<p>Note sur la publication : A la base de cet article, il y a une th&egrave;se soutenue le 4 d&eacute;cembre 2020 dans le cadre de l&rsquo;Universit&eacute; des sciences juridiques et politiques de Bamako (Laboratoire d&rsquo;&eacute;tudes et de recherches en droit, D&eacute;centralisation et d&eacute;veloppement local LERDDL)&nbsp;: La protection des droits des migrants au Sahel&nbsp;: cas du Niger et du Mali.</p> <p>&nbsp;</p> <p>La criminalit&eacute; est un fl&eacute;au qui menace directement la stabilit&eacute; de tous les Etats sah&eacute;liens et contribue fortement &agrave; compromettre l&rsquo;Etat de droit et l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; des institutions d&eacute;mocratiques (Conseil de l&rsquo;Europe, 2015, 9). Plusieurs facteurs ont contribu&eacute; &agrave; son d&eacute;veloppement, et ces derni&egrave;res ann&eacute;es, la criminalit&eacute; moderne a &eacute;volu&eacute; dans sa nature et dans sa dimension : les activit&eacute;s criminelles pr&eacute;sentent un caract&egrave;re transnational et un aspect organisationnel.</p> <p>La criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e s&rsquo;analyse &agrave; travers la notion de &laquo;&nbsp;groupe criminel organis&eacute;&nbsp;&raquo; ; ainsi, aux termes de l&rsquo;article 2.a la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e de 2000, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expression &laquo; groupe criminel organis&eacute; &raquo; d&eacute;signe un groupe structur&eacute; de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves ou infractions &eacute;tablies conform&eacute;ment &agrave; la pr&eacute;sente Convention, pour en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage mat&eacute;riel&nbsp;&raquo;.</p> <p>En effet, les &eacute;volutions politiques notamment la suppression des fronti&egrave;res et l&rsquo;essor technologique ont permis de raccourcir les distances et rapprocher les peuples. Cela a contribu&eacute; &agrave; consolider le crime organis&eacute; qui en quelques d&eacute;cennies a r&eacute;ussi &agrave; p&eacute;n&eacute;trer toutes les sph&egrave;res de l&rsquo;activit&eacute; humaine. La criminalit&eacute; organis&eacute;e est tentaculaire car touchant tous les secteurs de l&rsquo;activit&eacute; humaine, mais le pr&eacute;sent article ne s&rsquo;int&eacute;resse qu&rsquo;aux infractions qui sont en lien avec la migration, c&rsquo;est-&agrave;-dire celles qui sont directement dirig&eacute;es contre la personne du migrant. La migration internationale entretient ainsi un lien &eacute;troit avec le d&eacute;veloppement de la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>.</p> <p>La criminalit&eacute; dans le processus migratoire avilit et enl&egrave;ve &agrave; l&rsquo;homme sa dignit&eacute;. Le Niger et le Mali se retrouvent encore au centre de cette probl&eacute;matique. Le rebondissement de ces deux pays sur la sc&egrave;ne internationale quant aux d&eacute;fis que pose la migration, laisse aussi croire que la criminalit&eacute; dans le processus migratoire constitue une menace pressante &agrave; prendre en compte dans leurs agendas politiques. De ce fait, plusieurs actions ont &eacute;t&eacute; entreprises au plan international, r&eacute;gional et national pour lutter contre ce fl&eacute;au et endiguer ses effets.</p> <p>&nbsp;La criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e est un ph&eacute;nom&egrave;ne r&eacute;current au Sahel, qui profite de l&rsquo;instabilit&eacute; politique et de certaines pratiques sociales pour se consolider. M&ecirc;me si certains aspects de la criminalit&eacute; &agrave; l&rsquo;image du trafic de drogue, le terrorisme ou la vente illicite d&rsquo;armes sont &agrave; l&rsquo;ordre du jour dans nos Etats, cet article se focalise exclusivement sur les crimes qui sont directement dirig&eacute;s contre les migrants notamment la traite des personnes et le trafic illicite de migrants. Ainsi, il est question de voir tout d&rsquo;abord les diff&eacute;rentes manifestations du crime organis&eacute; dans le processus migratoire ainsi que ses implications (I), puis dans un second temps, les m&eacute;canismes de lutte contre la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration(II).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>I. La criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e, ses diff&eacute;rentes manifestations et ses implications</h2> <p>Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous tenons d&rsquo;abord &agrave; lever toute &eacute;quivoque sur l&rsquo;utilisation des concepts de &laquo;&nbsp;crime organis&eacute; ou criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e&nbsp;&raquo;. Nous accordons le m&ecirc;me sens &agrave; ces deux expressions mais la seule nuance est l&rsquo;utilisation du mot&nbsp;&laquo;&nbsp;transnationale&nbsp;&raquo; qui fait r&eacute;f&eacute;rence au caract&egrave;re cosmopolite de la criminalit&eacute; donc international. Les d&eacute;finitions du &laquo; crime organis&eacute; transnational &raquo; abondent et certains sp&eacute;cialistes r&eacute;servent le terme aux organisations criminelles de type mafia, d&rsquo;autres l&rsquo;appliquent &agrave; toutes les structures criminelles qui impliquent l&rsquo;action coordonn&eacute;e de plus de trois personnes. Il en va de m&ecirc;me pour le sens du terme &laquo; transnational &raquo;. De ce fait, le crime organis&eacute; peut &ecirc;tre compris comme &laquo;&nbsp;un ensemble de crimes et d&eacute;lits caract&eacute;ris&eacute;s par une pr&eacute;paration, minutieuse, avec des multiples interventions, et dimension en g&eacute;n&eacute;ral internationale&nbsp;&raquo; (Guinchard et Debard, 2020, 261).</p> <p>Il est clair que la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e est un ph&eacute;nom&egrave;ne multidimensionnel qui s&rsquo;attaque aussi &agrave; la migration. Dans le processus migratoire, le crime organis&eacute; est un aspect de la migration irr&eacute;guli&egrave;re (A). Ensuite nous aborderons les implications de la criminalit&eacute; dans le processus migratoire (B).</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3>A. Le crime organis&eacute;, un aspect de la migration irr&eacute;guli&egrave;re</h3> <p>La migration irr&eacute;guli&egrave;re est une migration internationale contrevenant au cadre l&eacute;gal du pays d&rsquo;origine, de transit ou de destination lorsqu&rsquo;une personne franchit une fronti&egrave;re internationale sans document de voyage valide, ou ne remplit pas les exigences administratives pour quitter le pays. Dans son essence, la migration irr&eacute;guli&egrave;re est une infraction administrative, une contravention aux r&egrave;gles &eacute;tablies par l&rsquo;Etat pour p&eacute;n&eacute;trer dans son territoire.</p> <p>Le crime organis&eacute; est le premier facteur de la complexification de la migration irr&eacute;guli&egrave;re. En effet, le lien &agrave; souligner entre ces deux ph&eacute;nom&egrave;nes est que le crime organis&eacute; se sert de la clandestinit&eacute; de la migration pour se d&eacute;velopper. La clandestinit&eacute; est un &eacute;l&eacute;ment essentiel pour la commission d&rsquo;une infraction li&eacute;e &agrave; la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e. Ce lien fort entre migration et criminalit&eacute; organis&eacute;e a &eacute;t&eacute; justement soulign&eacute; dans les &eacute;tudes en vue de l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une politique migratoire au Niger. Ce document souligne les pr&eacute;occupations et d&eacute;fis que repr&eacute;sentent la migration irr&eacute;guli&egrave;re pour le pays avec son cort&egrave;ge de cons&eacute;quences dont la traite et le trafic de migrants (Protocole additionnel &agrave; la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale, 2000).</p> <p>Dans ce d&eacute;veloppement, nous allons nous int&eacute;resser aux aspects du crime organis&eacute; ayant directement un lien avec la migration irr&eacute;guli&egrave;re. Eu &eacute;gard &agrave; la d&eacute;finition de la migration irr&eacute;guli&egrave;re, deux infractions ont tendance &agrave; se confondre avec la migration irr&eacute;guli&egrave;re. Il s&rsquo;agit de la traite des &ecirc;tres humains (1) et du trafic illicite de migrants (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. La traite des personnes</h4> <p>La traite des personnes est une infraction de droit commun et une des caract&eacute;ristiques centrales du crime organis&eacute;&nbsp;; &agrave; cet effet un protocole lui est consacr&eacute; dans la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e de 2000. Son &eacute;tude r&eacute;v&egrave;le une importance pratique dans la protection des migrants car cette infraction est tr&egrave;s souvent dirig&eacute;e contre des personnes en situation de mobilit&eacute;. L&rsquo;Alliance mondiale contre le travail forc&eacute;, dans son rapport global en vertu du suivi de la d&eacute;claration de l&rsquo;OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail &eacute;crit que &laquo; le&nbsp;statut juridique pr&eacute;caire de millions d&rsquo;immigr&eacute;s clandestins les rend particuli&egrave;rement vuln&eacute;rables car ils risquent &agrave; tout moment d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;nonc&eacute;s aux autorit&eacute;s. Les victimes sont souvent confront&eacute;es &agrave; un choix difficile : accepter de se faire exploiter ou courir le risque d&rsquo;&ecirc;tre renvoy&eacute;es dans leur pays&nbsp;&raquo; (Conf&eacute;rence internationale du Travail, 2005, 2). L&rsquo;OIT estime &agrave; 20,9 millions le nombre de victimes du travail forc&eacute; dans le monde, prisonni&egrave;res d&rsquo;un emploi qu&rsquo;elles n&rsquo;ont pas choisi de leur plein gr&eacute; ou au sujet duquel elles ont &eacute;t&eacute; tromp&eacute;es et qu&rsquo;elles ne peuvent quitter. Parmi ce nombre indignant de personnes victimes de la traite, Dans son rapport intitul&eacute;&nbsp;&laquo;&nbsp;ILO Global Estimate of Forced Labour&nbsp;&raquo; de 2012, l&rsquo;OIT fait observer que 9,1 millions des 20,9 millions de victimes du travail forc&eacute; se sont d&eacute;plac&eacute;es &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des fronti&egrave;res nationales ou &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle internationale. Le profit g&eacute;n&eacute;r&eacute; par la traite des personnes &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle mondiale est estim&eacute; &agrave; 32 milliards de dollars US selon l&rsquo;Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC)(Office des Nations unies contre la drogue et le crime, 2015- 2020, 8).</p> <p>La traite des personnes a fait l&rsquo;objet d&rsquo;un &eacute;ventail de d&eacute;finitions dans les l&eacute;gislations nationales, mais aussi d&rsquo;une d&eacute;finition universelle adopt&eacute;e par le protocole additionnel &agrave; la convention de Palerme visant &agrave; r&eacute;primer et punir la traite des personnes, et en particulier des femmes et des enfants adopt&eacute; le 15 novembre 2000. Aux termes de l&rsquo;article 3 a) dudit protocole, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expression &laquo; traite des personnes &raquo; d&eacute;signe le recrutement, le transport, le transfert, l&rsquo;h&eacute;bergement ou l&rsquo;accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours &agrave; la force ou &agrave; d&rsquo;autres formes de contrainte, par enl&egrave;vement, fraude, tromperie, abus d&rsquo;autorit&eacute; ou d&rsquo;une situation de vuln&eacute;rabilit&eacute;, ou par l&rsquo;offre ou l&rsquo;acceptation de paiements ou d&rsquo;avantages pour obtenir le consentement d&rsquo;une personne ayant autorit&eacute; sur une autre aux fins d&rsquo;exploitation&hellip;&nbsp;&raquo;. Au Niger et au Mali respectivement, les l&eacute;gislations en la mati&egrave;re ont propos&eacute; des d&eacute;finitions qui sont calqu&eacute;es sur celle donn&eacute;e par les Nations unies dans le protocole.