<p>La pr&eacute;face du nouveau num&eacute;ro d&rsquo;une revue peut &ecirc;tre d&rsquo;abord l&rsquo;occasion d&rsquo;en constater la plus ou moins bonne sant&eacute;. De fait, la revue <em>Crimen</em>, cr&eacute;&eacute;e en 2020, demeure actuellement dans sa phase ascendante comme en t&eacute;moigne, pour s&rsquo;en tenir &agrave; ce seul indice, le fait que le nombre d&rsquo;articles publi&eacute;s augmente r&eacute;guli&egrave;rement&nbsp;: cinq dans le premier num&eacute;ro, six dans le second, huit dans le suivant, neuf dans celui-ci. Ces chiffres ne r&eacute;sultent pas d&rsquo;une vaine qu&ecirc;te en vue d&rsquo;arriver au nombre maximum. Il a &eacute;t&eacute; atteint sans rien sacrifier &agrave; la qualit&eacute; des contributions. Il est le r&eacute;sultat du travail conduit simultan&eacute;ment par deux &eacute;quipes, de part et d&rsquo;autre de la M&eacute;diterran&eacute;e&nbsp;: &agrave; Abidjan bien s&ucirc;r et pour la part la plus importante des textes pr&eacute;sent&eacute;s ici mais aussi &agrave; Perpignan pour des recherches qui concernent toutes la science criminelle en Afrique et qui sont conduites par les &eacute;tudiants qui choisissent l&rsquo;Europe pour pr&eacute;parer leur sujet de th&egrave;se. Il n&rsquo;y a pas de statistiques exhaustives sur le nombre total d&rsquo;articles adress&eacute;es aux responsables de la revue pour constituer ce num&eacute;ro. En l&rsquo;occurrence, on ne sait la proportion des rejets, des approfondissements demand&eacute;s, des r&eacute;&eacute;critures souhait&eacute;es mais l&rsquo;on devine, dans ce num&eacute;ro le r&eacute;sultat d&rsquo;un travail collectif conduit de fa&ccedil;on convergente par les jeunes coll&egrave;gues soucieux de constituer leur bibliographie, avec l&rsquo;aide du corps professoral de l&rsquo;UFR Criminologie de l&rsquo;Universit&eacute; F&eacute;lix Houphou&euml;t-Boigny, composante d&eacute;sormais et heureusement dot&eacute;e d&rsquo;un doyen qui prend la suite du doyen Yebouet auquel nous pouvons ainsi rendre un nouvel hommage, notamment comme fondateur de la revue. Les membres du comit&eacute; scientifique sont dans la ligne du projet qu&rsquo;il a &eacute;labor&eacute; il y a cinq ans. Ils s&rsquo;impliquent dans la relecture des articles retenus.</p> <p>La diversit&eacute; des th&egrave;mes trait&eacute;s refl&egrave;te la multiplicit&eacute; des sujets relevant de la science criminelle. Elle en exprime la richesse. Elle trahit surtout les asp&eacute;rit&eacute;s de notre temps. L&rsquo;on ne doit pas rechercher, dans les pages qui suivent, et sans que ce soit le r&eacute;sultat d&rsquo;une d&eacute;cision du comit&eacute; de lecture, une m&eacute;ditation g&eacute;n&eacute;rale sur l&rsquo;un des grands th&egrave;mes qui agitent depuis toujours le monde des p&eacute;nalistes, telle la suppression de la peine de mort ou la fonction r&eacute;habilitatrice de la sanction. L&rsquo;&eacute;poque est malheureusement travers&eacute;e par de nombreuses causes de conflits qui se sont d&eacute;velopp&eacute;es sur des espaces de r&eacute;flexion que l&rsquo;on croyait &eacute;pargn&eacute;s par de tels p&eacute;rils, avec des implications en mati&egrave;re politique, sociale, &eacute;conomique et m&ecirc;me religieuse. A lire la table des mati&egrave;res de nos num&eacute;ros, l&rsquo;on retrouve les grandes pol&eacute;miques et les principaux th&egrave;mes d&rsquo;affrontements qui ont marqu&eacute; ces derni&egrave;res ann&eacute;es et pour lesquels la science criminelle a &eacute;t&eacute; convoqu&eacute;e ici pour tenter d&rsquo;apporter ses solutions. Ce num&eacute;ro apporte sa contribution &agrave; la liste des oppositions qui ont divis&eacute; et parfois ensanglant&eacute; les soci&eacute;t&eacute;s africaines. Il faut savoir gr&eacute; aux auteurs de n&rsquo;avoir pas h&eacute;sit&eacute; &agrave; se confronter &agrave; ces th&egrave;mes compliqu&eacute;s, quelquefois douloureux et auxquels ni la sociologie, ni le droit ne sauraient apporter de r&eacute;ponses d&eacute;finitives mais qui peuvent y contribuer.