<p>La libert&eacute; d&rsquo;aller et de venir est un droit fondamental du citoyen. Et ce droit ne peut s&rsquo;exercer que dans la s&eacute;curit&eacute;. Cette libert&eacute;, tout comme le droit &agrave; la vie lui-m&ecirc;me, sont garantis par tous les Etats membres des Nations Unies qui doivent veiller &agrave; la qui&eacute;tude de leurs communaut&eacute;s. Le terrorisme, ph&eacute;nom&egrave;ne criminel plan&eacute;taire du XXe si&egrave;cle, qui prend une ampleur certaine en ce d&eacute;but du nouveau mill&eacute;naire, en apparaissant pour la premi&egrave;re fois dans des pays d&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest<a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a>, constitue une menace pour la stabilit&eacute; des Etats mais &eacute;galement pour la jouissance des droits fondamentaux de tout citoyen.</p> <p>Des &eacute;crits sont consacr&eacute;s de plus en plus au terrorisme. Leman- Langlois (2008 :199) d&eacute;finie ce ph&eacute;nom&egrave;ne comme &laquo; une tactique qui cible des civils par des actes violents &agrave; caract&egrave;re coercitif et en vue de r&eacute;aliser un objectif politique &raquo;. Quant &agrave; Sagemen (2004) et Pape (2005), ils notent que les individus qui commettent des actes terroristes, n&rsquo;ont aucune caract&eacute;ristique psychologique, sociale ou culturelle commun. Cusson (2016) pour sa part, propose un antiterrorisme cibl&eacute; et polyvalent en Afrique de l&rsquo;ouest, s&rsquo;appuyant sur des facteurs de risques et indices pour d&eacute;tecter un terroriste potentiel. Quant &agrave; Yebouet et Yogo, ils constatent une absence d&rsquo;harmonisation d&eacute;finitionnelle des pays au sud du Sahara, de sorte &agrave; entrouvrir des possibles violations des droits de l&rsquo;homme.</p> <p>La C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, pays ayant connu sa premi&egrave;re exp&eacute;rience du terrorisme en 2016, &eacute;value d&eacute;sormais les risques sur son territoire. Les cons&eacute;quences de l&rsquo;attaque des plages de ville baln&eacute;aire de Grand Bassam demeurent encore vivaces dans les esprits et ont m&ecirc;me modifi&eacute; les habitudes des vacanciers du week-end. De la sorte, le terrorisme influence dor&eacute;navant l&rsquo;exercice des droits des citoyens qui prennent en compte cette nouvelle r&eacute;alit&eacute; dans leur quotidien.</p> <p>Les actes de terrorisme dans les pays voisins de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire comme le Burkina Faso et le Mali entretiennent un sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; quasi permanent au sein de la population ivoirienne, surtout que la presse demeure alarmiste, faisant craindre un &laquo; 13 mars 2016 bis &raquo;. Le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; qui est une impression diffusive de crainte, influence les comportements, modifie les habitudes et restreint les droits humains notamment en mati&egrave;re de libre circulation. Certes, il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;une interdiction &eacute;manant des acteurs du terrorisme faisant injonction de ne pas se rendre &agrave; un endroit pr&eacute;cis, mais de l&rsquo;influence que ces actes imposent au citoyen au regard du principe de pr&eacute;caution. D&rsquo;ailleurs, &agrave; ce sujet, les alertes et autres messages de prudence des autorit&eacute;s et des repr&eacute;sentations diplomatiques notamment am&eacute;ricain<a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a> et fran&ccedil;aise concourent &agrave; renforcer ce sentiment diffus d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;.</p> <p>En outre, les autorit&eacute;s polici&egrave;res dans la lutte contre les actes terroristes &eacute;voluent &agrave; la limite de la l&eacute;galit&eacute;, leurs investigations s&rsquo;op&eacute;rant &laquo; sur un fil de rasoir &raquo;, basculant parfois dans l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute; lorsque la pression, trop forte, exige des r&eacute;sultats. Elles &laquo; heurtent &raquo; les droits des citoyens qui doivent &ecirc;tre pr&eacute;serv&eacute;s par des actes de violence quelles qu&rsquo;en soient les circonstances.</p> <p>La noblesse de la lutte ne doit donc pas constituer une entrave voire une menace &agrave; l&rsquo;exercice des droits du citoyen bien que cette &eacute;ventualit&eacute; m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre envisag&eacute;e. De la sorte, la question des droits de l&rsquo;homme et l&rsquo;influence qu&rsquo;exerce le terrorisme sur le quotidien des citoyens ivoiriens, doivent &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;es sous une double dimension : d&rsquo;une part, montrer comment la terreur cr&eacute;&eacute;e par des fanatiques fa&ccedil;onne les habitudes des individus et donc influence la pleine jouissance des droits inali&eacute;nables en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire. Et d&rsquo;autre part, prendre en compte le contexte de la lutte contre le terrorisme et les d&eacute;rives, voire des violences qui peuvent survenir au regard du respect des droits de la personne, de m&ecirc;me que ceux du pr&eacute;sum&eacute; terroriste.</p> <p>L&rsquo;&eacute;tude s&rsquo;articule dans un premier temps autour du concept du terrorisme, des droits du citoyen et des incidences sur le quotidien des populations (I). Dans un second temps, sera abord&eacute; l&rsquo;aspect relatif au respect des droits de l&rsquo;homme en lien avec les activit&eacute;s polici&egrave;res dans le cadre de la lutte anti-terroriste (II).</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2>I. Terrorisme et menaces sur les droits fondamentaux en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire</h2> <p>Si des sp&eacute;cialistes du terrorisme (Hennebel et Lewkowick, 2009) estiment qu&rsquo;il est difficile d&rsquo;en donner une d&eacute;finition du fait de sa r&eacute;alit&eacute; multiforme, il convient toutefois de retenir le terrorisme comme un mode d&rsquo;expression par l&rsquo;usage de la peur et de la terreur. R&eacute;sum&eacute; plus simplement, le terrorisme est un ensemble d&rsquo;actes de violence commis par une organisation pour cr&eacute;er un climat d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; et remettre en cause l&rsquo;ordre &eacute;tabli. C&rsquo;est aussi &laquo; toute violence &agrave; objectif coercitif et motivation politique lorsque les cibles ne sont pas engag&eacute;es au combat &raquo;3<a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a>.</p> <p>Tous les pays touch&eacute;s par les actes terroristes ont vu leur gouvernement, &agrave; un moment ou &agrave; un autre, prendre position sur une question sensible, s&rsquo;adossant g&eacute;n&eacute;ralement sur les positions occidentales. La C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, en la mati&egrave;re, n&rsquo;en est pas exempte. Tout attentat terroriste &eacute;tant donc avant tout une op&eacute;ration de communication politique, le groupe Al Mourabitoune4<a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a> avait d&eacute;j&agrave; pr&eacute;venu la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire de cesser ses soutiens &agrave; l&rsquo;Op&eacute;ration fran&ccedil;aise &lsquo;&lsquo;Barkane&rsquo;&rsquo;. Mais pour les populations ivoiriennes, c&rsquo;&eacute;tait un autre message tr&egrave;s clair : Nul n&rsquo;est &agrave; l&rsquo;abri de la menace terroriste ! Et maintenant que le contenu du message est connu, il s&rsquo;agit de voir comment les libert&eacute;s individuelles sont garantis au regard de la lutte contre ce ph&eacute;nom&egrave;ne.