<p>L’histoire littéraire a périodisé le drame romantique en s’appuyant pendant près d’un siècle et demi sur le mythe de la chute des <i>Burgraves</i> de Hugo en 1843. En réalité, cette borne prise pour dater la fin du romantisme théâtral est une mystification de l’histoire littéraire que l’historien du théâtre doit déconstruire en s’appuyant sur des archives et des sources diverses et en étant conscient des conditions d’énonciation des discours qui ont amené à la construction du mythe. Si les registres de la Comédie-Française permettent de confronter la légende à des faits objectifs et de reconstituer la réalité du 7 mars, les journaux de l’époque sont au contraire des témoignages orientés pour abattre ou défendre publiquement Victor Hugo. L’histoire littéraire s’est donc appuyée sur les sources publiques qui criaient à l’échec de la pièce et a fait taire les voix dissidentes. À l’historien du théâtre d’exhumer ces sources pour déconstruire le mythe.</p>