<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">L&rsquo;analyse du discours et la pragmatique, deux approches que nous allons privil&eacute;gier ici, placent l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; au c&oelig;ur de la r&eacute;flexion dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; est un actant essentiel de l&rsquo;interaction verbale<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[1]</span></sup></sup></a>. En effet, la cr&eacute;ation d&rsquo;un espace intersubjectif levant les barri&egrave;res de la diff&eacute;rence radicale est presque toujours pos&eacute;e &agrave; la fois comme la modalit&eacute; et la finalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;change entre deux ou plusieurs interlocuteurs. En d&rsquo;autres termes, communiquer revient &agrave; nier l&rsquo;existence d&rsquo;une fronti&egrave;re herm&eacute;tique entre soi et une instance enti&egrave;rement h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, ce qui suppose des r&eacute;ajustements et des n&eacute;gociations constantes. Cet espace intersubjectif n&rsquo;est cependant pas imm&eacute;diat, spontan&eacute; ni d&eacute;sordonn&eacute;&nbsp;: il est r&eacute;gi par un ensemble de r&egrave;gles tacites, elles-m&ecirc;mes garanties par des comp&eacute;tences encyclop&eacute;diques, logiques, et rh&eacute;torico-pragmatiques<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[2]</span></sup></sup></a>. Paul Grice<sup> </sup>signale en ce sens l&rsquo;existence de telles r&egrave;gles, qu&rsquo;il nomme &laquo;&nbsp;maximes conversationnelles&nbsp;&raquo; subsum&eacute;es par une condition r&eacute;gulatrice, &laquo;&nbsp;le principe de coop&eacute;ration<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[3]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Celui-ci suppose que la contribution &agrave; une conversation engage les deux interlocuteurs &agrave; une entente mutuelle, un d&eacute;sir de comprendre l&rsquo;intention de communication du co-&eacute;nonciateur et d&rsquo;&ecirc;tre compris. M&ecirc;me si l&rsquo;existence d&rsquo;un tel principe semble &ecirc;tre quelque peu id&eacute;aliste, Kerbrat Orecchioni soutient que tout &eacute;change a pour pr&eacute;alable la condition suivante&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Ecirc;tre coop&eacute;ratif, c&rsquo;est faire-comme-s&rsquo;il &eacute;tait et souhaitable, et possible, de communiquer<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[4]</span></sup></sup></a>. &raquo;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Or le th&eacute;&acirc;tre, lieu paradigmatique de l&rsquo;&eacute;change verbal entre les personnages, s&rsquo;affranchit parfois de ces m&ecirc;mes r&egrave;gles dans une finalit&eacute; r&eacute;solument subversive. Tel est le cas de l&rsquo;&oelig;uvre que nous allons analyser&nbsp;: <em>Yerma,</em> &oelig;uvre majeure du r&eacute;pertoire dramatique de Federico Garc&iacute;a Lorca et seconde pi&egrave;ce de la trilogie compos&eacute;e en outre de <em>Bodas de sangre</em> et de <em>La casa de Bernarda Alba</em>. Nous y verrons en effet que la communication en &eacute;chec entre trois des personnages n&rsquo;est rien de moins qu&rsquo;une manifestation discursive de l&rsquo;&eacute;preuve de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Yerma est une jeune femme r&eacute;cemment mari&eacute;e qui vit dans l&rsquo;obsession croissante d&rsquo;avoir un enfant. Ce souhait, motiv&eacute; par l&rsquo;appartenance &agrave; une soci&eacute;t&eacute; conservatrice qui pr&ocirc;ne la maternit&eacute; comme finalit&eacute; absolue de la vie d&rsquo;&eacute;pouse, occulte en r&eacute;alit&eacute; un d&eacute;sir autrement moins assum&eacute;&nbsp;: celui que Yerma &eacute;prouve envers V&iacute;ctor, jeune berger du village. Le triangle amoureux implicite qui se dessine entre Yerma, V&iacute;ctor et Juan, le mari, ne sera cependant jamais expos&eacute; comme tel, en raison de l&rsquo;interdit en vigueur&nbsp;: d&rsquo;une part, la jeune femme laisse transpara&icirc;tre dans son discours un d&eacute;sir qu&rsquo;elle n&rsquo;assume pas et qui est un frein certain &agrave; sa maternit&eacute;&nbsp;; d&rsquo;autre part, Juan, lass&eacute; de l&rsquo;obsession de sa femme qu&rsquo;il ne partage pas, ne cesse de lui faire des reproches quant &agrave; son attitude sans jamais comprendre son d&eacute;sir&nbsp;; et enfin V&iacute;ctor, personnage r&eacute;sign&eacute; s&rsquo;il en est, refuse le discours implicite de Yerma.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Malentendus, dialogues de sourds, incompr&eacute;hensions, et frustration sont autant d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments qui mettent &agrave; mal la communication et exposent (bien que toujours de fa&ccedil;on implicite) l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne &agrave; une marginalisation sociale certaine. N&eacute;anmoins, cette incommunication est bien plus insidieuse qu&rsquo;il n&rsquo;y para&icirc;t puisqu&rsquo;elle ne se manifeste presque jamais sur un mode d&rsquo;affrontement verbal explicite.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Nous allons voir que les contenus implicites port&eacute;s par l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne entra&icirc;nent un non-respect par les personnages masculins du principe de coop&eacute;ration, ce qui a g&eacute;n&eacute;ralement pour cons&eacute;quence de condamner Yerma &agrave; un vif discr&eacute;dit. Ce discr&eacute;dit, &agrave; son tour, conduira la protagoniste &agrave; son exclusion de l&rsquo;espace intersubjectif cr&eacute;&eacute; par l&rsquo;&eacute;change verbal et &agrave; un renvoi &agrave; son alt&eacute;rit&eacute; fondamentale. Notre r&eacute;flexion, bien que structur&eacute;e en trois mouvements distincts, ob&eacute;ira &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de chaque partie &agrave; un principe binaire, de mani&egrave;re &agrave; respecter la dynamique de dualit&eacute; inh&eacute;rente &agrave; la notion d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. </span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>1. Yerma et Juan&nbsp;: l&rsquo;&eacute;preuve du dialogue</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">&Agrave; la lecture du dialogue dramatique, nous pouvons observer une apparente banalit&eacute; des propos de Yerma, sorte d&rsquo;infl&eacute;chissement de la r&egrave;gle du discours la plus importante, la loi de pertinence. Grice la r&eacute;sume de la fa&ccedil;on suivante&nbsp;: &laquo;&nbsp;parlez &agrave; propos<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[5]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Le code du silence impos&eacute; nous am&egrave;ne cependant &agrave; supposer que cet infl&eacute;chissement n&rsquo;est qu&rsquo;apparent&nbsp;; Kerbrat Orecchioni nous dit en ce sens que&nbsp;: &laquo;&nbsp;Quand le contenu litt&eacute;ral d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; est jug&eacute; insuffisamment pertinent, on tente d&rsquo;augmenter, dans la mesure du possible, cette pertinence en calculant une signification implicite qui soit plus &ldquo;int&eacute;ressante&rdquo;, ou qui &ldquo;tire&rdquo; davantage &ldquo;&agrave; cons&eacute;quence<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[6]</span></sup></sup></a>&rdquo;.