<div> <p>Ma&icirc;tre Mame Bassine Niang a not&eacute; qu&rsquo;&laquo; il n&rsquo;y a pas de combat qui vaille que celui des droits de l&rsquo;homme<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>&raquo;. Bakary Traor&eacute; affirmait, &agrave; juste titre, que &laquo; Les normes th&eacute;oriquement applicables et r&eacute;sultant des conventions internationales ou de la Constitution ne rendent pas vraiment compte de la r&eacute;alit&eacute;. Il faut se r&eacute;f&eacute;rer aux lois p&eacute;nales. Ce sont ces lois qui r&eacute;v&egrave;lent la vraie politique des droits de l&rsquo;homme (&hellip;). Ce sont elles qui peuvent montrer les atteintes aux droits de la d&eacute;fense (&hellip;) &raquo;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>. Cela semble r&eacute;sulter du proc&egrave;s d&rsquo;Hiss&egrave;ne Habr&eacute;, qui rel&egrave;ve ,d&rsquo;un syst&egrave;me hybride, combinant les r&egrave;gles d&rsquo;un ordre juridique international et celles d&rsquo;un ordre juridique national.</p> <p>Du point de vue international, le contexte est celui de la poursuite hors de leur pays des personnalit&eacute;s accus&eacute;es de crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;, de crimes de guerre et d&rsquo;actes de torture. Hiss&egrave;ne Habr&eacute; qui a fui le Tchad en 1990 apr&egrave;s y avoir exerc&eacute; les fonctions&nbsp; de premier ministre puis de pr&eacute;sident de la R&eacute;publique, voit&nbsp; la proc&eacute;dure engag&eacute;e contre lui en Belgique en vertu de la loi de comp&eacute;tence universelle ce qui se traduit par un mandat d&rsquo;arr&ecirc;t international et une demande d&rsquo;arrestation, d&eacute;livr&eacute;s par la justice belge en 2005. L&rsquo;ann&eacute;e suivante, l&rsquo;Union africaine mandate le S&eacute;n&eacute;gal, l&agrave; o&ugrave; Hiss&egrave;ne Habr&eacute; s&rsquo;est r&eacute;fugi&eacute;, pour le juger. Il faut encore une saisine, en 2009, par la Belgique de la Cour internationale de justice et une d&eacute;cision de cette derni&egrave;re, en 2012, enjoignant le S&eacute;n&eacute;gal d&rsquo;organiser le proc&egrave;s pour que ce dernier s&rsquo;ouvre &agrave; Dakar en 2015.</p> <p>Il est vrai que le S&eacute;n&eacute;gal a fait preuve de quelques atermoiements. Il y coule des jours heureux pendant plus de vingt ans si l&rsquo;on excepte une br&egrave;ve garde &agrave; vue en 2005, ce que cl&ocirc;t une d&eacute;claration d&rsquo;incomp&eacute;tence de la justice s&eacute;n&eacute;galaise. Apr&egrave;s l&rsquo;injonction de l&rsquo;Union africaine, le pays r&eacute;forme sa l&eacute;gislation et m&ecirc;me sa Constitution pour rendre possible un tel proc&egrave;s mais subordonne sa tenue &agrave; un financement international &eacute;valu&eacute; &agrave; pr&egrave;s de trente millions d&rsquo;euros. Comme on l&rsquo;a vu, il faut attendre l&rsquo;intervention de la Cour internationale de justice et les pressions d&rsquo;ONG telle que Human Rights Watch pour l&rsquo;ouverture en 2015 de l&rsquo;instance devant les Chambres africaines extraordinaires, juridiction cr&eacute;&eacute;e par le S&eacute;n&eacute;gal et l&rsquo;Union africaine.</p> <p>Il s&rsquo;agit, ici d&rsquo;&eacute;tudier, sans faire le proc&egrave;s d&rsquo;un proc&egrave;s, les droits de la d&eacute;fense tant en premi&egrave;re instance et qu&rsquo;en phase d&rsquo;appel, d&eacute;pourvu d&rsquo;effet d&eacute;volutif. La plus ou moins exacte protection des droits de la d&eacute;fense constitue le centre de notre r&eacute;flexion, en jaugeant l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une justice &eacute;quitable, d&rsquo;une justice &eacute;quilibr&eacute;e, donc d&rsquo;une justice exemplaire, au sens equus et de l&rsquo;&eacute;galit&eacute;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. En effet, du fait&nbsp; des violations graves des droits de l&rsquo;homme, des r&egrave;gles du droit international humanitaire portant atteinte &agrave; l&rsquo;humanit&eacute; toute enti&egrave;re, la cr&eacute;ation d&rsquo;une justice r&eacute;pressive internationale ou extraordinaire s&rsquo;impose<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>. Ainsi, la lutte &acirc;pre des victimes combin&eacute;e &agrave; la volont&eacute; politique africaine conduit &agrave; la mise en place des chambres africaines extraordinaires (CAE)<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a>.</p> </div> <div> <p>Comment concilier la r&eacute;ponse urgente et suffisante &agrave; un besoin de justice exprim&eacute; par les victimes et l&rsquo;organisation d&rsquo;un proc&egrave;s juste et &eacute;quitable ? &laquo; Vaut-il mieux rel&acirc;cher un coupable ou condamner un innocent ? &raquo;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a>. De ces interrogations d&eacute;coule l&rsquo;exigence d&rsquo;un proc&egrave;s &eacute;quitable. Or, un proc&egrave;s &eacute;quitable suppose un esprit de justice ind&eacute;pendante et impartiale et un respect absolu des droits de la d&eacute;fense<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a>. Un ancien procureur g&eacute;n&eacute;ral du Tribunal de Nuremberg disait : &laquo; Il ne peut y avoir de paix sans justice, ni de justice sans loi, ni de loi digne de ce nom sans un tribunal charg&eacute; de d&eacute;cider ce qui est juste et l&eacute;gal dans des circonstances donn&eacute;es &raquo;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a>.</p> <p><strong>Qu&rsquo;en est-il du proc&egrave;s Hiss&egrave;ne Habr&eacute; (HH), accus&eacute; de crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;, crimes de guerre et torture<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a>? Le proc&egrave;s Habr&eacute; est- il juste et &eacute;quitable, aussi bien dans son d&eacute;roulement que son d&eacute;nouement ? La d&eacute;fense a-t-elle &eacute;t&eacute; absolument respect&eacute;e pendant l&rsquo;enqu&ecirc;te, l&rsquo;instruction et durant la phase du jugement<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a> ?</strong></p> <p>Effectivement, l&rsquo;affaire Habr&eacute;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a> a suscit&eacute; beaucoup de questions<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a>. Les chambres africaines extraordinaires constituent-elles un tribunal international ou un tribunal national l&eacute;g&egrave;rement rationalis&eacute; ? Sont- elles r&eacute;guli&egrave;rement compos&eacute;es ? Une justice sous silence est-elle valable et &eacute;quitable ? La culpabilit&eacute; d&rsquo;Hiss&egrave;ne Habr&eacute; d&eacute;coule-t-elle de son silence ? La participation obligatoire au proc&egrave;s est-elle discutable ? La pr&eacute;sence d&rsquo;un avocat est-elle obligatoire ? L&rsquo;appel du 10 juin 2016 exerc&eacute; par l&rsquo;avocat commis d&rsquo;avocat est-il valable ? La peine capitale est-elle justifi&eacute;e ? Peut-on soutenir : qui paie le proc&egrave;s, dicte la sentence ou la maxime de Jean de la Fontaine : &laquo; selon que vous serez puissant ou mis&eacute;rable, les jugements de la Cour vous rendront blanc ou noir &raquo; ? Peut-on juger Habr&eacute; sans l&rsquo;&eacute;tat-major, le&nbsp; zaghawa<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[13]</a>,&nbsp; D&eacute;by<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[14]</a> ?</p> <p>La d&eacute;cision de renvoi visant seulement Hiss&egrave;ne Habr&eacute;, peut-on dire que, sans Idriss D&eacute;by et les autres hommes de la direction de la documentation et de la s&eacute;curit&eacute; (DDS)<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[15]</a>,&nbsp; il manquerait quelque chose &agrave; la justice p&eacute;nale internationale ? Egalement, on peut se demander si on peut traiter diff&eacute;remment plusieurs personnes susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre poursuivies dans les m&ecirc;mes circonstances sans violer le principe de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; de tous devant la loi<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title="">[16]</a>. Il faut laisser les sp&eacute;cialistes du droit p&eacute;nal se penser sur les questions de fond, la constitution des infractions de droit international, la mat&eacute;rialit&eacute;, l&rsquo;imputabilit&eacute;, notamment d&rsquo;attaques contre les Codos, les Hadj&eacute;rais et&nbsp; les Zaghawas, surtout la question nouvelle de la responsabilit&eacute; personnelle du sup&eacute;rieur hi&eacute;rarchique dans les crimes collectifs, &agrave; l&rsquo;instar des tribunaux p&eacute;naux internationaux ad hoc<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title="">[17]</a>. Comme il convient de r&eacute;server &agrave; d&rsquo;autres le moyen de jauger le temps du proc&egrave;s, le temps de la d&eacute;fense &agrave; toutes les instances<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title="">[18]</a>, y compris l&rsquo;examen de la phase d&rsquo;instruction<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" title="">[19]</a>, ayant abouti &agrave; l&rsquo;ordonnance de renvoi, qui, en &eacute;chappant aux critiques des diff&eacute;rentes parties, n&rsquo;a pas abouti &agrave; la chambre d&rsquo;accusation extraordinaire<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" title="">[20]</a>. En mati&egrave;re de d&eacute;fense et de protection des droits fondamentaux de l&rsquo;homme, nous pensons que, pour d&eacute;terminer la jouissance effective des droits de la d&eacute;fense, il convient de revenir sur la mise en pratique des grands principes du proc&egrave;s p&eacute;nal (I) et des strat&eacute;gies de d&eacute;fense qui annihilaient la&nbsp; d&eacute;fense (II).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>I. De la mise en pratique des grands principes du proc&egrave;s p&eacute;nal</h2> <p>Le proc&egrave;s HH est soumis, non sans de s&eacute;rieuses difficult&eacute;s, au principe de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence. Le principe du contradictoire et de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes semble donc remis en cause.</p> <h3>A. Du respect probl&eacute;matique de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence</h3> <h4>1. De la publicit&eacute; des d&eacute;bats</h4> <p>Le proc&egrave;s est ouvert au public. Selon l&rsquo;article 22 du statut des Chambres africaines extraordinaires<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" title="">[21]</a>, les audiences sont publiques. Donc, il n&rsquo;y a pas eu de difficult&eacute; relativement au respect de la publicit&eacute; des d&eacute;bats. Cependant, la publicit&eacute;&nbsp; permet aussi d&rsquo;imputer la d&eacute;cision qui sera rendue &agrave; la communaut&eacute; au nom de laquelle elle a va &ecirc;tre rendue, c&rsquo;est-&agrave;-dire les diff&eacute;rents peuples qui composent la famille des nations<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" title="">[22]</a>. Quelle communaut&eacute; ? L&rsquo;Union africaine, l&rsquo;assembl&eacute;e de certains chefs d&rsquo;Etats africains, ou la communaut&eacute; des grandes puissances europ&eacute;ennes ?</p> <p>Il semble difficile d&rsquo;y voir le peuple africain, dans la mesure o&ugrave; il faut, d&rsquo;abord, jauger ce peuple &agrave; travers les l&eacute;gitimit&eacute;s des pouvoirs acquis par les chefs d&rsquo;Etat africains en exercice et, ensuite, tenir&nbsp; compte de la mainmise de l&rsquo;ext&eacute;rieur. En outre, les crises dans&nbsp; les pays africains &eacute;tant caus&eacute;es et maitris&eacute;es, dans une certaine mesure, par des institutions &eacute;trang&egrave;res en fonction des enjeux et des int&eacute;r&ecirc;ts&nbsp; en cause, Monsieur HH est pr&eacute;sum&eacute; innocent.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. De la violation de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence</h4> <p>En appr&eacute;ciant la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence bien avant le proc&egrave;s, on a consid&eacute;r&eacute; que ce dernier s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute; sous le signe de la pr&eacute;somption de culpabilit&eacute;. Effectivement, le premier acte pos&eacute;, c&rsquo;est la construction d&rsquo;une prison destin&eacute;e &laquo; au seul accus&eacute; que les Chambres africaines avaient pour charge de juger &raquo;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23" title="">[23]</a>. On a fait dire au ministre de la Justice, garde des Sceaux du S&eacute;n&eacute;gal, qu&rsquo;il traitait le proc&egrave;s Habr&eacute; de &laquo; mascarade de proc&egrave;s &raquo; et pr&eacute;disait le caract&egrave;re in&eacute;quitable de ce proc&egrave;s, eu &eacute;gard aux conditions d&rsquo;une enqu&ecirc;te&nbsp; initi&eacute;e par les CAE, sous le contr&ocirc;le de l&rsquo;ex&eacute;cutif tchadien<a href="#_ftn24" name="_ftnref24" title="">[24]</a>.</p> <p>Rappelons que la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence signifie que tout homme est pr&eacute;sum&eacute; innocent jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;il ait &eacute;t&eacute; d&eacute;clar&eacute; coupable. L&rsquo;article 21 du statut l&rsquo;a repris en ces termes : &laquo; Tout accus&eacute; est pr&eacute;sum&eacute; innocent jusqu&rsquo;&agrave; ce que sa culpabilit&eacute; ait &eacute;t&eacute; &eacute;tablie (&hellip;) &raquo;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title="">[25]</a>.</p> <p>Donc, la personne n&rsquo;a pas &agrave; prouver qu&rsquo;elle est innocente et est consid&eacute;r&eacute;e comme telle tant qu&rsquo;un juge n&rsquo;a pas reconnu sa culpabilit&eacute; par un jugement d&eacute;finitif. En application de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence, la preuve incombe au minist&egrave;re public et le doute profite &agrave; l&rsquo;accus&eacute;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26" title="">[26]</a>. Cela &eacute;tant, parmi les preuves propos&eacute;es &agrave; la chambre, figurent essentiellement le fameux rapport de la commission nationale d&rsquo;enqu&ecirc;te<a href="#_ftn27" name="_ftnref27" title="">[27]</a> de Mahamat Djibrine dit EL Djonto, les t&eacute;moignages, surtout des anciens directeurs de la DDS, les informations requises&nbsp; par les magistrats instructeurs.