<h2>I. Introduction&nbsp;: quelques rep&egrave;res th&eacute;oriques</h2> <p>Le monde entier a depuis toujours &eacute;t&eacute; boulevers&eacute; par des crises de toute sorte et de toute nature&nbsp;: crises politiques, crises &eacute;conomiques, crises sanitaires, crises alimentaires, crises sociales, etc. L&rsquo;Afrique est beaucoup plus secou&eacute;e par les crises sociopolitiques, notamment en lien avec les &eacute;lections. Cela nous plonge dans l&rsquo;examen d&rsquo;un th&egrave;me central de port&eacute;e mondiale, qui a &eacute;merg&eacute; et qui depuis, suscite analyses et commentaires&nbsp;: l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;. Que contient ce concept&nbsp;?</p> <p>Avec Peyrefitte (1977), on r&eacute;alise que l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le monde est souvent prise comme une angoisse cristallis&eacute;e sur la peur d&rsquo;&ecirc;tre victime d&rsquo;un crime. L&rsquo;auteur indexe &eacute;galement les moyens de communications comme source d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;. Cela confirme les dires de Garoscio (2006) selon lequel la place accord&eacute;e &agrave; la violence par les m&eacute;dias contribue grandement &agrave; alimenter le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;. Pour Moser (2004), ce qui compte dans un contexte d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;, c&rsquo;est la capacit&eacute; de faire face &agrave; un acte d&eacute;linquant, notamment en termes d&rsquo;attribution causale.</p> <p>Ainsi, l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; est-elle consid&eacute;r&eacute;e comme&nbsp;&laquo;&nbsp;un d&eacute;ficit d&rsquo;appropriation environnementale qui s&rsquo;accompagne d&rsquo;un sentiment d&rsquo;absence de contr&ocirc;le&nbsp;&raquo;, et comme une pr&eacute;occupation pour la s&eacute;curit&eacute; traduisant une inqui&eacute;tude diffuse au sujet du crime et ses causes suppos&eacute;es. Elle appara&icirc;t comme tr&egrave;s li&eacute;e &agrave; l&rsquo;&acirc;ge, aux positions politiques de droit ou externe, et &agrave; un faible capital &eacute;ducatif. Des psychologues comme Kessi&eacute; (1996) s&rsquo;accordent pour dire que l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; est le fait d&rsquo;individus souffrants d&rsquo;un processus d&eacute;fectueux de la socialisation. Pour Renner (1999), l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; r&eacute;side dans l&rsquo;&eacute;volution de la soci&eacute;t&eacute;, de l&rsquo;&eacute;conomie et de l&rsquo;environnement de plus en plus marqu&eacute;e non seulement par la fragmentation li&eacute;e &agrave; la mont&eacute;e du&nbsp;&laquo; tribalisme&nbsp;&raquo; mais aussi par la mondialisation. C&rsquo;est ainsi que Pinatel (1971) disait que&nbsp;la criminalit&eacute; de nos jours n&rsquo;est plus un ph&eacute;nom&egrave;ne r&eacute;siduel, mais un ph&eacute;nom&egrave;ne caract&eacute;ristique de notre soci&eacute;t&eacute; en mutation.</p> <p>En C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, le lien de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; avec les &eacute;lections interpelle plus d&rsquo;un. En effet, le scrutin &eacute;lectoral comme moyen de l&eacute;gitimation des institutions de gouvernance, constitue l&rsquo;un des principaux &eacute;l&eacute;ments qui sont &agrave; l&rsquo;origine des violences et de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine. Selon Madior et Houkp&eacute; (2010), les &eacute;lections, organis&eacute;es pour aboutir &agrave; une transmission pacifique du pouvoir &agrave; un autre r&eacute;gime, font le nid de conflits sociopolitiques. Lesquels conflits d&eacute;bouchent sur des violences et autres actes de d&eacute;linquance, et accro&icirc;t le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;.</p> <p>Toutefois, il est essentiel de distinguer la violence de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;. En effet, la premi&egrave;re consiste en des actes, tandis que la seconde est li&eacute;e aux cons&eacute;quences de ces actes qualifi&eacute;s d&rsquo;&eacute;motions (Rouleau, 1997). N&eacute;anmoins, la th&eacute;matique abord&eacute;e dans cette &eacute;tude invite &agrave; ne pas ignorer la violence &eacute;lectorale dans les manifestations de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;, notamment urbaine et en lien avec le champ politique. Et c&rsquo;est avec Bourdieu (2002), que l&rsquo;on appr&eacute;hende mieux les sp&eacute;cificit&eacute;s de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine rattach&eacute;e au &laquo;&nbsp;champ politique&nbsp;&raquo;. Son &oelig;uvre, en effet, interroge directement la science politique. Pour lui, cette &laquo;&nbsp;pseudo science&nbsp;&raquo; n&rsquo;est qu&rsquo;une mystification visant &agrave; l&eacute;gitimer la vision dominante de la politique comme lieu de conqu&ecirc;te du pouvoir et de production id&eacute;ologique. Il oppose &agrave; cette conception la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;&eacute;tudier la question politique &agrave; travers les conditions sociales de production et de r&eacute;ception du discours politique, afin de d&eacute;voiler la violence symbolique inscrite au c&oelig;ur de la politique.