<p style="margin-left:160px"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">Exil, tout est dit dans ses racines. Qu&rsquo;il vienne de essil, signifiant ravage, destruction&hellip; ou de ex-solo, hors du sol, arrach&eacute; du sol, il s&rsquo;agit d&rsquo;un &eacute;tat, d&rsquo;un mouvement de s&eacute;paration d&rsquo;avec son espace vital. Mais pas n&rsquo;importe lequel. Cet espace est la terre d&rsquo;origine, o&ugrave; je suis n&eacute; [&hellip;]<span style="font-size:12px"><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:right"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">Atiq Rahimi</span></span></span></p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Introduction</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Je me suis longtemps interrog&eacute; sur ce qui, de la psychanalyse, pouvait &ecirc;tre entendu du th&egrave;me de ce colloque de l&rsquo;&Eacute;cole Doctorale 58 intitul&eacute; &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;preuve de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo;. Cette &eacute;criture est port&eacute;e par l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;articuler une pens&eacute;e de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &agrave; la construction analytique&nbsp;; non comme conception du dehors, mais comme pens&eacute;e du dedans. L&rsquo;exp&eacute;rience de la vie de tous les jours, proche d&rsquo;une ph&eacute;nom&eacute;nologie du quotidien, permet de rendre saillant combien la recherche de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; au lieu de l&rsquo;autre reconduit fonci&egrave;rement &agrave; la sienne propre. Voici l&rsquo;un des sens que cet article propose de mettre &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">L&rsquo;abord pluridisciplinaire de cette question de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &mdash;&nbsp;en tant qu&rsquo;elle s&rsquo;&eacute;prouve&nbsp;&mdash; n&eacute;cessite une op&eacute;ration visant &agrave; d&eacute;limiter ce qui est en jeu et &agrave; la question, afin d&rsquo;&eacute;claircir notre position &eacute;pist&eacute;mologique. Par cons&eacute;quent, toute d&eacute;marche<s> </s>visant &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un savoir th&eacute;orique conduit d&rsquo;abord &agrave; se rejoindre autour des signifiants et concepts qui sont en tension. Prenons l&rsquo;exemple du signifiant &laquo;&nbsp;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo;. Ce dernier ne poss&egrave;de pas d&rsquo;entr&eacute;e dans les principaux dictionnaires de la psychanalyse (<em>Dictionnaire international de la psychanalyse </em>d&rsquo;Alain de Mijolla, ou <em>Vocabulaire de la psychanalyse</em> de Jean Laplanche et Jean-Baptiste Pontalis) et ne trouve son r&eacute;pondant dans la th&eacute;orie psychanalytique qu&rsquo;au travers d&rsquo;un retour &agrave; son &eacute;tymologie latine, <em>alter</em>, signifiant <em>l&rsquo;autre</em>. Soulignons aussi que l&rsquo;&eacute;tymon met en jeu la question du deux<span style="font-size:12px"><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><sup><sup>[2]</sup></sup></a></span>, le second, le diff&eacute;renciant du latin classique <em>alius</em> signifiant <em>un autre</em>, de mani&egrave;re ind&eacute;finie. L&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; pour la psychanalyse c&rsquo;est le champ de l&rsquo;Autre. Nous reviendrons plus loin sur cette distinction centrale dans la th&eacute;orie psychanalytique de l&rsquo;autre et de l&rsquo;Autre. D&rsquo;ores et d&eacute;j&agrave;, nous pouvons avancer que la psychanalyse lacanienne postule, au travers de cette disjonction, que l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; n&rsquo;est pas une situation d&rsquo;intersubjectivit&eacute;, mais davantage v&eacute;cue comme un rapport &agrave; l&rsquo;Autre. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans &laquo;&nbsp;Les clefs de la psychanalyse&nbsp;&raquo;, Jacques Lacan &mdash;&nbsp;psychiatre et psychanalyste du XX<span style="font-size:12px"><sup>e</sup></span> si&egrave;cle, relecteur de l&rsquo;&oelig;uvre de Freud&nbsp;&mdash; dit : &laquo;&nbsp;Eh bien&nbsp;! La psychanalyse vous annonce que vous n&rsquo;&ecirc;tes plus le centre de vous-m&ecirc;me, car il y avait en vous un autre sujet, l&rsquo;inconscient<span style="font-size:12px"><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><sup><sup>[3]</sup></sup></a></span>.&nbsp;&raquo; Cette citation se doit d&rsquo;&ecirc;tre mise en lumi&egrave;re par ce que Freud nomme &laquo;&nbsp;la vexation psychologique<span style="font-size:12px"><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><sup><sup>[4]</sup></sup></a></span>&nbsp;&raquo;, dont il parle dans son texte <em>Une difficult&eacute; de la psychanalyse</em> paru en 1917. Ceci venant d&eacute;loger le sujet d&rsquo;une posture ma&icirc;tresse, indiquant d&eacute;j&agrave; la port&eacute;e subversive du savoir analytique en tant qu&rsquo;il renverse les conceptions classiques. Cette humiliation d&rsquo;ordre psychologique d&eacute;coule du c&eacute;l&egrave;bre aphorisme freudien, &laquo;&nbsp;[&hellip;] le moi n&rsquo;est pas ma&icirc;tre dans sa propre maison<span style="font-size:12px"><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><sup><sup>[5]</sup></sup></a></span>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;homme se sentant souverain en sa demeure, des h&ocirc;tes &eacute;trangers peuvent faire irruption et se manifester. L&rsquo;apport freudien est ainsi &agrave; situer du c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une nomination logique de ce qui a toujours insist&eacute; au c&oelig;ur m&ecirc;me du sujet. C&rsquo;est ce qu&rsquo;il &eacute;pinglera du signifiant &laquo;&nbsp;inconscient&nbsp;&raquo; qui, dans son sens strict, est du domaine de l&rsquo;insu, de ce qui &eacute;chappe &agrave; la conscience. En ce sens, c&rsquo;est une hypoth&egrave;se logique qui s&rsquo;articule autour de motions qui insistent &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur m&ecirc;me de la vie psychique du sujet et non pas de l&rsquo;ordre d&rsquo;une effraction caus&eacute;e par des &eacute;l&eacute;ments venant du dehors. Ces tendances, ces &eacute;v&egrave;nements qui se soustraient &agrave; notre conscience, s&rsquo;opposent au moi souverain. Il en r&eacute;sulte ce qui se nomme le sympt&ocirc;me entendu comme arrangement entre des pulsions inconscientes qui veulent s&rsquo;assouvir et le petit ma&icirc;tre moi qui les r&eacute;fr&egrave;ne. Cette manifestation symptomatique est souvent v&eacute;cue par le sujet comme l&rsquo;exp&eacute;rience de sa propre &eacute;tranget&eacute;. &laquo;&nbsp;Quel est cet autre qui parle dans le sujet, et dont le sujet n&rsquo;est ni le ma&icirc;tre, ni le semblable, quel est l&rsquo;autre qui parle en lui<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[6]</span></sup></sup></a>&nbsp;?&nbsp;&raquo; se demande Jacques Lacan. