<p>Les Etats africains, comme beaucoup d&rsquo;autres Etats dans le monde, sont confront&eacute;s au terrorisme, un ph&eacute;nom&egrave;ne qui n&rsquo;est certes pas r&eacute;cent, mais qui prend depuis quelques ann&eacute;es des proportions importantes. Un tel mode de revendication, qu&rsquo;il soit politique, id&eacute;ologique ou religieux ne peut pas &ecirc;tre con forme aux principes qui gouvernent notre syst&egrave;me d&rsquo;Etat de droit d&eacute;mocratique.</p> <p>Il y a longtemps, le l&eacute;gislateur malien avait r&eacute;am&eacute;nag&eacute; son arsenal r&eacute;pressif pour &ecirc;tre en phase avec la lutte men&eacute;e par la communaut&eacute; internationale contre ce ph&eacute;nom&egrave;ne de terrorisme avec l&rsquo;adoption d&rsquo;une loi en 2008<a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a>. Plus d&rsquo;une d&eacute;cennie apr&egrave;s, le m&ecirc;me l&eacute;gislateur n&rsquo;a cess&eacute; de vouloir adapter cet arsenal aux &eacute;volutions du terrorisme<a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a>. Il entend ainsi apporter des am&eacute;liorations importantes &agrave; ladite l&eacute;gislation.</p> <p>C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;en 2010, une loi<a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a> a &eacute;t&eacute; adopt&eacute;e puis abrog&eacute;e et remplac&eacute;e par celle du 17 mars 2016<a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a>. En 2013, une autre loi a &eacute;t&eacute; vot&eacute;e, introduisant dans le Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale, des r&egrave;gles sp&eacute;cifiques en mati&egrave;re de proc&eacute;dure<a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a>. C&rsquo;est cette loi qui a institu&eacute; le p&ocirc;le judiciaire sp&eacute;cialis&eacute;, structure comp&eacute;tente pour conna&icirc;tre les proc&eacute;dures contre le terrorisme. Ces diff&eacute;rents instruments juridiques ont conduit &agrave; modifier le syst&egrave;me p&eacute;nal de lutte contre le terrorisme dont l&rsquo;affaire Minist&egrave;re public contre Ousmane AHMAYED est un exemple &eacute;clairant<a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a>.</p> <p>Ces r&eacute;formes se justifient par la volont&eacute; d&rsquo;une plus grande efficacit&eacute; des politiques publiques contre le terrorisme. Le mod&egrave;le sur lequel s&rsquo;est fond&eacute; le l&eacute;gislateur semble conduire vers celui que l&rsquo;on d&eacute;nomme &laquo;&nbsp;droit p&eacute;nal de l&rsquo;ennemi&nbsp;&raquo;. Cet ennemi est identifi&eacute; d&rsquo;une fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, avec un type criminologique d&rsquo;auteur dangereux<a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a>. Si le terrorisme est un danger pour les Etats de droit, la lutte effr&eacute;n&eacute;e contre le terrorisme l&rsquo;est tout autant.</p> <p>Au Mali, la loi de 2008 tente de d&eacute;finir le terrorisme au 1er chapitre par certains actes qui sont une sorte de ratissage &agrave; travers les textes internationaux sur le terrorisme<a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a>.</p> <p>Quant &agrave; la convention d&rsquo;Alger de 1999 ou convention africaine contre le terrorisme, elle propose une d&eacute;finition de l&rsquo;acte de terrorisme en son art. 1(3)&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;un acte pr&eacute;m&eacute;dit&eacute;&nbsp;; le terrorisme peut exister au nom de syst&egrave;me politique.s, religieux, socio-&eacute;conomiques ou autres croyances&nbsp;: Les objectifs du terrorisme sont souvent la peur, l&rsquo;extorsion et un changement radical.</p> <p>En effet, dans son article 1 alin&eacute;a&nbsp;3, la convention africaine sur la pr&eacute;vention et la lutte contre le terrorisme<a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a> d&eacute;finit l&rsquo;acte terroriste comme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout acte ou menace d&rsquo;acte en violation des lois p&eacute;nales de l&rsquo;Etat partie susceptible de mettre en danger la vie, l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; physique, les libert&eacute;s d&rsquo;une personne ou d&rsquo;un groupe de personnes, qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens publics ou priv&eacute;s, aux ressources naturelles, &agrave; l&rsquo;environnement ou au patrimoine culturel, et commis dans l&rsquo;intention&nbsp;:</p> <p>-d&rsquo;intimider, provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener tout gouvernement, organisme, institution, population ou groupe de celle-ci, d&rsquo;engager toute initiative ou de s&rsquo;en abstenir, d&rsquo;adopter, de renoncer &agrave; une position particuli&egrave;re ou d&rsquo;agir selon certains principes&nbsp;;</p> <p>-de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation des services essentiels aux populations ou de cr&eacute;er une situation de crise au sein des populations&nbsp;;</p> <p>-de cr&eacute;er une insurrection g&eacute;n&eacute;rale dans un Etat partie.</p> <p>En tirant une inspiration de tout ce qui pr&eacute;c&egrave;de, on peut proposer une d&eacute;finition du terrorisme, qui serait une forme de combat id&eacute;ologique qui imprime la peur d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment ou cause la violence par la menace ou l&rsquo;action et/ou exploite la peur pour atteindre des objectifs religieux (musulmane g&eacute;n&eacute;ralement), politique. Celui qui utilise cette forme de violence est un terroriste, qui n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; semer la terreur par le moyen d&rsquo;une guerre asym&eacute;trique et de tueries massives.</p> <p>Cette convention d&rsquo;Alger avait contraint les Etats parties &agrave; accepter de r&eacute;viser leur l&eacute;gislation nationale et &agrave; &eacute;tablir comme crimes les actes terroristes tels que d&eacute;finis dans ladite convention et p&eacute;naliser ces actes en tenant compte de leur gravit&eacute;<a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a>. Quant aux droits humains, c&rsquo;est un ensemble de droits, libert&eacute;s et pr&eacute;rogatives reconnus aux hommes en tant que tels<a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a>&nbsp;, c&rsquo;est-&agrave;-dire inh&eacute;rents &agrave; leur seule qualit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre humain.</p> <p>Th&eacute;oris&eacute; par Gunther Jacobs, le droit p&eacute;nal de l&rsquo;ennemi, qui s&rsquo;inscrit dans la tradition initi&eacute;e par Von Liszt et int&egrave;gre des conceptions du droit de punir que ne renierait pas Carl Schmitt, consistait &agrave; l&rsquo;origine, &agrave; relever l&rsquo;existence d&rsquo;incriminations qui anticipent la r&eacute;pression sur l&rsquo;iter criminis en consid&eacute;ration de la dangerosit&eacute; sociale pr&eacute;sum&eacute;e d&rsquo;un auteur qui, se comportant en citoyen d&eacute;loyal et se pla&ccedil;ant ainsi au ban de la communaut&eacute; politique, serait priv&eacute; de certains droits que seule l&rsquo;all&eacute;geance citoyenne permet de r&eacute;clamer<a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a>.</p> <p>Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, l&rsquo;auteur postule qu&rsquo;il&nbsp;&laquo;&nbsp;est possible de proposer un crit&egrave;re de distinction&nbsp;: l&rsquo;aspect personne fait un pas en arri&egrave;re et l&rsquo;aspect ennemi vient sur le devant, quand les droits de la personne sont r&eacute;duits, par ce qu&rsquo;on ne peut plus attendre de la personne un comportement conforme &agrave; la loi dans l&rsquo;avenir, et que ce comportement non conforme est quelque chose de durable (&hellip;) La dangerosit&eacute; de l&rsquo;individu d&eacute;tenu prime sur tout, il est l&rsquo;ennemi de la soci&eacute;t&eacute;, il n&rsquo;est plus un citoyen libre, il n&rsquo;est plus un citoyen qui a la pleine jouissance de tous ses droits&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a>. Cet ennemi est g&eacute;n&eacute;ralement victime de son milieu dans lequel il est grandi, allusion est faite ici au facteur milieu &eacute;ducatif, son environnement socio-&eacute;conomico-politique.</p> <p>A la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, plusieurs Etats ont adopt&eacute; contre la mont&eacute;e en puissance du ph&eacute;nom&egrave;ne terroriste des mesures excessives de protection et une r&eacute;action juridico-p&eacute;nale tr&egrave;s s&eacute;v&egrave;re<a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc">14</a>. Dans ce cas, on pourra dire que le droit criminel l&eacute;gitime le passage du droit p&eacute;nal du d&eacute;linquant de droit commun au droit p&eacute;nal de l&rsquo;ennemi<a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc">15</a>. Ce sont ainsi les principes du droit p&eacute;nal qui sont mis &agrave; mal ainsi que les r&egrave;gles fondamentales de l&rsquo;Etat de droit.</p> <p>L&rsquo;ennemi est d&eacute;fini comme un guerrier plongeant le Code p&eacute;nal dans une autre dimension, celle de la militarisation des infractions et des valeurs. Ce qui veut dire que l&rsquo;ennemi appelle une lutte, une guerre impropre &agrave; un processus judiciaire serein et perturbateur de garanties fondamentales<a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc">16</a>.</p> <p>On entend par proportionnalit&eacute; le principe d&rsquo;ad&eacute;quation des moyens &agrave; un but recherch&eacute;. Le test de proportionnalit&eacute; est relatif ici au degr&eacute; de r&eacute;pression en fonction du principe &eacute;tabli en mati&egrave;re du respect des droits humains.</p> <p>La modernisation du syst&egrave;me p&eacute;nal malien vise &agrave; neutraliser le terroriste comme &eacute;tant l&rsquo;ennemi de la soci&eacute;t&eacute;. Cette mutation du droit p&eacute;nal est fond&eacute;e sur des pratiques d&eacute;gradantes de punitions destin&eacute;es &agrave; combattre ce danger de la soci&eacute;t&eacute;. L&rsquo;application de certaines dispositions de nos textes montre que notre loi p&eacute;nale met en cause les garanties proc&eacute;durales et porte atteinte &agrave; certains droits humains.</p> <p>L&rsquo;articulation de la r&eacute;ponse p&eacute;nale face au ph&eacute;nom&egrave;ne terroriste dans le respect des droits humains demeure pour tout sp&eacute;cialiste du droit p&eacute;nal, pour tout juriste en g&eacute;n&eacute;ral un sujet d&rsquo;une importance particuli&egrave;re d&rsquo;o&ugrave; la question&nbsp;: comment le droit malien peut-il r&eacute;ussir le test de proportionnalit&eacute;&nbsp;? Afin de proposer une r&eacute;ponse &agrave; cette question, il convient de d&eacute;montrer qu&rsquo;il existe une d&eacute;faillance dans la r&eacute;ponse p&eacute;nale face au terrorisme (I) et des insuffisances ou une m&eacute;connaissance de protection des droits humains entra&icirc;n&eacute;es par ces mesures (II).</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2>I. Une d&eacute;faillance dans la r&eacute;ponse p&eacute;nale face au terrorisme</h2> <p>Force est de constater que la r&eacute;ponse p&eacute;nale face au terrorisme est impr&eacute;cise. La tentative de modernisation de la l&eacute;gislation malienne laisse une &eacute;vidence dans l&rsquo;application dissimul&eacute;e du droit p&eacute;nal de l&rsquo;ennemi. On pourra reprocher &agrave; cette modernisation d&rsquo;avoir &eacute;clips&eacute; le principe de l&eacute;galit&eacute; criminelle. Or c&rsquo;est un principe qui est fondamental en mati&egrave;re p&eacute;nale en g&eacute;n&eacute;ral, et particuli&egrave;rement en droit p&eacute;nal de fond<a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc">17</a>. Il implique dans ce dernier domaine cit&eacute; qu&rsquo;aucun comportement ne soit puni, qu&rsquo;aucune sanction ne soit inflig&eacute;e sans une disposition l&eacute;gale pr&eacute;alable. Id&eacute;ologiquement, le principe de l&eacute;galit&eacute; est soutenu par le &laquo;&nbsp;droit &agrave; la s&eacute;curit&eacute; juridique&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc">18</a> et &agrave; &laquo;&nbsp;la libert&eacute; individuelle&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc">19</a>. Formellement, il repose sur les textes internationaux<a href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc">20</a> et nationaux<a href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc">21</a> et impose au l&eacute;gislateur de prendre des textes clairs et pr&eacute;cis. La loi malienne sur le terrorisme ne semble pas respecter cette obligation car elle manque de d&eacute;finition claire de la notion du terrorisme et par l&rsquo;usage de termes vagues dans sa formulation. Il serait int&eacute;ressant de d&eacute;tailler les impr&eacute;cisions de la politique de r&eacute;pression (A) et des r&egrave;gles proc&eacute;durales (B).</p> <p>&nbsp;</p> <h3>A.&nbsp;L&rsquo;impr&eacute;cision des r&egrave;gles de r&eacute;pression ou des textes applicables&nbsp;</h3> <p>Incriminer le terrorisme s&rsquo;est pourtant r&eacute;v&eacute;l&eacute; une t&acirc;che difficile pour les Etats. Ainsi, &laquo;&nbsp;l&rsquo;acte d&rsquo;incrimination a &eacute;t&eacute; confront&eacute; &agrave; deux types de difficult&eacute;s li&eacute;es aux formes de cette criminalit&eacute;. Premi&egrave;rement, le terrorisme est une criminalit&eacute; polymorphe. Deuxi&egrave;mement, malgr&eacute; leur sp&eacute;cificit&eacute;, les actes de terrorisme prennent le plus souvent la forme d&rsquo;un comportement d&eacute;j&agrave; incrimin&eacute; par le droit commun&nbsp;: un meurtre, une prise d&rsquo;otage, une destruction de biens, ou encore le d&eacute;tournement d&rsquo;un moyen de transport&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc">22</a>. Le d&eacute;fi d&rsquo;une incrimination est donc de saisir l&rsquo;ensemble des comportements terroristes malgr&eacute; leur proximit&eacute; avec les incriminations de droit commun et leur irr&eacute;ductibilit&eacute; &agrave; un comportement unique.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. L&rsquo;extension arbitraire des incriminations terroristes</h4> <p>Au Mali, la volont&eacute; du l&eacute;gislateur &agrave; travers la loi malienne n&deg; 08-27/AN-RM du 23 juillet 2008 reste inachev&eacute;e puisqu&rsquo;il laisse planer un doute sur la notion m&ecirc;me du terrorisme<a href="#sdfootnote23sym" name="sdfootnote23anc">23</a>. Celui-ci pr&eacute;f&egrave;re, en lieu et place d&rsquo;une d&eacute;finition expresse, une &eacute;num&eacute;ration comme son titre l&rsquo;indique&nbsp;&laquo;&nbsp;Des actes de terrorisme&nbsp;&raquo;. Face &agrave; l&rsquo;impossibilit&eacute; de d&eacute;finir objectivement la notion de terrorisme, le l&eacute;gislateur malien a opt&eacute; pour une incrimination &eacute;largie pour saisir tous les types de terrorisme. Plusieurs comportements r&eacute;prim&eacute;s d&eacute;j&agrave; en droit commun, sont repris, sauf que c&rsquo;est le but vis&eacute; qui les bascule dans le champ des infractions terroristes.