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3>A. Formes de terrorisme et droits de la personne menac&eacute;s</h3> <p>Le dimanche 13 mars 2016, &agrave; Grand Bassam, des individus investissent une plage tr&egrave;s fr&eacute;quent&eacute;e &agrave; la fois par des nationaux et des expatri&eacute;s et font feu, &agrave; coups de kalachnikov sur tous les pr&eacute;sents. Cet attentat fera en d&eacute;finitive, 22 morts dont 3 terroristes et 33 bless&eacute;s<a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a>. L&rsquo;enqu&ecirc;te conduira &agrave; l&rsquo;arrestation de 38 personnes, la plupart en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire mais en lien avec des groupes djihadistes sous r&eacute;gionaux ayant d&eacute;j&agrave; s&eacute;vi au Mali et au Burkina Faso. Si cet attentat fut un &eacute;lectrochoc, au niveau politique et s&eacute;curitaire, aucune autorit&eacute; ne pouvait pr&eacute;tendre &ecirc;tre surprise. La menace planait depuis les mises en garde des groupements djihadistes et le dispositif l&eacute;gislatif avait &eacute;t&eacute; renforc&eacute; avec la loi de 2015 sur le terrorisme. Au plan op&eacute;rationnel, la s&eacute;curit&eacute; avait &eacute;t&eacute; renforc&eacute;e autour et dans les &eacute;tablissements recevant du public (ERP) de la capitale &eacute;conomique (h&ocirc;tels, centres commerciaux&hellip;). Selon l&rsquo;hebdomadaire Jeune Afrique &laquo; les pr&eacute;fets avaient &eacute;t&eacute; mis en alerte. La formation des militaires &agrave; la riposte antiterroriste avait &eacute;t&eacute; acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e. En moins d&rsquo;un an, six (6) tentatives d&rsquo;attentats ont &eacute;t&eacute; d&eacute;jou&eacute;es et une dizaine de personnes interpell&eacute;es le long de la lagune Ebri&eacute; o&ugrave; des cellules li&eacute;es au groupe &lsquo;&lsquo;Ansar dine&rsquo;&rsquo; -ont par ailleurs &eacute;t&eacute; d&eacute;mantel&eacute;es&ndash; ainsi qu&rsquo;&agrave; Bouak&eacute; &raquo;<a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a>.</p> <p>D&egrave;s lors, au-del&agrave; des choix de politique criminelle (en mati&egrave;re de lutte contre le terrorisme), il importe de garder &agrave; l&rsquo;esprit la n&eacute;cessit&eacute; de garantir en tout temps et en tout lieu les droits fondamentaux de tous les citoyens. Pour Fran&ccedil;ois Bernard Hughe, &laquo; nous devons &ndash; d&eacute;sormais- apprendre &agrave; vivre avec l&rsquo;id&eacute;e que le terrorisme &agrave; d&eacute;faut d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;liminable, doit devenir supportable &raquo;<a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a> et comprendre que la limite des atteintes &laquo; insupportables &raquo; que pourrait infliger le terrorisme inspire un autre regard sur le respect des libert&eacute;s individuelles.</p> <p>Certes, le terrorisme est une r&eacute;alit&eacute; multiforme qui part des d&eacute;p&ocirc;ts de bombes, aux voitures pi&eacute;g&eacute;es et passant par la forme utilis&eacute;e en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire dans un quartier de la station baln&eacute;aire de Grand- Bassam, celle consistant en une fusillade de baigneurs, donc de civils. Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) dont une mouvance terroriste islamique djihadiste a revendiqu&eacute; les faits, n&rsquo;a pas depuis lors, commis d&rsquo;autres actes. Il s&rsquo;agit donc pour la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire de la seule forme connue bien que d&rsquo;autres mouvements puissent exister.</p> <p>Relativement &agrave; l&rsquo;&eacute;volution de ce ph&eacute;nom&egrave;ne, trois grandes logiques de l&rsquo;action terroriste sont connues. Certes, il ne s&rsquo;agit pas de retourner &agrave; l&rsquo;ant&eacute;riorit&eacute; mais de voir pour la p&eacute;riode contemporaine, les motivations des diff&eacute;rents mouvements (Chaliand et Blin, 2015). Le premier type pour la p&eacute;riode relativement r&eacute;cente est le terrorisme anticapitaliste des ann&eacute;es 1970-1980 &agrave; l&rsquo;image d&rsquo;&rsquo;&rsquo;Action directe&rsquo;&rsquo; en Allemagne. Cette forme visait une cible particuli&egrave;re, des dirigeants d&rsquo;entreprise. Le deuxi&egrave;me type est le terrorisme ind&eacute;pendantiste qui a pour finalit&eacute; l&rsquo;accession &agrave; l&rsquo;ind&eacute;pendance, &agrave; l&rsquo;autonomie ou &agrave; la souverainet&eacute; r&eacute;gionale ou nationale. On &eacute;voquera ainsi l&rsquo;IRA en Irlande ou l&rsquo;ETA en Espagne.</p> <p>Le troisi&egrave;me type est le terrorisme islamiste qui suscite de nombreuses interrogations, en l&rsquo;absence de rationalit&eacute; d&eacute;finie. Si elle a donn&eacute; l&rsquo;impression au d&eacute;part d&rsquo;&ecirc;tre une forme de r&eacute;action &agrave; toute atteinte &agrave; l&rsquo;islam et au peuple musulman, la multiplication de cibles h&eacute;t&eacute;roclites ne facile pas l&rsquo;appr&eacute;hension des strat&eacute;gies adopt&eacute;es. D&rsquo;ailleurs, Al Qaeda qui est l&rsquo;organisation la plus connue a-t-elle, par exemple, les m&ecirc;mes objectifs que le groupe salafiste pour la pr&eacute;dication et le combat en Alg&eacute;rie ? Rien n&rsquo;est moins s&ucirc;r &agrave; part la haine que tous ces groupes partagent envers l&rsquo;Occident.</p> <p>Par rapport &agrave; ces trois tendances r&eacute;centes, l&rsquo;action de Grand-Bassam se situerait dans la troisi&egrave;me cat&eacute;gorie. Pour rappel des faits de Grand Bassam, le modus operandi, unique en son genre en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, se pr&eacute;sente comme une fusillade de masse, une tuerie de masse. Et ce sont ainsi des droits multiples des citoyens qui sont affect&eacute;s ; de la simple libert&eacute; d&rsquo;aller et de venir, en passant par le droit &agrave; la vie et &agrave; l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; physique, la dignit&eacute;, l&rsquo;&eacute;galit&eacute;, d&rsquo;autres droits &eacute;conomiques et sociaux, ce sont autant d&rsquo;atteintes qui seront ainsi relev&eacute;es. A ces droits, il faut ajouter les libert&eacute;s publiques qui se trouvent aussi remises en cause (J. Rivero, 1991, 23).</p> <p>En choisissant d&rsquo;agir contre un lieu de grande fr&eacute;quentation, la station baln&eacute;aire, il s&rsquo;agissait de cr&eacute;er un traumatisme suffisant pour limiter d&eacute;sormais les mouvements des populations notamment leurs activit&eacute;s r&eacute;cr&eacute;atives. R&eacute;duire ou limiter un tel droit impacte forc&eacute;ment les habitudes des populations et c&rsquo;est l&rsquo;un des buts vis&eacute;s par les commanditaires de ces actions. Au-dessus de la libert&eacute; d&rsquo;aller et de venir, il y a le droit &agrave; la vie. En ouvrant le feu de mani&egrave;re indistincte sur des plagistes civils, l&rsquo;acte terroriste s&rsquo;est donn&eacute; le droit d&rsquo;&ocirc;ter la vie de citoyens ; pouvoir qui rel&egrave;ve de l&rsquo;action divine.</p> <p>La d&eacute;claration des droits de l&rsquo;homme et du citoyen de 1948, en faisant du droit &agrave; la vie, un droit inali&eacute;nable de tout citoyen, la communaut&eacute; des hommes en a fait le droit le plus prot&eacute;g&eacute;. A contrario, en choisissant de tuer de mani&egrave;re indistincte, il s&rsquo;agissait de choquer au maximum les populations concern&eacute;es et celles d&rsquo;ailleurs. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs, l&rsquo;objectif du monde terroriste : installer la terreur dans le c&oelig;ur des personnes, cr&eacute;er un sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; permanent. Certes, l&rsquo;on pourrait ici &eacute;voquer les d&eacute;g&acirc;ts mat&eacute;riels qui sont &eacute;galement des droits des citoyens &agrave; disposer de leurs biens. Mais dans le contexte de la perte de vie, peut-on r&eacute;pertorier les pertes ou destructions mat&eacute;rielles ? La r&eacute;ponse est affirmative mais elles viennent bien loin apr&egrave;s les pertes en vie humaine et blessures physiques. Toutefois, ne pas prendre en compte les d&eacute;g&acirc;ts mat&eacute;riels, c&rsquo;est n&eacute;gliger l&rsquo;incidence sur l&rsquo;avenir de certaines activit&eacute;s et partant, sur la vie des acteurs du secteur et notamment, pour le cas de Grand- Bassam, les h&ocirc;teliers.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3>B. Impact du sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; sur les habitudes des citoyens</h3> <p>Les &eacute;v&eacute;nements de Grand-Bassam ont laiss&eacute; une trace ind&eacute;l&eacute;bile dans le c&oelig;ur des populations notamment les Bassamois et des stigmates aux plagistes de ce dimanche dramatique. Si l&rsquo;on peut &eacute;voquer les incidences sur les activit&eacute;s &eacute;conomiques et touristiques, il faut davantage mettre l&rsquo;accent sur le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; qui est n&eacute; suite &agrave; ces &eacute;v&egrave;nements. Les habitudes ont donc chang&eacute;.