</p> <p>En outre, pour que l&rsquo;infraction de la traite des personnes soit constitu&eacute;e, la r&eacute;union de trois &eacute;l&eacute;ments est n&eacute;cessaire&nbsp;: l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment l&eacute;gal, l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment mat&eacute;riel et l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment moral. En effet, L&rsquo;&eacute;l&eacute;ment l&eacute;gal porte sur les diff&eacute;rentes normes juridiques qui pr&eacute;voient et r&eacute;priment l&rsquo;infraction de la traite des personnes au Niger et au Mali. Au Mali, c&rsquo;est la loi n&deg;&nbsp;2012-023 du 12 juillet 2012 relative &agrave; la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>. Au Niger c&rsquo;est l&rsquo;ordonnance n&deg;&nbsp;2010-86 du 16 d&eacute;cembre 2010 relative &agrave; la lutte contre la traite des personnes<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a> qui servent de base juridique pour lutter contre cette infraction.</p> <p>L&#39;&eacute;l&eacute;ment mat&eacute;riel de l&#39;infraction est un acte mat&eacute;riel qui ext&eacute;riorise l&#39;infraction : c&rsquo;est le fait ou l&rsquo;omission r&eacute;v&eacute;latrice de l&#39;intention dolosive ou de la faute p&eacute;nale. Cet acte doit &ecirc;tre accompli objectivement pour que l&#39;infraction soit constitu&eacute;e. Pour que l&rsquo;infraction de la traite des personnes soit constitu&eacute;e il faut&nbsp;: 1)&nbsp;une action comme le recrutement, le transport, le transfert, l&rsquo;h&eacute;bergement ou l&rsquo;accueil d&rsquo;une personne&nbsp;; 2) des moyens comme le recours &agrave; la menace, &agrave; la force ou &agrave; d&rsquo;autres formes de contrainte&nbsp;; ou comme l&rsquo;enl&egrave;vement, la fraude ou la tromperie&nbsp;; comme l&rsquo;abus d&rsquo;autorit&eacute; ou d&rsquo;une situation de vuln&eacute;rabilit&eacute;&nbsp;; comme une offre ou acceptation de paiements ou d&rsquo;avantages pour obtenir le consentement d&rsquo;une personne ayant autorit&eacute; sur une autre&nbsp;; 3) un but&nbsp;: &agrave; des fins d&rsquo;exploitation&nbsp;: l&rsquo;exploitation consiste &agrave; mettre la victime &agrave; sa disposition ou &agrave; la disposition d&rsquo;un tiers afin de permettre la commission d&rsquo;infraction. Cette exploitation r&eacute;v&egrave;le aussi le caract&egrave;re multi infractionnel de la traite des personnes. On comprend ais&eacute;ment, qu&rsquo;il s&rsquo;agit des infractions connexes &agrave; la traite des &ecirc;tres humains comme l&rsquo;esclavage, la servitude, le prox&eacute;n&eacute;tisme, le travail forc&eacute;, le mariage forc&eacute;, le pr&eacute;l&egrave;vement d&rsquo;organes, l&rsquo;exploitation de la mendicit&eacute;, le trafic de drogue etc.</p> <p>Enfin l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment moral consiste &agrave; prouver que l&rsquo;auteur des faits a intentionnellement commis les faits constituants l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment mat&eacute;riel de l&rsquo;infraction. Donc peu importe le but poursuivi, l&rsquo;infraction est constitu&eacute;e d&egrave;s lors que l&rsquo;auteur ou le complice ont eu l&rsquo;intention de se saisir de la personne &agrave; des fins d&rsquo;exploitation.</p> <p>La traite des personnes dans le processus migratoire se con&ccedil;oit donc soit au plan national ou international. Le Niger et le Mali pr&eacute;sentent encore des similitudes relatives aux formes de la traite des personnes dirig&eacute;es contre les migrants que l&rsquo;on rencontre en Afrique de l&rsquo;ouest. Il est important de souligner aussi que ces deux pays partagent des identit&eacute;s sociales et culturelles qui sont souvent vecteurs d&rsquo;exploitation humaine. Parmi ces similitudes on peut d&rsquo;ores et d&eacute;j&agrave; citer le travail domestique des migrants ruraux dans les villes, l&rsquo;exploitation de la mendicit&eacute;, l&rsquo;exploitation des enfants dans les mines et les plantations pour ne citer que celles-l&agrave;. Heureusement ces Etats ont tr&egrave;s t&ocirc;t pris conscience de l&rsquo;ampleur de ce fl&eacute;au, et de ce fait, un arsenal juridique important a &eacute;t&eacute; mis au service de cette de lutte.</p> <p>Le Niger et le Mali conform&eacute;ment aux recommandations de la convention de Palerme de 2000, qui engage les Etats &agrave; prendre des mesures de lutte contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e incluant la cr&eacute;ation d&rsquo;infractions p&eacute;nales dans le syst&egrave;me juridique national pour endiguer le probl&egrave;me, ont tous adopt&eacute; des lois nationales destin&eacute;es &agrave; r&eacute;primer la traite des personnes<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>.</p> <p>Au niveau national, celle-ci n&rsquo;implique pas forcement le d&eacute;placement des victimes hors des fronti&egrave;res, bien souvent cette traite a lieu dans le cadre de migrations circulaires de campagnes vers les villes. Dans des pays o&ugrave; plus de 70&nbsp;% de la population vit en milieu rural et dont l&rsquo;agriculture constitue l&rsquo;activit&eacute; principale, il est habituel qu&rsquo;apr&egrave;s la campagne agricole, les ruraux envahissent les centres urbains &agrave; la recherche d&rsquo;un travail afin de compl&eacute;ter les moyens de subsistance.</p> <p>Dans cette migration de la campagne vers les villes, toutes les cat&eacute;gories d&rsquo;&acirc;ge sont repr&eacute;sent&eacute;es et exercent g&eacute;n&eacute;ralement dans des secteurs bien pr&eacute;cis comme les travaux domestiques pour les jeunes femmes, le petit commerce, le gardiennage, le jardinage, l&rsquo;assainissement pour les hommes. Ces migrants ruraux deviennent des proies faciles &agrave; l&rsquo;exploitation pour plusieurs motifs comme le d&eacute;paysement ou l&rsquo;analphab&eacute;tisme.</p> <p>Les modes d&rsquo;exploitation sont diff&eacute;rents et les plus fr&eacute;quents au Niger et au Mali sont consentants. On peut citer la faible r&eacute;mun&eacute;ration des travailleurs domestiques (de 5 &agrave; 10&nbsp;000 francs par mois de travail), la mendicit&eacute; des enfants talib&eacute;s dans les rues qui sont souvent oblig&eacute;s de verser des sommes &agrave; leurs maitres pour ne citer que ceux-l&agrave;.</p> <p>Cependant, la traite internationale implique n&eacute;cessairement le d&eacute;placement de la victime hors de son pays d&rsquo;origine. Ce d&eacute;placement s&rsquo;effectue g&eacute;n&eacute;ralement par des moyens de transport commun comme les voitures ou les avions&nbsp;; et les victimes sont munis de vrais ou faux documents qui leurs sont retir&eacute;s lorsqu&lsquo;elles arrivent &agrave; destination. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne constitue le premier pas vers la clandestinit&eacute; de la migration des victimes de la traite.</p> <p>Dans les deux cas, les victimes peuvent &ecirc;tre ensuite amen&eacute;es dans des endroits isol&eacute;s ou des commerces illicites o&ugrave; elles sont cach&eacute;es ou parfois soumises &agrave; des agressions physiques et sexuelles. Elles peuvent aussi &ecirc;tre contraintes &agrave; fournir divers services, comme travailler dans les bars-restaurants, la prostitution, l&rsquo;agriculture, les travaux domestiques ou encore &agrave; commettre diverses infractions comme le vol ou la mendicit&eacute;.</p> <p>La commission nationale de coordination de lutte contre la traite des personnes (CNCLTP) dans son plan d&rsquo;actions national de lutte contre la traite des personnes identifie aussi deux profils pour la traite des personnes au Niger.</p> <p>Dans le profil interne, &laquo; les victimes de la traite sont utilis&eacute;es &agrave; des fins d&rsquo;exploitations &eacute;conomiques&nbsp;&raquo; et les principales zones de la traite interne se situent au niveau des diff&eacute;rentes fronti&egrave;res que le Niger partage avec ses voisins &agrave; savoir le Nigeria, le Burkina, le Mali, le B&eacute;nin, la Libye ou l&rsquo;Alg&eacute;rie. Les principaux points de destination sont les grands centres urbains, les sites d&rsquo;orpaillages et les villes frontali&egrave;res florissantes pour les activit&eacute;s &eacute;conomiques offrant des dispositions pour regagner le Maghreb ou l&rsquo;Europe.</p> <p>Le profil externe de la traite des personnes met en exergue la place du Niger et du Mali dans la migration intra r&eacute;gionale. En effet, ce sont tout d&rsquo;abord les pays d&rsquo;origine de la traite car les victimes sont transport&eacute;es vers plusieurs pays de la sous-r&eacute;gion et aussi vers l&rsquo;Alg&eacute;rie, la Libye, le Soudan, le Moyen Orient ou l&rsquo;Europe. Ils sont aussi des pays de destination et de transit de la traite car les victimes proviennent de plusieurs pays africains, et sont destin&eacute;s &agrave; &ecirc;tre exploit&eacute;s dans le pays dans des secteurs comme le travail domestique, le commerce ou la prostitution. En raison de la position g&eacute;ographique du Niger et du Mali, bon nombre de victimes de la traite transitent par leurs territoires pour se rendre au Maghreb ou en Europe et m&ecirc;me d&rsquo;autres pays africains. Le point de passage le plus connu est le nord du pays (le d&eacute;sert du Sahara) dont le franchissement a un versant dans le trafic illicite de migrants. Cette zone est au centre de toutes les attentions, et repr&eacute;sente un enjeu de taille dans la lutte contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e.</p> <p>En d&eacute;pit de la reconnaissance de la gravit&eacute; de la traite des personnes au plan universel en tant que crime et ses implications en mati&egrave;re de droits humains, &laquo;&nbsp;aucune m&eacute;thodologie existante n&rsquo;est consid&eacute;r&eacute;e comme une r&eacute;f&eacute;rence et la collecte de donn&eacute;es se heurte aux probl&egrave;mes d&rsquo;estimation la population masqu&eacute;e de victimes et d&rsquo;activit&eacute;s irr&eacute;guli&egrave;res&nbsp;&raquo; (Programme de statistique africain, 2017, 11). La seule d&eacute;marche existante consiste &agrave; extrapoler le risque de la traite &agrave; partir des risques d&eacute;j&agrave; connus.</p> <p>Il n&rsquo;existe pas encore de donn&eacute;es fiables qui permettront une estimation fiable du nombre de victimes de la traite des &ecirc;tres humains. Diff&eacute;rents acteurs interviennent dans la collecte des donn&eacute;es relatives &agrave; la traite des personnes &agrave; l&rsquo;instar de l&rsquo;office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l&rsquo;OIM, la Walk Free Fundation ou le d&eacute;partement am&eacute;ricain sur la traite des personnes. Compte tenu de l&rsquo;utilisation de ces donn&eacute;es &agrave; des fins diff&eacute;rentes, il est difficile d&rsquo;avoir une estimation globale ni des victimes, ni des auteurs de la traite. Il est de facto &eacute;vident que la migration irr&eacute;guli&egrave;re en est la cause, puisque s&rsquo;effectuant dans un contexte o&ugrave; l&rsquo;administration est absente. Ainsi, &agrave; chaque fois qu&rsquo;un individu se d&eacute;place de mani&egrave;re irr&eacute;guli&egrave;re, celui-ci s&rsquo;expose &agrave; des risques d&rsquo;&ecirc;tre victime de la traite des personnes tout au long du p&eacute;riple.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Le trafic illicite de migrants</h4> <p>Le sch&eacute;ma migratoire de l&rsquo;Afrique subsaharienne a connu des mutations face &agrave; l&rsquo;aggravation des in&eacute;galit&eacute;s sociales et la persistance de la paup&eacute;risation chronique, auxquelles s&rsquo;ajoute le durcissement des politiques migratoires. La pression de tous ces facteurs sur la migration est devenue de plus en plus forte que la migration irr&eacute;guli&egrave;re s&rsquo;est impos&eacute;e comme la seule alternative pour concilier la migration aux exigences de la mondialisation. Cette situation accentue et diversifie l&rsquo;activit&eacute; des r&eacute;seaux clandestins qui aident les candidats &agrave; l&rsquo;&eacute;migration &agrave; franchir ill&eacute;galement les fronti&egrave;res. Ce contexte restrictif et r&eacute;pressif favorise la prolif&eacute;ration des interm&eacute;diaires ou &laquo; facilitateurs &raquo; qui repr&eacute;sentent parfois la seule alternative d&rsquo;&eacute;migrer. Ceci &eacute;tant, le risque de tomber dans le pi&egrave;ge du trafic des migrants est tr&egrave;s r&eacute;el.