<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt">Le pouvoir du cin&eacute;ma&nbsp;?</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Un film peut se saisir de la r&eacute;alit&eacute;, la r&eacute;&eacute;crire, la pr&eacute;senter sur une certaine forme narrative et m&ecirc;me la signer d&rsquo;une esth&eacute;tique particuli&egrave;re et</span><span style="font-size:12.0pt"> pourtant, </span><span style="font-size:12.0pt">toujours pr&eacute;tendre transmettre le &laquo;&nbsp;r&eacute;el&nbsp;&raquo;. Pour Nicole Brenez, historienne et th&eacute;oricienne du cin&eacute;ma, &laquo;&nbsp;tel fut peut-&ecirc;tre le g&eacute;nie du cin&eacute;ma : &agrave; la mani&egrave;re dont on entretient une flamme, cin&eacute;astes, critiques, essayistes, th&eacute;oriciens ont entretenu la croyance que, en tant qu&#39;activit&eacute; symbolique, le cin&eacute;ma pouvait tout - enregistrer, conserver, d&eacute;crire, expliquer, annoncer, pr&eacute;voir, exprimer, figurer, enchanter, ouvrir, changer, sauver le monde&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(5)</span><span style="font-size:12.0pt">. Cela s&rsquo;av&egrave;re, bien s&ucirc;r, excessif. Mais pourtant, on a envie d&rsquo;y croire. L&rsquo;histoire du cin&eacute;ma politique et militant nous montre que des artistes interpel&eacute;s par la r&eacute;alit&eacute;, consid&egrave;rent le cin&eacute;ma comme une arme capable de repr&eacute;senter le r&eacute;el, mais aussi comme un outil pour sa transformation. Ce fut le cas des groupes Medvedkine fran&ccedil;ais des ann&eacute;es 1967-1973, ou du &laquo;&nbsp;cin&eacute;ma-gu&eacute;rilla&nbsp;&raquo; de Fernando Solana et d&rsquo;Octavio Getino, en Argentine.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Mais si le cin&eacute;ma n&rsquo;est pas capable de tout transformer ou de tout enregistrer, peut-il au moins fa&ccedil;onner des faits et les inscrire dans l&rsquo;imaginaire populaire ? Peut-il changer une opinion, la perception des &eacute;v&eacute;nements, voire d&rsquo;une partie de l&rsquo;Histoire&nbsp;? Et s&rsquo;il arrive &agrave; le faire, &agrave; travers quels m&eacute;canismes&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Pour Brenez cr&eacute;er une image c&#39;est &laquo;&nbsp;s&#39;attribuer une parcelle de pouvoir symbolique&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(4)</span><span style="font-size:12.0pt">, un espace o&ugrave; on serait capable de reconstituer les sujets et les probl&eacute;matiques qui nous int&eacute;ressent et de les exprimer selon notre</span><span style="font-size:12.0pt"> propre </span><span style="font-size:12.0pt">vision du monde. Quand on parle donc du cin&eacute;ma politique, on ne parle pas d&rsquo;un genre, mais de films qui mettent en sc&egrave;ne la politique </span><span style="font-size:12.0pt">(Barot 13)</span><span style="font-size:12.0pt"> et qu&rsquo;il faut comprendre dans la singularit&eacute; du combat social et politique </span><span style="font-size:12.0pt">(12)</span><span style="font-size:12.0pt">, depuis &laquo;&nbsp;l&rsquo;int&eacute;rieur&nbsp;&raquo; du film. C&rsquo;est pourquoi Emmanuel Barot, chercheur en philosophie des sciences et en th&eacute;orie politique, propose de parler plut&ocirc;t de &laquo;&nbsp;formes politiques du cin&eacute;ma&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></span></a>, comprenant par-l&agrave; qu&rsquo;un film politique, &laquo;&nbsp;par son proc&egrave;s de production comme film, par ses contenus, et par les formes artistiques mobilis&eacute;es, livre une <i>version</i>, une lecture, bref, une interpr&eacute;tation du <i>sens d&rsquo;un combat</i>, et plus profond&eacute;ment, propose m&ecirc;me une formulation de <i>ce qu&rsquo;est un combat</i>, et des conditions qui l&rsquo;exigent&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(Barot 13)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Consid&eacute;r&eacute;es sous cet angle, les r&eacute;ponses &agrave; nos questions ne pourront &ecirc;tre que partiales et singuli&egrave;res. L&rsquo;exemple &eacute;tudi&eacute; sera celui du film <i>Yawar Mallku</i> (Le sang du condor, en langue aymara, 1969), du r&eacute;alisateur bolivien Jorge Sanjin&eacute;s (La Paz, 1937) et du groupe <i>Ukamau</i><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></span></a>. Le choix de ce film tient &agrave; plusieurs raisons, dont la plus &eacute;vidente est la r&eacute;percussion du film dans la politique de la Bolivie des ann&eacute;es 60, mais &eacute;galement &agrave; cause de la r&eacute;flexion du r&eacute;alisateur autour du&nbsp;&laquo;&nbsp;r&eacute;el&nbsp;&raquo; et du film comme op&eacute;rateur politique, lui permettant de v&eacute;hiculer un discours critique de l&rsquo;histoire politique et culturelle de la Bolivie avec une mani&egrave;re tr&egrave;s codifi&eacute;e de faire du cin&eacute;ma. En soixante ans de carri&egrave;re, Sanjin&eacute;s r&eacute;alise treize longs m&eacute;trages, dont le tout dernier sortira en 2022.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">L&rsquo;exploration de cette probl&eacute;matique commencera avec un bref r&eacute;sum&eacute; de l&rsquo;histoire de la Bolivie, afin de mieux situer les positions id&eacute;ologiques existant &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de la sortie du film. Nous &eacute;voquerons ensuite la fabrication du film, que Jorge Sanjin&eacute;s pr&eacute;sente et proclame comme celle d&rsquo;un projet horizontal, avant d&rsquo;&eacute;tudier la r&eacute;ception du film &agrave; travers les informations et les d&eacute;bats diffus&eacute;s par les m&eacute;dias &eacute;crits. Il s&rsquo;agira enfin d&rsquo;&eacute;valuer l&rsquo;exp&eacute;rience de ce film &agrave; la lumi&egrave;re de la th&eacute;orie et de la pratique du cin&eacute;ma politique, engag&eacute; ou militant.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt">Une nation clandestine</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Le pays qu&rsquo;on conna&icirc;t actuellement comme la Bolivie faisait partie int&eacute;grante de l&rsquo;Empire Inca. Mais il a &eacute;t&eacute; aussi le foyer de diverses cultures comme les Aymaras ou les Guaranis, ainsi que de dizaines d&rsquo;autres peuples, qui se sont d&eacute;velopp&eacute;s, battus ou rassembl&eacute;s jusqu&rsquo;&agrave; la fracture qu&rsquo;a repr&eacute;sent&eacute;e l&rsquo;arriv&eacute;e des Espagnols sur leur territoire au d&eacute;but du XVI<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle. Il est important de souligner cette origine, car cela explique la g&eacute;n&eacute;alogie des identit&eacute;s culturelles boliviennes actuelles, d&eacute;terminante pour l&rsquo;&eacute;volution politique de cette r&eacute;gion.