</p> <p>Cette approche permet de percevoir les caract&eacute;ristiques essentielles de la saisie faite par Bourdieu du champ politique. Ce paradigme nous aide &agrave; appr&eacute;hender les faits sociaux tels que l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine, en lien avec le ph&eacute;nom&egrave;ne politique. Le champ politique des villes ivoiriennes dites &agrave; risque en p&eacute;riode &eacute;lectorale, est l&rsquo;un des espaces de la domination symbolique, dans la mesure o&ugrave; il produit des rapports de sens qui fondent la dignit&eacute; ou l&rsquo;indignit&eacute; sociale&nbsp;: impuissance &agrave; participer au jeu, incapacit&eacute; &agrave; en changer les r&egrave;gles et/ou &agrave; le disqualifier. Mucchielli (2010), lui, &eacute;crit que depuis le d&eacute;but du XXe&nbsp;si&egrave;cle, trois p&eacute;riodes ont vu ce th&egrave;me dominer le d&eacute;bat public. Dans les ann&eacute;es 1905-1910, c&rsquo;est la figure des&nbsp;&laquo;&nbsp;apaches&nbsp;&raquo; qui cristallise les peurs et incarne cette dangerosit&eacute; suppos&eacute;e (existence de ph&eacute;nom&egrave;nes de d&eacute;linquance qui doivent &ecirc;tre suffisamment nombreux pour alimenter la chronique quotidienne des faits divers). Au tournant des ann&eacute;es 1950-1960, c&rsquo;est celle des &laquo;&nbsp;blousons noirs&nbsp;&raquo; (instrumentalisation politique de ces ph&eacute;nom&egrave;nes d&eacute;linquants)&nbsp;; et, depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 1990, celle des &laquo;&nbsp;jeunes des cit&eacute;s&nbsp;&raquo; (mise en sc&egrave;ne m&eacute;diatique quotidienne de cette d&eacute;linquance, soit par le biais des faits divers soudainement transform&eacute;s en faits de soci&eacute;t&eacute;, soit en offrant une caisse de r&eacute;sonnance permanente aux effets d&rsquo;annonces politiques relay&eacute;s sans distance d&rsquo;analyse).</p> <p>A la suite de tous ces auteurs, on note qu&rsquo;en d&eacute;pit de plus d&rsquo;une d&eacute;cennie d&rsquo;adoption d&rsquo;une politique de gouvernance d&eacute;mocratique, les indicateurs d&eacute;mocratiques sont relativement inchang&eacute;s et la violence &eacute;lectorale semble entra&icirc;ner des r&eacute;percussions n&eacute;fastes sur la perception des citoyens, sur la d&eacute;mocratie. On note, en effet, une ampleur des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale et la crainte de nouvelles violences &agrave; l&rsquo;approche de toute &eacute;lection. Ces climats d&eacute;l&eacute;t&egrave;res ne laissent personne indiff&eacute;rent au point d&rsquo;interpeller la communaut&eacute; scientifique. Ainsi, dans bon nombre de villes de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (Bonoua, Divo, Bongouanou, Abengourou, Daoukro, Dabou&hellip;), face au bouleversement d&eacute;mographique et malgr&eacute; le m&eacute;tissage, la coh&eacute;sion sociale se serait effrit&eacute;e avec les crises sociopolitiques de plus en plus r&eacute;currentes dans le Pays. En effet, le ph&eacute;nom&egrave;ne de la criminalit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale, par son ampleur, a permis de prendre un certain nombre de mesures : r&eacute;pression, maintien d&#39;ordre, s&eacute;curit&eacute; des biens et des personnes (publics et priv&eacute;s). Cependant, en d&eacute;pit de l&rsquo;existence de ces actions de lutte et de ces dispositions, l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; continue de gagner du terrain avant, pendant et souvent apr&egrave;s les scrutins &eacute;lectoraux dans les villes dites &laquo;&nbsp;Zones rouge&nbsp;&raquo;.</p> <p>Notre &eacute;tude voudrait s&rsquo;int&eacute;resser aux actes ou ph&eacute;nom&egrave;nes criminels &eacute;manant des acteurs politiques (responsables, militants, sympathisants) lors des &eacute;lections dans les villes ivoiriennes. Ainsi, notre sujet s&rsquo;intitule&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale dans la ville de Divo (RCI)&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;analyser la situation s&eacute;curitaire pr&eacute;caire qui pr&eacute;vaut toutefois qu&rsquo;il y a des &eacute;lections organis&eacute;es au niveau politique.</p> <p>Pourquoi les p&eacute;riodes &eacute;lectorales sont-elles &eacute;maill&eacute;es d&rsquo;actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique&nbsp;? Autrement dit, comment le champ politique suscite-t-il des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale&nbsp;? Cette &eacute;tude vise donc d&rsquo;une part &agrave; &eacute;lucider les faits d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; li&eacute;e au champ politique lors des &eacute;lections&nbsp;; et d&rsquo;autre part, &agrave; mettre en lumi&egrave;re la situation des victimes et relever la n&eacute;cessit&eacute;, voire l&rsquo;urgence de la pr&eacute;vention du ph&eacute;nom&egrave;ne.</p> <p>Pour atteindre ces objectifs et r&eacute;pondre aux questions de recherche, il nous a fallu formuler les hypoth&egrave;ses suivantes&nbsp;:</p> <p>H1&nbsp;: Les moments de fortes tensions d&eacute;terminent l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le champ politique &agrave; Divo en p&eacute;riode &eacute;lectorale.</p> <p>H2&nbsp;: L&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le champ politique &agrave; Divo en p&eacute;riode &eacute;lectorale est favoris&eacute;e par le jeu des acteurs politiques.