</p> <p>Par la suite, ces migrants devront tenter d&rsquo;&eacute;viter l&rsquo;interception, de franchir les barri&egrave;res, d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; la mort, de survivre aux contr&ocirc;les frontaliers, d&rsquo;&eacute;viter l&rsquo;expulsion, de vivre avec la peur d&rsquo;&ecirc;tre pourchass&eacute;s, de subir la d&eacute;tention, de voir leurs droits ni&eacute;s (Piche, 2014). Selon l&rsquo;article 3 a) du protocole additionnel relatif au trafic illicite de migrants par terre air et mer, &laquo;&nbsp;l&rsquo;expression trafic illicite de migrants d&eacute;signe le fait d&rsquo;assurer, afin d&rsquo;en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou autre avantage mat&eacute;riel, l&rsquo;entr&eacute;e ill&eacute;gale dans un &Eacute;tat partie d&rsquo;une personne qui n&rsquo;est ni un ressortissant, ni un r&eacute;sident permanent de cet &Eacute;tat&nbsp;&raquo;. Le trafic illicite de migrants est un crime qui implique l&rsquo;assistance &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e ill&eacute;gale d&rsquo;une personne sur le territoire d&rsquo;un &Eacute;tat duquel cette personne n&rsquo;est ni ressortissant, ni r&eacute;sident, en vue d&rsquo;obtenir une contrepartie financi&egrave;re ou tout autre b&eacute;n&eacute;fice mat&eacute;riel.</p> <p>Dans la pratique, la commission effective ou la tentative de l&rsquo;infraction de trafic illicite de migrants est constitu&eacute;e d&egrave;s lors que le conducteur ou ses complices commun&eacute;ment appel&eacute;s &laquo;&nbsp;passeurs&nbsp;&raquo; rassemblent ou recrutent des individus qui ne sont pas ressortissants nig&eacute;riens, qui n&rsquo;ont pas de r&eacute;sidence permanente au Niger, qui sont sans document de voyage fiable, collectent de leurs mains des fonds importants, les invitent &agrave; prendre place dans les v&eacute;hicules non autoris&eacute;s pour le transport au Niger &agrave; fin de les conduire vers les fronti&egrave;res tout en contournant les postes de contr&ocirc;les (Moussa Zaki).</p> <p>Les &eacute;l&eacute;ments constitutifs de l&rsquo;infraction du trafic illicite de migrants se r&eacute;sument comme suit&nbsp;: 1)&nbsp;l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment l&eacute;gal&nbsp;: le trafic illicite de migrants est pr&eacute;vu et r&eacute;prim&eacute; au Niger tout comme au Mali dans les lois nationales&nbsp;; 2) l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment mat&eacute;riel consiste &agrave; assurer l&rsquo;entr&eacute;e ill&eacute;gale d&rsquo;une personne dans un pays dont elle n&rsquo;est pas ressortissant et ce moyennant un avantage financier&nbsp;; 3) l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment moral r&eacute;sulte de la commission intentionnelle des actions constitutives du trafic illicite de migrants&nbsp;; dans un but de tirer un avantage financier ou mat&eacute;riel, directement ou indirectement.</p> <p>La dangerosit&eacute; de ce ph&eacute;nom&egrave;ne grandissant tient au nombre de morts qu&rsquo;il occasionne dans les travers&eacute;es du Sahara et de la M&eacute;diterran&eacute;e. Ce co&ucirc;t humain est aussi le corolaire du durcissement des politiques migratoires des ann&eacute;es 1990 qui ont soulev&eacute; la question de leur compatibilit&eacute; avec les valeurs fondamentales de la communaut&eacute; internationale. C&rsquo;est ainsi que dans la vaste mission que s&rsquo;est assign&eacute;e la communaut&eacute; internationale en vue de lutter contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e, l&rsquo;Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en tant que gardien de la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e et les protocoles s&rsquo;y rattachant, encourage sa ratification et assiste les Etats dans leurs efforts en vue de la mise en &oelig;uvre du protocole contre le trafic illicite de migrants par terre air et mer.</p> <p>Dans l&rsquo;objectif de respecter le protocole sur le trafic illicite de migrants, l&rsquo;article 6 exhorte les Etats &agrave; criminaliser le trafic illicite de migrants, en pr&eacute;voyant dans leurs ordres juridiques des lois sp&eacute;ciales destin&eacute;es &agrave; cet effet et en conf&eacute;rant le caract&egrave;re de circonstances aggravantes au fait de mettre en danger ou de risquer de mettre en danger la vie ou la s&eacute;curit&eacute; des migrants concern&eacute;s.</p> <p>C&rsquo;est dans cet esprit que les Etats du Niger et du Mali ont entrepris des reformes juridiques en incluant l&rsquo;infraction du trafic illicite de migrants dans leur droit positif. Au Niger, c&rsquo;est la loi n&deg;&nbsp;2015-036 du 26 mai 2015 relative &agrave; la lutte contre le trafic illicite de migrants qui fait sert de base juridique &agrave; cette croisade. Cette loi sert de base l&eacute;gale aux objectifs et engagements du Niger dans la mission de pr&eacute;venir et combattre le trafic illicite de migrants dans le pays. Aux termes de l&rsquo;article 3 de la loi de 2015 le trafic illicite de migrants constitue&nbsp;&laquo; le fait d&rsquo;assurer, afin d&rsquo;en tirer directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage mat&eacute;riel, l&rsquo;entr&eacute;e ill&eacute;gale dans un &Eacute;tat partie d&rsquo;une personne qui n&rsquo;est ni ressortissant, ni un r&eacute;sident permanent de cet &Eacute;tat&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;adoption de cette loi a produit plusieurs effets sociaux et juridiques. Cette nouvelle loi intervient &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; le transport des migrants &agrave; partir des grandes villes du Niger vers l&rsquo;Alg&eacute;rie et la Libye &eacute;tait &agrave; son apog&eacute;e. La criminalisation soudaine de ce m&eacute;tier va entra&icirc;ner un choc social<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a> qui d&rsquo;ailleurs avait provoqu&eacute; la frustration de la population de la r&eacute;gion d&rsquo;Agadez. Les motifs de l&rsquo;adoption de cette loi peuvent &ecirc;tre compris de deux mani&egrave;res. Tout d&rsquo;abord, le Niger est partie &agrave; la convention de Palerme et &agrave; ses protocoles additionnels qui engagent &agrave; les transposer dans son ordre juridique; elle est aussi la cons&eacute;quence des accords entre le Niger et l&rsquo;Union europ&eacute;enne qui astreignent l&rsquo;Etat &agrave; se doter d&rsquo;un cadre juridique r&eacute;pressif vis-&agrave;-vis de la migration irr&eacute;guli&egrave;re<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a>. Ensuite l&rsquo;autre cause imm&eacute;diate remonte en octobre 2013 suite &agrave; la mort de 92 migrants nig&eacute;riens dans le d&eacute;sert du Sahara dont 52 enfants, 33 femmes et 7 hommes, ressortissants principalement du d&eacute;partement de Kantch&eacute;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a> en partance pour l&rsquo;Alg&eacute;rie. Ce drame national a permis une prise de conscience sur le ph&eacute;nom&egrave;ne de la migration irr&eacute;guli&egrave;re, et a tir&eacute; la sonnette d&rsquo;alarme et la n&eacute;cessit&eacute; de prendre des dispositions idoines pour pr&eacute;venir de telles trag&eacute;dies.</p> <p>Au Mali le trafic illicite de migrants ne fait pas encore l&rsquo;objet d&rsquo;une loi sp&eacute;ciale, mais, comme on l&rsquo;a vu, fait l&rsquo;objet d&rsquo;une cons&eacute;cration dans la loi n&deg;&nbsp;2012-023 du 12 juillet 2012 relative &agrave; la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es. Le trafic illicite de migrants est class&eacute; dans la cat&eacute;gorie des infractions assimil&eacute;es &agrave; la traite des personnes, mais des actions sont en cours afin de doter le pays d&rsquo;une loi sp&eacute;ciale en la mati&egrave;re. Ainsi,&nbsp;&laquo;&nbsp;constitue des pratiques assimil&eacute;es &agrave; la traite des personnes, l&rsquo;exploitation organis&eacute;e de la mendicit&eacute; d&rsquo;autrui et le trafic illicite de migrants&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a>.</p> <h5>&nbsp;</h5> <h3>B. Les implications de la criminalit&eacute; dans le processus migratoire</h3> <p>La criminalit&eacute; est l&rsquo;un des ph&eacute;nom&egrave;nes qui mettent le plus en &eacute;preuve et en danger la vie et la dignit&eacute; des migrants. Dans le Sahel qui est aujourd&rsquo;hui le terrain privil&eacute;gi&eacute; d&rsquo;observation des mouvements humains, il existe plusieurs facteurs qui augmentent le risque que les migrants passent entre les maillent des r&eacute;seaux criminels. Les implications de la criminalit&eacute; dans le processus migratoire font allusion aux effets de l&rsquo;action des groupes criminels organis&eacute;s sur l&rsquo;ensemble du syst&egrave;me migratoire. D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, nous analyserons, ces effets autour de deux constantes&nbsp;: il s&rsquo;agit du migrant lui-m&ecirc;me et de la politique migratoire. Ainsi, sur la personne du migrant, la criminalit&eacute; produit des violations manifestes de ses droits fondamentaux (1), et sur la politique migratoire du pays, la criminalit&eacute; constitue une entrave &agrave; sa mise en &oelig;uvre, donc son effectivit&eacute; (2).</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>1. Une violation des droits fondamentaux des migrants</h4> <p>Les droits de l&rsquo;homme peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme un ensemble de pr&eacute;rogatives qui conditionnent &agrave; la fois les libert&eacute;s de l&rsquo;homme et l&rsquo;&eacute;panouissement global de sa personnalit&eacute;. Ils ont pour objet la d&eacute;fense de la dignit&eacute; humaine. Dans le cadre particulier de la migration, les droits de l&rsquo;homme doivent &ecirc;tre une composante essentielle qui guide l&rsquo;intervention des pouvoirs publics dans le domaine, c&rsquo;est-&agrave;-dire que les droits de l&rsquo;homme interviennent pour pr&eacute;server la dignit&eacute; du migrant. Comme nous l&rsquo;avons vu dans les chapitres pr&eacute;c&eacute;dents, le migrant jouit de ces droits du seul fait qu&rsquo;il est un &ecirc;tre humain ind&eacute;pendamment de son statut de migrant, d&rsquo;autre part, il b&eacute;n&eacute;ficie de certaines pr&eacute;rogatives en fonction de son statut migratoire. La criminalit&eacute; dans le processus migratoire est de nature &agrave; s&rsquo;attaquer &agrave; la dignit&eacute; humaine, et les droits des victimes sont constamment viol&eacute;s par les criminels qui les privent de leur volont&eacute; en les asservissant et en les r&eacute;duisant &agrave; de simples marchandises.</p> <p>Selon la d&eacute;claration des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalit&eacute; et aux victimes d&#39;abus de pouvoir de 1985, &laquo;&nbsp;On entend par &quot;victimes&quot; des personnes qui, individuellement ou collectivement, ont subi un pr&eacute;judice, notamment une atteinte &agrave; leur int&eacute;grit&eacute; physique ou mentale, une souffrance morale, une perte mat&eacute;rielle, ou une atteinte grave &agrave; leurs droits fondamentaux, en raison d&#39;actes ou d&#39;omissions qui enfreignent les lois p&eacute;nales en vigueur dans un &Eacute;tat Membre, y compris celles qui proscrivent les abus criminels de pouvoir&nbsp;&raquo;. De ce fait, eu &eacute;gard, aux risques de violations que pr&eacute;sente la criminalit&eacute; pour les droits humains, les Nations unies &agrave; travers les principes et directives concernant les droits de l&rsquo;homme et la traite des &ecirc;tres humains (recommandations de 2002) consacre la &laquo;&nbsp;primaut&eacute; des droits de l&rsquo;homme&nbsp;&raquo; dans la lutte contre la traite des personnes.</p> <p>Ainsi, &laquo;&nbsp;1. Les droits fondamentaux des victimes de la traite doivent gouverner toute l&rsquo;action visant &agrave; pr&eacute;venir et &agrave; combattre la traite, et &agrave; offrir protection, aide et r&eacute;paration aux victimes. 2. Les &Eacute;tats ont la responsabilit&eacute;, au regard du droit international, d&rsquo;agir avec la diligence voulue pour pr&eacute;venir la traite, enqu&ecirc;ter sur les trafiquants et les poursuivre, et offrir assistance et protection aux victimes. 3. Les mesures de lutte contre la traite ne doivent pas porter pr&eacute;judice aux droits fondamentaux et &agrave; la dignit&eacute; des personnes, en particulier aux droits des victimes de la traite, des migrants, des personnes d&eacute;plac&eacute;es, des r&eacute;fugi&eacute;s et des demandeurs d&rsquo;asile&nbsp;&raquo; (Principes et directives, 2002).</p> <p>Le fait que la criminalit&eacute; constitue une atteinte aux droits fondamentaux des migrants peut &ecirc;tre d&eacute;montr&eacute; &eacute;galement au cas par cas &agrave; travers certaines infractions connexes &agrave; la migration comme l&rsquo;esclavage, le travail forc&eacute; les traitements inhumains et d&eacute;gradants pour ne citer que celles-l&agrave;.