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">La colonisation espagnole, longue de trois si&egrave;cles, repr&eacute;sente en premier lieu pour ces peuples une extermination de masse, ensuite une perte de droits sur leurs territoires, une r&eacute;duction de leurs coutumes et pratiques culturelles, ainsi que l&rsquo;endoctrinement dans une religion et </span><span style="font-size:12.0pt">une </span><span style="font-size:12.0pt">vision du monde divergentes des leurs. Cela signifie &eacute;galement l&rsquo;implantation d&rsquo;entit&eacute;s g&eacute;opolitiques arbitraires&nbsp;: les <i>vice-royaumes</i>, <i>audiencias</i> et <i>capitan&iacute;as. </i>Ce sont de grandes divisions territoriales con&ccedil;ues comme des entit&eacute;s repr&eacute;sentant l&rsquo;administration militaire et fiscale de la couronne espagnole sur les territoires de ce &laquo;&nbsp;nouveau monde&nbsp;&raquo;. Bien entendu, ces nouvelles fronti&egrave;res n&rsquo;ont aucune relation avec l&rsquo;occupation territoriale pr&eacute;coloniale des peuples natifs.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">A travers le <i>repartimiento</i> et <i>l&rsquo;&eacute;ncomienda</i>, la colonie consolide &eacute;galement une structure sociale. Le <i>repartimiento</i> consiste en la r&eacute;partition des terres de l&rsquo;Inca, d&rsquo;abord entre les conquistadors et ensuite entre les nouveaux colons espagnols. Par l&rsquo;<i>encomienda </i>un colon pouvait b&eacute;n&eacute;ficier du travail d&rsquo;un certain nombre de natifs en &eacute;change de leur &eacute;ducation chr&eacute;tienne </span><span style="font-size:12.0pt">(Fisbach 27)</span><span style="font-size:12.0pt">. Le sommet de la pyramide sociale coloniale est donc occup&eacute; par les personnes&nbsp;n&eacute;es en Espagne, suivies par leurs descendants en ligne directe et sans m&eacute;lange ethnique, les <i>criollos</i>, qui ont moins de pouvoir et de responsabilit&eacute;s dans la structure coloniale. Ensuite les m&eacute;tis qui, selon le type de m&eacute;lange, peuvent aspirer &agrave; certains m&eacute;tiers valorisants. Enfin les peuples natifs, aux droits tr&egrave;s restreints et les esclaves noirs, sans aucun droit que ce soit.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Au d&eacute;but du XIX<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle, r&eacute;sultant de tensions entre les Espagnols et les <i>criollos</i>, qui r&eacute;clament un traitement plus &eacute;galitaire, &eacute;clatent les Guerres d&rsquo;Ind&eacute;pendance. Apr&egrave;s une vingtaine d&rsquo;ann&eacute;es de conflit, naissent plusieurs r&eacute;publiques, qui int&egrave;grent divers propos humanistes, d&eacute;mocratiques et &eacute;galitaires &agrave; leurs constitutions, inspir&eacute;es de la R&eacute;volution Fran&ccedil;aise et de la Constitution des &Eacute;tats-Unis </span><span style="font-size:12.0pt">(Sandoval Rodr&iacute;guez 185)</span><span style="font-size:12.0pt">. Cependant, dans la pratique, ces soci&eacute;t&eacute;s gardent la m&ecirc;me pyramide sociale, si ce n&rsquo;est que les <i>criollos</i> occupent maintenant le pouvoir </span><span style="font-size:12.0pt">(176)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Pour les peuples natifs, la naissance de la R&eacute;publique bolivienne aboutit &agrave; une deuxi&egrave;me colonisation. Leurs fronti&egrave;res traditionnelles pr&eacute;coloniales sont une fois de plus ignor&eacute;es, ainsi que leurs identit&eacute;s culturelles ou leurs organisations politiques. Aucun repr&eacute;sentant des peuples natifs n&rsquo;est invit&eacute; &agrave; signer la D&eacute;claration d&rsquo;ind&eacute;pendance de la Bolivie du 6 ao&ucirc;t 1825 </span><span style="font-size:12.0pt">(Fisbach 35)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Les nouveaux gouvernements latino-am&eacute;ricains, en pleine construction des identit&eacute;s nationales, parleront du &laquo;&nbsp;probl&egrave;me indien&nbsp;&raquo;, une p&eacute;riphrase pour &eacute;voquer la n&eacute;cessit&eacute;, de la part des nouvelles &eacute;lites blanches, d&rsquo;&eacute;tablir une r&eacute;ponse politique face &agrave; la pr&eacute;sence de populations natives dans &laquo;&nbsp;leurs&nbsp;&raquo;&nbsp;territoires. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">En Bolivie, la solution au &laquo;&nbsp;probl&egrave;me indien&nbsp;&raquo; a &eacute;t&eacute; de les soumettre &agrave; une sorte de nouvel esclavage. Selon Chiavennato, chercheur br&eacute;silien, au d&eacute;but de sa vie r&eacute;publicaine, l&rsquo;actuel territoire de la Bolivie comptait environ onze milles communaut&eacute;s de natifs, gardant leurs territoires et un certain degr&eacute; d&rsquo;autonomie. En 1930, elles n&rsquo;&eacute;taient plus que cinq cents deux </span><span style="font-size:12.0pt">(Chiavenato 1989, 26)</span><span style="font-size:12.0pt">. Le reste des territoires avait &eacute;t&eacute; r&eacute;parti par l&rsquo;&Eacute;tat au cours du XIX<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle entre quelques grands propri&eacute;taires fonciers, avec le droit de gouverner et m&ecirc;me de vendre les natifs vivant &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de leurs terres. D&eacute;pourvus du droit &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation, &agrave; la sant&eacute; ou &agrave; l&rsquo;action politique, </span><span style="font-size:12.0pt">des </span><span style="font-size:12.0pt">millions de personnes restaient condamn&eacute;es au silence, &agrave; la violence et &agrave; l&rsquo;impunit&eacute;. La Bolivie n&rsquo;&eacute;tait pas une nation, mais un territoire propri&eacute;t&eacute; de quelques familles </span><span style="font-size:12.0pt">(Fisbach 36)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">En 1952 &eacute;clate une violente r&eacute;volution contre ces injustices. &Eacute;limin&eacute;s (en partie) les grands propri&eacute;taires fonciers, le pays se concentre sur la construction d&rsquo;une nouvelle bourgeoisie, la nationalisation des ressources mini&egrave;res, la distribution de la terre et une nouvelle r&eacute;forme &eacute;ducative inclusive. Ce sont des projets qui ont fait couler beaucoup d&rsquo;encre et du sang et dont les r&eacute;sultats sont assez contestables. En termes de pyramide sociale, le r&eacute;sultat restait le m&ecirc;me, les descendants d&rsquo;Europ&eacute;ens et les m&eacute;tis s&rsquo;emparaient une nouvelle fois du pouvoir, laissant toujours les natifs en bas de l&rsquo;&eacute;chelle. Avec certes davantage de droits en th&eacute;orie mais en pratique, pas beaucoup plus que pr&eacute;c&eacute;demment.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Presque vingt ans apr&egrave;s cette <span style="color:#7030a0">r</span>&eacute;volution, un jeune r&eacute;alisateur qui pr&eacute;pare son deuxi&egrave;me long m&eacute;trage enten<span style="color:#7030a0">d </span>parler d&rsquo;une histoire difficile &agrave; croire&nbsp;: le programme de st&eacute;rilisation sans consentement des femmes quechuas en Bolivie, men&eacute; par les Corps de la Paix envoy&eacute;s par le gouvernement de John F. Kennedy </span><span style="font-size:12.0pt">(S&aacute;nchez-H 83)</span><span style="font-size:12.0pt">. Le Corps de la Paix (<i>Peace Corps</i> en anglais) est une agence ind&eacute;pendante du gouvernement am&eacute;ricain, dont &laquo; la mission est de favoriser la paix et l&#39;amiti&eacute; dans le monde, en particulier aupr&egrave;s des pays en d&eacute;veloppement</span><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"> &raquo;, selon son site officiel.