&eacute;dommagement ad&eacute;quat pour la perte subie d&rsquo;une part et le versement de royalties<a href="#sdfootnote127sym" name="sdfootnote127anc">127</a> pour les activit&eacute;s &eacute;conomiques dans la r&eacute;gion d&rsquo;autre part<a href="#sdfootnote128sym" name="sdfootnote128anc">128</a>. Il a &eacute;t&eacute; conclu que l&rsquo;&Eacute;tat a commis &laquo;&nbsp;un acte ill&eacute;gal et a priv&eacute; les Endorois du droit d&rsquo;user et de contr&ocirc;ler les ressources de leur territoire traditionnel, les a priv&eacute;s de l&rsquo;acc&egrave;s au lac Bogoria, et ne leur a pas accord&eacute; une indemnisation et compensation ad&eacute;quates &raquo;<a href="#sdfootnote129sym" name="sdfootnote129anc">129</a>. En effet, au cours des ann&eacute;es 1970-1979, des centaines de familles issues du peuple endorois ont &eacute;t&eacute; expuls&eacute;es par le gouvernement k&eacute;nyan pour cr&eacute;er une r&eacute;serve faunique sur le lac Hannington qui deviendra plus tard la r&eacute;serve faunique de Bogoria. La Haute cour du Kenya, saisie en premier lieu d&rsquo;un recours contre les conseils de comt&eacute; de Baringo, a refus&eacute; de se prononcer sur l&rsquo;existence d&rsquo;un droit collectif de propri&eacute;t&eacute; de la communaut&eacute; au motif que les personnes qui ont &eacute;t&eacute; affect&eacute;es par l&rsquo;expropriation n&rsquo;ont pas droit &agrave; une identit&eacute; propre<a href="#sdfootnote130sym" name="sdfootnote130anc">130</a>. Une demande a &eacute;t&eacute; adress&eacute;e<a href="#sdfootnote131sym" name="sdfootnote131anc">131</a> &agrave; la CADHP en vue de statuer d&rsquo;une part sur la reconnaissance et la protection de leurs droits ancestraux sur les terres du lac Bogoria et d&rsquo;autre part sur un d&eacute;dommagement du peuple pour les pr&eacute;judices subis du fait des violations des prescriptions des articles 8, 14, 17, 21 et 22 de la charte.</p> <p>L&rsquo;expropriation au B&eacute;nin suscite de nombreux probl&egrave;mes et conflits. Les r&egrave;gles en la mati&egrave;re sont viol&eacute;es sans aucune possibilit&eacute; de sanction. Malgr&eacute; la l&eacute;gislation en vigueur, le principe de juste et pr&eacute;alable d&eacute;dommagement n&rsquo;est pas respect&eacute;. Le principe de juste d&eacute;dommagement suppose que l&rsquo;indemnit&eacute; octroy&eacute;e doit &ecirc;tre conforme &agrave; la justice et l&rsquo;&eacute;quit&eacute; et &ecirc;tre raisonnable. L&rsquo;indemnit&eacute; doit &ecirc;tre proportionnelle au pr&eacute;judice subi par l&rsquo;expropri&eacute; en vue de lui permettre de se reloger dans des conditions &eacute;quivalentes &agrave; celles qu&rsquo;il avait avant l&rsquo;expropriation. Souvent, le montant de l&rsquo;indemnit&eacute; est sous-&eacute;valu&eacute;. Une illustration est offerte par l&rsquo;indemnisation des personnes expropri&eacute;es de leurs terrains pour la construction d&rsquo;un poste de contr&ocirc;le &agrave; Malanville. Le montant total des indemnisations apr&egrave;s toute &eacute;valuation s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; 946 133 473 de francs CFA<a href="#sdfootnote132sym" name="sdfootnote132anc">132</a> alors que dans le m&ecirc;me temps, le budget national n&rsquo;a pr&eacute;vu que 800 000 000 de francs CFA pour le d&eacute;dommagement des expropri&eacute;s<a href="#sdfootnote133sym" name="sdfootnote133anc">133</a>.</p> <p>Il est fr&eacute;quent que l&rsquo;indemnit&eacute; allou&eacute;e aux expropri&eacute;s au cours des proc&eacute;dures d&rsquo;expropriation ne soit pas proportionnelle aux dommages r&eacute;ellement subis. Ainsi, les populations expropri&eacute;es en vue de la construction de l&rsquo;a&eacute;roport de Tourou, ont re&ccedil;u 200&nbsp;000 francs CFA par hectare alors que le prix pratiqu&eacute; par la mairie de Parakou est de 800&nbsp;000 francs CFA par hectare<a href="#sdfootnote134sym" name="sdfootnote134anc">134</a>. La population n&rsquo;a donc re&ccedil;u que 25 % de ce qu&rsquo;elle devrait normalement percevoir.</p> <p>La loi &eacute;nonce que le d&eacute;dommagement doit &ecirc;tre pr&eacute;alable &agrave; la prise de l&rsquo;immeuble. Or, la plupart du temps, le paiement de l&rsquo;indemnit&eacute; intervient tardivement ou n&rsquo;est pas du tout effectu&eacute;. Les propri&eacute;taires sont g&eacute;n&eacute;ralement d&eacute;poss&eacute;d&eacute;s de leur bien m&ecirc;me qu&rsquo;une indemnisation n&rsquo;ait &eacute;t&eacute; envisag&eacute;e. La Cour constitutionnelle du B&eacute;nin a connu de nombreuses affaires d&rsquo;expropriation sans d&eacute;dommagement pr&eacute;alable. Pour la construction de l&rsquo;a&eacute;roport de Tourou, les travaux ont &eacute;t&eacute; lanc&eacute;s le 15 d&eacute;cembre 2008 et la proc&eacute;dure d&rsquo;indemnisation des propri&eacute;taires a d&eacute;marr&eacute; le 7 septembre 2013. Les paiements ont commenc&eacute; cinq ans apr&egrave;s le d&eacute;but des travaux.</p> <p>Les expropri&eacute;s dans le cadre du programme de RDP ne diront pas le contraire. En effet, d&egrave;s le d&eacute;part, l&rsquo;expropriation n&rsquo;est pas l&rsquo;option choisie. L&rsquo;&Eacute;tat souhaite alors contraindre les propri&eacute;taires terriens &agrave; c&eacute;der leurs biens en vue de l&rsquo;am&eacute;nagement touristique. Avec l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;un nouveau r&eacute;gime en 2006, l&rsquo;expropriation pour cause d&rsquo;utilit&eacute; publique a finalement &eacute;t&eacute; retenue mais les proc&eacute;dures d&rsquo;expropriation n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; respect&eacute;es jusqu&rsquo;en 2013, ann&eacute;e du vote du nouveau Code foncier et domanial. Cela a entra&icirc;n&eacute; de vives oppositions de la part des propri&eacute;taires et pr&eacute;sum&eacute;s propri&eacute;taires contre l&rsquo;occupation de certains sites par de nouveaux acqu&eacute;reurs<a href="#sdfootnote135sym" name="sdfootnote135anc">135</a>, d&rsquo;autres populations riveraines, voire des squatters<a href="#sdfootnote136sym" name="sdfootnote136anc">136</a>.</p> <p>L&rsquo;&Eacute;tat a &eacute;t&eacute; &eacute;galement condamn&eacute;<a href="#sdfootnote137sym" name="sdfootnote137anc">137</a> pour violation de la Constitution dans le cadre de la construction de la route inter-Etat Akassato-Bohicon. La cour a estim&eacute; que les proc&eacute;dures de d&eacute;dommagement alors en cours n&rsquo;avaient pas pr&eacute;c&eacute;d&eacute; les op&eacute;rations d&rsquo;expropriation comme l&rsquo;exige la Constitution.