</p> <p>Si la traite des personnes et le trafic illicite de migrants sont les aspects de la criminalit&eacute; organis&eacute;e qui touchent le plus les migrants, En se r&eacute;f&eacute;rant litt&eacute;ralement aux mots de &laquo;&nbsp;traite&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;trafic&nbsp;&raquo;, on comprend ais&eacute;ment qu&rsquo;ils ont tous vocation &agrave; se rapporter au commerce<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a>. Cela &eacute;tant, d&egrave;s lors que ces termes sont utilis&eacute;s pour d&eacute;signer une condition humaine, il est question d&rsquo;une violation des droits fondamentaux de l&rsquo;homme. Cela s&rsquo;explique aussi par le fait que ces termes sont incompatibles &agrave; la notion de &laquo;&nbsp;personnalit&eacute; juridique&nbsp;&raquo; qui soutient que le corps humain et ses &eacute;l&eacute;ments sont hors du commerce donc ne peuvent faire l&rsquo;objet d&rsquo;un droit patrimonial<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a>.</p> <p>Au sens de la convention relative &agrave; l&#39;esclavage sign&eacute;e &agrave; Gen&egrave;ve le 25 septembre 1926 et amend&eacute;e par le protocole de 1953, &laquo;&nbsp;L&#39;esclavage est l&#39;&eacute;tat ou condition d&#39;un individu sur lequel s&#39;exercent les attributs du droit de propri&eacute;t&eacute; ou certains d&#39;entre eux&nbsp;&raquo;. Cette condition qui a pour but de conf&eacute;rer &agrave; l&rsquo;&ecirc;tre humain une valeur patrimoniale et aussi une caract&eacute;ristique du crime organis&eacute;, est reconnue comme une grave violation des droits fondamentaux de l&rsquo;homme en g&eacute;n&eacute;ral et du migrant en particulier. Convaincus que l&rsquo;esclavage est un crime contre la dignit&eacute; humaine, plusieurs instruments juridiques sont n&eacute;s sous l&rsquo;&eacute;gide des Nations unies afin d&rsquo;inciter les Etats &agrave; pr&eacute;venir et r&eacute;primer cette infraction. On peut citer la Convention suppl&eacute;mentaire relative &agrave; l&#39;abolition de l&#39;esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues &agrave; l&#39;esclavage de 1956 ou la Convention pour la r&eacute;pression de la traite des &ecirc;tres humains et de l&#39;exploitation de la prostitution d&#39;autrui de 1949. Le Mali et le Niger sont tous parties &agrave; ces deux conventions et pr&eacute;voient dans leurs ordres juridiques respectifs des dispositifs de pr&eacute;vention de l&rsquo;esclavage.</p> <p>La migration &eacute;conomique est la forme de mobilit&eacute; dominante dans le monde. La convention des Nations unies pour la protection des travailleurs migrants et les membres de leurs familles de 1990 est intervenue pour am&eacute;liorer les conditions de mobilit&eacute;, de travail et de vie des travailleurs migrants dans tous les Etats signataires de la convention. Parmi les droits de l&rsquo;homme des travailleurs migrants, l&rsquo;article 11 de la convention dispose que &laquo;&nbsp;1. Nul travailleur migrant ou membre de sa famille ne peut &ecirc;tre tenu en esclavage ou en servitude. 2. Nul travailleur migrant ou membre de sa famille ne peut &ecirc;tre astreint &agrave; accomplir un travail forc&eacute; ou obligatoire&hellip;&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ces infractions cit&eacute;es peuvent toutes &ecirc;tre secondaires &agrave; l&rsquo;infraction principale de traite de personnes. La traite des enfants est un ph&eacute;nom&egrave;ne r&eacute;current et grandissant au Sahel et une grave violation des droits humains. Les enfants et leurs familles sont all&eacute;ch&eacute;s par des fausses promesses des r&eacute;seaux de trafiquants qui leurs promettent un meilleur avenir. La criminalit&eacute; constitue ainsi une cause de violation des droits fondamentaux des migrants au Niger et au Mali et touche les femmes et les enfants.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Une entrave &agrave; l&rsquo;effectivit&eacute; des politiques de gestion migratoire</h4> <p>Il ressort du paragraphe pr&eacute;c&egrave;dent que la criminalit&eacute; organis&eacute;e constitue une r&eacute;elle menace pour les droits fondamentaux des migrants. Le contexte social, s&eacute;curitaire et g&eacute;ographique du Mali et du Niger offre un cadre propice pour la prolif&eacute;ration des infractions li&eacute;es &agrave; la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e.</p> <p>En raison des enjeux et des d&eacute;fis li&eacute;s &agrave; la migration dans ce si&egrave;cle, les Etats ne sont pas rest&eacute;s indiff&eacute;rents et ont d&eacute;velopp&eacute; des strat&eacute;gies de gestion de ces flux. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;au Niger tout comme au Mali, les politiques migratoires pr&eacute;conisent une gouvernance de la migration bas&eacute;e sur les droits humains.&nbsp;C&rsquo;est dire que la gouvernance de la migration, tout niveau confondu, doit imp&eacute;rativement &ecirc;tre men&eacute;e en prenant en compte les droits de l&rsquo;homme des migrants. Plusieurs conventions ont &eacute;t&eacute; mises en place dans ce sens et c&rsquo;est dans cette m&ecirc;me perspective sp&eacute;cifique que la convention des Nations unies pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille a &eacute;t&eacute; adopt&eacute;e<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a>.</p> <p>La criminalit&eacute; telle qu&rsquo;elle se manifeste dans le processus migratoire est une menace s&eacute;rieuse contre l&rsquo;agenda sur lequel l&rsquo;int&eacute;gration sous r&eacute;gionale doit se d&eacute;rouler. Dans un espace o&ugrave; les politiques migratoires sont orient&eacute;es vers la r&eacute;alisation d&rsquo;un objectif complet de libre circulation et d&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale, et o&ugrave; la migration est per&ccedil;ue comme un outil essentiel au d&eacute;veloppement &eacute;conomique, cette criminalit&eacute; constitue une violation des lois migratoires et un frein &agrave; la r&eacute;ussite de ces objectifs politiques.</p> <p>La criminalit&eacute; est un facteur de violations massives de droits humains alors que toutes les politiques migratoires plaident pour une gouvernance de la migration centr&eacute;e sur les droits humains. L&rsquo;analyse de cette dichotomie vise &agrave; d&eacute;montrer que la criminalit&eacute; repr&eacute;sente aussi une menace pour la souverainet&eacute; &eacute;tatique. Dans un espace o&ugrave; la libert&eacute; de circulation constitue l&rsquo;un des piliers essentiels de l&rsquo;int&eacute;gration, seule la stabilit&eacute; dans les pays concern&eacute;s est le gage d&rsquo;un r&eacute;sultat efficient quant aux objectifs contenus dans les politiques migratoires. Mais le ph&eacute;nom&egrave;ne de la criminalit&eacute; organis&eacute;e prend des tournures inqui&eacute;tantes et constitue un v&eacute;ritable obstacle &agrave; l&rsquo;effectivit&eacute; du processus d&rsquo;int&eacute;gration dans l&rsquo;espace CEDEAO. Vecteur de multiples circulations ill&eacute;gales de personnes, de biens illicites et de violations de droits humains, la criminalit&eacute; organis&eacute;e se manifeste par la mont&eacute;e de la violence et du crime.</p> <p>Au regard de ces enjeux, la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e constitue une grave menace &agrave; l&rsquo;aboutissement des politiques migratoires. En effet, l&rsquo;imbrication des conflits locaux avec la criminalit&eacute; transnationale, l&rsquo;extr&eacute;misme violent et le terrorisme, le d&eacute;veloppement de multiples r&eacute;seaux de crime organis&eacute;, l&rsquo;ampleur des d&eacute;fis s&eacute;curitaires, leur transversalit&eacute; et parfois leur impr&eacute;visibilit&eacute; sont autant de raisons qui l&eacute;gitiment la lutte contre ce fl&eacute;au.</p> <p>Dans la m&ecirc;me lanc&eacute;e, &agrave; l&rsquo;occasion du sommet de La Valette de novembre 2015 (auquel le Niger et le Mali ont particip&eacute;), les participants avaient convenu que &laquo;&nbsp;Nous nous engageons &agrave; intensifier les efforts conjoints que nous d&eacute;ployons pour pr&eacute;venir et combattre le trafic de migrants, &eacute;radiquer la traite des &ecirc;tres humains et lutter contre ceux qui exploitent les personnes vuln&eacute;rables, tant en Europe qu&#39;en Afrique. La traite des &ecirc;tres humains, y compris &agrave; des fins d&#39;exploitation sexuelle et de travail forc&eacute;, est une forme grave de criminalit&eacute; et une violation intol&eacute;rable des droits de l&#39;homme fondamentaux. Nous renforcerons la lutte contre les r&eacute;seaux criminels organis&eacute;s, y compris en ce qui concerne leurs liens avec le terrorisme, gr&acirc;ce &agrave; une gestion efficace des fronti&egrave;res, &agrave; une coop&eacute;ration accrue et &agrave; la mise en &oelig;uvre des cadres juridiques et institutionnels pertinents&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ces d&eacute;clarations sont partie int&eacute;grante de nos politiques migratoires. Cependant, une fois que les Etats ont pris les mesures qu&rsquo;ils jugent n&eacute;cessaires pour se conformer &agrave; ces engagements, les groupes criminels inventent des m&eacute;thodes pour contourner ces dispositifs. Ainsi dans le d&eacute;sert, &agrave; chaque fois que les autorit&eacute;s intensifient la surveillance des routes principales par lesquels les passeurs transitent, ces derniers changent de m&eacute;thodes et empruntent d&rsquo;autres itin&eacute;raires encore plus dangereux pour les migrants.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>II. Les m&eacute;canismes de lutte contre la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration</h2> <p>Depuis le d&eacute;veloppement de la criminalit&eacute; transnationale, les Etats avaient automatiquement r&eacute;agi en multipliant les m&eacute;canismes juridico-op&eacute;rationnels afin de pr&eacute;venir et combattre ce fl&eacute;au. Pour une question d&rsquo;efficacit&eacute;, nous envisageons la lutte contre la criminalit&eacute; dans le processus migratoire &agrave; travers un cadre juridique qui met l&rsquo;accent sur la r&eacute;pression des infractions issues de la criminalit&eacute; dans le processus migratoire et l&rsquo;assistance aux victimes de la traite et du trafic de migrants (A), et un cadre institutionnel qui concerne les acteurs nationaux et internationaux pris individuellement ou collectivement dans leurs interventions dans la lutte contre la criminalit&eacute; associ&eacute; &agrave; la migration (B).</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <h3>A. Le cadre juridique de la lutte contre la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration</h3> <p>&nbsp;La lutte contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e est l&rsquo;une des actions qui b&eacute;n&eacute;ficie d&rsquo;une attention particuli&egrave;re au plan international et national. Pour le Niger et le Mali, cela a commenc&eacute; avec la signature et la ratification d&rsquo;une multitude d&rsquo;accords internationaux et r&eacute;gionaux dont la convention des Nations unies sur la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e et ses trois protocoles additionnels. Cette convention astreint les Etats &agrave; prendre un certain nombre de mesures qui ont consid&eacute;rablement enrichi et am&eacute;liorer le droit positif. Tout au long de ce d&eacute;veloppement, nous exposerons la diversit&eacute; des normes de r&eacute;pression de la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration (1), ainsi que la protection et l&rsquo;assistance apport&eacute;es aux migrants, victimes de la criminalit&eacute; (2).</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. Une diversit&eacute; de normes de r&eacute;pression</h4> <p>Pour lutter efficacement contre cette menace qui p&egrave;se sur la dignit&eacute; de l&rsquo;&ecirc;tre humain, le Niger et Mali peuvent compter sur un ensemble de normes universellement reconnues. Au c&oelig;ur de cette croisade se trouve la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e de 2000, entr&eacute;e en vigueur le 29 septembre 2003 et ses trois protocoles additionnels. Elle constitue une avanc&eacute;e significative dans la lutte contre la criminalit&eacute; au plan universel. L&rsquo;objectif de cette convention, est de promouvoir la coop&eacute;ration afin de pr&eacute;venir et combattre efficacement toutes les formes de criminalit&eacute; li&eacute;es &agrave; des groupes criminels organis&eacute;s.