</p> <p>La peur qui s&rsquo;est install&eacute;e, a chang&eacute; les habitudes des Ivoiriens. Le premier changement, c&rsquo;est la fr&eacute;quentation des lieux publics. Avec les plages qui ont connu une baisse remarquable des baigneurs, ce sont tous les commerces et espaces recevant du grand public qui ont vu leurs mesures de s&eacute;curit&eacute; s&rsquo;accro&icirc;tre. Le personnel de s&eacute;curit&eacute; (public et priv&eacute;) a &eacute;t&eacute; renforc&eacute; avec le recours aux moyens technologiques de pointe : vid&eacute;osurveillance &agrave; infrarouge avec syst&egrave;me &agrave; balayage PTZ, portiques &agrave; d&eacute;tection de m&eacute;taux. La s&eacute;curit&eacute; qui n&rsquo;&eacute;tait pas d&eacute;j&agrave; de mise dans l&rsquo;esprit des Ivoiriens qui ont v&eacute;cu une d&eacute;cennie de crise (2002&ndash;2011), s&rsquo;est transform&eacute;e en sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;. Si pour certains Ivoiriens, ce n&rsquo;&eacute;tait qu&rsquo;un &eacute;v&egrave;nement tragique de plus au regard de ce qu&rsquo;ils avaient d&eacute;j&agrave; v&eacute;cu avec la crise militaro-politique, pour d&rsquo;autres, c&rsquo;est un &eacute;v&egrave;nement de trop. La qui&eacute;tude tant recherch&eacute;e disparaissant ainsi, c&rsquo;est une grande p&eacute;riode d&rsquo;incertitude qui s&rsquo;installait avec les risques de r&eacute;cidive terroriste. C&rsquo;est donc, outre les droits communs, l&rsquo;ensemble des libert&eacute;s dont jouissent des citoyens qui sont remises en cause. La lutte contre le terrorisme qui appelle l&rsquo;utilisation de grands moyens pour la protection des biens et des personnes, conduit &agrave; des pratiques polici&egrave;res et judiciaires qui sont parfois attentatoires &agrave; la bonne application de la justice.</p> <p>Le fait de d&eacute;cider de combattre le terrorisme comme si l&rsquo;on rentrait en guerre, loin de rassurer les populations, cr&eacute;e une ambiance d&eacute;l&eacute;t&egrave;re et rend l&rsquo;environnement du citoyen moins s&ucirc;r. Si les plages de Grand Bassam et les grandes surfaces abidjanaises retrouvent progressivement leurs habitudes de fr&eacute;quentation &ndash;&agrave; l&rsquo;image m&ecirc;me du &laquo; joyeux luron &raquo; qu&rsquo;est l&rsquo;Ivoirien- d&eacute;sormais c&rsquo;est le principe de pr&eacute;caution qui gouverne toutes les activit&eacute;s. Le danger semble permanent et permet aux autorit&eacute;s d&rsquo;&eacute;chapper aux regards critiques au pr&eacute;texte de rendre le monde plus s&ucirc;r.</p> <p>En choisissant de renforcer les moyens et surtout les pouvoirs des agents charg&eacute;s de la s&eacute;curit&eacute;, il s&rsquo;agit subtilement de r&eacute;duire les possibilit&eacute;s de tol&eacute;rance et d&rsquo;expression des opinions diff&eacute;rentes voire contraindre au silence une opposition toujours alerte &agrave; la critique, en se servant des peurs de la population. Certes, le cas ivoirien n&rsquo;a pas permis de tels constats, mais au regard des pratiques politiques, une telle option ne peut &ecirc;tre &eacute;cart&eacute;e. Ailleurs, les pratiques du pays qualifi&eacute; de &laquo; pays de la libert&eacute; &raquo; constitue un mod&egrave;le de violation des droits fondamentaux. C&rsquo;est ce que d&eacute;non&ccedil;ait Ir&egrave;ne Khan, secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;rale d&rsquo;Amnesty International lors d&rsquo;une conf&eacute;rence de presse : &laquo; le gouvernement des Etats Unis consid&egrave;re le monde entier comme un gigantesque champ de bataille pour sa &laquo; guerre contre le terrorisme &raquo;. En 2006, de nombreux &eacute;l&eacute;ments sont venus montrer que des suspects sont enlev&eacute;s, arr&ecirc;t&eacute;s, plac&eacute;s en d&eacute;tention, tortur&eacute;s et transf&eacute;r&eacute;s par ce pays en toute impunit&eacute; d&rsquo;une prison secr&egrave;te &agrave; une autre, d&rsquo;un bout du monde &agrave; l&rsquo;autre, avec l&rsquo;aide d&rsquo;alli&eacute;s &raquo;. (Amnesty International, 2007, 3).</p> <p>Dans un tel contexte, quelles sont les garanties pour les personnes ? En principe, les droits fondamentaux doivent &ecirc;tre renforc&eacute;s. Mais, les craintes, les peurs de citoyens contribuent &agrave; renforcer le pouvoir des autorit&eacute;s qui sont d&eacute;sormais le dernier rempart face &agrave; un ph&eacute;nom&egrave;ne tentaculaire aux pratiques asym&eacute;triques. Pour les autorit&eacute;s, la peur du terrorisme a entra&icirc;n&eacute; de leur part des r&eacute;flexes vindicatifs, notamment envers des personnes connues ou soup&ccedil;onn&eacute;es pour leur diff&eacute;rence d&rsquo;opinion. La descente muscl&eacute;e, d&eacute;nonc&eacute;e par le FPI, des forces arm&eacute;es au domicile d&rsquo;un leader de l&rsquo;opposition pour motif de recherche d&rsquo;armes, constitue un exemple des craintes &eacute;prouv&eacute;es en ces p&eacute;riodes<a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a>. Cet exemple rejoint les inqui&eacute;tudes de Van Der Meerschen pour qui &laquo; &hellip; un arsenal touchant l&rsquo;ensemble des citoyens, y compris, les personnes qui ne sont pas soup&ccedil;onn&eacute;es de faits de terrorisme, se d&eacute;veloppe dans la pr&eacute;cipitation, notamment par l&rsquo;utilisation des moyens portant atteinte &agrave; la vie priv&eacute;e &raquo; (B. Van Der Meerschen, 2007, p. 27&ndash;28). En pr&eacute;sentant le terrorisme comme une menace d&eacute;sormais constante, il est ais&eacute; de mener des actions pr&eacute;ventives et d&rsquo;anticipation. Seulement, de tels proc&eacute;d&eacute;s qui impactent sur les libert&eacute;s, concourent &agrave; d&eacute;velopper le sentiment de ne pas &ecirc;tre en s&eacute;curit&eacute; et se convaincre que le danger est partout pr&eacute;sent.</p> <p>Le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; ou la peur tout simplement ne doivent pas justifier toutes les options s&eacute;curitaires car &laquo; &hellip; le mythe d&rsquo;une s&eacute;curit&eacute; totale, qui semble avoir &eacute;t&eacute;, sinon l&eacute;gitim&eacute;, du moins lib&eacute;r&eacute; par la guerre contre le terrorisme &lsquo;&lsquo;se fonde sur l&rsquo;illusion qu&rsquo;il serait possible de pr&eacute;voir le futur avec certitude et de le contr&ocirc;ler par l&rsquo;anticipation&rsquo;&rsquo;. Or, tout prot&eacute;ger en tout temps et en tout lieu, est non seulement impossible techniquement, mais marque aussi, comme on l&rsquo;a vu, une rupture philosophique techniquement contraire &agrave; l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me d&rsquo;ind&eacute;termination, donc de libert&eacute; individuelle, qui fonde le processus d&rsquo;humanisation inscrit au c&oelig;ur de l&rsquo;Etat de droit. Interpr&eacute;t&eacute; en ce sens absolu (le risque z&eacute;ro, cher au discours politique dominant), le mythe s&eacute;curitaire est donc incompatible avec l&rsquo;Etat de droit, compris comme un Etat soumis aux limites du droit &raquo; (M. Delmas-Marty, 2010, 30).</p> <p>En d&eacute;finitive, si la crainte constitue un motif pour le citoyen de changer ses habitudes, modifier ses parcours et fr&eacute;quentations (&eacute;viter les lieux trop de monde), elle ne doit pas &ecirc;tre au c&oelig;ur du d&eacute;bat entre l&rsquo;ordre et la libert&eacute;. Pour autant, &laquo; leur conciliation s&rsquo;op&egrave;re dans des circonstances qui si elles ne sont pas d&eacute;pourvues d&rsquo;enjeux, ne comportent pas toujours le m&ecirc;me degr&eacute; de gravit&eacute; pour la pr&eacute;servation de l&rsquo;Etat de droit &raquo; (D.A Camous, A. Geslin et al, 2006, 3). Et avec l&rsquo;Etat de droit, c&rsquo;est le quotidien du citoyen qui doit demeurer au c&oelig;ur des pr&eacute;occupations polici&egrave;res.</p> <p><br /> &nbsp;</p> <h2>II. Droits de l&rsquo;homme et activit&eacute;s polici&egrave;res dans un contexte de lutte contre le terrorisme</h2> <p>Si l&rsquo;on prend les expressions &laquo; droits de l&rsquo;homme &raquo; et &laquo; activit&eacute;s polici&egrave;res &raquo;, il est loisible de penser qu&rsquo;il existe une opposition car une activit&eacute; de police, soit dans un but de pr&eacute;vention soit de r&eacute;pression, pr&eacute;sente une menace pour les droits de l&rsquo;homme, notamment dans un contexte de lutte contre le terrorisme. Pourtant, un examen de ce rapport sous un autre angle, d&eacute;crit l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re comme une garantie des droits du citoyen en permettant d&rsquo;&eacute;viter et de sanctionner des troubles occasionn&eacute;s par une minorit&eacute;.