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>2. Le d&eacute;guerpissement anarchique</h4> <p>&laquo; C&rsquo;est &agrave; travers la propri&eacute;t&eacute; que se mesurent le plus facilement les in&eacute;galit&eacute;s humaines&hellip; &raquo;<a href="#sdfootnote138sym" name="sdfootnote138anc">138</a> Les op&eacute;rations de d&eacute;guerpissement sont l&eacute;gion en Afrique et les villes du B&eacute;nin ne font pas exception. &laquo; Le d&eacute;guerpissement&nbsp;est l&rsquo;op&eacute;ration par laquelle il est fait obligation, pour des motifs d&rsquo;utilit&eacute; publique, &agrave; des occupants pr&eacute;sum&eacute;s de bonne foi, encore non couverts par une coutume reconnue d&rsquo;une terre appartenant &agrave; la puissance publique, de l&rsquo;&eacute;vacuer m&ecirc;me s&rsquo;ils y ont cultiv&eacute; ou construit&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote139sym" name="sdfootnote139anc">139</a>. C&rsquo;est une expulsion collective qui s&rsquo;accompagne de violences physiques, de destructions et de mises en garde &agrave; l&rsquo;encontre des individus ne disposant pas de droits reconnus sur les terres occup&eacute;es<a href="#sdfootnote140sym" name="sdfootnote140anc">140</a>.</p> <p>Le terme &laquo;&nbsp;d&eacute;guerpissement&nbsp;&raquo; a une origine coloniale&nbsp;: il remonte &agrave; l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; l&rsquo;administration fran&ccedil;aise a proc&eacute;d&eacute; &agrave; l&rsquo;expulsion manu militari de la population d&rsquo;un bidonville dans le quartier de la Medina &agrave; Dakar, vers les dunes non viabilis&eacute;es de Pikine<a href="#sdfootnote141sym" name="sdfootnote141anc">141</a>. Il est depuis consid&eacute;r&eacute; comme un proc&eacute;d&eacute; d&rsquo;expulsion autoritaire et brutal<a href="#sdfootnote142sym" name="sdfootnote142anc">142</a>, notamment parce qu&rsquo;il a initialement permis aux colons de d&eacute;poss&eacute;der les Africains habitant les villes de leurs terres. Ces derniers &eacute;taient alors le plus souvent recas&eacute;s, r&eacute;install&eacute;s sur d&rsquo;autres terres moins envi&eacute;es ou isol&eacute;es.</p> <p>De telles op&eacute;rations &eacute;taient faites pour diverses raisons comme l&rsquo;am&eacute;nagement de la ville, l&rsquo;incapacit&eacute; des populations &agrave; &eacute;difier des constructions dignes d&rsquo;une ville, l&rsquo;assainissement, l&rsquo;installation des infrastructures administratives et autres. Aucune n&eacute;gociation ni discussion n&rsquo;&eacute;tait possible&nbsp;: g&eacute;n&eacute;ralement, les populations &eacute;taient seulement inform&eacute;es de la d&eacute;cision leur ordonnant de d&eacute;guerpir, d&rsquo;une &eacute;ventuelle r&eacute;installation et de l&rsquo;&eacute;ch&eacute;ance &agrave; respecter.</p> <p>Aujourd&rsquo;hui, le d&eacute;guerpissement continue d&rsquo;&ecirc;tre une arme pour l&rsquo;administration des Etats africains ind&eacute;pendants. Il consiste &agrave; lib&eacute;rer les emprises des voies ou espaces publics, les trottoirs, les terre-pleins centraux occup&eacute;s ill&eacute;galement par la population pour installer des boutiques, des ateliers ou exercer les petits commerces informels. Les villes africaines ont toutes des probl&egrave;mes d&rsquo;urbanisation. &laquo; L&rsquo;urbanisme est une activit&eacute; d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral pris en charge par les collectivit&eacute;s publiques et qui permet d&rsquo;encadrer la vie quotidienne des citoyens. C&rsquo;est une politique publique qui n&eacute;cessite la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une politique sp&eacute;ciale de l&rsquo;urbanisme. Elle affecte la propri&eacute;t&eacute; fonci&egrave;re&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote143sym" name="sdfootnote143anc">143</a>. Or, dans la mesure o&ugrave; aucune politique d&rsquo;occupation et de construction n&rsquo;est mise en &oelig;uvre par l&rsquo;administration centrale concernant les espaces publics, des installations et constructions sont anarchiquement r&eacute;alis&eacute;es par les citoyens, le plus souvent avec la complicit&eacute; des autorit&eacute;s locales qui per&ccedil;oivent des taxes d&rsquo;occupation selon des modalit&eacute;s variables, annuelles ou mensuelles. Ces occupations anarchiques suscitent de nombreuses interrogations.</p> <p>Un autre type de d&eacute;guerpissement est pratiqu&eacute; sur la base d&rsquo;une d&eacute;cision de justice. L&agrave; encore il s&rsquo;agit d&rsquo;expulser de mani&egrave;re autoritaire une population ou un groupe d&rsquo;individus occupant un espace sans titre mais dans le cadre d&rsquo;un conflit priv&eacute;. Or, avec la prolif&eacute;ration des conflits fonciers, de nombreuses d&eacute;cisions de d&eacute;guerpissement sont mises &agrave; ex&eacute;cution. Dans presque tous les pays africains, ce ph&eacute;nom&egrave;ne qui consiste &agrave; d&eacute;molir des habitations et &agrave; laisser des populations sans abri prend de l&rsquo;ampleur et devient une aporie.</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: center;">* *</p> <p>&nbsp;</p> <p>Le foncier constitue bien souvent un terrain de d&eacute;monstration du niveau de richesse&nbsp;: d&rsquo;aucuns tentent de l&rsquo;accro&icirc;tre, d&rsquo;autres d&rsquo;en maintenir le niveau. C&rsquo;est l&agrave; que s&rsquo;&eacute;tablissent les in&eacute;galit&eacute;s sociales entre riches et pauvres. L&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une justice &laquo;&nbsp;juste et &eacute;quitable&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas l&rsquo;apanage des pauvres. La mafia fonci&egrave;re qui r&egrave;gne en ma&icirc;tre au B&eacute;nin est une mafia tr&egrave;s organis&eacute;e qui a des ex&eacute;cutants dans toutes les strates de l&rsquo;administration. Le mode op&eacute;ratoire est d&eacute;sormais tr&egrave;s sophistiqu&eacute;. Ils sont dans les services fonciers, ma&icirc;trisent les r&eacute;pertoires, circulent dans les quartiers et identifient les parcelles qui appartiennent &agrave; des personnes vuln&eacute;rables, &agrave; la diaspora. Ils recueillent des informations sur de potentiels h&eacute;ritiers avec qui ils n&rsquo;ont aucun lien de parent&eacute; &agrave; qui ils proposent ensuite leurs services d&rsquo;administrateurs de biens, ce qui leur permet de mettre en litige certaines parcelles pris&eacute;es de voisins frontaliers de ces h&eacute;ritiers. Ils ont une comp&eacute;tence territoriale. Avec de fausses conventions de vente chimiquement vieillies, frapp&eacute;es de timbres fiscaux qui datent de l&rsquo;&egrave;re RPB<a href="#sdfootnote144sym" name="sdfootnote144anc">144</a>, ils