</p> <p>Evidemment, il a &eacute;t&eacute; d&eacute;montr&eacute; que le transfert de toute enqu&ecirc;te ou proc&eacute;dure judiciaire ant&eacute;rieure est de nature &agrave; porter atteinte aux droits de la d&eacute;fense, puisque la d&eacute;fense n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; associ&eacute;e et que les magistrats s&eacute;n&eacute;galais n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; impliqu&eacute;s dans la recherche de preuves, en plus de la territorialit&eacute; de la comp&eacute;tence des CAE<a href="#_ftn28" name="_ftnref28" title="">[28]</a>. En outre, la liste des t&eacute;moins n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; pr&eacute;alablement communiqu&eacute;e &agrave; l&rsquo;accus&eacute; avant le proc&egrave;s<a href="#_ftn29" name="_ftnref29" title="">[29]</a>. Le doute se manifeste ainsi. Comment peut- on valider un rapport tr&egrave;s contest&eacute; d&rsquo;une commission d&rsquo;enqu&ecirc;te partialement constitu&eacute;e et d&eacute;pendante d&rsquo;un chef d&rsquo;Etat issu de la DDS<a href="#_ftn30" name="_ftnref30" title="">[30]</a> ? A-t-on entendu tous les t&eacute;moins, &agrave; l&rsquo;instar du proc&egrave;s de Laurent Gbagbo ? Pour une justice internationale, dans le cadre de la violation grave des droits de l&rsquo;homme, les t&eacute;moignages des anciens chefs des services secrets fran&ccedil;ais ? Pouvait-on tenir ce proc&egrave;s sans avoir entendu l&rsquo;actuel pr&eacute;sident tchadien, D&eacute;by, ne serait-ce qu&rsquo;en qualit&eacute; de t&eacute;moin, les fiches de la DDS aidant ? Nous pensons effectivement que si D&eacute;by<a href="#_ftn31" name="_ftnref31" title="">[31]</a> n&rsquo;est pas entendu, voire jug&eacute;, la justice p&eacute;nale internationale africaine ne sera pas comprise<a href="#_ftn32" name="_ftnref32" title="">[32]</a>. Elle demeurera toujours insuffisante ou pr&eacute;matur&eacute;e. Son ill&eacute;gitimit&eacute; est, alors, envisageable.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>3. De l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute; et de l&rsquo;ill&eacute;gitimit&eacute; de la juridiction</h4> <p>La pr&eacute;somption d&rsquo;innocence suppose que la juridiction charg&eacute;e de juger soit d&eacute;gag&eacute;e de toute suspicion et soit valablement et &eacute;thiquement constitu&eacute;e. Il r&eacute;sulte des articles 2 et 3 du statut des CAE qu&rsquo;une Chambre africaine extraordinaire d&rsquo;assises est institu&eacute;e &agrave; la Cour d&rsquo;appel de Dakar pour conna&icirc;tre des crimes et des violations graves du droit international commis sur le territoire tchadien durant la p&eacute;riode allant du 7 juin 1982 au 1er d&eacute;cembre 1990. Or, HH a contest&eacute; la l&eacute;gitimit&eacute; de la juridiction qui doit le juger, comme Lobodam, Milosevic et Radovan Karadzic<a href="#_ftn33" name="_ftnref33" title="">[33]</a>. Il n&rsquo;a pas reconnu les chambres extraordinaires<a href="#_ftn34" name="_ftnref34" title="">[34]</a>.</p> <p>Une chambre africaine extraordinaire, compos&eacute;e de juges s&eacute;n&eacute;galais et d&rsquo;un &eacute;tranger<a href="#_ftn35" name="_ftnref35" title="">[35]</a>, fut-il excellent juge, chevronn&eacute;, irr&eacute;prochable, est-elle l&eacute;gitime ? Les chambres africaines extraordinaires constituent-elles une juridiction nationale s&eacute;n&eacute;galaise ou un tribunal international suffisant et digne de ce nom ? Quelle est la nature des chambres africaines ? Selon l&rsquo;accord entre l&rsquo;Etat du S&eacute;n&eacute;gal et l&rsquo;Union africaine, les chambres africaines constituent une juridiction internationale. Cela est discutable, car il y a une confusion qui s&rsquo;est traduite par la reprise du statut de Rome et ce qui est tout &agrave; fait incompatible, le renvoi aux dispositions du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galaise, alors que la proc&eacute;dure p&eacute;nale de l&rsquo;Union africaine ne peut se ramener au seul syst&egrave;me p&eacute;nal s&eacute;n&eacute;galais et que le droit international p&eacute;nal est largement influenc&eacute; par le syst&egrave;me de la Common law.</p> <p>D&rsquo;ailleurs, un avocat des parties civiles a soulign&eacute; que les statuts de Rome ne disent pas la m&ecirc;me chose par rapport aux parties civiles. A Rome, elles sont autoris&eacute;es &agrave; participer en faisant valoir leurs arguments et pr&eacute;occupations dans les limites d&eacute;finies par la Cour p&eacute;nale internationale<a href="#_ftn36" name="_ftnref36" title="">[36]</a>. Mais, dans le cadre des Chambres africaines extraordinaires, la partie civile a particip&eacute; aux&nbsp; commissions rogatoires, pris la parole la premi&egrave;re. Par ailleurs, suivant le statut des chambres africaines extraordinaires, la chambre ne peut requalifier les faits contenus dans l&rsquo;ordonnance de renvoi, alors qu&rsquo;en droit national s&eacute;n&eacute;galais, le juge p&eacute;nal comp&eacute;tent peut requalifier les faits.</p> <p>De plus, en application du droit de la proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galaise, le recours n&rsquo;est pas possible contre l&rsquo;ordonnance de renvoi<a href="#_ftn37" name="_ftnref37" title="">[37]</a>, n&rsquo;est-ce pas une atteinte grave au principe de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence ? Bizarrement, et contrairement &agrave; la justice p&eacute;nale internationale traditionnelle, ce n&rsquo;est pas le parquet qui apporte la preuve<a href="#_ftn38" name="_ftnref38" title="">[38]</a>, mais c&rsquo;est la chambre d&rsquo;instruction qui apporte le &laquo; plat &raquo; que la Chambre extraordinaire de jugement doit consommer. Dans ces conditions, il est, peut-&ecirc;tre, plus indiqu&eacute; de consid&eacute;rer les Chambres africaines extraordinaires comme des juridictions nationales &agrave; caract&egrave;re international<a href="#_ftn39" name="_ftnref39" title="">[39]</a>, cr&eacute;&eacute;es en se fondant sur la comp&eacute;tence universelle.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>4. De la comp&eacute;tence universelle</h4> <p>Avec la comp&eacute;tence universelle, l&rsquo;Union africaine a donn&eacute; comp&eacute;tence &agrave; des juridictions s&eacute;n&eacute;galaises sans tenir compte du lieu de commission de l&rsquo;infraction, de la nationalit&eacute; de l&rsquo;auteur ou de victimes ou des int&eacute;r&ecirc;ts atteints par l&rsquo;infraction<a href="#_ftn40" name="_ftnref40" title="">[40]</a>. Compte tenu de la gravit&eacute; des crimes commis qui affectent la communaut&eacute; internationale, tous les Etats s&rsquo;obligent &agrave; engager des poursuites judiciaires contre leurs auteurs, quel que soit l&rsquo;endroit o&ugrave; le crime ait &eacute;t&eacute; commis ou la nationalit&eacute; de l&rsquo;auteur ou des victimes. Rappelons que dans l&rsquo;affaire Sharon, la chambre des mises en accusation de la Cour d&rsquo;appel de Bruxelles, apr&egrave;s avoir constat&eacute;, le 26 juin 2002, que&nbsp; les juges belges sont comp&eacute;tents pour conna&icirc;tre des poursuites dirig&eacute;es contre Sharon et Yerodia, avait d&eacute;clar&eacute; ces poursuites irrecevables vu qu&rsquo;ils ne se trouvent pas sur le territoire belge. Cependant, la Cour de cassation belge a, dans un arr&ecirc;t du 12 f&eacute;vrier 2003, cass&eacute; l&rsquo;arr&ecirc;t de la Cour d&rsquo;appel, en consid&eacute;rant que la pr&eacute;sence de l&rsquo;inculp&eacute; sur le territoire n&rsquo;est pas n&eacute;cessaire.</p> <p>Cette position de la haute juridiction belge satisfaisait les ONG, mais elle &eacute;tait critiqu&eacute;e par la doctrine tr&egrave;s attach&eacute;e &agrave; l&rsquo;esprit de la justice. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; rappel&eacute; que la comp&eacute;tence universelle ne peut &ecirc;tre absolue, car elle porte atteinte &agrave; la notion m&ecirc;me de juridiction. Pierre d&rsquo;Argent souligne que, dans ce cas, le juge belge devient un r&eacute;ceptacle des malheurs de l&rsquo;humanit&eacute;. Et que cela viderait de toute utilit&eacute; le principe de la compl&eacute;mentarit&eacute;<a href="#_ftn41" name="_ftnref41" title="">[41]</a>, c&#39;est-&agrave;-dire une comp&eacute;tence subordonn&eacute;e &agrave; l&rsquo;absence de comp&eacute;tence des Etats parties. Toutefois, dans le cadre de la comp&eacute;tence universelle, l&rsquo;Afrique a d&eacute;cid&eacute; de juger l&rsquo;Africain. Ainsi l&rsquo;id&eacute;e va &ecirc;tre concr&eacute;tis&eacute;e de juger HH qui serait, en tout &eacute;tat de cause, responsable du sup&eacute;rieur hi&eacute;rarchique des crimes de masse, des crimes de guerre, des crimes de torture<a href="#_ftn42" name="_ftnref42" title="">[42]</a>.Les chambres pouvant solliciter tous transferts de poursuite p&eacute;nale et valider les proc&egrave;s-verbaux et tout autre &eacute;l&eacute;ment de preuve (article 18.2 du statut), la justice Habr&eacute; est-t-elle contradictoire et respectueuse de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes ? La r&eacute;ponse semble n&eacute;gative.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. De l&rsquo;absence de la contradiction et de l&rsquo;in&eacute;galit&eacute; des armes</h3> <p>&laquo; L&rsquo;&eacute;volution de la proc&eacute;dure p&eacute;nale n&rsquo;encourage pas les relations sereines dans l&rsquo;exercice du principe du contradictoire &raquo;, fait constater St&eacute;phanie Cl&eacute;ment<a href="#_ftn43" name="_ftnref43" title="">[43]</a>. Elle a bien indiqu&eacute; les rapports entre les principes du contradictoire et de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes et les droits de la d&eacute;fense en ces termes : &laquo; Depuis toujours, le contradictoire est un principe consubstantiel aux droits de la d&eacute;fense. On peut parfois les confondre, mais le principe sert principalement d&rsquo;outil fonctionnel aux droits, il favorise leur exercice. De son c&ocirc;t&eacute;, l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes est un principe europ&eacute;en r&eacute;cent, auquel on reconna&icirc;t une l&eacute;gitimit&eacute; croissante au sein de notre proc&eacute;dure p&eacute;nale. Il repr&eacute;sente &eacute;galement un outil fonctionnel des droits. &Agrave; la diff&eacute;rence du contradictoire, il permet leur application dans d&rsquo;autres compartiments&nbsp; de&nbsp; la proc&eacute;dure &raquo;<a href="#_ftn44" name="_ftnref44" title="">[44]</a>.</p> <p>Alors, pour une justice de qualit&eacute;, il faut une jouissance parfaite des droits de la d&eacute;fense et un temps suffisant pour l&rsquo;exercice de ces droits, se traduisant par un strict respect du contradictoire et une &eacute;galit&eacute; des armes pour &eacute;quilibrer et rendre &eacute;quitable le proc&egrave;s<a href="#_ftn45" name="_ftnref45" title="">[45]</a>. Toutefois, dans l&rsquo;affaire Habr&eacute;, la consultation des pi&egrave;ces requises dans le cadre des commissions rogatoires a pos&eacute; probl&egrave;me ; les&nbsp; avocats de la d&eacute;fense n&rsquo;ont pas eu suffisamment de temps pour prot&eacute;ger les int&eacute;r&ecirc;ts de l&rsquo;accus&eacute; ; les dispositions de l&rsquo;article 414 du CPP n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; strictement observ&eacute;es. Qui plus est, HH a &eacute;t&eacute; forc&eacute; &agrave; se pr&eacute;senter devant la chambre extraordinaire d&rsquo;assise, en application du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale du S&eacute;n&eacute;gal.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1. Une comparution forc&eacute;e pour concr&eacute;tiser la contradiction</h4> <p>Aux termes de l&rsquo;article 14 paragraphe 3 du pacte relatif aux droits civils et politiques, &laquo; Toute personne accus&eacute;e d&rsquo;une infraction p&eacute;nale a droit &agrave; ne pas &ecirc;tre forc&eacute;e de t&eacute;moigner contre elle-m&ecirc;me ou de s&rsquo;avouer coupable &raquo;. La Cour de Strasbourg a donc pu affirmer&nbsp; le droit de se taire, en application de l&rsquo;article 6 de la convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme<a href="#_ftn46" name="_ftnref46" title="">[46]</a>. De m&ecirc;me, il r&eacute;sulte d&rsquo;une d&eacute;cision de la Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme qu&rsquo;on peut &ecirc;tre jug&eacute; sans &ecirc;tre pr&eacute;sent et ni repr&eacute;sent&eacute;. Il suffit que les avocats soient pr&eacute;sents &agrave; l&rsquo;audience pour assurer la d&eacute;fense des int&eacute;r&ecirc;ts de leur client, ce qui permet d&rsquo;assurer le respect concret et effectif des droits de la d&eacute;fense, au sens de l&rsquo;article 6 &sect; 1 et 3 c, relatif au droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable et au droit &agrave; l&rsquo;assistance d&rsquo;un avocat<a href="#_ftn47" name="_ftnref47" title="">[47]</a>.</p> <p>C&rsquo;est pourquoi, nous avons du mal &agrave; soutenir le fait d&rsquo;user de la force publique pour conduire la personne accus&eacute;e &agrave; l&rsquo;audience, la personne &eacute;tant d&eacute;tenue, si le proc&egrave;s peut se d&eacute;rouler devant le public et les avocats &ecirc;tre choisis d&rsquo;office<a href="#_ftn48" name="_ftnref48" title="">[48]</a>, quand bien m&ecirc;me cette absence pourra &ecirc;tre per&ccedil;ue comme un manque de respect &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la juridiction, et jouer en sa d&eacute;faveur, comme le drap blanc qui cache le visage. Obliger la personne &agrave; venir, ce serait porter atteinte &agrave; sa dignit&eacute;. Or, dispose l&rsquo;article 21.4.g du statut, &laquo; (&hellip;) l&rsquo;accus&eacute; peut ne pas &ecirc;tre forc&eacute; de t&eacute;moigner contre lui-m&ecirc;me&nbsp; ou&nbsp; de&nbsp; s&rsquo;avouer coupable &raquo;. Et qu&rsquo;il r&eacute;sulte de l&rsquo;article 4 de la charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples que &laquo; La personne humaine est inviolable. Tout &ecirc;tre humain a droit au respect de sa vie et &agrave; l&#39;int&eacute;grit&eacute; physique et morale de sa personne : Nul ne peut &ecirc;tre priv&eacute; arbitrairement de ce droit &raquo;.