</p> <p>On retrouve donc des th&egrave;mes d&eacute;j&agrave; trait&eacute;s dans cette revue, les ann&eacute;es pr&eacute;c&eacute;dentes. Ainsi, le statut des enfants demeure une question prioritaire. Tr&egrave;s abondamment pr&eacute;sent dans le pr&eacute;c&eacute;dent num&eacute;ro, il est repris ici par le biais des violences inflig&eacute;es aux plus vuln&eacute;rables (article de Marc Ounnebo). Les manifestations de violences sont multiples&nbsp;: abandon, violences physiques, psychologiques ou encore sexuelles, n&eacute;gligences, mariages forc&eacute;es, mutilations g&eacute;nitales&hellip; Les facteurs de risques sont &eacute;galement divers&nbsp;: famille de grande taille, monoparentalit&eacute;, violence conjugale, faible soutien social, d&eacute;ficience mentale chez un parent, toxicomanie&hellip; Les cons&eacute;quences peuvent &ecirc;tre graves, y compris d&rsquo;ordre psychologique, physique et social. La conclusion est partiellement encourageante&nbsp;: la pr&eacute;vention est possible.</p> <p>Les probl&egrave;mes que pose l&rsquo;&eacute;tat des prisons sont connus, ce qui ne veut pas dire r&eacute;solus. C&rsquo;est la Maison d&rsquo;arr&ecirc;t et de correction de Bouak&eacute; qui sert d&rsquo;espace d&rsquo;observation des principales difficult&eacute;s rencontr&eacute;es non seulement par les prisonniers mais &eacute;galement par l&rsquo;administration p&eacute;nitentiaire, dans un rapport de craintes r&eacute;ciproques (article de Casimir Zady). L&rsquo;&eacute;tude ne se borne pas &agrave; ajouter un inventaire suppl&eacute;mentaire &agrave; la masse des rapports consacr&eacute;s au d&eacute;labrement des &eacute;tablissements de d&eacute;tention, aux conditions de vie pr&eacute;caire impos&eacute;es aux d&eacute;tenus et aux affrontements internes qui viennent aggraver une situation de toute fa&ccedil;on tr&egrave;s p&eacute;nible avec des ph&eacute;nom&egrave;nes de rackett et de pers&eacute;cutions impos&eacute;s par les plus forts aux plus faibles. L&rsquo;article s&rsquo;ouvre par une int&eacute;ressante synth&egrave;se des &eacute;tudes doctrinales d&eacute;j&agrave; conduites &agrave; partir d&rsquo;enqu&ecirc;tes sur les souffrances ressenties par les prisonniers. C&rsquo;est ensuite &agrave; partir de la situation &agrave; Bouak&eacute; que sont trait&eacute;s les divers traumatismes avec une place importante &agrave; juste titre reconnue aux probl&egrave;mes psychologiques.</p> <p>Egalement pour ce qui est de l&rsquo;incarc&eacute;ration mais de fa&ccedil;on si l&rsquo;on peut dire, plus anecdotique, figure une enqu&ecirc;te sur les moyens d&eacute;ploy&eacute;s par les pr&eacute;venus pour &eacute;chapper &agrave; la prison, c&rsquo;est-&agrave;-dire pour &eacute;viter d&rsquo;&ecirc;tre arr&ecirc;t&eacute; et conduit en cellule (article de Konan Georges Gaulithy, Aka C&eacute;lestin Aboudou et Salia Ren&eacute; Sahi). S&rsquo;il n&rsquo;y a rien de plus naturel, en cas de poursuite, que de vouloir &eacute;chapper &agrave; l&rsquo;emprisonnement, il peut &ecirc;tre int&eacute;ressant de se pencher sur cette &eacute;tape de la proc&eacute;dure criminelle qui est celle des premiers temps de l&rsquo;investigation, pour caract&eacute;riser et qualifier les faits, pour d&eacute;terminer les responsabilit&eacute;s. Elle fournit l&rsquo;occasion de rappeler le r&ocirc;le compl&eacute;mentaire et parfois concurrent du procureur de la R&eacute;publique et de l&rsquo;officier de police judiciaire, avec leur intervention &agrave; des moments diff&eacute;rents de l&rsquo;enqu&ecirc;te mais g&eacute;n&eacute;ralement d&eacute;cisifs pour prononcer ou non &agrave; une arrestation. L&rsquo;&eacute;vitement de la prison passe le plus souvent par un accord avec la victime, sous la forme d&rsquo;une compensation financi&egrave;re n&eacute;goci&eacute;e par l&rsquo;avocat. Pour autant le parquet demeure ma&icirc;tre du jeu et de d&eacute;cider de poursuivre malgr&eacute; tout. C&rsquo;est ici que des m&eacute;canismes plus compliqu&eacute;s peuvent jouer. Les auteurs ne le dissimulent pas. Des r&eacute;seaux d&rsquo;influences sont susceptibles de jouer un r&ocirc;le. Des moyens de pression plus ou moins avouables se manifestent parfois. Il appartient au droit d&rsquo;emp&ecirc;cher l&rsquo;impunit&eacute; des puissants.