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt">Le sang du condor</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">En premi&egrave;re instance, Jorge Sanjin&eacute;s veut r&eacute;aliser un documentaire avec les victimes &agrave; Watajata, village d&rsquo;o&ugrave; est partie la d&eacute;nonciation. Cependant, personne ne veut prendre le risque de t&eacute;moigner devant les cam&eacute;ras </span><span style="font-size:12.0pt">(Salmon 19)</span><span style="font-size:12.0pt">. C&rsquo;est une r&eacute;action courante sous la dictature du g&eacute;n&eacute;ral Ren&eacute; Barrientos, alli&eacute; inconditionnel des &Eacute;tats-Unis. C&rsquo;est lui qui est &agrave; l&rsquo;origine de la pers&eacute;cution et de l&rsquo;ex&eacute;cution de Che Guevara en 1967. Sanjin&eacute;s d&eacute;cide donc de faire une fiction.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">En 1968, Jorge </span><span style="font-size:12.0pt">Sanjin&eacute;s et une petite &eacute;quipe de cin&eacute;ma constitu&eacute;e de neuf personnes, partent vers le village quechua de Kaata, &agrave; 400 kilom&egrave;tres de la ville de La Paz. Ils comptent avec un sc&eacute;nario et un contact dans la r&eacute;gion, Marcelino Yanahuaya, l&rsquo;autorit&eacute; traditionnelle du lieu. Le voyage dans cette r&eacute;gion n&rsquo;est pas facile. Ils doivent faire les 15 derniers kilom&egrave;tres &agrave; pied, en utilisant des mules pour transporter le mat&eacute;riel cin&eacute;matographique </span><span style="font-size:12.0pt">(Jorge Sanjin&eacute;s 1980, 26)</span><span style="font-size:12.0pt">. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">A Kaata, la population locale se m&eacute;fie imm&eacute;diatement de l&rsquo;&eacute;quipe</span><span style="font-size:12.0pt"> de </span><span style="font-size:12.0pt">cin&eacute;ma. Yanahuaya est enthousiaste &agrave; propos du film, mais il est le seul. Cette attitude souligne un &eacute;l&eacute;ment important dans les relations interculturelles boliviennes&nbsp;: la m&eacute;fiance chronique envers l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Sanjin&eacute;s et son &eacute;quipe technique et artistique, proviennent d&rsquo;un monde qui a toujours &eacute;t&eacute; hostile aux natifs. Leurs barbes et leur technologie &eacute;voquent chez les natifs d&rsquo;autres rencontres aux cons&eacute;quences syst&eacute;matiquement funestes.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">La m&eacute;fiance va se transformer en agressivit&eacute; et le groupe de cin&eacute;astes, accus&eacute;s d&rsquo;&ecirc;tre de communistes dangereux, est contraint de partir sous la menace d&rsquo;un lynchage. Cependant, Marcelino Yanahuaya arrive &agrave; convaincre &agrave; la communaut&eacute; de faire passer aux cin&eacute;astes l&rsquo;&eacute;preuve ultime du <i>jaiwaco, </i>tradition ancestrale consistant &agrave; lire les v&eacute;rit&eacute;s cach&eacute;es de ce monde dans les feuilles de coca. C&rsquo;est donc un <i>Yatiri</i> (&laquo; celui qui sait &raquo; en aymara, guide spirituel) qui va lancer les feuilles de coca et rassurer sur les bonnes intentions des cin&eacute;astes. L&rsquo;&eacute;preuve surmont&eacute;e, la communaut&eacute; accepte de participer au tournage.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Selon Sanjin&eacute;s, la faute initiale commise par l&rsquo;&eacute;quipe de tournage est d&#39;avoir approch&eacute; la communaut&eacute; sans conna&icirc;tre son fonctionnement. Ils supposent qu&rsquo;avoir le seul consentement du chef est suffisant pour ex&eacute;cuter leur mission, sans se rendre compte que dans les communaut&eacute;s quechuas et aymaras toutes les d&eacute;cisions importantes se discutent et s&rsquo;approuvent en assembl&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale </span><span style="font-size:12.0pt">(1980, 26‑31)</span><span style="font-size:12.0pt">. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Suite &agrave; ce premier imbroglio, le tournage se passe sans revers majeurs, mais en grand secret. Sanjin&eacute;s incorpore la c&eacute;r&eacute;monie de <i>jaiwaco</i> dans le film et Marcelino Yanahuaya joue le r&ocirc;le d&rsquo;Ignacio Mallku, le chef de la communaut&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Le film commence en montrant une condition inexplicable au sein de ce village quechua&nbsp;: les femmes ont perdu la capacit&eacute; d&rsquo;engendrer. C&rsquo;est le cas d&rsquo;un jeune couple&nbsp;: Paulina (Benedicta Mendoza) et Ignacio Mallku (Marcelino Yanahuaya). Par la voie des s&eacute;quences en <i>flashback</i>, nous assistons &agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e d&rsquo;une &eacute;quipe m&eacute;dicale, appartenant aux Corps de la Paix am&eacute;ricains, distribuant des v&ecirc;tements <i>Made in USA</i> pour gagner la confiance des natifs. Ensuite, les &eacute;tasuniens installeront divers b&acirc;timents pr&egrave;s des communaut&eacute;s quechuas, dont une clinique consacr&eacute;e &agrave; la sant&eacute; maternelle. C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; cet endroit qu&rsquo;ils s&rsquo;occupent de la st&eacute;rilisation des femmes sans jamais demander leur consentement.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span><img height="401" src="https://www.numerev.com/img/ck_602_4_image-20230216001444-1.jpeg" width="263" /></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><a name="_Toc98708317"></a></span></span></span></span></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><span style="font-size:12.0pt">Figure </span><span style="font-size:12.0pt">1</span><span style="font-size:12.0pt"> - Affiche Officielle du film Yawar Mallku (1969)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Dans un acte de l&#39;ordre de la justice communautaire, les quechuas ch&acirc;trent les m&eacute;decins &eacute;tasuniens. C&rsquo;est Ignacio qui dirige cette action avant d&rsquo;&ecirc;tre gravement bless&eacute; lors d&rsquo;une confrontation avec la police. </span><span style="font-size:12.0pt">Sa femme, Paulina, l&#39;emm&egrave;ne dans un h&ocirc;pital de la ville de La Paz et sollicite l&#39;aide du fr&egrave;re d&rsquo;Ignacio, Sixto (Vicente Verneros), qui travaille dans une usine. Sixto habite &agrave; la ville depuis des ann&eacute;es, il ne s&rsquo;habille plus comme son fr&egrave;re, il parle espagnol, cherche &agrave; s&rsquo;adapter au mieux &agrave; la culture dominante et, surtout, refuse cat&eacute;goriquement de se consid&eacute;rer</span><span style="font-size:12.0pt"> comme </span><span style="font-size:12.0pt">un &laquo;&nbsp;indien&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Pour sauver la vie de son fr&egrave;re, Sixto doit trouver de l&rsquo;argent afin d&rsquo;acheter du sang pour une transfusion. La mise en sc&egrave;ne de ces efforts infructueux constitue la moiti&eacute; du film. Sixto se confronte &agrave; l&#39;indiff&eacute;rence des &eacute;lites blanches &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la souffrance des majorit&eacute;s indig&egrave;nes. Le film d&eacute;nonce le </span><span style="font-size:12.0pt">racisme syst&eacute;mique, manifeste &eacute;galement dans les actions du personnel de la sant&eacute; publique. Enfin, Ignacio d&eacute;c&egrave;de abandonn&eacute; par une soci&eacute;t&eacute; qui le m&eacute;prise compl&egrave;tement.