s&rsquo;en prennent aux domaines des gens au motif qu&rsquo;ils avaient achet&eacute; ces parcelles chez les m&ecirc;mes propri&eacute;taires quelques ann&eacute;es plus t&ocirc;t. Ils simulent un litige et tra&icirc;nent le dossier au tribunal... ils sont appel&eacute;s &laquo;&nbsp;des chasseurs de parcelles&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote145sym" name="sdfootnote145anc">145</a>. Les tracasseries du tribunal commencent et durent des ann&eacute;es, p&eacute;riple de d&eacute;couragement et de d&eacute;penses pour les populations ; mais quand le verdict tombe, c&rsquo;est l&rsquo;expulsion au profit de la mafia qui est ordonn&eacute;e. De nombreuses d&eacute;cisions d&rsquo;expulsion sont ordonn&eacute;es ainsi. Dans le quartier de Godomey-Kanglou&egrave;, dans la p&eacute;riph&eacute;rie de Cotonou, tout un groupe d&rsquo;habitants a &eacute;t&eacute; expuls&eacute; &agrave; la suite d&rsquo;une d&eacute;cision de justice obtenue au profit de &laquo;&nbsp;pr&eacute;sum&eacute;s h&eacute;ritiers&nbsp;&raquo; revendiquant la propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;un domaine qui aurait appartenu &agrave; leurs anc&ecirc;tres. Leurs habitations ont &eacute;t&eacute; d&eacute;truites et ils dorment &agrave; la belle &eacute;toile. Des constructions &eacute;rig&eacute;es depuis des d&eacute;cennies sont d&eacute;molies devant l&rsquo;impuissance des autorit&eacute;s publiques. De telles situations se reproduisant avec de plus en plus d&rsquo;ampleur, le gouvernement a d&ucirc; prendre des mesures pour suspendre l&rsquo;ex&eacute;cution des d&eacute;cisions de justice relatives &agrave; ces d&eacute;guerpissements.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie sommaire</h2> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Ouvrages </strong></p> <p>ADEF, Un droit inviolable et sacr&eacute; : la propri&eacute;t&eacute;, ADEF, Paris, 1989, 360 p.</p> <p>BOULISSET Philippe, Relations et conflits de voisinage, Delmas, 1e &eacute;d., 2010, 588 p.</p> <p>CARBONNIER Jean, Flexible Droit. Pour une sociologie du Droit sans rigueur, LGDJ, 10e &eacute;d., 2001, 490 p.</p> <p>CICODEV Africa, Accaparement des terres en Afrique de l&rsquo;Ouest, Exporter ou nourrir les populations, Impact sur les consommateurs ruraux, Etude, d&eacute;cembre 2011.</p> <p>COQUERY-VIDROVITCH Catherine, &laquo;&nbsp;De la ville en Afrique noire&nbsp;&raquo;, Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2006/5 (61e ann&eacute;e), p. 1087-1119.</p> <p>CORNU G&eacute;rard (dir.), Vocabulaire Juridique, ass. Henri CAPITANT, PUF, 8e &eacute;d, 2009, 887 p.</p> <p>DETIENNE Marcel, O&ugrave; est le myst&egrave;re de l&rsquo;identit&eacute; nationale ?, &eacute;d. Panama, Paris, 2008, 152 p.</p> <p>DIBOS-LACROUX Sylvie et VALLAS-LENERZ Emmanu&egrave;le, Servitudes et mitoyennet&eacute;. Le guide pratique, 2012, 321 p.</p> <p>DORRIER-APPRILL Elizabeth (dir.), Vocabulaire de la ville, notions et r&eacute;f&eacute;rences, &eacute;d. Du temps, 2001, 192 p.</p> <p>DOUGLAS Mary, Comment pensent les Institutions, La d&eacute;couverte, Poche, Paris, 2004, 180 p.</p> <p>GUILLIEN Raymond et VINCENT Jean (dir.), Lexique des termes juridiques, Dalloz, 17e &eacute;d., 2010,</p> <p>LAVIGNE DELVILLE Philippe, DURAND-LASSERVE Alain et alii, Gouvernance fonci&egrave;re et s&eacute;curisation des droits des pays du Sud&nbsp;: livre blanc sur les acteurs fran&ccedil;ais de la coop&eacute;ration, Comit&eacute; technique &laquo; Foncier et d&eacute;veloppement &raquo;, 2009, 125 p.</p> <p>LAVIGNE DELVILLE Philippe, TOULMIN Camilla, COLIN Jean-Philippe et CHAUVEAU Jean-Pierre (dir.), S&eacute;curisation des droits d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s en Afrique de l&rsquo;Ouest, IIED, Londres, 2001, 213 p</p> <p>LE BRIS Emile, LE ROY Etienne et PAUL Mathieu (dir.), L&rsquo;appropriation de de la terre en Afrique noire, manuel d&rsquo;analyse des d&eacute;cisions et de gestion fonci&egrave;res, Karthala, 1991, 359 p.</p> <p>LEMASURIER Jeanne, Le droit de l&rsquo;expropriation, Economica, 2e &eacute;d., 2001, 674 p.</p> <p>LE MEUR P.Y., R&eacute;ussir la d&eacute;centralisation, IIED, Royaume-Uni, mai 2008.</p> <p>LE ROY Etienne, KARSENTY Alain et BERTRAND Alain (dir.), La s&eacute;curisation fonci&egrave;re en Afrique, Pour une gestion viable des ressources renouvelables, Karthala, Paris, 2016, 430 p.</p> <p>SAVARIT-BOURGEOIS Isabelle, Le droit de l&rsquo;urbanisme, Gualino, coll. &laquo;&nbsp;Master&nbsp;&raquo;, 2014, 656 p.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Articles</strong></p> <p>ANDREETTA Sophie, &laquo;&nbsp;Pourquoi aller au tribunal si l&rsquo;on n&rsquo;ex&eacute;cute pas la d&eacute;cision du juge ? Conflits d&rsquo;h&eacute;ritage et usages du droit &agrave; Cotonou&nbsp;&raquo;, Politique africaine, 2016, vol. 1, n&deg; 141, p. 147-168.</p> <p>KAKAI S&egrave;dagban Hygin Faust, &laquo;&nbsp;La corruption fonci&egrave;re dans la dynamique de l&rsquo;action publique au B&eacute;nin&nbsp;&raquo;, contribution revue et am&eacute;nag&eacute;e du Working paper n&deg; 12 intitul&eacute; &laquo; Government and land corruption in Benin&nbsp;&raquo;, The Land Deal Politics Initiative (LDPI), septembre 2012, 27 p.</p> <p>MCA-B&eacute;nin, &laquo;&nbsp;Analyse des conflits fonciers et leur mode de r&egrave;glement, Analyse et recommandation&nbsp;&raquo;, Etude 3 du Rapport de 2009.</p> <p>PIERMAY Jean-Luc, &laquo;&nbsp;Le d&eacute;tournement d&rsquo;espace. Corruption et strat&eacute;gies de d&eacute;tournement dans les pratiques fonci&egrave;res urbaines en Afrique centrale&nbsp;&raquo;, Politique africaine, 1986, p. 22-36.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div id="sdfootnote1"> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> S&egrave;dagban Hygin Faust KAKAI, &laquo;&nbsp;La corruption fonci&egrave;re dans la dynamique de l&rsquo;action publique au B&eacute;nin&nbsp;&raquo;, contribution revue et am&eacute;nag&eacute;e du Working paper n&deg; 12 intitul&eacute; &laquo; Government and land corruption in Benin &raquo;, The Land Deal Politics Initiative (LDPI), septembre 2012, 27 p., p. 1.</p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> Dicton populaire.</p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Jean CARBONNIER, Flexible Droit. Pour une sociologie du Droit sans rigueur, LGDJ, 10e &eacute;d., 2001, p.&nbsp;352.</p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Philippe LAVIGNE DELVILLE, Camilla TOULMIN, Jean-Philippe COLIN et Jean-Pierre CHAUVEAU, S&eacute;curisation des droits d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s en Afrique de l&rsquo;Ouest, IIED, Londres, 2001, 35 p., p. 9.