</p> <p>H3&nbsp;: Le fort sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; des populations explique l&rsquo;ampleur des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; Divo.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>II. M&eacute;thodologie</h2> <h3>1. Site et Participants</h3> <p>Cette &eacute;tude a &eacute;t&eacute; effectu&eacute;e dans la commune de Divo.</p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_3290_33_image3.png" /></p> <p>Il s&rsquo;agit des villages et quartiers suivants&nbsp;: Bada, Konankro, Boudoukou, Libreville, Dialogue, Libanais. Toutefois, notre attention s&rsquo;est port&eacute;e sur l&rsquo;ensemble des villages et quartiers &laquo;&nbsp;chauds&nbsp;&raquo;&nbsp;; c&rsquo;est-&agrave;-dire Bada, Libreville, Dialogue 1 &agrave; 5, Konankro, Boudoukou, Libanais, Dioulabougou, Vatican. Elle s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute;e aupr&egrave;s des acteurs et responsables politiques&nbsp;(leaders, militants et sympathisants de partis politiques), des autorit&eacute;s administratives, judiciaires et coutumi&egrave;res, des op&eacute;rateurs &eacute;conomiques, des membres d&rsquo;associations et de mouvements dits apolitiques&nbsp;(transporteurs, commer&ccedil;ants, vendeurs et acheteurs de produits, g&eacute;rants de magasins de cacao, pr&eacute;sidents des jeunes, pr&eacute;sidentes des femmes&hellip;), des agents de s&eacute;curit&eacute; (policiers, gendarmes, etc.), des populations tout venants (fonctionnaires et agents de l&rsquo;Etat).</p> <p>L&rsquo;&eacute;chantillon d&rsquo;enqu&ecirc;te est constitu&eacute; de cent quatre-vingts enqu&ecirc;t&eacute;s.</p> <h3>2. M&eacute;thodes et outils</h3> <p>Les m&eacute;thodes suivantes&nbsp;ont &eacute;t&eacute; utilis&eacute;es :</p> <p>-M&eacute;thode historique&nbsp;: elle nous a aid&eacute; &agrave; savoir pourquoi les actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; varient des p&eacute;riodes ordinaires aux p&eacute;riodes &eacute;lectorales.</p> <p>-M&eacute;thode comparative&nbsp;: elle a permis de relever les sp&eacute;cificit&eacute;s des faits d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine qui surviennent en p&eacute;riode &eacute;lectorale. Elle a &eacute;galement permis de rechercher les dissemblances qui r&eacute;sident dans l&rsquo;occurrence des faits d&rsquo;un quartier et/ou d&rsquo;un village relique (ins&eacute;r&eacute;s dans la ville) &agrave; un autre.</p> <p>-M&eacute;thode dialectique&nbsp;: elle a permis d&rsquo;op&eacute;rer une &laquo;&nbsp;triangulation&nbsp;&raquo; des faits, d&rsquo;entendre des versions des faits de la part des populations et des subordonn&eacute;es qui n&rsquo;&eacute;taient pas toujours conformes aux discours officiels (des instances), ou d&rsquo;entendre des versions des faits dans des apart&eacute;s qui n&rsquo;&eacute;taient pas toujours conformes aux discours tenus en public, comme dans le cas de nos entretiens avec certains taxim&egrave;tres.</p> <p>Les donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; recueillies &agrave; partir de trois techniques &agrave; savoir&nbsp;:</p> <p>-Recherche documentaire&nbsp;: elle a port&eacute; sur des ouvrages sp&eacute;cialis&eacute;s et des m&eacute;moires que nous avons parcourus &agrave; la biblioth&egrave;que de criminologie et sur des sites web.</p> <p>-Observation&nbsp;: cette m&eacute;thode de collecte des donn&eacute;es s&rsquo;est faite d&rsquo;une part de mani&egrave;re indirecte et d&rsquo;autre part de fa&ccedil;on directe. A partir d&rsquo;une grille d&rsquo;observation, nous avons observ&eacute; le comportement des acteurs politiques.</p> <p>-Enqu&ecirc;te-interrogation&nbsp;: un guide d&rsquo;entretien &agrave; caract&egrave;re semi-directif et constitu&eacute; de questions ouvertes a &eacute;t&eacute; utilis&eacute;. En plus, le questionnaire a permis d&rsquo;&eacute;tablir des statistiques sur le ph&eacute;nom&egrave;ne &eacute;tudi&eacute;.</p> <p>Les donn&eacute;es de l&rsquo;&eacute;tude ont &eacute;t&eacute; analys&eacute;es aussi bien qualitativement que quantitativement. L&rsquo;analyse qualitative a permis de comprendre l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; travers les r&eacute;ponses des enqu&ecirc;tes. L&rsquo;analyse quantitative a permis d&rsquo;&eacute;valuer l&rsquo;ampleur de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale en donn&eacute;es chiffr&eacute;es et v&eacute;rifier la logique qui sous-tend ce ph&eacute;nom&egrave;ne.</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2>III. R&eacute;sultats</h2> <h3>1. Types d&rsquo;actes traduisant l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique et manifestations du ph&eacute;nom&egrave;ne</h3> <h4>1.1. Types d&rsquo;actes et manifestations de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine&nbsp;?</h4> <p>Les &eacute;v&egrave;nements des ann&eacute;es 2016 et 2020 illustrent assez bien le cheminement de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; Divo. Les propos TS illustrent cette assertion&nbsp;: &laquo;&nbsp;le camion caravane d&rsquo;un candidat fut incendi&eacute; par les partisans de l&rsquo;un de ses adversaires&nbsp;lors des &eacute;lections de 2016&nbsp;&raquo;.