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Le film se termine par le retour de Sixto &agrave; sa communaut&eacute;. T&eacute;moin des cons&eacute;quences des actions des Corps de la Paix, </span><span style="font-size:12.0pt">de </span><span style="font-size:12.0pt">l&rsquo;impunit&eacute; de la police, du racisme des citadins, ainsi que du m&eacute;pris pour la vie des siens, il revient &agrave; ses origines. Sixto change sa tenue occidentale pour les v&ecirc;tements traditionnels de sa communaut&eacute;, comme un symbole de son retour aux racines. Lui, qui au d&eacute;but du film repr&eacute;sentait l&rsquo;ali&eacute;nation culturelle, se transforme en symbole de r&eacute;sistance.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="555" src="https://www.numerev.com/img/ck_602_4_image-20230216001444-2.jpeg" width="689" /></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><a name="_Toc98708318"></a></span></span></span></span></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><span style="font-size:12.0pt">Figure </span><span style="font-size:12.0pt">2</span><span style="font-size:12.0pt"> - Photogramme s&eacute;quence finale du film </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:gray">(Jorge Sanjin&eacute;s 1969)</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">La s&eacute;quence finale pr&ocirc;ne une des id&eacute;es cl&eacute;s du cin&eacute;ma r&eacute;volutionnaire de Jorge Sanjin&eacute;s&nbsp;: La substitution du h&eacute;ros individuel du cin&eacute;ma occidental par un h&eacute;ros &laquo;&nbsp;populaire, quantitatif et nombreux&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(1980, 61)</span><span style="font-size:12.0pt">, capable de d&eacute;passer son r&ocirc;le de personnage du film, pour participer qualitativement &agrave; la cr&eacute;ation cin&eacute;matographique. La communaut&eacute; de Kaata se transforme en personnage collectif, dont les diff&eacute;rents membres jouent leur propre r&ocirc;le, se manifestant &agrave; travers leur vision du monde, leur langue et leurs traditions.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Sixto revient donc r&eacute;int&eacute;grer cette entit&eacute; organique. A la fin du film, il d&eacute;fie la cam&eacute;ra, son identit&eacute; indig&egrave;ne retrouv&eacute;e, lan&ccedil;ant un appel &agrave; la lutte. Ensuite, plusieurs bras se l&egrave;vent pointant des fusils vers le ciel, renfor&ccedil;ant l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une r&eacute;sistance collective. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Le retour &agrave; une culture originelle s&rsquo;inscrit comme une riposte au syncr&eacute;tisme culturel des villes boliviennes. Pour Sanjin&eacute;s, celui-ci est une prolongation de la colonisation espagnole, de la colonisation r&eacute;publicaine, mais aussi de l&rsquo;imp&eacute;rialisme am&eacute;ricain, ayant tous trois les m&ecirc;mes objectifs : la disparition de l&rsquo;esprit des peuples natifs, &agrave; travers l&rsquo;ali&eacute;nation ainsi que leur disparition physique, &agrave; travers le nettoyage ethnique, l&rsquo;esclavage ou la st&eacute;rilisation. C&rsquo;est un sujet pr&eacute;sent dans plusieurs films de Sanjin&eacute;s, notamment <i>La Naci&oacute;n Clandestina</i> (La Nation Clandestine, 1989).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Sanjin&eacute;s d&eacute;crit <i>Yawar Mallku</i> comme son premier film anticapitaliste </span><span style="font-size:12.0pt">(1980, 95)</span><span style="font-size:12.0pt"> et le point de d&eacute;part de la consolidation de sa vision politique du cin&eacute;ma, donc &laquo;&nbsp;une interpr&eacute;tation du sens du combat&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;avance Barot </span><span style="font-size:12.0pt">(13)</span><span style="font-size:12.0pt">. Sanjin&eacute;s nous pr&eacute;sente un cadre o&ugrave; les diff&eacute;rentes formes d&#39;exploitation et d&#39;oppression sont le r&eacute;sultat du colonialisme historique ainsi que des strat&eacute;gies du n&eacute;ocolonialisme des Etats-Unis. A partir de <i>Yawar Mallku</i>, il commence &agrave; comprendre les possibilit&eacute;s d&rsquo;un film comme moyen de cr&eacute;ation des &eacute;v&egrave;nements dans l&rsquo;imaginaire populaire. Comme il l&rsquo;admet lui-m&ecirc;me, ce film est con&ccedil;u d&rsquo;abord comme un d&eacute;fi narratif et technique par son &eacute;quipe de tournage, dans une logique de production occidentale. Cependant, cela se transforme en un d&eacute;bat sur la capacit&eacute; de ce film &agrave;&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">- </span><span style="font-size:12.0pt">Laisser de c&ocirc;t&eacute; la m&eacute;thodologie de tournage pyramidale au profit d&rsquo;une mani&egrave;re de proc&eacute;der accord&eacute;e &agrave; la gouvernance collective quechua </span><span style="font-size:12.0pt">(Jorge Sanjin&eacute;s 1980, 30)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">- </span><span style="font-size:12.0pt">Comprendre la diff&eacute;rence entre sa conception initiale du cin&eacute;ma en g&eacute;n&eacute;ral et le cin&eacute;ma capable de d&eacute;crire, d&rsquo;une mani&egrave;re implicite, la vision du monde de ce peuple </span><span style="font-size:12.0pt">(Jorge Sanjin&eacute;s 1980, 32)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">- </span><span style="font-size:12.0pt">Aller au-del&agrave; de la d&eacute;nonciation afin d&rsquo;&eacute;clairer les raisons historiques des faits d&eacute;nonc&eacute;s </span><span style="font-size:12.0pt">(Jorge Sanjin&eacute;s 1980, 92)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Sanjin&eacute;s veut donc passer d&rsquo;un discours <i>sur</i> l&rsquo;histoire politique des peuples natifs &agrave; un discours &agrave; <i>l&rsquo;int&eacute;rieur</i> <i>de</i> cette histoire, utilisant le cin&eacute;ma comme op&eacute;rateur politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt">Les r&eacute;percussions&nbsp;: diffusion et r&eacute;ception du film.