</p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Art. 22 de la Constitution b&eacute;ninoise du 11 d&eacute;cembre 1990.</p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a> Adage populaire du B&eacute;nin. Selon cet adage, le bon b&eacute;ninois qui a r&eacute;ussi sa vie, doit avoir sa propre maison. A une p&eacute;riode de sa vie, l&rsquo;homme doit &ecirc;tre propri&eacute;taire d&rsquo;un immeuble, ce qui constitue un indice de r&eacute;ussite de ce dernier.</p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a> Art. 544 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a> Loi n&deg; 2002-07 du 24 ao&ucirc;t 2004 portant Code des personnes et de la famille au B&eacute;nin.</p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a> Art. 711 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> Traduction litt&eacute;rale de la formule latine et romaine emptio-venditio d&eacute;signant la vente.</p> </div> <div id="sdfootnote11"> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a> Il faut noter que la prescription acquisitive n&rsquo;existe dans aucune coutume. Point 320, Section VIII, du Coutumier du Dahomey.</p> </div> <div id="sdfootnote12"> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a> On a d&rsquo;abord consid&eacute;r&eacute; que le d&eacute;tenteur coutumier pouvait prescrire sa propri&eacute;t&eacute; par une possession de trente ans, ce qui lui permettrait de la vendre par la suite. Or, une simple d&eacute;tention ayant un caract&egrave;re pr&eacute;caire d&egrave;s l&rsquo;origine, elle ne peut devenir une propri&eacute;t&eacute; par la prescription acquisitive.</p> </div> <div id="sdfootnote13"> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a> Art. 2265 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote14"> <p><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a> DCC n&deg; 11-023 du 19 mai 2011.</p> </div> <div id="sdfootnote15"> <p><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15</a> Art. 815 du Code civil fran&ccedil;ais de 1980 &agrave; 2006, devenu l&rsquo;article 815 al. 1er du Code civil fran&ccedil;ais depuis le 1er janvier 2007.</p> </div> <div id="sdfootnote16"> <p><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16</a> G&eacute;rard CORNU (dir.), Vocabulaire Juridique, PUF, 8e &eacute;d, 2009, p.&nbsp;887.</p> </div> <div id="sdfootnote17"> <p><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17</a> Art. 1599 du Code civil fran&ccedil;ais de 1804 toujours en vigueur tel quel aux termes duquel &laquo;&nbsp;la vente de la chose d&rsquo;autrui est nulle&nbsp;; elle peut donner lieu &agrave; des dommages-int&eacute;r&ecirc;ts lorsque l&rsquo;acheteur a ignor&eacute; que la chose f&ucirc;t &agrave; autrui&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote18"> <p><a href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18</a> Art. 179 de la loi n&deg; 65-25 du 14 ao&ucirc;t 1965 portant r&eacute;gime de la propri&eacute;t&eacute; fonci&egrave;re au Dahomey.</p> </div> <div id="sdfootnote19"> <p><a href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19</a> Document portant les noms et pr&eacute;noms des parties &agrave; la vente (vendeur et acqu&eacute;reur), de leurs diff&eacute;rents t&eacute;moins (trois pour chaque partie). Il est fait mention sur ce document, de la date de conclusion de la vente, des limites de la parcelle ou domaine objet de la vente, du montant de la transaction, de la superficie de l&rsquo;immeuble, de la qualit&eacute; du vendeur (propri&eacute;taire terrien, h&eacute;ritiers ou autres). Il est souvent pr&eacute;cis&eacute; que l&rsquo;immeuble objet de la vente est purg&eacute; de tout droit pouvant la grever. La convention, en plus des signatures des parties et de leurs t&eacute;moins, est sign&eacute;e par le chef de quartier, le chef d&rsquo;arrondissement et affirm&eacute;e par le maire de la commune de situation de l&rsquo;immeuble.</p> </div> <div id="sdfootnote20"> <p><a href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20</a> Titre d&eacute;livr&eacute; par le chef de quartier attestant que l&rsquo;immeuble ne fait l&rsquo;objet d&rsquo;aucune contestation et d&rsquo;aucun litige.</p> </div> <div id="sdfootnote21"> <p><a href="#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">21</a> Acte d&eacute;livr&eacute; au pr&eacute;sum&eacute; propri&eacute;taire lors des op&eacute;rations de remembrement et recasement, servant de preuve de propri&eacute;t&eacute;. Acte d&eacute;livr&eacute;, sur les terres de tenure coutumi&egrave;re, surtout sur les terres faisant objet d&rsquo;h&eacute;ritage n&rsquo;ayant pas un titre de propri&eacute;t&eacute;.</p> </div> <div id="sdfootnote22"> <p><a href="#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">22</a> Joseph COMBY, &laquo;&nbsp;L&rsquo;appropriation des droits fonciers, des probl&eacute;matiques transversales&nbsp;&raquo;, Grain de sel n&deg;&nbsp;57, janvier-mars 2012, 2e partie, p. 22.</p> </div> <div id="sdfootnote23"> <p><a href="#sdfootnote23anc" name="sdfootnote23sym">23</a> PV n&deg; 50 du r&egrave;glement de litige domanial du 17 ao&ucirc;t 2011, Mairie de Parakou ; Affaire N&rsquo;KOUE Jean Bernard c/ h&eacute;ritiers SAMPOTO Lafia Boni, BORO BOUKARI, jugement contradictoire n&deg; 12/06&nbsp;; 108 du 7 juin 2006, dos. n&deg; 40 AC/05 TPI Pkou ; Jugement contradictoire n&deg; 92/10 du 24 f&eacute;vrier 2010, dos n&deg; 41 AC/04, TPI Pkou, Aff., YOSSOUNON Moussa et consorts c/ ALLAGBE Amadou.</p> </div> <div id="sdfootnote24"> <p><a href="#sdfootnote24anc" name="sdfootnote24sym">24</a> Jean CARBONNIER, op. cit., p. 384.</p> </div> <div id="sdfootnote25"> <p><a href="#sdfootnote25anc" name="sdfootnote25sym">25</a> Jugement contradictoire TPI Pkou n&deg; 92/10 du 24 f&eacute;vrier 2010, op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote26"> <p><a href="#sdfootnote26anc" name="sdfootnote26sym">26</a> Ibid.</p> </div> <div id="sdfootnote27"> <p><a href="#sdfootnote27anc" name="sdfootnote27sym">27</a> DCC n&deg; 11-061 du 30 septembre 2011.</p> </div> <div id="sdfootnote28"> <p><a href="#sdfootnote28anc" name="sdfootnote28sym">28</a> DCC n&deg; 09-037 du 12 mars 2009.</p> </div> <div id="sdfootnote29"> <p><a href="#sdfootnote29anc" name="sdfootnote29sym">29</a> PV de r&egrave;glement amiable du 17 mai 2013, Mairie de Parakou.</p> </div> <div id="sdfootnote30"> <p><a href="#sdfootnote30anc" name="sdfootnote30sym">30</a> DCC n&deg; 09-026 du 10 mars 2009.