</p> <p>A cela s&rsquo;ajoutent les actes de violence exacerb&eacute;e accompagn&eacute;e de meurtres, de pyromanies, de cambriolages et autres actes de vandalisme suscit&eacute;s par le climat politique au cours de la p&eacute;riode &eacute;lectorale de 2020. Les apparentes contradictions entre les communiqu&eacute;s officiels et les t&eacute;moignages du terrain obligent, mieux invitent &agrave; regarder au-del&agrave; des statistiques polici&egrave;res et judiciaires, et &agrave; distinguer deux regards sur la criminalit&eacute;&nbsp;: celui de l&rsquo;Etat et celui de la soci&eacute;t&eacute;.</p> <p>En effet, la premi&egrave;re constatation est la permanence d&rsquo;une criminalit&eacute; regard&eacute;e comme passag&egrave;re, sp&eacute;cifique aux p&eacute;riodes &eacute;lectorales&nbsp;: des actes qui ne sont pas per&ccedil;us comme relevant d&rsquo;un dysfonctionnement social et ne suscitant donc pas une r&eacute;action sociale classique, voire s&eacute;rieuse. Ces actes sont tr&egrave;s souvent stigmatis&eacute;s et leur r&egrave;glement est pris en charge par les victimes elles-m&ecirc;mes. Ils n&rsquo;inqui&eacute;teront les autorit&eacute;s comp&eacute;tentes qu&rsquo;en raison du surarmement populaire (circulation illicite des ALPC et usage fr&eacute;quent d&rsquo;armes blanches). La police n&rsquo;a pas indiqu&eacute; avoir saisi des armes &agrave; feu parce que, selon un agent interrog&eacute;, ils n&rsquo;ont pas re&ccedil;u d&rsquo;ordre de d&eacute;sarmer quiconque&nbsp;: juste des missions d&rsquo;interposition pour r&eacute;duire les risques pouvant conduire au chaos.</p> <p>La seconde constatation est que les banques, les stations &agrave; essence et les bijouteries ne sont &agrave; peu pr&egrave;s jamais attaqu&eacute;es&nbsp;; les voitures sont rarement vol&eacute;es&nbsp;; les domiciles attaqu&eacute;s sont cibl&eacute;s. La troisi&egrave;me constatation est que l&rsquo;oisivet&eacute; des jeunes nourrit la petite et moyenne d&eacute;linquance (escroquerie, duperies, abus de confiance, etc.) en p&eacute;riode &eacute;lectorale.</p> <p>Ce qui fait la sp&eacute;cificit&eacute; des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; Divo, ce sont les actes d&rsquo;affrontements et de violences (verbales, physiques), les troubles &agrave; l&rsquo;ordre public, le cambriolage chez des personnalit&eacute;s politiques cibl&eacute;es. Des gangs de militants et sympathisants en rupture de paix et de coh&eacute;sion, se livrent &agrave; des batailles rang&eacute;es spectaculaires. Le stress urbain est l&rsquo;un des objets et facteurs d&rsquo;inqui&eacute;tude en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; Divo.</p> <p>Ces actes ont fini par engendrer la peur qui donne &agrave; son tour naissance &agrave; l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; et &agrave; l&rsquo;auto- d&eacute;fense individuelle. En somme, les actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; sont de plus en plus violents, meurtriers, professionnels&nbsp;; et ils paraissent confin&eacute;s dans certains quartiers comme Bada, Konankro, Libreville, Boudoukou, Dialogue, Libanais, etc.</p> <p>Mais quels sont les actes concrets qui traduisent l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; Divo&nbsp;?</p> <h4>1.1.1. Typologie des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale</h4> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_3290_33_image2.png" /></p> <p>Les r&eacute;sultats ont permis de constater que 23,7&nbsp;% soit 56 de nos enqu&ecirc;t&eacute;s sont victimes de vol de leurs biens pendant la p&eacute;riode &eacute;lectorale. Ensuite, 19,9&nbsp;% o&ugrave; 47 personnes sont agress&eacute;es durant la p&eacute;riode &eacute;lectorale, en plus 50&nbsp;% soit 118 personnes subissent des violences. Ensuite, nos r&eacute;sultats confirment que huit personnes sont mortes pendant la p&eacute;riode &eacute;lectorale. On note aussi 3&nbsp;%, soit sept personnes, qui ont vu leurs magasins &ecirc;tre pill&eacute;s.</p> <h4>1.1.2. Manifestations du ph&eacute;nom&egrave;ne</h4> <h5>1.1.2.1. D&eacute;roulement des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;</h5> <p>Le d&eacute;roulement des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; li&eacute;e au champ politique &agrave; Divo en p&eacute;riode &eacute;lectorale s&rsquo;appr&eacute;hende &agrave; trois niveaux&nbsp;: avant, pendant et apr&egrave;s le scrutin.</p> <h6>1.1.2.1.1. Avant le scrutin</h6> <p>La p&eacute;riode &eacute;lectorale commence avec l&rsquo;enr&ocirc;lement des &eacute;lecteurs qui, selon les enqu&ecirc;t&eacute;s suscite de r&eacute;elles tensions, frustrations et autres actes de violences (emp&ecirc;chement de certains individus &agrave; se faire enr&ocirc;ler, bagarres, etc.). Dans le champ politique, cette phase est dite tr&egrave;s importante pour tous les acteurs politiques, au point que tout d&eacute;rapage ou d&eacute;bordement tant au niveau du discours que des faits peut susciter des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;. Les r&eacute;sultats indiquent les actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; qu&rsquo;ils ont subi, sortes d&rsquo;actes d&eacute;lictuels pendant la p&eacute;riode &eacute;lectorale. Le cas des meetings est mieux perceptible avec les propos de KAS&nbsp;: &laquo;&nbsp;apr&egrave;s le lancement de la campagne, deux jours apr&egrave;s, nous sommes all&eacute;s au meeting de notre candidat &agrave; la place Henry Konan B&eacute;di&eacute;, ex-jardin public de Divo de 16h &agrave; 18h. Mais aux environs de 17h par-l&agrave; un groupe de jeunes est venu nous attaquer avec des bois en main. En se d&eacute;fendant, celui-ci n&rsquo;a pas pu se terminer comme on l&rsquo;a souhait&eacute;. Et malheureusement, &ccedil;a toujours &eacute;t&eacute; comme &ccedil;a pour n&rsquo;importe quelle &eacute;lection ici &agrave; Divo depuis 2010&nbsp;&raquo;.