</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">En 1969, le film est pr&ecirc;t pour sa diffusion en salle. </span><span style="font-size:12.0pt">En raison de son caract&egrave;re d&eacute;nonciateur, le gouvernement du nouveau pr&eacute;sident, Adolfo Siles Salinas, alli&eacute; inconditionnel des &Eacute;tats-Unis, censure le film quelques heures avant sa pr&eacute;sentation officielle. Le 17 juillet, l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; salle du cin&eacute;ma <i>16 de Julio</i> est barricad&eacute; pour emp&ecirc;cher le public d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; la premi&egrave;re. Environ cinq cent personnes sont d&eacute;j&agrave; r&eacute;unies devant le th&eacute;&acirc;tre pour acheter des billets quand elles apprennent que les autorit&eacute;s annulent la projection </span><span style="font-size:12.0pt">(<i>Presencia</i> 1969)</span><span style="font-size:12.0pt">. La foule, furieuse, se manifeste et se confronte aux canons &agrave; eau de la police </span><span style="font-size:12.0pt">(S&aacute;nchez-H 73 et 84)</span><span style="font-size:12.0pt">. Face &agrave; ces manifestations et &agrave; la r&eacute;action hostile des journalistes, les autorit&eacute;s annulent leur d&eacute;cision quelques heures plus tard </span><span style="font-size:12.0pt">(Gumucio Dagr&oacute;n 232)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Au niveau international, <i>Yawar Mallku</i> re&ccedil;oit plusieurs distinctions&nbsp;:&nbsp;le <i>Timone d&rsquo;oro</i> au Festival International de Venise en 1969, le Gran Premio Espiga de Oro &agrave; Valladolid ou le prix Georges Sadoul en France, e</span><span style="font-size:12.0pt">ntre autres</span><span style="font-size:12.0pt">. En 1970, <i>Yawar Mallku</i> est ainsi diffus&eacute; dans plusieurs festivals, ainsi qu&rsquo;aupr&egrave;s d&rsquo;universit&eacute;s, de syndicats, etc. En Bolivie, Sanjin&eacute;s calcule que le film aurait touch&eacute; un large public, cumulant pas loin de 250 000 entr&eacute;es </span><span style="font-size:12.0pt">(1980, 69)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Le succ&egrave;s du film et son &eacute;cho m&eacute;diatique obligent &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat bolivien &agrave; ouvrir une enqu&ecirc;te judiciaire pour v&eacute;rifier les faits d&eacute;nonc&eacute;s. La pr&eacute;sence et les actions des Corps de la Paix en Bolivie vont &ecirc;tre mises en cause et cet organisme est finalement expuls&eacute; de Bolivie en 1971 </span><span style="font-size:12.0pt">(<i>Jornada</i> 1971)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Il serait facile de recourir &agrave; l&rsquo;explication simpliste d&rsquo;un film suffisamment virtuose, capable de provoquer un changement palpable de la r&eacute;alit&eacute;. Effectivement, le film a jou&eacute; son r&ocirc;le d&rsquo; &laquo;&nbsp;op&eacute;rateur privil&eacute;gi&eacute; de cristallisation et d&rsquo;analyse de contradictions qui animent les rapports sociaux et des fa&ccedil;ons dont les gens les subissent et/ou se les r&eacute;approprient&nbsp;&raquo;, auquel fait r&eacute;f&eacute;rence Barot quand il parle du cin&eacute;ma politique </span><span style="font-size:12.0pt">(12)</span><span style="font-size:12.0pt">. Cependant, c&rsquo;est l&rsquo;adh&eacute;sion de l&rsquo;action politique organis&eacute;e et les m&eacute;dias, avec leurs moyens d&rsquo;installer le d&eacute;bat dans la soci&eacute;t&eacute; civile, qui jouent un poids d&eacute;terminant dans cette histoire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Pour rappel, la Bolivie des ann&eacute;es 70 est un pays o&ugrave; il ne serait pas &eacute;tonnant de trouver des gens en accord avec les actions des Corps de la Paix. Au moment de la d&eacute;couverte de cette histoire par Sanjin&eacute;s (1968), quelques m&eacute;dias locaux avaient d&eacute;j&agrave; d&eacute;nonc&eacute; les faits, sans que pour autant la soci&eacute;t&eacute; civile se mobilise </span><span style="font-size:12.0pt">(Gumucio Dagr&oacute;n 229)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Dans ce cas, quel changement apporte le film&nbsp;? On peut avancer qu&rsquo;avec <i>Yawar Mallku</i>, Sanjin&eacute;s arrive &agrave; inscrire un &laquo;&nbsp;&eacute;v&eacute;nement&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;industrie de la communication.&nbsp; Pour Nicole Brenez, un &eacute;v&eacute;nement &laquo;&nbsp;consiste en la prise en charge subjective et sociale du &ldquo;fait&rdquo;, il &eacute;quivaut &agrave; la fa&ccedil;on dont celui-ci se met &agrave; r&eacute;sonner dans l&rsquo;intellection et la conscience, singuli&egrave;re ou collective&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(Brenez 19)</span><span style="font-size:12.0pt">. Tout en sachant que le &laquo;&nbsp;fait&nbsp;&raquo; rel&egrave;ve &laquo;&nbsp;d&rsquo;une concr&eacute;tion de croyances &agrave; laquelle nous adh&eacute;rons provisoirement&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(Brenez 19)</span><span style="font-size:12.0pt">. C&rsquo;est donc une affaire id&eacute;ologique et le cas de la st&eacute;rilisation des femmes indig&egrave;nes</span><span style="font-size:12.0pt"> en </span><span style="font-size:12.0pt">est un exemple clair. Quand il s&rsquo;agit d&rsquo;une d&eacute;nonciation &eacute;manant de quelques radios communautaires indig&egrave;nes ou de quelques lignes dans un journal, cela n&rsquo;int&eacute;resse personne. C&rsquo;est un &laquo;&nbsp;fait&nbsp;&raquo; dont la v&eacute;racit&eacute; ne peut m&ecirc;me pas &ecirc;tre prise au s&eacute;rieux, parce qu&rsquo;il provient de la population native qui &agrave; cette &eacute;poque, ne poss&egrave;de encore aucun poids social ou politique. Cependant, une fois que le &laquo;&nbsp;fait&nbsp;&raquo; se transforme en &eacute;v&eacute;nement m&eacute;diatique national et international, les classes moyennes et le gouvernement boliviens sont oblig&eacute;s de regarder le film, de d&eacute;battre du sujet et</span> <span style="font-size:12.0pt">de prendre des mesures concr&egrave;tes. Je souligne&nbsp;: regarder le film, pas forc&eacute;ment les femmes victimes de ces actes. Car une partie du public citadin (pour ou contre ces &laquo;&nbsp;faits&nbsp;&raquo;) ne voit pas la population native comme des citoyens victimes d&rsquo;un attentat aux droits humains. Elle voit ce &laquo;&nbsp;fait&nbsp;&raquo; plut&ocirc;t comme une profanation de la &laquo;&nbsp;patrie&nbsp;&raquo;, de la &laquo;&nbsp;nation&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire, du territoire dont elle se croit propri&eacute;taire. Plusieurs exemples seront expos&eacute;s plus loin.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Comme le rappelle Barot, le cin&eacute;ma politique cherche &agrave; provoquer chez le spectateur, un effort d&rsquo;analyse, <span style="color:#7030a0">&agrave;</span> &laquo;&nbsp;produire chez lui du trouble plus que de l&rsquo;empathie&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(14)</span><span style="font-size:12.0pt">. Mais, comment transformer un ressenti personnel en indignation collective&nbsp;? Il n&rsquo;existe probablement pas une r&eacute;ponse unique, mais plusieurs variables &agrave; prendre en compte.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">D&rsquo;une part, l&rsquo;organisation d&rsquo;un r&eacute;seau militant autour du film. Depuis son premier long-m&eacute;trage, <i>Ukamau</i>, (&laquo;&nbsp;C&rsquo;est ainsi&nbsp;&raquo;, en langue aymara, 1967) et inspir&eacute;s par le &laquo;&nbsp;cin&eacute;-train&nbsp;&raquo; d&rsquo;Alexandre Medvedkine, Sanjin&eacute;s et le groupe Ukamau parcourent plusieurs communaut&eacute;s indig&egrave;nes, des universit&eacute;s, ainsi que des centres ouvriers et miniers pour montrer leur premier film </span><span style="font-size:12.0pt">(Jorge Sanjin&eacute;s 1980, 69‑70)</span><span style="font-size:12.0pt">. La s&eacute;ance de cin&eacute;ma est toujours accompagn&eacute;e d&rsquo;une pr&eacute;sentation des objectifs du groupe, mise en contact avec les dirigeants ainsi que d&rsquo;un d&eacute;bat ouvert au public. En 1969 Sanjin&eacute;s et le groupe Ukamau b&eacute;n&eacute;ficient d&eacute;j&agrave; d&rsquo;une certaine r&eacute;putation dans les cercles de gauche.