</p> <p>Certes, la pr&eacute;sence &agrave; l&rsquo;audience est obligatoire<a href="#_ftn49" name="_ftnref49" title="">[49]</a>. C&rsquo;est un principe au p&eacute;nal, le statut des chambres extraordinaires renvoyant &agrave; la proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galaise. D&rsquo;ailleurs, il r&eacute;sulte des statuts&nbsp; des CAE que l&rsquo;accus&eacute; a le droit d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;sent &agrave; son proc&egrave;s et de se d&eacute;fendre lui-m&ecirc;me ou d&rsquo;&ecirc;tre assist&eacute; par un conseil de son choix, mais aussi le droit de ne pas assister &agrave; son proc&egrave;s. Par cons&eacute;quent, le pr&eacute;sident de la Chambre extraordinaire ne peut le faire obliger par la force publique &agrave; assister au d&eacute;roulement du proc&egrave;s, ce qui constituerait une violation flagrante des droits de la d&eacute;fense<a href="#_ftn50" name="_ftnref50" title="">[50]</a>. Egalement, le Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galais admet la possibilit&eacute; de continuer le proc&egrave;s en l&rsquo;absence de l&rsquo;accus&eacute; qui r&eacute;siste<a href="#_ftn51" name="_ftnref51" title="">[51]</a>. M&ecirc;me le pr&eacute;sident de la Chambre africaine extraordinaire d&rsquo;assises d&rsquo;appel a accept&eacute; le refus d&rsquo;HH de se pr&eacute;senter, en ordonnant la poursuite des d&eacute;bats<a href="#_ftn52" name="_ftnref52" title="">[52]</a>. Par ailleurs, l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes a &eacute;t&eacute; manifestement m&eacute;connue<a href="#_ftn53" name="_ftnref53" title="">[53]</a>.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>2. Une in&eacute;galit&eacute; des armes manifeste</h4> <p>D&rsquo;apr&egrave;s Thucydide dans la Guerre du P&eacute;loponn&egrave;se, &laquo; Dans le monde des hommes, les arguments de droit n&rsquo;ont de poids que dans la mesure o&ugrave; les adversaires en pr&eacute;sence disposent de moyens &eacute;quivalents et que, si tel n&rsquo;est pas le cas, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance tandis que les plus faibles n&rsquo;ont qu&rsquo;&agrave; s&rsquo;incliner &raquo;. En outre, le comit&eacute; des droits de l&rsquo;homme de l&rsquo;ONU a estim&eacute; dans l&rsquo;affaire Robinson c/ Etat de Jama&iuml;que du 30 mars 1989 que &laquo; le refus du pr&eacute;sident du tribunal d&rsquo;accorder un renvoi pour permettre &agrave; l&rsquo;auteur de b&eacute;n&eacute;ficier des services d&rsquo;un d&eacute;fenseur soul&egrave;ve des questions d&rsquo;&eacute;quit&eacute; et d&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes &raquo;.</p> <p>On y voit, bien &eacute;videmment, le principe d&rsquo;&eacute;galit&eacute; affirm&eacute; avec fermet&eacute; par l&rsquo;article 14 du pacte international relatif aux droits civils et politiques : &laquo; Tous sont &eacute;gaux devant les tribunaux et les cours de justice &raquo; ; de m&ecirc;me que l&rsquo;article 26 &laquo; Toutes les personnes sont &eacute;gales devant la loi et ont droit, sans discrimination, &agrave; une &eacute;gale protection de la loi &raquo;. Par ailleurs, le droit &agrave; l&#39;&eacute;galit&eacute; des armes est reconnu dans le statut du TPIR, articles 17 &sect; 3<a href="#_ftn54" name="_ftnref54" title="">[54]</a> et 20<a href="#_ftn55" name="_ftnref55" title="">[55]</a> qui traitent des droits de l&#39;accus&eacute;, comme dans l&rsquo;article 67 du trait&eacute; de Rome<a href="#_ftn56" name="_ftnref56" title="">[56]</a>. Effectivement, on s&rsquo;accorde &agrave; reconna&icirc;tre que l&#39;accusation et la personne poursuivie doivent &ecirc;tre en mesure de se porter mutuellement la contradiction, de discuter les preuves pr&eacute;sent&eacute;es et de verser au d&eacute;bat tous les &eacute;l&eacute;ments qu&#39;ils d&eacute;tiennent<a href="#_ftn57" name="_ftnref57" title="">[57]</a>.</p> <p>Et que &laquo; le droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable implique que toute partie &agrave; une action civile et a fortiori &agrave; une action p&eacute;nale, doit avoir une possibilit&eacute; raisonnable d&rsquo;exposer sa cause au tribunal dans des conditions qui ne la d&eacute;savantagent pas d&rsquo;une mani&egrave;re appr&eacute;ciable par rapport &agrave; la partie adverse &raquo;<a href="#_ftn58" name="_ftnref58" title="">[58]</a>. Cela est valable pour toute intervention susceptible d&rsquo;influencer la d&eacute;cision du juge en faveur de l&rsquo;une des parties. M&ecirc;me dans le cadre du proc&egrave;s p&eacute;nal international, le procureur g&eacute;n&eacute;ral, doit &ecirc;tre trait&eacute; par le juge au m&ecirc;me pied que la d&eacute;fense. En effet, cette derni&egrave;re doit avoir les m&ecirc;mes moyens que le procureur g&eacute;n&eacute;ral pour pr&eacute;senter ses arguments et faire valoir ses droits. Il est vrai que le parquet qui assure la fonction de protection sociale, a fortiori dans le cadre de la communaut&eacute; internationale, doit se doter de tous les moyens pour poursuivre les auteurs des crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;, d&rsquo;une gravit&eacute; exceptionnelle. Toutefois, autant l&rsquo;infraction est extr&ecirc;mement grave, autant l&rsquo;accusation est exceptionnellement humiliante et transgressive de la personne humaine<a href="#_ftn59" name="_ftnref59" title="">[59]</a>.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Dans les m&ecirc;mes conditions proc&eacute;durales au niveau des tribunaux p&eacute;naux internationaux qu&rsquo;au niveau de la CPI, la d&eacute;fense commence son travail avec l&#39;arrestation de l&#39;accus&eacute; alors que le procureur g&eacute;n&eacute;ral et plusieurs hommes et femmes du parquet, y travaillent depuis le d&eacute;but de l&#39;instruction<a href="#_ftn60" name="_ftnref60" title="">[60]</a>. Alors que, durant toute l&#39;instruction, fait remarquer Nd&egrave;ye Amy Ndiaye<a href="#_ftn61" name="_ftnref61" title="">[61]</a> avec raison, le procureur g&eacute;n&eacute;ral cherche les preuves et collecte les informations n&eacute;cessaires pour&nbsp; &eacute;tablir la culpabilit&eacute; de l&#39;accus&eacute;, la d&eacute;fense ne dispose que du temps allant de l&#39;arrestation jusqu&#39;au proc&egrave;s pour effectuer tout le travail de recherches en vue de renverser la th&egrave;se du procureur g&eacute;n&eacute;ral<a href="#_ftn62" name="_ftnref62" title="">[62]</a>.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Egalement, dans l&rsquo;affaire Hiss&egrave;ne Habr&eacute;, le procureur g&eacute;n&eacute;ral a port&eacute; un projet de d&eacute;fense d&rsquo;un groupe d&rsquo;individus, qu&rsquo;on pourrait appeler, effectivement, la communaut&eacute; internationale ou union africaine. D&rsquo;ailleurs, il a ressembl&eacute; des indices ou &eacute;l&eacute;ments de preuves avec les moyens des Etats, soutien des organismes internationaux. Un dossier tr&egrave;s volumineux est arriv&eacute; &agrave; la chambre. La d&eacute;fense d&rsquo;office - face au boycott de la d&eacute;fense choisie- n&rsquo;a dispos&eacute; que peu de temps pour l&rsquo;exploiter en vue d&rsquo;exercer les droits de la d&eacute;fense, sans aucune possibilit&eacute; de mener des enqu&ecirc;tes ou de faire des t&eacute;moins, surtout quand ceux-ci sont tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;s ou exercent des fonctions prot&eacute;g&eacute;es. Nous admettons que dans l&rsquo;appr&eacute;ciation de l&rsquo;in&eacute;galit&eacute; des armes, il faut tenir compte des moyens, pour que l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des droits se r&eacute;alise. De toute mani&egrave;re, la d&eacute;fense Habr&eacute; est annihil&eacute;e par certaines circonstances.</p> <h2>II. Des strat&eacute;gies de d&eacute;fense tendant &agrave; annihiler la d&eacute;fense</h2> <p>Le proc&egrave;s ne pouvait se d&eacute;rouler sans une commission d&rsquo;office pour &eacute;quilibrer le proc&egrave;s, en vue d&rsquo;&eacute;tablir l&rsquo;intime conviction du juge. Cette d&eacute;signation d&rsquo;office pouvait-elle valablement se substituer au type de d&eacute;fense taisant ?</p> <p>&nbsp;</p> <h3>A. De la mise en cause de la commission d&rsquo;office</h3> <p>La parole des avocats-commis d&rsquo;office est-elle la parole d&rsquo;HH ? La d&eacute;fense est-elle l&eacute;gitime ? Hiss&egrave;ne Habr&eacute; n&rsquo;a rien dit et n&rsquo;a pas reconnu ses avocats, la d&eacute;fense des avocats commis d&rsquo;office est-elle valable ? L&rsquo;avocat commis d&rsquo;office peut-il refuser d&rsquo;assister la personne<a href="#_ftn63" name="_ftnref63" title="">[63]</a> ? Il se d&eacute;gage des instruments de protection des droits de l&rsquo;homme que l&rsquo;accus&eacute; choisit librement son avocat, ce qui constitue m&ecirc;me, en effet, la pierre angulaire du principe du respect des droits de la d&eacute;fense<a href="#_ftn64" name="_ftnref64" title="">[64]</a>. D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;article 21.4.b du statut des Chambres africaines, &agrave; l&rsquo;instar de celui de Rome, &laquo; l&rsquo;accus&eacute; a le droit d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;sent &agrave; son proc&egrave;s et se d&eacute;fendre lui-m&ecirc;me ou &ecirc;tre assist&eacute; d&rsquo;un conseil de son choix ; s&rsquo;il n&rsquo;a pas de conseil, &ecirc;tre inform&eacute; de son droit d&rsquo;en avoir un, et &agrave; chaque fois que l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la justice le commande, se voir commettre d&rsquo;office un conseil, sans frais, s&rsquo;il n&rsquo;a pas les&nbsp; moyens de le r&eacute;mun&eacute;rer &raquo;.</p> <p>Il ne para&icirc;t donc pas normal de commettre un avocat contre sa volont&eacute;<a href="#_ftn65" name="_ftnref65" title="">[65]</a>. &laquo; En effet, la relation entre l&rsquo;accus&eacute; et son avocat doit &ecirc;tre bas&eacute;e sur la confiance mutuelle et la transparence sans laquelle l&rsquo;avocat ne peut d&eacute;fendre convenablement ses int&eacute;r&ecirc;ts &raquo;<a href="#_ftn66" name="_ftnref66" title="">[66]</a>. D&egrave;s lors, la personne poursuivie peut valablement choisir de ne pas se faire assister par un avocat. Et qu&rsquo;on ne plaide pas une autre position que celle de son client. Il se pose un probl&egrave;me de s&eacute;curit&eacute; juridique, d&egrave;s lors, pour que le proc&egrave;s puisse &ecirc;tre poursuivi, le pr&eacute;sident de la chambre a le pouvoir de d&eacute;signer un avocat, et que cela ne porte pas atteinte &agrave; la libert&eacute; d&rsquo;exercice des avocats. Cette d&eacute;cision exclusive ne peut faire l&rsquo;objet de recours. En plus, aux termes de l&rsquo;article 29.1 du r&egrave;glement int&eacute;rieur de l&rsquo;Ordre des avocats du S&eacute;n&eacute;gal, &laquo; L&rsquo;avocat est tenu de d&eacute;f&eacute;rer aux d&eacute;signations et commissions d&rsquo;office &raquo;.</p> <p>L&rsquo;avocat peut refuser son minist&egrave;re (article 29.1 pr&eacute;cit&eacute;), n&eacute;anmoins, il doit en indiquer les motifs. En effet, le pr&eacute;sident appr&eacute;cie et il peut les rejeter sans aucune possibilit&eacute; de faire recours. En l&rsquo;esp&egrave;ce, nous pensons que les commis d&rsquo;office pouvaient opposer leur clause de conscience au m&eacute;pris d&rsquo;Hiss&egrave;ne Habr&eacute; qui, de par son attitude, les r&eacute;cusait. D&rsquo;ailleurs, il r&eacute;sulte de l&rsquo;article 2.4 que &laquo; L&rsquo;avocat exerce ses fonctions avec dignit&eacute;, conscience. Il fait preuve de d&eacute;vouement et de prudence &raquo;. Or, il n&rsquo;y aura pas de d&eacute;vouement si l&rsquo;action de l&rsquo;avocat est men&eacute;e sans l&rsquo;accord de son client.</p> <p>Force est de reconna&icirc;tre que ces avocats qui refuseraient leurs missions risquaient une sanction disciplinaire (articles 45 et 57 du r&egrave;glement int&eacute;rieur de l&rsquo;Ordre des avocats du S&eacute;n&eacute;gal). Cependant, ce risque disciplinaire &eacute;tait an&eacute;anti par le barreau qui, semble-t-il, exigeait &laquo; (&hellip;) le respect de la strat&eacute;gie de d&eacute;fense de l&rsquo;accus&eacute; et des statuts des CAE qui ne pr&eacute;voyaient une telle d&eacute;signation que dans l&rsquo;hypoth&egrave;se o&ugrave; l&rsquo;accus&eacute; n&rsquo;a pas choisi d&rsquo;avocat ou n&rsquo;a pas les moyens de se d&eacute;fendre &raquo;<a href="#_ftn67" name="_ftnref67" title="">[67]</a>. Mais la premi&egrave;re chambre civile de la Cour de cassation fran&ccedil;aise avait jug&eacute; que l&rsquo;avocat qui quitte l&rsquo;audience commet une faute disciplinaire. Egalement, elle a rappel&eacute; que la d&eacute;signation des avocats commis d&rsquo;office est institu&eacute;e en faveur des justiciables et qu&rsquo;elle rel&egrave;ve des pr&eacute;rogatives propres du B&acirc;tonnier auquel revient la responsabilit&eacute; du choix de l&rsquo;avocat, en pr&eacute;cisant que seules sont susceptibles de recours les d&eacute;cisions et d&eacute;lib&eacute;rations du Conseil de l&rsquo;Ordre ou du conseil de discipline<a href="#_ftn68" name="_ftnref68" title="">[68]</a>.</p> <p>De m&ecirc;me, par rapport &agrave; une carence manifeste de l&rsquo;avocat commis d&rsquo;office, la Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme avait censur&eacute; la Cour de cassation, qui n&rsquo;avait pas assur&eacute; le respect concret et effectif des droits de la d&eacute;fense de M. Vamvakas, en se fondant sur les dispositions de l&rsquo;article 6 &sect; 1 et 3 c, droit &agrave; un proc&egrave;s &eacute;quitable et droit &agrave; l&rsquo;assistance d&rsquo;un avocat<a href="#_ftn69" name="_ftnref69" title="">[69]</a>. Pour toutes ces raisons, la pr&eacute;sence des avocats commis d&rsquo;office est valablement requise dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et la dignit&eacute; de la justice.</p> <p>Pourtant, il faut reconna&icirc;tre que les avocats obligatoirement d&eacute;sign&eacute;s pour &eacute;quilibrer le proc&egrave;s p&eacute;nal ont assur&eacute; la d&eacute;fense<a href="#_ftn70" name="_ftnref70" title="">[70]</a>, nonobstant le d&eacute;saccord de leur client<a href="#_ftn71" name="_ftnref71" title="">[71]</a> et leur manque de temps<a href="#_ftn72" name="_ftnref72" title="">[72]</a>. Ils ont bien r&eacute;pondu aux arguments des avocats des parties civiles<a href="#_ftn73" name="_ftnref73" title="">[73]</a>, en consid&eacute;rant que si la DDS est une cr&eacute;ation d&rsquo;HH, il n&rsquo;a pu maitriser &nbsp;les agents et qu&rsquo;au fonds tout se retournait contre lui, comme le prouve l&rsquo;action D&eacute;by<a href="#_ftn74" name="_ftnref74" title="">[74]</a>. Ils ont pu d&eacute;montrer que la DDS a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e pour sauvegarder les raisons d&rsquo;&ecirc;tre de l&rsquo;Etat, &agrave; savoir assurer la s&eacute;curit&eacute; du pays et r&eacute;tablir la paix, afin de rendre possible le bonheur des Tchadiens qui subissent la guerre depuis plusieurs ann&eacute;es, et ce aid&eacute; par l&rsquo;Afrique, elle-m&ecirc;me, qui pr&eacute;tend de la juger aujourd&rsquo;hui, par la France, par les Am&eacute;ricains pour repousser le mouvement de la lib&eacute;ration, qui &eacute;tait soutenu par la Libye<a href="#_ftn75" name="_ftnref75" title="">[75]</a>.