<p>La ru&eacute;e des touristes et des passionn&eacute;s de l&rsquo;histoire vers l&rsquo;&icirc;le de Gor&eacute;e<a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a> au S&eacute;n&eacute;gal semble souvent r&eacute;duire la question de l&rsquo;esclavage au rang d&rsquo;abominable pratique remontant &agrave; une &eacute;poque sombre et lointaine de l&rsquo;histoire de l&rsquo;humanit&eacute; et qui ne cesse de susciter une vive &eacute;motion chez l&rsquo;homme moderne. Loin s&rsquo;en faut&nbsp;! Cette repr&eacute;sentation de l&rsquo;esclavage est erron&eacute;e et ne permet pas de rendre compte de la survivance de cette pratique qui suit, sans coup f&eacute;rir, son cours ininterrompu sous les cieux de la plupart des pays du monde y compris le Mali. L&rsquo;affranchissement du pays sous le joug avilissant de la colonisation, bien qu&rsquo;ayant provoqu&eacute; son &eacute;mancipation, n&rsquo;a cependant pas emport&eacute; l&rsquo;effet d&rsquo;entra&icirc;nement souhait&eacute; relatif &agrave; la lib&eacute;ration de tous les esclaves. La destruction de la cha&icirc;ne n&rsquo;a &eacute;t&eacute; que tr&egrave;s partielle. Il existe encore une frange importante de la population malienne assujettie &agrave; cette pratique d&eacute;shonorante.</p> <p>En parlant de la question de l&rsquo;esclavage, une interrogation vient aussit&ocirc;t &agrave; notre esprit : que recouvre la notion d&rsquo;esclavage, en fin de compte, eu &eacute;gard &agrave; la vari&eacute;t&eacute; des pratiques qui lui sont souvent assimil&eacute;es &agrave; tort ou &agrave; raison&nbsp;? D&rsquo;embl&eacute;e, une pr&eacute;cision s&rsquo;impose : &agrave; l&rsquo;instar de son image, les d&eacute;finitions de l&rsquo;esclavage sont multiples et diverses<a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a>. Etymologiquement, le terme moderne &laquo;&nbsp;esclavage&nbsp;&raquo; vient du latin m&eacute;di&eacute;val sclavus&nbsp;: le mot &laquo;&nbsp;esclave&nbsp;&raquo; serait apparu au Haut Moyen &Acirc;ge &agrave; Venise, o&ugrave; la plupart des esclaves &eacute;taient des Slaves des Balkans (alors appel&eacute;s Esclavons, terme issu du grec m&eacute;di&eacute;val &Sigma;&kappa;&lambda;&alpha;&beta;&eta;&nu;&omicron;ί&nbsp;/ Sklavin&iacute;, pluriel de &Sigma;&kappa;&lambda;&alpha;&beta;&eta;&nu;ό&sigmaf;&nbsp;/ Sklavin&oacute;s) (C&agrave;nte, 1996, 91-96), dont certains furent vendus jusqu&#39;en Espagne musulmane o&ugrave; ils sont connus sous le nom de Saqāliba. Sur le plan juridique, face au silence du l&eacute;gislateur malien, la d&eacute;finition de l&rsquo;esclavage qui nous para&icirc;t la plus convaincante est celle emprunt&eacute;e &agrave; la convention de 1926 telle qu&rsquo;amend&eacute;e par le protocole de New-York du 7 d&eacute;cembre 1953. Aux termes de ladite convention &laquo;&nbsp;L&rsquo;esclavage est l&rsquo;&eacute;tat ou condition d&rsquo;un individu sur lequel s&rsquo;exercent les attributs du droit de propri&eacute;t&eacute; ou certains d&rsquo;entre eux&nbsp;&raquo;. Le protocole auquel il est fait allusion y a ajout&eacute; d&rsquo;autres pratiques analogues telles la servitude pour dette, le servage, le travail forc&eacute;, etc. Il convient en outre de relever que, depuis cette &eacute;poque, la notion d&rsquo;esclavage a connu, sans nul doute, une v&eacute;ritable r&eacute;volution. La notion r&eacute;cente ou naissante ayant consid&eacute;rablement &eacute;largi le champ de la d&eacute;finition englobe une kyrielle de cat&eacute;gories de personnes se caract&eacute;risant par leur particuli&egrave;re vuln&eacute;rabilit&eacute; face &agrave; certaines pratiques auxquelles elles sont fr&eacute;quemment soumises bon gr&eacute; mal gr&eacute;. D&eacute;sormais, l&rsquo;exploitation de la mendicit&eacute;<a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a> d&rsquo;autrui, le trafic des enfants<a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a> et des femmes majeures, le mariage et le travail forc&eacute;s<a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a>, qui sont monnaies courantes au Mali, y sont finalement inclus.</p> <p>Quoi de plus inhumain que de soumettre ses semblables &agrave; de telles pratiques&nbsp;? Abraham Lincoln ne disait-il pas que &laquo;&nbsp;si l&rsquo;esclavage n&rsquo;est pas mauvais, rien n&rsquo;est mauvais&nbsp;?&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a>. Malheureusement, les rapports des organisations internationales et les constats des associations militant dans le cadre des droits de l&rsquo;homme en g&eacute;n&eacute;ral, et de l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage en particulier conjugu&eacute;s aux critiques des donneurs de le&ccedil;ons sont accablants &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du Mali et le d&eacute;signent comme coupable &agrave; la vindicte internationale (S. Kate, 2009, 6 et s.).</p> <p>Pourtant, le Mali est loin d&rsquo;&ecirc;tre rest&eacute; en marge des grands mouvements mondiaux orient&eacute;s vers l&rsquo;abolition de cette pratique d&eacute;shumanisante. Pour preuve, il est r&eacute;put&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre un bon &eacute;l&egrave;ve &agrave; l&rsquo;&eacute;cole des droits de l&rsquo;homme et ce, &agrave; travers son adh&eacute;sion &agrave; une panoplie d&rsquo;instruments juridiques tant internationaux que r&eacute;gionaux et sous-r&eacute;gionaux<a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a>.</p> <p>En outre, sur le plan national, la loi fondamentale en date du 25 f&eacute;vrier 1992 affirme de mani&egrave;re assez grandiloquente le principe du caract&egrave;re sacr&eacute; de la personne humaine et bannit, par cons&eacute;quent, toute discrimination de quelque nature qu&rsquo;elle soit<a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a>. S&rsquo;inscrivant dans cette m&ecirc;me ligne, l&rsquo;arsenal juridique r&eacute;pressif malien du 20 ao&ucirc;t 2001 place l&rsquo;esclavage au rang des crimes de guerre et des crimes contre l&rsquo;humanit&eacute; en application de ses articles 29 et suivants. Mieux encore, et plus r&eacute;cemment, les pouvoirs publics sont parvenus, apr&egrave;s une longue p&eacute;riode d&rsquo;h&eacute;sitation, &agrave; &eacute;dicter le 12 juillet 2012 un texte de loi sp&eacute;cialement d&eacute;di&eacute; &agrave; la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es. Il va sans dire que le paysage juridique malien n&rsquo;est pas &eacute;tranger ou indiff&eacute;rent &agrave; la question de l&rsquo;esclavage et comporte des dispositions p&eacute;remptoires de nature &agrave; dissuader ceux qui se livrent, contre leurs semblables, &agrave; des pratiques esclavagistes ou similaires &agrave; celles-ci.</p> <p>Il r&eacute;sulte de ce qui pr&eacute;c&egrave;de, qu&rsquo;au Mali, bravant la r&eacute;pression, des pratiques esclavagistes ou assimil&eacute;es &agrave; l&rsquo;esclavage se traduisent par la n&eacute;gation de l&rsquo;humanit&eacute; de l&rsquo;autre. L&rsquo;abolition officielle versus l&rsquo;abolition officieuse, en d&rsquo;autres termes l&rsquo;abolition formelle des pratiques esclavagistes ou assimil&eacute;es, c&rsquo;est-&agrave;-dire celle inscrite dans le corpus juridique, n&rsquo;impliquent pas toujours l&rsquo;abolition mat&eacute;rielle, c&rsquo;est-&agrave;-dire la fin pure et simple de ce ph&eacute;nom&egrave;ne profond&eacute;ment enracin&eacute; dans les mentalit&eacute;s et dans notre v&eacute;cu quotidien (C. Garrier, 1998, 21 &agrave;&nbsp;25). On assiste curieusement &agrave; une forme de r&eacute;sistance spectaculaire des pratiques esclavagistes face aux interdits normatifs. Ainsi, des &eacute;tudes estiment que plus de 800&nbsp;000 personnes en sont victimes au Mali, soit 7 % de la population (P. Dao, 2012, 34 et s.). Cette estimation est corrobor&eacute;e par un universitaire, Pr. Naffet Keita, selon qui &laquo;&nbsp;Il y a au moins 300&nbsp;000 esclaves &agrave; part enti&egrave;re au Mali ; mais en incluant les descendants et les affranchis, le plus souvent m&eacute;pris&eacute;s, la question concernerait plus de 850&nbsp;000 personnes&hellip;&nbsp;&raquo;. L&rsquo;universitaire a r&eacute;ussi &agrave; esquisser une g&eacute;ographie r&eacute;gionale de l&rsquo;ampleur du ph&eacute;nom&egrave;ne: de 30 &agrave; 35 % de la population autour de Tombouctou, 30&nbsp;% &agrave; Mopti, 20 % &agrave; Gao, 12 &agrave; 15&nbsp;% &agrave; Kayes, etc. (Keita, 2012, 3 et s.)