</p> <p>Cette loi ne fait qu&rsquo;emprunter aux diff&eacute;rentes conventions internationales leurs listes d&rsquo;actes terroristes, car elle ne parvient pas &agrave; d&eacute;finir le terrorisme Il est clair &laquo;&nbsp;qu&rsquo;aucune l&eacute;gislation ne donne &lsquo;&rsquo;convenablement&rsquo;&rsquo;<a href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc">24</a> une d&eacute;finition du terrorisme, une telle option d&rsquo;incrimination affaiblit le principe de l&eacute;galit&eacute; de fa&ccedil;on consid&eacute;rable, voire m&ecirc;me l&rsquo;&Eacute;tat de droit&nbsp;&raquo;. Cela montre la complexit&eacute; &agrave; conceptualiser le ph&eacute;nom&egrave;ne. Vu l&rsquo;absence d&rsquo;une d&eacute;finition globale du terrorisme, il pourrait y avoir une instrumentalisation du ph&eacute;nom&egrave;ne par les &Eacute;tats,&nbsp;qui peuvent profiter de cette absence de d&eacute;finition pour r&eacute;gler des probl&egrave;mes politiques conduisant ainsi &agrave; une violation des droits humains, etc.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. L&rsquo;exacerbation des exceptions aux principes directeurs du droit p&eacute;nal</h4> <p>L&rsquo;atteinte port&eacute;e au principe de l&eacute;galit&eacute; par la r&eacute;daction de la loi de 2008 se manifeste par l&rsquo;usage des termes vagues sinon au niveau de l&rsquo;aspect formel, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;exigence d&rsquo;un texte &eacute;crit, le l&eacute;gislateur a satisfait au respect du principe. Or, il est fait au l&eacute;gislateur une obligation de pr&eacute;cision dans la formulation des incriminations<a href="#sdfootnote25sym" name="sdfootnote25anc">25</a>, afin de neutraliser la tentation de certains juges de les &eacute;tendre au-del&agrave; de leur esprit ou de l&rsquo;intention de l&rsquo;auteur.&nbsp;Le recours aux termes vagues dans la formulation des lois de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale et particuli&egrave;rement des lois p&eacute;nales est d&eacute;cri&eacute; par une certaine doctrine. C&rsquo;est le cas de Maurice Hauriou<a href="#sdfootnote26sym" name="sdfootnote26anc">26</a> qui souligne que &laquo;&nbsp;chaque loi est une chauss&eacute;e publique bien pav&eacute;e sur laquelle on peut marcher avec assurance autrement dit la formulation d&rsquo;une loi permet une s&eacute;curit&eacute; en mati&egrave;re de pr&eacute;visibilit&eacute;&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit ici d&rsquo;assurer en tout &eacute;tat de cause l&rsquo;intelligibilit&eacute; et la compr&eacute;hension de la loi par tous.</p> <p>Pour Andr&eacute; Akam-Akam,&nbsp;&laquo;&nbsp;l&rsquo;impr&eacute;cision des termes, leur mauvais emploi ou encore l&rsquo;impr&eacute;cision des phrases constituent des barri&egrave;res &agrave; la compr&eacute;hension de la loi&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote27sym" name="sdfootnote27anc">27</a>. Ce qui veut dire qu&rsquo;un texte lisible est par exemple un texte facile, autrement dit compr&eacute;hensible.&nbsp;La loi ne doit faire l&rsquo;objet d&rsquo;aucune ambigu&iuml;t&eacute;.</p> <p>Les r&eacute;dacteurs de la loi de 2008 portant sur le terrorisme ne semblent pas prendre en compte l&rsquo;exigence de pr&eacute;cision dans la formulation des infractions. En effet, on peut se demander ce que signifie cette formulation&nbsp;&laquo;&nbsp;Lorsque, soit par leur (&hellip;) ils visent &agrave; intimider une population ou &agrave; contraindre un gouvernement ou une organisation internationale &agrave; accomplir ou &agrave; s&rsquo;abstenir d&rsquo;accomplir un acte quelconque&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote28sym" name="sdfootnote28anc">28</a>. Il s&rsquo;agit des termes vagues, au contenu mal d&eacute;limit&eacute;, car une telle formulation que seul le l&eacute;gislateur comprend ne rend pas intelligible la loi. Il est le seul &agrave; appr&eacute;cier non seulement le trouble que cela peut causer et &agrave; d&eacute;terminer aussi les sanctions.</p> <p>Il faut souligner l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la d&eacute;finition selon les juristes p&eacute;nalistes&nbsp;; en droit p&eacute;nal, le principe de l&eacute;galit&eacute; est fondamental. La l&eacute;galit&eacute; des d&eacute;lits et des peines (nullum crimen nulla poena sine lege) est un principe suivant lequel l&rsquo;infraction doit &ecirc;tre d&eacute;finie avec la plus grande pr&eacute;cision afin que des sanctions puissent &ecirc;tre appliqu&eacute;es. Selon eux, ce principe signifie qu&rsquo;une sanction ne peut &ecirc;tre appliqu&eacute;e que pour un acte qui a &eacute;t&eacute; pr&eacute;alablement d&eacute;fini par la loi. Formellement, il repose sur les textes internationaux<a href="#sdfootnote29sym" name="sdfootnote29anc">29</a> et nationaux<a href="#sdfootnote30sym" name="sdfootnote30anc">30</a> et impose au l&eacute;gislateur de prendre des textes clairs et pr&eacute;cis. Par cons&eacute;quent, lorsque la d&eacute;finition de l&rsquo;acte d&eacute;lictueux est insuffisamment pr&eacute;cise, le doute profite &agrave; l&rsquo;accus&eacute; en vertu du principe d&rsquo;interpr&eacute;tation stricte de la loi p&eacute;nale<a href="#sdfootnote31sym" name="sdfootnote31anc">31</a>.</p> <p>La raison est &eacute;vidente&nbsp;: sans une d&eacute;finition pr&eacute;cise du terrorisme, il peut &ecirc;tre ais&eacute; de qualifier de terrorisme des activit&eacute;s qui ne le sont pas. N&rsquo;est-ce point cela qui est en train de se produire un peu partout dans le monde&nbsp;? Pour am&eacute;liorer l&rsquo;efficacit&eacute; de la r&eacute;ponse judiciaire, cela passe notamment par le renforcement de leur capacit&eacute; &agrave; traiter de mani&egrave;re singuli&egrave;re des proc&eacute;dures singuli&egrave;res</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. Une ambigu&iuml;t&eacute; des r&egrave;gles de proc&eacute;dure, source d&rsquo;arbitraire et d&rsquo;&eacute;preuve pour les droits de la d&eacute;fense</h3> <p>&nbsp;</p> <p>On ne surprendra personne en disant que la proc&eacute;dure p&eacute;nale applicable au terrorisme est plac&eacute;e sous le signe de l&rsquo;exception. Face au terrorisme, les l&eacute;gislateurs nationaux doivent agir pour mettre en place une l&eacute;gislation efficace afin de pr&eacute;venir les actes et le cas &eacute;ch&eacute;ant, sanctionner leurs auteurs<a href="#sdfootnote32sym" name="sdfootnote32anc">32</a>.</p> <p>Le d&eacute;veloppement du terrorisme et la n&eacute;cessit&eacute; de la protection &eacute;tatique ainsi que les valeurs humaines ont conduit &agrave; une profonde r&eacute;flexion pour d&eacute;velopper des moyens de lutte antiterroriste<a href="#sdfootnote33sym" name="sdfootnote33anc">33</a>. En raison de la complexit&eacute; des faits de terrorisme et leur dangerosit&eacute;, des r&egrave;gles d&eacute;rogatoires au droit commun ont &eacute;t&eacute; introduites dans la l&eacute;gislation malienne<a href="#sdfootnote34sym" name="sdfootnote34anc">34</a>.</p> <p>Ainsi, avec la loi n&deg; 2013- 016 du 21 mai 2013, le l&eacute;gislateur a montr&eacute; un visage op&eacute;rant pour le tout r&eacute;pressif car il a accru les pouvoirs d&rsquo;investigation des autorit&eacute;s charg&eacute;es de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Les investigations reposent sur des m&eacute;thodes d&rsquo;enqu&ecirc;tes intrusives et restrictives des libert&eacute;s et droits fondamentaux. Cela se manifeste par le d&eacute;veloppement de nouvelles techniques mises &agrave; leur disposition avec notamment le renforcement des pouvoirs des enqu&ecirc;teurs en la mati&egrave;re.</p> <p>Les nouvelles mesures autoris&eacute;es pendant la phase d&rsquo;enqu&ecirc;te mettent en lumi&egrave;re des moyens de contraintes disproportionn&eacute;s contre les droits humains. Il s&rsquo;agit de la garde &agrave; vue, des visites domiciliaires ou perquisitions et des &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>1. La garde &agrave; vue en mati&egrave;re terroriste, un volet fragilisant les droits des pr&eacute;sum&eacute;s innocents</h4> <p>La garde &agrave; vue &laquo;&nbsp;est une mesure particuli&egrave;rement contraignante de r&eacute;tention et donc de privation de libert&eacute; effectu&eacute;e par la police ou la gendarmerie, qui d&eacute;tient seule en l&rsquo;esp&egrave;ce un large pouvoir en d&eacute;cidant du d&eacute;but de la garde &agrave; vue&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote35sym" name="sdfootnote35anc">35</a>. Le placement de la garde &agrave; vue intervient au cours d&rsquo;une enqu&ecirc;te pr&eacute;liminaire ou de flagrant d&eacute;lit. C&rsquo;est un moment crucial dans le proc&egrave;s p&eacute;nal puisqu&rsquo;elle est la premi&egrave;re occasion pour celui qui en fait l&rsquo;objet d&rsquo;entrer s&eacute;rieusement en contact avec le syst&egrave;me r&eacute;pressif.</p> <p>En effet, &laquo;&nbsp;la garde &agrave; vue est un moment clef de l&rsquo;enqu&ecirc;te, car loin d&rsquo;&ecirc;tre uniquement le moyen de garder un suspect &agrave; &laquo;&nbsp;vue&nbsp;&raquo;&nbsp;; elle constitue un moment privil&eacute;gi&eacute; pour obtenir des informations &agrave; la source, un moyen de pression en vue de la coop&eacute;ration du suspect&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote36sym" name="sdfootnote36anc">36</a>. Cette fa&ccedil;on d&rsquo;inciter le suspect &agrave; collaborer l&rsquo;am&egrave;ne souvent &agrave; coop&eacute;rer effectivement, surtout s&rsquo;il n&rsquo;est li&eacute; qu&rsquo;indirectement et qu&rsquo;il peut par-l&agrave;, fournir des indices importants pour l&rsquo;enqu&ecirc;te.&nbsp;Ce m&eacute;canisme se d&eacute;tache donc &laquo;&nbsp;du droit commun par la possibilit&eacute; d&rsquo;en prolonger la dur&eacute;e au-del&agrave; des d&eacute;lais ordinaires, ce qui n&rsquo;est pas sans effet sur les conditions de l&rsquo;intervention de l&rsquo;avocat&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote37sym" name="sdfootnote37anc">37</a>. Il est toutefois original et repose sur des garanties de la libert&eacute; individuelle&nbsp;: elle est en effet, soumise &agrave; une autorisation donn&eacute;e &agrave; la requ&ecirc;te du procureur de la R&eacute;publique.</p> <p>La garde &agrave; vue d&eacute;marre g&eacute;n&eacute;ralement au moment de l&rsquo;interpellation de l&rsquo;individu par les forces de l&rsquo;ordre selon certaine doctrine, pour d&rsquo;autres c&rsquo;est au moment de sa pr&eacute;sentation dans les locaux des services d&rsquo;enqu&ecirc;te. L&rsquo;un ou l&rsquo;autre cas doit faire aussit&ocirc;t l&rsquo;objet d&rsquo;un proc&egrave;s-verbal de notification de d&eacute;but de garde &agrave; vue et d&rsquo;enregistrement sur un registre sp&eacute;cial tenu au lieu de d&eacute;tention.</p> <p>Cette &eacute;tape de garde &agrave; vue est tr&egrave;s importante dans l&rsquo;enqu&ecirc;te. Elle permet de rechercher les complices de tels actes, ce qui pourrait allonger la dur&eacute;e des interrogatoires et, donc, de la garde &agrave; vue. En effet, on pense que l&rsquo;allongement de la garde &agrave; vue peut constituer un moyen de pression pour l&rsquo;individu concern&eacute; ; et surtout pour celui qui n&rsquo;est li&eacute; qu&rsquo;indirectement et qu&rsquo;il peut, par-l&agrave;, fournir des indices importants pour l&rsquo;enqu&ecirc;te.</p> <p>La loi a pr&eacute;vu des modalit&eacute;s d&rsquo;ex&eacute;cution de la garde &agrave; vue, qui portent atteintes aux gard&eacute;s &agrave; vue. La lutte contre le terrorisme dans laquelle le Mali s&rsquo;est engag&eacute; &agrave; apporter beaucoup de modifications dans l&rsquo;arsenal juridique malien. La dur&eacute;e de la garde &agrave; vue selon le Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale de 2001, est de quarante-huit heures. Cette r&egrave;gle ne re&ccedil;oit pas application dans les situations particuli&egrave;res comme le terrorisme. Ce d&eacute;lai peut &ecirc;tre prolong&eacute; de vingt-quatre heures s&rsquo;il existe contre une personne des indices graves et concordants de nature &agrave; motiver son inculpation et sur autorisation &eacute;crite du procureur de la R&eacute;publique<a href="#sdfootnote38sym" name="sdfootnote38anc">38</a>. Au S&eacute;n&eacute;gal par exemple, en la mati&egrave;re, le l&eacute;gislateur p&eacute;nal s&eacute;n&eacute;galais n&rsquo;a pas modifi&eacute; la dur&eacute;e initialement pr&eacute;vue par la loi n&deg; 2007-01 du 12 f&eacute;vrier 2007<a href="#sdfootnote39sym" name="sdfootnote39anc">39</a>, en fixant un d&eacute;lai pouvant aller jusqu&rsquo;&agrave; douze jours<a href="#sdfootnote40sym" name="sdfootnote40anc">40</a>. Ce qui par exemple, explique que l&rsquo;imam Alioune Badara Ndao, arr&ecirc;t&eacute; le 27 octobre 2015 &agrave; son domicile &agrave; Ngane dans la commune de Kaolack, a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute; onze jours apr&egrave;s son arrestation, au juge d&rsquo;instruction. Il l&rsquo;a inculp&eacute; ensuite pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, blanchiment de capitaux dans le cadre d&rsquo;activit&eacute;s terroristes en bandes organis&eacute;es et complicit&eacute;, entre autres chefs d&rsquo;accusation.</p> <p>&Agrave; partir de l&agrave;, l&rsquo;on serait fond&eacute; de partager la crainte exprim&eacute;e par certaines organisations s&eacute;n&eacute;galaises de promotion et de protection des droits humains<a href="#sdfootnote41sym" name="sdfootnote41anc">41</a>. &Agrave; vrai dire, les personnes inqui&eacute;t&eacute;es dans une affaire de terrorisme doivent attendre douze jours<a href="#sdfootnote42sym" name="sdfootnote42anc">42</a> avant d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute;es devant un juge instructeur. Ce qui constitue une violation flagrante du droit &agrave; la libert&eacute; personnelle et les expose &agrave; toutes formes d&rsquo;abus et d&rsquo;atteintes &agrave; son droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable.</p> <p>La loi modifiant le Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale de mai 2013 dispose que pour les auteurs pr&eacute;sum&eacute;s d&rsquo;infractions terroristes ou de crime transnational organis&eacute; et leurs complices, la dur&eacute;e de la garde &agrave; vue est de quarante-huit heures&nbsp;; ce d&eacute;lai peut &ecirc;tre renouvel&eacute; trois fois pour la m&ecirc;me dur&eacute;e. L&rsquo;autorisation &eacute;crite du procureur de la R&eacute;publique ou du juge d&rsquo;instruction est n&eacute;cessaire toute les quarante-huit heures &agrave; compter de la d&eacute;cision de placement en garde &agrave; vue<a href="#sdfootnote43sym" name="sdfootnote43anc">43</a>. Cela veut dire qu&rsquo;un citoyen innocent peut &ecirc;tre gard&eacute; par les forces de s&eacute;curit&eacute; pendant 192 heures. Aussi, aucune compensation n&rsquo;est pr&eacute;vue si l&rsquo;enqu&ecirc;te pr&eacute;liminaire prouve que le suspect gard&eacute; &agrave; vue pendant huit jours est innocent de tout acte, ou m&ecirc;me de complicit&eacute; active ou passive, de terrorisme. Tout ceci doit faire l&rsquo;objet d&rsquo;une r&eacute;flexion vu l&rsquo;importance de la libert&eacute; pour une personne et d&rsquo;&eacute;ventuels pr&eacute;judices que cela peut engendrer dans la vie d&rsquo;une personne.</p> <p>Il convient de signaler que les conditions des personnes gard&eacute;es &agrave; vue ne sont pas loin souvent de l&rsquo;acharnement. Les dispositions relatives &agrave; la garde &agrave; vue r&eacute;v&egrave;lent l&rsquo;institution d&rsquo;une privation de libert&eacute; illimit&eacute;e. Le silence de la loi de 2013 porte une atteinte au droit d&rsquo;&ecirc;tre entendu &eacute;quitablement et dans un d&eacute;lai raisonnable. Le suspect d&rsquo;actes terroristes peut &ecirc;tre alors d&eacute;tenu tout le temps n&eacute;cessaire &agrave; la cl&ocirc;ture de l&rsquo;enqu&ecirc;te par d&eacute;l&eacute;gation judiciaire. La bavure doit &ecirc;tre proscrite, le parquet doit veiller sur les d&eacute;lais de garde &agrave; vue. Ce d&eacute;passement du d&eacute;lai l&eacute;gal est en passe de devenir un principe consacr&eacute; par nos enqu&ecirc;teurs et son contraire souhaitable une exception.</p> <p>Il faut toutefois noter n&eacute;anmoins que huit jours de garde &agrave; vue est souvent peu pour une affaire de terrorisme, compte tenu du fait que le terrorisme concerne d&rsquo;abord le pays tout entier. Les terroristes font partie de r&eacute;seaux d&rsquo;association de criminels malfaiteurs. Avoir des preuves que le pr&eacute;sum&eacute; terroriste est impliqu&eacute; ou non dans une affaire li&eacute;e au terrorisme prend du temps, vu souvent la dimension internationale de l&rsquo;enqu&ecirc;te.</p> <p>Nous partageons l&rsquo;avis de Julie Alix qui affirme que la garde &agrave; vue, permet non seulement aux enqu&ecirc;teurs d&rsquo;obtenir des informations &agrave; la source, mais aussi un moyen de&nbsp;&laquo;&nbsp;pression en vue de la coop&eacute;ration du suspect&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote44sym" name="sdfootnote44anc">44</a>. Ces raisons font que l&rsquo;allongement m&ecirc;me au-del&agrave; de ce qui est pr&eacute;vu peut-&ecirc;tre justifi&eacute;. Le gard&eacute; &agrave; vue dispose de tr&egrave;s peu de droits. Il n&rsquo;est nulle part fait &eacute;tat de son hygi&egrave;ne corporelle, des possibilit&eacute;s qu&rsquo;il a de s&rsquo;alimenter, de se reposer, des conditions mat&eacute;rielles dans lesquelles il doit &ecirc;tre gard&eacute;. Aussi, la garde &agrave; vue des bless&eacute;s et les malades ne fait l&rsquo;objet d&rsquo;aucune disposition particuli&egrave;re, m&ecirc;me s&rsquo;il a le choix de se faire examiner par un m&eacute;decin de son choix, force est de constater qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas des locaux bien am&eacute;nag&eacute;s pour la garde &agrave; vue d&rsquo;un individu n&eacute;cessitant l&rsquo;hospitalisation.</p> <p>Pour pallier ces lacunes, il faudrait proc&eacute;der au recrutement de psychologues, d&rsquo;experts-conseils, ex&eacute;cution d&rsquo;analyses d&rsquo;ADN, d&rsquo;empreintes digitales, vocales, d&rsquo;examens balistiques. Il serait imp&eacute;ratif aussi de mettre des moyens logistiques destin&eacute;s &agrave; assurer la mobilit&eacute; du personnel charg&eacute; des enqu&ecirc;tes (v&eacute;hicules tous terrains, moyens de communication audiovisuelle&hellip;) et la formation technique et juridique de ce personnel.</p> <p>En plus de la garde &agrave; vue, les perquisitions font &eacute;galement l&rsquo;objet d&rsquo;une proc&eacute;dure particuli&egrave;re.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Les perquisitions, intervention de professionnels aguerris et exp&eacute;riment&eacute;s</h4> <p>Une perquisition est d&eacute;cid&eacute;e lorsqu&rsquo;on estime qu&rsquo;elle pourra donner des informations suppl&eacute;mentaires, comme par exemple des preuves, afin de faire la lumi&egrave;re sur une enqu&ecirc;te criminelle. Il faut noter que, &laquo;&nbsp;pour les enqu&ecirc;tes li&eacute;es aux terrorismes, les perquisitions sont r&eacute;gies par des r&egrave;gles d&eacute;rogatoires qui autorisent, dans certaines conditions, leur ex&eacute;cution en dehors des heures l&eacute;gales&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote45sym" name="sdfootnote45anc">45</a>. Ainsi, &laquo;&nbsp;les caract&egrave;res des infractions relatives au terrorisme ont, justifi&eacute; l&rsquo;application des r&egrave;gles d&eacute;rogatoires applicables en mati&egrave;re de perquisitions&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote46sym" name="sdfootnote46anc">46</a>.</p> <p>Les perquisitions ou visites domiciliaires se d&eacute;finissent &laquo;&nbsp;comme la recherche &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un lieu normalement clos, notamment au domicile d&rsquo;un particulier, d&rsquo;indices permettant d&rsquo;&eacute;tablir l&rsquo;existence d&rsquo;une infraction ou d&rsquo;en d&eacute;terminer l&rsquo;auteur&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote47sym" name="sdfootnote47anc">47</a>. En droit commun, les perquisitions peuvent &ecirc;tre effectu&eacute;es dans le cadre de trois r&eacute;gimes diff&eacute;rents, &agrave; savoir le cadre de flagrance, l&rsquo;enqu&ecirc;te pr&eacute;liminaire, o&ugrave; instruction. Les perquisitions rev&ecirc;tent un caract&egrave;re diff&eacute;rent selon la nature de l&rsquo;infraction recherch&eacute;e&nbsp;; l&rsquo;infraction terroriste par exemple.</p> <p>Elles sont des recherches d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments de preuve d&rsquo;une infraction au domicile d&rsquo;une personne ou dans les locaux d&rsquo;une entreprise. Son but fait d&rsquo;elle une v&eacute;ritable atteinte au principe de l&rsquo;inviolabilit&eacute; du domicile surtout garantie par la constitution du Mali<a href="#sdfootnote48sym" name="sdfootnote48anc">48</a>. Mais, &laquo;&nbsp;cela se fait dans le cas o&ugrave; il existe des indices faisant fortement pr&eacute;sumer la commission ou la tentative de commission d&rsquo;actes terroristes ou de crime transnational organis&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote49sym" name="sdfootnote49anc">49</a> et devient normal d&egrave;s que c&rsquo;est justifi&eacute; par une menace terroriste. D&rsquo;o&ugrave; le risque, car n&rsquo;importe quel fonctionnaire pourrait avec diligence brandir une menace terroriste justifi&eacute;e ou non, pour violer le domicile de n&rsquo;importe quel citoyen.</p> <p>Pour respecter le principe sacro-saint de protection de la famille et pour limiter ces violations, la loi les entoure de formalit&eacute;s suffisantes telles que la limitation de l&rsquo;ex&eacute;cution de ces mesures au jour et jamais la nuit, et cela en raison du principe l&rsquo;inviolabilit&eacute; du domicile. Le domicile est per&ccedil;u comme un espace de tranquillit&eacute;, et l&rsquo;apr&egrave;s 21 heures est consid&eacute;r&eacute; comme un moment de sommeil et de r&ecirc;ve. Ces mesures qui &eacute;taient fortement encadr&eacute;es par le Code dans le cadre du respect de l&rsquo;inviolabilit&eacute; du domicile sont devenues banales. En effet, les perquisitions et visites domiciliaires qui ne pouvaient commencer avant six heures et apr&egrave;s vingt et une heure sauf r&eacute;clamation faite de l&rsquo;int&eacute;rieur de la maison, peuvent d&eacute;sormais avoir lieu &agrave; tout moment en vue de renforcer l&rsquo;efficacit&eacute; de la lutte contre le terrorisme et les actes assimil&eacute;s.</p> <p>Il est important de noter qu&rsquo;elles peuvent se faire sans la pr&eacute;sence des personnes mises en cause<a href="#sdfootnote50sym" name="sdfootnote50anc">50</a> sous r&eacute;serve d&rsquo;une autorisation de l&rsquo;autorit&eacute; judiciaire en charge de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Cette d&eacute;rogation au r&eacute;gime des perquisitions effectu&eacute;es dans le cadre de l&rsquo;enqu&ecirc;te pr&eacute;liminaire n&rsquo;est pas n&eacute;cessaire en mati&egrave;re de flagrance ou de l&rsquo;instruction. Le fait que le principe d&rsquo;assentiment n&rsquo;est pas requis dans le cadre de ces proc&eacute;dures, se justifie par la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;agir rapidement, pour rechercher, avant m&ecirc;me l&rsquo;ouverture d&rsquo;une information judiciaire. Ces op&eacute;rations peuvent &eacute;galement &ecirc;tre justifi&eacute;es par la gravit&eacute; des infractions sur lesquelles porte l&rsquo;enqu&ecirc;te et par n&eacute;cessit&eacute; de pr&eacute;venir un risque d&rsquo;atteinte &agrave; la vie. Pour cela, il faut que la requ&ecirc;te soit suffisamment motiv&eacute;e pour voir si les faits entrent dans le champ d&rsquo;application des incriminations terroristes, et d&rsquo;appr&eacute;cier l&rsquo;opportunit&eacute; de la demande adress&eacute;e au procureur de la R&eacute;publique. Les pouvoirs des agents enqu&ecirc;teurs sont donc encadr&eacute;s par le respect du formalisme relatif &agrave; l&rsquo;accomplissement des mesures d&rsquo;investigation.</p> <p>Les recherches et constatations des infractions de terrorisme ne doivent pas &ecirc;tre longues eu &eacute;gard aux cons&eacute;quences d&eacute;plorables qu&rsquo;elles engendrent. Afin de rationaliser sa dur&eacute;e, le l&eacute;gislateur doit miser sur l&rsquo;optimisation des ressources humaines et financi&egrave;res, mais aussi sur l&rsquo;accroissement de l&rsquo;efficience du d&eacute;roulement des investigations. Concr&egrave;tement, il s&rsquo;agit d&rsquo;augmenter le rendement de l&rsquo;activit&eacute; du personnel en sp&eacute;cialisant les investigateurs afin d&rsquo;&eacute;viter que des affaires techniques et complexes ne ralentissent les affaires les plus simples. En outre, &laquo;&nbsp;la technique de la sp&eacute;cialisation peut &ecirc;tre un moyen efficace de r&eacute;pression et de c&eacute;l&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote51sym" name="sdfootnote51anc">51</a> de la justice&nbsp;; d&rsquo;autant plus qu&rsquo;une justice de qualit&eacute; n&rsquo;est pas uniquement celle qui rend des d&eacute;cisions conformes au droit, mais aussi et n&eacute;cessairement celle qui les rend en temps utile&nbsp;; sinon, elle devient inefficiente et in&eacute;quitable, car ne r&eacute;pondant plus aux attentes des justiciables.</p> <p>Il est vrai que les terroristes s&eacute;vissent mais en faire l&rsquo;objet d&rsquo;une descente polici&egrave;re aux environs de minuit, traumatise tout autant. La descente polici&egrave;re est excessive non seulement pour la personne recherch&eacute;e, mais pour tous les membres de la famille et les voisins. C&rsquo;est cette sorte de terrorisme d&rsquo;&Eacute;tat contre les libert&eacute;s individuelles que le l&eacute;gislateur a institu&eacute; en votant cette loi.</p> <p>Le terrorisme au Mali ne m&eacute;rite pas que l&rsquo;on sacrifie une partie de notre libert&eacute; et de nos droits pour le combattre. La premi&egrave;re loi malienne antiterroriste s&rsquo;est inspir&eacute;e de quelques articles de la Constitution du 25 f&eacute;vrier 1992 &eacute;labor&eacute;e par le sang des Maliens. Il s&rsquo;agit du respect de la vie priv&eacute;e, du domicile et de la famille (article 6)<a href="#sdfootnote52sym" name="sdfootnote52anc">52</a>, la libert&eacute; d&rsquo;expression (article 4)<a href="#sdfootnote53sym" name="sdfootnote53anc">53</a>, la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence (article 9)<a href="#sdfootnote54sym" name="sdfootnote54anc">54</a>. De tout ce qui pr&eacute;c&egrave;de, le choix malien en mati&egrave;re de juridiction comp&eacute;tente et de proc&eacute;dure sp&eacute;ciale applicable en cas de poursuite pour cause de terrorisme suscite beaucoup d&rsquo;inqui&eacute;tudes. Le terrorisme est consid&eacute;r&eacute; comme une infraction de droit commun, cependant, il renferme des sp&eacute;cificit&eacute;s qui doivent &ecirc;tre prises en compte &agrave; tous les niveaux. Le l&eacute;gislateur semble banaliser cette &eacute;tape importante dans la r&eacute;pression du terrorisme.</p> <p>Peu importe la nature de l&rsquo;infraction, les droits proc&eacute;duraux m&eacute;ritent d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;serv&eacute;s. Aussi, les personnes interpell&eacute;es dans le cadre des proc&eacute;dures de lutte contre le terrorisme ne m&eacute;ritent-elles le respect syst&eacute;matique de leurs droits, notamment le droit &agrave; la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence, et le droit &agrave; la d&eacute;fense&nbsp;?</p> <p>Les proc&eacute;dures d&eacute;rogatoires t&eacute;moignent de mani&egrave;re &eacute;vidente. Elles pourraient se justifier par la n&eacute;cessit&eacute; de disposer de moyens adapt&eacute;s et donc de m&eacute;thodes plus contraignantes dans une optique d&rsquo;efficacit&eacute; renforc&eacute;e. La dimension internationale du terrorisme n&eacute;cessite &eacute;galement une r&eacute;action concert&eacute;e des &Eacute;tats africains par l&rsquo;instauration de proc&eacute;dures de coop&eacute;ration internationale optimis&eacute;e.</p> <p>L&rsquo;abandon du droit naturel permet au l&eacute;gislateur malien de d&eacute;cider qui est une personne humaine et comment elle est suffisamment prot&eacute;g&eacute;e&nbsp;?</p> <p>&nbsp;</p> <h2>II. M&eacute;connaissance ou insuffisance de protection des droits humains dans la r&eacute;ponse au terrorisme</h2> <p>Il s&rsquo;agit en effet des exc&egrave;s de la proc&eacute;dure p&eacute;nale dans sa r&eacute;ponse au terrorisme. Dans le pr&eacute;ambule de la Constitution du 25 f&eacute;vrier 1992, le peuple malien a proclam&eacute; son attachement aux principes fondamentaux contenus dans la d&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme de 1948 qui contient des standards internationaux d&rsquo;&eacute;quit&eacute; du proc&egrave;s<a href="#sdfootnote55sym" name="sdfootnote55anc">55</a>.