</p> <p>Effectivement, il ne peut &ecirc;tre reproch&eacute; &agrave; HH ce qu&rsquo;on a imput&eacute; &agrave; Charles Taylor, ex-chef d&rsquo;Etat du Liberia, le fait d&rsquo;utiliser des mouvements rebelles pour commettre des crimes au Sierre&nbsp; L&eacute;one. Bien s&ucirc;r, en temps de guerre<a href="#_ftn76" name="_ftnref76" title="">[76]</a>, on ne d&eacute;missionne pas, comme Abdel Kader Kamougue<a href="#_ftn77" name="_ftnref77" title="">[77]</a>, mais on doit lutter contre les adversaires, les ennemis d&rsquo;une construction nationale, en &eacute;vitant de tuer des prisonniers de guerre et surtout des populations civiles. L&agrave; r&eacute;side la pertinence, peut-&ecirc;tre, de la responsabilit&eacute; du chef de guerre.</p> <p>A cela les avocats d&rsquo;HH r&eacute;pondent que son r&eacute;gime &eacute;tait reconnu comme gouvernement l&eacute;gitime et par la communaut&eacute; internationale&nbsp; et &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de l&rsquo;OUA<a href="#_ftn78" name="_ftnref78" title="">[78]</a>, que la comp&eacute;tence personnelle de l&rsquo;auteur &nbsp;de nomination et la qualit&eacute; de chef des arm&eacute;es, ne conf&egrave;rent pas forc&eacute;ment la qualit&eacute; de commandant<a href="#_ftn79" name="_ftnref79" title="">[79]</a> et que si en 1982, lors de son arriv&eacute;e au pouvoir, il avait cr&eacute;&eacute; une commission d&rsquo;enqu&ecirc;te sur les crimes commis par Tombalbay, Maloum, Kamougue et leurs complices, beaucoup seraient aujourd&rsquo;hui en prison<a href="#_ftn80" name="_ftnref80" title="">[80]</a>.</p> <p>Les avocats commis d&rsquo;office pouvaient-ils interjeter appel sans l&rsquo;accord de leur impos&eacute; client<a href="#_ftn81" name="_ftnref81" title="">[81]</a> ? L&rsquo;article 25.1 indique que &laquo; la chambre africaine extraordinaire d&rsquo;assises d&rsquo;appel est comp&eacute;tente pour examiner en dernier ressort les appels interjet&eacute;s par le procureur ou les personnes condamn&eacute;es (&hellip;) &raquo;<a href="#_ftn82" name="_ftnref82" title="">[82]</a>. L&rsquo;avocat commis d&rsquo;office n&rsquo;est pas la personne condamn&eacute;e. Il doit expliquer au client le sens de la d&eacute;cision et indiquer s&rsquo;il y a lieu de faire appel ou non, mais il ne peut d&eacute;cider &agrave; la place de celui-l&agrave; de faire appel<a href="#_ftn83" name="_ftnref83" title="">[83]</a>. Ils sont intervenus en bout de course, lorsque la proc&eacute;dure a &eacute;t&eacute; d&eacute;clar&eacute;e en &eacute;tat&nbsp; d&rsquo;&ecirc;tre jug&eacute;e. Ils permettraient, par cons&eacute;quent, en interjetant appel de l&eacute;gitimer davantage la juridiction et rendre son proc&egrave;s &eacute;quitable. Malgr&eacute; cela, l&rsquo;appel interjet&eacute; par les avocats commis d&rsquo;office a servi &agrave; poser des questions de proc&eacute;dure et &agrave; revisiter la jurisprudence internationale.</p> <p>Qui plus est, la chambre africaine extraordinaire d&rsquo;assises d&rsquo;appel est, en r&eacute;alit&eacute;, une juridiction de cassation, si bien les cas dans lesquels &nbsp;,l&rsquo;appel est recevable, ont &eacute;t&eacute; bien sp&eacute;cifi&eacute;s et que les arr&ecirc;ts rendus par la chambre africaine extraordinaire d&rsquo;assises d&rsquo;appel sont d&eacute;finitifs et qu&rsquo;ils ne sont susceptibles d&rsquo;aucune voie de recours m&ecirc;me extraordinaire<a href="#_ftn84" name="_ftnref84" title="">[84]</a>. La chambre d&rsquo;appel, comme une juridiction de cassation, ne revient pas sur les connaissances de fait. Il en d&eacute;coule que la voie d&rsquo;appel n&rsquo;existe pas, que l&rsquo;accus&eacute; n&rsquo;a pas eu le droit de faire r&eacute;examiner son affaire une seconde fois par des juges m&ucirc;rs et exp&eacute;riment&eacute;s. D&rsquo;o&ugrave;, il nous semble, une atteinte manifeste &agrave; un droit au recours effectif, &agrave; moins de consid&eacute;rer que ce recours est incompatible avec le principe d&rsquo;une justice p&eacute;nale internationale.</p> <p>Hiss&egrave;ne Habr&eacute; ne veut pas d&rsquo;avocats ; il ne reconnait aucune chambre africaine extraordinaire. Quel rapport entre ce type de d&eacute;fense et l&rsquo;intime conviction des premiers juges ?</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. Du type de d&eacute;fense taisant et l&rsquo;intime conviction</h3> <p>L&rsquo;accus&eacute; enturbann&eacute; ne reconna&icirc;t pas la juridiction et a choisi de se taire. Les avocats choisis ne pouvaient ni assister, ni repr&eacute;senter Monsieur Habr&eacute;<a href="#_ftn85" name="_ftnref85" title="">[85]</a>. Le silence, le visage cach&eacute;, tout cela est &eacute;nervant et per&ccedil;u comme &laquo; une expiable humiliation &agrave; l&rsquo;encontre des victimes et des parties civiles &raquo;<a href="#_ftn86" name="_ftnref86" title="">[86]</a>. Voici, comment le procureur g&eacute;n&eacute;ral exprimait son m&eacute;contentement, en s&rsquo;attaquant aux &laquo; pauvres &raquo; avocats commis d&rsquo;office : &laquo; (&hellip;) une d&eacute;fense service qui ob&eacute;it &agrave; la loi et aux humeurs&nbsp; du client, puisque Hiss&egrave;ne Habr&eacute; ne s&rsquo;est pas entendu avec ses avocats (&hellip;). Le comportement face &agrave; l&rsquo;administration de la justice et l&rsquo;attitude adopt&eacute;e lors du proc&egrave;s constituent une circonstance aggravante au sens de la jurisprudence des tribunaux internationaux &raquo;<a href="#_ftn87" name="_ftnref87" title="">[87]</a>. H&eacute;las, ses v&eacute;ritables avocats, avec qui ils &eacute;changeaient, n&rsquo;&eacute;taient pas pr&eacute;sents pour d&eacute;montrer des &eacute;l&eacute;ments de preuves, remettre en cause, comme l&rsquo;ont tent&eacute; les avocats commis d&rsquo;office, les auditions<a href="#_ftn88" name="_ftnref88" title="">[88]</a> et les t&eacute;moignages d&rsquo;experts, en v&eacute;rifiant les conditions d&rsquo;audition d&rsquo;un expert en droit s&eacute;n&eacute;galais (article 152 du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale)<a href="#_ftn89" name="_ftnref89" title="">[89]</a>.</p> <p>Peut-&ecirc;tre l&agrave; r&eacute;side, en plus de la responsabilit&eacute; p&eacute;nale par omission ou par abstention ou de la responsabilit&eacute; du sup&eacute;rieur hi&eacute;rarchique<a href="#_ftn90" name="_ftnref90" title="">[90]</a>, la mauvaise strat&eacute;gie qui annihile la d&eacute;fense des avocats qui ont &eacute;t&eacute; commis, chemin faisant, et qui ne disposaient pas suffisamment de temps pour examiner tout le dossier et faire entendre des t&eacute;moins &agrave; d&eacute;charge<a href="#_ftn91" name="_ftnref91" title="">[91]</a>. Ils ont soulev&eacute; d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;ment et tardivement l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute; de la juridiction.</p> <p>Bien &eacute;videmment, HH et ses avocats auraient pu parler. Cette strat&eacute;gie de la d&eacute;fense me semble malheureuse, et ne saurait freiner le d&eacute;terminisme d&rsquo;une justice engag&eacute;e &agrave; l&rsquo;encontre de toute personne, dont des indices de culpabilit&eacute; visent directement ou indirectement. Il aurait &eacute;t&eacute;, alors, d&rsquo;une bonne d&eacute;fense de parler, de s&rsquo;expliquer et de se d&eacute;fendre jusqu&rsquo;au bout, en d&eacute;montrant non des preuves contraires, mais sa personnalit&eacute;, sa bonne foi. Il aurait pu parler et opposer &agrave; Habr&eacute; sanguinaire pr&eacute;tendu, Habr&eacute; messie, qui a hypoth&eacute;qu&eacute; sa vie pour l&rsquo;Afrique centrale de la &laquo; griffe &raquo; arabe. L&rsquo;histoire lui aurait donn&eacute; raison, puisque les territoires centrafricains frontaliers constituent des lieux strat&eacute;giques incontestables des terroristes qui s&rsquo;y replient r&eacute;guli&egrave;rement<a href="#_ftn92" name="_ftnref92" title="">[92]</a>.</p> <p>C&rsquo;est dommage ! HH allait s&rsquo;adresser &agrave; la jeune g&eacute;n&eacute;ration qui ignore les accords de Lagos, les vertus de l&rsquo;histoire et des archives. Et le pouvoir politique repose sur le mythe. Cela est d&rsquo;autant plus vrai que la raison d&rsquo;Etat emp&ecirc;che les grandes puissances, t&eacute;moins de l&rsquo;histoire, de se manifester. C&rsquo;est regrettable, car le v&eacute;ritable juge de l&rsquo;humanit&eacute;, ce n&rsquo;est pas la Chambre extraordinaire, mais c&rsquo;est le peuple qui regarde, qui &eacute;coute et qui interpr&egrave;te. Bien entendu, sa parole, son corps, ses gestes, son regard auraient forc&eacute;ment eu un effet retentissant dans l&rsquo;intime conviction des juges<a href="#_ftn93" name="_ftnref93" title="">[93]</a>. Car, l&rsquo;intervention de l&rsquo;avocat, advocatus, appel&eacute; &agrave; l&rsquo;aide, n&rsquo;a de sens, en mati&egrave;re p&eacute;nale, que lorsque la personne poursuivie est pr&eacute;sente et parle au Tribunal. D&rsquo;o&ugrave; la diff&eacute;rence entre l&rsquo;assistance et la repr&eacute;sentation.</p> <p>Peut-&ecirc;tre, &agrave; la question du pr&eacute;sident, avez-vous un dernier mot &agrave; ajouter, il aurait pu r&eacute;torquer, je me livre si ma simple qualit&eacute; de chef d&rsquo;Etat, pendant que mon pays &eacute;tait condamn&eacute; &agrave; subir la guerre, envenim&eacute;e par des rebelles et criminels qui s&rsquo;acharneraient m&ecirc;me sur des populations civiles, suffit pour me retenir dans le champ d&rsquo;application de la loi p&eacute;nale internationale. Loin de moi de justifier la violation grave des droits de l&rsquo;homme avec l&rsquo;&eacute;tat de guerre ou l&rsquo;instabilit&eacute; politique d&rsquo;un pays, &agrave; qui j&rsquo;ai donn&eacute; ma vie pour le soustraire d&rsquo;une domination arabe et lui offrir la paix et la croissance<a href="#_ftn94" name="_ftnref94" title="">[94]</a>.</p> <p>&nbsp;</p> <h2 style="text-align: center;">*</h2> <p style="text-align: center;">* *</p> <p>&nbsp;</p> <p>En conclusion, alors qu&rsquo;un juge assesseur de la chambre indiquait que la Chambre va rendre, non une d&eacute;cision, mais la justice attendue<a href="#_ftn95" name="_ftnref95" title="">[95]</a>, l&rsquo;affaire Hiss&egrave;ne Habr&eacute; ne peut constituer que relativement une justice p&eacute;nale internationale exemplaire et de qualit&eacute;, dans la mesure o&ugrave; le temps de la justice est insuffisant<a href="#_ftn96" name="_ftnref96" title="">[96]</a> et que les conditions d&rsquo;un proc&egrave;s &eacute;quitable n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; convenablement r&eacute;unies. D&egrave;s lors, les CAE ne peuvent servir de mod&egrave;le en Afrique pour juger les Africains. En effet, la satisfaction du devoir de justice par les Chambres africaines extraordinaires ne saurait l&rsquo;&ecirc;tre en violation des droits de la d&eacute;fense<a href="#_ftn97" name="_ftnref97" title="">[97]</a>. Etant consid&eacute;r&eacute; qu&rsquo;il s&rsquo;impose de r&eacute;pondre, vaille que vaille, au besoin de justice des victimes, aux requ&ecirc;tes des ONG et associations de d&eacute;fense des droits de l&rsquo;homme, la jurisprudence Habr&eacute; se pr&eacute;sente sous le signe d&rsquo;une justice command&eacute;e, &laquo; taill&eacute;e sur mesure &raquo;. Elle g&ecirc;nait le monde, elle pourrissait la paix du monde.</p> <p>Nous voulons dire que les fautes graves doivent &ecirc;tre punies, n&eacute;anmoins il fallait cr&eacute;er davantage les conditions et les garanties d&rsquo;une justice assez compl&egrave;te, qui tienne compte des standards internationaux. Effectivement, il s&rsquo;impose d&rsquo;affermir le principe d&rsquo;une justice r&eacute;pressive internationale ferme, en tenant compte de l&rsquo;excellente question du philosophe Fran&ccedil;ois Julien : &laquo; la l&eacute;gitimit&eacute; universelle des Droits de l&rsquo;homme viendrait-elle seulement du fait&nbsp; que le mode de vie occidental, n&eacute; du d&eacute;veloppement &agrave; la fois de la science et du capitalisme, a fini par s&rsquo;imposer dans le reste du monde et qu&rsquo;il est donc n&eacute;cessaire &ndash; ou fatal &ndash; d&rsquo;adopter l&rsquo;id&eacute;ologie des rapports humains, &agrave; la fois sociaux et politiques, qui vont de pair avec ces transformations ? &raquo;<a href="#_ftn98" name="_ftnref98" title="">[98]</a>.</p> <p>Il faut dire qu&rsquo;on a voulu ce que Kherad Rahim, professeur de&nbsp; droit international, appelait le domaine vital de la reconstruction, qui fait que la justice doit permettre de r&eacute;concilier le peuple et l&rsquo;Etat, en mettant un frein &agrave; l&rsquo;impunit&eacute; et traduisant les coupables de violations des droits de l&rsquo;homme devant la justice<a href="#_ftn99" name="_ftnref99" title="">[99]</a>. Ce juriste internationaliste a eu raison d&rsquo;&eacute;crire que l&rsquo;Etat est un monstre froid qui n&rsquo;a pas d&rsquo;ami mais n&rsquo;a que des int&eacute;r&ecirc;ts<a href="#_ftn100" name="_ftnref100" title="">[100]</a>, cela est d&rsquo;autant plus vrai que l&rsquo;anthropologue et ethnologue Jean-Loup Amselle a pu dire que &laquo; l&rsquo;histoire de l&rsquo;humanit&eacute; n&rsquo;est faite que d&rsquo;&eacute;changes et de circulations de toutes sortes portant tant sur les biens mat&eacute;riels que sur les id&eacute;es, les replis n&rsquo;apparaissent que comme des crispations identitaires, non d&eacute;nu&eacute;es d&rsquo;arri&egrave;re-pens&eacute;es politiques &raquo;<a href="#_ftn101" name="_ftnref101" title="">[101]</a>.