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Ce sont</span> <span style="font-size:12.0pt">pr&eacute;cis&eacute;ment cette r&eacute;putation et ces contacts qui ont jou&eacute; contre la censure du gouvernement. Aujourd&rsquo;hui, nous savons que malgr&eacute; une note officielle de l&rsquo;organisme de censure de l&rsquo;&eacute;poque ordonnant l&rsquo;annulation de la premi&egrave;re du film, Sanjin&eacute;s et Oscar Soria (directeur de la photographie) d&eacute;cident de maintenir la projection. Afin d&rsquo;&eacute;viter une possible intervention de la part du gouvernement, ils alertent leur r&eacute;seau universitaire, journalistique et intellectuel. Faisant appel aux groupes d&rsquo;&eacute;tudiants universitaires de La Paz et</span><span style="font-size:12.0pt"> d&rsquo;</span><span style="font-size:12.0pt">Oruro, ils organisent un plan de contre-attaque&nbsp;: assistance en masse devant la salle de cin&eacute;ma et appel &agrave; la r&eacute;sistance imm&eacute;diate &agrave; tout blocage </span><span style="font-size:12.0pt">(S&aacute;nchez-H 73)</span><span style="font-size:12.0pt">. Cette strat&eacute;gie provoque une adh&eacute;sion spontan&eacute;e d&rsquo;une partie de la population qui marche avec les &eacute;tudiants pour manifester sur la place principale de La Paz et face &agrave; l&rsquo;ambassade am&eacute;ricaine. Ces manifestations propulsent le film aux premi&egrave;res pages de plusieurs journaux.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><img height="544" src="https://www.numerev.com/img/ck_602_4_image-20230216001444-3.jpeg" width="929" /></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><a name="_Toc98708319"></a></span></span></span></span></p> <p align="center" class="MsoCaption" style="text-align:center; margin-bottom:13px"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#44546a"><span style="font-style:italic"><span style="font-size:12.0pt">Figure </span><span style="font-size:12.0pt">3</span><span style="font-size:12.0pt"> - Foule r&eacute;unie devant le th&eacute;&acirc;tre &quot;16 de Julio&quot; face au panneau annon&ccedil;ant l&#39;annulation de la projection. </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:gray">(&laquo;&nbsp;Prohibici&oacute;n Yawar Mallku&nbsp;&raquo; 1969)</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">D&rsquo;autre part, une forte implantation de <i>Yawar Mallku</i> dans les m&eacute;dias. A titre d&rsquo;exemple, le 17 juillet 1969, le jour m&ecirc;me de la premi&egrave;re du film &agrave; La Paz, avant que la censure ne soit &eacute;tablie, est publi&eacute; un article sign&eacute; par Luis Espinal </span><span style="font-size:12.0pt">(Espinal 1969)</span><span style="font-size:12.0pt"> dans le journal Presencia. Espinal est un pr&ecirc;tre j&eacute;suite catalan, chercheur en cin&eacute;ma, pr&eacute;curseur de la Cin&eacute;math&egrave;que bolivienne et fondateur de l&rsquo;Assembl&eacute;e Permanente des Droits Humains de la Bolivie. Il est aussi une figure tr&egrave;s importante de la gauche bolivienne, ainsi que de la &laquo;&nbsp;th&eacute;ologie de la lib&eacute;ration&nbsp;&raquo;, un secteur progressiste de l&rsquo;&Eacute;glise catholique latino-am&eacute;ricaine. Compte-tenu du contenu positif de l&rsquo;article et de la date de sa publication, plus qu&rsquo;une critique cin&eacute;matographique, il s&rsquo;agit d&rsquo;une invitation aux lecteurs &agrave; voir le film.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Espinal aborde rapidement la qualit&eacute; principale du film&nbsp;: il est &eacute;difiant, capable de nous montrer la Bolivie dans un sens profond et contemporain. <i>Yawar Mallku</i> a donc la capacit&eacute; de faire d&eacute;couvrir aux Boliviens des &eacute;v&egrave;nements de leur r&eacute;alit&eacute;. Le film se veut une source de renseignements fiables par rapport aux actions des Corps de la Paix am&eacute;ricains dans les communaut&eacute;s quechuas. En cons&eacute;quence, le film est une d&eacute;nonciation qui n&eacute;cessite forc&eacute;ment un jugement moral de la part du public et, ensuite, une r&eacute;action sociale. &laquo; Dans la Bolivie d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est le seul cin&eacute;ma d&eacute;cent qu&rsquo;on peut faire, si nous ne voulons pas tomber dans l&rsquo;esth&eacute;tisme inerte ou dans le commerce pur</span><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[4]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"> &raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(Espinal)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Enfin, l&rsquo;article d&rsquo;Espinal est un appel &agrave; la d&eacute;fense de la Patrie : &laquo; si quelqu&rsquo;un trouve que cela ne peut pas &ecirc;tre dit en Bolivie, il faudra avouer que nous continuons &agrave; &ecirc;tre des esclaves, et le 16 juillet 1809 restera un &eacute;v&egrave;nement compl&egrave;tement inutile &raquo;, faisant allusion &agrave; la date &agrave; laquelle la ville de La Paz a d&eacute;clar&eacute; son ind&eacute;pendance de l&rsquo;Empire espagnol. Les universit&eacute;s vont r&eacute;agir tr&egrave;s rapidement pour soutenir la diffusion de <i>Yawar Mallku</i> et demander l&rsquo;&eacute;lucidation des faits d&eacute;nonc&eacute;s. Ils vont &eacute;galement envoyer des notes aux journaux de La Paz et</span><span style="font-size:12.0pt"> de </span><span style="font-size:12.0pt">Cochabamba pour rendre publique leur protestation.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Dans une note intitul&eacute;e &laquo; Interdiction &agrave; <i>Yawar Mallku</i> : Un crime contre la culture &raquo;, publi&eacute;e le 20 juillet 1969, la Conf&eacute;d&eacute;ration Universitaire Bolivienne et la F&eacute;d&eacute;ration Universitaire Locale de Cochabamba, laissent &eacute;clater leur indignation : &laquo; L&rsquo;anti-culture s&rsquo;est manifest&eacute;e dans un &eacute;v&egrave;nement qui doit provoquer la honte des locaux et des &eacute;trangers ; l&rsquo;attentat a &eacute;t&eacute; consum&eacute; et le pays se trouve pi&eacute;g&eacute; dans les affaires ignorantes d&rsquo;une &lsquo;Censure&rsquo; qui pr&eacute;f&egrave;re interdire une production nationale qui, dans le cas qui nous occupe, est le v&eacute;hicule vers la connaissance de la r&eacute;alit&eacute; bolivienne<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></span></a> &raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Les universitaires de La Paz lancent des propos similaires contre les autorit&eacute;s nationales et dans un manifeste publi&eacute; dans le journal Hoy, en ao&ucirc;t 1969, ils appelleront au soutien massif des projections de <i>Yawar Mallku </i></span><span style="font-size:12.0pt">(Gamboa 153)</span><span style="font-size:12.0pt">. Simultan&eacute;ment, une lettre ouverte est publi&eacute;e dans le m&ecirc;me journal et sign&eacute;e par 171 intellectuels, artistes, universitaires