</p> <p>La lutte contre le terrorisme, porte en elle des tensions entre des imp&eacute;ratifs d&rsquo;efficacit&eacute; et des imp&eacute;ratifs relatifs &agrave; la pr&eacute;servation des libert&eacute;s individuelles. Ainsi, &laquo;&nbsp;pour enrayer une menace qui p&egrave;se sur les fondements m&ecirc;mes du lib&eacute;ralisme, du pluralisme et de la d&eacute;mocratie ; les &Eacute;tats sont &agrave; la recherche du juste &eacute;quilibre entre la pr&eacute;servation des fondements de l&rsquo;&Eacute;tat de droit et l&rsquo;efficacit&eacute; de la pr&eacute;vention et de la r&eacute;pression&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote56sym" name="sdfootnote56anc">56</a>. L&rsquo;analyse de la nouvelle l&eacute;gislation nous am&egrave;ne &agrave; relever des entorses au proc&egrave;s &eacute;quitable et &eacute;galement la mise en berne de certains droits humains.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3>A. Les entorses &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable, un abus condamnable</h3> <p>Le droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable est, principalement, celui d&rsquo;&ecirc;tre inform&eacute; des accusations et des preuves &agrave; charge, d&rsquo;&ecirc;tre jug&eacute; dans un d&eacute;lai raisonnable, d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; un m&eacute;canisme de r&eacute;examen impartial, d&rsquo;&ecirc;tre indemnis&eacute; en cas de sanctions injustifi&eacute;es portant atteinte aux droits fondamentaux et de conna&icirc;tre les motifs du jugement. Bien que les garanties proc&eacute;durales varient selon que la proc&eacute;dure est de nature civile ou p&eacute;nale, certains droits, d&eacute;coulant du principe de l&rsquo;&eacute;quit&eacute; des proc&egrave;s, doivent &ecirc;tre respect&eacute;s dans tous les cas. Il en est ainsi de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; devant les tribunaux, de la publicit&eacute; du proc&egrave;s, de l&rsquo;ind&eacute;pendance de la justice, de l&rsquo;impartialit&eacute; des juges, du droit &agrave; la d&eacute;fense, etc.<a href="#sdfootnote57sym" name="sdfootnote57anc">57</a></p> <p>Le droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable est un droit fondamental dans le syst&egrave;me de la convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme<a href="#sdfootnote58sym" name="sdfootnote58anc">58</a>. Il englobe toute une s&eacute;rie de garanties accord&eacute;es au justiciable lorsqu&rsquo;il est partie &agrave; un proc&egrave;s&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence, les droits de la d&eacute;fense, le droit &agrave; l&rsquo;assistance d&rsquo;un avocat, le droit &agrave; un recours effectif, &agrave; &ecirc;tre jug&eacute; par un tribunal ind&eacute;pendant et impartial&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote59sym" name="sdfootnote59anc">59</a>. Il est d&rsquo;ailleurs solidement ancr&eacute; dans le droit international de la protection des droits de l&rsquo;homme, et solennellement reconnu par les principaux textes internationaux en la mati&egrave;re<a href="#sdfootnote60sym" name="sdfootnote60anc">60</a>.</p> <p>Les garanties proc&eacute;durales sont des avantages accord&eacute;s au justiciable tout au long du proc&egrave;s p&eacute;nal, qui sont les exigences processuelles d&rsquo;un proc&egrave;s &eacute;quitable entre soci&eacute;t&eacute; et d&eacute;linquant, et le respect du sacrosaint principe de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>1. Les exigences processuelles d&rsquo;une mise en &oelig;uvre &eacute;quitable entre soci&eacute;t&eacute; et d&eacute;linquant&nbsp;</h4> <p>Les r&egrave;gles prot&eacute;geant&nbsp;les droits humains, doivent &ecirc;tre appliqu&eacute;es &agrave; chaque niveau de traitement des affaires impliquant un cas de pr&eacute;sum&eacute; terroriste, en vue d&rsquo;offrir la garantie d&rsquo;un proc&egrave;s &eacute;quitable. En effet, &laquo;&nbsp;le processus relatif aux interpellations ou arrestations, aux poursuites, aux conditions de d&eacute;tention, aux enqu&ecirc;tes, &agrave; l&rsquo;instruction, au jugement et &agrave; l&rsquo;application des peines concernant des personnes pr&eacute;sum&eacute;es terroristes doit &ecirc;tre plac&eacute; sous le contr&ocirc;le effectif du syst&egrave;me judiciaire&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote61sym" name="sdfootnote61anc">61</a>. Toute poursuite concernant des infractions de terrorisme doit &ecirc;tre fond&eacute;e sur une incrimination p&eacute;nale l&eacute;gale pr&eacute;existante. Pour toute condamnation prononc&eacute;e on ne doit infliger que des peines pr&eacute;vues par la loi.</p> <p>La Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme, dans une affaire de lutte contre le terrorisme note ainsi les principes garantissant le proc&egrave;s &eacute;quitable. C&rsquo;est donc &laquo;&nbsp;face aux peines les plus lourdes que le droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable doit &ecirc;tre assur&eacute; au plus haut degr&eacute; possible par les soci&eacute;t&eacute;s d&eacute;mocratiques&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote62sym" name="sdfootnote62anc">62</a>. Chaque personne a droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable offrant les garanties minimales qui consistent en l&rsquo;existence d&rsquo;un tribunal comp&eacute;tent, ind&eacute;pendant, et impartial et cr&eacute;&eacute; en vertu d&rsquo;une loi, qui exerce son pouvoir &eacute;quitablement et publiquement dans un d&eacute;lai raisonnable<a href="#sdfootnote63sym" name="sdfootnote63anc">63</a>. Cela est consacr&eacute; par la constitution malienne.</p> <p>Le respect des droits des personnes pr&eacute;sum&eacute;es auteurs ou soup&ccedil;onn&eacute;es de terrorisme comprend n&eacute;cessairement l&rsquo;observation des r&egrave;gles fondamentales garantissant un proc&egrave;s &eacute;quitable. Ce principe est formul&eacute; dans la charte universelle des droits de l&rsquo;homme<a href="#sdfootnote64sym" name="sdfootnote64anc">64</a> et se retrouve dans le pacte international relatif aux droits civils et politiques<a href="#sdfootnote65sym" name="sdfootnote65anc">65</a>. Le droit de tout pr&eacute;venu d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;fendu par un avocat, le droit de savoir le contenu de la poursuite et du dossier, et le principe du contradictoire sont quelques garanties essentielles de l&rsquo;&eacute;quit&eacute; du proc&egrave;s, tous consacr&eacute; dans la constitution malienne de 1992.</p> <p>Dans le proc&egrave;s p&eacute;nal, &laquo;&nbsp;l&rsquo;avocat &agrave; un r&ocirc;le essentiel &agrave; jouer, car c&rsquo;est lui qui fournit l&rsquo;aide juridique n&eacute;cessaire face &agrave; la complexit&eacute; des dispositions p&eacute;nales en la mati&egrave;re&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote66sym" name="sdfootnote66anc">66</a>. C&rsquo;est lui le t&eacute;moin vigilant de la r&eacute;gularit&eacute; du proc&egrave;s. Il organise la d&eacute;fense du pr&eacute;venu devant un tribunal. Les organisations internationales recommandent le respect des droits de la d&eacute;fense et des personnes, comme la d&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme dont l&rsquo;article 9 &eacute;nonce&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Nul ne peut &ecirc;tre arbitrairement arr&ecirc;t&eacute;, d&eacute;tenu, ni exil&eacute; arr&ecirc;t&eacute;&nbsp;<a href="#sdfootnote67sym" name="sdfootnote67anc">67</a>&raquo; et l&rsquo;article 10 rench&eacute;rit :&nbsp;&laquo;&nbsp;Toute personne a droit en pleine &eacute;galit&eacute;, &agrave; ce que sa cause soit entendue &eacute;quitablement et publiquement par un tribunal ind&eacute;pendant et impartial&hellip;&nbsp;<a href="#sdfootnote68sym" name="sdfootnote68anc">68</a>&raquo;. La charte africaine dispose les m&ecirc;mes dispositions en son article 7<a href="#sdfootnote69sym" name="sdfootnote69anc">69</a>.</p> <p>La Constitution malienne se montre elle aussi garante des droits de la d&eacute;fense. Ainsi, l&rsquo;article 9 al. 4 de la Constitution du Mali affirme&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;le droit de la d&eacute;fense y compris celui de se faire assister par l&rsquo;avocat de son choix est garanti depuis l&rsquo;enqu&ecirc;te pr&eacute;liminaire<a href="#sdfootnote70sym" name="sdfootnote70anc">70</a>&nbsp;&raquo;. Ce droit vis&eacute; ici, &eacute;quivaut dans l&rsquo;esprit du constituant l&rsquo;exercice du droit de la d&eacute;fense. Il est suivi de l&rsquo;article 10 qui prescrit que&nbsp;&laquo;&nbsp;toute personne faisant l&rsquo;objet d&rsquo;une mesure privative de libert&eacute; a le droit de se faire examiner par un m&eacute;decin de son choix&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote71sym" name="sdfootnote71anc">71</a>.&nbsp;Cela se traduit par le fait que toute personne a le droit d&rsquo;&ecirc;tre repr&eacute;sent&eacute;e par un avocat de son choix, et par le fait que l&rsquo;&Eacute;tat est oblig&eacute; de fournir une aide juridictionnelle gratuite &agrave; la personne en cause si, cette derni&egrave;re n&rsquo;est pas en mesure d&rsquo;en b&eacute;n&eacute;ficier.</p> <p>Par ailleurs, l&rsquo;assistance d&rsquo;un avocat pour les suspects arr&ecirc;t&eacute;s dans des zones &eacute;loign&eacute;es et d&rsquo;acc&egrave;s difficile est souvent impossible, l&rsquo;aide judiciaire &eacute;tant pratiquement inexistante, ceci constitue une difficult&eacute; majeure.</p> <p>En mati&egrave;re de lutte contre le terrorisme, les droits de la d&eacute;fense sont mis &agrave; mal et cela commence &agrave; partir des arrestations et se poursuit avec les gardes &agrave; vue irr&eacute;guli&egrave;res et les d&eacute;tentions arbitraires. Ces faits aboutissent tr&egrave;s g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; des proc&egrave;s in&eacute;quitables. Les personnes soup&ccedil;onn&eacute;es d&rsquo;actes terroristes voient souvent dans ce cas leur proc&egrave;s entach&eacute; d&rsquo;irr&eacute;gularit&eacute;s. A noter que les affaires de terrorisme dans la plupart des &Eacute;tats africains sont toujours trait&eacute;es par des tribunaux sp&eacute;ciaux.</p> <p>Le droit de savoir et le droit &agrave; un d&eacute;bat contradictoire font &eacute;galement partie des principaux droits de la d&eacute;fense, consid&eacute;r&eacute; comme les composantes des droits &agrave; la d&eacute;fense. Le droit pour le suspect d&rsquo;avoir connaissance du contenu de la poursuite et du dossier semble &ecirc;tre couvert par le droit d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; un avocat dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;avocat d&eacute;sign&eacute; est contact&eacute; par la personne interpell&eacute;e ou toute personne d&eacute;sign&eacute;e.</p> <p>Le droit de savoir est amplement reconnu &agrave; la personne mise en cause. Ainsi, d&egrave;s l&rsquo;enqu&ecirc;te pr&eacute;liminaire et avant tout interrogatoire ou audition, l&rsquo;officier de police judiciaire doit porter &agrave; la connaissance de l&rsquo;int&eacute;ress&eacute; son droit de se faire assister d&rsquo;un avocat et mention en est fait au proc&egrave;s-verbal<a href="#sdfootnote72sym" name="sdfootnote72anc">72</a>. On peut constater &agrave; travers certaines dispositions que le l&eacute;gislateur insiste sur le respect des droits de la d&eacute;fense aussi bien au niveau de l&rsquo;enqu&ecirc;te que de l&rsquo;instruction.</p> <p>Condition de droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable, la conduite des enqu&ecirc;tes doit &ecirc;tre contradictoire et susceptible de pr&eacute;server les droits des parties. Par ce principe, l&rsquo;autorit&eacute; judiciaire charg&eacute;e de l&rsquo;enqu&ecirc;te doit &agrave; tout prix garantir aux justiciables le b&eacute;n&eacute;fice d&rsquo;un d&eacute;bat loyal au cours du jugement. Il est important de rappeler que pour l&rsquo;&eacute;quit&eacute; du proc&egrave;s, le droit de participer &agrave; son propre proc&egrave;s est essentiel pour toute personne accus&eacute;e dans une affaire.</p> <p>Contrairement au stade de l&rsquo;instruction, les proc&eacute;dures en phase de jugement ont un caract&egrave;re accusatoire et se limitent &agrave; un affrontement contradictoire, oral et public. Le magistrat doit &ecirc;tre en mesure d&rsquo;appuyer son jugement sur les arguments invoqu&eacute;s au cours de la plaidoirie et discut&eacute;s oralement, en pr&eacute;sence des parties au proc&egrave;s. De m&ecirc;me, &laquo;&nbsp;le droit de suggestion est au c&oelig;ur m&ecirc;me du contradictoire puisqu&rsquo;il est celui de faire entendre sa voix, d&rsquo;indiquer au juge ses moyens de d&eacute;fense&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote73sym" name="sdfootnote73anc">73</a>. Elle est la personne accus&eacute;e la mieux indiqu&eacute;e pour identifier des t&eacute;moignages &agrave; charge et des &eacute;l&eacute;ments de preuve &agrave; contester. L&rsquo;inculp&eacute; pourra demander une expertise, solliciter l&rsquo;accomplissement d&rsquo;actes particuliers. La contestation peut aussi porter sur la d&eacute;cision &agrave; travers l&rsquo;exercice des voies de recours. Toutefois, il peut arriver que dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;une bonne administration de la justice, des proc&egrave;s par d&eacute;faut soient autoris&eacute;s. C&rsquo;est le cas par exemple lorsque l&rsquo;accus&eacute;, bien qu&rsquo;inform&eacute; du proc&egrave;s suffisamment &agrave; l&rsquo;avance, refuse d&rsquo;exercer son droit d&rsquo;y &ecirc;tre pr&eacute;sent. Dans ce cas, toutes les mesures doivent &ecirc;tre prises pour notifier &agrave; l&rsquo;accus&eacute; les charges retenues contre lui, ainsi que la date et l&rsquo;heure du proc&egrave;s.</p> <p>Ces exigences se justifient par le droit au respect de la vie priv&eacute;e. La question demeure maintenant de savoir si l&rsquo;on doit continuer &agrave; m&eacute;conna&icirc;tre dans le contexte de la lutte contre le terrorisme les droits et libert&eacute;s fondamentaux des justiciables au nom de la s&eacute;curit&eacute;. C&rsquo;est dans ce sens que le respect &agrave; la loyaut&eacute; proc&eacute;durale est un d&eacute;fi pour tous les Etats de droit, y compris le Mali dans le cadre de cette lutte. Le respect des droits humains est indispensable &agrave; la cr&eacute;dibilit&eacute; de la justice, malgr&eacute; les enjeux s&eacute;curitaires de la lutte contre le terrorisme.&nbsp;</p> <p>L&rsquo;une des difficult&eacute;s essentielles du droit r&eacute;pressif est d&rsquo;&eacute;tablir un &eacute;quilibre entre les int&eacute;r&ecirc;ts de la soci&eacute;t&eacute; et l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la personne, afin d&rsquo;aboutir &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable. Le r&eacute;gime r&eacute;pressif doit &ecirc;tre d&eacute;ploy&eacute; sous-tendu de principe directeur au rang desquels figurent le droit &agrave; la d&eacute;fense et la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence. Malgr&eacute; leur caract&egrave;re indispensable, ces deux principes semblent n&eacute;glig&eacute;s en mati&egrave;re de lutte contre le terrorisme.