</p> <p>D&egrave;s lors, on peut confirmer le propos de l&rsquo;ancien procureur g&eacute;n&eacute;ral du Tribunal p&eacute;nal international de l&rsquo;ex-Yougoslavie : &laquo; S&rsquo;il est &eacute;tabli sur la base de preuves indirectes qu&rsquo;il y a eu des crimes de notori&eacute;t&eacute; publique ou commis &agrave; grande &eacute;chelle ou de mani&egrave;re syst&eacute;matique ou g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e, le commandant incrimin&eacute; tombe sous le coup de la pr&eacute;somption suivant laquelle, dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;une justice efficace. Ne peut &ecirc;tre facilement admise comme d&eacute;fense l&rsquo;absence d&rsquo;autorisation d&rsquo;encouragement, de connivence, d&rsquo;acquiescement ou de ratification a posteriori dans actes criminels &raquo;<a href="#_ftn102" name="_ftnref102" title="">[102]</a>.</p> <p>M&ecirc;me s&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;arracher une condamnation &agrave; n&rsquo;importe quel prix, il convient toutefois de reconna&icirc;tre que la justice p&eacute;nale internationale demeure une justice des plus forts, en l&rsquo;absence de grandes pr&eacute;cautions pour garantir les droits de l&rsquo;inculp&eacute; et justifier la sanction inflig&eacute;e<a href="#_ftn103" name="_ftnref103" title="">[103]</a>. Ceci ne peut &ecirc;tre une histoire de l&rsquo;Afrique dont parlait Patrick Lumbumba<a href="#_ftn104" name="_ftnref104" title="">[104]</a>.</p> <p>H&eacute;las, pour un syst&egrave;me perfectionn&eacute; de contr&ocirc;le juridictionnel<a href="#_ftn105" name="_ftnref105" title="">[105]</a>, nous attendons la Cour africaine de justice et des droits de l&rsquo;homme, avec la m&ecirc;me efficacit&eacute; que la Cour europ&eacute;enne de droits de l&rsquo;homme et rendre effective la subsidiarit&eacute; de la Cour p&eacute;nale internationale.</p> <p>Effectivement, &laquo; La justice est un besoin de tous, et de chaque instant ; comme elle doit commander le respect, elle doit inspirer la confiance &raquo;<a href="#_ftn106" name="_ftnref106" title="">[106]</a>. &laquo; Il n&rsquo;y a de pouvoir, qui agisse plus directement, plus habituellement sur les citoyens, que le pouvoir judiciaire. Les d&eacute;positaires de ce pouvoir sont ceux sur le choix desquels la nation a le plus grand int&eacute;r&ecirc;t &agrave; veiller &raquo;. &laquo; Pour leurs sentences, les juges ont la mission de r&eacute;tablir l&rsquo;ordre. Une justice faite &agrave; un seul est une menace faite &agrave; tous &raquo;.</p> <p>Face &agrave; l&rsquo;incapacit&eacute; de la communaut&eacute; internationale &agrave; faire cesser et &agrave; punir les violations massives des droits de l&rsquo;homme<a href="#_ftn107" name="_ftnref107" title="">[107]</a>, nous plaidons, en remerciant les initiateurs du projet de recherche Habr&eacute;<a href="#_ftn108" name="_ftnref108" title="">[108]</a>, pour une bonne juridiction p&eacute;nale internationale permanente &agrave; l&rsquo;africaine, dot&eacute;e d&rsquo;un r&egrave;glement sp&eacute;cifique de proc&eacute;dure pouvant garantir l&rsquo;effectivit&eacute; des droits de la d&eacute;fense, en particulier le respect strict de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence, du principe du contradictoire et de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes.</p> <p>Si l&rsquo;on veut reconstituer la justice p&eacute;nale dans ses difficult&eacute;s, les chambres africaines extraordinaires &eacute;tant de plein droit dissoutes<a href="#_ftn109" name="_ftnref109" title="">[109]</a>, et que les crimes contre l&rsquo;humanit&eacute; sont imprescriptibles, y aura-t-il proc&egrave;s &agrave; la fin du pouvoir Deby ?</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>&nbsp;</p> <h3>I. Ouvrages, articles et notes</h3> <p>-AMSELLE (J.-L.), &laquo; L&rsquo;Afrique peut-elle &ecirc;tre&nbsp; &lsquo;d&eacute;croch&eacute;e&rsquo;&nbsp; de&nbsp; l&rsquo;occident ? &raquo;, in : Diversit&eacute; culturelle et universalit&eacute; des droits de l&rsquo;homme, &eacute;ditions C&eacute;cile Defaut, 2010, p. 79.</p> <p>-ASCENSIO (V.), Decaux (H.), Pellet (E.), Droit international p&eacute;nal, CEDIN Paris X, &Eacute;d. Pedone, 2000.</p> <p>-BOUARE (M.-M.), L&#39;affaire H. Habr&eacute; et l&#39;affaire du Joola : une justice p&eacute;nale controvers&eacute;e ?, L&#39;Harmattan, Paris, 2011.</p> <p>-CLEMENT (S.), Les droits de la d&eacute;fense dans le proc&egrave;s p&eacute;nal : du principe du contradictoire &agrave; l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes, th&egrave;se de doctorat, Facult&eacute; de Droit et des Sciences Sociales de Nantes, 3 d&eacute;cembre 2007.</p> <p>-D&rsquo;ARGENT (P.), &laquo; L&rsquo;exp&eacute;rience belge de comp&eacute;tence universelle : beaucoup de bruit pour rien &raquo;, in : Revue g&eacute;n&eacute;rale de droit international public, 2004, p. 53.</p> <p>-DECHENAUD, L&rsquo;&eacute;galit&eacute; en droit p&eacute;nal, in : Collection Th&egrave;se, http://www.lgdj.fr/popup_sommaire.php?_Ouvrage=225125 (visit&eacute; le 5 f&eacute;vrier 2018).</p> <p>-FABREGUETTES (M. P.), La logique judiciaire et l&rsquo;art de juger, LGDJ, Paris, 2e &eacute;dition.</p> <p>-FOUR&Ccedil;ANS (C.), &laquo; Les droits de la d&eacute;fense devant la Cour p&eacute;nale internationale &raquo;, Revue des droits de l&rsquo;homme, n&deg; 3, juin 2013.</p> <p>-GIRAUDAN (B.), Les d&eacute;ontologies des professionnels du droit : quel avenir, Actes du colloque des instituts d&rsquo;&eacute;tudes judiciaires, Lamy, 2010.</p> <p>-GNAMA BACYE (H.), La libert&eacute; d&rsquo;association et la promotion, la protection et la d&eacute;fense des droits de l&rsquo;homme en Afrique : exemple du Burkina Faso, de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, du Mali et du S&eacute;n&eacute;gal, th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; de Perpignan, 1996.</p> <p>-GRECIANO (Ph.), Justice p&eacute;nale internationale. Les nouveaux enjeux de Nuremberg &agrave; la Haye, Mare et Martin, ao&ucirc;t 2016.</p> <p>-HAMON (F.), &laquo; L&rsquo;Etat de droit et le principe de l&rsquo;opportunit&eacute; des poursuites &raquo;, Le D&eacute;bat, 2017/4, n&deg; 196, p. 107-113.</p> </div> <p>-JULLIEN (F.), &laquo; Quel absolu pour les droits de l&rsquo;homme ? &raquo; in : Diversit&eacute; culturelle et universalit&eacute; des droits de l&rsquo;homme, &eacute;ditions C&eacute;cile Defaut, 2010, p. 93.</p> <p>-KHERAD (R.), &laquo; La protection internationale des droits de l&rsquo;homme. Regard d&rsquo;un juriste &raquo;, in : Diversit&eacute; culturelle et universalit&eacute; des droits de l&rsquo;homme, &eacute;ditions C&eacute;cile Defaut, 2010, p. 55.</p> <p>-LOCHAK (D.), Le droit et les paradoxes de l&rsquo;universalit&eacute;, PUF, Les voies du droit.</p> <p>-MAIA (C.), J.-F. AKANDJI-KOMBE, J.-B. HARELIMANA (dir.),</p> <p>L&rsquo;apport de l&rsquo;Afrique &agrave; la justice international p&eacute;nale, L&rsquo;Harmattan, 2018.</p> <p>-MALABAT (V.), Droit p&eacute;nal sp&eacute;cial, Dalloz, 5e &eacute;d. 2011.</p> <p>-M&rsquo;BAYE (K.), Les droits de l&rsquo;homme en Afrique, Paris, Ed. A. Pedone, 1992.</p> <p>-NDIAYE (N.), Le Statut cr&eacute;ant la CPI et ses d&eacute;fis de mise en &oelig;uvre, th&egrave;se soutenue le 17 d&eacute;cembre 2016 &agrave; l&#39;UFR sciences juridiques et politiques de l&rsquo;Universit&eacute; Garton Berger de Saint-Louis.</p> <p>-NDJEGUENE (I.), Le S&eacute;n&eacute;gal &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de la justice p&eacute;nale internationale, in : https://blogs.mediapart.fr/ (2 ao&ucirc;t 2015).</p> <p>-PEYREFITTE (P.), Les chevaux du Lac Ladoga. La Justice entre les extr&ecirc;mes, Plon, Paris, 1991.</p> <p>-ROLAND (A.) et DELLA (M. G.), &laquo; La notion de proc&egrave;s &eacute;quitable devant les tribunaux p&eacute;naux internationaux &raquo; in : Proc&egrave;s &eacute;quitable et enchev&ecirc;trement des espaces normatifs, Fabriz H&eacute;l&egrave;ne Ruiz, Paris, soci&eacute;t&eacute; de L&eacute;gislation compar&eacute;e de Paris, 2002.</p> <p>-SALL (A.), L&#39;affaire Hiss&egrave;ne Habr&eacute; : aspects judiciaires nationaux et internationaux, L&#39;Harmattan, Paris, 2013</p> <p>-SALL (A.), Le combat des victimes pour traduire leur dictateur en justice,</p> <p>ECCHR, Brot f&uuml;r die Welt, 2017</p> <p>-SALL (A.), &laquo; A contre-courant : observations critiques sur l&rsquo;exemplarit&eacute; du proc&egrave;s Habr&eacute; devant les Chambres africaines extraordinaires &raquo;, M&eacute;langes en l&rsquo;honneur du professeur Demba Sy, sous presse</p> <p>&nbsp;</p> <h3>2. L&eacute;gislation, documents officiels et d&eacute;cisions de justice</h3> <p>-D&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme et du citoyen de 1948</p> <p>-Pacte relatif aux droits civils et politiques de 1966</p> <p>-Charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples de 1981</p> <p>-Statut de Rome portant Cour p&eacute;nale internationale</p> <p>-Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale du S&eacute;n&eacute;gal</p> <p>-Statuts des chambres africaines extraordinaires</p> <p>-Loi 2016-30 du 8 novembre 2016 portant cr&eacute;ation des chambres criminelles au S&eacute;n&eacute;gal</p> <p>-Accord entre le gouvernement de la R&eacute;publique du S&eacute;n&eacute;gal et l&rsquo;Union africaine pour la cr&eacute;ation de Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions s&eacute;n&eacute;galaises, 22 ao&ucirc;t 2012.</p> <p>-Accord de coop&eacute;ration judiciaire entre la R&eacute;publique du S&eacute;n&eacute;gal et la R&eacute;publique du Tchad pour la poursuite des crimes internationaux commis au Tchad durant la p&eacute;riode du 7 juin 1982 au 1er d&eacute;cembre 1990, 3 mai 2013.</p> <p>-D&eacute;cision relative aux t&eacute;moins experts de la d&eacute;fense, Articles 54, 73, 89 et 94 bis du R&egrave;glement de proc&eacute;dure et de preuve, 11 novembre 2003 (&laquo; D&eacute;cision Gacumbitsi du 11 novembre 2003 &raquo;) : Procureur g&eacute;n&eacute;ral c. Sylvestre Gacumbitsi, affaire n˚ICTR-2001-64-T.</p> <p>-D&eacute;cision sur le proc&egrave;s Hiss&egrave;ne Habr&eacute; et l&rsquo;Union africaine, Doc. ASSEMBLY/AU/3 (VII), 2 juillet 2006</p> <p>-Arr&ecirc;t n&deg; ECW/CCJ/JUD/06/10, 18 novembre 2010 : Hiss&egrave;ne Habr&eacute; c. R&eacute;publique du S&eacute;n&eacute;gal.</p> <p>-Jugement 30 mai 2016 : Minist&egrave;re public c.Hiss&egrave;ne Habr&eacute;.</p> <p>-Arr&ecirc;t 27 avril 2017 : Minist&egrave;re public c.Hiss&egrave;ne Habr&eacute;.</p> <p>&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr size="1" /> <div id="ftn1"> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Soleil du lundi 27 septembre 1993 enqu&ecirc;te sur le Barreau.</p> </div> <div id="ftn2"> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a>Interview de Bakary TRAORE, directeur de l&rsquo;Institut des droits de l&rsquo;homme et de la paix accord&eacute; &agrave; la Radiodiffusion-t&eacute;l&eacute;vision du S&eacute;n&eacute;gal (R.T.S. le 25 mai 1990), cit&eacute; par K&eacute;ba M&rsquo;BAYE, Les droits de l&rsquo;homme en Afrique, Paris, Ed. A. Pedone, 1992, p. 63. Pour une d&eacute;finition plus d&eacute;taill&eacute;e et probl&eacute;matique des droits de la d&eacute;fense, lire la th&egrave;se de St&eacute;phane CLEMENT, Les droits de la d&eacute;fense dans le proc&egrave;s p&eacute;nal : Du principe du contradictoire &agrave; l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes, th&egrave;se soutenue &agrave; la Facult&eacute; de droit et sciences politiques de Nantes, le 3 d&eacute;cembre 2007. Voir &eacute;galement Herv&eacute; ASCENSIO, Emmanuel DECAUX et Alain PELLET (dir.). Droit international p&eacute;nal. CEDIN Paris X, &Eacute;d. Pedone, 2000, sp&eacute;c. chap. 64 et 65, p. 785-805.&nbsp; A propos des droits de l&rsquo;homme en Afrique subsaharienne, lire H. Gnama BACYE, La libert&eacute; d&rsquo;association et la promotion, la protection et la d&eacute;fense des droits de l&rsquo;homme en Afrique : exemple du Burkina Faso, de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, du Mali et du S&eacute;n&eacute;gal, th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; de Perpignan, 1996.</p> </div> <div id="ftn3"> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a>Il convient de noter que nous nous situons dans une posture de militant des droits de l&rsquo;homme, donc que les sp&eacute;cialistes du droit international ou de la justice p&eacute;nale internationale nous pardonnent.</p> </div> <div id="ftn4"> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a>Bien s&ucirc;r, l&rsquo;Afrique face &agrave; son destin, comme l&rsquo;a bien dit, Ma&icirc;tre Assane Dioma NDIAYE, avocat des parties civiles, plaidoirie du 9 f&eacute;vrier 2016 : &laquo; Les crimes commis ne peuvent &ecirc;tre en aucun moment tol&eacute;r&eacute;s &raquo;. Dans sa plaidoirie, il avait &eacute;voqu&eacute; la mort du S&eacute;n&eacute;galais, Demba Gaye d&rsquo;une dysenterie amibienne (cote D2032 66).</p> </div> <div id="ftn5"> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a>Cr&eacute;&eacute;es le 8 f&eacute;vrier 2013 sur la base d&rsquo;un accord sign&eacute; entre le S&eacute;n&eacute;gal et l&rsquo;Union africaine le 22 ao&ucirc;t 2012 pour juger les principaux responsables des crimes internationaux commis au Tchad entre le 7 juin 1982 et le 1er d&eacute;cembre 1990.</p> </div> <div id="ftn6"> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a>Alain PEYREFITTE, Les chevaux du Lac Ladoga. La Justice entre les extr&ecirc;mes, Plon, Paris, 1991, p. 396.</p> </div> <div id="ftn7"> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title="">[7]</a>Droits affirm&eacute;s avec fermet&eacute; par des instruments internationaux des droits de l&rsquo;homme, la d&eacute;claration universelle des droits de l&rsquo;homme (article 8), le pacte international relatif aux droits civils et politiques (articles 5 &sect; 2 et 14), le statut de Rome de la Cour p&eacute;nale internationale de 1998 (articles 55 et 67), la charte africaine des droits de l&rsquo;homme et des peuples (article 7). Les droits de la d&eacute;fense ont &eacute;t&eacute; &eacute;galement reconnus par la jurisprudence internationale : T.P.I.Y., Ch. II du 25 septembre 1996, Aff. Z. Deadic et al., IT-96-21-T. ; T.P.I.Y., du 29 mai 1996, Aff. Erdemovic, IT-96-22- I.</p> </div> <div id="ftn8"> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title="">[8]</a>Benjamin FERENCZ, ancien procureur g&eacute;n&eacute;ral au Tribunal de Nuremberg.