</p> <p>Il est important de rappeler ici les contextes qui ont abouti &agrave; l&rsquo;adoption de cette convention. En effet, les motivations sous-jacentes &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; de doter les Etats d&rsquo;un instrument universel qui fera office de r&eacute;f&eacute;rence dans la lutte contre la criminalit&eacute; transnationale tiennent tout d&rsquo;abord de la multiplication inqui&eacute;tante du nombre des organisations criminelles transnationales en cette &egrave;re de mondialisation. Les effets de la mondialisation n&rsquo;ont pas &eacute;pargn&eacute; le crime organis&eacute; qui s&rsquo;est recompos&eacute; et a adopt&eacute; un caract&egrave;re internationale &agrave; l&rsquo;image des grandes firmes multinationales. Jean-Fran&ccedil;ois Gayraud constate que &laquo;&nbsp;la prolif&eacute;ration du crime organis&eacute; est bien plus que la part d&rsquo;ombre ou la face noire de la mondialisation&nbsp;: elle en est l&rsquo;un des moteurs inavou&eacute;s&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a>. A travers cette assertion, il souligne &agrave; quel point les mafias sont devenus des acteurs g&eacute;opolitiques &agrave; part enti&egrave;re, d&rsquo;o&ugrave; Gayraud n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; parler du &laquo;&nbsp;G9&nbsp;&raquo; du crime organis&eacute;. Cette globalisation a vu &eacute;merger des groupes criminels tentaculaire &agrave; l&rsquo;image de la Cosa Nostra, les Yakuzas japonais, les triades chinoises, les cartels de drogue sud-am&eacute;ricains (cartels de Medellin, cartel de Sinaloa, cartels de Juarez etc.) pour ne citer que ceux-l&agrave;. Pour le seul cas de la Russie le nombre de groupe criminels recens&eacute;s entre 1990 et 1997 est pass&eacute; de 785 &agrave; 9&nbsp;000.<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[13]</a> L&rsquo;autre motivation tient au fait que la convention de Palerme a &eacute;t&eacute; institu&eacute;e en hommage &agrave; un juge italien du nom de Giovanni Falcone qui a &eacute;t&eacute; assassin&eacute; par la mafia italienne &agrave; cause son engagement dans la lutte contre la criminalit&eacute; organis&eacute;e. Selon l&rsquo;Organisation des Nations unies, la convention de Palerme a deux objectifs principaux&nbsp;: &laquo;&nbsp;le premier est d&rsquo;&eacute;liminer les diff&eacute;rences, au sein des syst&egrave;mes l&eacute;gislatifs nationaux, qui ont bloqu&eacute; l&rsquo;assistance mutuel par le pass&eacute;. Le second est de mettre en place des normes pour les l&eacute;gislations nationales, de fa&ccedil;on &agrave; ce qu&rsquo;elles puissent lutter avec efficacit&eacute; contre la criminalit&eacute; organis&eacute;e&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[14]</a>.</p> <p>Ensuite plusieurs autres instruments ont &eacute;t&eacute; adopt&eacute;s au plan r&eacute;gional et communautaire pour encourager les Etats membres &agrave; prendre un certain nombre de mesures pour lutter contre la traite des personnes. Il s&rsquo;agit de la d&eacute;claration A/DCL2/12/1 sur la lutte contre la traite des personnes de d&eacute;cembre 2001, de l&rsquo;accord multilat&eacute;ral de coop&eacute;ration r&eacute;gionale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants en Afrique de l&rsquo;ouest et du centre (CEDEAO-CEEAC) de 2006, enfin de l&rsquo;accord multilat&eacute;ral de lutte contre la traite des enfants en Afrique de l&rsquo;ouest de 2005.</p> <p>En droit interne, en application des dispositions de l&rsquo;article 5 de la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e qui dispose que &laquo; Chaque &Eacute;tat Partie adopte les mesures l&eacute;gislatives et autres n&eacute;cessaires pour conf&eacute;rer le caract&egrave;re d&rsquo;infraction p&eacute;nale aux actes &eacute;nonc&eacute;s &agrave; l&rsquo;article 3 de la pr&eacute;sente convention, lorsqu&rsquo;ils ont &eacute;t&eacute; commis intentionnellement &raquo;, les Etats ont r&eacute;agi en prenant des mesures sp&eacute;cifiques.</p> <p>En ce qui concerne la traite des personnes, Le Niger et le Mali se sont dot&eacute;s respectivement et comme on l&rsquo;a vu, de l&rsquo;ordonnance n&deg; 2010-086 du 16 d&eacute;cembre 2010 relative &agrave; la lutte contre la traite des personnes au Niger et de la loi n&deg;&nbsp;2012-023 du 12 juillet 2012 relative &agrave; la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es au Mali. D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, Les objectifs de ces deux textes sont : de pr&eacute;venir et combattre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, de prot&eacute;ger, soutenir et assister les victimes, en faisant respecter leurs droits fondamentaux, de punir les trafiquants pour toute infraction relative &agrave; la traite, de faciliter la coop&eacute;ration entre les Etats parties au protocole de Palerme.</p> <p>S&rsquo;agissant du trafic illicite de migrants, le protocole additionnel contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer du 15 novembre 2000 exhortait les Etats parties &agrave; adopter les mesures l&eacute;gislatives et autres n&eacute;cessaires pour conf&eacute;rer le caract&egrave;re d&rsquo;infraction p&eacute;nale &agrave; l&rsquo;infraction du trafic illicite de migrants. Ainsi au Niger selon l&rsquo;article 10 de la loi n&deg;&nbsp;2015-36 du 23 mai 2015, &laquo;&nbsp;est passible d&rsquo;une peine d&rsquo;emprisonnement de cinq &agrave; moins de 10 ans et d&rsquo;une amende de 1&nbsp;000&nbsp;000 de francs CFA &agrave; 5&nbsp;000&nbsp;000 de francs CFA, toute personne qui, intentionnellement et pour en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage mat&eacute;riel, assure l&rsquo;entr&eacute;e ou la sortie ill&eacute;gale au Niger d&rsquo;une personne qui n&rsquo;est ni un ressortissant ni r&eacute;sident permanent au Niger&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[15]</a>.</p> <p>Au Mali, le trafic illicite de migrants est class&eacute; dans la cat&eacute;gorie des infractions assimil&eacute;es &agrave; la traite des personnes et de ce fait est puni par la loi n&deg;&nbsp;2012-023 du 12 juillet 2012 relative &agrave; la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es &agrave; son article 7.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Protection et assistance aux victimes de la criminalit&eacute;</h4> <p>Les articles 6, 7, 8 du protocole visant &agrave; pr&eacute;venir, r&eacute;primer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, additionnel &agrave; la convention de Palerme, scindent en deux cat&eacute;gories l&rsquo;assistance et le soutien aux victimes, &agrave; savoir les prescriptions proc&eacute;durales et mesures &eacute;l&eacute;mentaires de sauvegarde, et les mesures d&rsquo;assistance et de soutien aux victimes sujettes &agrave; appr&eacute;ciation. Ces dispositions doivent &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;es au regard des articles 24 et 25 de la convention de Palerme qui dans un premier temps prot&egrave;gent la victime dans la mesure o&ugrave; elle est un t&eacute;moin<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title="">[16]</a>, et ensuite comme une victime donc une personne ayant souffert des s&eacute;quelles de l&rsquo;exploitation ou du trafic<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title="">[17]</a>. Il est important d&rsquo;expliquer ici ce qu&rsquo;on entend par victimes. Au sens p&eacute;nal, une victime peut &ecirc;tre comprise comme une personne qui a subi ou souffert d&rsquo;une infraction. Toutefois, dans le cas sp&eacute;cifique de la criminalit&eacute; organis&eacute;e, &laquo; On entend par &quot;victimes&quot; des personnes qui, individuellement ou collectivement, ont subi un pr&eacute;judice, notamment une atteinte &agrave; leur int&eacute;grit&eacute; physique ou mentale, une souffrance morale, une perte mat&eacute;rielle, ou une atteinte grave &agrave; leurs droits fondamentaux, en raison d&#39;actes ou d&#39;omissions qui enfreignent les lois p&eacute;nales en vigueur dans un &Eacute;tat Membre, y compris celles qui proscrivent les abus criminels de pouvoir &raquo;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title="">[18]</a>.</p> <p>Les principes et directives concernant les droits de l&rsquo;homme et la traite des &ecirc;tres humains du 20 mai 2002 &eacute;noncent que &laquo;&nbsp;Les victimes de la traite ne doivent pas &ecirc;tre d&eacute;tenues, inculp&eacute;es ou poursuivies au motif qu&rsquo;elles sont entr&eacute;es ou r&eacute;sident de mani&egrave;re ill&eacute;gale dans les pays de transit ou de destination, ni pour avoir pris part &agrave; des activit&eacute;s illicites lorsqu&rsquo;elles y sont r&eacute;duites par leur condition de victimes de la traite&nbsp;&raquo;.</p> <p>Au Niger, en cas de t&eacute;moignage aupr&egrave;s des autorit&eacute;s judiciaires, les victimes, t&eacute;moins ou parties civiles de la traite des personnes b&eacute;n&eacute;ficient des mesures de protection pr&eacute;vues au chapitre VII de l&rsquo;ordonnance de 2010 pour assurer leur protection. Ainsi l&rsquo;article 42 de ladite loi encadre les d&eacute;positions des enfants et personnes particuli&egrave;rement vuln&eacute;rables en tant que victimes ou t&eacute;moins. Dans ce cas, &laquo; leurs t&eacute;moignages devant les juridictions de jugement pourront &ecirc;tre recueillis par&nbsp;: 1) des t&eacute;moignages par vid&eacute;oconf&eacute;rence&nbsp;; 2) des t&eacute;moignage en pr&eacute;sence d&rsquo;un parent ou gardien du mineur lorsqu&rsquo;il est prouv&eacute; que cet adulte n&rsquo;est en rien impliqu&eacute; dans les faits incrimin&eacute;s&nbsp;; 3)&nbsp;des t&eacute;moignage enregistr&eacute; &agrave; l&rsquo;avance&nbsp;; 4)&nbsp;une s&eacute;paration physique &agrave; l&rsquo;audience du d&eacute;fendeur et de la victime ou t&eacute;moin &agrave; prot&eacute;ger, notamment par l&rsquo;utilisation de rideaux, salles d&rsquo;audiences s&eacute;par&eacute;es&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;article 43 de la m&ecirc;me ordonnance est relatif &agrave; la protection de la vie priv&eacute;e et l&rsquo;identit&eacute; des victimes. De ce fait, &laquo; sans pr&eacute;judice des droits de la d&eacute;fense, afin d&rsquo;inciter les victimes &agrave; t&eacute;moigner en justice, les personnes habilit&eacute;es &agrave; constater les infractions vis&eacute;es &agrave; la pr&eacute;sente ordonnance et les autorit&eacute;s judiciaires doivent prot&eacute;ger la vie priv&eacute;e et l&rsquo;identit&eacute; des victimes afin d&rsquo;&eacute;viter toute possibilit&eacute; d&rsquo;intimidation ou de repr&eacute;sailles&hellip;&nbsp;&raquo;. En outre les victimes de la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration b&eacute;n&eacute;ficient aussi d&rsquo;une assistance directe privil&eacute;gi&eacute;e. Les victimes devront &ecirc;tre log&eacute;es et soutenues d&rsquo;une mani&egrave;re qui corresponde aux risques qu&rsquo;elles encourent.</p> <p>&laquo;&nbsp;La d&eacute;tention provisoire des suspects peut aussi prot&eacute;ger les droits de la victime de diverses mani&egrave;res&nbsp;: -Protection des victimes, de leurs familles et de leurs proches contre les repr&eacute;sailles&nbsp;; -Accroissement des chances d&rsquo;un proc&egrave;s &eacute;quitable par la limitation, pour les suspects, des possibilit&eacute;s d&rsquo;influencer ou d&rsquo;intimider les t&eacute;moins&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" title="">[19]</a>.</p> <p>Enfin un fonds national d&rsquo;indemnisation des victimes de la traite qui sera administr&eacute; par la commission nationale de coordination de lutte contre la traite des personnes a &eacute;t&eacute; institu&eacute; dans le l&rsquo;objectif d&rsquo;assurer une bonne r&eacute;insertion des victimes. M&ecirc;me s&rsquo;il n&rsquo;est pas encore op&eacute;rationnel, il est important de mettre en place ce type de bonne pratique, favorable &agrave; la fois aux besoins des victimes et de la soci&eacute;t&eacute;. Quant aux personnes objets du trafic illicite de migrants, ces derni&egrave;res m&ecirc;me si elles ont particip&eacute; &agrave; la mat&eacute;rialisation de l&rsquo;infraction, elles sont automatiquement consid&eacute;r&eacute;es comme victimes. De ce fait l&rsquo;infraction n&rsquo;est imputable qu&rsquo;&agrave; la personne qui aura re&ccedil;u un avantage quelconque pour leur faire traverser ill&eacute;galement une fronti&egrave;re.