</p> </div> <div id="sdfootnote31"> <p><a href="#sdfootnote31anc" name="sdfootnote31sym">31</a> Est consid&eacute;r&eacute;e comme propri&eacute;taire terrien, toute personne ayant un domaine, c&rsquo;est-&agrave;-dire, compos&eacute; de plusieurs parcelles des suites d&rsquo;une premi&egrave;re occupation, d&rsquo;un achat ou h&eacute;ritage.</p> </div> <div id="sdfootnote32"> <p><a href="#sdfootnote32anc" name="sdfootnote32sym">32</a> PV de r&egrave;glement de litige du 23 juillet 2013 ; TPI Pkou, n&deg; 07 RG/09 du 6 octobre 2010.</p> </div> <div id="sdfootnote33"> <p><a href="#sdfootnote33anc" name="sdfootnote33sym">33</a> DCC n&deg; 11-068 du 20 octobre 2011.</p> </div> <div id="sdfootnote34"> <p><a href="#sdfootnote34anc" name="sdfootnote34sym">34</a> Etienne LE ROY, Alain KARSENTY et Alain BERTRAND, La s&eacute;curisation fonci&egrave;re en Afrique, Pour une gestion viable des ressources renouvelables, Karthala, Paris, 2016, p. 20.</p> </div> <div id="sdfootnote35"> <p><a href="#sdfootnote35anc" name="sdfootnote35sym">35</a> Selon le rapport de MCA-B&eacute;nin, 2009, &laquo;&nbsp;Etude 3 : Analyse des conflits fonciers et leur mode de r&egrave;glement, Analyse et recommandation&nbsp;&raquo;, les conflits portant sur les revendications et contestations de propri&eacute;t&eacute; s&rsquo;&eacute;l&egrave;vent respectivement &agrave; 90 % devant les tribunaux ; 63 % devant les auxiliaires de justice et 42&nbsp;% devant les structures administratives.</p> </div> <div id="sdfootnote36"> <p><a href="#sdfootnote36anc" name="sdfootnote36sym">36</a> Etienne LE ROY, Alain KARSENTY et Alain BERTRAND, op. cit., p. 22.</p> </div> <div id="sdfootnote37"> <p><a href="#sdfootnote37anc" name="sdfootnote37sym">37</a> Point 292 du Coutumier du Dahomey.</p> </div> <div id="sdfootnote38"> <p><a href="#sdfootnote38anc" name="sdfootnote38sym">38</a> Emile Le BRIS, Etienne Le ROY et Mathieu PAUL, L&rsquo;appropriation de de la terre en Afrique noire, manuel d&rsquo;analyse des d&eacute;cisions et de gestion fonci&egrave;res, Karthala, 1991, p. 30.</p> </div> <div id="sdfootnote39"> <p><a href="#sdfootnote39anc" name="sdfootnote39sym">39</a> DCC n&deg; 11-084 du 6 janvier 2011, op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote40"> <p><a href="#sdfootnote40anc" name="sdfootnote40sym">40</a> Art. 1674 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote41"> <p><a href="#sdfootnote41anc" name="sdfootnote41sym">41</a> TPI Pkou n&deg; 05/03 du 16 avril 2003, 37AC-99, Aff. BOUKAR Kassimou c/ Hoirs SARIKI W. Amadou.</p> </div> <div id="sdfootnote42"> <p><a href="#sdfootnote42anc" name="sdfootnote42sym">42</a> Une parcelle achet&eacute;e en 1977 &agrave; un prix de 15 000 francs CFA (soit 22,87 &euro;), mise en conflit et revendiqu&eacute;e par les h&eacute;ritiers est revendue en 2010 soit 33 ans apr&egrave;s, &agrave; un prix de 50&nbsp;000 000 millions de francs CFA (soit 7 622,53&nbsp;&euro;).</p> </div> <div id="sdfootnote43"> <p><a href="#sdfootnote43anc" name="sdfootnote43sym">43</a> Art. 1676 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote44"> <p><a href="#sdfootnote44anc" name="sdfootnote44sym">44</a> Proc&egrave;s-verbal de compulsoire du 17 avril 2013, n&deg; 1316, Mairie de Parakou, Hoirs MERE BATA Orou Darou.</p> </div> <div id="sdfootnote45"> <p><a href="#sdfootnote45anc" name="sdfootnote45sym">45</a> Les terres squatt&eacute;es au B&eacute;nin repr&eacute;sentent 7&nbsp;% des terres disponibles, PSIA-B&eacute;nin 2005-2006.</p> </div> <div id="sdfootnote46"> <p><a href="#sdfootnote46anc" name="sdfootnote46sym">46</a> CA Cotonou, n&deg; 103/93 du jugement, n&deg;417 /AC-92 du r&ocirc;le, ODJO HODONOU M.M. c/ MOUSSILIOU A. 132 DCC n&deg; 11-087 du 6 d&eacute;cembre 2011.</p> </div> <div id="sdfootnote47"> <p><a href="#sdfootnote47anc" name="sdfootnote47sym">47</a> DCC n&deg; 11-087 du 6 d&eacute;cembre 2011.</p> </div> <div id="sdfootnote48"> <p><a href="#sdfootnote48anc" name="sdfootnote48sym">48</a> TPI Pkou, n&deg; 34/13 du 29 mai 2013, dos. n&deg; 02577 RG-1, Aff., GBEDO J. c/ YONGOU G.</p> </div> <div id="sdfootnote49"> <p><a href="#sdfootnote49anc" name="sdfootnote49sym">49</a> Art. L 251-1 du Code de l&rsquo;habitat fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote50"> <p><a href="#sdfootnote50anc" name="sdfootnote50sym">50</a> Point 286 du Coutumier du Dahomey.</p> </div> <div id="sdfootnote51"> <p><a href="#sdfootnote51anc" name="sdfootnote51sym">51</a> Art. 894 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote52"> <p><a href="#sdfootnote52anc" name="sdfootnote52sym">52</a> TPI Pkou, JC, n&deg; 42/15 du 8 novembre 2015, dos. n&deg; 01214RG-12, op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote53"> <p><a href="#sdfootnote53anc" name="sdfootnote53sym">53</a> Art. 3 du premier projet de Constitution du 19 avril 1946.</p> </div> <div id="sdfootnote54"> <p><a href="#sdfootnote54anc" name="sdfootnote54sym">54</a> Point 256 du Coutumier du Dahomey.</p> </div> <div id="sdfootnote55"> <p><a href="#sdfootnote55anc" name="sdfootnote55sym">55</a> Art. 619 du CPF du B&eacute;nin.</p> </div> <div id="sdfootnote56"> <p><a href="#sdfootnote56anc" name="sdfootnote56sym">56</a> Jean-Jacques ROUSSEAU, Du contrat social, 1762, p. 39.</p> </div> <div id="sdfootnote57"> <p><a href="#sdfootnote57anc" name="sdfootnote57sym">57</a> Art. 630 et 632, 633 et 634 du CPF du B&eacute;nin. Ces dispositions constituent une innovation apport&eacute;e par le CPF qui devraient en principe am&eacute;liorer l&rsquo;acc&egrave;s des femmes &agrave; la terre.</p> </div> <div id="sdfootnote58"> <p><a href="#sdfootnote58anc" name="sdfootnote58sym">58</a> Art. 4 de la loi n&deg; 60-20 du 13 juillet 1960 fixant le r&eacute;gime des permis d&rsquo;habiter au Dahomey ; art. 32, 33, 34, 36 et 38 de la loi n&deg; 65-25 du 14 ao&ucirc;t 1965 portant organisation du r&eacute;gime de la propri&eacute;t&eacute; fonci&egrave;re au Dahomey (B&eacute;nin) ; art. 11 de la loi n&deg; 2007-03 du 16 octobre 2007 portant r&eacute;gime foncier rural en R&eacute;publique du B&eacute;nin.</p> </div> <div id="sdfootnote59"> <p><a href="#sdfootnote59anc" name="sdfootnote59sym">59</a> Sophie ANDREETTA, &laquo;&nbsp;Pourquoi aller au tribunal si l&rsquo;on n&rsquo;ex&eacute;cute pas la d&eacute;cision du juge ? Conflits d&rsquo;h&eacute;ritage et usages du droit &agrave; Cotonou&nbsp;&raquo;, Politique africaine, 2016, vol. 1, n&deg; 141, p. 147-168.</p> </div> <div id="sdfootnote60"> <p><a href="#sdfootnote60anc" name="sdfootnote60sym">60</a> TPI-Pkou, n&deg; 05/16 du 20 janvier 2016, dos. n&deg; 00983RG-12, Aff. ASSOUMA Tairou c/ ASSOUMA Nassirou.