et autres citoyens, qui manifestent pour la d&eacute;fense du droit &agrave; la libre expression. La lettre exige des censeurs une explication publique des motifs de l&rsquo;interdiction de <i>Yawar Mallku</i>, une action que les auteurs consid&egrave;rent comme antinationale et colonialiste </span><span style="font-size:12.0pt">(Gamboa 153-154)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Malgr&eacute; toutes ces manifestations de soutien &agrave; <i>Yawar Mallku</i> lors de cette pol&eacute;mique, s&rsquo;&eacute;l&egrave;vent aussi des voix discordantes. C&rsquo;est le cas d&rsquo;un article d&rsquo;opinion sign&eacute; par Jorge Pe&ntilde;a, dans le journal Prensa Libre de la ville de Cochabamba, le 27 juillet 1969. A l&rsquo;inverse des autres articles cit&eacute;s, celui-ci fustige le film. Il commence par s&rsquo;en moquer, en disant qu&rsquo;un tel titre (Le sang du condor) avait des consonances tragiques et culinaires &agrave; la fois </span><span style="font-size:12.0pt">(Pe&ntilde;a 1969)</span><span style="font-size:12.0pt">. Pe&ntilde;a consid&egrave;re le film comme douteux dans sa d&eacute;nonciation contre les &eacute;tasuniens et facteur de convulsions sociales. Tout cela pour minimiser, voire soutenir, la motion de censure impos&eacute;e par les autorit&eacute;s de la municipalit&eacute; de La Paz. Pour lui, il est anormal que la censure d&rsquo;un film provoque une telle r&eacute;ponse de la part de la soci&eacute;t&eacute; civile. C&rsquo;est donc une r&eacute;action exacerb&eacute;e et violente, dont les coupables peuvent &ecirc;tre facilement identifiables&nbsp;: &laquo;&nbsp;les universitaires qui ne perdent pas une occasion pour acclamer le Che Guevara [...], les glorieuses filles en minijupe qui ont demand&eacute; la d&eacute;mission du Maire [...]</span><a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[6]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt">&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(Pe&ntilde;a)</span><span style="font-size:12.0pt">. L&rsquo;auteur se demande si la pol&eacute;mique g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par le film pouvait amener la soci&eacute;t&eacute; bolivienne &agrave; une confrontation arm&eacute;e aussi ridicule que celle entre le Salvador et le Honduras, conflit qui &eacute;clate &agrave; la suite d&rsquo;un match de football entre les s&eacute;lections de ces deux pays</span><a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[7]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt">. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Ce n&rsquo;est pas le seul &eacute;crit paru &agrave; l&rsquo;&eacute;poque pour critiquer <i>Yawar Mallku</i>. Dans un article publi&eacute; dans le journal <i>Hoy</i>, fin ao&ucirc;t 1969, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Cin&eacute;matographie indig&egrave;ne, d&eacute;magogie internationale&nbsp;&raquo;, un auteur anonyme r&eacute;agit n&eacute;gativement au prix obtenu par <i>Yawar Mallku</i> au Festival de Venise. En cause, les propos de Jorge Sanjin&eacute;s au moment de la remise du prix <i>Timone d&rsquo;Oro</i>, affirmant que le but du gouvernement &eacute;tait &laquo;&nbsp;d&rsquo;exterminer la race indig&egrave;ne &agrave; travers des m&eacute;thodes physiques, spirituelles et psychologiques de st&eacute;rilisation, impos&eacute;es par les &Eacute;tats-Unis&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(<i>Hoy</i>)</span><span style="font-size:12.0pt">. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">L&rsquo;auteur s&rsquo;indigne des propos de Sanjin&eacute;s, car ils d&eacute;nigrent sa propre patrie &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. Ensuite, il affirme que les d&eacute;clarations de Sanjin&eacute;s correspondent &agrave; un &eacute;tat de &laquo;&nbsp;psychose politique&nbsp;&raquo;, car dans un pays qui compte 80&nbsp;% de personnes d&rsquo;origine native, il est inimaginable de croire &agrave; un tel projet d&rsquo;extermination </span><span style="font-size:12.0pt">(<i>Hoy</i>)</span><span style="font-size:12.0pt">. C&rsquo;est donc un propos absolument faux. Les attaques contre le gouvernement bolivien et tout ce que le r&eacute;alisateur bolivien manifeste &agrave; l&rsquo;heure de recevoir le prix sont, selon l&rsquo;auteur, de l&rsquo;ordre de la d&eacute;magogie&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout cela nous d&eacute;montre que M. Sanjin&eacute;s est un apatride. C&rsquo;est la seule fa&ccedil;on de comprendre pourquoi il ne se fait pas le moindre souci &agrave; l&rsquo;heure d&rsquo;offenser, si cr&ucirc;ment, la Bolivie et son gouvernement&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(<i>Hoy</i>)</span><span style="font-size:12.0pt">. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Face aux affirmations de Jorge Sanjin&eacute;s &agrave; Venise, m&ecirc;me le pr&eacute;sident de la R&eacute;publique est oblig&eacute; de r&eacute;pondre &agrave; la presse&nbsp;: &laquo;&nbsp;Vous pouvez constater qui poss&egrave;de un esprit plus ouvert entre l&rsquo;opinion de M. Sanjin&eacute;s et la mienne. Moi, je me r&eacute;jouis de son triomphe&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(<i>Prensa libre</i>)</span><span style="font-size:12.0pt">, r&eacute;pond Luis Adolfo Siles Salinas, sur le ton de la conciliation. Alberto Bailey, directeur du journal <i>Presencia</i>, et pr&eacute;sident du Tribunal d&rsquo;Honneur de l&rsquo;Association de Journalistes de La Paz, &eacute;crit dans sa colonne <i>La Carta del d&iacute;a</i> (La lettre du jour), un article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<i>Yawar Mallku</i> et les rats&nbsp;&raquo;.&nbsp; Bailey se concentre sur la st&eacute;rilisation des femmes sans leur consentement. Pour lui, c&rsquo;est clairement une disposition qui est appliqu&eacute;e aux plus pauvres.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Bailey pense que la Bolivie, un pays si grand et si peu peupl&eacute;, ne n&eacute;cessite pas de programme de contr&ocirc;le de la natalit&eacute;, mais plut&ocirc;t l&rsquo;instauration d&rsquo;une structure sociale plus juste. Pour lui, <i>Yawar Mallku</i> touche le sujet avec r&eacute;alisme et d&eacute;montre le rejet que provoque la manipulation men&eacute;e par les &Eacute;tats-Unis dans les pays de l&rsquo;Am&eacute;rique Latine&nbsp;&laquo;&nbsp;comme si nous &eacute;tions des animaux, pour qu&rsquo;ils se permettent de nous d&eacute;terminer et de nous &lsquo;aider&rsquo;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[8]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(Gamboa 157)</span><span style="font-size:12.0pt">.&nbsp;Pour Bailey, le message de <i>Yawar Mallku</i> est clair et profond et il est publi&eacute; au moment pr&eacute;cis de l&rsquo;apparition de documents prouvant que les Corps de la Paix &eacute;taient en train de st&eacute;riliser des femmes</span><span style="font-size:12.0pt">, </span><span style="font-size:12.0pt">paysannes et mineuses, dans diff&eacute;rents endroits de la Bolivie.