</p> <p>Cet &eacute;tat de fait r&eacute;v&egrave;le sans ambages un d&eacute;calage entre le v&eacute;cu et le l&eacute;gif&eacute;r&eacute;. Le d&eacute;calage est d&rsquo;une telle importance que l&rsquo;on est oblig&eacute; d&rsquo;en conclure que la question de l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage au Mali demeure un long processus. L&rsquo;abolition d&eacute;finitive serait l&rsquo;aboutissement d&rsquo;un combat durable dans lequel doivent s&rsquo;inscrire les acteurs tant publics que priv&eacute;s &oelig;uvrant dans le cadre de l&rsquo;abolition de tout ph&eacute;nom&egrave;ne esclavagiste ou assimil&eacute; &agrave; celui-ci. Cependant, il convient d&rsquo;avoir pr&eacute;sent &agrave; l&rsquo;esprit que ce combat de longue haleine n&rsquo;aura de sens que lorsque les causes profondes qui expliquent la survivance de l&rsquo;esclavage sont pr&eacute;alablement connues et identifi&eacute;es.</p> <p>Le juriste se doit s&rsquo;interroger sur les facteurs qui concourent &agrave; un tel r&eacute;sultat mitig&eacute; et tenter, par la m&ecirc;me occasion, de trouver des rem&egrave;des. Avant de se livrer &agrave; une telle recherche, il convient d&rsquo;abord de passer en revue les normes existantes en mati&egrave;re d&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage (I), avant de se consacrer aux facteurs qui contribuent &agrave; la survivance de ce ph&eacute;nom&egrave;ne au Mali et explorer des pistes de solutions pour une abolition d&eacute;finitive de l&rsquo;esclavage (II).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>I. La contribution des normes &agrave; l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage au Mali</h2> <p>Dans tous les pays du monde, l&rsquo;apport des instruments juridiques a &eacute;t&eacute; consid&eacute;rable pour aboutir l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage. C&rsquo;est dans cette voie que s&rsquo;est lanc&eacute; le Mali pour gagner son pari dans la lutte contre ce fl&eacute;au. L&rsquo;intervention des pouvoirs publics maliens en la mati&egrave;re se situe &agrave; deux niveaux&nbsp;: d&rsquo;une part par la ratification des engagements contenus dans les dispositifs normatifs autres que national (A)&nbsp;; et d&rsquo;autre part, par la voie du dispositif juridique interne&nbsp;(B).</p> <p>&nbsp;</p> <h3>A. Les dispositifs normatifs autres que national</h3> <p>Outre les efforts consentis sur le plan domestique, le Mali a &eacute;galement affich&eacute; une r&eacute;elle volont&eacute; sur le plan ext&eacute;rieur &agrave; travers la souscription tant des normes juridiques internationales (1) que r&eacute;gionales (2) relatives &agrave; l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage ainsi que les pratiques qui leur sont assimil&eacute;es.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. Les normes juridiques internationales</h4> <p>D&egrave;s son accession &agrave; l&rsquo;ind&eacute;pendance, le Mali a sign&eacute; et ratifi&eacute; la quasi-totalit&eacute; des normes juridiques internationales relatives aux droits de l&rsquo;homme en g&eacute;n&eacute;ral, et &agrave; l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage en particulier (CNDH, 2010, 16 et s). Parmi ces instruments juridiques, n&rsquo;en seront cit&eacute;s ici que quelques-uns&nbsp;:</p> <p>-La convention relative &agrave; l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage a &eacute;t&eacute; adopt&eacute;e &agrave; Gen&egrave;ve le 25 septembre 1926 ainsi que son protocole additionnel, et sign&eacute;e par le Mali le 2 f&eacute;vrier 1973. Cette convention constitue une &eacute;tape majeure dans le processus d&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage dans le monde en g&eacute;n&eacute;ral, mais aussi et surtout au Mali. Elle marque la ferme intention des parties signataires de r&eacute;aliser la suppression compl&egrave;te de l&rsquo;esclavage, sous toutes ses formes, et de la traite des esclaves par terre et par mer. Cette convention a pu v&eacute;hiculer les deux messages suivants. D&rsquo;abord l&rsquo;interdiction de l&rsquo;esclavage et de toutes les pratiques similaires adress&eacute;e aux colonisateurs. Puis, l&rsquo;affirmation de l&rsquo;interdiction de l&rsquo;esclavage &agrave; l&rsquo;intention des nouveaux Etats o&ugrave; r&eacute;gnaient encore des pratiques esclavagistes. En outre, elle consacre une d&eacute;finition plus ou moins exhaustive &agrave; la notion de l&rsquo;esclavage qui servira par la suite de r&eacute;f&eacute;rence pour la plupart des conventions ult&eacute;rieures.</p> <p>-La convention suppl&eacute;mentaire relative &agrave; l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues &agrave; l&rsquo;esclavage est adopt&eacute;e &agrave; Gen&egrave;ve le 7 septembre 1956 et entr&eacute;e en vigueur le 30 avril 1957. Le Mali a adh&eacute;r&eacute; &agrave; cette convention &agrave; la m&ecirc;me date que la convention pr&eacute;c&eacute;dente, c&rsquo;est-&agrave;-dire le 2 f&eacute;vrier 1973. Outre son influence sur la d&eacute;finition de la convention de 1926, celle de 1956 &eacute;largit la notion de l&rsquo;esclavage en int&eacute;grant d&rsquo;autres pratiques, et les assimilent &agrave; l&rsquo;esclavage telles la servitude pour dettes, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;&eacute;tat ou la condition r&eacute;sultant du fait qu&rsquo;un d&eacute;biteur s&rsquo;est engag&eacute; &agrave; fournir en garantie d&rsquo;une dette ses services personnels ou ceux de quelqu&rsquo;un sur lequel il a autorit&eacute;, si la valeur &eacute;quitable de ces services n&rsquo;est pas affect&eacute;e &agrave; la liquidation de la dette ou si la dur&eacute;e de ces services n&rsquo;est pas limit&eacute;e ni leur caract&egrave;re d&eacute;fini<a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a>. Le servage en est &eacute;galement inclus. Il est d&eacute;fini comme la condition de quiconque qui est tenu par la loi, la coutume ou un accord, de vivre et de travailler sur une terre appartenant &agrave; une autre personne et de fournir &agrave; cette derni&egrave;re, contre r&eacute;mun&eacute;ration ou gratuitement, certains services d&eacute;termin&eacute;s, sans pouvoir changer sa condition<a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a>. Cette interdiction particuli&egrave;re vise pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;une des origines des pratiques esclavagistes au Mali. C&rsquo;est l&rsquo;hypoth&egrave;se o&ugrave; une famille, apr&egrave;s s&rsquo;&ecirc;tre endett&eacute;e aupr&egrave;s d&rsquo;une autre famille, s&rsquo;est r&eacute;v&eacute;l&eacute;e incapable d&rsquo;honorer son engagement. La famille endett&eacute;e envoie un de ses membres &agrave; la famille cr&eacute;anci&egrave;re pour l&rsquo;ex&eacute;cution de certaines t&acirc;ches pour une dur&eacute;e de temps qui reste parfois ind&eacute;termin&eacute;e, et impliquant, par ricochet, toute une descendance (Haidara, 1987, 5 et s.).</p> <p>Elargissant davantage la liste, la convention visera toute inscription ou pratique tendant &agrave; accorder ou &agrave; c&eacute;der ou &agrave; transmettre une femme pour un mariage ou pour toute autre fin, sans son consentement, moyennant r&eacute;mun&eacute;ration&nbsp;ou autrement. Il en va de m&ecirc;me pour toute institution ou pratique en vertu de laquelle un enfant ou un adolescent de moins de dix-huit ans est remis, soit par ses parents ou par l&rsquo;un d&rsquo;eux, soit par son tuteur, &agrave; un tiers, contre paiement ou non, en vue de l&rsquo;exploitation de la personne, ou du travail dudit enfant ou adolescent<a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a>. Cette convention nous parait r&eacute;aliste, car elle assimile &agrave; l&rsquo;esclavage des pratiques dont la plupart existent au Mali telles le mariage forc&eacute;<a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a>, l&rsquo;incitation des enfants &agrave; la mendicit&eacute;, la transmission de la femme veuve &agrave; un fr&egrave;re de son mari d&eacute;funt, etc.