&nbsp;&raquo; </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">La coop&eacute;ration voudrait donc que, si le locuteur infl&eacute;chit la maxime de pertinence, l&rsquo;interlocuteur restitue la pertinence de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; en cherchant un contenu implicite. Toutefois, si le recours &agrave; un langage d&eacute;tourn&eacute; permet &agrave; l&rsquo;&eacute;metteur, comme le souligne Oswald Ducrot, de &laquo;&nbsp;laisser entendre sans encourir la responsabilit&eacute; d&rsquo;avoir dit<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[7]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, le d&eacute;codage par le r&eacute;cepteur est autrement plus compromettant. Le danger auquel s&rsquo;exposent les personnages masculins dans <em>Yerma</em> en d&eacute;gageant les sous-entendus des propos de la jeune femme est de l&rsquo;ordre de la perte de l&rsquo;honneur et de la mort sociale.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Le premier extrait<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[8]</span></sup></sup></a> que nous allons traiter, issu d&rsquo;une conversation entre Yerma et son mari, illustre le poids d&rsquo;un discours latent et la cons&eacute;quente strat&eacute;gie d&rsquo;&eacute;vitement mise en place.</span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">&laquo; <em>JUAN. No soy yo quien lo<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><sup><strong><sup><span style="font-size:12.0pt">[9]</span></sup></strong></sup></a> pone; lo pones t&uacute; con tu conducta y el pueblo lo empieza a decir. Lo empieza a decir claramente. Cuando llego a un corro, todos callan; cuando voy a pesar la harina, todos callan; y hasta de noche en el campo, cuando despierto, me parece que tambi&eacute;n se callan las ramas de los &aacute;rboles. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">YERMA. Yo no s&eacute; por qu&eacute; empiezan los malos aires que revuelcan al trigo y &iexcl;mira t&uacute; si el trigo es bueno! </span></em></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">JUAN. Ni yo s&eacute; lo que busca una mujer a todas horas fuera de su tejado</span></em><a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><sup><span style="font-size:12.0pt"><sup><span style="font-size:12.0pt">[10]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:12.0pt">.&raquo; </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Si nous nous limitons au sens litt&eacute;ral, tout tend &agrave; faire croire que Yerma n&rsquo;est pas totalement saine d&rsquo;esprit. Pourquoi, alors que son mari l&rsquo;accuse de faire l&rsquo;objet des m&eacute;disances du village, se met-elle &agrave; parler du bl&eacute;&nbsp;? Un interlocuteur r&eacute;ceptif et coop&eacute;ratif aurait d&eacute;duit un sens m&eacute;taphorique dans le but de restituer &agrave; l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; toute sa pertinence. La comparaison entre Yerma et la terre fertile qui produit le bl&eacute; est en effet implicite mais limpide. Le bl&eacute;<em> </em>(<em>trigo</em>) qualifi&eacute; de bon (<em>bueno</em>), fonctionne en opposition avec les vents mauvais<em> (malos aires</em>)&nbsp;; autrement dit, elle exprime ici toute son incompr&eacute;hension face &agrave; des calomnies qui remettent en question sa conduite. Or la r&eacute;ponse de Juan nous d&eacute;voile une rupture de la communication : &laquo;&nbsp;<em>Ni yo s&eacute; lo que busca una mujer a todas horas fuera de su tejado</em>. &raquo; Non seulement il n&rsquo;accepte pas la d&eacute;claration d&rsquo;innocence voil&eacute;e de Yerma, mais il l&rsquo;accuse frontalement de s&rsquo;exposer aux comm&eacute;rages en quittant l&rsquo;espace qui lui est assign&eacute;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[11]</span></sup></sup></a>. Sans renverser la hi&eacute;rarchie entre le contenu litt&eacute;ral et le contenu d&eacute;riv&eacute; pour restituer aux propos de sa femme tout leur bien-fond&eacute;, il pr&eacute;f&egrave;re occulter tout ce qu&rsquo;elle vient de dire en poursuivant&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne sais<em>&nbsp;&raquo;,</em> &laquo;&nbsp;<em>yo no s&eacute;</em>&nbsp;&raquo; <em>/ &laquo;&nbsp;</em>Je ne sais pas non plus&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;<em>ni yo s&eacute;</em>&nbsp;&raquo; sur un mode cette fois-ci explicite. Il discr&eacute;dite sa femme en &ocirc;tant &agrave; ses paroles toute forme de pertinence, provoquant de ce fait une fissure dans le masque social qu&rsquo;elle porte. L&rsquo;absence de pertinence est telle qu&rsquo;elle entra&icirc;ne une cessation de la communication d&eacute;j&agrave; sanctionn&eacute;e dans une conversation pr&eacute;c&eacute;dente par une phrase m&eacute;tadiscursive de Juan&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne comprends pas ce que tu dis<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[12]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo; ( &laquo;&nbsp;<em>Hablas de una manera que yo no te entiendo</em><a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[13]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;). Cette derni&egrave;re citation r&eacute;v&egrave;le non pas un d&eacute;sir conscient de la part de Juan d&rsquo;exclure son &eacute;pouse en la disqualifiant verbalement mais bien son incapacit&eacute; &agrave; <em>interpr&eacute;ter</em> son discours. En effet, on comprend &agrave; travers cet exemple toute l&rsquo;instabilit&eacute; et l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; de l&rsquo;implicite dont le d&eacute;chiffrement est enti&egrave;rement laiss&eacute; &agrave; la charge du r&eacute;cepteur. &Agrave; de nombreuses reprises au cours de la pi&egrave;ce, la conversation s&rsquo;enlise faute de coordination entre les deux &eacute;poux&nbsp;: Yerma engage un discours oblique conform&eacute;ment au code du silence en vigueur, dont Juan est charg&eacute; de restituer le bien-fond&eacute;&nbsp;; or ce dernier, d&eacute;muni face &agrave; l&rsquo;opacit&eacute; d&rsquo;un langage qu&rsquo;il ne ma&icirc;trise pas, s&rsquo;en tient au sens litt&eacute;ral ou encha&icirc;ne sur un autre th&egrave;me. Multipli&eacute;s dans les &eacute;changes verbaux, ces hiatus, ou fractures dans la progression de l&rsquo;&eacute;change, mettent &agrave; mal l&rsquo;intersubjectivit&eacute; inh&eacute;rente au dialogue. De plus, la communication bris&eacute;e par les implicites avort&eacute;s remet en question la traditionnelle image unitaire du couple d&eacute;passant l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;.