</p> <p>Dans cette optique, il y a une compl&eacute;mentarit&eacute; et non une opposition entre droits de l&rsquo;homme et activit&eacute;s polici&egrave;res. Seulement, pour atteindre un tel objectif, tout en rappelant que dans le cadre de ses missions, la police fonctionne g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; la limite de la l&eacute;galit&eacute;, surtout en mati&egrave;re judiciaire, il faut un respect scrupuleux des r&egrave;gles d&rsquo;engagement et de proc&eacute;dure polici&egrave;re pour &eacute;viter tout abus.</p> <h3><br /> A. Activit&eacute;s polici&egrave;res et respect des droits humains</h3> <p>Suite aux &eacute;v&egrave;nements de Grand Bassam, la Commission nationale des droits de l&rsquo;homme de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (CNDHCI) a organis&eacute; un s&eacute;minaire-atelier sur les &laquo; droits de l&rsquo;homme, terrorisme et dynamique de paix en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire &raquo;<a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a>. Il s&rsquo;agissait pour elle, d&rsquo;insister sur la n&eacute;cessit&eacute; de pr&eacute;server les droits et libert&eacute;s m&ecirc;me en situation exceptionnelle comme dans le cas de menaces ou d&rsquo;attentats terroristes. Bien qu&rsquo;officiellement, elle n&rsquo;ait pas d&eacute;nonc&eacute; de cas de violations dans le cadre des enqu&ecirc;tes sur ces &eacute;v&egrave;nements, la CNDHCI juge opportun de pr&eacute;venir ce type r&eacute;action polici&egrave;re, en pr&eacute;lude de l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;autres cas. Car les activit&eacute;s polici&egrave;res visent &agrave; faciliter l&rsquo;exercice des droits humains. Par son pouvoir de coercition l&eacute;gitime, pour reprendre Max Weber, la police veille et se fait respecter. Seulement, en fonction des contextes et de l&rsquo;environnement politique (insurrection, Etat de si&egrave;ge ou d&rsquo;urgence), la police voit ses pouvoirs s&rsquo;accro&icirc;tre et toute mauvaise utilisation ou abus constitue une menace pour le citoyen.</p> <p>La C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; cette logique. Depuis la nuit du 19 septembre 2002 o&ugrave; le r&eacute;gime d&rsquo;antan a fait l&rsquo;objet d&rsquo;une tentative de d&eacute;stabilisation, jusqu&rsquo;au changement de pouvoir en 2011, les atteintes aux droits de l&rsquo;homme et libert&eacute;s individuelles ont &eacute;t&eacute; importantes (Yebouet, 2011). Du fait que la crise post&eacute;lectorale a occasionn&eacute; officiellement 3 000 morts, cela prouve la gravit&eacute; de cette p&eacute;riode. D&rsquo;o&ugrave; les r&eacute;serves qui peuvent &ecirc;tre &eacute;mises quant &agrave; l&rsquo;absence de d&eacute;clarations ou de productions journalistiques sur des cas de violations des droits de l&rsquo;homme. En effet, la grande traque qui s&rsquo;est organis&eacute;e apr&egrave;s Grand Bassam s&rsquo;est poursuivie au Burkina Faso et au Mali avec l&rsquo;arrestation d&rsquo;acteurs de divers niveaux de responsabilit&eacute;s.</p> <p>Ces activit&eacute;s, dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, affectent &agrave; la fois l&rsquo;honn&ecirc;te citoyen et le terroriste. Parce que l&rsquo;acte terroriste d&eacute;t&eacute;riore l&rsquo;environnement, cr&eacute;e une ambiance d&eacute;l&eacute;t&egrave;re, l&rsquo;agent de s&eacute;curit&eacute; qui op&egrave;re dans un tel environnement se retrouve sous pression, et cette pression transparait dans ses missions quotidiennes. Dans ses rapports quotidiens avec l&rsquo;honn&ecirc;te citoyen, un vent de suspicion &ndash;l&eacute;gitime- s&rsquo;installe, rendant distants des contacts qui se veulent cordiaux.</p> <p>En effet, le premier contact entre citoyens et policiers s&rsquo;effectue &agrave; travers les contr&ocirc;les et v&eacute;rifications d&rsquo;identit&eacute;. Au cours de cette op&eacute;ration, l&rsquo;agent s&rsquo;assure de l&rsquo;identit&eacute; de l&rsquo;individu &agrave; travers la v&eacute;rification des documents administratifs (CNI, passeport, carte consulaire et tout autre document permettant d&rsquo;attester de son identit&eacute;). Cette op&eacute;ration a lieu &agrave; l&rsquo;endroit m&ecirc;me de l&rsquo;interpellation du citoyen et ne dure g&eacute;n&eacute;ralement que quelques minutes. La restriction des droits du citoyen, notamment son droit d&rsquo;aller et de venir, se trouve ainsi peu limit&eacute;e.</p> <p>S&rsquo;il s&rsquo;av&egrave;re que le document fourni voire l&rsquo;absence de document pose probl&egrave;me, l&rsquo;op&eacute;ration routini&egrave;re de contr&ocirc;le d&rsquo;identit&eacute; se transforme en une op&eacute;ration de v&eacute;rification qui peut se faire sur le lieu m&ecirc;me de l&rsquo;interpellation ou g&eacute;n&eacute;ralement au poste de police. Ici la proc&eacute;dure peut &ecirc;tre plus longue mais ne doit pas atteindre la dur&eacute;e d&rsquo;une garde-&agrave;-vue. En l&rsquo;esp&egrave;ce, en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, les v&eacute;rifications d&rsquo;identit&eacute; ont lieu au poste de police et peuvent s&rsquo;av&eacute;rer longues, si l&rsquo;interpellation s&rsquo;est faite la nuit, avec des risques de tortures lorsque l&rsquo;agent croit tenir son &laquo; terroriste &raquo; qu&rsquo;il faut faire avouer avant le jour. Le respect des droits de l&rsquo;homme sera plus ou moins fort en fonction de la nature de l&rsquo;Etat mais aussi de la menace. L&rsquo;action terroriste s&rsquo;op&eacute;rant de mani&egrave;re asym&eacute;trique, l&rsquo;absence d&rsquo;informations pr&eacute;cises pr&eacute;alables sur l&rsquo;ensemble des acteurs conduit &agrave; un renforcement des activit&eacute;s polici&egrave;res, parfois pr&eacute;judiciables au citoyen. Faut-il, sur l&rsquo;autel de la protection de l&rsquo;Etat ou des populations, accepter que les libert&eacute;s individuelles soient &ndash;ne serait-ce que partiellement ou par moment&ndash; &laquo; &eacute;corch&eacute;es &raquo; pour atteindre des r&eacute;sultats s&eacute;curitaires ? Pour Philippe Cantie, citant Benjamin Franklin (Cantie, 2006, p.177), &laquo; ceux qui acceptent de c&eacute;der une part de libert&eacute; pour accro&icirc;tre leur s&eacute;curit&eacute; n&rsquo;auront, ni ne m&eacute;ritent, ni l&rsquo;une ou l&rsquo;autre &raquo;.</p> <p>Un &eacute;quilibre est donc &agrave; rechercher entre les droits humains et l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re, de la m&ecirc;me mani&egrave;re d&rsquo;ailleurs que l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re doit trouver un &eacute;quilibre entre la fonction d&rsquo;autorit&eacute; et la fonction de service qui doivent apparaitre comme deux facettes diff&eacute;rentes de l&rsquo;activit&eacute; de police.</p> <p>Lorsque r&eacute;f&eacute;rence est faite aux droits de l&rsquo;homme dans l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re, cette prise en compte est con&ccedil;ue comme devant permettre une protection de ces droits. Et lorsque les droits humains sont plac&eacute;s au c&oelig;ur de l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re, le postulat g&eacute;n&eacute;ralement admis est que le citoyen est respectueux des devoirs et qu&rsquo;il ob&eacute;it aux r&egrave;gles &eacute;tablies. De m&ecirc;me, l&rsquo;agent charg&eacute; de l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;accomplir son devoir, tout en admettant l&agrave; aussi quelques hypoth&egrave;ses d&rsquo;erreurs volontaires ou non (Yebouet, 2001). Peut-on alors concilier les droits de l&rsquo;homme &agrave; la recherche de la s&eacute;curit&eacute; ? En r&eacute;alit&eacute;, ce sont des droits diff&eacute;rents qu&rsquo;il faut prot&eacute;ger car en termes de droits fondamentaux, la s&eacute;curit&eacute; en fait partie. Alors, comment vouloir atteindre un niveau maximum de s&eacute;curit&eacute; sans garantir une s&eacute;curit&eacute; maximale ? Si tous les droits m&eacute;ritent d&rsquo;&ecirc;tre prot&eacute;g&eacute;s, la s&eacute;curit&eacute; semble prendre le dessus dans des contextes de lutte contre le terrorisme. Il appara&icirc;t que la s&eacute;curit&eacute; est celle qui permet de garantir les autres droits. Le droit &agrave; la s&eacute;curit&eacute; est le droit des droits de l&rsquo;homme avec le droit &agrave; la vie, mais la lutte contre le terrorisme cr&eacute;&eacute; un d&eacute;tournement et un usage abusif des mesures pr&eacute;conis&eacute;es, mesures qui d&eacute;rogent &agrave; de nombreuses libert&eacute;s. En d&eacute;finitive, l&rsquo;ordre (ou la s&eacute;curit&eacute;) et la libert&eacute; s&rsquo;&eacute;quilibrent dans une p&eacute;riode normale, l&rsquo;&eacute;quilibre s&rsquo;alt&egrave;re en des p&eacute;riodes de doute.