</p> <p>D&rsquo;autres textes internationaux relatifs aux droits de l&rsquo;homme ont &eacute;t&eacute; &eacute;galement ratifi&eacute;s par le Mali. Ces textes aussi bien que les pr&eacute;c&eacute;dents s&rsquo;inscrivent dans des logiques de l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage. De fa&ccedil;on r&eacute;sum&eacute;e&nbsp;: il ressort de l&rsquo;alin&eacute;a 1er de l&rsquo;article 8 du pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) que &laquo;&nbsp;Nul ne sera tenu en esclavage&nbsp;; l&rsquo;esclavage et la traite des esclaves, sous toutes leurs formes, sont interdits&nbsp;&raquo;<a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a>. Cette disposition est la cons&eacute;quence de l&rsquo;article 4 de la d&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme (DUDH) du 10 d&eacute;cembre 1948 &agrave; laquelle le Mali a adh&eacute;r&eacute;<a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc">14</a>.</p> <p>Ces quelques textes internationaux n&rsquo;&eacute;puisent cependant pas le domaine normatif en mati&egrave;re de lutte contre l&rsquo;esclavage au Mali, d&rsquo;autres textes ayant &eacute;t&eacute; ratifi&eacute;s par le Mali au plan africain.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Les normes juridiques africaines</h4> <p>Les normes juridiques r&eacute;gionales ou africaines ont &eacute;galement pris sous leurs ailes la probl&eacute;matique de l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage. Ces normes africaines peuvent &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;es sous deux dimensions&nbsp;: la dimension r&eacute;gionale et la dimension sous r&eacute;gionale.</p> <p>&nbsp;</p> <h5>a. La dimension r&eacute;gionale</h5> <p>La charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples (CADHP) et la charte africaine des droits et du bien-&ecirc;tre de l&rsquo;enfant (CADBEE) respectivement adopt&eacute;es le 27 juin 1981 &agrave; Nairobi et le 11 juillet 1990 &agrave; Addis-Abeba, constituent des instruments juridiques majeurs au plan r&eacute;gional africain. Tandis que la premi&egrave;re est ratifi&eacute;e le 21 d&eacute;cembre 1981, la ratification de la seconde intervient le 3 juin 1998 par le Mali.</p> <p>Chacun de ces deux instruments comporte des dispositions qui militent contre l&rsquo;esclavage ainsi que les pratiques qui sont assimil&eacute;es. Il ressort, de fa&ccedil;on explicite, de la lecture de l&rsquo;article 5 de la CADHP que &laquo;&nbsp;Tout individu a droit au respect de la dignit&eacute; inh&eacute;rente &agrave; la personne humaine et &agrave; la reconnaissance de sa personnalit&eacute; juridique. Toutes formes d&rsquo;exploitation et d&rsquo;avilissement de l&rsquo;homme notamment l&rsquo;esclavage, la traite des personnes (&hellip;) sont interdites&nbsp;&raquo;. La r&eacute;f&eacute;rence faite &agrave; la dignit&eacute; conf&egrave;re ainsi &agrave; la pr&eacute;sente disposition une port&eacute;e assez large. La CADHP fait, de surcro&icirc;t, l&rsquo;obligation &agrave; tous les Etats signataires y compris le Mali de mettre en place tous les m&eacute;canismes n&eacute;cessaires afin de donner effet &agrave; cette disposition. Cependant, il y a lieu de rappeler que les dispositions inscrites dans la charte sont rest&eacute;es pendant longtemps subordonn&eacute;es &agrave; l&rsquo;arbitraire des Etats membres du fait de l&rsquo;absence d&rsquo;un organe judiciaire charg&eacute; d&rsquo;en contr&ocirc;ler la mise en &oelig;uvre effective. Ce vide a &eacute;t&eacute; combl&eacute; par un protocole additionnel portant cr&eacute;ation de la Cour africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples adopt&eacute; le 9 juin 1998 &agrave; Ouagadougou. Ratifi&eacute; le 19 ao&ucirc;t 1999 par le Mali, le protocole instituant un organe juridictionnel &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle r&eacute;gionale afin de veiller au respect des droits de l&rsquo;homme a, nous-semble-il, renforc&eacute; les garanties relatives &agrave; la protection des droits des esclaves.</p> <p>En ce qui concerne la CADBEE, sa ratification par le Mali a accus&eacute; un grand retard, car celle-ci n&rsquo;est intervenue qu&rsquo;au 3 juin 1998, soit cinq ans apr&egrave;s son adoption &agrave; Addis-Abeba le 11 juillet 1990<a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc">15</a>. La dite charte comporte des dispositions prohibant implicitement l&rsquo;esclavage, et explicitement des pratiques assimil&eacute;es &agrave; l&rsquo;esclavage. Ainsi, il r&eacute;sulte de la lecture combin&eacute;e des articles 15, 16, 21 et 29 de la CADBEE que les Etats doivent prendre toutes mesures appropri&eacute;es pour prot&eacute;ger l&rsquo;enfant contre toute forme d&rsquo;exploitation, contre les abus et les mauvais traitements, contre les pratiques n&eacute;gatives sociales et culturelles, enfin, contre la vente, la traite, l&rsquo;enl&egrave;vement et la mendicit&eacute; (Petit, 2020, 221). La mise en &oelig;uvre de ces derni&egrave;res requiert le plus souvent la coop&eacute;ration sous-r&eacute;gionale.</p> <p>&nbsp;</p> <h5>b. La dimension sous r&eacute;gionale</h5> <p>La coop&eacute;ration entre Etats en mati&egrave;re de lutte contre l&rsquo;esclavage est g&eacute;n&eacute;ralement inspir&eacute;e par la n&eacute;cessit&eacute; de la prise de dispositions conjointes afin de lutter contre le ph&eacute;nom&egrave;ne sous sa forme transfrontali&egrave;re. La plupart des accords conclus &agrave; cet effet visent en principe la traite et / ou le trafic des enfants. En la mati&egrave;re, nous retenons quatre accords bilat&eacute;raux majeurs entre le Mali et la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire le 1er septembre 2000, le Burkina Faso le 25 juin 2004, le S&eacute;n&eacute;gal le 22 juillet 2004 et la Guin&eacute;e le 16 juin 2005; et deux accords multilat&eacute;raux, le premier sign&eacute; &agrave; Abidjan entre neuf Etats de l&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest le 27 juillet 2005, le second &agrave; Abuja entre 26 Etats de l&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest et du Centre de r&eacute;gulation sociale (Bureau international catholique de l&rsquo;enfance 2010, 16).</p> <p>Pl&eacute;thoriques, ces normes juridiques internationales ne doivent pas occulter l&rsquo;existence d&rsquo;un dispositif normatif au plan interne.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3>B. Le dispositif normatif interne</h3> <p>Des efforts ont &eacute;t&eacute; consentis au plan interne par la mise en place d&rsquo;un dispositif normatif allant dans le sens de l&rsquo;interdiction et de l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage ainsi que les pratiques analogues. Ces efforts se sont traduits, &agrave; la fois, par l&rsquo;&eacute;diction des dispositions juridiques &agrave; valeur l&eacute;gislative (1), confort&eacute;es et symbolis&eacute;es par celles ayant valeur constitutionnelle (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. Les dispositions juridiques &agrave; valeur constitutionnelle</h4> <p>Contrairement &agrave; la d&eacute;funte Constitution du 2 juin 1974, la loi fondamentale malienne du 25 f&eacute;vrier 1992 n&rsquo;emploie pas express&eacute;ment le terme &laquo;&nbsp;esclavage&nbsp;&raquo;, sans que cela entame sa ferme d&eacute;termination d&rsquo;enrayer le ph&eacute;nom&egrave;ne de l&rsquo;esclavage sous toutes ses formes. Les dispositions ins&eacute;r&eacute;es dans cette &oelig;uvre juridique n&rsquo;en demeurent pas moins &eacute;loquentes. Il est ainsi inscrit au pr&eacute;ambule en des termes exempts de toute ambig&uuml;it&eacute; que &laquo; le peuple souverain du Mali souscrit &agrave; la d&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme du 10 d&eacute;cembre 1948 et &agrave; la charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples du 27 juin 1981&hellip;&nbsp;&raquo; Le renvoi du pr&eacute;ambule &agrave; ces deux instruments juridiques abolitionnistes r&eacute;affirme indirectement l&rsquo;engagement r&eacute;el de l&rsquo;Etat du Mali &agrave; demeurer dans sa logique antiesclavagiste sous quelque forme qu&rsquo;il soit. Cet alin&eacute;a 6 du pr&eacute;ambule se trouve confort&eacute; par, au moins, les cinq premiers articles de la Constitution. Il d&eacute;coule de la combinaison de ces articles l&rsquo;inviolabilit&eacute; de la personne humaine ainsi que les droits fondamentaux qui lui sont reconnus&nbsp;: l&rsquo;&eacute;galit&eacute;, la libert&eacute;, la suret&eacute;, etc.