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Le respect du sacrosaint principe de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence, une valeur morale du proc&egrave;s</h4> <p>La pr&eacute;somption est une supposition fond&eacute;e sur des signes de vraisemblance ou encore une anticipation sur ce qui n&rsquo;est pas prouv&eacute;. Ainsi, &laquo;&nbsp;le droit &agrave; la pr&eacute;somption a donc pour objet ce type de v&eacute;rit&eacute;s conjoncturelles&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote74sym" name="sdfootnote74anc">74</a>. On retrouve la pr&eacute;somption dans plusieurs disciplines juridiques, il en sera question ici de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence.</p> <p>Le principe de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence signifie que &laquo;&nbsp;la personne poursuivie ou simplement soup&ccedil;onn&eacute;e est innocente tant que sa culpabilit&eacute; n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; retenue par une d&eacute;cision de justice devenue irr&eacute;vocable&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote75sym" name="sdfootnote75anc">75</a>. La r&egrave;gle r&eacute;pond sans nul doute &agrave; un souci de justice. C&rsquo;est une pr&eacute;somption l&eacute;gale, c&rsquo;est-&agrave;-dire que, le raisonnement sur lequel elle repose est le fait de la loi et non du juge. C&rsquo;est un principe incontournable du droit p&eacute;nal qui repose sur des fondements textuels<a href="#sdfootnote76sym" name="sdfootnote76anc">76</a>. Chacun s&rsquo;accorde &agrave; dire que la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence est un des fondements du droit p&eacute;nal. Ce principe est &eacute;galement consolid&eacute; par sa cons&eacute;cration aussi par des textes nationaux<a href="#sdfootnote77sym" name="sdfootnote77anc">77</a> et internationaux<a href="#sdfootnote78sym" name="sdfootnote78anc">78</a> en raison des cons&eacute;quences importantes qu&rsquo;elle produit dans la protection des libert&eacute;s individuelles. Dans ses dispositions pr&eacute;liminaires, le Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale &eacute;nonce que &laquo;&nbsp;Toute personne suspect&eacute;e ou poursuivie est pr&eacute;sum&eacute;e innocente tant que sa culpabilit&eacute; n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; &eacute;tablie. Les atteintes &agrave; sa pr&eacute;somption d&rsquo;innocence sont pr&eacute;venues, r&eacute;par&eacute;es et r&eacute;prim&eacute;es dans les conditions pr&eacute;vues par la loi&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote79sym" name="sdfootnote79anc">79</a>. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un principe g&eacute;n&eacute;ral relatif &agrave; la r&eacute;partition de la charge de la preuve.</p> <p>La pr&eacute;somption d&rsquo;innocence doit &eacute;galement &ecirc;tre respect&eacute;e au cours des proc&egrave;s terroristes. Le minist&egrave;re public &eacute;tant le demandeur &agrave; l&rsquo;instance, il doit bien entendu prouver que la personne poursuivie est bien l&rsquo;auteur des faits qu&rsquo;il poursuit&nbsp;: actori incumbit probatio c&rsquo;est-&agrave;-dire la preuve incombe au demandeur. Pour les infractions terroristes, c&rsquo;est la partie poursuivante qui doit ramener la preuve de tous les &eacute;l&eacute;ments constitutifs de l&rsquo;infraction. En cas de doute raisonnable, cela profite &agrave; la personne poursuivie. C&rsquo;est un principe &eacute;l&eacute;mentaire de toute proc&eacute;dure que le juge ne peut, d&eacute;cider de la cause que suivant les preuves qui ont &eacute;t&eacute; r&eacute;unies.</p> <p>En mentionnant le respect de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence dans la loi de 2001, le l&eacute;gislateur malien ne s&rsquo;est pas simplement content&eacute; d&rsquo;une affirmation g&eacute;n&eacute;rale en t&ecirc;te du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale. Ces dispositions permettent au justiciable confront&eacute; &agrave; la justice r&eacute;pressive de faire respecter son droit &agrave; la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence.</p> <p>En effet, ce droit subjectif existe tant au stade de l&rsquo;enqu&ecirc;te ou de l&rsquo;instruction judiciaire, qu&rsquo;&agrave; la suite d&rsquo;une d&eacute;cision reconnaissant l&rsquo;innocence de l&rsquo;individu. Il y a lieu de pr&eacute;ciser que si cette derni&egrave;re d&eacute;cision devient d&eacute;finitive, la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence dispara&icirc;t au profit de l&rsquo;innocence pure et simple.</p> <p>En mati&egrave;re de protection de pr&eacute;somption d&rsquo;innocence, &laquo;&nbsp;le pr&eacute;sum&eacute; innocent ne doit pas &ecirc;tre diffam&eacute;, calomni&eacute; ou faire l&rsquo;objet de publicit&eacute;, si les preuves de sa culpabilit&eacute; ne sont pas rapport&eacute;es&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote80sym" name="sdfootnote80anc">80</a>. Ainsi, qu&rsquo;il soit suspect, pr&eacute;venu, inculp&eacute; ou accus&eacute;, il devrait &ecirc;tre trait&eacute; normalement au m&ecirc;me pied d&rsquo;&eacute;galit&eacute; qu&rsquo;une personne qui n&rsquo;est pas en proc&egrave;s, qui n&rsquo;a rien &agrave; voir avec la justice. Elle ne doit donc pas &ecirc;tre priv&eacute;e de sa libert&eacute; au cours du proc&egrave;s. Sur cette base, toute atteinte &agrave; sa r&eacute;putation doit &ecirc;tre sanctionn&eacute;e. Toute d&eacute;cision visant &agrave; placer une personne en d&eacute;tention dans l&rsquo;attente de son proc&egrave;s doit &ecirc;tre conforme &agrave; ce principe. Au cours du proc&egrave;s, les juges doivent y veiller.</p> <p>Au Mali, les suspects terroristes sont parfois d&eacute;tenus pendant de nombreux mois malgr&eacute; l&rsquo;absence tangible d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments de preuve. Le juge rencontre souvent des difficult&eacute;s majeures pour instruire le dossier&nbsp;: il n&rsquo;y a aucun &eacute;l&eacute;ment de preuve qui puisse &eacute;tayer les charges dans le dossier, pas d&rsquo;&eacute;l&eacute;ment mat&eacute;riel ni de t&eacute;moignage qui soutiennent les motifs de l&rsquo;arrestation, pas d&rsquo;enqu&ecirc;te de voisinage. Souvent, certains juges d&rsquo;instruction n&rsquo;h&eacute;sitent pas par cl&eacute;mence &agrave; prendre des ordonnances de non-lieu pour insuffisance de preuves, respectant ainsi le principe de pr&eacute;somption d&rsquo;innocence.</p> <p>La pr&eacute;somption d&rsquo;innocence impose le principe d&rsquo;impartialit&eacute; au juge lors des proc&egrave;s terroristes. L&rsquo;impartialit&eacute; s&rsquo;analyse &agrave; partir de celui qui agit sans r&eacute;f&eacute;rence &agrave; un tiers. Ce principe conduit donc &laquo;&nbsp;&agrave; &eacute;viter que le juge ne succombe pas aux pressions et invitations des tiers, d&rsquo;une part, qu&rsquo;il ne fasse pas intervenir ses pr&eacute;jug&eacute;s, convictions ou passions, d&rsquo;autre part&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote81sym" name="sdfootnote81anc">81</a>. Le juge ne doit donc pas avoir un penchant en faveur d&rsquo;une des parties.</p> <p>L&rsquo;impartialit&eacute; du juge est prescrite par l&rsquo;article premier du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale selon lequel la proc&eacute;dure p&eacute;nale doit &ecirc;tre &eacute;quitable, contradictoire et pr&eacute;server l&rsquo;&eacute;quilibre des droits des parties. Le l&eacute;gislateur malien en mati&egrave;re de lutte contre le terrorisme cr&eacute;e une sorte de zizanie, d&rsquo;une part&nbsp;; les d&eacute;fenseurs des droits humains consid&egrave;rent que les mesures adopt&eacute;es sont non seulement liberticides, mais affaiblissent aussi les garanties d&rsquo;un proc&egrave;s &eacute;quitable, d&rsquo;autre part. Les autorit&eacute;s consid&egrave;rent que vu la gravit&eacute; de la menace, il serait mieux de durcir la loi dans le souci d&rsquo;amener un maximum de s&eacute;curit&eacute; aux populations qui sont les plus expos&eacute;es. C&rsquo;est pour cette raison que le l&eacute;gislateur a proc&eacute;d&eacute; &agrave; un r&eacute;am&eacute;nagement des textes<a href="#sdfootnote82sym" name="sdfootnote82anc">82</a>.</p> <p>Il incombe aux magistrats de veiller au respect du principe de pr&eacute;somption d&rsquo;innocence, pour qu&rsquo;elle ne soit pas vid&eacute;e de son contenu. Ils doivent prot&eacute;ger les droits et les libert&eacute;s des individus et respecter les diff&eacute;rents droits proc&eacute;duraux pr&eacute;vus dans le droit national. Il a &eacute;galement &eacute;t&eacute; r&eacute;v&eacute;l&eacute; dans la nouvelle l&eacute;gislation malienne sur le terrorisme la mise en berne de certains droits humains.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. La mise en berne de certains droits humains, un fait &agrave; corriger</h3> <p>Les mesures prises pour lutter contre le terrorisme ne sont pas toujours respectueuses des droits humains. M&ecirc;me si la lutte contre le terrorisme demande des mesures d&rsquo;exception, ces mesures doivent respecter au mieux les droits humains. Mais on constate dans plusieurs l&eacute;gislations de graves atteintes aux droits humains comme les atteintes au droit &agrave; la vie, les traitements inhumains et d&eacute;gradants. Les droits humains sont des droits inh&eacute;rents &agrave; la nature humaine, donc ant&eacute;rieurs et sup&eacute;rieurs &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat. Ils sont le fondement de la libert&eacute;, de la justice, de la paix<a href="#sdfootnote83sym" name="sdfootnote83anc">83</a>. Leur respect permet &agrave; l&rsquo;homme de s&rsquo;&eacute;panouir. Raison pour laquelle, face &agrave; la lutte contre le ph&eacute;nom&egrave;ne terroriste, la question des droits humains s&rsquo;est toujours pos&eacute;e, bien qu&rsquo;il ait fallu attendre la conf&eacute;rence mondiale de Vienne du 14 au 24 juin 1993<a href="#sdfootnote84sym" name="sdfootnote84anc">84</a> pour que le lien existant soit &eacute;tabli. &Agrave; la suite de cette conf&eacute;rence, il a &eacute;t&eacute; affirm&eacute; que les droits de l&rsquo;homme sont universels, indivisibles, interd&eacute;pendants et intimement li&eacute;s. Les participants engageaient les &Eacute;tats &agrave; promouvoir et &agrave; prot&eacute;ger l&rsquo;ensemble des droits de l&rsquo;homme pour tous, quel que soit leur syst&egrave;me politique, &eacute;conomique et culturel<a href="#sdfootnote85sym" name="sdfootnote85anc">85</a>.</p> <p>Malgr&eacute; le fait que la convention d&rsquo;Alger dispose &laquo;&nbsp;qu&rsquo;aucune disposition de la pr&eacute;sente convention ne peut &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;e comme d&eacute;rogatoire aux principes g&eacute;n&eacute;raux du droit international humanitaire&nbsp;&raquo;, les droits humains semblent ignor&eacute;s dans les l&eacute;gislations nationales mises en place pour lutter contre le terrorisme. La convention pr&eacute;cise que dans la lutte contre le terrorisme, aucune mesure d&eacute;rogatoire &agrave; la charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples ne doit &ecirc;tre prise.</p> <p>Pourtant dans la pratique des Etats, de nombreux comportements portant atteinte aux droits humains sont adopt&eacute;s m&ecirc;me s&rsquo;ils ne sont pas inscrits officiellement dans les textes, ils sont, la plupart du temps, ni&eacute;s.</p> <p>Les &Eacute;tats, pour lutter contre le terrorisme passent le plus souvent par la torture,&nbsp;qui fait l&rsquo;objet d&rsquo;une condamnation universelle, m&ecirc;me si aucun texte incriminant les actes terroristes n&rsquo;y fait allusion. Le droit &agrave; la vie priv&eacute;e fait &eacute;galement objet d&rsquo;atteintes graves dans la lutte contre le terrorisme. Il convient donc d&rsquo;examiner deux de ces droits essentiels qui font l&rsquo;objet d&rsquo;atteintes s&eacute;rieuses des personnes soup&ccedil;onn&eacute;es d&rsquo;activit&eacute;s terroristes.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>1. La notion de torture&nbsp;en mati&egrave;re de terrorisme&nbsp;</h4> <p>Le terme &laquo;&nbsp;torture&nbsp;&raquo; d&eacute;signe tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigu&euml;s, physiques ou mentales sont intentionnellement inflig&eacute;es &agrave; une personne aux fins notamment d&rsquo;obtenir d&rsquo;elle ou d&rsquo;une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d&rsquo;un acte qu&rsquo;elle ou une tierce personne a commis ou est soup&ccedil;onn&eacute;e d&rsquo;avoir commis, de l&rsquo;intimider ou de faire pression sur elle ou d&rsquo;intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fond&eacute; sur une forme de discrimination quelle qu&rsquo;elle soit, lorsqu&rsquo;une telle douleur ou de telles souffrances sont inflig&eacute;es par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant &agrave; titre officiel ou &agrave; son instigation ou avec son consentement expr&egrave;s ou tacite<a href="#sdfootnote86sym" name="sdfootnote86anc">86</a>. Ce terme ne s&rsquo;&eacute;tend pas &agrave; la douleur ou aux souffrances r&eacute;sultant uniquement de sanctions l&eacute;gitimes, inh&eacute;rentes &agrave; ces sanctions ou occasionn&eacute;es par elles. Il s&rsquo;agit de mauvais traitements humains qui interviendraient au cours des arrestations avant la remise aux autorit&eacute;s judiciaires officiellement des personnes arr&ecirc;t&eacute;es.</p> <p>Ces actes ont &eacute;t&eacute; reconnus comme relevant des crimes graves, et leur interdiction comme norme fondamentale de la communaut&eacute; internationale. La torture est un traitement ayant pour but d&rsquo;obtenir des informations ou des aveux ou d&rsquo;infliger une peine et c&rsquo;est g&eacute;n&eacute;ralement une forme aggrav&eacute;e de traitement inhumain. Or, le droit &agrave; faire respecter l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; physique et morale d&rsquo;une personne est un droit absolu, qui fait partie du noyau dur des droits humains.