</p> </div> <div id="ftn9"> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title="">[9]</a>Articles 6, 7 et 8 du statut des Chambres africaines extraordinaires. La chambre d&rsquo;instruction n&rsquo;a pas retenu le viol, l&rsquo;esclavage sexuel ou la prostitution forc&eacute;e. Ma&icirc;tre George Henri BAUTIER, avocat belge des parties civiles, regrette que des faits aussi effrayants de par leur caract&egrave;re sexuel n&rsquo;apparaissent pas, alors que l&rsquo;article 329 du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galais pr&eacute;voit la possibilit&eacute; de requalifier les faits contenus dans l&rsquo;ordonnance de renvoi, &agrave; condition qu&rsquo;on ne change pas les faits. Le viol n&rsquo;est pas vis&eacute; par l&rsquo;article 7, cependant on peut reprendre les actes de torture et les traitements inhumains, et par l&rsquo;article 7.2, les atteintes &agrave; la dignit&eacute;, quand bien m&ecirc;me il n&rsquo;est pas fait mention du crime de guerre comme crime de viol, comme relevant du droit international coutumier, et &agrave; l&rsquo;instar du Code &laquo; Lieber &raquo; du pr&eacute;sident Lincoln en avril 1863. Ma&icirc;tre Bautier conclut &agrave; la constitution du crime contre l&rsquo;humanit&eacute;, crime de torture, &agrave; travers le viol. Or, la torture n&rsquo;est jamais justifiable, si bien qu&rsquo;aux termes de l&rsquo;article 8 des statuts, &laquo; (&hellip;) aucune circonstance exceptionnelle quelle qu&rsquo;elle soit, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de l&rsquo;&eacute;tat de guerre ou de menace de guerre, d&rsquo;instabilit&eacute; politique int&eacute;rieure ou de tout autre &eacute;tat d&rsquo;exception, ne peut &ecirc;tre invoqu&eacute;e pour justifier la torture &raquo;.</p> </div> <div id="ftn10"> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title="">[10]</a>Dans sa belle th&egrave;se de doctorat relative aux Droits de la d&eacute;fense dans le proc&egrave;s p&eacute;nal : du principe du contradictoire &agrave; l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes, soutenue le 3 d&eacute;cembre 2007 &agrave; la Facult&eacute; de droit et des sciences sociales de Nantes, 3 d&eacute;cembre 2007, St&eacute;phane CLEMENT commen&ccedil;ait par poser une question d&eacute;licate (p. 9) : la d&eacute;fense a-t-elle, en pratique, la place que lui donne la proc&eacute;dure ? Cette question d&eacute;coule de l&rsquo;audition de J.-L. NADAL, procureur g&eacute;n&eacute;ral pr&egrave;s la Cour de cassation, le 11 avril 2006. In : Rapport de&nbsp; l&rsquo;Assembl&eacute;e nationale n&deg; 3125 par P. HOUILLON du 6 juin 2006 au nom de&nbsp; la commission d&rsquo;enqu&ecirc;te charg&eacute;e de rechercher les causes des dysfonctionnements de la justice dans l&rsquo;affaire dite d&rsquo;Outreau et de formuler des propositions pour &eacute;viter leur renouvellement, t. 2, p. 1629.</p> </div> <div id="ftn11"> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title="">[11]</a> Hiss&egrave;ne Habr&eacute; a &eacute;t&eacute; condamn&eacute; &agrave; la perp&eacute;tuit&eacute; pour crimes de guerre, crimes contre l&rsquo;humanit&eacute; et torture. Cette condamnation a &eacute;t&eacute; confirm&eacute;e par la chambre extraordinaire d&rsquo;appel le 27 avril 2017.</p> </div> <div id="ftn12"> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title="">[12]</a>On y retrouve les questions soulev&eacute;es par St&eacute;phane CLEMENT dans sa th&egrave;se, op. cit., p. 11 : pour quelle(s) raison(s) les droits de la d&eacute;fense entretiennent-ils des liens si particuliers avec les principes du contradictoire et de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes ? Quelle est la nature de leurs relations ? Comment les droits de la d&eacute;fense interagissent avec les principes du contradictoire et de l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes au sein du proc&egrave;s p&eacute;nal ?</p> </div> <div id="ftn13"> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title="">[13]</a>Maitre Lambi SOULGAN a permis de situer les Zaghawa (au nord-est &agrave; la fronti&egrave;re avec le Soudan, dans la r&eacute;gion de D&eacute;n&eacute;di) et les Hadj&eacute;rais (une communaut&eacute; vivant aux pieds des montagnes, au centre est du Tchad, dans la r&eacute;gion du Gu&eacute;ra).</p> </div> <div id="ftn14"> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title="">[14]</a>D&rsquo;o&ugrave; la question de l&rsquo;imputabilit&eacute;.&nbsp; &laquo; Bokouma si mo gueune dou mane&nbsp; rek &raquo;, un proverbe wolof, qui veut dire textuellement : &laquo; Vaux mieux ne pas en faire partie que de dire que je n&rsquo;&eacute;tais pas seul &raquo;, cit&eacute; par Yar&eacute; FALL, un&nbsp; des avocats des parties civiles, avocat du barreau du S&eacute;n&eacute;gal, pour traduire la responsabilit&eacute; p&eacute;nale individuelle, en m&ecirc;me temps que la responsabilit&eacute; du sup&eacute;rieur hi&eacute;rarchique. De m&ecirc;me, Maitre Philippe HOUSSINE, avocat des parties civiles, &eacute;galement, qui d&eacute;finissait les crimes de torture, a pu d&eacute;velopper le principe de responsabilit&eacute; p&eacute;nale par omission ou par abstention.</p> </div> <div id="ftn15"> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title="">[15]</a>Cr&eacute;&eacute;e par d&eacute;cret n&deg; 005/PR du 26 janvier 1983.</p> </div> <div id="ftn16"> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title="">[16]</a>Voir pour le paradoxe&nbsp; de&nbsp; l&rsquo;opportunit&eacute; des poursuites,&nbsp; Francis&nbsp; &nbsp;HAMON, &laquo; L&rsquo;Etat de droit et le principe de l&rsquo;opportunit&eacute; des poursuites &raquo;, Le D&eacute;bat 2017/4 (n&deg; 196), septembre-octobre 2017, p. 108.</p> </div> <div id="ftn17"> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title="">[17]</a>Ex-Yougoslavie, Rwanda, Sierra L&eacute;one. Pour plus de d&eacute;tail sur les crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;, crimes sous-jacent commis, attaques syst&eacute;matiques g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;es contre des populations civiles, l&rsquo;homicide volontaire, l&rsquo;enl&egrave;vement massif de personnes, atrocit&eacute;s, d&eacute;tentions arbitraires, notamment, cf. les plaidoiries de Maitres Fatoumata SALL et Kamn&eacute;loune Delphine DJIRAIBE, avocats des parties civiles. Maitre Sall a, en m&ecirc;me temps, d&eacute;velopp&eacute; le principe de la responsabilit&eacute; individuelle, consacr&eacute; par l&rsquo;article 10 du statut des chambres africaines. Ce fut le tour de Ma&icirc;tre Jacqueline NOUDEINA de marteler que la cruaut&eacute; humaine ne doit pas demeurer impunie, en rappelant la pens&eacute;e de Louis JOUANET : &laquo; L&rsquo;impunit&eacute; est &agrave; la fois source et cons&eacute;quence du silence et de l&rsquo;oubli. Elle bafoue certains droits et devoirs &eacute;l&eacute;mentaires qui devraient &ecirc;tre garantis&nbsp; pour chacun. Le droit &agrave; la v&eacute;rit&eacute; et de voir de v&eacute;rit&eacute;. Droit &agrave; la justice et devoir de justice &raquo;. Ma&icirc;tre Djiraibe pour d&eacute;finir la torture, s&rsquo;appuie sur la&nbsp; d&eacute;claration du docteur H&eacute;l&egrave;ne JAFFET, pr&eacute;sidente de l&rsquo;Association des victimes de r&eacute;pression en exils en France, &agrave; savoir &laquo; La torture est le surnom de la cruaut&eacute;, elle s&rsquo;applique &agrave; l&rsquo;essence m&ecirc;me de l&rsquo;individu qui n&rsquo;en gu&eacute;rit jamais, on ne gu&eacute;rit jamais de la torture. La torture, torture longtemps parce qu&rsquo;il y a des s&eacute;quelles, la torture, torture longtemps parce qu&rsquo;elle est pr&eacute;sente dans la t&ecirc;te &raquo;.</p> </div> <div id="ftn18"> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title="">[18]</a>Le proc&egrave;s a dur&eacute; 10 mois. Ce d&eacute;lai est-il raisonnable, en suivant la jurisprudence de la Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme CEDH, arr&ecirc;t Tomasi du 27 ao&ucirc;t 1992, et jaugeant le temps de l&rsquo;instruction, le temps du proc&egrave;s en premi&egrave;re instance comme en appel ?</p> </div> <div id="ftn19"> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" title="">[19]</a>Bien entendu, il faut tenir compte de la longue d&eacute;tention.</p> </div> <div id="ftn20"> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" title="">[20]</a>Les Chambres africaines extraordinaires, in : Justice p&eacute;nale internationale. Les nouveaux enjeux de Nuremberg &agrave; la Haye, M&eacute;langes sous la direction de Philippe GRECIANO, &eacute;ditions Mare et Martin, ao&ucirc;t 2016, p. 108 &agrave; 131.</p> </div> <div id="ftn21"> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" title="">[21]</a>Article 388 du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galais.</p> </div> <div id="ftn22"> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" title="">[22]</a>L&rsquo;expression est du professeur &eacute;m&eacute;rite de l&rsquo;Universit&eacute; de Paris Ouest- Nanterre La D&eacute;fense Dani&egrave;le LOCHAK : Le droit et les paradoxes de l&rsquo;universalit&eacute;, puf, Les voies du droit, p. 230 : qui pr&eacute;cise pour d&eacute;finir la communaut&eacute; internationale &laquo; une identit&eacute; d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts, de droits et de devoirs entre les diff&eacute;rents peuples qui composent la famille des nations &raquo;.</p> </div> <div id="ftn23"> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" title="">[23]</a>Nous magnifions cette remarque pertinente de l&rsquo;auteur, in Philippe GRECIANO, Justice p&eacute;nale internationale. Les nouveaux enjeux de Nuremberg &agrave; la Haye, Mare et Martin, ao&ucirc;t 2016, p. 119. Il rapporte que le procureur g&eacute;n&eacute;ral est venu au Tchad pour dire qu&rsquo;il est venu enqu&ecirc;ter &agrave; charge.</p> </div> <div id="ftn24"> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" title="">[24]</a>P. GRECIANO, op. cit., p. 112 et 113. Le ministre Sidiki Kaba a trait&eacute; HH de &laquo; bourreau &raquo; (P. GRECIANO, op. cit., p. 122).</p> </div> <div id="ftn25"> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title="">[25]</a>Egalement le principe de la pr&eacute;somption d&rsquo;innocence a &eacute;t&eacute; pos&eacute; par la charte africaine&nbsp; des droits de&nbsp; l&rsquo;homme&nbsp; et des peuples dans son article&nbsp; 7.1 &nbsp;:</p> <p>&laquo; Toute personne a droit &agrave; ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend :</p> <p>a. le droit de saisir les juridictions nationales comp&eacute;tentes de tout acte violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus et garantis par les conventions, les lois,&nbsp; r&egrave;glements et&nbsp; coutumes en&nbsp; vigueur ;&nbsp; b. le&nbsp; droit&nbsp; &agrave;&nbsp; la&nbsp; &nbsp;pr&eacute;somption d&#39;innocence, jusqu&#39;&agrave; ce que sa culpabilit&eacute; soit &eacute;tablie par une juridiction comp&eacute;tente ; c. le droit &agrave; la d&eacute;fense, y compris celui de se faire assister par un d&eacute;fenseur de son choix ; d. le droit d&#39;&ecirc;tre jug&eacute; dans un d&eacute;lai raisonnable par une juridiction impartiale &raquo;.</p> </div> <div id="ftn26"> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" title="">[26]</a>Ma&icirc;tre Yar&eacute; FALL, avocat des parties civiles a rappel&eacute; qu&rsquo;une personne n&rsquo;est d&eacute;clar&eacute;e coupable qu&rsquo;&agrave; la suite d&rsquo;une d&eacute;cision de justice, une d&eacute;cision de justice &agrave; laquelle il a particip&eacute; en se d&eacute;fendant. Seulement il a particip&eacute; contre sa volont&eacute; (audience de plaidoirie du 08 f&eacute;vrier 2015).</p> </div> <div id="ftn27"> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" title="">[27]</a>Dirig&eacute;e par Younous SALEH, Cote D376.AA.</p> </div> <div id="ftn28"> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" title="">[28]</a>Ph. GRECIANO, Justice p&eacute;nale internationale. Les nouveaux enjeux de Nuremberg &agrave; la Haye, Mare et Martin, ao&ucirc;t 2016, op. cit., p. 111 et 124.</p> </div> <div id="ftn29"> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" title="">[29]</a>En violation des articles 249, 281 et 290 du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale du S&eacute;n&eacute;gal, si l&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re &agrave; l&rsquo;&eacute;tude propos&eacute;e par Philippe GRECIANO, op. cit., p. 125. Et qui d&eacute;nonce une presse sous contr&ocirc;le, une presse choisie pour livrer la version de l&rsquo;accusation, op. cit., p. 130.</p> </div> <div id="ftn30"> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" title="">[30]</a>La commission nationale a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e le 29 d&eacute;cembre 1990 par Idriss Deby, qui venait d&rsquo;arriver au pouvoir.</p> </div> <div id="ftn31"> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31" title="">[31]</a>Dont la soi-disant exclusion de l&rsquo;appareil d&rsquo;Etat en 1988 ne saurait servir d&rsquo;&eacute;chappatoire.</p> </div> <div id="ftn32"> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32" title="">[32]</a>Dans le m&ecirc;me sens, Philipe GRECIANO, op. cit., p. 128 : la convocation d&rsquo;Idriss Deby pour pallier le caract&egrave;re incomplet de l&rsquo;instruction.</p> </div> <div id="ftn33"> <p><a href="#_ftnref33" name="_ftn33" title="">[33]</a>Contestation de la l&eacute;gitim&eacute; du Tribunal p&eacute;nal international pour la Yougoslavie.</p> </div> <div id="ftn34"> <p><a href="#_ftnref34" name="_ftn34" title="">[34]</a>Pour le procureur Youssoupha DIALLO il n&rsquo;y a pas de d&eacute;bat, car ce n&rsquo;est pas en se retranchant derri&egrave;re une quelconque ill&eacute;galit&eacute; des chambres africaines, que l&rsquo;accus&eacute; pourrait se soustraire de sa responsabilit&eacute; p&eacute;nale. Ainsi, il s&rsquo;appuie sur un beau proverbe toubou : &laquo; On ne peut pas se cacher sur un chameau et on ne peut pas perdre des traces de pas sur le sable &raquo;.</p> </div> <div id="ftn35"> <p><a href="#_ftnref35" name="_ftn35" title="">[35]</a>Gberdao Gustave KAM du Burkina Faso, ancien juge du Tribunal p&eacute;nal international pour le Rwanda (TPIR).</p> </div> <div id="ftn36"> <p><a href="#_ftnref36" name="_ftn36" title="">[36]</a>Maitre Yar&eacute; FALL, op. cit.</p> </div> <div id="ftn37"> <p><a href="#_ftnref37" name="_ftn37" title="">[37]</a>C&rsquo;est le cas dans l&rsquo;affaire Karim Meissa Wade lorsque la Cour supr&ecirc;me du S&eacute;n&eacute;gal consid&egrave;re les arguments de violation comme &eacute;tant s&eacute;rieux et sursoit &agrave; statuer, en interrogeant le Conseil constitutionnel, qui ne comprend pas cette interpellation, en d&eacute;cidant du caract&egrave;re l&eacute;gal de la Cour de r&eacute;pression d&rsquo;enrichissement illicite de 1981.