</p> <p>Et, nous avons constat&eacute; que les actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; inh&eacute;rents au champ politique commencent le plus souvent en p&eacute;riode &eacute;lectorale. L&rsquo;on pourrait remonter un peu plus loin, comme dans le cas de l&rsquo;annonce de la candidature du pr&eacute;sident Alassane Ouattara &agrave; l&rsquo;&eacute;lection pr&eacute;sidentielle de 2020. Les diff&eacute;rentes versions des faits &eacute;manant des enqu&ecirc;t&eacute;s convergent vers le t&eacute;moignage ci- apr&egrave;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout a commenc&eacute; dans la matin&eacute;e du 21 ao&ucirc;t 2020. Une centaine de femmes issues de l&rsquo;opposition, principalement du Front populaire ivoirien (FPI), du Parti d&eacute;mocratique de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (PDCI-RDA), de l&rsquo;EDS (Ensemble pour la d&eacute;mocratie et la souverainet&eacute;), etc. ont entam&eacute; une marche pour contester la candidature du pr&eacute;sident sortant pour un troisi&egrave;me mandat. Elles &eacute;taient encadr&eacute;es par des jeunes et les responsables locaux des partis d&rsquo;opposition. Arriv&eacute;s &agrave; la gare de transport d&rsquo;Hir&eacute; que les marcheurs n&rsquo;entendaient pas traverser mais simplement contourner, les manifestants sont bloqu&eacute;s par les transporteurs. Le ton monte, l&rsquo;un des responsables de Parti (FPI) est bless&eacute;. Voil&agrave; comment la situation va d&eacute;g&eacute;n&eacute;rer et se transformer en guerre des pierres pendant trois heures de temps au moins. Mais le calme est revenu &agrave; la suite d&rsquo;une m&eacute;diation. C&rsquo;est alors qu&rsquo;un maquis a &eacute;t&eacute; br&ucirc;l&eacute;, tuant un adolescent qui y travaillait pour les vacances. Accusant les transporteurs, les jeunes ont br&ucirc;l&eacute; la gare&nbsp;&raquo;.</p> <p>D&rsquo;autres t&eacute;moignages s&rsquo;ajouteront en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;La ville veille toute la nuit. Les affrontements reprennent le lendemain matin aux aurores et s&rsquo;&eacute;tendent &agrave; plusieurs quartiers. Sur fond d&rsquo;opposition politique et de diff&eacute;rends communautaires entre autochtones Dida et allog&egrave;nes Dioula (Malink&eacute;), certains en profitent pour r&eacute;gler leurs comptes. Il a fallu l&rsquo;arriv&eacute;e de renforts policiers d&rsquo;Abidjan pour que la situation soit contr&ocirc;l&eacute;e. Le bilan &eacute;tait lourd : sept morts et des d&eacute;g&acirc;ts mat&eacute;riels consid&eacute;rables.&nbsp;&raquo;</p> <h6>1.1.2.1.2. Au moment du scrutin</h6> <p>Encore appel&eacute;e phase de la joute &eacute;lectorale (moment du vote), c&rsquo;est &agrave; ce moment que le peuple a son mot &agrave; dire quant au choix de son repr&eacute;sentant, de son porte-parole. Cette phase r&eacute;v&egrave;le la tr&egrave;s grande importance des &eacute;lecteurs qui se bousculent le jour j une fois convaincus ou qui s&rsquo;abstiennent s&rsquo;ils ne per&ccedil;oivent aucun enjeu &agrave; cette op&eacute;ration. Il y en a qui, non pas parce qu&rsquo;ils sont convaincus par un candidat, s&rsquo;aventurent dans les bureaux de vote pour un vote sanction contre des acteurs politiques. Les moments de joutes &eacute;lectorales s&rsquo;&eacute;rigent en &laquo;&nbsp;calvaire&nbsp;&raquo; pour les populations comme l&rsquo;affirme l&rsquo;un de nos enqu&ecirc;t&eacute;s PR : &laquo;&nbsp;moi matin apr&egrave;s mon bain aux environs de 9h, je me suis rendu &agrave; mon bureau de vote EPP Konankro Amiti&eacute;, tous se passaient dans le calme mais vers les 12h les gens sont venus de nulle part pour s&rsquo;en prendre &agrave; nous, mais dans &ccedil;a l&agrave;, on ne sait pas laisser faire quand m&ecirc;me hein. Il y a eu des bless&eacute;s et d&rsquo;autres sont rentr&eacute;s &agrave; la maison et les choses ont repris apr&egrave;s&nbsp;&raquo;.</p> <h6>1.1.2.1.3. A la fin du scrutin</h6> <p>Cette derni&egrave;re phase prend en compte le d&eacute;pouillement, le convoyage des urnes et du mat&eacute;riel de vote, la proclamation des r&eacute;sultats provisoires, les r&eacute;clamations et la consolidation et la proclamation des r&eacute;sultats d&eacute;finitifs. Ces &eacute;tapes suscitent beaucoup de tensions entre les candidats, les partisans, sympathisants et aussi entre les diff&eacute;rentes communaut&eacute;s. En cas de r&eacute;sultats tronqu&eacute;s, la situation peut faire place &agrave; la d&eacute;solation au sein de la population par des troubles de toutes sortes, comme le confirme un enqu&ecirc;t&eacute;, agent de la CEI dans l&rsquo;un des bureaux de vote&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; le responsable dans un centre de vote et au moment du d&eacute;pouillement des bulletins des jeunes gens, je dis bien des jeunes gens sont venus prendre les urnes de force pour les d&eacute;truire avec une violence au point m&ecirc;me que tu ne peux pas t&rsquo;opposer &agrave; eux. Et il faut dire que c&rsquo;est vraiment malheureux, on sait tous pour qui ils font &ccedil;a, bon mais on n&rsquo;a pas le choix donc c&rsquo;est &ccedil;a&nbsp;&raquo;. Nous pouvons comprendre par-l&agrave; que pendant les p&eacute;riodes &eacute;lectorales, il y a des actes de criminalit&eacute; qui mettent &agrave; mal la s&eacute;curit&eacute; des personnes, voire des biens.