</p> </div> <div id="sdfootnote61"> <p><a href="#sdfootnote61anc" name="sdfootnote61sym">61</a> TPI-Pkou, n&deg; 92/10 du 24 f&eacute;vrier 2010, dos. n&deg; 41 AC/04, op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote62"> <p><a href="#sdfootnote62anc" name="sdfootnote62sym">62</a> Ledit texte consacre le principe de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; devant la loi ce qui laisse dire que les femmes devraient avoir acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;h&eacute;ritage de la terre en tant que citoyennes.</p> </div> <div id="sdfootnote63"> <p><a href="#sdfootnote63anc" name="sdfootnote63sym">63</a> Philippe BOULISSET, Relations et conflits de voisinage, Delmas, 1e &eacute;d., 2010, p. 18.</p> </div> <div id="sdfootnote64"> <p><a href="#sdfootnote64anc" name="sdfootnote64sym">64</a> G&eacute;rard CORNU (dir.), op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote65"> <p><a href="#sdfootnote65anc" name="sdfootnote65sym">65</a> Art. 646 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote66"> <p><a href="#sdfootnote66anc" name="sdfootnote66sym">66</a> F&eacute;tiches ou divinit&eacute;s servant de culte dans la religion traditionnelle au B&eacute;nin.</p> </div> <div id="sdfootnote67"> <p><a href="#sdfootnote67anc" name="sdfootnote67sym">67</a> Sylvie DIBOS-LACROUX et Emmanu&egrave;le VALLAS-LENERZ, Servitudes et mitoyennet&eacute;. Le guide pratique, 2012, p. 209.</p> </div> <div id="sdfootnote68"> <p><a href="#sdfootnote68anc" name="sdfootnote68sym">68</a> C&rsquo;est une op&eacute;ration de redistribution de l&rsquo;espace, en vue de constituer des r&eacute;serves publiques pour la r&eacute;alisation d&rsquo;infrastructures administratives. Elle permet aussi de d&eacute;senclaver les quartiers avec l&rsquo;ouverture de voies d&rsquo;acc&egrave;s.</p> </div> <div id="sdfootnote69"> <p><a href="#sdfootnote69anc" name="sdfootnote69sym">69</a> TPI-Pkou, dos. n&deg; 02577 RG-11, op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote70"> <p><a href="#sdfootnote70anc" name="sdfootnote70sym">70</a> Mairie de Pkou, PV de r&egrave;glement de litige du 11 juillet 2013</p> </div> <div id="sdfootnote71"> <p><a href="#sdfootnote71anc" name="sdfootnote71sym">71</a> Mairie de Pkou, PV de compulsoire du 6 juin 2014.</p> </div> <div id="sdfootnote72"> <p><a href="#sdfootnote72anc" name="sdfootnote72sym">72</a> Selon le minist&egrave;re de l&rsquo;Agriculture, de l&rsquo;Elevage et de la P&ecirc;che, le secteur agricole produit 38&nbsp;% du PIB.</p> </div> <div id="sdfootnote73"> <p><a href="#sdfootnote73anc" name="sdfootnote73sym">73</a> Palmiers &agrave; huile, anacardiers, hesp&eacute;rides, manguiers.</p> </div> <div id="sdfootnote74"> <p><a href="#sdfootnote74anc" name="sdfootnote74sym">74</a> Selon le Sch&eacute;ma directeur du d&eacute;veloppement agricole et rural du B&eacute;nin de 2000, le B&eacute;nin dispose d&rsquo;environ 8.300&nbsp;000 hectares de terres cultivables dont 1&nbsp;700&nbsp;000 seulement sont mises en valeur.</p> </div> <div id="sdfootnote75"> <p><a href="#sdfootnote75anc" name="sdfootnote75sym">75</a> Marcel DETIENNE, O&ugrave; est le myst&egrave;re de l&rsquo;identit&eacute; nationale ?, &eacute;d. Panama, Paris, 2008, p. 72.</p> </div> <div id="sdfootnote76"> <p><a href="#sdfootnote76anc" name="sdfootnote76sym">76</a> Jean CARBONNIER, op. cit., p. 377.</p> </div> <div id="sdfootnote77"> <p><a href="#sdfootnote77anc" name="sdfootnote77sym">77</a> Les motos sont utilis&eacute;es pour assurer le d&eacute;placement des clients et des bagages. Ce genre de moyen de d&eacute;placement est utilis&eacute; car il permet &agrave; l&rsquo;usager d&rsquo;avoir acc&egrave;s &agrave; n&rsquo;importe quelle zone. Soit c&rsquo;est le conducteur m&ecirc;me qui est propri&eacute;taire de la moto, soit c&rsquo;est une tierce personne moyennant le paiement d&rsquo;une redevance journali&egrave;re de 1&nbsp;300 francs CFA (1,982 &euro; environ) ou hebdomadaire. Beaucoup de jeunes s&rsquo;y introduisent et abandonnent leur m&eacute;tier initial. On y trouve donc toutes les cat&eacute;gories socio-professionnelles.</p> </div> <div id="sdfootnote78"> <p><a href="#sdfootnote78anc" name="sdfootnote78sym">78</a> Rapport final de l&rsquo;atelier sur la gestion des conflits li&eacute;s &agrave; l&rsquo;exploitation des ressources pastorales, Dakar 21- 25 octobre 1996.</p> </div> <div id="sdfootnote79"> <p><a href="#sdfootnote79anc" name="sdfootnote79sym">79</a> G&eacute;rard CORNU (dir.), op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote80"> <p><a href="#sdfootnote80anc" name="sdfootnote80sym">80</a> Jean CARBONNIER, op. cit., p. 377.</p> </div> <div id="sdfootnote81"> <p><a href="#sdfootnote81anc" name="sdfootnote81sym">81</a> Ibid., p. 355.</p> </div> <div id="sdfootnote82"> <p><a href="#sdfootnote82anc" name="sdfootnote82sym">82</a> Esa&iuml;e 5v 8, La Sainte Bible, version Louis Segond.</p> </div> <div id="sdfootnote83"> <p><a href="#sdfootnote83anc" name="sdfootnote83sym">83</a> To grab signifie saisir.</p> </div> <div id="sdfootnote84"> <p><a href="#sdfootnote84anc" name="sdfootnote84sym">84</a> Cette expression est issue du rapport de l&rsquo;ONG GRAIN &laquo; Main basse sur les terres agricoles &raquo; publi&eacute; en octobre 2008.</p> </div> <div id="sdfootnote85"> <p><a href="#sdfootnote85anc" name="sdfootnote85sym">85</a> Selon une &eacute;tude men&eacute;e par Minville-Gallaguer, en 2013, au niveau de l&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest, &agrave; l&rsquo;heure de l&rsquo;acquisition massive des terres, le B&eacute;nin compte 240 000 ha de terres dans le cadre des acquisitions massives. Dans la commune de Djida, l&rsquo;un des greniers du centre du B&eacute;nin, 450 km2, environ 45,82&nbsp;% des terres cultivables, sont concern&eacute;s.</p> </div> <div id="sdfootnote86"> <p><a href="#sdfootnote86anc" name="sdfootnote86sym">86</a> Alice Harrison de l&rsquo;ONG Global Witness, https://www.agenceecofin.com/justice.</p> </div> <div id="sdfootnote87"> <p><a href="#sdfootnote87anc" name="sdfootnote87sym">87</a> Journal L&rsquo;Ev&egrave;nement pr&eacute;cis du 10 avril 2013.</p> </div> <div id="sdfootnote88"> <p><a href="#sdfootnote88anc" name="sdfootnote88sym">88</a> A ce propos, voir les travaux de Georges Betiboutin&eacute; Malkiel NIMONTE, Le droit p&eacute;nal africain sous tensions&nbsp;: entre tradition et modernit&eacute;, th&egrave;se, droit, Perpignan, 2019 et &laquo;&nbsp;Infractions mystiques et droit p&eacute;nal en Afrique&nbsp;&raquo; in Christophe JUHEL (dir.), &laquo;&nbsp;Le droit p&eacute;nal face aux d&eacute;fis de l&rsquo;Afrique contemporaine&nbsp;&raquo;, revue Crimen, n&deg; 2, 2021, p. 67-126.</p> </div> <div id="sdfootnote89"> <p><a href="#sdfootnote89anc" name="sdfootnote89sym">89</a> Adage b&eacute;ninois.