</p> <p>Ainsi des mesures de protection et d&rsquo;assistance sont pr&eacute;vues au chapitre IV de la loi relative au trafic illicite de migrants au Niger. Les migrants objets de trafic illicite ont le droit de recevoir des soins m&eacute;dicaux pour pr&eacute;venir ou soigner les pr&eacute;judices corporels ou psychologiques subis pendant le trajet (article 25). La loi assure la protection des migrants objets du trafic contre toute violence ou repr&eacute;sailles exerc&eacute;es par les trafiquants ou d&rsquo;autres groupes, tout en mettant l&rsquo;accent sur les personnes vuln&eacute;rables &agrave; savoir les femmes, enfants, handicap&eacute;s et personnes &acirc;g&eacute;es (articles 26 et 27). Enfin la loi relative &agrave; la lutte contre le trafic illicite de migrants pr&eacute;voit une proc&eacute;dure sp&eacute;ciale pour les enfants mineurs objets du trafic. En tout &Eacute;tat de cause l&rsquo;enfant doit &ecirc;tre assist&eacute; dans les auditions et la proc&eacute;dure doit tenir compte de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t sup&eacute;rieur.</p> <p>Ainsi l&rsquo;article 29 dispose que &laquo;&nbsp;Lorsque le migrant objet d&rsquo;un trafic est un mineur, outre les mesures de protection vis&eacute;es aux articles 25,26, 27 et 28 ci -dessus : - l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t sup&eacute;rieur de l&rsquo;enfant doit &ecirc;tre privil&eacute;gi&eacute; dans toutes les actions mises en &oelig;uvre par les agents publics, les organismes publics et les juridictions concernant un migrant objet d&rsquo;un trafic qui est un enfant ; - en cas d&rsquo;incertitude sur l&rsquo;&acirc;ge d&rsquo;un migrant objet d&rsquo;un trafic et lorsqu&rsquo;il existe des raisons de croire qu&rsquo;il est un enfant, il est pr&eacute;sum&eacute; l&rsquo;&ecirc;tre dans l&rsquo;attente de la v&eacute;rification de son &acirc;ge ; - tout entretien ou audition avec un enfant migrant objet d&rsquo;un trafic est men&eacute; par un professionnel sp&eacute;cialement form&eacute;, dans un environnement adapt&eacute;, dans une langue que l&rsquo;enfant pratique et comprend et en pr&eacute;sence de ses parents, de son tuteur ou d&rsquo;une personne de soutien ; - les enfants migrants objet d&rsquo;un trafic ont le droit d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation, qui ne peut &ecirc;tre refus&eacute; ou limit&eacute; en raison de leur entr&eacute;e ou de leur situation irr&eacute;guli&egrave;re dans le pays, ou de celle de leurs parents&nbsp;&raquo;.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3>B. Le cadre institutionnel de lutte contre la criminalit&eacute; dans le processus migratoire</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Depuis la prise de conscience de la communaut&eacute; internationale face aux d&eacute;fis que repr&eacute;sente la criminalit&eacute; organis&eacute;e surtout pour la stabilit&eacute; des Etats, les moyens de lutte n&rsquo;ont cess&eacute; de croitre et se diversifier. A travers ces m&eacute;canismes de lutte, le cadre institutionnel occupe une place de choix dans la coordination des actions et l&rsquo;op&eacute;rationnalisation des d&eacute;cisions destin&eacute;es &agrave; combattre et pr&eacute;venir la criminalit&eacute;. Ainsi, serons &eacute;tudi&eacute;s, les institutions nationales pour lutter contre la traite des personnes le trafic illicite de migrants (1), puis la coop&eacute;ration internationale dans la contre la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration (2).</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>1. Les institutions &eacute;tatiques de lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants</h4> <p>Au plan national, la constitution du Niger du 25 novembre 2010 a consacr&eacute; le principe du respect de la dignit&eacute; humaine dans sa globalit&eacute; et sa diversit&eacute;, et a interdit toute discrimination fond&eacute;e sur la race, la nationalit&eacute;, le sexe, la religion, les opinions politiques etc.<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" title="">[20]</a> Ce texte incrimine la traite des personnes et cr&eacute;e, outre un fonds national d&rsquo;indemnisation des victimes de la traite, deux structures de lutte contre la traite des personnes &agrave; savoir&nbsp;la commission nationale de coordination de lutte contre la traite des personnes (CNCLTP) et l&rsquo;Agence nationale de lutte contre la traite des personnes (ANLTP). Ces deux institutions ont respectivement &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;es par les d&eacute;crets n&deg; 2012-082/PRN/MJ du 21 mars 2012 d&eacute;terminant l&rsquo;organisation, la composition, et le fonctionnement de la commission nationale de coordination de lutte contre la traite des personnes et l&rsquo;ordonnance n&deg; 2012-083/PRN/MJ d&eacute;terminant l&rsquo;organisation, la composition et les modalit&eacute;s de fonctionnement de l&rsquo;agence nationale de lutte contre la traite des personnes.</p> <p>Le 22 juillet 2014, le gouvernement nig&eacute;rien a adopt&eacute; un plan d&rsquo;action national de lutte contre la traite des personnes, &eacute;labor&eacute; par la commission nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLTP). Dans le cadre de la mise en &oelig;uvre de ce plan d&rsquo;action, confi&eacute; &agrave; l&rsquo;agence nationale de lutte contre la traite des personnes (ANLTP), &laquo;&nbsp;il est apparu l&rsquo;impossibilit&eacute; de r&eacute;soudre la s&eacute;rie de drames qui se perp&eacute;trait par le canal de la migration irr&eacute;guli&egrave;re&nbsp;&raquo; (Agence nationale de lutte contre la traite des personnes, 3).</p> <p>Le plan d&rsquo;action national de lutte contre la traite des personnes permet au gouvernement de satisfaire &agrave; quatre exigences majeures&nbsp;: -La premi&egrave;re exigence r&eacute;sulte de l&rsquo;adh&eacute;sion de notre pays &agrave; la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e dite convention de Palerme et &agrave; son protocole additionnel&nbsp;; -La seconde d&eacute;coule de notre appartenance &agrave; la CEDEAO&nbsp;; -La troisi&egrave;me est une cons&eacute;quence des relations bilat&eacute;rales ou multilat&eacute;rales que notre pays se doit d&rsquo;&eacute;tablir ou entretenir dans le cadre du renforcement de la coop&eacute;ration et du partenariat en mati&egrave;re de lutte contre la traite des personnes&nbsp;; -La quatri&egrave;me L&rsquo;exigence qui tient de l&rsquo;ex&eacute;cution de ses obligations internes, tendant &agrave; garantir la s&eacute;curit&eacute; et la dignit&eacute; des personnes vivant sur notre territoire (Plan d&rsquo;actions national de lutte contre la traite des personnes, 11).</p> <p>La mise en &oelig;uvre de ce plan d&rsquo;action s&rsquo;articule autour de six axes strat&eacute;giques de lutte qui sont&nbsp;: l&rsquo;am&eacute;lioration du cadre juridique et institutionnel, le renforcement du dispositif de pr&eacute;vention de la traite, la promotion, l&rsquo;assistance et la prise en charge des victimes<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" title="">[21]</a>, l&rsquo;intensification de la r&eacute;pression<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" title="">[22]</a>, le renforcement de la coop&eacute;ration et du partenariat, le suivi et l&rsquo;&eacute;valuation du plan.</p> <p>A c&ocirc;t&eacute; de ces deux institutions qui sont sous tutelle du minist&egrave;re de la Justice, plusieurs autres institutions interviennent dans la lutte contre la traite des &ecirc;tres humains et le trafic illicite de migrants. On peut &agrave; ce titre citer les services de la police nationale en l&rsquo;occurrence la direction pour la surveillance du territoire (DST) qui dans l&rsquo;accomplissement de sa mission de gardienne des fronti&egrave;res, s&rsquo;occupe de la lutte contre la migration irr&eacute;guli&egrave;re et traque des criminels impliqu&eacute;s dans la traite des personnes ou le trafic illicite de migrants. La division des investigations sp&eacute;ciales est une unit&eacute; de la police nationale nig&eacute;rienne cr&eacute;&eacute;e aupr&egrave;s de la direction de la surveillance du territoire par un arr&ecirc;t&eacute; minist&eacute;riel n&deg;&nbsp;0508/MI/SP/D/ACR/DGPN du 19 ao&ucirc;t 2016<a href="#_ftn23" name="_ftnref23" title="">[23]</a>.</p> <p>La mission essentielle de cette structure op&eacute;rationnelle est de diligenter et coordonner les enqu&ecirc;tes de police judiciaire sur les faits de trafic illicite des migrants, la traite des personnes, la fraude documentaire et autres infractions connexes, conform&eacute;ment au Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale. Elle est compos&eacute;e d&rsquo;un chef appartenant au corps des commissaires et d&rsquo;une &eacute;quipe compos&eacute;e d&rsquo;officiers de police. Dans le cadre de leur mission, ils re&ccedil;oivent les plaintes et d&eacute;nonciations et proc&egrave;dent &agrave; des enqu&ecirc;tes pr&eacute;liminaires dans les conditions pr&eacute;vues par les articles 69 &agrave; 71 du CPP. En cas de crimes et de d&eacute;lits flagrants, ils exercent les pouvoirs qui leur sont conf&eacute;r&eacute;s par les articles 48 &agrave; 62 du CPP. Ils ont le droit de requ&eacute;rir directement le concours de la force publique pour l&rsquo;ex&eacute;cution de leur mission. Ils sont &eacute;galement comp&eacute;tents dans les limites territoriales o&ugrave; ils exercent leurs fonctions habituelles.</p> <p>Toutefois, Ils peuvent, en vertu d&rsquo;une commission rogatoire expresse ainsi qu&rsquo;en cas de crime ou d&eacute;lit flagrant, op&eacute;rer sur toute l&rsquo;&eacute;tendue du territoire national. Ils sont tenus d&rsquo;informer sans d&eacute;lai le procureur de la R&eacute;publique pr&egrave;s le TGI de leur ressort, des crimes, d&eacute;lits et contraventions dont ils ont connaissance. D&egrave;s la cl&ocirc;ture de leurs op&eacute;rations, l&rsquo;original ainsi qu&rsquo;une copie certifi&eacute;e conforme des proc&egrave;s-verbaux qu&rsquo;ils ont dress&eacute;s, ainsi que tous les actes et documents y relatifs lui sont en m&ecirc;me temps adress&eacute;s. Les objets saisis sont &eacute;galement mis &agrave; sa disposition. A noter &eacute;galement que les proc&egrave;s-verbaux doivent &eacute;noncer la qualit&eacute; d&rsquo;officier de police judiciaire de leur r&eacute;dacteur. La DIS dispose essentiellement de deux antennes &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle nationale &agrave; Zinder et Agadez (Al Akasar, 2018, 29-30).</p> <p>On peut aussi noter une grande synergie d&rsquo;action au plan national &agrave; travers laquelle les autorit&eacute;s &eacute;tatiques collaborent avec plusieurs structures autres gouvernementales et non gouvernementales pour lutter contre la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration comme l&rsquo;organisation internationale pour les migrations (OIM), le haut-commissariat des Nations unies pour les r&eacute;fugi&eacute;s (HCR), la commission nationale des droits humains (CNDH), les organisations de la soci&eacute;t&eacute; civile et le minist&egrave;re de la Justice.</p> <p>Le cas nig&eacute;rien est presque similaire au malien puisque le Mali s&rsquo;est aussi dot&eacute; en 2011 du comit&eacute; national de coordination de la lutte contre la traite de la personne et les pratiques assimil&eacute;es (CNCLTP). Ce comit&eacute; a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; aupr&egrave;s du minist&egrave;re de la Justice et a pour mission de coordonner et d&rsquo;assurer le suivi des actions de lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es. A cet effet, il est charg&eacute; d&rsquo;&eacute;laborer et de mettre en &oelig;uvre le plan d&rsquo;action national de lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es, puis de contribuer &agrave; la mobilisation des ressources n&eacute;cessaires &agrave; la mise en &oelig;uvre des actions de lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimil&eacute;es<a href="#_ftn24" name="_ftnref24" title="">[24]</a>.