&nbsp;</span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>2. V&iacute;ctor et Yerma&nbsp;: la marginalisation de la protagoniste</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Le second extrait<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[14]</span></sup></sup></a> se situe, quant &agrave; lui, &agrave; la fin du deuxi&egrave;me acte correspondant au d&eacute;part de V&iacute;ctor. </span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">&laquo; <em>YERMA</em>.<em> Haces bien en cambiar de campos. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">V&Iacute;CTOR. Todos los campos son iguales. </span></em></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">YERMA</span></em><span style="font-size:12.0pt">.<em> No. Yo me ir&iacute;a muy lejos. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">V&Iacute;CTOR</span></em><span style="font-size:12.0pt">.<em> Es todo lo mismo. Las mismas ovejas tienen la misma lana. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">YERMA. Para los hombres, s&iacute;, pero las mujeres somos otra cosa. Nunca o&iacute; decir a un hombre comiendo: &ldquo;&iexcl;Qu&eacute; buena son estas manzanas!&rdquo; Vais a lo vuestro sin reparar en las delicadezas. De m&iacute; s&eacute; decir que he aborrecido el agua de estos pozos. </span></em></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">V&Iacute;CTOR</span></em><span style="font-size:12.0pt"> .<em> Puede ser. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">[&hellip;]</span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">YERMA</span></em><span style="font-size:12.0pt">. <em>Te portaste bien. Siendo zagal&oacute;n me llevaste una vez en brazos; &iquest;no recuerdas? Nunca se sabe lo que va a pasar. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">V&Iacute;CTOR</span></em><span style="font-size:12.0pt">. <em>Todo cambia.</em> </span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">YERMA</span></em><span style="font-size:12.0pt">. <em>Algunas cosas no cambian. Hay cosas encerradas detr&aacute;s de los muros que no pueden cambiar porque nadie las oye.</em> </span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">V&Iacute;CTOR</span></em><span style="font-size:12.0pt">. <em>As&iacute; es</em><a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[15]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">L&rsquo;annonce de son d&eacute;part &agrave; Yerma donne lieu &agrave; une conversation sur les champs qui, une fois de plus, pourrait presque &ecirc;tre qualifi&eacute;e d&rsquo;insignifiante tant le th&egrave;me est ordinaire et prosa&iuml;que. Cependant, la banalit&eacute; apparente de ce sens imm&eacute;diat fonctionne comme un indice de la pr&eacute;sence d&rsquo;un langage oblique<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[16]</span></sup></sup></a>. Le sens m&eacute;taphorique doublement implicite permet ainsi de d&eacute;voiler l&rsquo;ampleur de la r&eacute;v&eacute;lation de Yerma. Le fait de changer de champ doit en effet &ecirc;tre compris comme une apologie de la libert&eacute;, une libert&eacute; qui se traduit par la possibilit&eacute; de se d&eacute;livrer de l&rsquo;air suffocant de la campagne dans laquelle elle vit. Le second niveau m&eacute;taphorique est, l&agrave; encore, sexuel&nbsp;; en effet, si on se r&eacute;f&egrave;re au tissu s&eacute;miotique form&eacute; par l&rsquo;&oelig;uvre, les champs sont pr&eacute;sent&eacute;s comme une m&eacute;taphore de la femme, c&rsquo;est-&agrave;-dire une terre fertile que l&rsquo;homme doit labourer pour qu&rsquo;elle porte ses fruits. Le changement de territoire renvoie donc implicitement &agrave; la libert&eacute; sexuelle masculine, une libert&eacute; que la jeune femme ne peut se permettre et qui serait son unique possibilit&eacute; d&rsquo;avoir des enfants. Ici, n&eacute;anmoins, si V&iacute;ctor d&eacute;cide de coop&eacute;rer en tissant la m&eacute;taphore lanc&eacute;e par Yerma, ce n&rsquo;est que pour montrer son fatalisme, sa r&eacute;signation, voire son antagonisme. Sous couvert de parler de champs et de brebis, V&iacute;ctor signale &agrave; Yerma qu&rsquo;il r&eacute;prouve son d&eacute;sir.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Cette coop&eacute;ration sera de courte dur&eacute;e dans la mesure o&ugrave; V&iacute;ctor va tr&egrave;s vite retrouver le ton lapidaire qui lui est propre. La r&eacute;plique br&egrave;ve de V&iacute;ctor &laquo;&nbsp;Peut-&ecirc;tre<em>&nbsp;&raquo;</em> (&laquo; <em>Puede ser</em> &raquo;) lui permet d&rsquo;exprimer son refus de poursuivre la conversation. De fait, si l&rsquo;&eacute;galit&eacute; des r&eacute;pliques caract&eacute;risait la m&eacute;taphore fil&eacute;e pr&eacute;c&eacute;dente, la disproportion entre la r&eacute;plique de Yerma et la r&eacute;ponse de V&iacute;ctor que nous venons de citer est un indice du refus de coop&eacute;rer du berger car il brise de fait la premi&egrave;re maxime de quantit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Que votre contribution contienne autant d&rsquo;information qu&rsquo;il est requis<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[17]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; En disant &laquo;&nbsp;peut-&ecirc;tre&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est comme s&rsquo;il n&rsquo;accordait aucun cr&eacute;dit aux confessions voil&eacute;es de la jeune femme, puisqu&rsquo;il r&eacute;pond &eacute;vasivement au lieu d&rsquo;encha&icirc;ner th&eacute;matiquement sur la r&eacute;plique de son interlocutrice. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Ensuite, &agrave; la faveur de la rem&eacute;moration d&rsquo;un souvenir commun (&laquo;&nbsp;T&rsquo;en souviens-tu&nbsp;?<em>&nbsp;&raquo;</em> &laquo;&nbsp;<em>&iquest;No recuerdas?