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Nous voil&agrave; donc engag&eacute;s dans ce qui vient redoubler le d&eacute;centrement copernicien, &agrave; savoir le d&eacute;racinement<em> </em>freudien&nbsp;: si la Terre n&rsquo;est plus le centre du cosmos, l&rsquo;homme n&rsquo;habite pas non plus seul en sa demeure, le for&ccedil;ant &agrave; la cohabitation. &Eacute;videmment, la d&eacute;couverte freudienne est plut&ocirc;t une red&eacute;couverte en ce sens qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas de l&rsquo;ordre d&rsquo;une cr&eacute;ation ex-nihilo, mais bien plus d&rsquo;une nomination qu&rsquo;il fait fonctionner comme structure logique et comme pouss&eacute;e structur&eacute;e &agrave; l&rsquo;insu du sujet. Ainsi, l&rsquo;inconscient peut &ecirc;tre entendu comme une h&eacute;t&eacute;rotopie inqui&eacute;tante venant troubler l&rsquo;assise mo&iuml;que du narcissisme et de l&rsquo;amour propre de l&rsquo;humanit&eacute;. Isolons donc &mdash;&nbsp;&agrave; partir de ce que Freud d&eacute;gage dans son texte &eacute;crit en 1919, <em>Das Unheimliche&nbsp;&mdash;</em>, comment se rencontre, voire s&rsquo;&eacute;prouve cette alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;? Bri&egrave;vement, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de Freud pour cette dimension de &laquo;&nbsp;l&rsquo;inqui&eacute;tant&nbsp;&raquo; remonte &agrave; l&rsquo;ann&eacute;e 1913, dont on trouve les premi&egrave;res r&eacute;f&eacute;rences dans son texte <em>Totem et tabou</em>. <em>Das Unheimeliche</em> est une &eacute;tude triptyque qui commence par un passage en revue les diff&eacute;rentes traductions et d&eacute;clinaisons langagi&egrave;res du terme <em>Heimlich</em>, pour entendre ce qui est en jeu dans la langue. Dans un second temps, Freud opte pour un abord ph&eacute;nom&eacute;nologique de l&rsquo;inqui&eacute;tant et s&rsquo;appuie, entre autres, sur <em>Les contes d&rsquo;Hoffmann</em>. Enfin, il termine en situant ce nouveau concept dans le champ psychanalytique tout en l&rsquo;articulant aux diff&eacute;rentes instances d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sentes. Ceci n&eacute;cessitera donc de d&eacute;plier les diff&eacute;rents concepts abord&eacute;s au travers d&rsquo;un frayage dans les enseignements de Freud et de Lacan&nbsp;; frayage en tant qu&rsquo;il &laquo;&nbsp;[&hellip;] consiste &agrave; ouvrir une voie en for&ccedil;ant des obstacles dans un domaine qui r&eacute;siste &agrave; la pens&eacute;e ou &agrave; la marche<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[7]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><strong><span style="color:black">1. Pr&eacute;lude</span></strong></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Depuis Freud, la psychanalyse consid&egrave;re que les rapports humains ne font que tr&egrave;s rarement abstraction de l&rsquo;&eacute;preuve de l&rsquo;autre et qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas de sujet sans autre<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[8]</span></sup></sup></a>. Subs&eacute;quemment, il nous faut op&eacute;rer une seconde distinction &eacute;pist&eacute;mologique, &agrave; savoir le d&eacute;doublement et la division du concept d&rsquo;autre. </span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Le premier, l&rsquo;autre avec un petit a, est l&rsquo;autre imaginaire, l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; en miroir qui nous fait d&eacute;pendre de la forme de notre semblable. Le second, l&rsquo;Autre absolu, est celui auquel nous nous adressons au-del&agrave; de ce semblable, celui que nous sommes forc&eacute;s d&rsquo;admettre au-del&agrave; de la relation du mirage, celui qui accepte ou qui se refuse en face de nous, celui qui, &agrave; l&rsquo;occasion nous trompe, dont nous ne pouvons jamais savoir s&rsquo;il ne nous trompe pas, celui auquel nous nous adressons toujours. Son existence est telle que le fait de s&rsquo;adresser &agrave; lui, d&rsquo;avoir avec lui comme un langage, est plus important que tout ce qui peut &ecirc;tre un enjeu entre lui et nous<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[9]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Par cons&eacute;quent, il y a l&rsquo;autre en tant qu&rsquo;imaginaire et support du jeu identificatoire, et il y a celui qui de sa majuscule indique, non pas un <em>sujet</em><a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[10]</span></sup></sup></a><em> </em>incarn&eacute;, mais l&rsquo;ant&eacute;c&eacute;dence d&rsquo;un lieu&nbsp;: celui du symbolique, celui de la loi, celui du langage. Au premier plan de la psychanalyse, se trouve ainsi ce rapport de l&rsquo;homme au langage, au grand Autre. D&egrave;s lors, le sujet est soumis &agrave; une &eacute;preuve<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[11]</span></sup></sup></a>, celle du langage qui intervient comme troisi&egrave;me terme entre le sujet et l&rsquo;autre. &laquo;&nbsp;La psychanalyse devrait &ecirc;tre la science du langage habit&eacute; par le sujet. Dans la perspective freudienne, l&rsquo;homme, c&rsquo;est le sujet pris et tortur&eacute; par le langage<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[12]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Cette citation nous permet de revenir sur le rapport de Freud et de Lacan. Si nous avons pu indiquer pr&eacute;c&eacute;demment que Lacan op&egrave;re un retour &agrave; Freud par le truchement de la lecture de ses &eacute;crits, il radicalise &eacute;galement ce que le p&egrave;re de la psychanalyse n&rsquo;avait fait que sugg&eacute;rer, &agrave; savoir l&rsquo;hypoth&egrave;se du langage. Si Freud ne s&rsquo;en servait que comme voie d&rsquo;acc&egrave;s aux processus inconscients &mdash;&nbsp;la cure par la parole qu&rsquo;il met en pratique avec les hyst&eacute;riques&nbsp;&mdash;, Lacan va au-del&agrave; en postulant que le sujet est l&rsquo;effet du signifiant. &Agrave; partir de l&agrave;, c&rsquo;est l&rsquo;appui structuraliste qui conduit au d&eacute;veloppement des th&egrave;ses des structures langagi&egrave;res et &agrave; l&rsquo;abord diff&eacute;rentiel de la psychopathologie.</span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>2. L&rsquo;&eacute;preuve&nbsp;en psychanalyse ? </strong></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Commen&ccedil;ons<strong> </strong>pour l&rsquo;instant par d&eacute;plier le premier terme du titre de ce colloque en restant attentif au signifiant pour entendre ce qui de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;preuve&nbsp;&raquo;, s&rsquo;&eacute;nonce. Un retour &agrave; l&rsquo;&eacute;tymologie permet d&rsquo;entendre dans <em>periculum</em>, la notion associ&eacute;e au danger, au risque et dans <em>experimentum</em> la question de la marque. Dans un premier temps l&rsquo;&eacute;preuve s&rsquo;entend donc du c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;un risque encouru pour celui qui l&rsquo;&eacute;prouve et qui n&rsquo;est pas sans laisser de trace.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans un second temps et au-del&agrave; de l&rsquo;&eacute;tymon, nous trouvons dans son acception classique du domaine photographique, une dimension suppl&eacute;mentaire. On parle effectivement d&rsquo;&eacute;preuve ou de tirage original. Une photographie argentique est toujours imprim&eacute;e, tir&eacute;e d&rsquo;apr&egrave;s un film n&eacute;gatif et on la nomme &laquo;&nbsp;&eacute;preuve originale&nbsp;&raquo;. Les techniques photographiques distinguent deux types d&rsquo;&eacute;preuves originales en fonction du d&eacute;lai qui s&rsquo;&eacute;coule entre la prise de vue et la date du tirage. Le tirage contemporain &agrave; la prise de vue est dit d&rsquo;&eacute;poque ou vintage, et celui qui est fait dans une temporalit&eacute; plus &eacute;loign&eacute;e est dit post&eacute;rieur. Pour ce propos, c&rsquo;est <em>l&rsquo;&eacute;preuve originale post&eacute;rieure</em> que nous retenons, en tant qu&rsquo;elle introduit la dimension de l&rsquo;apr&egrave;s coup. Mais apr&egrave;s quoi&nbsp;?