</p> <p>L&rsquo;interdiction de l&rsquo;esclavage &eacute;lev&eacute;e au rang de disposition constitutionnelle n&rsquo;est pas d&eacute;pourvue d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts du point de vue juridique. Elle correspondrait &agrave; un v&eacute;ritable garde-fou adress&eacute; &agrave; tous les pouvoirs, interdisant d&rsquo;attenter &agrave; ce jus cogens<a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc">16</a>. Ni le pouvoir ex&eacute;cutif, ni le pouvoir l&eacute;gislatif, ne sauraient, dans leurs diff&eacute;rentes interventions, quelques formes qu&rsquo;elles puissent prendre, nier ou restreindre la port&eacute;e de cette interdiction constitutionnelle. Le juge, en ce qui le concerne, doit s&rsquo;assurer du respect de celle-ci sous r&eacute;serve de l&rsquo;application, par lui faite, des sanctions pr&eacute;vues par les dispositions juridiques &agrave; valeur l&eacute;gislative<a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc">17</a>.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Les dispositions juridiques &agrave; valeur l&eacute;gislative</h4> <p>L&rsquo;interdiction constitutionnelle des pratiques esclavagistes serait demeur&eacute;e sans aucun effet en l&rsquo;absence de dispositions juridiques rev&ecirc;tant une valeur l&eacute;gislative. A cet effet, il ne serait pas superf&eacute;tatoire de faire allusion (un choix arbitraire&nbsp;?) aux dispositions de deux textes l&eacute;gislatifs r&eacute;volutionnaires&nbsp;: la loi n&deg; 01-079 du 20 ao&ucirc;t 2001 portant Code p&eacute;nal et la loi n&deg; 2012 &ndash; 023 du 12 juillet 2012 relative &agrave; la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es.</p> <p>&nbsp;</p> <p>-Le Code p&eacute;nal de 2001</p> <p>Un redoutable arsenal juridique r&eacute;pressif est porteur des dispositions qui incriminent et sanctionnent l&rsquo;esclavage et les pratiques qui lui sont assimil&eacute;es. Poussant la gravit&eacute; de l&rsquo;acte &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me, les articles 29 et suivants du Code p&eacute;nal situent les actes entra&icirc;nant r&eacute;duction en esclavage sexuel ou non, au niveau des crimes contre l&rsquo;humanit&eacute; et des crimes de guerre. Les dimensions r&eacute;volutionnaire et symbolique de ces crimes r&eacute;sident dans l&rsquo;extr&ecirc;me gravit&eacute; de la sanction (la mort&nbsp;: art. 32 al. 1 CP) et dans leur imprescriptibilit&eacute; conform&eacute;ment &agrave; l&rsquo;alin&eacute;a 2 de l&rsquo;article 32 dudit Code. Il s&rsquo;ensuit que ceux qui s&rsquo;ent&ecirc;tent &agrave; s&rsquo;adonner &agrave; ces pratiques moyen&acirc;geuses pourraient faire l&rsquo;objet, en tout temps et tout lieu, de poursuites et de condamnations cons&eacute;cutives &agrave; la transgression des dispositions sus-indiqu&eacute;es. L&rsquo;addition du Code p&eacute;nal de 2001 et de la loi du 16 juillet 2012 pourrait apporter des r&eacute;ponses aux crimes de guerre et aux crimes contre l&rsquo;humanit&eacute; perp&eacute;tr&eacute;s dans le septentrion malien suite &agrave; la crise de 2012.</p> <p>&nbsp;</p> <p>-La loi du 16 juillet 2012</p> <p>Elle constitue un texte sp&eacute;cialement d&eacute;di&eacute; &agrave; la question de l&rsquo;esclavage appr&eacute;hend&eacute;e sous ses dimensions tant int&eacute;rieure que transfrontali&egrave;re. Outre les d&eacute;finitions qu&rsquo;elle consacre &agrave; la traite et aux diverses pratiques assimil&eacute;es &agrave; l&rsquo;esclavage, la loi susvis&eacute;e appara&icirc;t comme une autre branche du droit p&eacute;nal et de la proc&eacute;dure p&eacute;nale au Mali.</p> <p>Tout comme le droit p&eacute;nal, elle incrimine les pratiques esclavagistes mentionn&eacute;es et organise une s&eacute;rie de sanctions p&eacute;nales dont la s&eacute;v&eacute;rit&eacute; s&rsquo;appr&eacute;cie en fonction du modus operandi des actes incrimin&eacute;s. A titre d&rsquo;exemple&nbsp;: la vuln&eacute;rabilit&eacute; eu &eacute;gard &agrave; l&rsquo;&eacute;tat physique ou psychique de la victime, la nature de liens entre le coupable et la victime, les cons&eacute;quences susceptibles d&rsquo;en r&eacute;sulter, etc. constituent, entre autres, des crit&egrave;res justificatifs de la s&eacute;v&eacute;rit&eacute; des sanctions encourues<a href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc">18</a>.</p> <p>Au plan processuel, elle renvoie au Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale. Ainsi, en application de son article 15 alin&eacute;a 1 &laquo;&nbsp;la recherche et la constatation des infractions pr&eacute;vues par la pr&eacute;sente loi sont r&eacute;gies par le Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale, sous r&eacute;serve des dispositions qui suivent&nbsp;&raquo;. L&rsquo;alin&eacute;a 2 ajoute que &laquo;&nbsp;les visites, perquisitions et saisies peuvent &ecirc;tre effectu&eacute;es &agrave; toute heure, de jour comme de nuit &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des locaux suppos&eacute;s abriter des victimes ou servant de lieu de pr&eacute;paration pour la commission des infractions &agrave; la pr&eacute;sente loi&hellip;&nbsp;&raquo;. Le dernier alin&eacute;a dudit article vient faciliter l&rsquo;administration de la preuve en admettant que la preuve peut &ecirc;tre faite par tous moyens, y compris les enregistrements audio, vid&eacute;o ou tout moyen &eacute;lectronique de conservation de donn&eacute;es. Une telle admission constitue une des innovations de la loi de 2016. Elle incite davantage toute personne ayant pris part &agrave; une association ou une entente en vue de commettre l&rsquo;une des infractions vis&eacute;es, &agrave; la d&eacute;nonciation de l&rsquo;existence de ce projet en cours, si toutefois elle permet l&rsquo;identification des personnes impliqu&eacute;es. En contrepartie, l&rsquo;agent d&eacute;nonciateur est exempt&eacute; de toute peine (art. 21). Toujours dans la logique d&rsquo;encourager la d&eacute;nonciation, la loi pr&eacute;voit des garanties destin&eacute;es &agrave; la protection des victimes et des t&eacute;moins (V. arts. 22 et suivants).</p> <p>Sous le prisme de ce qui pr&eacute;c&egrave;de, nul ne saurait soutenir mordicus, sans craindre d&rsquo;&ecirc;tre contest&eacute;, que l&rsquo;Etat du Mali est en d&eacute;ficit de corpus juridique suffisamment arm&eacute; de vertus comminatoires aptes &agrave; dissuader toute personne qui se livrerait aux pratiques de l&rsquo;esclavage ou aux actes qui sont analogues. Pourtant, aussi effarant que cela puisse para&icirc;tre, le ph&eacute;nom&egrave;ne de l&rsquo;esclavage demeure prosp&egrave;re sous nos cieux et ce, nonobstant l&rsquo;existence d&rsquo;un faisceau dense d&rsquo;instruments juridiques &agrave; vocation abolitionniste de ce fl&eacute;au. La pratique de l&rsquo;esclavage a donc surv&eacute;cu malgr&eacute; sa condamnation.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>II. La survivance des pratiques esclavagistes au Mali</h2> <p>Insoucieux de sa condamnation, l&rsquo;esclavage suit son cours normal au Mali, n&rsquo;en d&eacute;plaise aux donneurs de le&ccedil;ons et aux d&eacute;fenseurs des droits de l&rsquo;homme. Il est cependant du devoir du juriste de s&rsquo;interroger sur les facteurs qui contribuent &agrave; la survie de ce ph&eacute;nom&egrave;ne (A) et sur les moyens &agrave; explorer pour trouver des pistes de solution pouvant aboutir &agrave; sa disparition d&eacute;finitive (B).</p> <p>&nbsp;</p> <h3>A. Les facteurs contributifs &agrave; la survie</h3> <p>Nombreux sont les facteurs qui concourent &agrave; la p&eacute;rennit&eacute; des pratiques esclavagistes. Dans le cadre de la pr&eacute;sente r&eacute;flexion, nous ne retiendrons que deux facteurs&nbsp;r&eacute;currents au Mali&nbsp;: les facteurs historiques (1) sur lesquels viennent se greffer les facteurs contemporains (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. Les facteurs historiques</h4> <p>La survie de l&rsquo;esclavage au Mali s&rsquo;explique, en partie, par la manifestation de ph&eacute;nom&egrave;nes qui remontent &agrave; un pass&eacute; qui n&rsquo;est pas si lointain. Ces ph&eacute;nom&egrave;nes se manifestent g&eacute;n&eacute;ralement par la transmission du statut de l&rsquo;esclave de p&egrave;re &agrave; fils, esclavage transmis sous forme d&rsquo;h&eacute;ritage (a). La l&eacute;gitimit&eacute; de cette pratique repose le plus souvent sur la religion musulmane (b).</p> <h5>&nbsp;</h5> <h5>a. L&rsquo;esclavage comme h&eacute;ritage de l&rsquo;histoire</h5> <p>Certains esclaves empruntent leur statut au seul fait que leurs a&iuml;eux l&rsquo;&eacute;taient aussi. Il y a lieu de rappeler que le statut d&rsquo;esclave r&eacute;sulte de diff&eacute;rentes circonstances notamment la guerre et la servitude pour dettes (Haidara, 1987, 6 et s.)