</em>&nbsp;&raquo;), Yerma tente d&rsquo;&eacute;tablir une connivence avec le berger. L&rsquo;acte de langage suscit&eacute; par la question de Yerma &eacute;choue&nbsp;: si la dimension illocutoire<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title=""><span style="font-size:12.0pt">[18]</span></a> de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; &eacute;tait assez claire </span><span style="font-size:13.5pt"><span style="background-color:white">&mdash;&nbsp;</span></span><span style="font-size:12.0pt">&eacute;tablir un lien avec son interlocuteur&nbsp;&mdash;</span><span style="font-size:13.5pt"><span style="background-color:white">,</span></span><span style="font-size:12.0pt"> celui-ci &eacute;choue perlocutoirement<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[19]</span></sup></sup></a> dans la mesure o&ugrave; la question, induisant une projection de V&iacute;ctor dans le pass&eacute; commun o&ugrave; tout &eacute;tait possible entre eux, se solde par un &eacute;chec&nbsp;; &laquo;&nbsp;tout change&nbsp;&raquo;, conclue-t-il. Bien loin d&rsquo;&eacute;voquer les circonstances du souvenir, il montre l&rsquo;absurdit&eacute; des mots de la jeune femme en adoptant un ton dogmatique refl&eacute;t&eacute; par l&rsquo;usage du pr&eacute;sent gnomique.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Le refus de V&iacute;ctor &agrave; prendre part &agrave; l&rsquo;&eacute;change implicite am&egrave;ne l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne &agrave; devenir de plus en plus explicite, quitte &agrave; briser le code du silence impos&eacute;. Elle a recours au substantif g&eacute;n&eacute;ral &laquo;&nbsp;cosa&nbsp;&raquo;, sorte de marqueur de l&rsquo;implicite&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Hay cosas encerradas detr&aacute;s de los muros que no pueden cambiar porque nadie las oye.</em>&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Il est des choses enferm&eacute;es derri&egrave;re les murs qui ne peuvent changer, car personne ne les entend&nbsp;&raquo;). Ces &laquo;&nbsp;choses&nbsp;&raquo; dont parle Yerma voilent p&eacute;niblement les sentiments qu&rsquo;elle nourrit &agrave; l&rsquo;encontre de son interlocuteur passif. Le r&eacute;sultat n&rsquo;est cependant gu&egrave;re plus concluant puisque V&iacute;ctor r&eacute;pond par un &eacute;nonc&eacute; &eacute;minemment lapidaire. Ainsi, tous les espoirs cristallis&eacute;s dans cette phrase &mdash;&nbsp;la d&eacute;claration d&rsquo;amour de Yerma&nbsp;&mdash; se trouvent brutalement an&eacute;antis par la r&eacute;ponse de son interlocuteur qui refuse cat&eacute;goriquement de prendre en charge la r&eacute;v&eacute;lation indirecte qui vient d&rsquo;&ecirc;tre faite. Il infl&eacute;chit une fois de plus la maxime de quantit&eacute;&nbsp;: la logique e&ucirc;t voulu qu&rsquo;il demande quelles &eacute;taient ces choses enferm&eacute;es, mais il pr&eacute;f&egrave;re adopter un ton conformiste qui montre son rejet face au danger que cela pourrait repr&eacute;senter. Si, au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;change, il signifie son d&eacute;saccord &agrave; Yerma en restant sur le mode tr&egrave;s implicite de la m&eacute;taphore, en revanche, &agrave; la fin de l&rsquo;&eacute;change, qui se fait graduellement plus explicite, il pr&eacute;f&egrave;re transgresser les lois du discours plut&ocirc;t que de prendre en charge un contenu dont il ne peut assumer la responsabilit&eacute;. De ce fait, il maintient son statut social mais d&eacute;value Yerma en signifiant qu&rsquo;il n&rsquo;adh&egrave;re pas &agrave; son mode discursif. Le refus d&rsquo;&eacute;tablir une relation sexuelle avec la jeune femme se cristallise donc dans un refus de l&rsquo;&eacute;change&nbsp;: il lui signifie par ses infl&eacute;chissements violents aux lois du discours que ses paroles compromettantes sont socialement inappropri&eacute;es. Ainsi, il la stigmatise et la condamne &agrave; ne pas faire partie de son espace intersubjectif&nbsp;: il l&rsquo;<em>alt&eacute;rise</em>. </span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>3. L&rsquo;ironie&nbsp;: une alt&eacute;rit&eacute; endog&egrave;ne</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">La communication en d&eacute;faut dans l&rsquo;&oelig;uvre du po&egrave;te grenadin fait appara&icirc;tre l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; radicale du personnage f&eacute;minin, incapable de se conformer au r&ocirc;le social qui est le sien. N&eacute;anmoins, cette alt&eacute;rit&eacute; ne se r&eacute;duit pas uniquement &agrave; la marginalisation sociale, autrement dit &agrave; une alt&eacute;rit&eacute; qui pourrait &ecirc;tre qualifi&eacute;e d&rsquo;&laquo;&nbsp;externe&nbsp;&raquo;. En effet, le discours de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne principale refl&egrave;te progressivement une certaine ali&eacute;nation&nbsp;; elle devient comme &eacute;trang&egrave;re &agrave; elle-m&ecirc;me et int&egrave;gre en son &ecirc;tre sa propre alt&eacute;rit&eacute;. Il est int&eacute;ressant de noter que ce moi cliv&eacute; se mat&eacute;rialise dans l&rsquo;&eacute;nonciation m&ecirc;me de la pi&egrave;ce &agrave; travers un proc&eacute;d&eacute; en particulier&nbsp;: l&rsquo;ironie. Nous devons pr&eacute;ciser par ailleurs que le d&eacute;doublement de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne na&icirc;t d&rsquo;une opposition entre les normes sociales qui obligent toute femme &agrave; &ecirc;tre fid&egrave;le &agrave; son mari et &agrave; enfanter, et les pulsions qu&rsquo;elle ressent d&rsquo;autre part (son d&eacute;sir pour V&iacute;ctor). L&rsquo;ironie, concentr&eacute;e dans le discours de Yerma, cristallise cette h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; interne. Discours polyphonique s&rsquo;il en est, l&rsquo;ironie est le produit du d&eacute;doublement de l&rsquo;&eacute;nonciateur&nbsp;: Yerma &eacute;nonce des propos qui sont en r&eacute;alit&eacute; ceux d&rsquo;un autre (en g&eacute;n&eacute;ral la soci&eacute;t&eacute;) dont elle ne cautionne pas le contenu. La position qu&rsquo;elle adopte quant au contenu litt&eacute;ral de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; est cependant beaucoup plus ambigu&euml; qu&rsquo;il n&rsquo;y para&icirc;t&nbsp;: en &eacute;non&ccedil;ant un contenu par rapport auquel elle prend de la distance et qu&rsquo;elle veut discr&eacute;diter, elle exprime en m&ecirc;me temps son amertume &agrave; ne pouvoir se plier aux r&egrave;gles sociales. Cette dimension ambigu&euml; de l&rsquo;ironie est notamment d&eacute;fendue par Pierre Schoentjes dans sa <em>Po&eacute;tique de l&rsquo;ironie</em>, puisqu&rsquo;il soutient que&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">&laquo;&nbsp;L&rsquo;ironiste s&rsquo;offre la satisfaction de faire surgir dans les mots un monde id&eacute;al alors qu&rsquo;il observe au m&ecirc;me moment une r&eacute;alit&eacute; imparfaite et m&ecirc;me cruelle. Tout ironiste est un id&eacute;aliste en ce qu&rsquo;il croit &agrave; la perfectibilit&eacute; de l&rsquo;homme&nbsp;: au moment m&ecirc;me o&ugrave; il marque