</p> <p>Dans ce contexte, il faut postuler que aussi bien le policier que le citoyen, correspondent &agrave; un profil donn&eacute; de personnes et donc il faut sanctionner toute d&eacute;rive de la personne exer&ccedil;ant l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re. Il n&rsquo;en demeure pas moins que certains types d&rsquo;activit&eacute;s comme la fouille des personnes et des v&eacute;hicules sont susceptibles d&rsquo;entra&icirc;ner plus facilement des abus dans un contexte de f&eacute;brilit&eacute; li&eacute; &agrave; des attentats terroristes. Le respect de la libert&eacute; individuelle a toujours &eacute;t&eacute; une source de difficult&eacute;s, notamment en p&eacute;riode sensible comme celle li&eacute;e aux attentats terroristes. Ces d&eacute;rives &agrave; la libert&eacute; peuvent r&eacute;sulter, entre autres, d&rsquo;op&eacute;rations de police qui conduiraient les repr&eacute;sentants de l&rsquo;ordre &agrave; sortir du cadre normatif et &agrave; porter atteinte &agrave; telle ou telle libert&eacute;. L&rsquo;usage de la force est partie int&eacute;grante des activit&eacute;s polici&egrave;res et d&rsquo;elle d&eacute;coule parfois de la violence.</p> <p>Des difficult&eacute;s apparaissent &eacute;galement lors des fouilles, des &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques, et avec l&rsquo;usage de la vid&eacute;osurveillance. Si en France, le Conseil constitutionnel par un arr&ecirc;t du 12/01/77 s&rsquo;est prononc&eacute; sur les fouilles v&eacute;hiculaires en l&rsquo;adaptant comme une pratique polici&egrave;re l&eacute;gale, en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire elle r&eacute;sulte d&rsquo;une autorisation expresse de l&rsquo;autorit&eacute; judiciaire ou administrative telle que pr&eacute;vue par la loi n&deg; 96-765 du 03/10/96 relative aux perquisitions en mati&egrave;re de lutte contre la criminalit&eacute;. Ces dispositions ont vu leur cadre l&eacute;gal renforc&eacute; par la loi n&deg;2015-493 du 07/07/2015 portant r&eacute;pression du terrorisme qui donne davantage de pouvoirs aux forces de l&rsquo;ordre pour agir avec les risques susmentionn&eacute;s. Toutefois, l&rsquo;absence de plaintes formellement &eacute;tablies ne permet pas une analyse plus approfondie. Des recours sont envisageables devant la justice et l&rsquo;inspection g&eacute;n&eacute;rale de la police nationale (IGPN), pour des motifs divers comme les voies de fait, la violence, l&rsquo;usage excessif de la force... Mais peuvent-ils v&eacute;ritablement s&rsquo;appliquer &agrave; une p&eacute;riode o&ugrave; le sentiment d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; est si pr&eacute;gnant dans les esprits, surtout lorsque les d&eacute;rives ont lieu de nuit ?</p> <p>Quant &agrave; la fouille des individus, un probl&egrave;me de d&eacute;finition se pose au regard de la distinction entre la fouille et la palpation de s&eacute;curit&eacute;. Si ces deux notions ne recouvrent pas la m&ecirc;me r&eacute;alit&eacute; car &eacute;tant soumises &agrave; des r&eacute;gimes diff&eacute;rents, les policiers Ivoiriens les appliquent de mani&egrave;re indistincte lorsqu&rsquo;ils y ont recours. En ce domaine &eacute;galement, la loi de 2015 relative au terrorisme, a &eacute;largi le champ de comp&eacute;tence des forces de l&rsquo;ordre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, en permettant aux policiers de mener toutes les investigations n&eacute;cessaires &agrave; la manifestation de la v&eacute;rit&eacute;. En effet, dans une volont&eacute; d&rsquo;adapter la r&eacute;pression &agrave; la circonstance, le l&eacute;gislateur de 2015 donne les moyens aux officiers de police judiciaire pour proc&eacute;der &agrave; des perquisitions et saisies de pi&egrave;ces &agrave; conviction &laquo; &agrave; toute heure de la nuit et en tout lieu &raquo; (art. 13). Pour ce faire, des principes qui, en temps normal, assurent la protection de la vie priv&eacute;e ou professionnelle, peuvent &ecirc;tre m&eacute;connus. Il en est ainsi du secret professionnel, du secret bancaire, du droit &agrave; l&rsquo;inviolabilit&eacute; des correspondances, de l&rsquo;inviolabilit&eacute; du domicile, du droit &agrave; la protection des informations normatives. Ces situations d&rsquo;exception pr&eacute;vues par cette loi, si elles sont mal appliqu&eacute;es peuvent constituer des menaces pour le citoyen. Certes, les articles 10, 15 et 17 pr&eacute;voient un encadrement avec le procureur de la R&eacute;publique et le pr&eacute;sident du Tribunal de 1&egrave;re instance, mais dans le feu de l&rsquo;action, des d&eacute;rives sont possibles.</p> <p>Pour rappel, la palpation de s&eacute;curit&eacute; appara&icirc;t lorsque dans le cadre d&rsquo;un flagrant d&eacute;lit, la police appr&eacute;hende une personne suspecte et qu&rsquo;elle tient &agrave; s&rsquo;assurer qu&rsquo;elle ne porte pas d&rsquo;arme afin d&rsquo;&eacute;viter qu&rsquo;une arme &agrave; feu ou une arme blanche ou tout autre objet dangereux puisse demeurer en sa possession. S&rsquo;agissant de la fouille &agrave; corps, elle est une technique destin&eacute;e &agrave; v&eacute;rifier qu&rsquo;une personne ne puisse pas dissimuler un objet qui serait une preuve ou une pi&egrave;ce &agrave; conviction n&eacute;cessaire &agrave; une enqu&ecirc;te.</p> <p>Il peut y avoir une fouille &agrave; corps lorsqu&rsquo;un individu est soup&ccedil;onn&eacute; d&rsquo;avoir particip&eacute; &agrave; une infraction et pourrait d&eacute;tenir un objet important relatif au fait incrimin&eacute;. Cette fouille corporelle peut conduire &agrave; d&eacute;v&ecirc;tir la personne ; les objets trouv&eacute;s seront plac&eacute;s sous scell&eacute;s par la police et un proc&egrave;s-verbal est &eacute;tabli. La fouille &agrave; corps s&rsquo;apparentant &agrave; une perquisition, elle m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre encadr&eacute;e par des garanties permettant de prot&eacute;ger les individus qui y sont soumis ; ce qui n&rsquo;est pas toujours le cas.</p> <p>Les r&egrave;gles applicables aux &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire sont m&eacute;connues et rel&egrave;vent du domaine de la s&ucirc;ret&eacute; de l&rsquo;Etat. Personne n&rsquo;en parle puisque personne ne sait concr&egrave;tement comment la police proc&egrave;de. A l&rsquo;heure du t&eacute;l&eacute;phone portable, l&rsquo;opinion g&eacute;n&eacute;rale est que ces appareils sont r&eacute;guli&egrave;rement plac&eacute;s sous &eacute;coute mais personne ne peut le prouver. Dans ces conditions, des risques d&rsquo;abus sont &agrave; craindre et les atteintes &agrave; l&rsquo;intimit&eacute; et &agrave; la confidentialit&eacute; des communications se trouvent menac&eacute;es. Or, des dispositions r&eacute;unies au sein de trois textes r&eacute;cents encadrent cette activit&eacute; : il s&rsquo;agit de l&rsquo;ordonnance n&deg; 2012-293 du 21/03/2012 relative aux t&eacute;l&eacute;communications et aux TIC ; de la loi de juillet 2015 relative &agrave; la lutte contre le terrorisme et la loi de 2016 relative au blanchiment de capitaux et financement de terrorisme. L&rsquo;ensemble de ces lois textes pose le principe de l&rsquo;inviolabilit&eacute; des communications &eacute;lectroniques avec des exceptions clairement d&eacute;finies notamment la r&eacute;quisition de l&rsquo;autorit&eacute; judiciaire. L&rsquo;absence de r&eacute;crimination jusqu&#39;&agrave; ce jour ne permet pas des analyses fond&eacute;es sur des faits pour cette activit&eacute;.</p> <p>Il en est de m&ecirc;me de la vid&eacute;osurveillance dont la ville d&rsquo;Abidjan se trouve aujourd&rsquo;hui &laquo; envahie &raquo;. En r&eacute;alit&eacute;, contrairement aux &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques, aucune garantie l&eacute;gislative n&rsquo;existe; le Parlement n&rsquo;ayant jamais &eacute;t&eacute; saisi. Au lendemain de la crise post&eacute;lectorale, craignant des vell&eacute;it&eacute;s des coups d&rsquo;Etat et autres mutineries, les autorit&eacute;s ont discr&egrave;tement et progressivement install&eacute; &agrave; des points n&eacute;vralgiques et strat&eacute;giques des cam&eacute;ras de surveillance et cela en violation des libert&eacute;s individuelles. A ce sujet, les Ivoiriens se souviennent du scandale li&eacute; aux &eacute;bats d&rsquo;une journaliste t&eacute;l&eacute; et de son amant, dans un v&eacute;hicule, film&eacute;s par ces cam&eacute;ras. Les images s&rsquo;&eacute;tant retrouv&eacute;es sur les r&eacute;seaux sociaux<a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a>.