</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">C&rsquo;est &agrave; partir du n&eacute;gatif, de cette premi&egrave;re impression de l&rsquo;image &mdash;&nbsp;invers&eacute;e par rapport &agrave; l&rsquo;image d&rsquo;origine&nbsp;&mdash; que se d&eacute;veloppe l&rsquo;&eacute;preuve post&eacute;rieure. Pour illustrer ce que ce d&eacute;tour par la photographie classique permet d&rsquo;entendre, prenons l&rsquo;exemple de <em>l&rsquo;infans</em>. <em>L&rsquo;infans</em> est un concept psychanalytique permettant de nommer et de diff&eacute;rencier l&rsquo;enfant avant qu&rsquo;il ne parle et qu&rsquo;il ne prenne la parole. <em>L&rsquo;infans</em>, c&rsquo;est cet &ecirc;tre qui &laquo;&nbsp;[&hellip;] est d&eacute;j&agrave;, de bout en bout, cern&eacute; dans ce hamac du langage qui le re&ccedil;oit et en m&ecirc;me temps l&rsquo;emprisonne<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[13]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, dit Lacan. Il est n&eacute;cessaire d&rsquo;entendre combien le langage, pour Lacan, est ant&eacute;rieur &agrave; la chute du petit d&rsquo;homme dans le monde. Aussi, il est d&eacute;j&agrave; marqu&eacute; d&rsquo;un certain point d&rsquo;accommodation dans le champ du langage, dans le champ de l&rsquo;Autre. De cette premi&egrave;re marque, le sujet en fera l&rsquo;&eacute;preuve au d&eacute;tour de sa vie et de ses contingences.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Mais soyons clair, il n&rsquo;existe aucun moyen de saisir le moment o&ugrave; cette photo a &eacute;t&eacute; prise. Quoi qu&rsquo;il en soit comme le disait Winnicott, &laquo;&nbsp;Un b&eacute;b&eacute;, seul, &ccedil;a n&rsquo;existe pas<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[14]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. <em>&Ccedil;a n&rsquo;existe pas</em> en tant qu&rsquo;il y a toujours l&rsquo;Autre du langage pour l&rsquo;accueillir &mdash;&nbsp;ne le laissant donc pas seul. <em>L&rsquo;infans</em> arrive dans une matrice langagi&egrave;re, toujours d&eacute;j&agrave; l&agrave;&nbsp;: c&rsquo;est l&rsquo;ant&eacute;c&eacute;dence de l&rsquo;Autre. Il est ainsi parl&eacute; avant d&rsquo;&ecirc;tre parlant. Au moment o&ugrave; il na&icirc;t, et quitte le ventre maternel &mdash;&nbsp;cette antique et mythique terre natale&nbsp;&mdash; il est contraint, par l&rsquo;ant&eacute;riorit&eacute; de l&rsquo;Autre, &agrave; un asile langagier. Voici donc le nouveau-n&eacute; exil&eacute; de la terre natale, priv&eacute; de sa patrie. Nous y reviendrons. Afin de mesurer le poids et l&rsquo;importance du langage chez l&rsquo;enfant, &mdash;&nbsp;puisque de l&rsquo;enfance on en fait tout un discours&nbsp;&mdash;Lacan prend appui sur l&rsquo;exemple du dit apprentissage et plus pr&eacute;cis&eacute;ment de l&rsquo;apologue de l&rsquo;enfant qui se br&ucirc;le.</span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Il [l&rsquo;enfant] met son doigt sur le po&ecirc;le, il se br&ucirc;le. A partir de l&agrave;, pr&eacute;tend-on, &agrave; partir de sa rencontre avec le chaud et le froid, avec le danger, il ne lui reste qu&rsquo;&agrave; d&eacute;duire, &agrave; &eacute;chafauder la totalit&eacute; de la civilisation&hellip; C&rsquo;est une absurdit&eacute;&nbsp;: &agrave; partir du fait qu&rsquo;il se br&ucirc;le, il est mis en face de quelque chose de beaucoup plus important que la d&eacute;couverte du chaud et du froid. En effet, qu&rsquo;il se br&ucirc;le et il se trouve toujours quelqu&rsquo;un pour lui faire, l&agrave;-dessus, tout un discours. L&rsquo;enfant a beaucoup plus d&rsquo;effort &agrave; faire pour entrer dans ce discours dont on le submerge, que pour s&rsquo;habituer &agrave; &eacute;viter le po&ecirc;le. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;homme qui na&icirc;t &agrave; l&rsquo;existence a d&rsquo;abord affaire au langage&nbsp;; c&rsquo;est une donn&eacute;e<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[15]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>3. <em>Das Unheimliche</em> ou l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><sup><strong><sup>[16]</sup></strong></sup></a></strong></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans <em>Das Unheimliche</em>, et apr&egrave;s un travail linguistique et ph&eacute;nom&eacute;nologique autour de la notion d&rsquo;&eacute;tranget&eacute;, Freud revient sur une anecdote personnelle. Il est seul dans un compartiment du train. &Agrave; la suite d&rsquo;une secousse qui ouvrit la porte qui conduisait au cabinet de toilette voisin, &laquo;&nbsp;un monsieur d&rsquo;un certain &acirc;ge en robe de chambre, le bonnet de voyage sur la t&ecirc;te, entra chez moi<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[17]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Freud suppose que cet homme est entr&eacute; dans sa cabine du train par erreur. Suite &agrave; cela, il se pr&eacute;cipite vers ce monsieur pour l&rsquo;alerter de son &eacute;tourderie. Mais dans son mouvement, quelque chose l&rsquo;arr&ecirc;te : &laquo;&nbsp;je reconnus bient&ocirc;t, abasourdi, que l&rsquo;intrus &eacute;tait ma propre image renvoy&eacute;e par le miroir de la porte de communication. Je sais encore que cette apparition m&rsquo;avait &eacute;t&eacute; fonci&egrave;rement d&eacute;sagr&eacute;able<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[18]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Ce dont Freud t&eacute;moigne ici est un &eacute;l&eacute;ment central, cl&eacute; qui permet d&rsquo;entrevoir cette dimension de la rencontre de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; en soi, ce moment de suspens, de suspension o&ugrave; le <em>moi </em>n&rsquo;est pas reconnu par le <em>je</em>.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Unheimlich</em> est ainsi le concept freudien qui &eacute;pingle ces situations d&rsquo;&eacute;tranget&eacute; au prix d&rsquo;un affect &laquo;&nbsp;fonci&egrave;rement d&eacute;sagr&eacute;able&nbsp;&raquo;. D&rsquo;un point de vue linguistique, le <em>Heim</em> allemand c&rsquo;est le foyer, l&rsquo;apprivois&eacute;, l&rsquo;intime, le cach&eacute;, le confidentiel. <em>Heimlich</em> est l&rsquo;adjectif, donc ce qui fait partie du foyer. Retenons l&rsquo;id&eacute;e de l&rsquo;animal dit domestique, habitu&eacute;, apprivois&eacute; lorsqu&rsquo;il est dit <em>Heimlich &mdash;&nbsp;</em>n&rsquo;emp&ecirc;chant pas pour autant le retour de son animalit&eacute;. <em>Un</em> c&rsquo;est le pr&eacute;fixe qui exprime la n&eacute;gation, le contraire. Donc c&rsquo;est ce qui n&rsquo;est pas familier. Ce qui est connu, familier, me devient invisible. Pensons ici &agrave; nos petites habitudes qui, si on les retire, d&eacute;voilent ce qui &eacute;tait devenu familier, et nous expose &agrave; l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; de la nouveaut&eacute;, &agrave; l&rsquo;inhabituel. L&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; serait ce point tellement intime devenu inconnu, &eacute;trangement &eacute;tranger. Ainsi l&rsquo;on entend combien le spectre de l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;, l&rsquo;&eacute;preuve de ce qui nous est &eacute;tranger, fait co&iuml;ncider le point le plus intime de nous-m&ecirc;me &agrave; celui le plus &eacute;tranger. Cet intime ext&eacute;rieur brouille la dialectique classique du dedans-dehors. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans la premi&egrave;re section de <em>Das Unheimliche</em>, Freud souligne ce que note Schelling&nbsp;: &laquo;&nbsp;Serait <em>Unheimlich</em> tout ce qui devait rester un secret [<em>Geheimnis</em>], rester dans le monde du cach&eacute;, et qui est venu au jour<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[19]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Il y a cette dimension de surprise, de rencontre du sujet avec quelque chose qui lui est devenu autre et qui pourtant lui est familier, et pour Freud en l&rsquo;occurrence son propre corps, l&rsquo;image de son corps empreinte d&rsquo;un point d&rsquo;ext&eacute;riorit&eacute;. Autrement dit, il y a un manque dans l&rsquo;image qui ne permet pas sa reconnaissance. Ce que l&rsquo;anecdote freudienne enseigne c&rsquo;est que si justement on pourrait supposer que l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;, l&rsquo;&eacute;tranger qui inqui&egrave;te serait &agrave; situer au champ de l&rsquo;autre, &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur, Freud op&egrave;re une d&eacute;construction de cette opinion pour le localiser au c&oelig;ur m&ecirc;me du sujet. &laquo;&nbsp;Je r&eacute;v&eacute;lerai d&rsquo;embl&eacute;e que les deux voies [linguistique et ph&eacute;nom&eacute;nologique] conduisent au m&ecirc;me r&eacute;sultat, &agrave; savoir que l&rsquo;inqui&eacute;tant est pr&eacute;cis&eacute;ment ce mode de l&rsquo;effroyable qui remonte &agrave; l&rsquo;anciennement connu, au depuis longtemps familier<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[20]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Le philosophe contemporain Guillaume Le Blanc propose que &laquo;&nbsp;<em>Soi-m&ecirc;me</em> <em>comme &eacute;tranger</em> reste toujours une &eacute;ventualit&eacute; [&hellip;] <em>&Eacute;tranger</em>, &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; suis donc toujours amen&eacute; &agrave; pouvoir l&rsquo;&ecirc;tre<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[21]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&Agrave; partir de l&rsquo;exp&eacute;rience, il se d&eacute;duit et se transcrit dans le langage courant que <em>Heimlich</em> passe &agrave; son contraire <em>Unheimlich</em>, &laquo;&nbsp;[&hellip;] car cet <em>Unheimlich</em> n&rsquo;est effectivement rien de nouveau ni d&rsquo;&eacute;tranger, mais quelque chose qui est pour la vie d&rsquo;&acirc;me de tout temps familier, et qui ne lui a &eacute;t&eacute; rendu &eacute;tranger que par le proc&egrave;s du refoulement<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[22]</span></sup></sup></a> &raquo;. Ceci permet &agrave; Freud de dire que le pr&eacute;fixe &laquo;&nbsp;<em>un</em>&nbsp;&raquo; dans ce mot est &laquo;&nbsp;la marque du refoulement<a href="#_ftn23" name="_ftnref23" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[23]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Verdr&auml;ngung</em>, le refoulement, est l&rsquo;une des pierres angulaires de l&rsquo;&eacute;difice analytique en tant qu&rsquo;il serait l&rsquo;op&eacute;ration &agrave; l&rsquo;origine de la structuration de l&rsquo;inconscient. &laquo;&nbsp;Nous donnerons le nom de <em>refoulement</em> au processus pathog&egrave;ne qui se manifeste &agrave; nous par l&rsquo;interm&eacute;diaire d&rsquo;une r&eacute;sistance<a href="#_ftn24" name="_ftnref24" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[24]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Succinctement, ce processus consiste en ce que les tendances psychiques inconscientes n&rsquo;acc&egrave;dent pas au pr&eacute;conscient et au salon de la conscience. Il s&rsquo;entend dans le fait d&rsquo;&ecirc;tre refoul&eacute; de quelque part, la notion de ne pouvoir y entrer, de rester au dehors et de ne pouvoir participer &agrave; la f&ecirc;te, &agrave; la satisfaction. Enfin, pour la psychanalyse la notion de refoulement ne va pas sans celle de retour du refoul&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire que le m&eacute;canisme de refoulement peut conduire &agrave; des cons&eacute;quences qui se per&ccedil;oivent sous forme de r&ecirc;ves, de lapsus, d&rsquo;actes manqu&eacute;s, etc. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans la suite de ce d&eacute;veloppement et &agrave; l&rsquo;aide des consid&eacute;rations pr&eacute;c&eacute;dentes, comment entendre cette trace laiss&eacute;e, cette &laquo;&nbsp;marque du refoulement&nbsp;&raquo;&nbsp;? Pour terminer la seconde section de <em>Das Unheimliche</em>, Freud fait cas d&rsquo;une observation clinique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il arrive souvent que des hommes n&eacute;vros&eacute;s d&eacute;clarent que l&rsquo;organe g&eacute;nital f&eacute;minin est pour eux quelque chose d&rsquo;inqui&eacute;tant. Or cet inqui&eacute;tant est ce qui donne acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;ancien pays natal (<em>Heimat</em>) de l&rsquo;enfant des hommes, &agrave; ce lieu-l&agrave; dans lequel chacun a s&eacute;journ&eacute; une fois et d&rsquo;abord<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[25]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Ce corps maternel qui, au d&eacute;but, &eacute;tait <em>Heimlich</em>, subit la marque du refoulement pour devenir inqui&eacute;tant. Quelque chose est donc fondamentalement oubli&eacute;, et l&rsquo;inqui&eacute;tant &eacute;trange, le <em>Unheimlich</em> peut &ecirc;tre ainsi pens&eacute; comme le retour du refoul&eacute; de ce qui &eacute;tait <em>Heimlich</em>, touchant un point intime du sujet, proche de sa v&eacute;rit&eacute; de jouissance. De la jouissance, Freud n&rsquo;en a pas fait un concept, bien qu&rsquo;il l&rsquo;ait abord&eacute;. C&rsquo;est ce que l&rsquo;on peut nommer un apport lacanien pour &eacute;pingler l&rsquo;au-del&agrave; du principe du plaisir freudien, pour s&rsquo;emparer de la dimension de l&rsquo;exc&egrave;s, du trop de plaisir. La jouissance c&rsquo;est ce qui d&eacute;passe la limite. En de&ccedil;&agrave; de la limite, c&rsquo;est le champ du plaisir.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Par cons&eacute;quent, nous pouvons op&eacute;rer une distinction, une limite entre l&rsquo;&eacute;preuve de la r&eacute;alit&eacute; mat&eacute;rielle et l&rsquo;&eacute;preuve de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. &laquo;&nbsp;La plus remarquable conjoncture du souhait et de l&rsquo;accomplissement, la r&eacute;p&eacute;tition la plus &eacute;nigmatique d&rsquo;exp&eacute;riences v&eacute;cues analogues au m&ecirc;me lieu ou &agrave; la m&ecirc;me date, les perceptions visuelles les plus g&eacute;n&eacute;ratrices d&rsquo;illusions et les bruits les plus suspects ne l&rsquo;&eacute;gareront pas, n&rsquo;&eacute;veilleront en lui aucune angoisse qu&rsquo;on puisse qualifier d&rsquo;angoisse devant &laquo;&nbsp;l&rsquo;inqui&eacute;tant&nbsp;&raquo;. Ici il s&rsquo;agit donc purement d&rsquo;une affaire d&rsquo;examen [d&rsquo;&eacute;preuve] de r&eacute;alit&eacute;, d&rsquo;une question de r&eacute;alit&eacute; mat&eacute;rielle<a href="#_ftn26" name="_ftnref26" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[26]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Freud d&eacute;gage ici la dimension de ce qui est inqui&eacute;tant, d&rsquo;une simple rencontre d&rsquo;avec l&rsquo;ext&eacute;rieur, pour radicaliser l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; du c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une rencontre toujours manqu&eacute;e avec quelque chose qui concerne le sujet et l&rsquo;exc&egrave;de. Cette &eacute;preuve de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; s&rsquo;&eacute;claire de l&rsquo;anecdote freudienne expos&eacute;e plus haut. Quelqu&rsquo;un est entr&eacute; chez lui et a fait effraction. </span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>4. Heidegger&nbsp;: l&rsquo;homme, le langage et l&rsquo;habitat</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le frayage freudien conduit &agrave; localiser l&rsquo;antique patrie du sujet comme fondamentalement perdue et &agrave; la dialectiser avec le sentiment d&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;. Ouvrons maintenant le d&eacute;bat &agrave; la philosophie et