</p> <p>Autre institution g&eacute;n&eacute;ratrice de probl&egrave;mes criminels mais qui peuvent para&icirc;tre anecdotiques compte tenu d&rsquo;enjeux financiers r&eacute;duits&nbsp;: les tontines (article de Josselin Wilfred Azi). Il s&rsquo;agit d&rsquo;une technique traditionnelle permettant aux m&egrave;res de famille de r&eacute;aliser une petite activit&eacute; financi&egrave;re&nbsp;: un groupe d&rsquo;entre elles s&rsquo;engage &agrave; verser r&eacute;guli&egrave;rement une petite somme qu&rsquo;elles laissent s&rsquo;accumuler jusqu&rsquo;&agrave; ce que l&rsquo;une d&rsquo;entre elles aient un besoin inhabituel ou une opportunit&eacute; de petit investissement. Ce m&eacute;canisme pr&eacute;sente le double avantage de favoriser une petite &eacute;pargne familiale et de donner une plus grande autonomie &agrave; la femme. Le syst&egrave;me fonctionne bien tant qu&rsquo;il est fond&eacute; sur une forte solidarit&eacute; de voisinage, avec un solide contr&ocirc;le social qui va jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;ostracisme contre celle qui a trahi la confiance du groupe. La tentation de r&eacute;aliser des op&eacute;rations entre personnes se connaissant moins et se contr&ocirc;lant peu, notamment lorsque le moyen de communication est l&rsquo;internet, risque de laisser se d&eacute;velopper des pratiques relevant de l&rsquo;escroquerie avec intervention d&rsquo;&eacute;trangers qui disparaissent sans tenir leurs engagements.</p> <p>La politique joue &eacute;galement un r&ocirc;le dans ces formes de violence plus ou moins nouvelles qui se d&eacute;veloppent en Afrique et qui r&eacute;v&egrave;lent une soci&eacute;t&eacute; en fortes tensions. Pr&egrave;s de la moiti&eacute; des articles de ce num&eacute;ro de <em>Crimen</em> rel&egrave;vent de cette logique, avec, d&rsquo;abord, un travail sur le d&eacute;veloppement de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale, fond&eacute; sur des observations conduites dans une ville situ&eacute;e un peu au nord d&rsquo;Abidjan, Divo (article de Raymond N&eacute;bi Bazare, Gbalawoulou Dali Dalougou et Aguiri Denis Adou). La premi&egrave;re investigation porte &eacute;videmment sur les causes qui expliquent l&rsquo;aggravation des violences en relation avec le calendrier politique ce qui fournit l&rsquo;opportunit&eacute; d&rsquo;interroger des auteurs comme Bourdieu et ses travaux sur l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine rattach&eacute;e au &laquo;&nbsp;champ politique&nbsp;&raquo;. Les formes de criminalit&eacute; qui se d&eacute;veloppent pendant ces p&eacute;riodes &eacute;lectorales pr&eacute;sentent des sp&eacute;cificit&eacute;s. Une partie d&rsquo;entre elles sont regard&eacute;es par la population comme peu graves, passag&egrave;res, relevant d&rsquo;un dysfonctionnement social et ne suscitant donc pas une r&eacute;action sociale s&eacute;rieuse. D&rsquo;autres visent des objectifs tr&egrave;s cibl&eacute;s (domiciles, voitures&hellip;) et sont directement li&eacute;es aux &eacute;lections. D&rsquo;autres enfin sont la cons&eacute;quence de l&rsquo;oisivet&eacute; des jeunes qui nourrit la petite et moyenne d&eacute;linquance. Ce sont les violences contre les personnes qui constituent les ph&eacute;nom&egrave;nes de peur les plus graves.