</p> <h6>1.1.2.1.4. Actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; communs aux trois phases</h6> <p>Des actes sont observ&eacute;s pendant chacune des &eacute;tapes du cycle &eacute;lectoral&nbsp;: il s&rsquo;agit principalement des violences &eacute;lectorales. Ils se produisent tant&ocirc;t avant ou pendant le jour du scrutin. Ils ont lieu aussi juste au lendemain des &eacute;lections.</p> <h5>1.1.2.2. Auteurs et victimes de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale</h5> <h6>1.1.2.2.1. Auteurs de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale</h6> <p>Deux types d&rsquo;auteurs&nbsp;: l&rsquo;un s&rsquo;attaque aux biens (il vole ou cambriole, parfois pour faire vivre sa famille. Il use de la surprise ou de la ruse pour s&rsquo;approprier ce qu&rsquo;il convoitait et prend la fuite si sa tactique &eacute;tait mise en &eacute;chec. Il produit des conditions sociales et est en quelque sorte tol&eacute;r&eacute; par ses victimes potentielles dans une sorte de duel &laquo;&nbsp;&agrave; malin, malin et demi&nbsp;&raquo; o&ugrave; n&rsquo;&eacute;tait en jeu que de l&rsquo;avoir). Le second s&rsquo;attaque aux personnes&nbsp;; il est porteur de mort et fait peur. Il est consid&eacute;r&eacute; par la majorit&eacute; comme relevant de motivations plus individuelles (jalousie, vengeance, etc.). En p&eacute;riode &eacute;lectorale, &agrave; Divo, ces deux cat&eacute;gories se retrouvent impliqu&eacute;es dans les actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; perp&eacute;tr&eacute;s.</p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_3290_33_image1.png" /></p> <p>L&rsquo;&eacute;tude a permis de constater que 53,76 % des auteurs et responsables de toutes sortes de violences sont des jeunes. En outre, on note une fr&eacute;quence de 31,18 % des adultes &acirc;g&eacute;s de 25 ans et plus qui s&rsquo;adonnent &agrave; des activit&eacute;s d&eacute;lictuelles telle que les agressions et les vols pendant la p&eacute;riode &eacute;lectorale. Par ailleurs, les r&eacute;sultats montrent que 15,06&nbsp;% des enqu&ecirc;t&eacute;s soulignent que l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le champ politique &agrave; Divo est le fait des personnes non identifi&eacute;es.</p> <h6>1.1.2.2.2. Victimes de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale</h6> <p>Concernant les victimes de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le champ politique, on note qu&rsquo;aucune couche sociale n&rsquo;est &eacute;pargn&eacute;e. En effet, les victimes des violences, des vols et des agressions sont les riverains (les fonctionnaires, commer&ccedil;ants, &eacute;l&egrave;ves et autres), comme l&rsquo;un de nos enqu&ecirc;t&eacute;s ouvriers &agrave; la scierie de Divo le dit&nbsp;:&nbsp;&laquo; moi quand je revenais du travaille pour aller &agrave; la maison, je ne savais pas ce qui se passait et &agrave; ma surprise suis tomb&eacute; sur un groupe de jeunes entre la mairie et justice de Divo pr&egrave;s du terrain en face de la poste qui ne m&rsquo;ont pas fait cadeau en me prenant tous ce que j&rsquo;avais sur moi et bless&eacute; de tout parts&nbsp;&raquo;.</p> <p>Parall&egrave;lement, les op&eacute;rateurs &eacute;conomiques ne restent pas en marge de la situation d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; dans le champ politique dans la ville de Divo surtout pendant la p&eacute;riode &eacute;lectorale. G&eacute;n&eacute;ralement, ils sont victimes de pillages et parfois de meurtres de leurs personnels. Cela est confirm&eacute; par notre enqu&ecirc;t&eacute; g&eacute;rant du maquis-bar le Guichet-unique du quartier Gr&eacute;mian&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;tais au bar toute la journ&eacute;e et aux environs de 00h il y a eu coupure de courant et c&rsquo;est comme &ccedil;a je suis rentr&eacute; &agrave; la maison et au lendemain arriv&eacute; au bar, je constate les vitres ont &eacute;t&eacute; cass&eacute;es, saccag&eacute;s et tous comme t&eacute;l&eacute;, fauteuils et accessoires ont &eacute;t&eacute; emport&eacute;s&nbsp;&raquo;.</p> <p>Aussi, pour ceux qui ont des magasins de vente de denr&eacute;es alimentaires, ils sont victimes de vol de leurs produits et parfois m&ecirc;me de l&rsquo;argent, selon DT&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ici, quand y a &eacute;lection et ils commencent les affrontements, c&rsquo;est d&rsquo;abord nos magasins ils viennent casser pour soulever les sac de riz, les bidons de huile et ce qui est s&ucirc;r beaucoup de choses quoi, mais nous on perd, on perd de l&rsquo;argent et maintenant que on les conna&icirc;t nous on va fermer nous boutiques quand &ccedil;a va arriver parce que c&rsquo;est pas bon, on est ici nous chercher pas palabre mais c&rsquo;est toujours eux qui venir provoquer nous&nbsp;&raquo;. Il en est de m&ecirc;me pour les vendeuses du grand march&eacute; et des petits march&eacute;s de proximit&eacute; des diff&eacute;rents quartiers de la ville de Divo.