plus pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; celle d&rsquo;Heidegger en tant qu&rsquo;elle fait support &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration lacanienne de l&rsquo;habitat, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment celle de l&rsquo;habitat langagier. &Agrave; l&rsquo;instar de Latone montrant la fuite, contrainte &agrave; l&rsquo;exil, le sujet exil&eacute; de son antique patrie que constitue le corps maternel, devra trouver son D&eacute;los. L&rsquo;hypoth&egrave;se que soutient la psychanalyse lacanienne, &agrave; l&rsquo;appui des consid&eacute;rations d&rsquo;Heidegger, est que cette terre d&rsquo;asile n&rsquo;est autre que le langage lui-m&ecirc;me. Heidegger souligne, dans <em>Essais et conf&eacute;rences</em>, plus pr&eacute;cis&eacute;ment dans &laquo;&nbsp;B&acirc;tir, habiter, penser&nbsp;&raquo;, la pr&eacute;sence d&rsquo;un oubli fondamental &agrave; la condition humaine. &laquo;&nbsp;L&rsquo;homme se comporte comme <em>s&rsquo;il </em>&eacute;tait le cr&eacute;ateur et le ma&icirc;tre du langage, alors que c&rsquo;est <em>celui-ci</em> [le langage] qui le r&eacute;gente. Peut-&ecirc;tre est-ce avant toute autre chose le renversement op&eacute;r&eacute; par l&rsquo;homme de <em>ce </em>rapport de souverainet&eacute; qui pousse son &ecirc;tre vers ce qui lui est &eacute;tranger<a href="#_ftn27" name="_ftnref27" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[27]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; L&rsquo;homme, pour &eacute;viter de se savoir subordonn&eacute; aux effets du langage et de rencontrer ce qui lui est le plus intimement et originellement &eacute;tranger, va rencontrer l&rsquo;&eacute;tranger au dehors. Ce contournement ontologique met en lumi&egrave;re ce penchant subjectif qui consiste &agrave; diriger son &ecirc;tre vers la chose ext&eacute;rieure pour ne pas se confronter &agrave; ce qu&rsquo;il tente d&rsquo;oublier, &agrave; savoir qu&rsquo;il est employ&eacute; du langage. Du reste, et l&rsquo;exp&eacute;rience en atteste, localiser l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur n&rsquo;est pas sans susciter une s&eacute;rie d&rsquo;affects que nous lui connaissons et qu&rsquo;il conviendrait de r&eacute;interroger aujourd&rsquo;hui &mdash;&nbsp;haine, envie, jalousie, peur, angoisse. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Tout comme Freud, au moins du point de vue de la logique, Heidegger fait avancer sa r&eacute;flexion dans &laquo;&nbsp;B&acirc;tir, habiter, penser&nbsp;&raquo;, autour d&rsquo;une &eacute;tude linguistique et dialectique. Il part de ce que veut dire &laquo;&nbsp;b&acirc;tir&nbsp;&raquo;, qui vient du haut-allemand <em>buan</em> signifiant <em>habiter.</em> L&rsquo;&eacute;tude du mot le conduit &agrave; ce que b&acirc;tir r&eacute;ponde de la question de l&rsquo;&ecirc;tre en ce que <em>bauen</em>, <em>buan</em> partage la m&ecirc;me racine que le <em>bin</em>, du &laquo;&nbsp;je suis&nbsp;&raquo;, <em>ich bin</em>. &laquo;&nbsp;La fa&ccedil;on dont tu es et dont je suis, la mani&egrave;re dont nous autres hommes <em>sommes </em>sur terre est le <em>buan</em>, l&rsquo;habitation<a href="#_ftn28" name="_ftnref28" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[28]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; L&rsquo;homme est pour autant qu&rsquo;il habite. Si en son temps, la question de l&rsquo;habitat &eacute;tait d&eacute;j&agrave; centrale &mdash;&nbsp;mais ne l&rsquo;a-t-elle jamais &eacute;t&eacute;&nbsp;?&nbsp;&mdash; elle l&rsquo;est tout autant aujourd&rsquo;hui dans notre quotidien. &Agrave; la diff&eacute;rence peut-&ecirc;tre que dans l&rsquo;exp&eacute;rience que nous en faisons aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;habiter est devenu une &laquo;&nbsp;habitude&nbsp;&raquo;, quelque chose <em>(Un)Heimlich</em> faisant que l&rsquo;homme n&rsquo;y attache presque plus d&rsquo;importance. Ceci est une constatation clinique qui d&eacute;coule de ces &eacute;missions qui fleurissent o&ugrave; l&rsquo;habitat de l&rsquo;autre est &agrave; d&eacute;couvrir. Pr&eacute;f&eacute;rant ne pas s&rsquo;interroger sur notre propre mode d&rsquo;habitat, notre attention se tourne vers la maison des autres. C&rsquo;est ce sur quoi Lacan met le doigt en pointant l&rsquo;ignorance de son habitat par la nature de l&rsquo;habitude et en ce que l&rsquo;habitude fait masque. Soulignons d&rsquo;ailleurs que les mots habitat et habitude sont tous deux des fr&eacute;quentatifs de <em>habere</em>, avoir en latin. &laquo;&nbsp;Comme on le sait, l&rsquo;homme habite et, s&rsquo;il ne sait pas o&ugrave;, n&rsquo;en a pas moins l&rsquo;habitude<a href="#_ftn29" name="_ftnref29" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[29]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; dit Lacan. Il s&rsquo;entrevoit donc ce rapport &agrave; l&rsquo;avoir &mdash;&nbsp;avoir un logement, dans lequel ne se r&eacute;duit pas la question de l&rsquo;habiter&nbsp;&mdash; en ce qu&rsquo;il pare l&rsquo;&ecirc;tre.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Heidegger consid&egrave;re &agrave; la fin de son article que la v&eacute;ritable crise de l&rsquo;habitation ne consiste pas dans le manque de logement. &laquo;&nbsp;La vraie crise de l&rsquo;habitation, d&rsquo;ailleurs, remonte dans le pass&eacute; plus haut que les guerres mondiales et que les destructions, plus haut que l&rsquo;accroissement de la population terrestre et que la situation de l&rsquo;ouvrier d&rsquo;industrie [auxquelles s&rsquo;ajoutent aujourd&rsquo;hui les nombreux d&eacute;placements de populations]. La vraie crise de l&rsquo;habitation r&eacute;side en ceci que les mortels en sont toujours &agrave; chercher l&rsquo;&ecirc;tre de l&rsquo;habitation et qu&rsquo;<em>il leur faut d&rsquo;abord apprendre &agrave; habiter</em><a href="#_ftn30" name="_ftnref30" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[30]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Il poursuit&nbsp;: &laquo;&nbsp;D&egrave;s que l&rsquo;homme, toutefois, <em>consid&egrave;re </em>le d&eacute;racinement, celui-ci d&eacute;j&agrave; n&rsquo;est plus une mis&egrave;re. Justement consid&eacute;r&eacute; et bien retenu, il est le seul <em>appel </em>qui invite les mortels &agrave; habiter.&nbsp;&raquo; En suivant Heidegger, le d&eacute;racinement du sujet est donc le seul appel qui l&rsquo;invite &agrave; habiter. Mais de quel d&eacute;racinement parle-t-il&nbsp;? <em>Heimatlosigkeit</em>, le d&eacute;racinement, l&rsquo;exil serait-ce la condition de l&rsquo;habitation&nbsp;? Du reste, le dialogue de la philosophie et de la psychanalyse ne pourrait-il pas conduire &agrave; la question suivante&nbsp;: est-il possible de d&eacute;finir l&rsquo;&ecirc;tre du sujet sans se questionner sur la nature de son habitation&nbsp;? L&rsquo;apatridie structurale du sujet, dont il ne veut rien savoir, s&rsquo;&eacute;nonce de cette coupure lacanienne&nbsp;; coupure qui est la marque d&rsquo;un voyage sans retour dans le monde du langage. La prise de position qui suit, de la part de Lacan quant &agrave; la naissance, est &agrave; entendre dans le contexte de l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; prosp&eacute;rait une abondante litt&eacute;rature situant la s&eacute;paration en jeu &agrave; la naissance entre la m&egrave;re et l&rsquo;enfant, support du fantasme d&rsquo;une unicit&eacute; originelle perdue.