</p> <p>Le Mali est un pays de riches civilisations. Il a connu de grands conqu&eacute;rants dont la renomm&eacute;e s&rsquo;&eacute;tendait hors des fronti&egrave;res nationales. En effet, l&rsquo;id&eacute;e toujours grandissante d&rsquo;&eacute;tendre les fronti&egrave;res nationales et de se procurer aussi des hommes qui s&rsquo;occuperont des travaux indignes d&rsquo;un noble, poussait les empereurs &agrave; se d&eacute;clarer mutuellement la guerre. A l&rsquo;issue des guerres, les vaincus &eacute;taient donc tenus prisonniers. Ils &eacute;taient le plus souvent r&eacute;duits en esclavage. Cette soumission &eacute;tait &agrave; l&rsquo;abri de toute prescription. Ainsi, toute une descendance n&rsquo;ayant pourtant pris part &agrave; aucune guerre, na&icirc;tra ipso facto sous le statut d&rsquo;esclave et sera tenue aux m&ecirc;mes devoirs et obligations &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du ma&icirc;tre de leur p&egrave;re esclave de m&ecirc;me que tous les descendants de ce dernier.</p> <p>L&rsquo;une des causes pouvant &eacute;galement conduire &agrave; l&rsquo;esclavage r&eacute;sidait dans les rapports contractuels entre deux familles. Des besoins pressants poussaient g&eacute;n&eacute;ralement une famille &agrave; recourir aux soutiens financiers, mat&eacute;riels ou autres d&rsquo;une autre famille (Testart, 2001, 2 et s.&nbsp;; Jacob, 1994, 1 et s.). N&rsquo;&eacute;tant pas parvenue &agrave; &eacute;ponger sa dette, la famille d&eacute;bitrice s&rsquo;obligeait &agrave; envoyer un de ses membres &agrave; charge d&rsquo;accomplir une certaine t&acirc;che au profit de la famille cr&eacute;anci&egrave;re (Moreau, 1849, 1 et s.). Le maintien de l&rsquo;ex&eacute;cutant sous la contrainte d&rsquo;une telle obligation pouvait s&rsquo;&eacute;tendre sur un laps de temps plus ou moins long, voire ind&eacute;termin&eacute;. Les enfants n&eacute;s d&rsquo;un p&egrave;re ou d&rsquo;une m&egrave;re plac&eacute;s sous le statut d&rsquo;esclave se voyaient imposer le m&ecirc;me statut (Cahen, 1997, 158).</p> <p>Ces r&eacute;alit&eacute;s ont persist&eacute; jusqu&rsquo;&agrave; nos jours. Les Touaregs sont toujours divis&eacute;s en trois classes&nbsp;: nobles, vassaux et bellahs. Et les sonrha&iuml; poss&egrave;dent toujours captifs ou &laquo;&nbsp;bania&nbsp;&raquo; (Haidara, 1987, 7 &agrave; 8).</p> <p>Beaucoup de ces esclaves savent qu&rsquo;aux yeux de la loi, ils sont libres, mais ils ob&eacute;issent encore &agrave; leurs anciens maitres<a href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc">19</a>. A Tombouctou par exemple, m&ecirc;me avec l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage, certains esclaves ont &eacute;t&eacute; oblig&eacute;s de se racheter pour obtenir leur libert&eacute;. Cette op&eacute;ration a lieu devant l&rsquo;imam et des t&eacute;moins. Cette attitude s&rsquo;explique par le fait que les esclaves sont attach&eacute;s &agrave; une tradition et &agrave; un pass&eacute; qu&rsquo;ils ont peur de trahir. Surtout&nbsp;: les maitres &eacute;taient des marabouts, ils redoutent que ces derniers leur infligent un sort lugubre.</p> <h5>&nbsp;</h5> <h5>b. La religion</h5> <p>La religion appara&icirc;t comme une source de l&eacute;gitimit&eacute; pour les pratiques esclavagistes. L&rsquo;une des raisons qui expliquent la persistance de ce ph&eacute;nom&egrave;ne dans les pays arabes ou de civilisation arabe est la religion. En ce qui concerne l&rsquo;islam, il traite l&rsquo;homme comme une richesse inestimable, une cr&eacute;ature aux aspirations multiples. L&rsquo;homme ne pouvait donc &ecirc;tre r&eacute;duit au rang d&rsquo;une marchandise. Pourtant, l&rsquo;islam a aussi connu cette institution. Il est bien vrai que le Coran n&rsquo;a pas aboli l&rsquo;esclavage. Il le reconna&icirc;t d&rsquo;ailleurs<a href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc">20</a>. Il y a quand m&ecirc;me lieu de noter que l&rsquo;islam a toujours pr&ocirc;n&eacute; un traitement adouci r&eacute;serv&eacute; aux esclaves. Il est rapport&eacute; par une doctrine autoris&eacute;e de l&rsquo;islam que le Proph&egrave;te Mahomet (PSL) aurait dit ce qui suit &laquo;&nbsp;&hellip; Ceux-ci sont vos fr&egrave;res, vos poss&eacute;d&eacute;s. Celui qui a son fr&egrave;re sous sa domination doit le faire manger ce que lui-m&ecirc;me mange, le v&ecirc;tir comme lui-m&ecirc;me. Ne les faites pas travailler au-dessus de leur capacit&eacute;; si vous le faites, aidez-les&nbsp;&raquo;. Il r&eacute;sulte que l&rsquo;esclavage reste autoris&eacute;, mais que l&rsquo;esclave m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre trait&eacute; avec une plus grande mansu&eacute;tude. Au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Xe_si%C3%A8cle">Xe&nbsp;si&egrave;cle</a>, un calife de Bagdad, sous la dynastie <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Califat_abbasside">Abbasside</a>, ne poss&egrave;de pas moins de 10&nbsp;000 esclaves<a href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc">21</a>.</p> <p>Ce choc de positionnement entre le divin et le rationnel est de nature &agrave; rendre malais&eacute; le dialogue entre ces deux. En attendant qu&rsquo;il y ait un terrain d&rsquo;entente, la pratique de l&rsquo;esclavage aura de beaux jours &agrave; vivre eu &eacute;gard aux facteurs contemporains qui tendent &agrave; l&rsquo;amplifier.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Les facteurs contemporains</h4> <p>A ce titre, l&rsquo;on ne retient que ceux qui ont trait &agrave; l&rsquo;ineffectivit&eacute; des dispositifs juridiques engag&eacute;s &agrave; cet effet. Cette ineffectivit&eacute; s&rsquo;explique par diff&eacute;rents obstacles auxquels se heurte l&rsquo;application de ces textes.</p> <p>Malgr&eacute; la ratification de tous ces instruments juridiques internationaux et r&eacute;gionaux de protection et de promotion des droits de l&rsquo;homme, quelques obstacles subsistent qui sont entre autres : la m&eacute;connaissance, par la population, des textes de droit interne et des normes internationales relatives aux droits de l&rsquo;homme&nbsp;; le faible niveau d&rsquo;harmonisation de nos textes avec les instruments internationaux ratifi&eacute;s&nbsp;; la faible application des instruments internationaux par les juridictions nationales&nbsp;; la non invocation des normes internationales par les justiciables et par les avocats&nbsp;; le faible niveau de formation des acteurs de la justice au droit international et aux instruments internationaux relatifs aux droits de l&rsquo;homme.</p> <p>En vue d&rsquo;apporter des rem&egrave;des appropri&eacute;s aux probl&egrave;mes li&eacute;s &agrave; la combinaison de ces deux facteurs contributifs &agrave; la survivance du ph&eacute;nom&egrave;ne de l&rsquo;esclavage, nous nous proposons de mettre en exergue des m&eacute;thodes susceptibles d&rsquo;enrayer ce fl&eacute;au et ce, en d&eacute;pit de son profond ancrage dans les habitudes.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. Les m&eacute;thodes envisageables pour une abolition d&eacute;finitive</h3> <p>L&rsquo;objectif qui tend &agrave; sonner le glas des pratiques esclavagistes requiert la mise en &oelig;uvre de m&eacute;thodes ou de moyens efficaces pour y arriver. Ces m&eacute;thodes peuvent &ecirc;tre persuasives (1) ou lorsque les circonstances n&eacute;cessitent, d&rsquo;envisager l&rsquo;usage de m&eacute;thodes radicales ou dissuasives (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. Le recours aux moyens persuasifs</h4> <p>Au plan national, la politique de pr&eacute;vention et de lutte contre l&rsquo;esclavage ainsi que les pratiques assimil&eacute;es doivent passer par la sensibilisation (Michel, 2018, 103 &agrave; 126), par l&rsquo;information, par l&rsquo;&eacute;ducation, par l&rsquo;apport de soutiens &eacute;conomiques et financiers en faveur des descendants d&rsquo;esclaves et des esclaves affranchis.</p> <p>La sensibilisation doit consister &agrave; d&eacute;courager l&rsquo;esclavage ainsi que les autres pratiques assimil&eacute;es. Pour ce faire, l&rsquo;intervention d&rsquo;acteurs ayant une certaine exp&eacute;rience s&lsquo;av&egrave;re indispensable afin de tenir le discours qu&rsquo;il faut, orient&eacute; dans le sens de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des hommes en droits et en dignit&eacute;. Cette vaste campagne de sensibilisation doit &ecirc;tre soutenue par une large campagne d&rsquo;information.