</p> <p>Le r&ocirc;le de l&rsquo;opinion publique et de l&rsquo;image qu&rsquo;elle se fait des d&eacute;sordres ne doit pas &ecirc;tre n&eacute;glig&eacute;. Il y a la r&eacute;alit&eacute; des intentions de violence chez les divers intervenants dans le d&eacute;bat politique et d&rsquo;abord &eacute;lectoral. Il y a l&rsquo;&eacute;valuation de la volont&eacute; de chacun d&rsquo;en d&eacute;coudre. Il y a enfin les repr&eacute;sentations sociales que s&rsquo;en font les populations, notamment dans leur image du r&ocirc;le de la police (article de Yao Kouakou Daniel). Intuitivement, on devine que les pr&eacute;jug&eacute;s &agrave; l&rsquo;encontre de la police, h&eacute;ritage de dizaines d&rsquo;ann&eacute;es de manifestations dispers&eacute;es brutalement, se traduisent par une tendance &agrave; rechercher les affrontements. Un travail d&rsquo;enqu&ecirc;tes tr&egrave;s minutieuses, fond&eacute; sur l&rsquo;&eacute;tude du vocabulaire utilis&eacute; et sur les termes employ&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la police montre des repr&eacute;sentations &laquo;&nbsp;satur&eacute;es d&rsquo;<em>items</em> &agrave; connotation d&eacute;valorisante&nbsp;&raquo; : corruption, abus de pouvoir, racket, d&eacute;sorganisation, incomp&eacute;tence, bavure, crimes, lenteurs, manipulations&hellip; Evidemment, les r&eacute;sultats sont variables selon les cat&eacute;gories scrut&eacute;es et m&ecirc;me si, partout, les r&eacute;actions de rejet sont les plus nombreuses. D&rsquo;une fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, les p&eacute;riodes &eacute;lectorales sont accueillies avec appr&eacute;hensions par la population, avec des affrontements dans lesquels la police a sa part de responsabilit&eacute;s. D&rsquo;une fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, les forces de l&rsquo;ordre sont toujours soup&ccedil;onn&eacute;es, dans le cadre des op&eacute;rations &eacute;lectorales, de favoriser le pouvoir en place.</p> <p>Les p&eacute;riodes &eacute;lectorales sont particuli&egrave;rement propices au d&eacute;veloppement des confrontations violentes avec l&rsquo;arm&eacute;e et la police. Si le retour &agrave; l&rsquo;ordre est n&eacute;cessaire, il ne peut pas se d&eacute;rouler dans n&rsquo;importe quelles conditions ce qui conduit &agrave; s&rsquo;interroger sur l&rsquo;exigence d&rsquo;une proportionnalit&eacute; souvent r&eacute;clam&eacute;e mais pas toujours respect&eacute;e entre la r&eacute;pression du terrorisme et la protection des droits humains. Au Mali, plusieurs lois encadrent les conditions de la lutte pour la pr&eacute;servation de la paix publique&nbsp;: loi de 2008 portant r&eacute;pression du terrorisme, loi de 2010 contre le financement du terrorisme, loi de 2013 portant modification du Code p&eacute;nal, loi de 2016 contre le blanchiment de capitaux&hellip; (article de Seydou Mallet et Bour&eacute;ma Kansaye). Les auteurs posent un diagnostic sans complaisance sur ces textes. Ils d&eacute;noncent tout ce qui leur para&icirc;t mena&ccedil;ant pour les droits de l&rsquo;homme. Ils d&eacute;plorent une d&eacute;finition du terrorisme fond&eacute;e non sur une formule synth&eacute;tique mais sur l&rsquo;&eacute;num&eacute;ration de faits relevant d&rsquo;une logique d&rsquo;attaque des biens publics ou priv&eacute;s, d&rsquo;intimidation, de perturbation des services publics, de d&eacute;clenchement d&rsquo;une insurrection g&eacute;n&eacute;rale, donc constituant une d&eacute;finition d&rsquo;interpr&eacute;tation large&hellip; Ils constatent l&rsquo;extension abusive des incriminations terroristes. L&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; des r&egrave;gles de proc&eacute;dure est source d&rsquo;arbitraire, notamment du fait des r&egrave;gles en mati&egrave;re de garde &agrave; vue et de perquisition. De nombreuses entorses &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable aboutissent &agrave; emp&ecirc;cher la mise en &oelig;uvre &eacute;quilibr&eacute;e des exigences r&eacute;sultant des droits de la soci&eacute;t&eacute; et de ceux du d&eacute;linquant. Il n&rsquo;est jusqu&rsquo;au principe de pr&eacute;somption d&rsquo;innocence qui ne soit contest&eacute;. Finalement une notion appara&icirc;t, ambigu&euml; mais parfois n&eacute;cessaire, celle de &laquo;&nbsp;droit p&eacute;nal de l&rsquo;ennemi&nbsp;&raquo;.