</p> </div> <div id="ftn38"> <p><a href="#_ftnref38" name="_ftn38" title="">[38]</a>C&rsquo;est le cas dans l&rsquo;affaire Karim Meissa Wade lorsque la Cour supr&ecirc;me du S&eacute;n&eacute;gal consid&egrave;re les arguments de violation comme &eacute;tant s&eacute;rieux et sursoit &agrave; statuer, en interrogeant le Conseil constitutionnel, qui ne comprend pas cette interpellation, en d&eacute;cidant du caract&egrave;re l&eacute;gal de la Cour de r&eacute;pression d&rsquo;enrichissement illicite de 1981.</p> </div> <div id="ftn39"> <p><a href="#_ftnref39" name="_ftn39" title="">[39]</a>Plut&ocirc;t qu&rsquo;internationales, mart&egrave;le Ma&icirc;tre Jacqueline MOUDEINA, avocat des parties civiles.</p> </div> <div id="ftn40"> <p><a href="#_ftnref40" name="_ftn40" title="">[40]</a>Cette d&eacute;finition de la comp&eacute;tence universelle est propos&eacute;e par Val&eacute;rie MALABAT, Droit p&eacute;nal sp&eacute;cial, Dalloz, 5e &eacute;d. 2011, p. 23.</p> </div> <div id="ftn41"> <p><a href="#_ftnref41" name="_ftn41" title="">[41]</a>Pierre D&rsquo;ARGENT, &laquo; L&rsquo;exp&eacute;rience belge de comp&eacute;tence universelle : beaucoup de bruit pour rien &raquo;, in Revue g&eacute;n&eacute;rale de droit international public, 2004, p. 53.</p> </div> <div id="ftn42"> <p><a href="#_ftnref42" name="_ftn42" title="">[42]</a>Philippe HOUSSINE, avocat des parties civiles, expliquait les crimes de torture, les crimes contre l&rsquo;humanit&eacute;, l&rsquo;homicide volontaire, l&rsquo;enl&egrave;vement massif de personne, suivi de disparition, la torture, le viol et l&rsquo;esclavage sexuel ont &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute;s &eacute;galement par Ma&icirc;tre Fatimata SALL. Dani&egrave;le LOCHAK rappelle dans son &eacute;tude (D. LOCHAK, Le droit et les paradoxes de l&rsquo;universalit&eacute;, PUF, Les voies du droit, p. 194) que l&rsquo;interdiction de la torture rend compte de l&rsquo;id&eacute;e que celle-ci est d&eacute;sormais l&rsquo;une des normes les plus fondamentales de la communaut&eacute; internationale, et cite l&rsquo;arr&ecirc;t Procureur c/ Furundzija du 10 d&eacute;cembre 1998, la Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme dans l&rsquo;arr&ecirc;t Al-Adsani c/ Royaume-Uni du 21 novembre 2001, la Cour interam&eacute;ricaine des droits de l&rsquo;homme dans un arr&ecirc;t Coiburu c/ Paraguay du 22 septembre 2006, la Chambre des Lords dans l&rsquo;affaire Pinochet en 1999. Il a &eacute;galement rappel&eacute; la position du Tribunal p&eacute;nal international pour l&rsquo;ex- Yougoslavie, qui en 1998, a consacr&eacute; la valeur de jus cogens.</p> </div> <div id="ftn43"> <p><a href="#_ftnref43" name="_ftn43" title="">[43]</a>J.-L. NADAL, procureur g&eacute;n&eacute;ral pr&egrave;s la Cour de cassation, le 11 avril 2006. in Rapport de l&rsquo;Assembl&eacute;e nationale n&deg; 3125, cit&eacute; par St&eacute;phane CLEMENT, op. cit., p. 9.</p> </div> <div id="ftn44"> <p><a href="#_ftnref44" name="_ftn44" title="">[44]</a>St&eacute;phane CLEMENT, op. cit., p. 11.</p> </div> <div id="ftn45"> <p><a href="#_ftnref45" name="_ftn45" title="">[45]</a>CEDH du 10 novembre 1969, Aff. Matznetter c/Autriche, S&eacute;rie A, n&deg;10, &sect; 13&nbsp; ;&nbsp; CEDH&nbsp; du&nbsp; 17&nbsp; janvier&nbsp; 1970,&nbsp; Aff.&nbsp; Delcourt&nbsp; c/Belgique,&nbsp; S&eacute;rie&nbsp; A,&nbsp; n&deg; 11, &sect; 18-19 et 28 ; CEDH du 8 juin 1976, Aff. Engel et autres c/Pays-Bas, S&eacute;rie A, n&deg; 22, &sect; 91. 107 ; CEDH du 6 mai 1985 Aff. B&ouml;nisch c/Autriche, S&eacute;rie A, n&deg; 92, &sect; 32 ; CEDH du 27 octobre 1993 Aff. Dombo beheer c/Pays- Bas, S&eacute;rie A, n&deg; 274, &sect; 3. De m&ecirc;me, la Commission europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme faisait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes dans une d&eacute;cision Szwabowicz c/Su&egrave;de du 30 juin 1959. Elle d&eacute;clarait que : &laquo; Toute partie &agrave; une action doit avoir une possibilit&eacute; raisonnable d&rsquo;exposer sa cause au tribunal dans des conditions qui ne la d&eacute;savantagent pas d&rsquo;une mani&egrave;re appr&eacute;ciable par rapport &agrave; la partie adverse &raquo;, cf. St&eacute;phane CLEMENT, op. cit. p. 25.</p> </div> <div id="ftn46"> <p><a href="#_ftnref46" name="_ftn46" title="">[46]</a>Arr&ecirc;t Funke contre l&rsquo;Etat fran&ccedil;ais du 25 f&eacute;vrier 1993.</p> </div> <div id="ftn47"> <p><a href="#_ftnref47" name="_ftn47" title="">[47]</a>Affaire Vamvakas c Gr&egrave;ce, n&deg; 2, requ&ecirc;te n&deg; 2870/11.</p> </div> <div id="ftn48"> <p><a href="#_ftnref48" name="_ftn48" title="">[48]</a>Selon l&rsquo;article 304 du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galais.</p> </div> <div id="ftn49"> <p><a href="#_ftnref49" name="_ftn49" title="">[49]</a>Articles 306 et 307 du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galais.</p> </div> <div id="ftn50"> <p><a href="#_ftnref50" name="_ftn50" title="">[50]</a>Dans le m&ecirc;me sens, Ibrahima NDIEGUENE, op. cit.</p> </div> <div id="ftn51"> <p><a href="#_ftnref51" name="_ftn51" title="">[51]</a>Article 307, soit nouvelle r&eacute;daction de l&rsquo;article 262 issue de la loi n&deg; 2016- 30 du 8 novembre 2016, qui a institu&eacute; au sein de chaque Tribunal de grande instance une chambre criminelle.</p> </div> <div id="ftn52"> <p><a href="#_ftnref52" name="_ftn52" title="">[52]</a>Arr&ecirc;t du 27 avril 2017.</p> </div> <div id="ftn53"> <p><a href="#_ftnref53" name="_ftn53" title="">[53]</a>Bruno OPPETIT , Philosophie du droit, Dalloz, 1999, p. 117 : le principe d&#39;&eacute;galit&eacute; des armes d&eacute;coule des liens &eacute;troits entre &eacute;galit&eacute; et justice.</p> </div> <div id="ftn54"> <p><a href="#_ftnref54" name="_ftn54" title="">[54]</a>If questioned, the suspect shall be entitled to be assisted by Counsel of his or her own choice, including the right to have legal assistance assigned to&nbsp; the suspect without payment by him or her in any such case if he or she does not have sufficient means to pay for it, as well as necessary translation into and from a language he or she speaks and understands.</p> </div> <div id="ftn55"> <p><a href="#_ftnref55" name="_ftn55" title="">[55]</a>Article 20: Rights of the Accused. // 1. All persons shall be equal before the International Tribunal for Rwanda. // 2. In the determination of charges against him or her, the accused shall be entitled to a fair and public hearing, subject to Article 21 of the Statute. // 3. The accused shall be presumed innocent until proven guilty according to the provisions of the present&nbsp; Statute.</p> </div> <div id="ftn56"> <p><a href="#_ftnref56" name="_ftn56" title="">[56]</a>Article 67 1. : &laquo; Lors de l&#39;examen des charges port&eacute;es contre lui, l&#39;accus&eacute; a droit &agrave; ce que sa cause soit entendue publiquement, compte tenu des dispositions du pr&eacute;sent Statut, &eacute;quitablement et de fa&ccedil;on impartiale &raquo;.</p> </div> <div id="ftn57"> <p><a href="#_ftnref57" name="_ftn57" title="">[57]</a>Voir par exemple, Guillaume CHAMPY, &laquo; Inquisitoire-accusatoire devant les juridictions p&eacute;nales internationales &raquo;, in Revue internationale de droit p&eacute;nal, vol. 68, n&deg; 1-2, Association internationale de droit p&eacute;nal, Er&egrave;s, 1997 p. 175 ; Philippe GRECIANO, op. cit. p. 114, qui mart&egrave;le que le principe d&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes exige un &laquo; juste &eacute;quilibre &raquo; entre les parties.</p> </div> <div id="ftn58"> <p><a href="#_ftnref58" name="_ftn58" title="">[58]</a>Cf. Cour europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme, affaire Szwabowicz c. Su&egrave;de le 30 juin 1959 ; Gorraiz Lizzarraga et autres c Espagne, affaire n&deg; 6254/00, &sect; 56 ; Ankerl c Suisse, 17748/91, 23 octobre 1996, &sect; 38 ; Niderr&ouml;st-Huber c Suisse, 18 f&eacute;vrier 1997, Recueil 1997-I, p. 107108, &sect; 23 ; Kress c France, n&deg; 39594/98, 7 juin 2001 &sect; 72. A cela s&rsquo;ajoute l&rsquo;arr&ecirc;t du TPIY, Procureur c Dusko Tedi&eacute;, IT. 94-I-A, 15 juillet 199, par. 48. Pour plus de d&eacute;tail, lire Philippe GRECIANO, op. cit. p. 115 et 119.</p> </div> <div id="ftn59"> <p><a href="#_ftnref59" name="_ftn59" title="">[59]</a>DECHENAUD, L&rsquo;&eacute;galit&eacute; en droit p&eacute;nal, in : Collection Th&egrave;se, http://www.lgdj.fr/popup_sommaire.php?_Ouvrage=22512<a href="http://www.lgdj.fr/popup_sommaire.php?_Ouvrage=225125">5</a> (visit&eacute; le 5 f&eacute;vrier 2018). Dans le m&ecirc;me sens, voir Claire FOUR&Ccedil;ANS, &laquo; Les droits de la d&eacute;fense devant la Cour p&eacute;nale internationale &raquo;, Revue des droits de l&rsquo;homme, n&deg;3, juin 2013 ; Roland ADJOVI et Gabrielle DELLA MORTE, &laquo; La notion de proc&egrave;s &eacute;quitable devant les tribunaux p&eacute;naux internationaux &raquo; in Proc&egrave;s &eacute;quitable et enchev&ecirc;trement des espaces normatifs, Fabriz H&eacute;l&egrave;ne Ruiz, Paris, soci&eacute;t&eacute; de L&eacute;gislation compar&eacute;e de Paris, 2002.</p> </div> <div id="ftn60"> <p><a href="#_ftnref60" name="_ftn60" title="">[60]</a>Cf. Nd&egrave;ye Amy NDIAYE qui a propos&eacute; un travail sur le principe d&rsquo;&eacute;galit&eacute; des armes dans sa th&egrave;se de doctorat, Le Statut cr&eacute;ant la CPI et ses d&eacute;fis de mise en &oelig;uvre, th&egrave;se soutenue le 17 d&eacute;cembre 2016 &agrave; l&#39;unit&eacute; de formation et de recherche en droit &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Gaston Berger de Saint-Louis.</p> </div> <div id="ftn61"> <p><a href="#_ftnref61" name="_ftn61" title="">[61]</a>Nd&egrave;ye Amy NDIAYE, op. cit. Elle fait dire &agrave; Karin CALVO-GOLLER qu&rsquo; &laquo; Il n&#39;y a vraiment pas une &eacute;galit&eacute; des armes qu&#39;au stade de jugement car en amont de celui-ci, seul l&#39;organe de poursuite est actif puisqu&#39;il lui incombe de mener l&#39;enqu&ecirc;te, &eacute;tant responsable de l&#39;instruction. &raquo; En citant, Liliane EGOUNLETY (Universit&eacute; d&#39;Abomey-Calavi), Le syst&egrave;me de preuve devant le Tribunal p&eacute;nal international pour le Rwanda, DEA Droits de l&#39;Homme et D&eacute;mocratie 2005, elle magnifie la cr&eacute;ation du bureau du conseil public de la d&eacute;fense, il n&rsquo;en demeure pas moins que celui-ci reste sous-&eacute;quip&eacute; par rapport au bureau du conseil public des victimes.</p> </div> <div id="ftn62"> <p><a href="#_ftnref62" name="_ftn62" title="">[62]</a>Dans le m&ecirc;me sens, cf. Philippe GRECIANO, op. cit., p. 113. L&rsquo;impossibilit&eacute; dans laquelle se trouvait la d&eacute;fense d&rsquo;exercer un quelconque contr&ocirc;le sur l&rsquo;authenticit&eacute; et la fiabilit&eacute; de documents r&eacute;unis, a &eacute;t&eacute; bien relev&eacute;e. Comme a &eacute;t&eacute; d&eacute;nonc&eacute;e la non admission des &eacute;l&eacute;ments de preuve, en application des r&egrave;gles internationales en mati&egrave;re d&rsquo;admission des preuves.</p> </div> <div id="ftn63"> <p><a href="#_ftnref63" name="_ftn63" title="">[63]</a> Non, dit Maitre Mabye SENE. Il poursuit, en pr&eacute;cisant que la commission d&rsquo;office est une institution de la justice. C&rsquo;est une obligation &agrave; laquelle ne peut se soustraire l&rsquo;avocat.</p> </div> <div id="ftn64"> <p><a href="#_ftnref64" name="_ftn64" title="">[64]</a>Ibrahima DIEGUENE, op. cit.</p> </div> <div id="ftn65"> <p><a href="#_ftnref65" name="_ftn65" title="">[65]</a>Pour appr&eacute;hender les exigences morales des avocats, on peut s&rsquo;inspirer du colloque de Barbara GIRAUDAN, Les d&eacute;ontologies des professions du droit : quel avenir, Lamy 2010.</p> </div> <div id="ftn66"> <p><a href="#_ftnref66" name="_ftn66" title="">[66]</a>Ibrahima DIEGUENE, ibid.</p> </div> <div id="ftn67"> <p><a href="#_ftnref67" name="_ftn67" title="">[67]</a>Le propos vient de la production Philippe GRECIANO, op. cit., p. 125. Rappelons que le procureur g&eacute;n&eacute;ral a l&rsquo;opportunit&eacute; des poursuites. A propos du principe de l&rsquo;opportunit&eacute; des poursuites, lire Francis HAMON, &laquo; L&rsquo;Etat de droit et le principe de l&rsquo;opportunit&eacute; des poursuites &raquo;, Le D&eacute;bat 2017/4 (n&deg; 196), septembre-octobre 2017, p. 107-113. Le professeur honoraire de droit public indique que les magistrats du parquet peuvent d&eacute;clencher des poursuites contre quiconque ne respecte pas la loi. Mais ils le font seulement dans la mesure o&ugrave; cela leur parait opportun et c&rsquo;est en ce sens que l&rsquo;on peut consid&eacute;rer qu&rsquo;ils sont au-dessus des lois (p. 107).</p> </div> <div id="ftn68"> <p><a href="#_ftnref68" name="_ftn68" title="">[68]</a>1&egrave;re chambre civile du 27 f&eacute;vrier 2013 N&deg; pourvoi 12-12878, qui casse l&rsquo;arr&ecirc;t rendu le 19 septembre 2011 par la Cour d&rsquo;appel de Saint-Denis de la R&eacute;union.</p> </div> <div id="ftn69"> <p><a href="#_ftnref69" name="_ftn69" title="">[69]</a>Affaire Vamvakas c Gr&egrave;ce, n&deg; 2, requ&ecirc;te n&deg; 2870/11. En l&rsquo;esp&egrave;ce, M. VAMVAKAS avait inform&eacute; la Cour qu&rsquo;il ne serait pas pr&eacute;sent, mais qu&rsquo;il serait repr&eacute;sent&eacute; par ses avocats. En l&rsquo;absence de ces avocats, le pr&eacute;sident avait d&eacute;sign&eacute; d&rsquo;office un autre avocat, qui, lui aussi, ne s&rsquo;&eacute;tait pas pr&eacute;sent&eacute; &agrave; l&rsquo;audience sans pr&eacute;venir son client. Il a &eacute;t&eacute; reproch&eacute; &agrave; la Cour de cassation d&rsquo;avoir rejet&eacute; le pourvoi au motif que le requ&eacute;rant, &agrave; l&rsquo;audience, n&rsquo;avait pas comparu, alors qu&rsquo;elle aurait pu ajourner les d&eacute;bats afin de tirer au clair la situation.</p> </div> <div id="ftn70"> <p><a href="#_ftnref70" name="_ftn70" title="">[70]</a>Ils ont invoqu&eacute; l&rsquo;exception de nullit&eacute; (article 446 al. 3 du CPP) &agrave;&nbsp; cause de la r&eacute;gularit&eacute; de la composition de la chambre, et de la recevabilit&eacute; du t&eacute;moignage du juge d&rsquo;instruction belge.