</p> <p>&nbsp;</p> <h5>2. La coop&eacute;ration internationale en mati&egrave;re de lutte contre la criminalit&eacute;</h5> <p>De la m&ecirc;me mani&egrave;re que la criminalit&eacute; organis&eacute;e a rev&ecirc;tu une forme transnationale, les m&eacute;canismes de lutte se sont aussi diversifi&eacute;s. Dans le but de rendre cette lutte efficace, les Etats ont r&eacute;agi en se regroupant &agrave; toutes les &eacute;chelles de la soci&eacute;t&eacute; internationale. Le Niger et le Mali se rejoignent dans plusieurs accords et structures internationales qui ont pour vocation de lutter contre la criminalit&eacute; sous toutes ses formes.</p> <p>L&rsquo;Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) est la plus haute institution dans la lutte contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e. Il a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; en 1997 gr&acirc;ce &agrave; la fusion du programme des Nations unies pour le contr&ocirc;le international des drogues (PNUCID) et du centre pour la pr&eacute;vention de la criminalit&eacute; (CIPC). Sa mission est d&rsquo;assister les Etats membres dans l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un cadre juridique coh&eacute;rent et aussi de r&eacute;aliser &laquo;&nbsp;l&rsquo;objectif de s&eacute;curit&eacute; et de justice pour tous en rendant le monde plus s&ucirc;r face &agrave; la criminalit&eacute;, &agrave; la drogue et au terrorisme&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title="">[25]</a>.</p> <p>Au niveau r&eacute;gional et sous-r&eacute;gional, la CEDEAO, consciente des m&eacute;faits de la criminalit&eacute; et des enjeux de la migration, a mis sur pied des m&eacute;canismes pertinents pour lutte contre le crime organis&eacute;. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pourquoi le 29 juillet 1992 les Etats membres de la CEDEAO ont adopt&eacute; &agrave; Dakar la convention A/P1/7/92 relative &agrave; l&rsquo;assistance juridique mutuelle en mati&egrave;re de lutte contre la criminalit&eacute; et entr&eacute;e en vigueur le 20 octobre 1998. A cela s&rsquo;ajoute la convention de 1994 sur l&rsquo;extradition qui touche fondamentalement les auteurs de crime sur la personne des migrants. Ces instruments obligent les Etats membres &agrave; investir les tribunaux nationaux davantage dans le renforcement des sanctions &agrave; l&rsquo;encontre des criminels fuyant leur territoire pour trouver refuge dans un autre pays.</p> <p>Aussi les efforts de la CEDEAO, en vue d&rsquo;une lutte coordonn&eacute;e contre la criminalit&eacute; transfrontali&egrave;re, s&rsquo;inscrivent dans le cadre d&rsquo;un plan d&rsquo;action r&eacute;gional adopt&eacute; &agrave; Abuja en d&eacute;cembre 2009. Cet instrument est une &eacute;manation du plan d&rsquo;action de l&rsquo;union africaine sur la lutte contre la drogue et la pr&eacute;vention de la criminalit&eacute;. Lanc&eacute; en janvier 2008 pour une p&eacute;riode de cinq ans, le PAUA vise &agrave; &laquo;&nbsp;renforcer les capacit&eacute;s des communaut&eacute;s &eacute;conomiques r&eacute;gionales et des Etats membres en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;laboration et de coordination de la mise en &oelig;uvre des politiques de lutte contre la drogue et de pr&eacute;vention de crime&nbsp;&raquo; (Programme r&eacute;gional pour l&rsquo;Afrique de l&rsquo;ouest, 2011, 7).</p> <p>Le plan d&rsquo;action r&eacute;gional couvre un large &eacute;ventail de th&eacute;matiques, dont certaines sont prises en charge par des instruments plus cibl&eacute;s, &eacute;labor&eacute;s parall&egrave;lement ou ant&eacute;rieurement. Ainsi en 2006, la CEDEAO a adopt&eacute; un plan d&rsquo;action contre le trafic d&rsquo;&ecirc;tres humains qui est l&rsquo;instrument cl&eacute; de la strat&eacute;gie ouest-africaine en mati&egrave;re de lutte contre la traite des &ecirc;tres humains. Ce cadre a &eacute;t&eacute; compl&eacute;t&eacute; par l&rsquo;adoption d&rsquo;un plan d&rsquo;action conjoint et la signature d&rsquo;un accord de coop&eacute;ration multilat&eacute;rale de lutte contre la traite des &ecirc;tres humains, en particulier des femmes et des enfants entre l&rsquo;Afrique centrale et de l&rsquo;ouest en 2006<a href="#_ftn26" name="_ftnref26" title="">[26]</a>.</p> <p>L&rsquo;approche commune de la CEDEAO sur la migration de 2008 dans son expos&eacute; des &laquo;&nbsp;Actions visant la lutte contre les migrations irr&eacute;guli&egrave;res et la traite des &ecirc;tres humains en particulier des femmes et des enfants&nbsp;&raquo;, pr&eacute;conise aussi &laquo; la&nbsp;Coop&eacute;ration entre les Etats membres de la CEDEAO en mati&egrave;re de lutte contre les migrations clandestines et le d&eacute;mant&egrave;lement des r&eacute;seaux mafieux et la Coop&eacute;ration entre les Etats membres de la CEDEAO en vue de lutter contre les migrations clandestines en collaboration avec les pays d&rsquo;accueil&nbsp;&raquo;.</p> <p>Au niveau bilat&eacute;ral, le Niger et le Mali sont li&eacute;s par la convention g&eacute;n&eacute;rale de coop&eacute;ration en mati&egrave;re de justice entre la R&eacute;publique du Niger et la R&eacute;publique du Mali sign&eacute;e &agrave; Niamey le 22 avril 1960. C&rsquo;est un instrument id&eacute;al qui vise &agrave; faciliter la proc&eacute;dure p&eacute;nale entre les deux pays. &Agrave; l&rsquo;occasion de la commission d&rsquo;un crime ou un d&eacute;lit, mettant en cause des ressortissants nig&eacute;riens ou maliens sur le territoire de l&rsquo;un des Etats parties, la convention intervient pour r&egrave;glementer la coop&eacute;ration entre les autorit&eacute;s de ces deux pays afin de bien &eacute;lucider cette infraction. Ici, nous allons particuli&egrave;rement nous int&eacute;resser aux mesures d&rsquo;extraditions &eacute;tablies dans la convention. Dans le cas d&rsquo;esp&egrave;ce de la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e, o&ugrave; les infractions pr&eacute;sentent tr&egrave;s souvent un &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;extran&eacute;it&eacute;, le Niger et le Mali &laquo;&nbsp;s&rsquo;engagent &agrave; se livrer r&eacute;ciproquement les individus qui, se trouvant sur le territoire de l&rsquo;un des Etats signataires, sont poursuivis ou condamn&eacute;s par les autorit&eacute;s judiciaires de l&rsquo;autre &Eacute;tat<a href="#_ftn27" name="_ftnref27" title="">[27]</a>.</p> <p>Toutefois, &laquo;&nbsp;Seront sujets &agrave; extradition : 1. les individus qui sont poursuivis pour des crimes ou d&eacute;lits punis par les lois de l&rsquo;Etat requis, d&rsquo;une peine d&rsquo;au moins deux ans d&rsquo;emprisonnement ; 2. les individus qui, pour des crimes ou d&eacute;lits punis par la loi de l&rsquo;Etat requis, sont condamn&eacute;s contradictoirement ou par d&eacute;faut par les tribunaux de l&rsquo;Etat requ&eacute;rant &agrave; une peine d&rsquo;au moins deux mois d&rsquo;emprisonnement&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28" title="">[28]</a>. Ensuite, les &laquo;&nbsp;Parties contractantes n&rsquo;extraderont pas leurs nationaux respectifs&hellip;&raquo;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29" title="">[29]</a>, mais &laquo;&nbsp;s&rsquo;engagent, dans la mesure o&ugrave; ils ont la comp&eacute;tence pour les juger, &agrave; faire poursuivre ses propres nationaux qui ont commis, sur le territoire de l&rsquo;autre &Eacute;tat, des infractions punies comme crime ou d&eacute;lit selon sa propre l&eacute;gislation, lorsque l&rsquo;autre &Eacute;tat lui adressera une demande de poursuite accompagn&eacute;e de dossiers, documents, objets, et informations en sa possession&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30" title="">[30]</a>.</p> <p>La coop&eacute;ration internationale en mati&egrave;re de lutte contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e constitue &agrave; la base, l&rsquo;une des strat&eacute;gies mises en place par la convention de Palerme afin de pr&eacute;venir et combattre efficacement ce fl&eacute;au. En effet, l&rsquo;article 27 de la convention r&eacute;it&egrave;re la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une coop&eacute;ration entre les Etats pour une meilleure atteinte des objectifs fix&eacute;s par la convention. Ainsi, &laquo;&nbsp;1.&nbsp;Les &Eacute;tats Parties coop&egrave;rent &eacute;troitement, conform&eacute;ment &agrave; leurs syst&egrave;mes juridiques et administratifs respectifs, en vue de renforcer l&rsquo;efficacit&eacute; de la d&eacute;tection et de la r&eacute;pression des infractions vis&eacute;es par la pr&eacute;sente Convention. En particulier, chaque &Eacute;tat Partie adopte des mesures efficaces pour&nbsp;: b) Coop&eacute;rer avec d&rsquo;autres &Eacute;tats Parties, s&rsquo;agissant des infractions vis&eacute;es par la pr&eacute;sente Convention, dans la conduite d&rsquo;enqu&ecirc;tes concernant les points suivants : i) Identit&eacute; et activit&eacute;s des personnes soup&ccedil;onn&eacute;es d&rsquo;implication dans lesdites infractions, lieu o&ugrave; elles se trouvent ou lieu o&ugrave; se trouvent les autres personnes concern&eacute;es ; ii) Mouvement du produit du crime ou des biens provenant de la commission de ces infractions&nbsp;; iii) Mouvement des biens, des mat&eacute;riels ou d&rsquo;autres instruments utilis&eacute;s ou destin&eacute;s &agrave; &ecirc;tre utilis&eacute;s dans la commission de ces infractions&nbsp;; 2. Afin de donner effet &agrave; la pr&eacute;sente Convention, les &Eacute;tats Parties envisagent de conclure des accords ou des arrangements bilat&eacute;raux ou multilat&eacute;raux pr&eacute;voyant une coop&eacute;ration directe entre leurs services de d&eacute;tection et de r&eacute;pression et, lorsque de tels accords ou arrangements existent d&eacute;j&agrave;, de les modifier&hellip;&nbsp;&raquo;.</p> <p>Cette coop&eacute;ration entre les Etats Parties concerne plusieurs &eacute;tapes de la proc&eacute;dure destin&eacute;e &agrave; mettre hors d&rsquo;&eacute;tat de nuire un criminel ou le d&eacute;mant&egrave;lement du r&eacute;seau criminel. On peut citer la coop&eacute;ration internationale aux fins de confiscation des biens issus de la criminalit&eacute; (article 13 de la convention), l&rsquo;extradition (article 16 de la convention), le transfert des personnes condamn&eacute;es (article 17 de la convention), l&rsquo;entraide judiciaire (article 18 de la convention) et les enqu&ecirc;tes conjointes (article 19).</p> <p>&nbsp;La mission europ&eacute;enne EUCAP SAHEL, lanc&eacute;e en 2012, appara&icirc;t comme un des outils cl&eacute;s de la politique migratoire et s&eacute;curitaire europ&eacute;enne au Niger et au Mali. Cette mission vise &agrave; assister les autorit&eacute;s nig&eacute;riennes et maliennes, ainsi que les forces de s&eacute;curit&eacute;, dans le d&eacute;veloppement de politiques, de techniques et de proc&eacute;dures permettant d&rsquo;am&eacute;liorer le contr&ocirc;le et la lutte contre les migrations irr&eacute;guli&egrave;res, et d&rsquo;articuler cela avec la lutte contre les activit&eacute;s criminelles associ&eacute;es. EUCAP SAHEL, est aussi le nouveau cadre de partenariat pour les migrations, mis en place par l&rsquo;UE en juin 2016 en collaboration avec le gouvernement nig&eacute;rien, visent directement &agrave; mettre en application la loi nig&eacute;rienne de 2015 sur le trafic illicite de migrants. Enfin INTERPOL est aussi un excellent dispositif dans le cadre de la coop&eacute;ration internationale afin de lutter contre la criminalit&eacute; associ&eacute;e &agrave; la migration. Elle permet la coop&eacute;ration polici&egrave;re entre les pays afin de traquer les criminels et les faire juger.