un rejet, l&rsquo;ironiste exprime simultan&eacute;ment son adh&eacute;sion &agrave; un monde parfait auquel il aspire ou dont il a la nostalgie<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[20]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Ainsi, Yerma exprime &agrave; la faveur de l&rsquo;ironie sa douloureuse inadaptation sociale, son impossibilit&eacute; &agrave; adh&eacute;rer &agrave; deux normes qui se contredisent&nbsp;: celle d&rsquo;&ecirc;tre fid&egrave;le &agrave; son mari et celle d&rsquo;&ecirc;tre m&egrave;re. Or, le repr&eacute;sentant de ces m&ecirc;mes normes est en premier lieu son mari, ce qui explique certainement le fait que l&rsquo;ironie se concentre dans les &eacute;changes du jeune couple. Les exemples suivants<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[21]</span></sup></sup></a> illustrent directement le caract&egrave;re &eacute;cho&iuml;que de l&rsquo;ironie th&eacute;oris&eacute; par Dan Sperber et Deirdre Wilson&nbsp;: selon ces deux grands penseurs, les formules ironiques ne seraient que des mentions d&rsquo;autres &eacute;nonc&eacute;s ou &laquo; l&rsquo;&eacute;cho d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; ou d&rsquo;une pens&eacute;e dont le locuteur entend souligner le manque de justesse et de pertinence<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[22]</span></sup></sup></a>. &raquo;</span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">&laquo;&nbsp;<em>JUAN</em>.<em> [&hellip;] Te acuestas y te duermes. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">YERMA</span></em><span style="font-size:12.0pt">.<em> (Dram&aacute;tica). &iexcl;<strong>Me dormir&eacute;</strong></em><a href="#_ftn23" name="_ftnref23" title=""><strong><sup><strong><sup><span style="font-size:12.0pt">[23]</span></sup></strong></sup></strong></a><em>! (Sale</em><a href="#_ftn24" name="_ftnref24" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[24]</span></sup></sup></a><em>)</em>&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">&laquo;&nbsp;<em>YERMA</em>.<em> No me importa. Dejarme libre siquiera la voz, ahora que voy entrando en lo m&aacute;s oscuro del pozo. [&hellip;]</em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">DOLORES</span></em><span style="font-size:12.0pt">.<em> Van a pasar por aqu&iacute;. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">JUAN</span></em><span style="font-size:12.0pt">.<em> Silencio. </em></span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><em><span style="font-size:12.0pt">YERMA</span></em><span style="font-size:12.0pt">.<em> &iexcl;Eso! &iexcl;Eso! <strong>Silencio</strong>. Descuida</em><a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[25]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Dans les deux exemples cit&eacute;s, Yerma reprend les paroles de son mari, les mentionne, pour montrer son d&eacute;tachement par rapport &agrave; la norme qu&rsquo;il lui impose. Dans le premier exemple, le d&eacute;calage entre l&rsquo;assentiment tr&egrave;s marqu&eacute; de Yerma et la didascalie connot&eacute;e n&eacute;gativement est un indice de l&rsquo;ironie&nbsp;; indice corrobor&eacute; par la bri&egrave;vet&eacute; des interventions de la jeune femme, qui a plut&ocirc;t coutume de faire des phrases nettement plus longues que son mari. L&rsquo;ironie &eacute;mane en ce sens du d&eacute;calage entre deux &eacute;nonc&eacute;s similaires et une &eacute;nonciation divergente voire oppos&eacute;e. Le verbe &laquo;&nbsp;dormir&nbsp;&raquo; prend un sens tout &agrave; fait diff&eacute;rent selon le personnage qui l&rsquo;emploie&nbsp;: Juan enjoint sa femme de dormir pour &eacute;viter qu&rsquo;elle ne sorte la nuit, tandis que Yerma reprend ce verbe sur le mode d&rsquo;une invective implicite contre l&rsquo;abstinence sexuelle &agrave; laquelle elle se voit forc&eacute;e et l&rsquo;absence de procr&eacute;ation qui en d&eacute;coule. Le ton qu&rsquo;elle adopte pourrait en outre &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute; comme un conformisme feint et une soumission &agrave; son mari qui l&rsquo;emp&ecirc;che de trouver un rem&egrave;de &agrave; son infertilit&eacute;. Quoi qu&rsquo;il en soit, par le simple truchement d&rsquo;un signe paraverbal (et peut-&ecirc;tre m&ecirc;me non verbal<a href="#_ftn26" name="_ftnref26" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[26]</span></sup></sup></a>), elle d&eacute;forme les propos de son mari en les adaptant &agrave; son propre drame personnel. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Le second exemple pr&eacute;sente une ironie similaire, bien qu&rsquo;elle ne se d&eacute;c&egrave;le pas gr&acirc;ce aux m&ecirc;mes indices textuels. Intervenant au moment o&ugrave; Yerma est surprise par son mari en pleine nuit dans la maison de la gu&eacute;risseuse du village, cet &eacute;change cristallise une fois de plus le clivage interne de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne, partag&eacute;e entre conformisme social et r&eacute;volte face &agrave; un mutisme contraint. Elle adopte <em>en apparence </em>une attitude en accord avec les r&egrave;gles sociales dont son mari se porte garant, puisqu&rsquo;elle r&eacute;p&egrave;te docilement l&rsquo;ordre de ce dernier, ali&eacute;nant ainsi sa voix en faveur de celle de Juan. Kerbrat Orecchioni explique le lien entre &laquo;&nbsp;clivage du moi&nbsp;&raquo; et ironie comme trope en ces termes&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">&laquo;&nbsp;Le trope est une structure duplice, dont l&rsquo;interpr&eacute;tation (comme la production) exige de la part du sujet qui s&rsquo;y livre un certain <em>d&eacute;doublement&nbsp;</em>: nous dirons m&ecirc;me, usant ici, de fa&ccedil;on quelque peu m&eacute;taphorique du reste, d&rsquo;un concept freudien, que le r&eacute;cepteur<a href="#_ftn27" name="_ftnref27" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[27]</span></sup></sup></a> d&rsquo;un trope est un<em> sujet cliv&eacute;</em><a href="#_ftn28" name="_ftnref28" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[28]</span></sup></sup></a><em>.