</p> <p>L&rsquo;information doit concerner notamment l&rsquo;existence des instruments &eacute;dict&eacute;s dans le dessein d&rsquo;abolir l&rsquo;esclavage (Graff, 2020, 197). Pour ce faire, il serait opportun de proc&eacute;der &agrave; des publicit&eacute;s, des sketchs, des pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre, des films, des messages transmis par le canal des t&eacute;l&eacute;visions, des radios, des r&eacute;seaux internet, etc. Des programmes scolaires doivent &eacute;galement &ecirc;tre r&eacute;organis&eacute;s dans le cadre d&rsquo;une &eacute;ducation orient&eacute;e vers l&rsquo;interdiction de cette pratique.</p> <p>Aux plans national et international, et relativement aux obstacles rencontr&eacute;s dans le cadre de l&rsquo;application des instruments juridiques, l&rsquo;Etat doit mettre en place une politique et un m&eacute;canisme de vulgarisation des textes nationaux et des normes internationales (traduction en langues nationales &eacute;crites et parl&eacute;es), acc&eacute;l&eacute;rer l&rsquo;harmonisation des textes internes avec les instruments internationaux ratifi&eacute;s, &eacute;laborer une politique ou strat&eacute;gie de formation et d&rsquo;information des acteurs de la justice aux instruments supranationaux existants en la mati&egrave;re, enfin adopter et mettre en &oelig;uvre sa politique nationale relative aux droits de l&rsquo;homme.</p> <p>L&rsquo;Etat doit &eacute;galement prendre les mesures qui sont n&eacute;cessaires afin de faire en sorte que les migrations s&rsquo;op&egrave;rent de mani&egrave;re l&eacute;gale, notamment par la diffusion d&rsquo;informations exactes par les services concern&eacute;s, sur les conditions permettant l&rsquo;entr&eacute;e et le s&eacute;jour l&eacute;gaux sur son territoire. De m&ecirc;me, il serait souhaitable d&rsquo;envisager des mesures sp&eacute;cifiques afin de r&eacute;duire la vuln&eacute;rabilit&eacute; des enfants &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la traite, notamment en cr&eacute;ant un environnement protecteur pour ces derniers.</p> <p>En outre, il sera question d&rsquo;accorder des soutiens financiers et &eacute;conomiques aux descendants d&rsquo;esclaves et aux esclaves affranchis afin de ne pas leur donner l&rsquo;envie d&rsquo;y retourner ou de solliciter un soutien aupr&egrave;s de leur ancien maitre. Une fois l&rsquo;ex&eacute;cution &agrave; bon escient de cette politique devenue effective, l&rsquo;on pourrait passer &agrave; la vitesse sup&eacute;rieure par l&rsquo;usage de m&eacute;thodes dissuasives.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>2. Le recours aux moyens dissuasifs</h4> <p>Le recours aux moyens dissuasifs pr&eacute;sente l&rsquo;avantage de pouvoir vaincre la r&eacute;sistance des responsables les plus r&eacute;calcitrants. Il est vrai que la sanction, m&ecirc;me son durcissement, ne constitue gu&egrave;re le ressort le plus &eacute;nergique de l&rsquo;ex&eacute;cution spontan&eacute;e de la r&egrave;gle de droit (Cornu, 1999, 20). Cependant, et pour nuancer, il faut reconna&icirc;tre que nombreux sont ceux qui ne comprennent que le langage de la force. D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;imp&eacute;rieuse n&eacute;cessit&eacute; de renforcer la vertu dissuasive de l&rsquo;arsenal juridique p&eacute;nal. D&eacute;sormais, toute pratique de nature esclavagiste doit &ecirc;tre sanctionn&eacute;e par des peines criminelles compl&eacute;t&eacute;es par le versement d&rsquo;une indemnit&eacute; p&eacute;cuniaire r&eacute;paratrice des pr&eacute;judices subis.</p> <p>Le durcissement des mesures r&eacute;pressives doit &ecirc;tre accompagn&eacute; par leur application effective, car, comme le dirait Thomas Hobbes, &laquo;&nbsp;le droit sans glaive n&rsquo;est qu&rsquo;un mot&nbsp;&raquo;. L&rsquo;application exemplaire des sanctions servirait de le&ccedil;on &agrave; l&rsquo;endroit de ceux qui s&rsquo;ent&ecirc;tent dans cette pratique et de ceux qui sont d&eacute;sireux de s&rsquo;y aventurer.</p> <p>Un autre moyen efficace serait d&rsquo;appeler les esclaves &agrave; la r&eacute;volte ou &agrave; la d&eacute;sob&eacute;issance mais de tels actes auront certainement des r&eacute;percussions n&eacute;gatives pour les esclaves. Aussi l&rsquo;Etat doit porter ses soutiens de quelque nature qu&rsquo;ils soient. Des mesures de sanction doivent &eacute;galement &ecirc;tre pr&eacute;vues &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des esclaves qui se seraient d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment maintenus sous la pratique<a href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc">22</a>.</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: center;">* *</p> <p>&nbsp;</p> <p>Une prompte analyse nous a permis de passer en revue la situation juridique et factuelle de l&rsquo;esclave au Mali. Il a &eacute;t&eacute; d&eacute;montr&eacute; que le Mali, comme d&rsquo;autres pays du monde, n&rsquo;est pas rest&eacute; en marge dans le combat men&eacute; contre l&rsquo;esclavage ainsi que contre les pratiques similaires. A cet effet, le voile a &eacute;t&eacute; lev&eacute; sur toute une batterie d&rsquo;instruments juridiques, tant sur le plan national que supranational. L&rsquo;analyse a cependant r&eacute;v&eacute;l&eacute; l&rsquo;inaptitude de ces dispositifs juridiques &agrave; enrayer le ph&eacute;nom&egrave;ne de l&rsquo;esclavage. L&rsquo;abolition officielle s&rsquo;est r&eacute;v&eacute;l&eacute;e incapable de supprimer la pratique officieuse de l&rsquo;esclavage. Le constat d&rsquo;un d&eacute;calage entre le l&eacute;gif&eacute;r&eacute; et le v&eacute;cu est partout.</p> <p>L&rsquo;occasion n&rsquo;a pourtant pas &eacute;t&eacute; manqu&eacute;e de mettre en avant les facteurs qui concourent &agrave; la p&eacute;rennit&eacute; des pratiques esclavagistes. Sans pr&eacute;tendre &agrave; l&rsquo;exhaustivit&eacute;, n&rsquo;ont &eacute;t&eacute; mis en &eacute;vidence que quelques facteurs historiques et contemporains qui nourrissent ce ph&eacute;nom&egrave;ne condamn&eacute; &agrave; dispara&icirc;tre.</p> <p>Face &agrave; cette situation troublante, il a &eacute;t&eacute; opportun&eacute;ment sugg&eacute;r&eacute; de recourir aux moyens persuasifs et dissuasifs comme antidotes &agrave; cette pathologie, &agrave; d&eacute;faut desquels le combat contre ce fl&eacute;au dont les racines sont tr&egrave;s ancr&eacute;es serait une gageure, un &eacute;ternel effort vers un temple perdu. Mais les moyens expos&eacute;s seront-ils suffisants pour &eacute;radiquer l&rsquo;esclavage au Mali ? Rien n&rsquo;est moins s&ucirc;r car les vieilles habitudes ont la peau dure.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Ouvrages g&eacute;n&eacute;raux </strong></p> <p>-G. CORNU, Introduction: les personnes, les biens, Montchrestien, 9e &eacute;d., 1999.</p> <p>-O. GRENOUILLEAU, Qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;esclavage&nbsp;? Une histoire globale, Gallimard, Biblioth&egrave;que des histoires, 2014.</p> <p>-A. JACOB, Le Travail reflet des cultures, PUF, 1994.</p> <p>-C. MOREAU, Du droit &agrave; l&rsquo;oisivet&eacute; et de l&rsquo;organisation du travail servile dans les r&eacute;publiques grecques et romaines, Guillaumin, Paris, 1849.</p> <p>-A. TESTART, L&rsquo;Esclave, la dette et le pouvoir, &eacute;ditions Errance, Paris, 2001.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Ouvrages sp&eacute;ciaux</strong></p> <p>-C. CAHEN, L&#39;Islam. Des origines au d&eacute;but de l&#39;empire ottoman, Hachette, 1997.</p> <p>-F. CONTE, Les Slaves, Biblioth&egrave;que de l&#39;&Eacute;volution de l&#39;Humanit&eacute;, Albin Michel, 1996.</p> <p>-P. DAO, La survivance de l&rsquo;esclavage au Mali, &eacute;d. Jamana, Bamako, 2012.</p> <p>-S. KATE, La probl&eacute;matique du travail des enfants au Mali&nbsp;: un autre d&eacute;fi pour le droit des droits de l&rsquo;homme&nbsp;?, &eacute;d. Jamana, Bamako, 2009.</p> <p>-N. KEITA, L&rsquo;esclavage au Mali, L&rsquo;Harmattan, Bamako, 2012.</p> <p>-C. MEILLASSOUX, Anthropologie de l&rsquo;esclavage, PUF, 1986.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>M&eacute;moire</strong></p> <p>-H. HA&Iuml;DARA, &laquo;&nbsp;L&rsquo;esclavage&nbsp;: les pratiques coutumi&egrave;res, l&rsquo;islam et le droit positif, M&eacute;moire de Maitrise, Ecole nationale d&rsquo;administration (ENA), 1987.