</p> </div> <div id="ftn71"> <p><a href="#_ftnref71" name="_ftn71" title="">[71]</a>Il leur a &eacute;t&eacute; reproch&eacute; de manquer de comp&eacute;tence, &laquo; en renon&ccedil;ant &agrave; d&eacute;poser des conclusions en vue de soutenir la nullit&eacute; de la proc&eacute;dure, -c&rsquo;est nous qui ajoutons les dispositions des articles 164 et 166 du Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale du S&eacute;n&eacute;gal- n&rsquo;exer&ccedil;ant aucun recours &agrave; l&rsquo;encontre de nombreux t&eacute;moins pris en flagrant d&eacute;lit de faux t&eacute;moignages (&hellip;). Ils n&rsquo;ont jamais remis en cause in limine litis la l&eacute;galit&eacute; des Chambres africaines, point cardinal de la strat&eacute;gie de d&eacute;fense de l&rsquo;accus&eacute;. Ce faisant, ces avocats violaient la d&eacute;cision du pr&eacute;sident Habr&eacute; de se d&eacute;fendre conform&eacute;ment &agrave; un argumentaire pr&eacute;cis. Il doit &ecirc;tre ici affirm&eacute; que les CAE ne pouvaient interf&eacute;rer dans&nbsp; les modalit&eacute;s en vertu desquelles l&rsquo;accus&eacute; orientait sa d&eacute;fense sauf &agrave; porter atteinte au c&oelig;ur m&ecirc;me de leur mission &raquo;, cf. Philippe GRECIANO, op. cit., p. 125 et 130.</p> </div> <div id="ftn72"> <p><a href="#_ftnref72" name="_ftn72" title="">[72]</a>Ma&icirc;tre Abdoul Nguingue disait en terminant sa plaidoirie : &laquo; Nous sommes comprim&eacute;s par le temps et vous comprendrez donc qu&rsquo;on n&rsquo;ait pas pu d&eacute;velopper tout ce qu&rsquo;on voulait dire &raquo;.</p> </div> <div id="ftn73"> <p><a href="#_ftnref73" name="_ftn73" title="">[73]</a>Notamment Me Alain WERNER qui, dans sa plaidoirie du 9 f&eacute;vrier 2016, cite le journal El Watan (cote D12-363). Me WERNER indique que la DDS a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e pour &ecirc;tre une machine &agrave; d&eacute;truire. Maitre Delphine DJIRAIBE a &eacute;galement insist&eacute; sur la planification et cit&eacute; Mahamat Fadit qui disait d&eacute;pendre directement de Monsieur Habr&eacute;. Le procureur Moustapha KA per&ccedil;oit dans ses r&eacute;quisitions la DDS comme une toile d&rsquo;araign&eacute;e et compare ses responsables &agrave; ceux des nazis.</p> </div> <div id="ftn74"> <p><a href="#_ftnref74" name="_ftn74" title="">[74]</a>Cela est d&rsquo;autant plus que la Cour d&rsquo;appel de N&rsquo;Diam&eacute;na (N&deg; 1/15 du 25 mars 2015) avait retenu la responsabilit&eacute; d&rsquo;anciens agents, sous Habr&eacute;, sur la base de faits d&eacute;tachables de leurs fonctions et qui ont agi &agrave; titre personnel, cf. Maitre Mabye SENE, avocat commis d&rsquo;office.</p> </div> <div id="ftn75"> <p><a href="#_ftnref75" name="_ftn75" title="">[75]</a>M&ecirc;me le parquet g&eacute;n&eacute;ral a reconnu que la cr&eacute;ation d&rsquo;une centrale de renseignements est l&rsquo;apanage de tous les Etats. Le procureur g&eacute;n&eacute;ral a ajout&eacute; que ce n&rsquo;est pas un crime que de cr&eacute;er une centrale de renseignements.</p> </div> <div id="ftn76"> <p><a href="#_ftnref76" name="_ftn76" title="">[76]</a>Le procureur g&eacute;n&eacute;ral a reconnu, de fa&ccedil;on extraordinaire, les affrontements entre factions arm&eacute;es d&rsquo;un pays (les Hadjerai et les Zaghawa, principalement), entour&eacute; par des Etats sensibles : la Libye, le Niger, le Soudan, le Nigeria, le Cameroun et la R&eacute;publique centrafricaine. Le procureur a bien d&eacute;crit le contexte historique, en rappelant que l&rsquo;accus&eacute; est n&eacute; en 1942 &agrave; Faya-Largeau au Nord du Tchad, ancien sous-pr&eacute;fet de Mao et de Moussoro, ancien 1er ministre de Malloum en 1978, ancien ministre de la D&eacute;fense de Goukouni Ouedde&iuml; en 1979.</p> </div> <div id="ftn77"> <p><a href="#_ftnref77" name="_ftn77" title="">[77]</a>Le num&eacute;ro 2, qui a d&eacute;missionn&eacute; en 1985. Les responsabilit&eacute;s ne sont pas les m&ecirc;mes, en effet.</p> </div> <div id="ftn78"> <p><a href="#_ftnref78" name="_ftn78" title="">[78]</a>Devenu UA en 2002. Maitre Mounir BALAL, avocat commis d&rsquo;office plaide que HH a voulu restaurer la souveraine tchadienne, s&rsquo;il n&rsquo;avait pas rencontr&eacute; une r&eacute;sistance, une r&eacute;bellion arm&eacute;e, une gu&eacute;rilla &agrave; ne pas en finir. Cet avocat a propos&eacute; des d&eacute;veloppements pertinents tendant &agrave; remettre en cause l&rsquo;ind&eacute;pendance, la neutralit&eacute;, l&rsquo;impartialit&eacute; et l&rsquo;objectivit&eacute; du rapport&nbsp; de la commission d&rsquo;enqu&ecirc;te nationale, cheville ouvri&egrave;re de toute la proc&eacute;dure.</p> </div> <div id="ftn79"> <p><a href="#_ftnref79" name="_ftn79" title="">[79]</a>Maitre Abdoul GNINGUE qui sollicite le courage du juge, &agrave; travers son ind&eacute;pendance.</p> </div> <div id="ftn80"> <p><a href="#_ftnref80" name="_ftn80" title="">[80]</a>Maitre Mbaye SENE qui cite un grand homme de l&rsquo;histoire de la justice internationale, K&eacute;ba MBAYE.</p> </div> <div id="ftn81"> <p><a href="#_ftnref81" name="_ftn81" title="">[81]</a>Les avocats commis d&rsquo;office ont interjet&eacute; appel le 10 juin 2016, en soulevant des erreurs de proc&eacute;dure, des erreurs de droit, notamment.</p> </div> <div id="ftn82"> <p><a href="#_ftnref82" name="_ftn82" title="">[82]</a>En cas d&rsquo;erreur de proc&eacute;dure ou d&rsquo;erreur sur une question de droit mat&eacute;riel qui invalide la d&eacute;cision, y compris une erreur de comp&eacute;tence ou encore en&nbsp; cas d&rsquo;erreur de fait qui a entra&icirc;n&eacute; un d&eacute;ni de justice.</p> </div> <div id="ftn83"> <p><a href="#_ftnref83" name="_ftn83" title="">[83]</a>Fallait-il utiliser et justifier les fonds fournis par les bailleurs de fonds dont Tchad (Deby) est le principal pourvoyeur ?</p> </div> <div id="ftn84"> <p><a href="#_ftnref84" name="_ftn84" title="">[84]</a>Article 25.4 du statut des CAE.</p> </div> <div id="ftn85"> <p><a href="#_ftnref85" name="_ftn85" title="">[85]</a>Alors qu&rsquo;ils avaient assist&eacute; aux audiences d&rsquo;instruction et pu exploiter les archives de la DDS, corrobore le procureur g&eacute;n&eacute;ral dans ses r&eacute;quisitions. Mais la d&eacute;fense ne voulait pas, &agrave; juste titre, participer &agrave; l&rsquo;ex&eacute;cution des commissions rogatoires.</p> </div> <div id="ftn86"> <p><a href="#_ftnref86" name="_ftn86" title="">[86]</a>Plaid&eacute; par Maitre William BOURDON.</p> </div> <div id="ftn87"> <p><a href="#_ftnref87" name="_ftn87" title="">[87]</a>Il requiert ainsi une peine d&rsquo;emprisonnement &agrave; perp&eacute;tuit&eacute; assortie de la confiscation de tous ses biens et objets saisis au cours de la proc&eacute;dure ouverte devant les chambres africaines extraordinaires.</p> </div> <div id="ftn88"> <p><a href="#_ftnref88" name="_ftn88" title="">[88]</a>2500 personnes auditionn&eacute;es pendant l&rsquo;instruction et 77 victimes, 16 t&eacute;moins experts pendant l&rsquo;audience, cf. Maitre BOURDON, ibid.</p> </div> <div id="ftn89"> <p><a href="#_ftnref89" name="_ftn89" title="">[89]</a>Voir &agrave; ce sujet, Philippe GRECIANO, op. cit., p. 122.</p> </div> <div id="ftn90"> <p><a href="#_ftnref90" name="_ftn90" title="">[90]</a>Il ressort des dispositions de l&rsquo;article 10 du statut des CAE, le fait que&nbsp; l&rsquo;acte ait &eacute;t&eacute; commis par le subordonn&eacute; n&rsquo;exon&egrave;re pas son sup&eacute;rieur de sa responsabilit&eacute;.</p> </div> <div id="ftn91"> <p><a href="#_ftnref91" name="_ftn91" title="">[91]</a>Ils ne disposaient que de 45 jours pour prendre connaissance du dossier.</p> </div> <div id="ftn92"> <p><a href="#_ftnref92" name="_ftn92" title="">[92]</a>Cela a &eacute;t&eacute; bien plaid&eacute; par Maitre Mounir BALAL,&nbsp; qui cite le Cameroun et le Nigeria, outre Tchad.</p> </div> <div id="ftn93"> <p><a href="#_ftnref93" name="_ftn93" title="">[93]</a>Article 17 du statut renvoie au Code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galais. L&rsquo;intime conviction ne suppose pas des indices, mais des preuves suffisantes, qui ont &eacute;t&eacute; contradictoirement livr&eacute;es au juge, conform&eacute;ment aux dispositions de l&rsquo;article 414 du code de proc&eacute;dure p&eacute;nale s&eacute;n&eacute;galais. Aux termes de l&rsquo;article 414 du CPP, la d&eacute;cision du juge doit se fonder sur &laquo; des preuves qui ont &eacute;t&eacute; apport&eacute;es au cours des d&eacute;bats et discut&eacute;es devant lui. &raquo;</p> </div> <div id="ftn94"> <p><a href="#_ftnref94" name="_ftn94" title="">[94]</a>Il r&eacute;sulte de ce qui pr&eacute;c&egrave;de qu&rsquo;il ne semble pas &eacute;quitable de faire peser sur Hiss&egrave;ne Habr&eacute; seul la condamnation &agrave; verser aux diff&eacute;rentes victimes une somme de 82 290 000 000 FCFA.</p> </div> <div id="ftn95"> <p><a href="#_ftnref95" name="_ftn95" title="">[95]</a>Juge Moustapha BA qui a formul&eacute; les particuliers remerciements &agrave; toutes les personnes qui ont particip&eacute; au d&eacute;roulement de ce proc&egrave;s, grande premi&egrave;re en Afrique. Le pr&eacute;sident, Juge KAM, pr&eacute;cisait que ce qui est attendu n&rsquo;est pas un proc&egrave;s-verbal, mais une d&eacute;cision qui sera motiv&eacute;e sur la base des &eacute;l&eacute;ments de preuve apport&eacute;s par toutes les parties.</p> </div> <div id="ftn96"> <p><a href="#_ftnref96" name="_ftn96" title="">[96]</a>&laquo; Le temps de la justice n&rsquo;est pas le temps des hommes &raquo;, dit-on. Cet adage voudrait qu&rsquo;on dispose du temps et des facilit&eacute;s n&eacute;cessaires &agrave; la pr&eacute;paration de sa d&eacute;fense, ainsi que le droit de se d&eacute;fendre, efficacement en &eacute;tant assist&eacute; d&rsquo;un avocat.</p> </div> <div id="ftn97"> <p><a href="#_ftnref97" name="_ftn97" title="">[97]</a>Ibrahima NDJEGUENE, avocat &agrave; la Cour, Le S&eacute;n&eacute;gal &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de la justice p&eacute;nale internationale, in : https://blogs.mediapart.fr/.../le-senegal- lepreuve-de-la-justice-penale-internationle. Il a, &agrave; juste titre, cit&eacute; Lawrance SINOPOLI, &laquo; La judiciarisation du conflit ne peut pr&eacute;tendre conduire &agrave; son apaisement que si l&rsquo;institution pr&eacute;sente les caract&egrave;res essentiels de la justice ; &agrave; d&eacute;faut, elle ne sera qu&rsquo;un argument suppl&eacute;mentaire de violence &raquo;.</p> </div> <div id="ftn98"> <p><a href="#_ftnref98" name="_ftn98" title="">[98]</a>F. JULLIEN, &laquo; Quel absolu pour les droits de l&rsquo;homme ? &raquo; in : Diversit&eacute; culturelle et universalit&eacute; des droits de l&rsquo;homme, &eacute;ditions C&eacute;cile Defaut, 2010, p. 105.</p> </div> <div id="ftn99"> <p><a href="#_ftnref99" name="_ftn99" title="">[99]</a>Kherad RAHIM, &laquo; La protection internationale des droits de l&rsquo;homme. Regard d&rsquo;un juriste &raquo;, in : Diversit&eacute; culturelle et universalit&eacute; des droits de l&rsquo;homme, &eacute;ditions C&eacute;cile Defaut, 2010, p. 76 et 77.</p> </div> <div id="ftn100"> <p><a href="#_ftnref100" name="_ftn100" title="">[100]</a>Kherad RAHIM, ibid., p. 78.</p> </div> <div id="ftn101"> <p><a href="#_ftnref101" name="_ftn101" title="">[101]</a>J.-L. AMSELLE, &laquo; L&rsquo;Afrique peut-elle &ecirc;tre &lsquo;d&eacute;croch&eacute;e&rsquo;&nbsp; de&nbsp; l&rsquo;occident ? &raquo; in : Diversit&eacute; culturelle et universalit&eacute; des droits de l&rsquo;homme, &eacute;ditions C&eacute;cile Defaut, 2010, p. 92. Pour le mod&egrave;le europ&eacute;en et le pluralisme juridique, voir les actes du colloque organis&eacute; &agrave; Bordeaux les 29 et 30 septembre 2000 sur le proc&egrave;s &eacute;quitable et la protection juridictionnelle du citoyen, Bruxelles, Bruyant 2001, 162 pages.</p> </div> <div id="ftn102"> <p><a href="#_ftnref102" name="_ftn102" title="">[102]</a>Affaire Tihomir Baskic.</p> </div> <div id="ftn103"> <p><a href="#_ftnref103" name="_ftn103" title="">[103]</a>A l&rsquo;instar d&rsquo;Alain Peyrefitte, op. cit., p. 396. Il ajoute &agrave; la p. 397 que : &laquo; La justice n&rsquo;a pas la toute-puissance de Dieu qui reconna&icirc;t les &laquo; siens &raquo; &raquo;.</p> </div> <div id="ftn104"> <p><a href="#_ftnref104" name="_ftn104" title="">[104]</a>Cit&eacute; par Maitre William Bourdon, avocat des parties civiles.</p> </div> <div id="ftn105"> <p><a href="#_ftnref105" name="_ftn105" title="">[105]</a>Voir pour la convention europ&eacute;enne des droits de l&rsquo;homme, Dani&egrave;le Lochak, Le droit et les paradoxes de l&rsquo;universalit&eacute;, PUF, les voies du droit, p. 195.</p> </div> <div id="ftn106"> <p><a href="#_ftnref106" name="_ftn106" title="">[106]</a>Mirabeau, &laquo; Discours sur l&rsquo;organisation judiciaire &raquo;, cit&eacute; par M. P. Fabreguettes, La logique judiciaire et l&rsquo;art de juger, LGDJ, Paris, 2e &eacute;dition, qui ajoute les qualit&eacute;s suivantes de la profession, p. 9.</p> </div> <div id="ftn107"> <p><a href="#_ftnref107" name="_ftn107" title="">[107]</a>Dani&egrave;le Lochak, ibid. L&rsquo;id&eacute;e suivante de l&rsquo;auteur est r&eacute;ellement incontestable : &laquo; (&hellip;) la fracture s&rsquo;&eacute;largit plus qu&rsquo;elle ne se r&eacute;duit entre le Nord et le Sud : entre les pays d&eacute;velopp&eacute;s, o&ugrave; la d&eacute;mocratie est stabilis&eacute;e et les droits de l&rsquo;homme sont effectifs pour le plus grand nombre, o&ugrave; les gens vivent en paix, mangent &agrave; leur faim, sont soign&eacute;s, votent, s&rsquo;expriment librement ; et les pays du Sud dont la plupart sont encore loin d&rsquo;&ecirc;tre &laquo; lib&eacute;r&eacute;s de la terreur et de la mis&egrave;re &raquo;, comme le souhaitaient les r&eacute;dacteurs de la D&eacute;claration universelle en 1948 &raquo;, op. cit., p. 203.</p> </div> <div id="ftn108"> <p><a href="#_ftnref108" name="_ftn108" title="">[108]</a>Les organisateurs que sont Universit&eacute; internationale de Floride, Temple University, le bureau r&eacute;gional de la Fondation Open society et CODESRIA (Conseil pour le d&eacute;veloppement de la recherche en sciences sociales).</p> </div> <div id="ftn109"> <p><a href="#_ftnref109" name="_ftn109" title="">[109]</a>Article 37.2 du statut.</p> </div> </div>