&nbsp;</em>&raquo; </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Elle ajoute que l&rsquo;interpr&eacute;tation du trope (comme son &eacute;laboration) est le fruit d&rsquo;une dialectique &agrave; laquelle doit se soumettre le r&eacute;cepteur pour en r&eacute;v&eacute;ler le sens&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le producteur du trope s&rsquo;arrange pour, tout en disant le faux, faire admettre le vrai, en incorporant &agrave; son discours certains indices qui permettent au r&eacute;cepteur d&rsquo;effectuer l&rsquo;itin&eacute;raire menant du sens illusoire &agrave; la v&eacute;rit&eacute; du discours<a href="#_ftn29" name="_ftnref29" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[29]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; Or, comme nous l&rsquo;avons &eacute;voqu&eacute; dans la premi&egrave;re partie de cet article, ce travail de restitution du sens semble &ecirc;tre moins adress&eacute; &agrave; Juan (qui ne comprend pas les doubles discours de la jeune femme) qu&rsquo;&agrave; un &eacute;ventuel r&eacute;cepteur extra-sc&eacute;nique. Sans percevoir la pr&eacute;sence d&rsquo;une instance discursive <em>autre</em> dans les paroles provenant d&rsquo;un individu coh&eacute;rent et homog&egrave;ne, le personnage de Yerma perd en complexit&eacute;.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Comme pour l&rsquo;extrait pr&eacute;c&eacute;dent, quelques indices nous permettent de d&eacute;celer la duplicit&eacute; discursive garante de la v&eacute;rit&eacute;. L&rsquo;approbation affect&eacute;e qui transpara&icirc;t dans la r&eacute;p&eacute;tition de &laquo;&nbsp;c&rsquo;est &ccedil;a&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;<em>eso, eso</em>&nbsp;&raquo;) est assur&eacute;ment le marqueur le plus explicite de l&rsquo;ironie. Il est corrobor&eacute; en outre par les points d&rsquo;exclamation qui modalisent fortement le discours, entra&icirc;nant ainsi un d&eacute;calage &eacute;nonciatif<a href="#_ftn30" name="_ftnref30" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[30]</span></sup></sup></a> entre l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; qui montre l&rsquo;acquiescement </span><span style="font-size:13.5pt"><span style="background-color:white">&mdash;&nbsp;</span></span><span style="font-size:12.0pt">la r&eacute;signation au mutisme&nbsp;&mdash;, et l&rsquo;&eacute;nonciation modalis&eacute;e. Par cons&eacute;quent, l&rsquo;ironie repose sur une contradiction performative&nbsp;: Yerma dit &agrave; son mari qu&rsquo;elle accepte de se taire tout en le pronon&ccedil;ant &agrave; voix haute, comme le laisse supposer l&rsquo;usage des points d&rsquo;exclamation. Ces deux illustrations permettent, en d&eacute;finitive, de nuancer la seule pr&eacute;sence d&rsquo;une alt&eacute;rit&eacute; externe dans l&rsquo;&oelig;uvre de Federico Garc&iacute;a Lorca, alt&eacute;rit&eacute; provoqu&eacute;e par le rejet de toute forme de communication par les deux personnages masculins.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Pour conclure, les extraits propos&eacute;s montrent que le pr&eacute;suppos&eacute; selon lequel la langue ne serait qu&rsquo;un simple vecteur de la pens&eacute;e n&rsquo;est plus valide. Les relations entre les divers personnages se construisent dans un rapport probl&eacute;matique et m&ecirc;me subversif aux r&egrave;gles qui r&eacute;gissent l&rsquo;espace intersubjectif. En effet, la loi du silence est telle qu&rsquo;elle contraint les protagonistes, et en particulier Yerma, &agrave; emprunter des voies et des voix d&eacute;tourn&eacute;es pour s&rsquo;exprimer. Comme nous l&rsquo;avons vu, le recours &agrave; des formules implicites<a href="#_ftn31" name="_ftnref31" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[31]</span></sup></sup></a> entra&icirc;ne une opacit&eacute; discursive &agrave; l&rsquo;origine des altercations verbales. De fait, la communication par le dialogue ne peut plus se faire <em>au travers</em> de la parole de l&rsquo;autre, comme le laisse penser l&rsquo;&eacute;tymologie grecque du substantif <em>dialogue</em>, puisque celle-ci devient un mur infranchissable. Le r&ocirc;le pr&eacute;pond&eacute;rant accord&eacute; au r&eacute;cepteur dans les &eacute;nonc&eacute;s implicites favorise l&rsquo;&eacute;chec, conduisant ainsi &agrave; une rupture de l&rsquo;espace intersubjectif. N&eacute;anmoins, si le recours &agrave; un langage latent participe de la scission avec les personnages masculins (pour Juan, le langage de Yerma n&rsquo;en dit pas assez puisqu&rsquo;il ne la comprend pas, tandis que pour V&iacute;ctor, les implicitations<a href="#_ftn32" name="_ftnref32" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[32]</span></sup></sup></a> de Yerma en disent d&eacute;j&agrave; beaucoup plus que ne peuvent le tol&eacute;rer les normes sociales), il refl&egrave;te en outre un conflit interne dans lequel s&rsquo;affrontent deux instances contradictoires de la personnalit&eacute; de Yerma. Communiquer, dans <em>Yerma,</em> c&rsquo;est donc non seulement faire l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;Autre, mais aussi se confronter &agrave; lui dans son propre esprit. Les ruptures conversationnelles qui ponctuent les &eacute;changes que Yerma entretient avec Juan et V&iacute;ctor se doublent en somme d&rsquo;une scission interne du co-&eacute;nonciateur.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Cependant, il ne faut pas oublier que la communication au th&eacute;&acirc;tre ne se limite pas au simple cadre intra-sc&eacute;nique, mais qu&rsquo;elle traverse aussi et surtout le quatri&egrave;me mur pour s&rsquo;adresser aux spectateurs. Si Yerma devient progressivement le paradigme de l&rsquo;Autre dans la pi&egrave;ce, dans des &eacute;changes d&eacute;doubl&eacute;s et implicites, on peut penser que le r&eacute;cepteur extra-sc&eacute;nique, quant &agrave; lui, sera plus coop&eacute;ratif.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Bibliographie</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Ducrot Oswald, <em>Dire et ne pas dire&nbsp;: principes de s&eacute;mantique linguistique</em>, Paris, Hermann, coll. &laquo;&nbsp;Savoir&nbsp;&raquo;, 1972.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Dufaye Lionel, Gournay Lucie<em>, L&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans les th&eacute;ories de l&rsquo;&eacute;nonciation</em>, Paris, Ophrys, coll. &laquo;&nbsp;Langues, langage et textes&nbsp;&raquo;, 2010.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Garc&iacute;a Lorca, Federico. <em>Th&eacute;&acirc;tre. 2, Noces de sang. Yerma. Dona Rosita</em>, trad. Marcelle Auclair, Paris, Gallimard, 1982.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Garc&iacute;a Lorca, Federico. <em>Yerma</em>, &eacute;d. Gil Ildefonso-Manuel, Madrid, C&aacute;tedra, 2007.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Grice Paul, &laquo;&nbsp;Logique et conversation&nbsp;&raquo;, <em>Communications</em>, n&deg;30, 1979.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Sperber Dan, Wilson Deirdre, &laquo;&nbsp;Les ironies comme mentions&nbsp;&raquo;, <em>Po&eacute;tique</em>, n&deg;36, 1978</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="background-color:white">.