</p> </div> <div id="sdfootnote90"> <p><a href="#sdfootnote90anc" name="sdfootnote90sym">90</a> Voir supra.</p> </div> <div id="sdfootnote91"> <p><a href="#sdfootnote91anc" name="sdfootnote91sym">91</a> Le prix &agrave; l&rsquo;hectare varie de 50&nbsp;000 Francs CFA (76 &euro;) &agrave; 300&nbsp;000 Francs CFA (456 &euro;).</p> </div> <div id="sdfootnote92"> <p><a href="#sdfootnote92anc" name="sdfootnote92sym">92</a> La soci&eacute;t&eacute; italienne Green Waves aurait obtenu d&rsquo;exploiter 250&nbsp;000 hectares en tournesol ; la firme fran&ccedil;aise, G&eacute;ocoton (anciennement Dagris) a d&eacute;velopp&eacute; une fili&egrave;re &agrave; partir de la graine de coton ; et des informations ont &eacute;t&eacute; obtenues sur un projet de 400 000 hectares consacr&eacute;s &agrave; la production d&rsquo;huile de palme au sud du B&eacute;nin, pour la production de biodiesel destin&eacute;s &agrave; l&rsquo;exportation.</p> </div> <div id="sdfootnote93"> <p><a href="#sdfootnote93anc" name="sdfootnote93sym">93</a> Selon SOS FAIM, les actions de protestation d&eacute;clench&eacute;es en Sierra L&eacute;one ont conduit &agrave; l&rsquo;arrestation et la condamnation de quelques leaders (6) de l&rsquo;organisation locale MALOA. Ils ont &eacute;t&eacute; condamn&eacute;s de peines allant de 5 &agrave; 6 mois d&rsquo;emprisonnement pour conspiration et destruction de palmier &agrave; huile ; accusations que les leaders ont d&eacute;menties.</p> </div> <div id="sdfootnote94"> <p><a href="#sdfootnote94anc" name="sdfootnote94sym">94</a> www.hello@landportal.info, consult&eacute; le 11 octobre 2016 &agrave; 9 h 45 mn.</p> </div> <div id="sdfootnote95"> <p><a href="#sdfootnote95anc" name="sdfootnote95sym">95</a> CICODEV Africa, Accaparement des terres en Afrique de l&rsquo;Ouest, Exporter ou nourrir les populations, Impact sur les consommateurs ruraux, &eacute;tude, d&eacute;cembre 2011.</p> </div> <div id="sdfootnote96"> <p><a href="#sdfootnote96anc" name="sdfootnote96sym">96</a> Mary DOUGLAS, Comment pensent les Institutions, La d&eacute;couverte, coll. &laquo;&nbsp;Poche&nbsp;&raquo;, Paris, 2004, p. 34.</p> </div> <div id="sdfootnote97"> <p><a href="#sdfootnote97anc" name="sdfootnote97sym">97</a> www.droit-finance.net</p> </div> <div id="sdfootnote98"> <p><a href="#sdfootnote98anc" name="sdfootnote98sym">98</a> Art. 432-11 du Code p&eacute;nal fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote99"> <p><a href="#sdfootnote99anc" name="sdfootnote99sym">99</a> Philippe LAVIGNE DELVILLE et Alain DURAND-LASSERVE (dir.), Gouvernance fonci&egrave;re et s&eacute;curisation des droits des pays du Sud&nbsp;: livre blanc sur les acteurs fran&ccedil;ais de la coop&eacute;ration, Comit&eacute; technique &laquo; Foncier et d&eacute;veloppement &raquo;, 2009, 125 p., p. 25.</p> </div> <div id="sdfootnote100"> <p><a href="#sdfootnote100anc" name="sdfootnote100sym">100</a> Ibid.</p> </div> <div id="sdfootnote101"> <p><a href="#sdfootnote101anc" name="sdfootnote101sym">101</a> Jean-Luc PIERMAY, &laquo;&nbsp;Le d&eacute;tournement d&rsquo;espace. Corruption et strat&eacute;gies de d&eacute;tournement dans les pratiques fonci&egrave;res urbaines en Afrique centrale&nbsp;&raquo;, Politique africaine, 1986, p. 22-36, p. 33.</p> </div> <div id="sdfootnote102"> <p><a href="#sdfootnote102anc" name="sdfootnote102sym">102</a> S&egrave;dagban Hygin Faust KAKAI, op. cit., p. 4.</p> </div> <div id="sdfootnote103"> <p><a href="#sdfootnote103anc" name="sdfootnote103sym">103</a> Fable de La FONTAINE, Le loup et l&rsquo;agneau.</p> </div> <div id="sdfootnote104"> <p><a href="#sdfootnote104anc" name="sdfootnote104sym">104</a> S&egrave;dagban Hygin Faust KAKAI, op. cit., p. 13.</p> </div> <div id="sdfootnote105"> <p><a href="#sdfootnote105anc" name="sdfootnote105sym">105</a> Jean CARBONNIER, op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote106"> <p><a href="#sdfootnote106anc" name="sdfootnote106sym">106</a> Art. 22 de la Constitution b&eacute;ninoise inspir&eacute; de l&rsquo;article 17 de la d&eacute;claration des droits de l&rsquo;homme et du citoyen du 26 ao&ucirc;t 1789.</p> </div> <div id="sdfootnote107"> <p><a href="#sdfootnote107anc" name="sdfootnote107sym">107</a> G&eacute;rard CORNU (dir.), op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote108"> <p><a href="#sdfootnote108anc" name="sdfootnote108sym">108</a> Art. 544 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote109"> <p><a href="#sdfootnote109anc" name="sdfootnote109sym">109</a> Art. 545 du Code civil fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="sdfootnote110"> <p><a href="#sdfootnote110anc" name="sdfootnote110sym">110</a> G&eacute;rard CORNU (dir.), op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote111"> <p><a href="#sdfootnote111anc" name="sdfootnote111sym">111</a> L&eacute;on DUGUIT, Trait&eacute; de droit constitutionnel, 3e &eacute;d., 1928, t. 2, p. 61.</p> </div> <div id="sdfootnote112"> <p><a href="#sdfootnote112anc" name="sdfootnote112sym">112</a> Ici, c&rsquo;est l&rsquo;abandon temporaire d&rsquo;un bien immobilier dans un but d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral ; limit&eacute;e &agrave; l&rsquo;utilisation forc&eacute;e mais temporaire de la propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;autrui.</p> </div> <div id="sdfootnote113"> <p><a href="#sdfootnote113anc" name="sdfootnote113sym">113</a> Facult&eacute; conf&eacute;r&eacute;e par la loi ou par la convention &agrave; une personne (b&eacute;n&eacute;ficiaire d&rsquo;une option) d&rsquo;acqu&eacute;rir de pr&eacute;f&eacute;rence &agrave; tout autre, un bien que le propri&eacute;taire se propose de c&eacute;der, en se portant acqu&eacute;reur de ce bien dans un d&eacute;lai donn&eacute;, en g&eacute;n&eacute;ral aux prix et conditions de la cession projet&eacute;e (&agrave; lui pr&eacute;alablement notifi&eacute;s), G&eacute;rard CORNU (dir.), op. cit.</p> </div> <div id="sdfootnote114"> <p><a href="#sdfootnote114anc" name="sdfootnote114sym">114</a> Jeanne LEMASURIER, Le droit de l&rsquo;expropriation, Economica, 2e &eacute;d., 2001, p. 24.</p> </div> <div id="sdfootnote115"> <p><a href="#sdfootnote115anc" name="sdfootnote115sym">115</a> ADEF, Un droit inviolable et sacr&eacute; : la propri&eacute;t&eacute;, ADEF, Paris, 1989, 360 p.</p> </div> <div id="sdfootnote116"> <p><a href="#sdfootnote116anc" name="sdfootnote116sym">116</a> Raymond GUILLIEN et Jean VINCENT (dir.), Lexique des termes juridiques, Dalloz, Paris, 17e &eacute;d., 2010, p. 323.</p> </div> <div id="sdfootnote117"> <p><a href="#sdfootnote117anc" name="sdfootnote117sym">117</a> ADEF, op. cit, p. 167.