</p> <p>Au-del&agrave; des dispositions de droit commun ivoirien, au plan international, le Comit&eacute; des droits de l&rsquo;homme, dans son commentaire de l&rsquo;article 9 relatif au droit &agrave; la libert&eacute; et &agrave; la s&eacute;curit&eacute; de la personne de la convention internationale a d&eacute;clar&eacute; que la p&eacute;riode de d&eacute;tention avant que l&rsquo;individu soit traduit devant la justice ne doit pas d&eacute;passer quelques jours. Pour la doctrine, &laquo; quelques jours &raquo; est le temps n&eacute;cessaire pour mener &agrave; bien les investigations utiles pour la manifestation de la v&eacute;rit&eacute;. Or, comment &eacute;valuer ce temps n&eacute;cessaire, lorsqu&rsquo;il est de notori&eacute;t&eacute; que les moyens techniques d&rsquo;enqu&ecirc;te polici&egrave;re diff&egrave;rent selon les pays, voire les continents. C&rsquo;est &agrave; ce niveau que la coop&eacute;ration internationale trouve tout son sens &agrave; travers la convention d&rsquo;Abuja, en ses articles 4 et 5 qui pr&eacute;voit des secteurs de coop&eacute;ration entre Etats notamment en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;change d&rsquo;informations et d&rsquo;aide dans les proc&eacute;dures concernant l&rsquo;enqu&ecirc;te et l&rsquo;arrestation de personnes soup&ccedil;onn&eacute;es de terrorisme, d&rsquo;&eacute;change d&rsquo;&eacute;tudes, de recherches et d&rsquo;expertises sur la mani&egrave;re de combattre les actes de terrorisme, d&rsquo;offrir une assistance technique en vue d&rsquo;am&eacute;liorer leurs capacit&eacute;s scientifiques, techniques et op&eacute;rationnelles.<br /> &nbsp;</p> <h3>B. Acteurs du terrorisme et proc&eacute;dures judiciaires</h3> <p>La lutte contre le terrorisme &eacute;tant au c&oelig;ur des pr&eacute;occupations et la crainte d&rsquo;abus venant de la police tout comme des atteintes aux droits individuels, il importe avant d&rsquo;&eacute;voquer les garanties proc&eacute;durales pour les suspects, d&rsquo;envisager la protection m&ecirc;me des personnes exer&ccedil;ant une activit&eacute; polici&egrave;re dans le contexte de lutte contre le fl&eacute;au mondial qu&rsquo;est le terrorisme. La C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, dans le cadre de la loi de 2015 portant r&eacute;pression du terrorisme, a mis en place un comit&eacute; interminist&eacute;riel de lutte anti-terroriste (CILAT) et acquis du mat&eacute;riel et de l&rsquo;&eacute;quipement pour le renforcement des capacit&eacute;s op&eacute;rationnelles des unit&eacute;s sp&eacute;cialis&eacute;es (forces sp&eacute;ciales, unit&eacute;s d&rsquo;intervention de la Gendarmerie nationale et les Forces rapides d&rsquo;assistance polici&egrave;re).</p> <p>Les fonctionnaires de police exercent au nom de l&rsquo;Etat une activit&eacute; qui a principalement pour but le maintien de l&rsquo;ordre et de la s&eacute;curit&eacute; ; &agrave; ce titre, ils b&eacute;n&eacute;ficient du respect et de certains droits et libert&eacute;. Ils ont donc par rapport &agrave; l&rsquo;Etat une position particuli&egrave;re qui conditionne les droits et les obligations qui les visent.</p> <p>Bras s&eacute;culier du pouvoir ex&eacute;cutif, la police, depuis l&rsquo;Ancien R&eacute;gime sous les rois de France, a toujours entretenu des rapports particuliers avec l&rsquo;Etat. L&rsquo;&eacute;volution des rapports et des syst&egrave;mes politiques a exig&eacute; une soumission plus neutre &agrave; l&rsquo;Etat et plus forte non pas aux autorit&eacute;s mais &agrave; la nation. Toutefois, &laquo; la violence polici&egrave;re demeure partie int&eacute;grante du travail policier, ce dernier &eacute;tant amen&eacute; simultan&eacute;ment &agrave; d&eacute;ployer, mais aussi &agrave; subir en tant que t&eacute;moin et aussi en tant que victime les affres de la violence et de ses cons&eacute;quences physiques et psychologiques &raquo; (Dieu F., 2017, 2).</p> <p>S&rsquo;il n&rsquo;existe pas de contrat entre l&rsquo;Etat et le policier qui est un agent public, il existe toutefois un lien d&rsquo;adh&eacute;sion qui, par ailleurs, est quelque peu sup&eacute;rieur &agrave; celui des autres fonctionnaires au regard des activit&eacute;s de souverainet&eacute; qu&rsquo;il exerce. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs ces activit&eacute;s d&rsquo;autorit&eacute; qui ont eu pour cons&eacute;quence, la mise en place de d&eacute;lits particuliers pour l&rsquo;agent de police, qui est diff&eacute;rente de la position contractuelle de tout fonctionnaire, avec l&rsquo;extension de certaines obligations et la restriction de certains droits (de gr&egrave;ves, notamment).</p> <p>La nature de l&rsquo;adh&eacute;sion &agrave; l&rsquo;Etat, de personnes exer&ccedil;ant une activit&eacute; polici&egrave;re est donc un &eacute;l&eacute;ment important qui conditionne l&rsquo;ensemble de leurs rapports avec les autorit&eacute;s qui d&eacute;tiennent le pouvoir ex&eacute;cutif et qui leur adressent des instructions quant &agrave; l&rsquo;exercice de leur mission.</p> <p>Toutefois, quel que soit le type d&rsquo;affaire polici&egrave;re, et cela au regard de la gravit&eacute; et de l&rsquo;&eacute;motion soulev&eacute;e au sein de la population, l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re doit demeurer encadr&eacute;e par des r&egrave;gles strictes issues de proc&eacute;dures classiques et exceptionnelles comme lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de lutte contre le terrorisme. Six cat&eacute;gories de droits fondamentaux sont les plus menac&eacute;s par les mesures anti-terroristes (Mock H.P., 2006, 26) : les garanties li&eacute;es &agrave; l&rsquo;arrestation et &agrave; la d&eacute;tention ; les garanties li&eacute;es au proc&egrave;s ; les garanties li&eacute;es au respect de la vie priv&eacute;e ; les garanties relatives &agrave; la libert&eacute; d&rsquo;expression et d&rsquo;information ; les garanties li&eacute;es &agrave; la propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e et les garanties qui sont reconnues aux immigr&eacute;s, r&eacute;fugi&eacute;s et demandeurs d&rsquo;asile. Dans le cadre des activit&eacute;s polici&egrave;res stricto sensu, ce sont davantage les garanties des 1&egrave;re, 3&egrave;me et 5&egrave;me cat&eacute;gories qui sont les plus menac&eacute;es, tout en rappelant que l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re se poursuit dans le proc&egrave;s p&eacute;nal. En l&rsquo;esp&egrave;ce, l&rsquo;absence de plaintes ou de d&eacute;nonciations en rapport avec les &eacute;v&egrave;nements de Grand Bassam ne permet pas d&rsquo;autres analyses de fond.</p> <p>Relativement &agrave; la protection des droits, la charte africaine, tout comme la convention internationale des droits civiques et politiques, reconna&icirc;t et prot&egrave;ge les droits fondamentaux civiques et politiques : l&rsquo;&eacute;galit&eacute; devant la loi (art. 3), le droit &agrave; la dignit&eacute; ainsi que la prohibition de l&rsquo;esclavagisme, la torture, cruelle, inhumaine, la punition d&eacute;gradante (art. 5), les droits &agrave; un jugement &eacute;quitable tels que le droit &agrave; la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence (art. 7), la libert&eacute; d&rsquo;expression (art. 9), et la libert&eacute; d&rsquo;association (art. 10). La charte ne contient aucune clause d&eacute;rogatoire pour les urgences laissant ainsi &agrave; tous les Etats, le choix d&rsquo;agir dans l&rsquo;urgence. Or, dans l&rsquo;urgence, tous les &eacute;carts sont possibles.</p> <p>En d&rsquo;autres mati&egrave;res comme celle des &eacute;coutes t&eacute;l&eacute;phoniques, au- del&agrave; du droit de ne pas ob&eacute;ir &agrave; un ordre ill&eacute;gal qui est une limite au principe d&rsquo;obligation hi&eacute;rarchique, l&rsquo;article 120 de l&rsquo;ordonnance de 2012 relative aux t&eacute;l&eacute;communications et aux TIC, impose un consentement express de la personne concern&eacute;e par la mise sous &eacute;coute.