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Kerbrat-Orecchioni Catherine<em>, L&rsquo;implicite</em>, Paris, Armand Colin, coll. &laquo;&nbsp;Linguistique&nbsp;&raquo;, 1986.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Kerbrat-Orecchioni Catherine<em>, L&rsquo;&eacute;nonciation&nbsp;: de la subjectivit&eacute; dans le langage</em>, Paris, Armand Colin, coll. &laquo;&nbsp;U&nbsp;&raquo;, 2009.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Maingueneau Dominique, <em>Pragmatique pour le discours litt&eacute;raire</em>, Paris, Bordas, 1990.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Maingueneau Dominique, <em>Les termes cl&eacute;s de l&rsquo;analyse du discours</em>, Paris, Seuil, coll. &laquo;&nbsp;Points&nbsp;&raquo;, 2009.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Maingueneau Dominique, <em>Discours et analyse du discours</em>, Introduction, Paris, Armand Colin, coll. &laquo;&nbsp;ICOM&nbsp;&raquo;, 2014.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Schoentjes Pierre, <em>Po&eacute;tique de l&rsquo;ironie</em>, Paris, Seuil, coll. &laquo;&nbsp;Points&nbsp;&raquo;, 2001.</span></span></span></p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Biographie de l&rsquo;auteure</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:12.0pt">Vanessa Saint-Martin est doctorante contractuelle &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Bordeaux Montaigne dans le d&eacute;partement d&rsquo;&eacute;tudes ib&eacute;riques, ib&eacute;ro-am&eacute;ricaines et m&eacute;diterran&eacute;ennes. Agr&eacute;g&eacute;e d&rsquo;espagnol, elle pr&eacute;pare actuellement une th&egrave;se au sein de l&rsquo;&eacute;quipe d&rsquo;accueil AMERIBER. Ses recherches, dirig&eacute;es par Dominique Breton, portent sur l&rsquo;implicite discursif dans le th&eacute;&acirc;tre espagnol d&rsquo;avant-garde et ses adaptations sc&eacute;niques et cin&eacute;matographiques.</span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[1]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Lionel Dufaye, Lucie Gournay<em>, L&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans les th&eacute;ories de l&rsquo;&eacute;nonciation</em>, Paris, Ophrys, 2010, p. 176.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[2]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Catherine Kerbrat-Orecchioni, <em>L&rsquo;implicite</em>, Paris, Armand Colin, 1998.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[3]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Paul Grice, &laquo;&nbsp;Logique et conversation&nbsp;&raquo;, <em>Communications</em>, n&deg;30, 1979, p. 61.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[4]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Catherine Kerbrat-Orecchioni, <em>op. cit.</em> p. 199.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[5]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Paul Grice, <em>op. cit</em>, p. 61. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[6]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Catherine Kerbrat-Orecchioni, <em>ibid</em>. p. 202.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[7]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Oswald Ducrot, <em>Dire et ne pas dire&nbsp;: principes de s&eacute;mantique linguistique</em>, Paris, Hermann, 1972, p. 6.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[8]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> La traduction propos&eacute;e provient de l&rsquo;&eacute;dition suivante&nbsp;: Federico Garc&iacute;a Lorca, <em>Th&eacute;&acirc;tre. 2, Noces de sang. Yerma. Dona Rosita</em>., trad. Marcelle Auclair, Paris, Gallimard, 1982, p. 219-220.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;JEAN. Ce n&rsquo;est pas moi qui dis un nom. C&rsquo;est toi, c&rsquo;est ta conduite, et le village commence &agrave; le murmurer. Il commence &agrave; le dire clairement. Quand je m&rsquo;approche d&rsquo;un groupe, ils se taisent tous&nbsp;; quand je vais peser la farine, ils se taisent tous et m&ecirc;me la nuit, dans les champs, quand je me r&eacute;veille, il me semble que les branches des arbres se taisent. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">YERMA. Je ne sais d&rsquo;o&ugrave; viennent les vents mauvais qui versent les bl&eacute;s. Et tu sais pourtant que le bl&eacute; est bon.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">JEAN. Je ne sais pas non plus ce que cherche une femme, &agrave; toute heure, loin de sa maison.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[9]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Juan fait r&eacute;f&eacute;rence ici &agrave; la r&eacute;plique pr&eacute;c&eacute;dente de Yerma, dans laquelle cette derni&egrave;re d&eacute;fend son mari de &laquo;&nbsp;mettre le nom d&rsquo;un homme sur sa poitrine&nbsp;&raquo;, autrement dit de l&rsquo;accuser d&rsquo;adult&egrave;re.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[10]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Federico Garc&iacute;a Lorca, <em>Yerma</em>, &eacute;d. Gil Ildefonso-Manuel, Madrid, C&aacute;tedra, 2007, p. 96.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[11]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Il fait r&eacute;f&eacute;rence ici &agrave; la sortie nocturne de sa femme dont le but &eacute;tait de s&rsquo;adonner &agrave; des rites de fertilit&eacute;.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[12]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Federico Garc&iacute;a Lorca, trad. Marcelle Auclair, <em>op.cit.</em> p. 194.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[13]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Federico Garc&iacute;a Lorca, <em>Yerma</em>, &eacute;d. Gil Ildefonso-Manuel, <em>op.cit.</em> p. 77.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[14]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid</em>. p. 85.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[15]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> &laquo;&nbsp;YERMA. Tu fais bien de changer de p&acirc;turages.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">V&Iacute;CTOR. Tous les p&acirc;turages sont les m&ecirc;mes.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">YERMA. Non. Moi, je m&rsquo;en irais tr&egrave;s loin.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">V&Iacute;CTOR. C&rsquo;est partout pareil. Les m&ecirc;mes brebis ont la m&ecirc;me laine.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">YERMA. Pour les hommes, oui. Mais les femmes sont diff&eacute;rentes. Je n&rsquo;ai jamais entendu dire &agrave; un homme qui mange&nbsp;: &ldquo;Comme ces pommes sont bonnes.&rdquo;&nbsp;&raquo; Vous allez vers votre but sans vous arr&ecirc;ter aux d&eacute;licatesses. Moi, je puis dire que j&rsquo;ai d&eacute;test&eacute; l&rsquo;eau de ces puits. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">V&Iacute;CTOR. Peut-&ecirc;tre&hellip;</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">[&hellip;]</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">YERMA. Tu as fait de ton mieux. Quand tu avais seize ans, tu m&rsquo;as port&eacute;e dans tes bras, une fois, t&rsquo;en souviens-tu&nbsp;? On ne peut pas savoir ce qui va arriver.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">V&Iacute;CTOR. Tout change.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">YERMA. Il est des choses qui ne changent pas. Il est des choses enferm&eacute;es derri&egrave;re les murs qui ne peuvent changer, car personne ne les entend.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">V&Iacute;CTOR. C&rsquo;est comme &ccedil;a.&nbsp;&raquo; (Federico Garc&iacute;a Lorca, trad. Marcelle Auclair, <em>ibid.</em> p. 205-207).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[16]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Nous comprenons ici l&rsquo;adjectif oblique au sens figur&eacute;. En ce sens, il d&eacute;signe ici un langage d&eacute;tourn&eacute;, dont le sens est donn&eacute; en marge du contenu litt&eacute;ral. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[17]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Paul Grice<em>, ibid.</em> p. 61.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title=""><span style="font-size:10.0pt">[18]</span></a> Autrement dit l&rsquo;intention de communication.</span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[19]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> C&rsquo;est-&agrave;-dire quant au r&eacute;sultat ou &agrave; l&rsquo;effet produit sur l&rsquo;interlocuteur. John Langshaw Austin, <em>Quand dire, c&rsquo;est faire = How to do things with words</em>, Paris, Seuil, 1991.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[20]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Pierre Schoentjes, <em>Po&eacute;tique de l&rsquo;ironie</em>, Paris, Seuil, 2001, p. 87.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[21]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Federico Garc&iacute;a Lorca, <em>Yerma</em>, <em>ibid.</em>, p. 65 et p. 98.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[22]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Dan Sperber, Deirdre Wilson, &laquo;&nbsp;Les ironies comme mentions&nbsp;&raquo;, <em>Po&eacute;tique</em>, n&deg;36, 1978, p. 408-409.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[23]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> L&rsquo;usage des caract&egrave;res gras est destin&eacute; &agrave; mettre en relief les passages ironiques, ils ne font donc pas partie du texte original. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn24"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[24]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> &laquo;&nbsp;JUAN. Toi, couche-toi, et dors.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">YERMA. (<em>Dramatique</em>) Je dormirai. (<em>Elle sort</em>) &raquo; (Federico Garc&iacute;a Lorca, trad. Marcelle Auclair, <em>ibid</em>. p.&nbsp;177).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[25]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> &laquo;&nbsp;YERMA. Et que m&rsquo;importe ? Laisse au moins ma voix libre, maintenant que je m&rsquo;enfonce au plus profond du puits. [&hellip;]</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">DOLORES. Ils passent par ici.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">JUAN. Silence !</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">YERMA. C&rsquo;est &ccedil;a, c&rsquo;est &ccedil;a&hellip;Silence&nbsp;! N&rsquo;aie crainte&hellip;&nbsp;&raquo; (Federico Garc&iacute;a Lorca, trad. Marcelle Auclair, <em>ibid</em>., p.&nbsp;222).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn26"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[26]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> La didascalie &laquo;&nbsp;(<em>dram&aacute;tica</em>)&nbsp;&raquo; peut en effet &ecirc;tre rendue dans la mise en sc&egrave;ne par des signes de nature distincte. Dans la cat&eacute;gorie des signes paraverbaux, on peut notamment penser &agrave; une intensit&eacute; particuli&egrave;re donn&eacute;e &agrave; la voix, et/ou &agrave; l&rsquo;emploi d&rsquo;un ton grave. Ceux-ci peuvent en outre &ecirc;tre corrobor&eacute;s par une main hauss&eacute;e vers le ciel ou un mouvement de t&ecirc;te brusque, deux donn&eacute;es appartenant &agrave; la cat&eacute;gorie des signes non-verbaux.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn27"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[27]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Comme Catherine Kerbrat-Orecchioni le sugg&egrave;re &agrave; travers la parenth&egrave;se, nous pouvons aussi supposer que l&rsquo;&eacute;metteur (peut-&ecirc;tre m&ecirc;me plus encore que le r&eacute;cepteur) est un sujet cliv&eacute;.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn28"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[28]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Catherine Kerbrat-Orecchioni, <em>ibid.</em>,<em> </em>p. 148.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn29"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[29]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid</em>. p. 147.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn30"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[30]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Dominique Maingueneau, <em>Les termes cl&eacute;s de l&rsquo;analyse du discours</em>, Paris, Seuil, 2009, p. 89.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn31"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[31]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Dans cet article, nous avons surtout d&eacute;velopp&eacute; le sous-entendu qui se manifeste sous la forme d&rsquo;un trope, et plus particuli&egrave;rement l&rsquo;ironie et la m&eacute;taphore.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn32"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[32]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Terme tr&egrave;s employ&eacute; en linguistique, et en particulier en analyse pragmatique, pour traduire la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;implicature&nbsp;&raquo; employ&eacute;e par H.P Grice, et qui recouvre l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;enfreindre une maxime conversationnelle pour amener l&rsquo;interlocuteur &agrave; inf&eacute;rer un contenu implicite en marge du contenu litt&eacute;ral. </span></span></span></p> </div> </div>