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Articles</strong></p> <p>-M. CAMARA &laquo;&nbsp;Probl&eacute;matique de la mendicit&eacute; des enfants au Mali&nbsp;&raquo;, Journ&eacute;e de plaidoyer du Groupe de R&eacute;flexion sur les Droits de l&rsquo;Enfant 1er juillet 2008. Disponible en ligne: https://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_de_l%27enfant_au_Mali#Enfants_des_rues_et_enfants_mendiants</p> <p>-C. GARRIER, &laquo;&nbsp;De la difficult&eacute; d&#39;abolir l&#39;esclavage en Afrique&nbsp;&raquo;, Pr&eacute;sence Africaine 1998/1, n&deg; 157.</p> <p>-T.-F. GRAFF, &laquo; L&#39;interdiction de l&#39;esclavage, norme de jus cogens en droit international et droit inconditionnel en droit europ&eacute;en &raquo;, in Cahiers de la justice, 2020, p. 197.</p> <p>-J. MICHEL, &laquo;&nbsp;Le r&ocirc;le des associations antillaises et du Parti communiste fran&ccedil;ais dans la reconnaissance de l&rsquo;esclavage comme crime contre l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&raquo;, in Cahiers d&#39;&eacute;tudes africaines 2018/1 n&deg; 229.</p> <p>-J. NISOT, &laquo;&nbsp;Le concept de jus cogens envisag&eacute; par rapport au droit international&nbsp;&raquo; en ligne: http://rbdi.bruylant.be/public/modele/rbdi/content/files/RBDI%201968/RBDI%201968%20-%201/Etudes/RBDI%201968.1%20-%20pp.%201%20%C3%A0%207%20-%20Joseph%20Nisot.pdf.</p> <p>-B. PETIT, &laquo;&nbsp;Formes l&eacute;gales de travail et formes contemporaines d&#39;esclavage&nbsp;&raquo;, Revue cahiers de la justice, 2020.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Presse et Rapports</strong></p> <p>-Bureau international catholique de l&rsquo;enfance (BICE)&nbsp;/ Kinder Rechte Africa, Recueil sur la minorit&eacute;&nbsp;: Analyse et commentaires de la l&eacute;gislation applicable aux enfants contrevenants, en danger ou victimes d&rsquo;infractions, Mali, 2010.</p> <p>-Bureau international du travail, Rapport de la commission d&rsquo;experts pour l&rsquo;application des conventions et des recommandations, rapport g&eacute;n&eacute;ral et observation concernant certains pays, Gen&egrave;ve, 1999.</p> <p>-Commission nationale des droits de l&rsquo;homme (CNDH), Rapport annuel 2010 sur la situation des droits de l&rsquo;homme au Mali, 2010.</p> <p>-&laquo;&nbsp;Des enfants maliens exploit&eacute;s dans les plantations&nbsp;&raquo;, L&#39;indicateur Renouveau,&lrm; 3 mars 2008.</p> <p>-N. S. HAIDARA, &laquo;&nbsp;Office du Niger: Le combat s&#39;intensifie contre le trafic des enfants&nbsp;&raquo;, L&#39;Essor,&lrm; 17 juin 2008.</p> <p>-M. A. TRAORE, &laquo;&nbsp;Lutte contre la traite des enfants: un check-up bien &agrave; propos&nbsp;&raquo;, L&rsquo;Essor,&lrm; 31 mars 2009.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Instruments juridiques supranationaux/nationaux</strong></p> <p>-La convention relative &agrave; l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage, adopt&eacute;e &agrave; Gen&egrave;ve le 25 septembre 1926 ainsi que son protocole additionnel.</p> <p>-La convention suppl&eacute;mentaire relative &agrave; l&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues &agrave; l&rsquo;esclavage faite &agrave; Gen&egrave;ve le 7 septembre 1956.</p> <p>-La charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples (CADHP) du 27 juin 1981.</p> <p>-La charte africaine des droits et du bien-&ecirc;tre de l&rsquo;enfant (CADBEE) du 11 juillet 1990.</p> <p>-La d&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme (DUDH).</p> <p>-Le pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).</p> <p>-Le pacte international relatif aux droits &eacute;conomiques sociaux et culturels (PIDESC).</p> <p>-La Constitution du 25 f&eacute;vrier 1992.</p> <p>-La loi n&deg; 01-079 du 20 ao&ucirc;t 2001 portant Code p&eacute;nal</p> <p>-La loi n&deg; 01-080 du 20 ao&ucirc;t 2001 portant Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale</p> <p>-La loi du 16 juillet 2012</p> <div id="sdfootnote1"> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> L&rsquo;&icirc;le de Gor&eacute;e est un lieu plus symbolique qu&rsquo;historique car les d&eacute;portations depuis Gor&eacute;e furent tr&egrave;s minoritaires en comparaison des autres centres de la c&ocirc;te ouest africaine ou bien de la C&ocirc;te des Esclaves (B&eacute;nin). N&eacute;anmoins le nom de Gor&eacute;e reste &eacute;troitement attach&eacute; &agrave; cette p&eacute;riode tragique. Pour conna&icirc;tre l&rsquo;histoire de l&rsquo;&icirc;le et son lien &eacute;troit avec l&rsquo;esclavage, consulter le site suivant: http://www.senegal-online.com/tourisme_au_senegal/villes-et-villages-du-senegal/goree/histoire-de-lile-de-goree/.</p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> Il existe aussi des d&eacute;finitions acad&eacute;miques. l&#39;historien Olivier Grenouilleau propose une d&eacute;finition de l&#39;esclavage autour de quatre caract&egrave;res se combinant, selon les cas, de mani&egrave;res diff&eacute;rentes : l&#39;esclave est un humain qui, m&ecirc;me semblable (de race, d&#39;origine ou de religion), est transform&eacute; en un &laquo;&nbsp;autre radical&nbsp;&raquo; &agrave; la &laquo;&nbsp;suite d&#39;un processus de d&eacute;socialisation, de d&eacute;culturation et de d&eacute;personnalisation faisant de lui une personne exclue des liens de parent&eacute; et ne pouvant les exercer sur ses enfants&nbsp;&raquo;; l&rsquo;esclave &laquo;&nbsp;est poss&eacute;d&eacute; par son ma&icirc;tre&nbsp;&raquo;. Olivier Grenouilleau pr&eacute;f&egrave;re, au terme de &laquo;&nbsp;propri&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;, celui de &laquo;&nbsp;possession&nbsp;&raquo; pour marquer la &laquo;&nbsp;dimension totalitaire de cette d&eacute;pendance&nbsp;&raquo;, le ma&icirc;tre disposant de la personne de l&#39;esclave et pas seulement de son travail: &laquo;&nbsp;L&#39;&Eacute;tat ou la puissance publique ne peut l&#39;atteindre que par la m&eacute;diation de son ma&icirc;tre &raquo;; &laquo;&nbsp;L&#39;utilit&eacute; quasi universelle de l&#39;esclave&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;des t&acirc;ches les plus humbles et les plus d&eacute;shonorantes jusqu&#39;&agrave; de tr&egrave;s hautes fonctions administratives et militaires&nbsp;&raquo;; Quatri&egrave;me caract&egrave;re d&eacute;coulant des pr&eacute;c&eacute;dents, l&#39;esclave &laquo;&nbsp;voit son humanit&eacute; mise en sursis&nbsp;&raquo;: &laquo;&nbsp;Pouvant tour &agrave; tour &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme une chose, un animal ou encore une machine, l&#39;esclave demeure un homme, mais un homme fronti&egrave;re dont l&#39;appartenance &agrave; la soci&eacute;t&eacute; des hommes d&eacute;pend largement de la m&eacute;diation de son ma&icirc;tre&nbsp;&raquo; (Grenouilleau, 2014).</p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>4 La mendicit&eacute; est un ph&eacute;nom&egrave;ne qui conna&icirc;t une grande ampleur au Mali. Ainsi, en 2008, rien qu&rsquo;&agrave; Bamako, l&rsquo;on a recens&eacute; plus de 3&nbsp;000 enfants mendiants dans les rues de la capitale malienne. Pour de plus amples informations (M. CAMARA, 2008). Voir l&rsquo;art. 183 du Code p&eacute;nal du Mali.</p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Voir les art. 244 et s. du Code p&eacute;nal du Mali. Comme la plupart des pays de la sous-r&eacute;gion, le Mali est victime du trafic d&#39;enfants et de la traite transfrontali&egrave;re. Ainsi, &agrave; la fin des ann&eacute;es 1990 et au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, on recensait plusieurs milliers d&rsquo;enfants maliens vendus et exploit&eacute;s dans les plantations de coton, de caf&eacute; et de cacao au nord de la C&ocirc;te d&#39;Ivoire. En 2002, une enqu&ecirc;te recensait 15&nbsp;000 enfants maliens travaillant dans les plantations en C&ocirc;te d&#39;Ivoire et au Ghana (Bureau international du travail, 1999 ; HAIDARA, 2008&nbsp;; M. A. TRAORE, 2009).