</p> <p>En r&eacute;alit&eacute;, les deux premi&egrave;res d&eacute;cennies du XXIe si&egrave;cle sont pour la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, des p&eacute;riodes d&rsquo;instabilit&eacute; sociopolitique au cours desquelles, les forces de l&rsquo;ordre ont acquis davantage de pouvoir, pour avoir jou&eacute; leur partition dans la protection du pouvoir. De sorte qu&rsquo;au regard de la protection des institutions de la R&eacute;publique et de la parano&iuml;a de la d&eacute;stabilisation, est venue s&rsquo;ajouter la phobie des attaques terroristes. Dans cet environnement, les garanties proc&eacute;durales pourraient &ecirc;tre foul&eacute;es au pied sur l&rsquo;autel de la pr&eacute;servation de l&rsquo;ordre public et la gestion de crise. Alors, la violence d&rsquo;Etat produite par le policier &eacute;claire sur la consubstantialit&eacute; du policier et du politique dans une perspective w&eacute;b&eacute;rienne telle que l&rsquo;appr&eacute;hende Loubet Del Bayle (2016).</p> <p>L&rsquo;analyse des op&eacute;rations de police qui ont suivi l&rsquo;attaque djihadiste des plages de Grand Bassam, en dehors du branle-bas du jour des &eacute;v&egrave;nements, n&rsquo;a pas permis de montrer comment les droits humains ont &eacute;t&eacute; rel&eacute;gu&eacute;s au second plan, cela en l&rsquo;absence de toute m&eacute;diatisation. Des d&eacute;rives n&rsquo;ayant pas &eacute;t&eacute; d&eacute;nonc&eacute;es par des victimes ou les institutions des droits de l&rsquo;homme, il n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; possible de les relever et montrer comment une r&eacute;alit&eacute; sociale ponctuelle pouvait compromettre des droits inali&eacute;nables au moment o&ugrave; ils ont le plus besoin d&rsquo;&ecirc;tre respect&eacute;s. Ici encore, une question demeure pos&eacute;e : la m&eacute;connaissance de plaintes signifie-t-elle que les r&egrave;gles proc&eacute;durales en mati&egrave;re de protection des droits humains aient &eacute;t&eacute; respect&eacute;es ? Pour le Conseil de l&rsquo;Europe, &laquo; il est un principe fondamental qu&rsquo;il est &agrave; la fois possible et n&eacute;cessaire de lutter contre le terrorisme tout en respectant les droits de l&rsquo;homme, les libert&eacute;s fondamentales et l&rsquo;Etat &raquo;<a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a>. Ces m&ecirc;mes principes sont valables pour la commission africaine pour laquelle les droits fondamentaux doivent &ecirc;tre respect&eacute;s en toute circonstance.</p> <p>Dans son Rapport mondial de 2017, Human Rights Watch, &agrave; la rubrique consacr&eacute;e &laquo; aux comportements des forces de s&eacute;curit&eacute; &raquo; en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, note que &laquo; Les arrestations arbitraires, les mauvais traitements aux d&eacute;tenus, et les assassinats ill&eacute;gaux commis par les forces de s&eacute;curit&eacute; ont diminu&eacute; en fr&eacute;quence en 2016. Le nombre d&rsquo;enqu&ecirc;tes et de proc&eacute;dures judiciaires engag&eacute;es contre les responsables d&rsquo;abus a l&eacute;g&egrave;rement augment&eacute;, mais elles sont rest&eacute;es rares &raquo; <a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a>. Tout en &eacute;voquant l&rsquo;attentat de Grand Bassam, l&rsquo;ONG des droits de l&rsquo;homme ne constate pas l&rsquo;existence d&rsquo;abus dans le cadre des enqu&ecirc;tes men&eacute;es. Or, si dans le cadre d&rsquo;investigations classiques, des d&eacute;rives aient pu &ecirc;tre constat&eacute;es comme ci-dessus indiqu&eacute;es, il est donc fort probable que pour ce qui fut un &eacute;lectrochoc en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire et pour lequel les forces de s&eacute;curit&eacute; avaient un imp&eacute;ratif de r&eacute;sultat dans un d&eacute;lai bref, &laquo; des arrestations arbitraires, voire des ex&eacute;cutions sommaires &raquo; n&rsquo;ont pu &ecirc;tre rep&eacute;r&eacute;es. Et c&rsquo;est donc &agrave; ce niveau, qu&rsquo;au- del&agrave; des supputations, l&rsquo;on retombe dans le fameux chiffre noir de la criminalit&eacute;.</p> <p>La F&eacute;d&eacute;ration internationale des droits de l&rsquo;homme (FIDH), tout en faisant allusion aux &eacute;v&egrave;nements de Grand Bassam, parle d&rsquo;&laquo; exactions perp&eacute;tr&eacute;es par des groupes arm&eacute;s &raquo;<a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a>. Elle souligne les cons&eacute;quences de l&rsquo;attentat et les sanctions inflig&eacute;es &agrave; deux militaires reconnus coupables d&rsquo;association de malfaiteurs et de violation de consignes sans pour autant se prononcer sur la proc&eacute;dure ayant conduit &agrave; une condamnation &agrave; dix ans d&rsquo;emprisonnement. La protection des droits des individus, b&eacute;n&eacute;ficiant de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence ne semble pas &eacute;t&eacute; au c&oelig;ur de l&rsquo;action des d&eacute;fenseurs des droits de l&rsquo;homme et des libert&eacute;s publiques. Peut-on alors penser que dans un tel contexte, des choix ont &eacute;t&eacute; prioris&eacute;s ? R&eacute;pondre par l&rsquo;affirmative ne constituerait pas une accusation sans fondement.</p> <p style="text-align: center;"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: center;">* *</p> <p><br /> &nbsp;</p> <p>Si la pr&eacute;servation de l&rsquo;ordre public dans un contexte de lutte contre &laquo; la grande menace du XXIe si&egrave;cle &raquo; semblait faire exister une antinomie entre droits de l&rsquo;homme et activit&eacute;s polici&egrave;res, cette antinomie ne peut exister que dans un r&eacute;gime autoritaire incompatible avec l&rsquo;Etat de droit. Or, dans un contexte particulier de crainte et de traumatisme ambiant, des entorses sont tol&eacute;r&eacute;es, ce qui ne remet pas en cause l&rsquo;Etat de d&eacute;mocratie sachant que ces faits sont d&eacute;nonc&eacute;s.</p> <p>Un encadrement de l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re s&rsquo;impose car des r&egrave;gles de plus en plus protectrices des droits et libert&eacute;s des citoyens sont &eacute;labor&eacute;es et l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re ne doit pas &eacute;chapper &agrave; cet encadrement qui correspond aux droits des libert&eacute;s.</p> <p>Ce sont donc les activit&eacute;s de police qui doivent &ecirc;tre limit&eacute;es dans l&rsquo;exercice de certaines de leurs obligations afin de pouvoir accomplir de mani&egrave;re imm&eacute;diate leur mission de s&eacute;curit&eacute;. L&rsquo;ensemble du dispositif l&eacute;gislatif et r&eacute;glementaire des forces de police et les m&eacute;canismes permettant aux citoyens de prot&eacute;ger leurs droits et libert&eacute;s &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de l&rsquo;Etat permet de garantir l&rsquo;accomplissement de l&rsquo;activit&eacute; polici&egrave;re dans le respect des droits de l&rsquo;homme.</p> <p>En d&eacute;finitive, il est donc possible de garantir les droits de l&rsquo;homme, pour peu que l&rsquo;on cesse de consid&eacute;rer les activit&eacute;s polici&egrave;res et les droits de l&rsquo;homme inconciliables ou irr&eacute;conciliables dans un contexte de lutte contre le terrorisme.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p><br /> &nbsp;</p> <p>CANTIE P. (2006) : &laquo; Au nom de l&rsquo;antiterrorisme : Les biblioth&egrave;ques am&eacute;ricaines face &agrave; l&rsquo;US Patriot Act &raquo;, Paris, Presses de l&rsquo;ENSSIB.</p> <p>CHALIAND G. et Blin A. (2015) : Histoire du terrorisme : De l&rsquo;antiquit&eacute; &agrave; Daech, Paris, Fayard.</p> <p>Charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples (1981).</p> <p>CNDHCI et Fondation Konrad Adenauer (2016) : &laquo; Droits de l&rsquo;homme, Terrorisme et Dynamique de paix en C&ocirc;te D&rsquo;Ivoire &raquo;, Actes du s&eacute;minaire, 2-3 juin 2016 &ndash; C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire.</p> <p>CUSSON M. : &laquo; Pour un antiterrorisme d&eacute;fensif, cible et polyvalent &raquo;, Paris, Institut pour la justice, Notes &amp; Synth&egrave;se N&deg; 35 (2016).</p> <p>DELMAS-MARTY M. (2010) : Libert&eacute;s et s&ucirc;ret&eacute;s dans un monde dangereux, Paris, Seuil.</p> <p>DIEU F. (2017) : &laquo; Police et violence : Approches sociologiques &raquo;, Cahiers de la S&eacute;curit&eacute; et de la Justice, INHESJ, n&deg;39.</p> <p>HENNEBEL L. et LEWKOWICK G. (2009) : Le probl&egrave;me de la D&eacute;finition du terrorisme, Bruxelles, &eacute;d. Bruylant.