</p> <p>La convention des Nations unies du 10 d&eacute;cembre 1984 interdit la torture ou les peines ou traitements inhumains ou d&eacute;gradants, quels que soient les agissements de la victime<a href="#sdfootnote87sym" name="sdfootnote87anc">87</a>. L&rsquo;article 12 de cette convention contre la torture ou autres peines ou traitements cruels, inhumains ou d&eacute;gradants impose une obligation de proc&eacute;der &laquo;&nbsp;imm&eacute;diatement &agrave; une enqu&ecirc;te impartiale&nbsp;&raquo;&nbsp;; chaque fois qu&rsquo;il y a des motifs raisonnables de croire qu&rsquo;un acte de torture a &eacute;t&eacute; commis. En r&eacute;f&eacute;rence &agrave; cette obligation, la Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme a affirm&eacute; que, malgr&eacute; le silence de la convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme &agrave; cet &eacute;gard, pareille exigence d&eacute;coule implicitement de la notion de &laquo;&nbsp;recours effectif&nbsp;&raquo;, au sens de l&rsquo;article 13 en mati&egrave;re de torture<a href="#sdfootnote88sym" name="sdfootnote88anc">88</a>. La Cour exige ainsi une enqu&ecirc;te officielle effective, qui doit pouvoir mener &agrave; l&rsquo;identification et &agrave; la punition des responsables puisqu&rsquo;&agrave; d&eacute;faut de telles investigations, l&rsquo;interdiction g&eacute;n&eacute;rale de la torture et des peines ou traitement inhumain ou d&eacute;gradant serait inefficace en pratique<a href="#sdfootnote89sym" name="sdfootnote89anc">89</a>. Ce droit ainsi garanti ne peut faire l&rsquo;objet ni de limitations pour cause d&rsquo;ordre public dans son exercice, ni m&ecirc;me de d&eacute;rogation. Donc, les Etats ne peuvent en suspendre la jouissance ou limiter son exercice pour cette cause de terrorisme. C&rsquo;est un droit applicable &agrave; toute personne, en tous lieux et en tout temps.</p> <p>Cette position de la Cour semble bien justifi&eacute;e pour la d&eacute;fense de la cause d&rsquo;une personne, m&ecirc;me si en mati&egrave;re terroriste cela para&icirc;t complexe. Il est interdit de recourir &agrave; la torture<a href="#sdfootnote90sym" name="sdfootnote90anc">90</a> et autres traitements cruels, inhumains ou d&eacute;gradants afin de soutirer des informations &agrave; des personnes soup&ccedil;onn&eacute;es de terrorisme<a href="#sdfootnote91sym" name="sdfootnote91anc">91</a>. Malheureusement, aujourd&rsquo;hui les &Eacute;tats font recours souvent &agrave; cette pratique pour combattre le terrorisme. La dignit&eacute; humaine de la personne soup&ccedil;onn&eacute;e ou accus&eacute;e ne doit pas &ecirc;tre atteinte au nom de la lutte contre le terrorisme&nbsp;; m&ecirc;me si cette personne consid&eacute;r&eacute;e comme ennemi ne respecte pas la dignit&eacute; humaine des citoyens, victimes de ses attentats, puisque les normes internationales pr&eacute;conisent les droits humains.</p> <p>La r&eacute;ponse de l&rsquo;arm&eacute;e malienne &agrave; ce nouveau ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; et de terrorisme dans le centre du Mali se serait quelquefois accompagn&eacute;e de nombreuses violations des droits humains. La FIDH et l&rsquo;AMDH ont document&eacute; plusieurs cas de personnes ayant subi des tortures comme ce t&eacute;moignage d&rsquo;une victime&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Des militaires nous ont attach&eacute; les mains et les pieds et ont couvert nos visages. On ne voyait plus rien et on avait m&ecirc;me du mal &agrave; respirer. Puis, ils nous ont emmen&eacute;s dans la brousse. Ils nous ont frapp&eacute;s durant des heures, les coups pleuvaient. J&rsquo;essayais de bouger pour me prot&eacute;ger, mais je n&rsquo;y arrivais pas. Ils ont &eacute;galement br&ucirc;l&eacute; du plastique qu&rsquo;ils ont fait couler sur mon dos. Ils me demandaient si j&rsquo;&eacute;tais djihadiste, si je connaissais des djihadistes, et je leur r&eacute;pondais inlassablement que non, je cherchais uniquement du pain quotidien pour ma famille, mais ils n&rsquo;entendaient pas&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote92sym" name="sdfootnote92anc">92</a>. Ce t&eacute;moignage est une preuve des atteintes aux droits humains en mati&egrave;re de lutte contre le terrorisme. Ces violations des droits humains sont caus&eacute;es contre des populations locales per&ccedil;ues comme &eacute;tant affili&eacute;es au Front de lib&eacute;ration de Macina.</p> <p>Des ex&eacute;cutions sommaires ont &eacute;galement &eacute;t&eacute; mentionn&eacute;es dans les rapports du groupe d&rsquo;experts sur le Mali en 2018 et 2019<a href="#sdfootnote93sym" name="sdfootnote93anc">93</a>. Les auteurs de ces ex&eacute;cutions sommaires auraient &eacute;t&eacute; suspendus, mais aucun d&rsquo;entre eux n&rsquo;aurait fait l&rsquo;objet de condamnation. La violation des droits humains par les arm&eacute;es an&eacute;anties la confiance que les populations placent en elles dans la capacit&eacute; &agrave; les prot&eacute;ger d&rsquo;une part, et d&rsquo;autre part cela peut pousser les populations &agrave; collaborer avec les groupes terroristes en &eacute;change de leur protection.</p> <p>Malgr&eacute; le caract&egrave;re absolu de l&rsquo;interdiction de la torture et autres traitement inhumains, certains Etats comme les Etats-Unis par exemple autorise &agrave; travers le Patriot Act. Cette loi autorise les policiers et les services de s&eacute;curit&eacute; d&rsquo;arr&ecirc;ter et retenir, des &eacute;trangers soup&ccedil;onn&eacute;s d&rsquo;&ecirc;tre en relation avec les groupes terroristes, pour une p&eacute;riode ind&eacute;termin&eacute;e au nom de la lutte contre le terrorisme. Cette pratique est contraire aux principes de l&rsquo;Etat de droit qui ne devraient pas &ecirc;tre sacrifi&eacute;s face &agrave; la violence utilis&eacute;e par les terroristes, tel n&rsquo;est pas le cas avec le Patriot Act.</p> <p>M&ecirc;me si ces pratiques d&eacute;cri&eacute;es au Mali ont paru mettre en cause l&rsquo;interdiction absolue de la torture ou des traitements cruels, inhumains relativement &agrave; la lutte contre le terrorisme, force est de constater que le caract&egrave;re intangible de ce droit a &eacute;t&eacute; r&eacute;affirm&eacute; par la Constitution et les instances internationales. L&rsquo;interdiction de ces pratiques contre les pr&eacute;sum&eacute;s terroristes continue &agrave; constituer une limite aux pratiques de notre pays dans sa lutte contre le terrorisme. Il faut maintenant se pencher sur les d&eacute;fis relatifs au respect de la vie priv&eacute;e des pr&eacute;sum&eacute;s terroristes.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>2.&nbsp;Les d&eacute;fis de respect de la vie priv&eacute;e des pr&eacute;sum&eacute;s terroristes et leurs proches&nbsp;</h4> <p>La protection de la vie priv&eacute;e n&rsquo;est pas assur&eacute;e avec la lutte contre le terrorisme. Bien que la notion de vie priv&eacute;e constitue l&rsquo;un des fondements de la soci&eacute;t&eacute; d&eacute;mocratique, il n&rsquo;existe pas de v&eacute;ritable d&eacute;finition juridique du terme<a href="#sdfootnote94sym" name="sdfootnote94anc">94</a>.</p> <p>Le droit &agrave; la vie priv&eacute;e, corollaire du droit &agrave; la vie, se trouve lui aussi mis &agrave; mal dans la lutte contre le terrorisme. Cette notion de vie priv&eacute;e constitue l&rsquo;un des fondements de la soci&eacute;t&eacute; d&eacute;mocratique. Elle peut &ecirc;tre comprise, faute de d&eacute;finition l&eacute;gale&nbsp;comme &laquo;&nbsp;cette partie de la vie qui n&rsquo;est pas consacr&eacute;e &agrave; une activit&eacute; et/ou les tiers n&rsquo;ont en principe pas acc&egrave;s; afin d&rsquo;assurer &agrave; la personne le secret de la tranquillit&eacute; &agrave; laquelle elle a le droit&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote95sym" name="sdfootnote95anc">95</a>. Pourtant ce droit se trouve prot&eacute;g&eacute; par les textes internationaux. En effet l&rsquo;article 17 du PIDCP interdit &laquo;&nbsp;aux &Eacute;tats parties de porter atteinte &agrave; la vie priv&eacute;e des personnes relevant de leur comp&eacute;tence et les prie de prot&eacute;ger juridiquement ces personnes, contre les immixtions arbitraires ou ill&eacute;gales dans leur vie priv&eacute;e&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote96sym" name="sdfootnote96anc">96</a>. C&rsquo;est un droit qui ne souffre d&rsquo;aucune d&eacute;rogation.</p> <p>Toute personne est prot&eacute;g&eacute;e contre les intrusions des tierces personnes dans sa vie priv&eacute;e. Ainsi, &laquo;&nbsp;nul ne sera l&rsquo;objet d&rsquo;immixtions arbitraires dans sa vie priv&eacute;e, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d&rsquo;atteintes &agrave; son honneur et &agrave; sa r&eacute;putation. Toute personne a droit &agrave; la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote97sym" name="sdfootnote97anc">97</a>. La vie priv&eacute;e renvoie &agrave; la libert&eacute; de mener des relations avec d&rsquo;autres personnes sans ing&eacute;rence ext&eacute;rieures. Tout risque d&rsquo;atteinte &agrave; cette vie priv&eacute;e en la mati&egrave;re trouve son origine dans l&rsquo;intervention de l&rsquo;&Eacute;tat qui cherche &agrave; se renseigner pour pr&eacute;venir un danger et mieux organiser le fonctionnement de la cit&eacute;&nbsp;; donc les m&eacute;canismes de lutte contre le terrorisme constituant des ing&eacute;rences dans la vie priv&eacute;e doivent &ecirc;tre pr&eacute;vus par la loi et faire l&rsquo;objet de contr&ocirc;le juridictionnel.</p> <p>Il ne fait pas de doute que cette pratique, d&rsquo;ailleurs largement condamn&eacute;e, viole le droit &agrave; la vie, qui est en effet un droit intangible ; absolu en cela qu&rsquo;il n&rsquo;est pas susceptible de d&eacute;rogation ni de restriction qui seraient justifi&eacute;es par la l&eacute;gitimit&eacute; de l&rsquo;objectif poursuivi par les autorit&eacute;s de l&rsquo;&Eacute;tat dans leur action meurtri&egrave;re. En revanche, n&rsquo;est absolument pas prohib&eacute; un certain usage meurtrier de la force. Ainsi, l&rsquo;article 2 de la convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme m&eacute;nage la possibilit&eacute; d&rsquo;un recours &agrave; la force (m&ecirc;me meurtrier) &laquo;&nbsp;pour assurer la d&eacute;fense de toute personne contre la violence ill&eacute;gale&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote98sym" name="sdfootnote98anc">98</a>. Partant, il peut &ecirc;tre l&eacute;gitime pour des agents de l&rsquo;&Eacute;tat d&rsquo;infliger la mort dans certaines circonstances strictement interpr&eacute;t&eacute;es. Mais &laquo;&nbsp;l&rsquo;article 2 ne leur donne cependant pas carte blanche. Le non-encadrement par des r&egrave;gles et l&rsquo;abandon &agrave; l&rsquo;arbitraire de l&rsquo;action des agents de l&rsquo;&Eacute;tat sont incompatibles avec un respect effectif des droits de l&rsquo;homme&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote99sym" name="sdfootnote99anc">99</a>.</p> <p>En vue d&rsquo;anticiper tout risque de criminalit&eacute; terroriste, certaines mesures ont &eacute;t&eacute; adopt&eacute;es, des mesures d&rsquo;intrusion dans la vie priv&eacute;e par les &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques. On parle d&rsquo;&eacute;coute t&eacute;l&eacute;phonique lorsque certains acteurs s&rsquo;introduisent sur d&eacute;cision du juge d&rsquo;instruction, dans les communications. Le r&eacute;gime de droit commun n&rsquo;autorise pas que les conversations t&eacute;l&eacute;phoniques des particuliers soient &eacute;cout&eacute;es, mais des exceptions sont possibles pour des situations li&eacute;es &agrave; la s&eacute;curit&eacute; nationale. Le l&eacute;gislateur malien, en tenant compte de nombreuses &eacute;volutions technologiques a d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment accept&eacute; de sacrifier certaines libert&eacute;s pour pouvoir, semble-t-il, bien lutter contre le terrorisme.</p> <p>L&rsquo;utilisation de moyens de surveillance et d&rsquo;interception de communications de plus en plus envahissants, suscite de graves pr&eacute;occupations quant &agrave; la protection du droit &agrave; la vie priv&eacute;e<a href="#sdfootnote100sym" name="sdfootnote100anc">100</a>. Ces moyens d&rsquo;interception des communications seront scrut&eacute;s &agrave; la loupe par des agents &agrave; la recherche des infracteurs&nbsp;; et c&rsquo;est l&rsquo;article 71 de la loi du 21 mai qui l&rsquo;autorise&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Pour les besoins de l&rsquo;enqu&ecirc;te, les officiers de police judiciaire ; sur autorisation &eacute;crite du procureur de la R&eacute;publique ou du juge d&rsquo;instruction, agissant sur commission rogatoire, peuvent intercepter les communications t&eacute;l&eacute;phoniques&nbsp;; les messages &eacute;lectroniques et autres courriers des suspects ou de toute autre personne en rapport avec eux&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote101sym" name="sdfootnote101anc">101</a>. On constate &agrave; la lecture de cette disposition, que le l&eacute;gislateur n&rsquo;a pas daign&eacute; exiger une autorisation &eacute;crite d&rsquo;une autorit&eacute; judiciaire comp&eacute;tente pour les visites et perquisitions domiciliaires de nuit, mais elle a &eacute;t&eacute; prescrite pour les &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques ; pour l&rsquo;interception des correspondances&nbsp;; comme si le principe de l&rsquo;inviolabilit&eacute; du domicile et celui des correspondances n&rsquo;ont pas le m&ecirc;me fondement juridique<a href="#sdfootnote102sym" name="sdfootnote102anc">102</a>&nbsp;; ou ne m&eacute;ritent pas les m&ecirc;mes protections juridiques. Logiquement, il n&rsquo;y a pas de coh&eacute;rence entre le fait d&rsquo;exiger de l&rsquo;officier de police judiciaire une autorisation du procureur ou du juge d&rsquo;instruction pour les &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques, et l&rsquo;absence de ces dispositions concernant les visites et perquisitions domiciliaires de nuit, surtout s&rsquo;il existe des indices faisant pr&eacute;sumer de la commission ou de la tentative de commission d&rsquo;un acte terroriste.</p> <p>Avec la loi de 2013, le l&eacute;gislateur a conf&eacute;r&eacute; le monopole de la violence aux forces de l&rsquo;ordre. Il a aussi rompu les garanties qu&rsquo;ont les citoyens face aux pratiques arbitraires des pouvoirs publics, et le droit &agrave; la s&eacute;curit&eacute;. Ces dispositions de surveillance polici&egrave;re ont des r&eacute;percussions sur la vie priv&eacute;e des individus. C&rsquo;est une immixtion non seulement dans la vie priv&eacute;e de la personne soup&ccedil;onn&eacute;e ; mais aussi celle de ses proches, de toutes les personnes entr&eacute;es en contact avec elle &agrave; travers le t&eacute;l&eacute;phone ou par correspondance &eacute;crite. Par exemple les confidences d&rsquo;un p&egrave;re &agrave; son fils, l&rsquo;entretien d&rsquo;un m&eacute;decin avec son patient, peuvent &ecirc;tre d&eacute;voil&eacute;es. Des personnes envers qui il n&rsquo;y a pas de soup&ccedil;ons d&eacute;couvriront que d&rsquo;autres personnes (les agents) sont au courant de leurs &eacute;changes. Leur seul tort aura &eacute;t&eacute; d&rsquo;avoir d&eacute;croch&eacute; l&rsquo;appel t&eacute;l&eacute;phonique ou re&ccedil;u un message &eacute;lectronique de la part de la personne mise sous surveillance.