</span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;&agrave; la naissance [&hellip;] la coupure est ailleurs que l&agrave; o&ugrave; nous la mettons. Par cons&eacute;quent, elle n&rsquo;est pas conditionn&eacute;e par l&rsquo;agression port&eacute;e sur le corps maternel, mais est int&eacute;rieure &agrave; l&rsquo;unit&eacute; individuelle primordiale telle qu&rsquo;elle se pr&eacute;sente au niveau de la naissance. La coupure se fait entre ce qui va devenir l&rsquo;individu jet&eacute; dans le monde ext&eacute;rieur et ses enveloppes, qui sont des parties de lui-m&ecirc;me<a href="#_ftn31" name="_ftnref31" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[31]</span></sup></sup></a>.<em>&nbsp;</em>&raquo;</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Sur cette question de l&rsquo;habitat et de la demeure, il est difficile de faire l&rsquo;impasse sur le travail ph&eacute;nom&eacute;nologique de Bachelard. Il permet le d&eacute;passement d&rsquo;un g&eacute;om&eacute;trisme clos, o&ugrave; les trac&eacute;s seraient des barri&egrave;res imperm&eacute;ables qui ne s&rsquo;entrecroisent pas. &laquo;&nbsp;Dans ce drame de la g&eacute;om&eacute;trie intime, o&ugrave; faut-il habiter<a href="#_ftn32" name="_ftnref32" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[32]</span></sup></sup></a>&nbsp;?&nbsp;&raquo; se demande Bachelard. Il invite ainsi &agrave; se lib&eacute;rer de toute intuition d&eacute;finitive et postule une primitivit&eacute; de l&rsquo;&ecirc;tre dans l&rsquo;&ecirc;tre-bien de la maison natale qui s&rsquo;oppose &agrave; la conception de Lacan expos&eacute;e ci-dessus. &laquo;&nbsp;La vie commence bien, elle commence enferm&eacute;e, prot&eacute;g&eacute;e, toute ti&egrave;de dans le giron de la maison<a href="#_ftn33" name="_ftnref33" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[33]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; L&agrave; o&ugrave; la ph&eacute;nom&eacute;nologie de Bachelard postule que l&rsquo;antique et mythique demeure du ventre maternel serait l&rsquo;analogon d&rsquo;un paradis perdu, la psychanalyse s&rsquo;appuie ici sur des conceptions m&eacute;dicales pour indiquer le rapport de parasite qu&rsquo;entretient le f&oelig;tus avec le corps maternel. Tout autant, elle souligne la dimension premi&egrave;re de la perte d&rsquo;un objet &mdash;&nbsp;les enveloppes embryonnaires. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">L&rsquo;expropriation du sujet devient par cons&eacute;quent la condition n&eacute;cessaire pour esp&eacute;rer habiter dans un <em>ailleurs</em>. &laquo;&nbsp;Bref, la r&eacute;v&eacute;lation psychanalytique, c&rsquo;est que l&rsquo;homme est&hellip; un exclu<a href="#_ftn34" name="_ftnref34" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[34]</span></sup></sup></a>&nbsp;!&nbsp;&raquo; Ce <em>d&eacute;racinement</em> n&rsquo;est pas sans &eacute;voquer <em>Le malaise dans la culture </em>de Freud, o&ugrave; il &eacute;crit&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;La maison d&rsquo;habitation [est] un substitut du ventre maternel, ce premier habitacle qui vraisemblablement est toujours rest&eacute; objet de d&eacute;sirance [&hellip;]<a href="#_ftn35" name="_ftnref35" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[35]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; &Agrave; d&eacute;faut d&rsquo;habiter dans ce paradis fantasm&eacute;, le sujet est contraint &agrave; un rapport d&rsquo;habitat au langage dans lequel il pourra s&rsquo;am&eacute;nager un <em>habiter</em>. </span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>5. La patrie du sujet</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Sa vie, le sujet la partage avec des petits autres&nbsp;; semblables ou &eacute;trangers&nbsp;; autres pr&eacute;sents, parfois absents&nbsp;; autres pers&eacute;cuteurs ou secourants&nbsp;; autres jouisseurs ou &eacute;tayants. Le sujet aura &agrave; y r&eacute;pondre dans l&rsquo;entre-deux de la rencontre dont seul l&rsquo;Autre, avec un grand A, pourra sembler garantir la fronti&egrave;re. Effectivement L&rsquo;Autre est cette dimension limite &agrave; partir de laquelle le sujet aura &agrave; se constituer, &agrave; prendre appui, sans possibilit&eacute; de la d&eacute;passer. Ce que nous accueillons avec la psychanalyse, c&rsquo;est ce qui d&eacute;range, d&eacute;loge le sujet de l&agrave; o&ugrave; le <em>moi</em> se croyait souverain. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Fran&ccedil;ois Jullien dans <em>L&rsquo;&eacute;cart et l&rsquo;entre</em>, propose que &laquo;&nbsp;Babel n&rsquo;est pas une mal&eacute;diction mais la chance de la pens&eacute;e<a href="#_ftn36" name="_ftnref36" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[36]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Demandons-nous ce que repr&eacute;sente structurellement le mythe de Babel. Babel c&rsquo;est l&rsquo;introduction du malentendu, de la discorde, de l&rsquo;incompr&eacute;hension g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e. Mais ceci ne va pas sans l&rsquo;autre face du mythe, &agrave; savoir l&rsquo;ouverture et la pluralisation du langage comme ressource. Le pari de la psychanalyse trouve ses assises sur ce fait m&ecirc;me en ne travaillant qu&rsquo;avec la parole, en tant que chacun en est l&rsquo;effet et non la cause. Actuellement, le discours de la science se pose en universel, r&eacute;futant l&rsquo;existence d&rsquo;une pluralit&eacute; des mani&egrave;res d&rsquo;&ecirc;tre au monde, discours visant &agrave; r&eacute;instaurer cette langue d&rsquo;avant Babel, cette langue pour tous, refoulant le malentendu. Aussi, ne se dessine-t-il pas, au travers des diff&eacute;rents discours th&eacute;oriques, une &eacute;preuve en acte de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;? De l&agrave;, une question &eacute;pist&eacute;mologique se pose&nbsp;: l&rsquo;&eacute;laboration th&eacute;orique et conceptuelle est-elle &agrave; m&ecirc;me de rendre compte de la notion d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;? Quel que soit le champ disciplinaire par lequel se risque un abord du concept l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, c&rsquo;est de sa rencontre, de son &eacute;preuve quasi ph&eacute;nom&eacute;nologique que nous avons &agrave; r&eacute;pondre. Du reste, il incombe &agrave; chacun de pouvoir en t&eacute;moigner dans son style, qui n&rsquo;est pas sans lien avec sa mani&egrave;re de faire avec la langue. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Pour conclure, nous avons tent&eacute; au travers de ce d&eacute;veloppement de dire et d&rsquo;attraper ce quelque chose qui insiste en chacun, pouvant porter le sujet &agrave; vouloir en dire quelque chose, mais pas sans en passer par les mots. Se soumettre &agrave; cet exercice n&rsquo;est pas sans comporter le risque que l&rsquo;Autre sc&egrave;ne, l&rsquo;inconscient, se fraye un passage en disant ce qui n&rsquo;&eacute;tait pas pr&eacute;vu. &laquo;&nbsp;Il y a aussi tout un champ o&ugrave;, de ce qui nous constitue, nous ne savons rien<a href="#_ftn37" name="_ftnref37" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[37]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; La psychanalyse fait de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, de cette autre dimension avec laquelle nous cohabitons une v&eacute;rit&eacute; subjective, une alt&eacute;rit&eacute; de jouissance, chacun avec ses fa&ccedil;ons de faire, ses fa&ccedil;ons de dire. La cure psychanalytique, avec le travail de l&rsquo;analysant est une tentative d&rsquo;extraction, de d&eacute;collement de tout ce qui le maintient &agrave; la conformit&eacute; de son assujettissement par des discours uniformisants refoulant l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; constitutive de chaque sujet. Mais le langage pris comme ressource d&eacute;coupe, d&eacute;lin&eacute;arise&nbsp;; il cr&eacute;e de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et construit une intimit&eacute; dans un m&ecirc;me mouvement. Ainsi il s&rsquo;entend pourquoi l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ne se rencontre que du langage. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Finalement, ce dans quoi nous &eacute;voluons depuis l&rsquo;exil primordial du corps maternel c&rsquo;est le langage, entendu comme point de saisissement de ce qui peut faire asile. &laquo;&nbsp;Voil&agrave; le sujet freudien, exil&eacute; de la nature pour un habitat langagier<a href="#_ftn38" name="_ftnref38" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[38]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Ce d&eacute;racinement premier peut-il nous permettre d&rsquo;aborder les structures qui soutiennent les fa&ccedil;ons diff&eacute;rentes d&rsquo;&ecirc;tre au langage&nbsp;? Le langage &eacute;tant toujours d&eacute;j&agrave; l&agrave;, il nous faut l&rsquo;habiter&nbsp;; l&rsquo;habiter pour symboliser et dire la perte initiale et les suivantes. La question ne semble donc pas &ecirc;tre g&eacute;ographique lorsqu&rsquo;on se revendique du pays de la psychanalyse, mais davantage structurale en tant qu&rsquo;elle conduit &agrave; observer les possibilit&eacute;s d&rsquo;un m&eacute;nagement significatif du sujet qui transforme son espace de vie en lieu habitable &mdash;&nbsp;&agrave; moins qu&rsquo;il n&rsquo;y soit &eacute;trangement parasite.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Bibliographie</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Bachelard Gaston, <em>La po&eacute;tique de l&rsquo;espace</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2012.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Freud Sigmund, &laquo;&nbsp;L&rsquo;inqui&eacute;tant&nbsp;&raquo;, dans<em> &OElig;uvres compl&egrave;tes Volume XV</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, p. 147-188.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Freud Sigmund, &laquo;&nbsp;Une difficult&eacute; de la psychanalyse&nbsp;&raquo;, dans<em> &OElig;uvres compl&egrave;tes Volume XV</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, p. 41-51.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Freud Sigmund, <em>Le malaise dans la culture</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2011. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Freud Sigmund, &laquo;&nbsp;XIX<sup>e</sup> Le&ccedil;on : R&eacute;sistance et refoulement&nbsp;&raquo;, dans <em>Introduction &agrave; la psychanalyse</em>, Paris, Petite Biblioth&egrave;que Payot, p. 268-282.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Heidegger Martin, &laquo;&nbsp;B&acirc;tir, habiter, penser&nbsp;&raquo;, dans <em>Essais et conf&eacute;rences</em>, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, 1958, p. 170-193. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Jullien Fran&ccedil;ois, <em>L&rsquo;&eacute;cart et l&rsquo;entre</em>, Le&ccedil;on inaugurale de la chaire de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, Paris, Galil&eacute;e, 2012.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Lacan Jacques, &laquo;&nbsp;T&eacute;l&eacute;vision&nbsp;&raquo;, dans <em>Autres &eacute;crits</em>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 2001, p. 509-545.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Lacan Jacques, <em>Le S&eacute;minaire Livre III, Les psychoses (1955-1956)</em>, Transcription de Jacques-Alain Miller, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1981.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Lacan Jacques, <em>Le S&eacute;minaire Livre IX, L&rsquo;identification</em> <em>(1961-1962)</em>, In&eacute;dit.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Lacan Jacques, <em>Le S&eacute;minaire Livre X</em>, <em>L&rsquo;angoisse (1962-1963)</em>, Transcription de Jacques-Alain Miller, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 2004.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Lacan Jacques, &laquo;&nbsp;Les clefs de la psychanalyse&nbsp;: Entretien avec Madeleine Chapsal&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;express</em>, 31 mai 1957, n&deg;310.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le Blanc Guillaume, <em>Dedans, dehors&nbsp;: La condition d&rsquo;&eacute;tranger</em>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, coll. &laquo; La couleur des id&eacute;es &raquo;, 2010.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Rahimi Atiq, <em>La balade du calame</em>, Paris, &Eacute;ditions de L&rsquo;Iconoclaste, 2015.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Sauret Marie-Jean, &laquo;&nbsp;L&rsquo;exclusion&nbsp;&raquo;, dans <em>Psychanalyse et politique : huit questions de la psychanalyse au politique</em>, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2000, p. 19-41.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Soler Colette, <em>L&rsquo;inconscient qu&rsquo;est-ce que c&rsquo;est&nbsp;?</em>, Paris, Formations cliniques du Champ Lacanien, Coll&egrave;ge clinique de Paris, Ann&eacute;e 2007-2008.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Wartburg (von) Oscar Bloch Walther, <em>Dictionnaire &eacute;tymologique de la langue fran&ccedil;aise</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2012.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Winnicott Donald W., &laquo; L&rsquo;angoisse associ&eacute;e &agrave; l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; &raquo;, dans<em> De la p&eacute;diatrie &agrave; la psychanalyse</em>, Paris, &Eacute;ditions Payot, 1958, p. 198-202.</span></span></p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Biographie de l&rsquo;auteur</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Alexandre Faure est doctorant en psychopathologie clinique &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Rennes 2.</span></span></p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt">[1]</span></a>&nbsp;&nbsp; Atiq Rahimi, <em>La balade du calame</em>, Paris, &Eacute;ditions de L&rsquo;Iconoclaste, 2015, p. 102.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[2]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Oscar Bloch Walther von Wartburg, <em>Dictionnaire &eacute;tymologique de la langue fran&ccedil;aise</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, p. 46.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[3]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, &laquo;&nbsp;Les clefs de la psychanalyse&nbsp;: Entretien avec Madeleine Chapsal&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;express</em>, 31 mai 1957, n&deg;310.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[4]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sigmund Freud, &laquo;&nbsp;Une difficult&eacute; de la psychanalyse&nbsp;&raquo;, dans<em> &OElig;uvres compl&egrave;tes Volume XV</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, p. 50.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[5]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Op. cit.</em></span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[6]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, <em>Le S&eacute;minaire Livre III, Les psychoses (1955-1956)</em>, Transcription de Jacques-Alain Miller, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1981, p. 270.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[7]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Colette Soler, <em>L&rsquo;inconscient qu&rsquo;est-ce que c&rsquo;est&nbsp;?</em>, Formations cliniques du Champ Lacanien, Coll&egrave;ge Clinique de Paris, Ann&eacute;e 2007-2008, p. 8.