</p> <p>Il y a les moments o&ugrave; la mont&eacute;e de violence r&eacute;clame des mesures sp&eacute;cifiques. Il est aussi des zones plus expos&eacute;es que d&rsquo;autres, telles les r&eacute;gions de Bounkani, Tchologo, Folon et du Poro. Cet espace semble particuli&egrave;rement vuln&eacute;rable dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;activisme djihadistes y op&egrave;re une reconfiguration de son centre de gravit&eacute; avec, parfois, mobilisation de l&rsquo;ethnicit&eacute;. L&rsquo;Etat ivoirien a donc d&eacute;cid&eacute;, par un arr&ecirc;t&eacute; de 2019, d&rsquo;y cr&eacute;er des comit&eacute;s d&eacute;partementaux de s&eacute;curit&eacute;, dot&eacute;s de cellules civilo-militaires. Ce sont ces cellules (CCM) qu&rsquo;un groupe de chercheurs de l&rsquo;Universit&eacute; F&eacute;lix-Houphou&euml;t-Boigny a &eacute;tudi&eacute; (article de Kouakou Daniel Yao, Kouakou Rodolphe Menzan et Bakary Ouattara) pour &eacute;valuer leur capacit&eacute; &agrave; faire face &agrave; l&rsquo;extr&eacute;misme violent de la zone. Le diagnostic ne se pr&eacute;sente pas sous la forme d&rsquo;une &eacute;valuation globale des forces et des faiblesses de ce dispositif mais d&eacute;bouche sur une appr&eacute;ciation nuanc&eacute;e de chacune des zones &eacute;tudi&eacute;es. Dans certaines d&rsquo;entre elles ce sont les m&eacute;fiances inter ethniques qui posent probl&egrave;mes, ainsi avec les peulhs de T&eacute;hini. A Bouna, chef-lieu de la r&eacute;gion de Zanzan, les probl&egrave;mes principaux r&eacute;sultent de l&rsquo;orpaillage clandestin, des conflits entre agriculteurs et &eacute;leveurs, des diff&eacute;rends ethniques et fonciers, etc. Pour ce qui est de la ville de Kong, elle est fragilis&eacute;e par les tensions socio-politiques&hellip; Etc. L&rsquo;article se termine par d&rsquo;utiles recommandations pour surmonter ce que les auteurs pr&eacute;sentent, avec une formule d&rsquo;un &eacute;l&eacute;gant euph&eacute;misme, comme des &laquo;&nbsp;vuln&eacute;rabilit&eacute;s&nbsp;&raquo;.</p> <p>La diversit&eacute; de ces neuf articles ne doit pas induire en erreur. Il est, entre toutes ces contributions, un &eacute;l&eacute;ment commun qui tient &agrave; l&rsquo;unit&eacute; et &agrave; la rigueur scientifiques de la m&eacute;thode utilis&eacute;e. Dans les textes publi&eacute;s ici, la part consacr&eacute;e aux questions &eacute;pist&eacute;mologiques est importante&nbsp;: pr&eacute;sentation des th&egrave;mes trait&eacute;s, d&eacute;limitation des notions utilis&eacute;es avec leur d&eacute;finition pr&eacute;cise, d&eacute;limitation de l&rsquo;&eacute;chantillon &eacute;tudi&eacute;e, justification de sa taille et de sa composition, aspects faisant l&rsquo;objet d&rsquo;une investigation pr&eacute;cise&hellip; Il ne s&rsquo;agit pas de se contenter de raisonner sur les formes de criminalit&eacute; et sur les sanctions encourues. C&rsquo;est un minutieux travail d&rsquo;enqu&ecirc;te auquel se livrent la plupart des auteurs. Il ne suffit pas de d&eacute;crire les ph&eacute;nom&egrave;nes de violence, il convient d&rsquo;expliquer en tenant compte de l&rsquo;environnement et de son influence sur les r&eacute;actions des uns et des autres. Des d&eacute;veloppements sur les solutions susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre mises en &oelig;uvre pour en finir avec les habitudes d&eacute;lictueuses ou criminelles, concluent souvent la contribution. Elle ne se veut donc pas seulement scientifiquement impeccable mais aussi utile au point de vue pratique et pouvant &ecirc;tre utilis&eacute;e par le l&eacute;gislateur et les responsables du maintien de l&rsquo;ordre. Ce num&eacute;ro de <em>Crimen</em> est sans doute le plus soigneux du point de vue de la rigueur scientifique.</p>