</p> <p>Des victimes affirment que la police, qui est charg&eacute;e de garantir leur s&eacute;curit&eacute;, ne le fait pas avec clart&eacute; et est de connivence avec les auteurs de ces crimes qui ont lieux sur leurs espaces&nbsp;: &laquo;&nbsp;nous avons remarqu&eacute; lorsqu&rsquo;il y a affrontement entre nous la population ou entre les diff&eacute;rentes communaut&eacute;s, on a l&rsquo;impression que la police soutient un camp et quand m&ecirc;me il s&rsquo;agit des violences en p&eacute;riode &eacute;lectorale, l&rsquo;intervention de la police est lente et non seulement quand-ils arrivent au lieu de mettre de l&rsquo;ordre mais au contraire ils favorisent un c&ocirc;t&eacute; juste pour nous faire mal et donc on a plus confiance &agrave; la police&nbsp;&raquo;.</p> <p>En somme, les actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale se manifestent par la violation du cadre juridique, les paroles blessantes ou ind&eacute;centes, les assassinats, les coups et blessures entre supporters rivaux, l&rsquo;intimidation des adversaires, des &eacute;lecteurs ou des agents &eacute;lectoraux, le bourrage des urnes, l&rsquo;exclusion de communaut&eacute;s. Il existe donc entre autres : la violence &eacute;lectorale verbale et symbolique, la violence &eacute;lectorale psychologique, la violence &eacute;lectorale physique et la violence &eacute;lectorale structurelle ou institutionnelle. Dans l&rsquo;un ou l&rsquo;autre des cas, les &eacute;lecteurs peuvent &ecirc;tre emp&ecirc;ch&eacute;s de participer au vote, contraints de choisir un candidat contre leur gr&eacute;.</p> <h5>1.1.2.3. Attitudes et comportements des populations vis-&agrave;-vis de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine</h5> <p>La perception et les comportements des populations sont li&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;volution de la criminalit&eacute;&nbsp;; celle-ci a connu un changement aussi bien qualitatif que quantitatif&nbsp;; une &eacute;volution tant dans la forme que dans la nature et l&rsquo;intensit&eacute; ou la fr&eacute;quence. En effet, la criminalit&eacute;, dans l&rsquo;imagerie populaire, est essentiellement le fait d&rsquo;allog&egrave;nes. Cette vision est soutenue, consciemment ou inconsciemment, par la presse &eacute;crite notamment, parce que chaque fois qu&rsquo;il y &eacute;tait question de criminels, il s&rsquo;agissait la plupart du temps de malink&eacute;, burkinab&eacute;, maliens et guin&eacute;ens dont les photographies &eacute;taient largement diffus&eacute;es. &laquo;&nbsp;Ces m&ecirc;mes allog&egrave;nes entrent en sc&egrave;ne lors des &eacute;lections pour comp&eacute;tir avec les autochtones. Ils sont per&ccedil;us comme les agents d&eacute;clencheurs des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ainsi, bien que les premi&egrave;res causes de la criminalit&eacute; demeurent, elles sont consolid&eacute;es par un ph&eacute;nom&egrave;ne nouveau. Non seulement la proportion d&rsquo;&eacute;trangers auteurs d&rsquo;infractions n&rsquo;a pas diminu&eacute;, mais aussi et surtout celle des &laquo;&nbsp;divolais&nbsp;&raquo; ivoiriens a commenc&eacute; &agrave; augmenter &agrave; une allure vertigineuse pour cause surtout de ch&ocirc;mage.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>2. Facteurs explicatifs et cons&eacute;quences de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; Divo</h3> <h4>2.1. Facteurs explicatifs</h4> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_3290_33_image.png" /></p> <p>Les r&eacute;sultats montrent que pour 58 % soit 189 enqu&ecirc;t&eacute;s, l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; est due &agrave; la fraude &eacute;lectorale. En outre, pour 15 % soit 50 enqu&ecirc;t&eacute;s, l&rsquo;abus de pourvoir favorise l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;. On note &eacute;galement pour 12 % des enqu&ecirc;t&eacute;s que les tensions socio-politiques &eacute;taient en &eacute;tat de latence. Par ailleurs, 7 %, soit 25 personnes et 3 % des revendications, soit 10 enqu&ecirc;t&eacute;s estiment que les contradictions qui ont lieu entre les acteurs politiques ne favorisent pas un climat de paix. En fin de compte, 5 % des enqu&ecirc;t&eacute;s mentionnent le non-respect des promesses &eacute;lectorales comme une source des conflits.</p> <h4>2.2. Cons&eacute;quences</h4> <p>Les cons&eacute;quences des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale &agrave; Divo se retrouvent tant&ocirc;t &agrave; un niveau psychologique et social, tant&ocirc;t sur le plan &eacute;conomique.</p> <h2>IV. Discussion et conclusion</h2> <p>Cette &eacute;tude vient confirmer encore une fois l&rsquo;existence de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; qui se d&eacute;veloppe et change de nature selon les villes et les p&eacute;riodes. L&rsquo;augmentation massive des violences contre les personnes, la transformation d&rsquo;une d&eacute;linquance contre les biens en des agressions physiques, g&eacute;n&egrave;rent une demande sociale de s&eacute;curit&eacute; plus forte que jamais. Parall&egrave;lement, cette recherche se veut une sorte de criminog&eacute;n&egrave;se. En effet, elle contribue &agrave; d&eacute;pister les signes avant-coureurs des actes d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en p&eacute;riode &eacute;lectorale en milieu urbain et semi-urbain, sur la base de donn&eacute;es empiriques, statistiques et d&rsquo;analyses approfondies de la r&eacute;alit&eacute; sociale &eacute;tudi&eacute;e.