</p> <p>Ce type de contr&ocirc;le conduit &agrave; des d&eacute;rives s&eacute;curitaires, car il faudrait vivre d&eacute;sormais avec le fait d&rsquo;&ecirc;tre dans une soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; tout est sous contr&ocirc;le au nom de la lutte contre le terrorisme. Le droit &agrave; la s&eacute;curit&eacute; des personnes et des biens justifie des investigations polici&egrave;res tr&egrave;s intrusives et restrictives dans la vie priv&eacute;e, des m&eacute;thodes d&rsquo;enqu&ecirc;te et de recherche d&rsquo;infraction au d&eacute;triment des droits et libert&eacute;s fondamentaux. Toutefois, afin de concilier les imp&eacute;ratifs de lutte contre le terrorisme et le droit &agrave; la vie priv&eacute;e, le l&eacute;gislateur conditionne et encadre. Nous trouvons, cet ensemble de dispositifs utile et judicieux, &agrave; condition qu&rsquo;il serve &agrave; lutter efficacement contre le terrorisme ou la criminalit&eacute; transfrontali&egrave;re.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Conclusion</h2> <p>Face &agrave; des actes terroristes aussi condamnables au regard des principes d&eacute;mocratiques, les Etats africains, dans leur grande majorit&eacute; sont face &agrave; un dilemme&nbsp;: doivent-ils exterminer les auteurs de tels actes en faisant abstraction des principes de l&rsquo;Etat de droit ou au contraire, n&rsquo;est-il pas plus judicieux de rester fid&egrave;les &agrave; ces principes dans leur lutte contre le terrorisme&nbsp;? Les pays africains ont th&eacute;oriquement choisi cette premi&egrave;re solution dont le Mali. La r&eacute;forme de la nouvelle l&eacute;gislation malienne en mati&egrave;re de lutte contre le terrorisme a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e dans un contexte global de lutte contre le terrorisme. Cette r&eacute;forme heurte certains principes garantis par la constitution. Le choix du l&eacute;gislateur correspond &agrave; un mod&egrave;le qui semble conduire &agrave; ce qu&rsquo;on d&eacute;nomme &laquo;&nbsp;droit p&eacute;nal de l&rsquo;ennemi&nbsp;&raquo;. Cette &eacute;volution du droit p&eacute;nal est pr&eacute;sent&eacute;e comme un r&eacute;gime d&eacute;rogatoire au droit commun puisque les droits humains de l&rsquo;individu ne sont plus reconnus car consid&eacute;r&eacute;s comme ennemis de l&rsquo;Etat. Ce qui nous a fait constater une d&eacute;rive dans l&rsquo;&eacute;panouissement de certains principes de droits humains.</p> <p>Les principes de l&rsquo;Etat de droit ne devraient pas &ecirc;tre sacrifi&eacute;s face &agrave; la violence utilis&eacute;e par les terroristes, ils resteront les seuls moyens juridiques utilis&eacute;s contre ces derniers, et les proc&eacute;dures et r&egrave;gles pr&eacute;vues par les textes constitutionnels, l&eacute;gislatifs et r&eacute;glementaires seront le cadre l&eacute;gal &agrave; partir duquel, ils seront jug&eacute;s et punis si leur culpabilit&eacute; est av&eacute;r&eacute;e. Si le terrorisme est un vrai danger pour les Etats, la mise en &oelig;uvre des mesures de lutte l&rsquo;est tout autant, toutes choses qui conduisent &agrave; s&rsquo;interroger sur les risques et dangers du blanchiment de capitaux.</p> <div id="sdfootnote1"> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> Loi n&deg; 08-025 du 23 juillet 2008 portant r&eacute;pression du terrorisme au Mali.</p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> M. Masse, &laquo;&nbsp;La criminalit&eacute; terroriste&nbsp;&raquo;. RSC, 2012, p. 89.</p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Loi n&deg; 10.062 du 30 d&eacute;cembre 2010 relative &agrave; la lutte contre le financement du terrorisme.</p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Loi n&deg; 2016-008 du 17 mars 2016 portant loi uniforme relative &agrave; la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.</p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Loi n&deg; 2013-016 du 21 mai 2013 portant modification de la loi n&deg; 01-080 du 20 ao&ucirc;t 2001 portant Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale du Mali.</p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a> Arr&ecirc;t n&deg; 88 du 15 f&eacute;vrier 2015, Minist&egrave;re public v. Ousmane AHMAYED.</p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a> S. Fiore, &laquo;&nbsp;La construction de l&rsquo;ennemi. La r&eacute;forme de la r&eacute;cidive en Italie&nbsp;&raquo;, in B. Laperou-Scheneider (dir.), Le nouveau droit de la r&eacute;cidive, Actes du colloque du 25 janvier 2007, Universit&eacute; de Franche-Comt&eacute;, L&rsquo;harmattan, 2008, p.&nbsp;2.</p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a> Loi n&deg;&nbsp;08-025 du 23 juillet 2008, op. cit., p. 1-5.</p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a> Encore appel&eacute; convention d&rsquo;Alger de 1999.</p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> Art. 2 de la convention d&rsquo;Alger.</p> </div> <div id="sdfootnote11"> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a> M. Grawitz, Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 7e &eacute;d., 2000, p. 135.</p> </div> <div id="sdfootnote12"> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a> O. Cahn, &laquo;&nbsp;Cet ennemi int&eacute;rieur, nous devons le combattre. Le dispositif antiterroriste fran&ccedil;ais, une manifestation du droit p&eacute;nal de l&rsquo;ennemi&nbsp;&raquo;, Archives de politique criminelle 2016/1 (n&deg; 38), p.&nbsp;96.</p> </div> <div id="sdfootnote13"> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a> Ibidem.</p> </div> <div id="sdfootnote14"> <p><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a> Au niveau des sanctions, les peines se sont alourdies (perp&eacute;tuit&eacute;, peine de mort) et la garde &agrave; vue peut aller jusqu&rsquo;&agrave; 192 heures.</p> </div> <div id="sdfootnote15"> <p><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15</a> S. Aubert, &laquo;&nbsp;L&rsquo;ennemi dans le livre IV du Code p&eacute;nal fran&ccedil;ais&nbsp;: approches compar&eacute;es&nbsp;&raquo;, Revue &eacute;lectronique de l&rsquo;AIDP, 2012, A-02&nbsp;:1.</p> </div> <div id="sdfootnote16"> <p><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16</a> Ibidem.</p> </div> <div id="sdfootnote17"> <p><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17</a> F. Edimo, &laquo;&nbsp;L&rsquo;incrimination du terrorisme en droit p&eacute;nal camerounais&nbsp;&raquo;, Phd, Juridical Tribune, vol. 6, Issue 1, june 2016, p. 3.</p> </div> <div id="sdfootnote18"> <p><a href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18</a> P.G. Pougou, &laquo;&nbsp;Les figures de la s&eacute;curit&eacute; juridique&nbsp;&raquo;, Revue africaine des sciences juridiques, n&deg;&nbsp;1, vol. 4, 2007, p.&nbsp;5.</p> </div> <div id="sdfootnote19"> <p><a href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19</a> L. C. Ambassa, Droit p&eacute;nal g&eacute;n&eacute;ral, augment&eacute; des sujets trait&eacute;s, col. Leconnu, 1e &eacute;d., 2014, p.&nbsp;80.</p> </div> <div id="sdfootnote20"> <p><a href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20</a> Art. 5 et 8 de la DDH de 1789, art. 11.2 et 22.2 de la DUDH de 1948.</p> </div> <div id="sdfootnote21"> <p><a href="#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">21</a> Article 9 et s. de la Constitution du 25 f&eacute;vrier 1992 du Mali.</p> </div> <div id="sdfootnote22"> <p><a href="#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">22</a> Julie Alix, Le terrorisme et le droit p&eacute;nal. Etude critique des incriminations terroristes, Paris, 2010, p. 19.</p> </div> <div id="sdfootnote23"> <p><a href="#sdfootnote23anc" name="sdfootnote23sym">23</a> Le terrorisme est un ph&eacute;nom&egrave;ne complexe. Le probl&egrave;me de sa d&eacute;finition demeure toujours d&rsquo;actualit&eacute; puisqu&rsquo;il existe approximativement quelques 212 d&eacute;finitions du terrorisme &agrave; travers le monde.</p> </div> <div id="sdfootnote24"> <p><a href="#sdfootnote24anc" name="sdfootnote24sym">24</a> Fabrice Roland Bikie,&nbsp;&laquo;&nbsp;Le droit p&eacute;nal &agrave; l&rsquo;aune du paradigme de l&rsquo;ennemi. R&eacute;flexions sur l&rsquo;Etat d&eacute;mocratique &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de la loi camerounaise n&deg;&nbsp;2014/028 du 23 d&eacute;cembre 2014 portant r&eacute;pression des actes de terrorisme&nbsp;&raquo;, Revue des droits de l&rsquo;homme, 11/2017, n&deg; 2, p. 5.</p> </div> <div id="sdfootnote25"> <p><a href="#sdfootnote25anc" name="sdfootnote25sym">25</a> Ibidem.</p> </div> <div id="sdfootnote26"> <p><a href="#sdfootnote26anc" name="sdfootnote26sym">26</a> Maurice Hauriou, Pr&eacute;cis de droit administratif et droit public, Dalloz, 12e &eacute;d., 2002, p. 238.</p> </div> <div id="sdfootnote27"> <p><a href="#sdfootnote27anc" name="sdfootnote27sym">27</a> Andr&eacute; Akam-Akam,&nbsp;&laquo;&nbsp;Libres propos sur l&rsquo;adage &lsquo;&rsquo;Nul n&rsquo;est cens&eacute; ignorer la loi&rsquo;&rsquo;&nbsp;&raquo;, RAS-J, Yaound&eacute; II, vol. 4, n&deg; 1, 2007, p. 51.</p> </div> <div id="sdfootnote28"> <p><a href="#sdfootnote28anc" name="sdfootnote28sym">28</a> Article 4 al. 1 de la loi de 2008 portant r&eacute;pression du terrorisme.</p> </div> <div id="sdfootnote29"> <p><a href="#sdfootnote29anc" name="sdfootnote29sym">29</a> Le principe est contenu dans les articles 5 et 8 de la d&eacute;claration des droits de l&rsquo;homme de 1948.</p> </div> <div id="sdfootnote30"> <p><a href="#sdfootnote30anc" name="sdfootnote30sym">30</a> La Constitution du 25 f&eacute;vrier 1992 dispose dans son article 9 que&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Nul ne peut &ecirc;tre poursuivi&nbsp;; arr&ecirc;t&eacute; ou inculp&eacute; qu&rsquo;en vertu d&rsquo;une loi promulgu&eacute;e ant&eacute;rieurement aux faits qui lui sont reproch&eacute;s&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote31"> <p><a href="#sdfootnote31anc" name="sdfootnote31sym">31</a> L&rsquo;affaire de Tarmac est illustrative htpp://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/08/10/la-menace-terrorits-et-les-lecon-de-tarnac-4719689-1653578.html, consult&eacute; le 22 juin 2018.</p> </div> <div id="sdfootnote32"> <p><a href="#sdfootnote32anc" name="sdfootnote32sym">32</a> Romane Nouzieres, La conciliation entre la lutte p&eacute;nale contre le terrorisme et le respect des droits fondamentaux, m&eacute;moire de ma&icirc;trise, Laval, Qu&eacute;bec, 2017, p. 5.</p> </div> <div id="sdfootnote33"> <p><a href="#sdfootnote33anc" name="sdfootnote33sym">33</a> Catherine MARIE, &laquo;&nbsp;La mont&eacute;e en puissance de l&rsquo;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo;. A.J. p&eacute;nal 2004, p. 221.</p> </div> <div id="sdfootnote34"> <p><a href="#sdfootnote34anc" name="sdfootnote34sym">34</a> H&eacute;l&egrave;ne Cisse et Allan Ngari, Garantir un proc&egrave;s &eacute;quitable aux pr&eacute;sum&eacute;s terroristes au Mali, Rapport, Institut d&rsquo;Etudes de s&eacute;curit&eacute; (ISS), 2019, p. 10.</p> </div> <div id="sdfootnote35"> <p><a href="#sdfootnote35anc" name="sdfootnote35sym">35</a> Boubacar Badiaga, &laquo;&nbsp;Le pr&eacute;sum&eacute; innocent face &agrave; la justice et &agrave; la presse au Mali, Bamako (Mali)&nbsp;&raquo;, La sah&eacute;lienne, 2015, p. 79.</p> </div> <div id="sdfootnote36"> <p><a href="#sdfootnote36anc" name="sdfootnote36sym">36</a> Julie Alix, op. cit., p. 376.</p> </div> <div id="sdfootnote37"> <p><a href="#sdfootnote37anc" name="sdfootnote37sym">37</a> Yves Mayaud, Le terrorisme, Paris 1997, p. 91.</p> </div> <div id="sdfootnote38"> <p><a href="#sdfootnote38anc" name="sdfootnote38sym">38</a> Loi n&deg; 01-080 du 20 ao&ucirc;t 2001, art. 76.</p> </div> <div id="sdfootnote39"> <p><a href="#sdfootnote39anc" name="sdfootnote39sym">39</a> Loi n&deg; 2007-01 du 12 f&eacute;vrier 2007 portant Code p&eacute;nal du S&eacute;n&eacute;gal.</p> </div> <div id="sdfootnote40"> <p><a href="#sdfootnote40anc" name="sdfootnote40sym">40</a> CPP, art. 677-28 issu de la loi de 2016-30 du S&eacute;n&eacute;gal, pr&eacute;cit&eacute;e&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Par d&eacute;rogation aux dispositions de l&rsquo;article 55 du pr&eacute;sent Code, le d&eacute;lai de garde &agrave; vue en mati&egrave;re de terrorisme est de quatre-vingt-seize heures. Ce d&eacute;lai peut &ecirc;tre prorog&eacute; de deux nouveaux d&eacute;lais de quatre-vingt-seize heures chacun, sur autorisation du juge d&rsquo;instruction ou du procureur de la R&eacute;publique si le juge d&rsquo;instruction n&rsquo;est pas encore saisi&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote41"> <p><a href="#sdfootnote41anc" name="sdfootnote41sym">41</a> La d&eacute;claration conjointe d&rsquo;Amnesty International (Al Section S&eacute;n&eacute;gal) et la Ligue s&eacute;n&eacute;galaise des droits de l&rsquo;homme (LSDH). Cette d&eacute;claration est disponible sur le lien suivant&nbsp;: http&nbsp;: // www.pressafrik.com/Amnesty-international-et-LSDH-plaident-contre-la-loi-sur-le-terrorisme-et-la-cybercriminalit&eacute;_al58082.html.</p> </div> <div id="sdfootnote42"> <p><a href="#sdfootnote42anc" name="sdfootnote42sym">42</a> Selon l&rsquo;article 706-88-1 du&nbsp;Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale fran&ccedil;ais, la dur&eacute;e est de six jours.</p> </div> <div id="sdfootnote43"> <p><a href="#sdfootnote43anc" name="sdfootnote43sym">43</a> Loi n&deg; 2013-016 du 21 mai 2013, op. cit., art. 7 al. 2.</p> </div> <div id="sdfootnote44"> <p><a href="#sdfootnote44anc" name="sdfootnote44sym">44</a> Julie Alix, Terrorisme et droit p&eacute;nal, Etude des incriminations terroristes, op. cit., p. 376.</p> </div> <div id="sdfootnote45"> <p><a href="#sdfootnote45anc" name="sdfootnote45sym">45</a> S&eacute;bastian Pelle, Le terrorisme&nbsp;: nouveaux enjeux, nouvelles strat&eacute;gies. Actes de colloque du 25 novembre 2016, Aspects juridiques et criminologiques, p. 36.</p> </div> <div id="sdfootnote46"> <p><a href="#sdfootnote46anc" name="sdfootnote46sym">46</a> Ibidem, p. 37.</p> </div> <div id="sdfootnote47"> <p><a href="#sdfootnote47anc" name="sdfootnote47sym">47</a> Abderrafia Mnaouri, Approche compar&eacute;e de l&rsquo;appareil l&eacute;gislatif franco-marocain en mati&egrave;re de lutte contre le terrorisme, th&egrave;se, droit, Perpignan, 2015, p.&nbsp;522.</p> </div> <div id="sdfootnote48"> <p><a href="#sdfootnote48anc" name="sdfootnote48sym">48</a> Constitution malienne de 1992, art. 6.</p> </div> <div id="sdfootnote49"> <p><a href="#sdfootnote49anc" name="sdfootnote49sym">49</a> Lassina Diarra, La CEDEAO face au terrorisme transnational, L&rsquo;harmattan, 2016, p. 102.</p> </div> <div id="sdfootnote50"> <p><a href="#sdfootnote50anc" name="sdfootnote50sym">50</a> Loi n&deg; 2013-016 du 21 mai 2013, op. cit., art. 7 al. 1.