</p> </div> <div id="sdfootnote118"> <p><a href="#sdfootnote118anc" name="sdfootnote118sym">118</a> D&eacute;cret du 25 novembre 1930 r&eacute;glementant l&rsquo;expropriation pour cause d&rsquo;utilit&eacute; publique en AOF.</p> </div> <div id="sdfootnote119"> <p><a href="#sdfootnote119anc" name="sdfootnote119sym">119</a> Loi n&deg; 65-25 de 1965, portant r&eacute;glementation du r&eacute;gime foncier au B&eacute;nin.</p> </div> <div id="sdfootnote120"> <p><a href="#sdfootnote120anc" name="sdfootnote120sym">120</a> Art. 28 de la Loi fondamentale du 27 ao&ucirc;t 1977.</p> </div> <div id="sdfootnote121"> <p><a href="#sdfootnote121anc" name="sdfootnote121sym">121</a> Ibid.</p> </div> <div id="sdfootnote122"> <p><a href="#sdfootnote122anc" name="sdfootnote122sym">122</a> P. Y. LE MEUR, R&eacute;ussir la d&eacute;centralisation, IIED, Royaume-Uni, 2008, p. 10.</p> </div> <div id="sdfootnote123"> <p><a href="#sdfootnote123anc" name="sdfootnote123sym">123</a> Art. 18, loi n&deg; 61-26 du 10 ao&ucirc;t 1961 relative &agrave; la d&eacute;finition et aux modalit&eacute;s de mise en valeur des p&eacute;rim&egrave;tres d&rsquo;am&eacute;nagement rural.</p> </div> <div id="sdfootnote124"> <p><a href="#sdfootnote124anc" name="sdfootnote124sym">124</a> Art. 22 de la Constitution b&eacute;ninoise.</p> </div> <div id="sdfootnote125"> <p><a href="#sdfootnote125anc" name="sdfootnote125sym">125</a> Isabelle SAVARIT-BOURGEOIS, Le droit de l&rsquo;urbanisme, Gualino, coll. &laquo;&nbsp;Master&nbsp;&raquo;, 2014, p. 18.</p> </div> <div id="sdfootnote126"> <p><a href="#sdfootnote126anc" name="sdfootnote126sym">126</a> Art. 21 de la Charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples du 18 juin 1981.</p> </div> <div id="sdfootnote127"> <p><a href="#sdfootnote127anc" name="sdfootnote127sym">127</a> Somme vers&eacute;e au propri&eacute;taire pour l&rsquo;utilisation des droits de propri&eacute;t&eacute; industrielle ou du droit d&rsquo;exploitation d&rsquo;une &oelig;uvre.</p> </div> <div id="sdfootnote128"> <p><a href="#sdfootnote128anc" name="sdfootnote128sym">128</a> N. FAURE et C. HENRIOT, Droits de propri&eacute;t&eacute; et d&rsquo;usage des communaut&eacute;s locales et population autochtones, London, 2014, p. 9.</p> </div> <div id="sdfootnote129"> <p><a href="#sdfootnote129anc" name="sdfootnote129sym">129</a> Commission africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples.</p> </div> <div id="sdfootnote130"> <p><a href="#sdfootnote130anc" name="sdfootnote130sym">130</a> Chap. 12 de la d&eacute;cision de la aute cour de justice k&eacute;nyane.</p> </div> <div id="sdfootnote131"> <p><a href="#sdfootnote131anc" name="sdfootnote131sym">131</a> Lettre du 22 mai 2003 adress&eacute;e par le Center for Minority Right Development (CEMIRIDE) et le Minority Right Group (MRG) &agrave; la CADHP.</p> </div> <div id="sdfootnote132"> <p><a href="#sdfootnote132anc" name="sdfootnote132sym">132</a> Loi n&deg; 2007-33 du 2 janvier 2008 portant loi de finance pour la gestion 2008 en R&eacute;publique du B&eacute;nin.</p> </div> <div id="sdfootnote133"> <p><a href="#sdfootnote133anc" name="sdfootnote133sym">133</a> 216.200.000 = 304,90 &euro; ; 800.000 = 1219,60 &euro;.</p> </div> <div id="sdfootnote134"> <p><a href="#sdfootnote134anc" name="sdfootnote134sym">134</a> DCC n&deg; 08-146 du 23 octobre 2008 ; DCC n&deg; 08-148 du 23 octobre 2008 ; DCC n&deg; 11-035 du 31 mai 2011.</p> </div> <div id="sdfootnote135"> <p><a href="#sdfootnote135anc" name="sdfootnote135sym">135</a> Lors de sa sortie en d&eacute;cembre 2014, le directeur du projet (PDTRP) a constat&eacute; l&rsquo;&eacute;l&eacute;vation de plusieurs murs qui n&rsquo;&eacute;taient pas pr&eacute;sents il y quelques mois, lors du passage du ministre.</p> </div> <div id="sdfootnote136"> <p><a href="#sdfootnote136anc" name="sdfootnote136sym">136</a> Le CA du 12e arrondissement a &eacute;t&eacute; index&eacute; pour avoir continu&eacute; &agrave; vendre les terres concern&eacute;es par le projet, mais celui-ci nie avoir d&eacute;livr&eacute; des titres aux occupants.</p> </div> <div id="sdfootnote137"> <p><a href="#sdfootnote137anc" name="sdfootnote137sym">137</a> DCC n&deg; 17-016 du 31 janvier 2017.</p> </div> <div id="sdfootnote138"> <p><a href="#sdfootnote138anc" name="sdfootnote138sym">138</a> Ibid., p. 115.</p> </div> <div id="sdfootnote139"> <p><a href="#sdfootnote139anc" name="sdfootnote139sym">139</a> Formule de Ma&icirc;tre All Abdoulaye Ibrahim, magistrat au Tchad (https://d&eacute;guerpissement - Habitat Worldmap : Habitat Worldmap (habitat-worldmap.org, derni&egrave;re mise &agrave; jour le 6 septembre 2019). Cette d&eacute;finition s&rsquo;inspire de l&rsquo;article 16 de la loi n&deg; 67-25 du 22 juillet 1967. Le Tchad a, comme le B&eacute;nin, connu cette institution durant la p&eacute;riode coloniale fran&ccedil;aise.</p> </div> <div id="sdfootnote140"> <p><a href="#sdfootnote140anc" name="sdfootnote140sym">140</a> Il se diff&eacute;rencie de l&rsquo;expropriation pour cause d&rsquo;utilit&eacute; publique qui vise les occupants de sols disposant d&rsquo;un droit sur celui-ci. Une autre technique &laquo;&nbsp;d&rsquo;expulsion&nbsp;&raquo; qui a servi en contexte colonial comme en France m&eacute;tropolitaine. Voir Christophe JUHEL, &laquo;&nbsp;Le Conseil d&rsquo;Etat face aux proc&eacute;dures d&rsquo;expropriation pour cause d&rsquo;utilit&eacute; publique en Alg&eacute;rie au XIXe si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, Revue franco-maghr&eacute;bine de droit, n&deg; 22, 2015, p. 19-44.</p> </div> <div id="sdfootnote141"> <p><a href="#sdfootnote141anc" name="sdfootnote141sym">141</a> Elizabeth DORRIER-APPRILL (dir.), Vocabulaire de la ville, notions et r&eacute;f&eacute;rences, &eacute;d. Du temps, 2001, p. 75.</p> </div> <div id="sdfootnote142"> <p><a href="#sdfootnote142anc" name="sdfootnote142sym">142</a> Catherine COQUERY-VIDROVITCH, &laquo;&nbsp;De la ville en Afrique noire&nbsp;&raquo;, Annales. Histoire, Sciences Sociales, 61e ann&eacute;e, 2006, p. 1103.</p> </div> <div id="sdfootnote143"> <p><a href="#sdfootnote143anc" name="sdfootnote143sym">143</a> Isabelle SAVARIT-BOURGEOIS, op. cit., p. 7.</p> </div> <div id="sdfootnote144"> <p><a href="#sdfootnote144anc" name="sdfootnote144sym">144</a> R&eacute;publique populaire du B&eacute;nin. C&rsquo;est le r&eacute;gime r&eacute;volutionnaire qui a pris fin au B&eacute;nin &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement du renouveau d&eacute;mocratique.</p> </div> <div id="sdfootnote145"> <p><a href="#sdfootnote145anc" name="sdfootnote145sym">145</a> Le Matinal du mercredi du 21 d&eacute;cembre 2011.</p> </div>