</p> <p>L&#39;objectif de ce travail n&rsquo;est ni subversif, ni partisan, encore moins de remuer le couteau dans la plaie. Il est plut&ocirc;t question de revenir et d&rsquo;&eacute;lucider des faits constitutifs de violations graves des droits de l&rsquo;homme, mais qui n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; suffisamment relay&eacute;s, alors qu&rsquo;il y a eu plusieurs centaines de victimes dont certaines n&rsquo;ont toujours pas eu de recours. Les r&eacute;sultats obtenus confirment chacune de nos hypoth&egrave;ses. Enfin, depuis 2010, le ph&eacute;nom&egrave;ne de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine li&eacute;e au champ politique en p&eacute;riode &eacute;lectorale se p&eacute;rennisant et se g&eacute;n&eacute;ralisant &agrave; Divo et dans certaines villes du pays, il est souhaitable que d&rsquo;autres &eacute;tudes plus approfondies soient men&eacute;es dans l&rsquo;ensemble de ces villes pour &eacute;valuer davantage et pr&eacute;venir la criminalit&eacute; en cette p&eacute;riode. Mais aussi pour obtenir une vue panoramique, voire un portrait assez d&eacute;taill&eacute; de ce ph&eacute;nom&egrave;ne, gage de succ&egrave;s de la mise en place d&rsquo;une politique de pr&eacute;vention.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>&nbsp;</p> <p>-ARAPEJ (2002). &laquo;&nbsp;Ins&eacute;curit&eacute; et campagne &eacute;lectorale&nbsp;&raquo;. Autre temps,&nbsp;n&deg;&nbsp;74, p.&nbsp;75-77.</p> <p>-Berthiaume, D. &eacute;d. (2004). L&rsquo;observation de l&rsquo;enfant en milieu &eacute;ducatif. Editeur Montr&eacute;al&nbsp;: G. Morin.</p> <p>-Bourdieu P. (1996). &laquo; Champ politique, champ des sciences sociales, champ journalistique &raquo;,&nbsp;Cahiers de recherche, n&deg; 15, GRS, Lyon.</p> <p>-Bourdieu P. (1981). Sociologie politique, th&eacute;orie du champ politique, recherche en sciences sociale, n&deg; 34-37, p. 3-4.</p> <p>-Garoscio A. (2006). &laquo;&nbsp;Sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; en milieu urbain&nbsp;&raquo;. Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, n&deg; 69. 33- 46.</p> <p>-Gingras Y. (1995). &laquo;&nbsp;Pour l&rsquo;avancement des sciences. Histoire de l&rsquo;acfas 1923-1993&nbsp;&raquo;. Compte rendu de la revue Recherches sociographiques, vol. 36, n&deg; 3, p. 605- 609.</p> <p>-Grawitz M. (2004). M&eacute;thodes des sciences sociales. 4&egrave;me &eacute;d. Dalloz.</p> <p>-Kouam&eacute; Y. S. (2017). &laquo;&nbsp;Nouchis, zigu&eacute;his et microbes d&rsquo;Abidjan&nbsp;: d&eacute;classement et distinction sociale par la violence de rue en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire&nbsp;&raquo;. Politique Africaine, 4 (148).</p> <p>-Koudou K. R. (1996). Education et d&eacute;veloppement moral de l&rsquo;enfant et l&rsquo;adolescent, Paris&nbsp;: L&rsquo;Harmattan, coll. Espace culturel. 58-59.</p> <p>-Moser, V. (2004). Ins&eacute;curit&eacute; urbaine. Actualis&eacute; par Garoscio (2006).</p> <p>ONU, DAP (2017). &laquo;&nbsp;Violence &eacute;lectorale en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire 2011&nbsp;&raquo;. D&eacute;partement des Affaires Politiques.</p> <p>-Peyrefitte A. (1977). R&eacute;ponses &agrave; la violence&nbsp;: rapport &agrave; Monsieur le Pr&eacute;sident de la R&eacute;publique pr&eacute;sent&eacute; par le comit&eacute; d&rsquo;&eacute;tudes sur la violence, la criminalit&eacute; et la d&eacute;linquance, 270 p.&nbsp;; &laquo;&nbsp;Le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;&nbsp;&raquo;, p. 34-43.</p> <p>-Pinatel J. (1971). La soci&eacute;t&eacute; criminog&egrave;ne. Paris&nbsp;: Calmann-Levy, cit&eacute; par Wob&eacute; (2008).</p> <p>-Renner A. J. (1999). Combat pour la survie&nbsp;: la d&eacute;gradation de l&rsquo;environnement, affrontement social, le nouvel &acirc;ge de s&eacute;curit&eacute;. Paris&nbsp;: Nouveau Horizon.</p> <p>-Rouleau R. (2022). &laquo;&nbsp;L&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine&nbsp;&raquo; T&eacute;ros (Online), 16 (3), URL&nbsp;: http://journals.openedition.org/teoros/576).</p> <p>-Shaw, R. (1994). Safter&nbsp;? Crime political transition and changing Forms of control in South-Africa, Institut for d&eacute;fense Policy.</p> <p>-Thirouard A. (2022). &laquo;&nbsp;Kenya&nbsp;: la commission des droits humains s&rsquo;inqui&egrave;te du climat de la campagne &eacute;lectorale&nbsp;&raquo;. RFI.</p> <p>-Tour&eacute; I. et N&rsquo;Guessan K. (1994). La violence urbaine en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire&nbsp;: Le cas de la ville d&rsquo;Abidjan. 59-108.</p> <p>-TV5 Monde, AFP (2021). RDC&nbsp;: la campagne &eacute;lectorale couvre sous fond d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; &agrave; B&eacute;ni.</p> <p>-UNOWAS (2017). Comprendre la violence &eacute;lectorale pour mieux la pr&eacute;venir.</p> <p>-Vanderschueren F. (2012). &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;volution et les d&eacute;fis de la s&eacute;curit&eacute; dans les villes&nbsp;&raquo;, Chronique ONU.</p> <p>&nbsp;</p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify">&nbsp;</p>