</p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Selon un rapport de l&rsquo;UNICEF, le mariage peut &ecirc;tre une sentence de mort au Mali. Il ressort dudit rapport que 71 % des jeunes filles maliennes sont les dindons de cette farce (consulter le site suivant pour en savoir plus&nbsp;: https://www.unicef.org/french/sowc09/docs/SOWC09-CountryExample-Mali-FR.pdf). En ce qui concerne le travail forc&eacute; des enfants, Selon l&rsquo;enqu&ecirc;te ENTE-Mali, au &laquo;&nbsp;Mali, un enfant sera r&eacute;pertori&eacute; comme &eacute;conomiquement actif ou consid&eacute;r&eacute; comme un enfant travailleur, s&rsquo;il a d&eacute;clar&eacute; avoir travaill&eacute; au moins pendant une heure au cours de la semaine de r&eacute;f&eacute;rence, pour un paiement en esp&egrave;ce ou en nature, ou sans paiement, pour un tiers, pour son propre compte ou pour celui d&rsquo;un membre de sa famille&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a> Cette citation est recueillie dans les Dictionnaires et recueils des mots, partie &laquo;&nbsp;Citation&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a> Dans le cadre de notre r&eacute;flexion, nous n&rsquo;envisageons pas de consacrer des d&eacute;veloppements &agrave; tous ces instruments, mais seulement &agrave; quelques-uns. Pour savoir le nombre d&rsquo;instruments juridiques internationaux et africains ratifi&eacute;s par le Mali, il y a lieu de se reporter au Rapport de 2010 de la commission nationale des droits de l&rsquo;homme (CNDH) disponible sur Google.</p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a> V. art. 1 et s.</p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a> Alin&eacute;a 1 de l&rsquo;art. 1er de la convention susvis&eacute;e.</p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> Alin&eacute;a 2 de l&rsquo;art. 1er de ladite convention.</p> </div> <div id="sdfootnote11"> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a> Alin&eacute;a 3 de l&rsquo;article 1 de la convention.</p> </div> <div id="sdfootnote12"> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a> V. supra. Des indications chiffr&eacute;es sont fournies au niveau de renvois de bas de page.</p> </div> <div id="sdfootnote13"> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a> Le pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) a b&eacute;n&eacute;fici&eacute; de l&rsquo;adh&eacute;sion du Mali le 16 juillet 1974.</p> </div> <div id="sdfootnote14"> <p><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a> Date de l&rsquo;adh&eacute;sion &agrave; la DUDH au lendemain des ind&eacute;pendances (CNDH, 2010, 13).</p> </div> <div id="sdfootnote15"> <p><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15</a> Ce retard peut s&rsquo;expliquer en partie par les troubles politiques que le pays a connus dans cette p&eacute;riode. Il y a &eacute;galement lieu de rappeler que ladite convention comportait une disposition qui ne convenait pas aux autorit&eacute;s maliennes. Il faut signaler que l&rsquo;article 16 de ladite convention a fait l&rsquo;objet de r&eacute;serves. Cette r&eacute;serve est ainsi formul&eacute;e: &laquo;&nbsp;Le gouvernement du Mali d&eacute;clare, compte tenu du Code de la parent&eacute; du Mali, que l&rsquo;article 16 de la Convention n&rsquo;a pas lieu de s&rsquo;appliquer&nbsp;&raquo;. Cet article stipule que &laquo;&nbsp;Tout enfant a le droit &agrave; une vie priv&eacute;e et a droit &agrave; la protection de la loi contre toute intrusion dans sa vie priv&eacute;e&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote16"> <p><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16</a> Le concept de Jus cogens renvoie &agrave; la convention de Vienne (23&nbsp;mai&nbsp;1969) sur le droit des trait&eacute;s. On y trouve la d&eacute;finition suivante&nbsp;: &laquo; norme imp&eacute;rative de droit international g&eacute;n&eacute;ral accept&eacute;e et reconnue par la communaut&eacute; internationale dans son ensemble en tant que norme &agrave; laquelle aucune d&eacute;rogation n&rsquo;est permise &raquo;. De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, les normes de jus cogens sont envisag&eacute;es comme des normes imp&eacute;ratives qui limitent la libert&eacute; contractuelle des Etats et dont la violation par un trait&eacute; entra&icirc;ne la nullit&eacute; de ce dernier&nbsp;: v. https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/jus-cogens.html#sZTL8qE4xRyKy5p5.99&nbsp;; v. aussi J. NISOT, &laquo;&nbsp;Le concept de jus cogens envisag&eacute; par rapport au droit international&nbsp;&raquo; en ligne: http://rbdi.bruylant.be/public/modele/rbdi/content/files/RBDI%201968/RBDI%201968%20-%201/Etudes/RBDI%201968.1%20-%20pp.%201%20%C3%A0%207%20-%20Joseph%20Nisot.pdf.</p> </div> <div id="sdfootnote17"> <p><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17</a> Ibid.</p> </div> <div id="sdfootnote18"> <p><a href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18</a> Art. 8 du texte indiqu&eacute;.</p> </div> <div id="sdfootnote19"> <p><a href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19</a> Ibid.</p> </div> <div id="sdfootnote20"> <p><a href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20</a> Les versets du Coran encourageant l&#39;esclavage des non-musulmans par les musulmans&nbsp;: XXXIII, 52. Il ne l&#39;est plus permis d&eacute;sormais de prendre [d&#39;autres] femmes. Ni de changer d&#39;&eacute;pouses, m&ecirc;me si leur beaut&eacute; te pla&icirc;t, &agrave; l&#39;exception des esclaves que tu poss&egrave;des. Et Allah observe toute chose; XVI, 71. Allah a favoris&eacute; les uns d&#39;entre vous par rapport aux autres dans [la r&eacute;partition] de ses dons. Ceux qui ont &eacute;t&eacute; favoris&eacute;s ne sont nullement dispos&eacute;s &agrave; donner leur portion &agrave; ceux qu&#39;ils poss&egrave;dent de plein droit [esclaves] au point qu&#39;ils y deviennent &eacute;gaux. Nieront-ils les bienfaits d&#39;Allah&nbsp;? V, 43. L&#39;&eacute;pouse n&#39;a aucun droit de s&#39;opposer &agrave; son mari de poss&eacute;der des esclaves femelles et d&#39;avoir des rapports [sexuels] avec elles [de les violer]. Et Allah sait mieux; IV, 24. Vous sont encore interdites&nbsp;: les femmes mari&eacute;es, &agrave; moins qu&#39;elles ne soient pas captives de guerre. [&hellip;] Allah est celui qui sait, il est juste&nbsp;; XXIII, 1. Bienheureux sont les musulmans [&hellip;]&nbsp;; ----, 5. qui pr&eacute;servent leurs sexes [de tout rapport]; ----, 6. si ce n&#39;est qu&#39;avec leurs &eacute;pouses ou les esclaves qu&#39;ils poss&egrave;dent&nbsp;; XXXIII, 50. &Ocirc; Proph&egrave;te&nbsp;! Nous t&#39;avons rendues licites les &eacute;pouses &agrave; qui tu as donn&eacute; leur dot, celles que tu as poss&eacute;d&eacute;es l&eacute;galement parmi les captives [esclaves ] qu&#39;Allah t&#39;a destin&eacute;es, les filles de tes oncles. [&hellip;]; XXIV, 33. Ne forcez pas vos femmes esclaves &agrave; se prostituer pour vous procurer les biens de la vie de ce monde, alors qu&#39;elles voudraient rester honn&ecirc;tes. Mais si quelqu&#39;un les y contraignait [&hellip;], Allah est celui qui pardonne, il est mis&eacute;ricordieux&nbsp;; LXX, 29-31. Les hommes qui n&#39;ont de rapports qu&#39;avec leurs &eacute;pouses et avec leurs captives de guerre ne sont pas bl&acirc;mables, tandis que ceux qui en convoitent d&#39;autres sont transgresseurs (Extrait de Tidiane N&#39;Diaye, Le g&eacute;nocide voil&eacute;, Gallimard, 2008) disponible en ligne&nbsp;: https://blogs.mediapart.fr/jecmaus/blog/200813/afriqueesclavage-les-versets-du-coran-encourageant-lesclavage-des-non-musulmans-par-les-musulmans.</p> </div> <div id="sdfootnote21"> <p><a href="#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">21</a>S. DELACAMPAGNE, Histoire de l&rsquo;esclavage, p.&nbsp;118 disponible en ligne&nbsp;: https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage#cite_note-32 (consult&eacute; le 22-08-2017).</p> </div> <div id="sdfootnote22"> <p><a href="#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">22</a> Il convient de relever que l&rsquo;esclavage n&rsquo;est pas forc&eacute;ment un ph&eacute;nom&egrave;ne qui s&rsquo;impose &agrave; la volont&eacute; de l&rsquo;esclave. Dans le cadre de nos diff&eacute;rentes enqu&ecirc;tes, il a pu &ecirc;tre constat&eacute; que nombreux sont les esclaves qui sont fiers ou qui se r&eacute;jouissent de leur statut d&rsquo;esclave et n&rsquo;entendent nullement se soustraire &agrave; cette pratique qu&rsquo;ils per&ccedil;oivent comme naturelle. Cette fa&ccedil;on de voir n&rsquo;est pas sans induire quelques complications dans le processus, d&eacute;j&agrave; d&eacute;clench&eacute;, d&rsquo;abolition de l&rsquo;esclavage au Mali. Cependant, une telle perception ne doit nullement conduire au d&eacute;couragement puisqu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas ici de pr&eacute;server le seul int&eacute;r&ecirc;t de l&rsquo;esclave (consentant) mais de toute la famille humaine car c&rsquo;est une pratique attentatoire &agrave; l&rsquo;ordre public international.</p> </div>