</p> </div> <div id="sdfootnote51"> <p><a href="#sdfootnote51anc" name="sdfootnote51sym">51</a> Jean-Fran&ccedil;ois Flauss,&nbsp;&laquo;&nbsp;Le d&eacute;lai raisonnable au sens des articles&nbsp;5 &sect; 3 et 6 &sect; 1 de la convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme dans la jurisprudence fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;, RTDH, 1991, p. 3.</p> </div> <div id="sdfootnote52"> <p><a href="#sdfootnote52anc" name="sdfootnote52sym">52</a> Constitution du Mali de 1992, art. 6.</p> </div> <div id="sdfootnote53"> <p><a href="#sdfootnote53anc" name="sdfootnote53sym">53</a> Ibidem, art. 4.</p> </div> <div id="sdfootnote54"> <p><a href="#sdfootnote54anc" name="sdfootnote54sym">54</a> Ibidem, art. 9.</p> </div> <div id="sdfootnote55"> <p><a href="#sdfootnote55anc" name="sdfootnote55sym">55</a> Articles 8 &agrave; 11 de la D&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme de 1948.</p> </div> <div id="sdfootnote56"> <p><a href="#sdfootnote56anc" name="sdfootnote56sym">56</a> Oriane Ben Attar, &laquo;&nbsp;Les modalit&eacute;s actuelles de la lutte contre le terrorisme dans les Etats europ&eacute;ens&nbsp;&raquo;, Civitas Europa, 2015/1 n&deg; 34, p. 169-190, p. 170.</p> </div> <div id="sdfootnote57"> <p><a href="#sdfootnote57anc" name="sdfootnote57sym">57</a> La lutte contre le terrorisme dans la r&eacute;gion du Sahel&nbsp;: Cadre juridique, techniques d&rsquo;enqu&ecirc;te et coop&eacute;ration polici&egrave;re, Module de formation &agrave; l&rsquo;attention des officiers de police judiciaire (OPJ), ONUDC, 2012, p. 67.</p> </div> <div id="sdfootnote58"> <p><a href="#sdfootnote58anc" name="sdfootnote58sym">58</a> Article 6 de la Convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme.</p> </div> <div id="sdfootnote59"> <p><a href="#sdfootnote59anc" name="sdfootnote59sym">59</a> Justine Vaesen, L&rsquo;Etat fran&ccedil;ais face aux crimes terroristes&nbsp;: vers une normalisation de l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;exception&nbsp;? Analyse de l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;urgence &agrave; la lumi&egrave;re de l&rsquo;&oelig;uvre de Carl Schmitt, Master en droit, Li&egrave;ge, 2017, p. 25.</p> </div> <div id="sdfootnote60"> <p><a href="#sdfootnote60anc" name="sdfootnote60sym">60</a> Article 10 de la D&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme de 1948.</p> </div> <div id="sdfootnote61"> <p><a href="#sdfootnote61anc" name="sdfootnote61sym">61</a> H&eacute;l&egrave;ne Cisse et Allan Ngari, op. cit., p. 9.</p> </div> <div id="sdfootnote62"> <p><a href="#sdfootnote62anc" name="sdfootnote62sym">62</a> CEDH, 27 nov. 2008, Salduz c/ Turquie, &sect; 54.</p> </div> <div id="sdfootnote63"> <p><a href="#sdfootnote63anc" name="sdfootnote63sym">63</a> R&eacute;seau d&rsquo;observation de la justice, Lutte contre le terrorisme et pratique judiciaire en Tunisie, le proc&egrave;s &eacute;quitable &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve, d&eacute;cembre 2016.</p> </div> <div id="sdfootnote64"> <p><a href="#sdfootnote64anc" name="sdfootnote64sym">64</a> Adopt&eacute;e et proclam&eacute;e par l&rsquo;Assembl&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale des Nations unies le 10 d&eacute;cembre 1948, art. 10.</p> </div> <div id="sdfootnote65"> <p><a href="#sdfootnote65anc" name="sdfootnote65sym">65</a> Sign&eacute; &agrave; New York le 19 d&eacute;cembre 1966 (proc&egrave;s &eacute;quitable&nbsp;: art 9 et 14, par. 1).</p> </div> <div id="sdfootnote66"> <p><a href="#sdfootnote66anc" name="sdfootnote66sym">66</a> Athanasia Petropoulou, Libert&eacute; et s&eacute;curit&eacute;&nbsp;: les mesures antiterroristes et la Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme, Pedone, 2014, p. 207.</p> </div> <div id="sdfootnote67"> <p><a href="#sdfootnote67anc" name="sdfootnote67sym">67</a> D&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme de 1948, art. 9.</p> </div> <div id="sdfootnote68"> <p><a href="#sdfootnote68anc" name="sdfootnote68sym">68</a> Ibidem, art. 10.</p> </div> <div id="sdfootnote69"> <p><a href="#sdfootnote69anc" name="sdfootnote69sym">69</a> Article 7 de la charte africaine&nbsp;: &laquo;&nbsp;1. Toute personne a droit &agrave; ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend&nbsp;: // a / le droit de saisir les juridictions nationales comp&eacute;tentes de tout acte violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus et garantis par les conventions, les lois, r&egrave;glements et coutumes en vigueur&nbsp;; b / le droit &agrave; la pr&eacute;somption d&#39;innocence, jusqu&#39;&agrave; ce que sa culpabilit&eacute; soit &eacute;tablie par une juridiction comp&eacute;tente&nbsp;; c / le droit &agrave; la d&eacute;fense, y compris celui de se faire assister par un d&eacute;fenseur de son choix&nbsp;; d / le droit d&#39;&ecirc;tre jug&eacute; dans un d&eacute;lai raisonnable par une juridiction impartiale 2. Nul ne peut &ecirc;tre condamn&eacute; pour une action ou une omission qui ne constituait pas, au moment o&ugrave; elle a eu lieu, une infraction l&eacute;galement punissable. Aucune peine ne peut &ecirc;tre inflig&eacute;e si elle n&#39;a pas &eacute;t&eacute; pr&eacute;vue au moment o&ugrave; l&#39;infraction a &eacute;t&eacute; commise. La peine est personnelle et ne peut frapper que le d&eacute;linquant&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote70"> <p><a href="#sdfootnote70anc" name="sdfootnote70sym">70</a> Constitution malienne de 1992, op. cit., art. 9 al. 4.</p> </div> <div id="sdfootnote71"> <p><a href="#sdfootnote71anc" name="sdfootnote71sym">71</a> Ibidem, art. 10.</p> </div> <div id="sdfootnote72"> <p><a href="#sdfootnote72anc" name="sdfootnote72sym">72</a> Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale malien de 2001, art. 76 in fine.</p> </div> <div id="sdfootnote73"> <p><a href="#sdfootnote73anc" name="sdfootnote73sym">73</a> Malick Coulibaly, La proc&eacute;dure p&eacute;nale au Mali, Bamako, Edition Jamana, 2009, p. 129.</p> </div> <div id="sdfootnote74"> <p><a href="#sdfootnote74anc" name="sdfootnote74sym">74</a> Herv&eacute; Magloire Moneboulou Minkada,&nbsp;&laquo; La crise de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence&nbsp;: regard crois&eacute; sur la proc&eacute;dure p&eacute;nale camerounaise et de la Cour p&eacute;nale internationale&nbsp;&raquo;, Tribuna Juridica, vol. 4, 2014, p. 69-103, p.&nbsp;70.</p> </div> <div id="sdfootnote75"> <p><a href="#sdfootnote75anc" name="sdfootnote75sym">75</a> Malick Coulibaly, La proc&eacute;dure p&eacute;nale au Mali, op. cit. p. 120.</p> </div> <div id="sdfootnote76"> <p><a href="#sdfootnote76anc" name="sdfootnote76sym">76</a> La Constitution du 25 f&eacute;vrier 1992 dispose en son article 9 al. 3 que &laquo;&nbsp;tout pr&eacute;venu est pr&eacute;sum&eacute; innocent jusqu&rsquo;&agrave; ce que sa culpabilit&eacute; soit &eacute;tablie par la juridiction comp&eacute;tente&nbsp;&raquo;, et le Code p&eacute;nal dans ses dispositions pr&eacute;liminaires &eacute;nonce que&nbsp;&laquo;&nbsp;toute personne suspect&eacute;e ou poursuivie est pr&eacute;sum&eacute;e innocente tant que sa culpabilit&eacute; n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; &eacute;tablie&nbsp;&raquo;, donc les atteintes sont pr&eacute;venues, r&eacute;prim&eacute;es et r&eacute;par&eacute;es dans les conditions pr&eacute;vues par la loi.</p> </div> <div id="sdfootnote77"> <p><a href="#sdfootnote77anc" name="sdfootnote77sym">77</a> Constitution malienne de 1992, art. 9 al. 3.</p> </div> <div id="sdfootnote78"> <p><a href="#sdfootnote78anc" name="sdfootnote78sym">78</a> Voir l&rsquo;article 9 de la D&eacute;claration des droits de l&rsquo;homme et du citoyen du 26 ao&ucirc;t 1789&nbsp;; l&rsquo;article 11-1 de la D&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme du 10 d&eacute;cembre 1948 qui dispose que&nbsp;&laquo;&nbsp;toute personne accus&eacute;e d&rsquo;un acte d&eacute;lictueux est pr&eacute;sum&eacute;e innocente jusqu&rsquo;&agrave; ce que sa culpabilit&eacute; ait &eacute;t&eacute; l&eacute;galement &eacute;tablie&nbsp;au cours d&rsquo;un proc&egrave;s public ou toutes les garanties n&eacute;cessaires &agrave; sa d&eacute;fense auront &eacute;t&eacute; assur&eacute;e&nbsp;&raquo;&nbsp;; l&rsquo;article 14 du Pacte international sur les droits civils et politiques prescrit que &laquo;&nbsp;toute personne accus&eacute;e d&rsquo;une infraction est pr&eacute;sum&eacute;e innocente jusqu&rsquo;&agrave; ce que sa culpabilit&eacute; ait &eacute;t&eacute; l&eacute;galement &eacute;tablie&nbsp;&raquo;&nbsp;; l&rsquo;article 7-b de la charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples du 28 juin 1981.</p> </div> <div id="sdfootnote79"> <p><a href="#sdfootnote79anc" name="sdfootnote79sym">79</a> Loi portant Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale du Mali, art. 2.</p> </div> <div id="sdfootnote80"> <p><a href="#sdfootnote80anc" name="sdfootnote80sym">80</a> Herv&eacute; Magloire Moneboulou Minkada, op. cit., p. 80.</p> </div> <div id="sdfootnote81"> <p><a href="#sdfootnote81anc" name="sdfootnote81sym">81</a> Malick Coulibaly, op. cit., p. 122.</p> </div> <div id="sdfootnote82"> <p><a href="#sdfootnote82anc" name="sdfootnote82sym">82</a> Adoption de la loi de 2008 sur la r&eacute;pression et celle de 2013.</p> </div> <div id="sdfootnote83"> <p><a href="#sdfootnote83anc" name="sdfootnote83sym">83</a> D&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme de 1948, 1er consid&eacute;rant du pr&eacute;ambule.</p> </div> <div id="sdfootnote84"> <p><a href="#sdfootnote84anc" name="sdfootnote84sym">84</a> D&eacute;claration et programme d&rsquo;action de Vienne, adopt&eacute;s par la conf&eacute;rence mondiale sur les droits de l&rsquo;homme le 25 juin 1993.</p> </div> <div id="sdfootnote85"> <p><a href="#sdfootnote85anc" name="sdfootnote85sym">85</a> Ibidem p. 11.</p> </div> <div id="sdfootnote86"> <p><a href="#sdfootnote86anc" name="sdfootnote86sym">86</a> Code p&eacute;nal du Mali de 2001, art. 209.</p> </div> <div id="sdfootnote87"> <p><a href="#sdfootnote87anc" name="sdfootnote87sym">87</a> Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels inhumains ou d&eacute;gradants adopt&eacute;e le 10 d&eacute;cembre 1984.</p> </div> <div id="sdfootnote88"> <p><a href="#sdfootnote88anc" name="sdfootnote88sym">88</a> CEDH, 7 juill. 1989, Soering c/ Royaume-Uni, cit&eacute; supra n&deg; 18, &sect; 88&nbsp;; CEDH, 18 d&eacute;c. 1996, Aksoy c/ Turquie, cit&eacute; supra n&deg; 11, &sect; 98.</p> </div> <div id="sdfootnote89"> <p><a href="#sdfootnote89anc" name="sdfootnote89sym">89</a> CEDH, 20 mai 2008, Tekin et a. c/ Turquie, &sect; 59.</p> </div> <div id="sdfootnote90"> <p><a href="#sdfootnote90anc" name="sdfootnote90sym">90</a> Carolina Cerda-Guzman,&nbsp;&laquo;&nbsp;Le recours &agrave; la torture par les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme&nbsp;&raquo; in La place des libert&eacute;s face &agrave; la lutte contre le terrorisme, tables rondes organis&eacute;es par le CREDOF en partenariat avec la ligue des droits de l&rsquo;homme. Section-Universit&eacute; Nanterre le 18 juin 2015, p. 38 et s.</p> </div> <div id="sdfootnote91"> <p><a href="#sdfootnote91anc" name="sdfootnote91sym">91</a> Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels inhumains ou d&eacute;gradants, op. cit., art.&nbsp;5.</p> </div> <div id="sdfootnote92"> <p><a href="#sdfootnote92anc" name="sdfootnote92sym">92</a> FIDH, AMDH, Mali, Terrorisme et impunit&eacute; font chanceler un accord de paix fragile, Note de position conjointe, mai 2017, n&deg;&nbsp;692f.</p> </div> <div id="sdfootnote93"> <p><a href="#sdfootnote93anc" name="sdfootnote93sym">93</a> Rapport 2018 du groupe d&rsquo;experts sur le Mali, (S/2018/581-1174). Les exactions sommaires intervenues entre f&eacute;vrier et juin 2018 ont eu lieu notamment dans le village de Sokolo (R&eacute;gion de S&eacute;gou) et &agrave; Boulkessi et Nantaka (R&eacute;gion de Mopti) (Rapport 2019 S/2019/636).</p> </div> <div id="sdfootnote94"> <p><a href="#sdfootnote94anc" name="sdfootnote94sym">94</a> La notion de vie priv&eacute;e est construite sur la dichotomie entre vie priv&eacute;e et vie publique, permettant l&rsquo;approfondissement d&rsquo;une certaine id&eacute;e de la libert&eacute; des individus selon leur personnalit&eacute;, libert&eacute; qui est le point d&rsquo;ancrage &agrave; partir duquel se produit la critique du totalitarisme des pays collectivistes. Pour plus de pr&eacute;cision sur la question, Voir Monica Zwolinska, S&eacute;curit&eacute; et libert&eacute;s fondamentales des communications &eacute;lectroniques en droit fran&ccedil;ais, europ&eacute;en et international, th&egrave;se, Universit&eacute; Nice Sophia Antipolis, 2015, p. 96 et&nbsp;s.</p> </div> <div id="sdfootnote95"> <p><a href="#sdfootnote95anc" name="sdfootnote95sym">95</a> Andr&eacute; Roux,&nbsp;La protection de la vie priv&eacute;e dans les rapports entre l&rsquo;Etat et les particuliers, Presses universitaires d&rsquo;Aix Marseille, 1983, p. 279.</p> </div> <div id="sdfootnote96"> <p><a href="#sdfootnote96anc" name="sdfootnote96sym">96</a> Art. 17 du pacte international aux droits civils et politiques de 1966.</p> </div> <div id="sdfootnote97"> <p><a href="#sdfootnote97anc" name="sdfootnote97sym">97</a> D&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme du 10 d&eacute;c. 1948, art.&nbsp;12&nbsp;; Convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme, art. 8 et ses protocoles 1, 4, 6 et 7.</p> </div> <div id="sdfootnote98"> <p><a href="#sdfootnote98anc" name="sdfootnote98sym">98</a> Cette disposition ne d&eacute;roge pas au r&eacute;gime universel des droits de l&rsquo;homme et, pour le comit&eacute; des droits de l&rsquo;homme; l&rsquo;article 6 du PIDCP impose aussi de &laquo;&nbsp;r&eacute;glementer et limiter strictement les cas dans lesquels une personne peut &ecirc;tre priv&eacute;e de la vie par ces autorit&eacute;s&nbsp;&raquo;. Obs. g&eacute;n&eacute;rale, n&deg; 6, &sect; 3.</p> </div> <div id="sdfootnote99"> <p><a href="#sdfootnote99anc" name="sdfootnote99sym">99</a> CEDH, 26 f&eacute;vr. 2008, Mansuroglu c/ Turquie, &sect; 72.</p> </div> <div id="sdfootnote100"> <p><a href="#sdfootnote100anc" name="sdfootnote100sym">100</a> D&eacute;claration des droits de l&rsquo;homme, de la dignit&eacute; humaine et de la soci&eacute;t&eacute; de l&rsquo;information, Revue qu&eacute;b&eacute;coise de droit international 18.1, 2005, p. 5.</p> </div> <div id="sdfootnote101"> <p><a href="#sdfootnote101anc" name="sdfootnote101sym">101</a> Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale de 2013, art. 71 al. 3.</p> </div> <div id="sdfootnote102"> <p><a href="#sdfootnote102anc" name="sdfootnote102sym">102</a> Constitution du 25 f&eacute;vrier de 1992, art. 6.</p> </div>