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[8]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sur ce point, voir Sigmund Freud, <em>Le malaise dans la culture</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2011, p.&nbsp;108.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[9]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, <em>Le S&eacute;minaire Livre III, Les psychoses (1955-1956)</em>, Transcription de Jacques-Alain Miller, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1981, p. 286.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[10]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, <em>Le S&eacute;minaire Livre IX, L&rsquo;identification</em> <em>(1961-1962)</em>, In&eacute;dit, Le&ccedil;on du 15 novembre 1961.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[11]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, <em>Le S&eacute;minaire Livre III, op.cit.</em>, p. 284.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[12]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.</em>, p. 276.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[13]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, &laquo;&nbsp;Les clefs de la psychanalyse&nbsp;: Entretien avec Madeleine Chapsal&nbsp;&raquo;,<em> op. cit</em>.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[14]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Donald W. Winnicott, &laquo;&nbsp;L&rsquo;angoisse associ&eacute;e &agrave; l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute;&nbsp;&raquo;, dans<em> De la p&eacute;diatrie &agrave; la psychanalyse</em>, Paris, &Eacute;ditions Payot, 1958, p. 200.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[15]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, <em>ibid</em>.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[16]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> La traduction du terme <em>unheimlich </em>par &laquo;&nbsp;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;&nbsp;&raquo; se base sur celle g&eacute;n&eacute;ralement admise depuis Marie Bonaparte. Pour certains, elle a l&rsquo;inconv&eacute;nient d&rsquo;introduire une notion suppl&eacute;mentaire, celle de l&rsquo;&eacute;tranget&eacute;.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[17]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sigmund Freud, &laquo;&nbsp;L&rsquo;inqui&eacute;tant&nbsp;&raquo;, dans<em> &OElig;uvres compl&egrave;tes Volume XV</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, p. 183.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[18]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Op. cit.</em></span></span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[19]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.</em>, p. 158.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[20]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.</em>, p. 152.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[21]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Guillaume Le Blanc, <em>Dedans, dehors&nbsp;: La condition d&rsquo;&eacute;tranger</em>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, coll. &laquo;&nbsp;La couleur des id&eacute;es&nbsp;&raquo;, 2010, p. 136.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[22]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sigmund Freud, &laquo;&nbsp;L&rsquo;inqui&eacute;tant&nbsp;&raquo;, <em>ibid.</em>, p. 175.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[23]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.</em>, p.180.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn24"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[24]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sigmund Freud, &laquo;&nbsp;XIXe Le&ccedil;on&nbsp;: R&eacute;sistance et refoulement&nbsp;&raquo;, dans <em>Introduction &agrave; la psychanalyse</em>, Paris, Petite Biblioth&egrave;que Payot, 1961, p. 275.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[25]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sigmund Freud, &laquo;&nbsp;L&rsquo;inqui&eacute;tant&nbsp;&raquo;, <em>op.cit</em>., p.179-180.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn26"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[26]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.</em>, p. 183.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn27"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[27]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Martin Heidegger, &laquo;&nbsp;B&acirc;tir, habiter, penser&nbsp;&raquo;, dans <em>Essais et conf&eacute;rences</em>, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, 1958, p. 172. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn28"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[28]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Op. cit.</em>, p. 173.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn29"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[29]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, &laquo;&nbsp;T&eacute;l&eacute;vision&nbsp;&raquo;, dans <em>Autres &eacute;crits</em>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1966, p. 538.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn30"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[30]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Martin Heidegger, <em>op. cit.</em>, p. 172. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn31"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[31]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, <em>Le S&eacute;minaire Livre X</em>, <em>L&rsquo;angoisse (1962-1963)</em>, Transcription de Jacques-Alain Miller, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 2004, p. 268-269.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn32"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[32]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Gaston Bachelard, <em>La po&eacute;tique de l&rsquo;espace</em>, Paris&nbsp;: Presses Universitaires de France, coll. &laquo;&nbsp;Quadrige&nbsp;&raquo;, 2012, p. 196.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn33"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[33]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Op. cit.</em>, p. 26.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn34"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[34]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Marie-Jean Sauret, &laquo;&nbsp;L&rsquo;exclusion&nbsp;&raquo;, dans <em>Psychanalyse et politique&nbsp;: huit questions de la psychanalyse au politique</em>, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2000, p. 19.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn35"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[35]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sigmund Freud, <em>Le malaise dans la culture</em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2011, p. 34.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn36"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[36]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Fran&ccedil;ois Jullien, <em>L&rsquo;&eacute;cart et l&rsquo;entre</em>, Le&ccedil;on inaugurale de la chaire de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, Paris, Galil&eacute;e, 2012, p.&nbsp;41.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn37"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[37]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Jacques Lacan, <em>Le S&eacute;minaire Livre X, op.cit., </em>p. 73.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn38"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[38]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Marie-Jean Sauret, <em>op. cit. </em>p. 21.</span></span></span></p> </div> </div>