</p> <p>LEMAN-LANGLOIS S. (Dir., 2009) : &laquo; Terrorisme et lutte contre le terrorisme &raquo; in CUSSON M., DUPONT B., LIMIEUX F. (sous la dir.) (2008) : Trait&eacute; de s&eacute;curit&eacute; int&eacute;rieure, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires rom&ugrave;andes.</p> <p>Loi n &deg;96-765 du 3/10/96 relative aux perquisitions en mati&egrave;re de lutte contre la criminalit&eacute; (CI).</p> <p>LOUBET DEL BAYLE J. L. (2016) : Sociologie de la police, Paris, l&rsquo;Harmattan, &lsquo;&lsquo;R&eacute;publique et Soci&eacute;t&eacute;&rsquo;&rsquo;.</p> <p>Loi n&deg; 2015-493 du 07/07/2015 portant r&eacute;pression du terrorisme en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire.</p> <p>MOCK H.P. (2006) : &laquo; &lsquo;&lsquo;Guerre&rsquo;&rsquo; contre le terrorisme et droits de l&rsquo;homme : R&eacute;flexions &agrave; propos du rapport de la FIDH intitul&eacute; &lsquo;&lsquo;l&rsquo;antiterrorisme &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve des droits de l&rsquo;homme : Les cl&eacute;s de la compatibilit&eacute; &raquo;, Revue trimestrielle des droits humains, 65/ 2006.</p> <p>N&rsquo;DA P. (2015) : Recherche et m&eacute;thodologie en sciences sociales et humaines, Paris, L&rsquo;Harmattan.</p> <p>Ordonnance de 2012 relative aux t&eacute;l&eacute;communications et aux TIC (CI).</p> <p>PAPE R. (2005) : Dying to Win : The Logic of Suicide Terrorism, New York, Random House.</p> <p>RIVERO J. (1991) : Les libert&eacute;s publiques, Tome 1 (Les droits de l&rsquo;homme), Paris, PUF.</p> <p>SAGEMAN M. (2004) : Unterstanding, terror networks, Philadelphia, University of Pennsylvania Press.</p> <p>VAN DER MEERSCHEN B. (2007) &laquo; Dossier Terrorisme et Libert&eacute;s &raquo;, Bruxelles, La Revue nouvelle, n&deg; 5, mai 2007.</p> <p>YEBOUET B. H. : &laquo; Les tracasseries sur les routes de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, le cas d&rsquo;Abidjan &raquo;, RICPTS, Gen&egrave;ve, Suisse, 03/2004.</p> <p>YEBOUET B. H. (2011) &laquo; La C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire au lendemain de la crise post-&eacute;lectorale : Entre sortie de crise politique et d&eacute;fis s&eacute;curitaires &raquo;, revue S&eacute;curit&eacute; et Strat&eacute;gie, Paris, CDSE, D&eacute;cembre 2011.</p> <p>YOGO E. et YEBOUET B. H. (2019) : Terrorisme et droits de l&rsquo;homme au sud du Sahara, Paris, L&rsquo;Harmattan, Etudes africaines, S&eacute;rie G&eacute;opolitique.</p> <p><br /> &nbsp;</p> <p><strong>Webographie</strong></p> <p>-https://eburnienews.net/scandale-sexuel-a-la-rti-les-ebats-dune- celebre-animatrice-filmes-par-les-cameras-du-ccdo/</p> <p>-www.koaci.com &ndash; Lundi 25 Janvier 2016 : &laquo; Attentat terroriste : l&rsquo;ambassade am&eacute;ricaine d&eacute;ment &raquo;</p> <p>-www.erta-tcrg.org: &laquo; D&eacute;finition du terrorisme &raquo;</p> <p>-www.fidh.org: Rapport annuel 2017.</p> <p>-www.hughe.fr : &laquo; Quelques textes pour comprendre le terrorisme &raquo;.</p> <p>-www.coe.int/terrorisme : Activit&eacute;s du Conseil de l&rsquo;Europe ; &laquo; Action contre le terrorisme &raquo;.</p> <p>-www.hrw.org : Rapport mondial 2017: Ev&egrave;nements de 2016.</p> <p>-www.jeuneafrique.com: &laquo; Attentats de Grand Bassam : Sept questions pour comprendre &raquo;, consult&eacute; le 07/10/2016.</p> <p>-www.amnesty.org<a href="http://www.amnesty.org/" target="_top">:</a> Rapport annuel 2007 : Discours d&rsquo;Ir&egrave;ne Khan, Londres 2007.</p> <p>-www.amnesty.ci : Rapport C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire 2016 &ndash; 2017.</p> <p>-www.sciencespo-lyon.fr: webdoc IEP : Apr&egrave;s le 13/11/15&hellip; Terrorisme et droit : le regard des juristes de sces po Lyon (III- S&eacute;curit&eacute; &ndash; Libert&eacute;)</p> <p><br /> &nbsp;</p> <p><br /> &nbsp;</p> <div id="sdfootnote1"> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>Les mouvements terroristes ont commenc&eacute; &agrave; &ecirc;tre actifs en Afrique de l&rsquo;Ouest, avec le Nigeria o&ugrave; Boko Haram, mouvement insurrectionnel et terroriste d&rsquo;id&eacute;ologie salafiste djihadiste, originaire du nord-est du Nigeria, s&rsquo;est assign&eacute; pour objectif d&rsquo;instaurer un califat et d&rsquo;appliquer la charia. C&rsquo;est &agrave; partir de 2009 que Boko Haram se manifeste et son chef, Mohamed Yusuf est tu&eacute; par l&rsquo;arm&eacute;e nig&eacute;riane. Avec Boko Haram, c&rsquo;est &eacute;galement le MUJAO (Mouvement pour l&rsquo;unit&eacute; et jihad en Afrique de l&rsquo;Ouest) au Mali et au Niger. Le Burkina Faso conna&icirc;tra le m&ecirc;me sort avec l&rsquo;action de groupes diff&eacute;rents comme Ansar dine, Al Mourabitoune, Ansarul Islam&hellip;</p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> www.koaci.com &ndash; Lundi 25 Janvier 2016 : &laquo; Attentat terroriste : l&rsquo;ambassade am&eacute;ricaine d&eacute;ment &raquo;, Apr&egrave;s l&#39;attaque terrorisme la semaine pr&eacute;c&eacute;dente au Burkina Faso, plusieurs m&eacute;dias ont attribu&eacute; un message &agrave; l&#39;ambassade des Etats-Unis &agrave; Abidjan, o&ugrave; elle invitait ses ressortissants &agrave; la prudence face &agrave; la menace qui serait imminente en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire. (Consult&eacute; le 26/01/16). - Sur la page Facebook de l&#39;ambassade de France en C&ocirc;te d&#39;Ivoire en date du 13 mai 2017, les ressortissants fran&ccedil;ais sont invit&eacute;s &agrave; la prudence, &agrave; &eacute;viter certains lieux en C&ocirc;te d&#39;Ivoire (consult&eacute; le 15/05/2017 : https://www.jeuneafrique.com/438574/politique/direct-cote-divoire-tirs-entendus-a-abidjan-bouake/mis &agrave; jour 15 mai 2017 &agrave; 21h38).</p> <p>&nbsp;</p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> www.Erta-tcrg.org : &laquo; D&eacute;finition du terrorisme &raquo;, consult&eacute; le 08/10/2017.</p> <p>&nbsp;</p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Al Mourabitoune est une organisation terroriste bas&eacute;e dans le d&eacute;sert malien. Alli&eacute; d&rsquo;AQMI (Al Qaeda au Maghreb islamique), c&rsquo;est par un communiqu&eacute; repris par tous les m&eacute;dias internationaux BBCI, RFI, Voix d&rsquo;Am&eacute;rique&hellip; qu&rsquo;il a revendiqu&eacute; l&rsquo;attaque (15/03/2016).</p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a>Chiffre officiel fourni par les autorit&eacute;s ivoiriennes (RTI : Radiodiffusion t&eacute;l&eacute;vision ivoirienne, Journal de 20 heures, le 13/03/16).</p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a>www.jeuneafrique.com: &laquo; Attentats de Grand Bassam : Sept questions pour comprendre &raquo;, consult&eacute; le 07/10/2016.</p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a>www.hughe.fr : &laquo; Quelques textes pour comprendre le terrorisme &raquo;, p.42, consult&eacute; le 15/10/2017.</p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a>D&eacute;claration du FPI relative &agrave; l&rsquo;assaut militaire men&eacute; contre le domicile du couple Monnet &agrave; Adopt&eacute; par les &eacute;l&eacute;ments des FACI, D&eacute;claration de M. Jean Bonin Kouadio, porte-parole du FPI, in quotidien Notre Voie, le 06/12/17.</p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a>CNDHCI et Fondation Konrad Adenauer : &laquo; Droits de l&rsquo;homme, Terrorisme et Dynamique de paix en C&ocirc;te D&rsquo;Ivoire &raquo;, Actes du S&eacute;minaire, 2-3 juin 2016 &ndash; C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire.</p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a>https://eburnienews.net/scandale-sexuel-a-la-rti-les-ebats-dune-celebre- animatrice-filmes-par-les-cameras-du-ccdo/ (Consult&eacute; 20/04/2014)</p> </div> <div id="sdfootnote11"> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a>Activit&eacute;s du Conseil de l&rsquo;Europe ; &laquo; Action contre le terrorisme &raquo;, wwwcoe.int/terrorisme, p.3, consult&eacute; le 12/10/17.</p> </div> <div id="sdfootnote12"> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a>Human Rights Watch (HCW): Rapport mondial 2017: Ev&egrave;nements de 2016, p. 70, <a href="http://www.hrw.org/" target="_top">(</a>www.hrw.org,<a href="http://www.hrw.org/" target="_top"> </a>consult&eacute; le 1er/12/2017).</p> </div> <div id="sdfootnote13"> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a>Amnesty International : Rapport C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire 2016&ndash;2017 (www.ai.org<a href="http://www.ai.org/" target="_top">,</a> consult&eacute; le 1er/12/2017).</p> </div>