</p> <p>&nbsp;</p> <h2 style="text-align: center;">*</h2> <p style="text-align: center;">* *</p> <p>&nbsp;</p> <p>La criminalit&eacute; telle qu&rsquo;elle se manifeste dans le processus migratoire est une menace s&eacute;rieuse pour les droits des migrants. D&rsquo;une part, elle contribue &agrave; mettre en danger la vie et la dignit&eacute; du migrant &agrave; travers la traite des personnes et le trafic illicite de migrants&nbsp;; d&rsquo;autre part, elle constitue une violation des droits fondamentaux des migrants et une entrave &agrave; l&rsquo;effectivit&eacute; des politiques migratoires en ce qu&rsquo;elle favorise la clandestinit&eacute; de la migration. Les nouvelles dynamiques migratoires au Sahel s&rsquo;effectuent dans un contexte d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; notamment avec l&rsquo;essor de la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e. Le cadre juridique de la protection des droits des migrants au Niger et au Mali retient une protection contextualis&eacute;e selon que les migrants dans leur ensemble ont des attentes qui se recoupent en termes de protection. A cet &eacute;gard, la lutte contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e participe &agrave; renforcer la sauvegarde des droits des migrants susceptibles de tomber dans les mailles des criminels. Pour ce faire, les Etats ont mis en place des m&eacute;canismes juridiques et institutionnels afin de lutter efficacement contre toutes les formes de criminalit&eacute; susceptibles d&rsquo;atteindre les migrants.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Ouvrages et articles</strong></p> <p>-A. A-AKASAR, Le trafic illicite de migrants au Niger, m&eacute;moire de master en sciences juridiques et politiques, 2018.</p> <p>-S. Badiane, La protection internationale des enfants affect&eacute;s par les conflits arm&eacute;s&nbsp;: contribution &agrave; la th&eacute;orie et &agrave; la conduite de l&rsquo;action humanitaire autour du syst&egrave;me des Nations unies, th&egrave;se droit Universit&eacute; Cheikh Anta Diop, 2003.</p> <p>-C. Beauchemin, L. Kabbanji, P. Sacko et B. Schoumaker, Migrations africaines&nbsp;: le co d&eacute;veloppement en question, essai de d&eacute;mocratie politique, Armand Colin, Paris 2006.</p> <p>-A. Belguendouz, Enjeux migratoires, Maghreb-Europe-Afrique subsaharienne, un regard du sud, Paris 2006.</p> <p>-V. Chetail, Code de droit international des migrations, Bruylant 2008.</p> <p>-S. Guinchard et T. Debard, Lexique des termes juridiques 2020-2021 Dalloz.</p> <p>-A. Hamadou, &laquo;&nbsp;La gestion des flux migratoires au Niger entre engagements et contraintes&nbsp;&raquo;, Revue des droits de l&rsquo;homme, 2018.</p> <p>-A.-F. Kane, La protection des droits de l&rsquo;enfant pendant les conflits arm&eacute;s en droit international, th&egrave;se droit public Universit&eacute; de Lorraine, 2014.</p> <p>-P.-A. KOSSADI DAGO, La protection des migrants au S&eacute;n&eacute;gal et en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire&nbsp;: &eacute;tude comparative au regard du droit international, communautaire et national de chaque Etat, Th&egrave;se droit public Universit&eacute; Cheikh Anta Diop 2017.</p> <p>-A. MOUSSA ZAKI, &laquo;&nbsp;Le traitement judiciaire du trafic illicite de migrants&nbsp;: cas du tribunal de grande instance d&rsquo;Agadez&nbsp;&raquo;.</p> <p>-D. Nakache et F. Crepeau, &laquo;&nbsp;Le contr&ocirc;le des migrations et l&rsquo;int&eacute;gration &eacute;conomique&nbsp;; entre ouverture et fermeture&nbsp;&raquo;, in V. Chetail, Mondialisation, migration et droits de l&rsquo;homme&nbsp;: le droit international en questions, vol. 2, Bruylant 2007.</p> <p>-C. Papinot, Le travailleur migrant en droit international, th&egrave;se Universit&eacute; de Nanterre, 2014.</p> <p>-V. PICHE, &laquo;&nbsp;Les th&eacute;ories migratoires : vers un nouveau paradigme &agrave; la crois&eacute;e de l&rsquo;&eacute;conomie politique, le cosmopolitisme et les droits des migrants et des migrantes&nbsp;&raquo;, 2014.</p> <p>-D.-G. Tounkara, Migrants soudanais/maliens et conscience ivoirienne. Les &eacute;trangers en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (1903-1980), L&rsquo;Harmattan, Paris 2008.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Textes officiels</strong></p> <p>-Agence nationale de lutte contre la traite des personnes, r&ocirc;le du Niger dans la lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants, Conf&eacute;rence internationale du Travail, 93e session, Bureau international du Travail, Gen&egrave;ve, 2005.</p> <p>-Conseil de l&rsquo;Europe, Livre blanc sur le crime organis&eacute; transnational, 2015.</p> <p>-Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Strat&eacute;gie r&eacute;gionale de lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants 2015- 2020.</p> <p>-Plan d&rsquo;actions national de lutte contre la traite des personnes.</p> <p>-Principes et directives concernant les droits de l&rsquo;homme et la traite des &ecirc;tres humains, 2002.</p> <p>-Programme de statistique africain, Mesure de la migration irr&eacute;guli&egrave;re et des risques de protection associ&eacute;s, 2017.</p> <p>-Programme r&eacute;gional pour l&rsquo;Afrique de l&rsquo;ouest 2010-2014, ONUDC, Vienne, 2011.</p> <p>-Protocole additionnel &agrave; la convention des Nations unies contre la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e visant &agrave; pr&eacute;venir, r&eacute;primer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, 2000.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr size="1" /> <div id="ftn1"> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Pour rappel, la migration internationale et la criminalit&eacute; transnationale organis&eacute;e telles qu&rsquo;elles se pr&eacute;sentent aujourd&rsquo;hui sont des corolaires de la mondialisation.</p> </div> <div id="ftn2"> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> L&rsquo;article 7 de la loi malienne punit de 5 &agrave; 10 ans et facultativement d&rsquo;une interdiction de s&eacute;jour de 1 &agrave; 10 ans, quiconque commet l&rsquo;un des actes pr&eacute;vus &agrave; l&rsquo;article 1 de cette loi.</p> </div> <div id="ftn3"> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> L&rsquo;article 10 de l&rsquo;ordonnance nig&eacute;rienne pr&eacute;voit aussi 5 &agrave; 10 ans d&rsquo;emprisonnement et 500&nbsp;000 &agrave; 5&nbsp;000&nbsp;000 franc CFA pour toute personne qui se rend coupable de l&rsquo;infraction de traite des personnes.</p> </div> <div id="ftn4"> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> Article 5.1 du protocole additionnel contre la traite des personnes&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;1. Chaque &Eacute;tat Partie adopte les mesures l&eacute;gislatives et autres n&eacute;cessaires pour conf&eacute;rer le caract&egrave;re d&rsquo;infraction p&eacute;nale aux actes &eacute;nonc&eacute;s &agrave; l&rsquo;article 3 du pr&eacute;sent Protocole, lorsqu&rsquo;ils ont &eacute;t&eacute; commis intentionnellement&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="ftn5"> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a> Ch&ocirc;mage suivi de vives manifestations pour abroger la dite loi.</p> </div> <div id="ftn6"> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a> On peut citer ici les accords de La Valette de novembre 2015 entre l&rsquo;UE et certains Etats d&rsquo;Afrique subsaharienne.</p> </div> <div id="ftn7"> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title="">[7]</a> Commune de la r&eacute;gion de Zinder.</p> </div> <div id="ftn8"> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title="">[8]</a> Article 2 de la loi n&deg;&nbsp;2012-023 du 12 juillet 2012.</p> </div> <div id="ftn9"> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title="">[9]</a> Voir les d&eacute;finitions dans le Lexique des termes juridiques, Dalloz 2013.</p> </div> <div id="ftn10"> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title="">[10]</a> Article 16 -1 du Code civil.</p> </div> <div id="ftn11"> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title="">[11]</a> M&eacute;morandum des organisations de la soci&eacute;t&eacute; civile pour l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une politique nationale de la migration sensible aux droits humains au Niger, p. 3.</p> </div> <div id="ftn12"> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title="">[12]</a> Mafia et mondialisation&nbsp;: &agrave; qui profite le crime&nbsp;?, www.telerama.fr, consult&eacute; le 2 f&eacute;vrier 2019 &agrave; 12h 25.</p> </div> <div id="ftn13"> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title="">[13]</a> www.un.org , dixi&egrave;me congr&egrave;s des Nations unies pour la pr&eacute;vention du crime et le traitement des d&eacute;linquants, consult&eacute; le 2 f&eacute;vrier 2019 &agrave; 12h 57.</p> </div> <div id="ftn14"> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title="">[14]</a> Ibid.</p> </div> <div id="ftn15"> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title="">[15]</a> Article 10 de la loi relative au trafic illicite de migrants au Niger.</p> </div> <div id="ftn16"> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title="">[16]</a> L&rsquo;article 24 al. 1 dispose que&nbsp;&laquo;&nbsp;Chaque &Eacute;tat Partie prend, dans la limite de ses moyens, des mesures appropri&eacute;es pour assurer une protection efficace contre des actes &eacute;ventuels de repr&eacute;sailles ou d&rsquo;intimidation aux t&eacute;moins qui, dans le cadre de proc&eacute;dures p&eacute;nales, font un t&eacute;moignage concernant les infractions vis&eacute;es par la pr&eacute;sente Convention et, le cas &eacute;ch&eacute;ant, &agrave; leurs parents et &agrave; d&rsquo;autres personnes qui leur sont proches&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="ftn17"> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title="">[17]</a> L&rsquo;article 25 est relatif &agrave; l&rsquo;octroi d&rsquo;une assistance et d&rsquo;une protection aux victimes.</p> </div> <div id="ftn18"> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title="">[18]</a> D&eacute;claration des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalit&eacute; et aux victimes d&#39;abus de pouvoir de 1985.</p> </div> <div id="ftn19"> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" title="">[19]</a> Manuel de formation initiale sur la traite des personnes et le trafic illicite de migrants, &eacute;coles de police et de gendarmerie Burkina Faso, Mali, Niger.</p> </div> <div id="ftn20"> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" title="">[20]</a> Voir article 8 de la Constitution nig&eacute;rienne du 25 novembre 2010.</p> </div> <div id="ftn21"> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" title="">[21]</a> Cet axe englobe les actions relatives &agrave; l&rsquo;assistance et la protection des victimes. Les actions se basent sur les principes des droits de l&rsquo;homme et prennent en consid&eacute;ration les pr&eacute;occupations relatives &agrave; l&rsquo;identification, l&rsquo;assistance, la r&eacute;habilitation, le retour et la r&eacute;int&eacute;gration des victimes.</p> </div> <div id="ftn22"> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" title="">[22]</a> Cet axe comprend les mesures &agrave; prendre pour s&rsquo;assurer que les enqu&ecirc;tes sont bien men&eacute;es et les mesures de nature &agrave; garantir l&rsquo;engagement des poursuites et le jugement des affaires de mani&egrave;re efficiente et efficace.</p> </div> <div id="ftn23"> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" title="">[23]</a> Arr&ecirc;t&eacute; n&deg;&nbsp;0508/MI/SP/D/ACR/DGPN du 19 ao&ucirc;t 2016 portant organisation de la direction de la surveillance du territoire (DST) et fixant les attributs de ses responsables.</p> </div> <div id="ftn24"> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" title="">[24]</a> Evaw-global-database.unwomen.org/fr</p> </div> <div id="ftn25"> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title="">[25]</a> https://onu-delegfrance.org/ONUDC-885, consult&eacute; de 14 f&eacute;vrier 2019 &agrave; 12H 03 mn.</p> </div> <div id="ftn26"> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" title="">[26]</a> L&rsquo;accord multilat&eacute;ral de coop&eacute;ration r&eacute;gionale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants en Afrique de l&rsquo;ouest et du centre (CEDEAO-CEEAC) de 2006.</p> </div> <div id="ftn27"> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" title="">[27]</a> Article 39 de la convention g&eacute;n&eacute;rale de coop&eacute;ration en mati&egrave;re de justice entre la R&eacute;publique du Niger et la R&eacute;publique du Mali Sign&eacute;e &agrave; Niamey, le 22 avril 1960.</p> </div> <div id="ftn28"> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" title="">[28]</a> Ibid. article 41</p> </div> <div id="ftn29"> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" title="">[29]</a> Ibid. article 40 al. 1.</p> </div> <div id="ftn30"> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" title="">[30]</a> Ibid. article 40 al. 2.</p> </div> </div>