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Cependant, pour Alberto Bailey, le principal probl&egrave;me est autre&nbsp;: &laquo;&nbsp;le probl&egrave;me essentiel, basique, le num&eacute;ro un&nbsp;: le manque d&rsquo;une justice qui puisse &eacute;liminer le colonialisme interne, celui qui garde les grandes populations de l&rsquo;Am&eacute;rique Latine dans la condition de rats&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt">Mise en crise du r&eacute;el</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">De toute &eacute;vidence, <i>Yawar Mallku </i>et ses retomb&eacute;es dans la rue et dans les m&eacute;dias, provoquent une mise en crise de la r&eacute;alit&eacute;. Cela oblige le public des villes, les journalistes et surtout les responsables politiques &agrave; prendre position. Comme nous avons pu</span><span style="font-size:12.0pt"> le </span><span style="font-size:12.0pt">constater, plusieurs d&eacute;bats fleurissent autour de cette &oelig;uvre&nbsp;: sur le nationalisme, sur le colonialisme, sur le racisme. Le film aboutit donc &agrave; positionner au centre de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t social son sens du r&eacute;el pertinent, c&rsquo;est-&agrave;-dire, celui que Sanjin&eacute;s consid&egrave;re qu&rsquo;on doit filmer. Car le r&eacute;alisme, comme nous le rappelle Barot, est aussi une &laquo;&nbsp;affaire de positions dans et sur le monde, et non pas seulement affaire de restitution fid&egrave;le de ce qu&rsquo;il &lsquo;est&rsquo;&nbsp;&raquo; </span><span style="font-size:12.0pt">(20)</span><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">C&rsquo;est l&agrave; que se trouve une fracture, car le r&eacute;el pertinent de Sanjin&eacute;s est une vision du monde singuli&egrave;re et en transformation, qui s&rsquo;inspire de la lutte et l&rsquo;histoire des peuples natifs, qui milite pour leurs droits, mais qui participe malgr&eacute; tout de l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie qui r&egrave;gne sur son pays. Car le cin&eacute;ma, les m&eacute;dias, les responsables politiques, les prix internationaux, l&rsquo;expulsion de Corps de la Paix et m&ecirc;me ces lignes que nous sommes en train de lire, restent tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;s de la r&eacute;alit&eacute; du village de Kaata.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Est-ce un vrai probl&egrave;me en termes cin&eacute;matographiques&nbsp;? En termes cin&eacute;matographiques non, mais en termes politiques, probablement. Pour Sanjin&eacute;s<i>, Yawar Mallku</i> est un film qui a plus de succ&egrave;s dans les th&eacute;&acirc;tres commerciaux de Bolivie que son long m&eacute;trage pr&eacute;c&eacute;dent, <i>Ukamau </i>(1966). N&eacute;anmoins, il demeure inaccessible aux paysans et aux mineurs, qui vivent l&agrave; o&ugrave; il n&#39;y a pas de th&eacute;&acirc;tres, ainsi qu&rsquo;aux habitants pauvres des bidonvilles, qui ne peuvent pas se permettre d&rsquo;acheter des billets. </span><span style="font-size:12.0pt">Pour essayer de rendre <i>Yawar Mallku</i> plus accessible aux classes populaires boliviennes, Sanjin&eacute;s et le groupe Ukamau am&egrave;nent le cin&eacute;ma directement aux gens, en organisant des projections dans les communaut&eacute;s mini&egrave;res affili&eacute;es &agrave; la Corporation mini&egrave;re de la Bolivie (COMIBOL).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des publics populaires pour ce film est moins important que pr&eacute;vu. Sanjin&eacute;s se rend compte de deux probl&egrave;mes principaux. Tout d&#39;abord, <i>Yawar Mallku</i> montre aux publics populaires ce qu&#39;ils savaient d&eacute;j&agrave; </span><span style="font-size:12.0pt">(S&aacute;nchez-H 91)</span><span style="font-size:12.0pt">. In&eacute;vitablement, dans la tentative de repr&eacute;senter la mis&egrave;re et l&#39;oppression des natifs boliviens, le film leur montre quelque chose qu&#39;ils connaissent beaucoup mieux que les cin&eacute;astes eux-m&ecirc;mes. Ensuite, la forme narrative du film en soi laisse ce public particulier impassible </span><span style="font-size:12.0pt">(Salmon 22)</span><span style="font-size:12.0pt">. L&#39;accent narratif sur une seule famille (Paulina et Ignacio Mallku) attire la sympathie de la classe moyenne, mais il n&rsquo;arrive pas &agrave; attirer le public d&rsquo;origine native. Cela parce que dans les peuples natifs de la Bolivie, on se pense d&rsquo;abord en tant que collectif et ensuite seulement en tant qu&rsquo;individu. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Si l&rsquo;on se pr&ecirc;te &agrave; l&rsquo;exercice de se pencher sur le film pour y</span> <span style="font-size:12.0pt">trouver le combat social et politique, ainsi que le propose Barot, &eacute;merge une vision singuli&egrave;re (celle de Sanjin&eacute;s) qui d&eacute;finit un conflit (celui de la st&eacute;rilisation sans consentement) et qui le g&eacute;n&eacute;ralise&nbsp;comme le combat d&rsquo;un peuple (les natifs, en premi&egrave;re instance, ensuite les universitaires, les intellectuels, les artistes, bref, ceux qui entrent dans la cat&eacute;gorie du &laquo;&nbsp;peuple&nbsp;&raquo;, pour Sanjin&eacute;s). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Sanjin&eacute;s utilise le cin&eacute;ma pour souligner la confrontation entre un &laquo;&nbsp;h&eacute;ros populaire&nbsp;et collectif &raquo; et le n&eacute;ocolonialisme, tout en ayant des difficult&eacute;s &agrave; int&eacute;resser r&eacute;ellement les peuples natifs, qui sont &agrave; la fois son personnage principal et son public cible. Ils sont tr&egrave;s actifs politiquement &agrave; travers leurs syndicats, leurs organisations collectives traditionnelles, leurs radios communautaires, mais pas &agrave; travers le cin&eacute;ma de Sanjin&eacute;s et le groupe Ukamau.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Ce film est donc un exemple de ce que Javier Sanjin&eacute;s, professeur bolivien de litt&eacute;rature latino-am&eacute;ricaine &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Michigan, d&eacute;crit comme le conflit fondamental au c&oelig;ur de la Bolivie moderne&nbsp;: le colonialisme irr&eacute;solu v&eacute;cu par la majorit&eacute; indig&egrave;ne et la tentative de construire un &Eacute;tat national pr&eacute;conis&eacute; par les <i>criollos</i> et l&#39;&eacute;lite m&eacute;tisse </span><span style="font-size:12.0pt">(Javier Sanjin&eacute;s 2004, 23)</span><span style="font-size:12.0pt">. Un conflit qui perdure jusqu&rsquo;&agrave; nos jours et qui est pr&eacute;sent &eacute;galement dans le travail de nouveaux cin&eacute;astes&nbsp;boliviens<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[9]</span></span></span></span></span></a>, d&#39;une mani&egrave;re implicite ou explicite.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">Quand <i>Yawar Mallku</i> vient au public natif, Sanjin&eacute;s et le groupe Ukamau cherchent des moyens pour r&eacute;duire la fracture. A titre d&rsquo;exemple, </span><span style="font-size:12.0pt">ils coupent des s&eacute;quences du film jug&eacute;es trop &eacute;trang&egrave;res &agrave; la vision du monde des peuples natifs </span><span style="font-size:12.0pt">(Gupta 12)</span><span style="font-size:12.0pt">. Ils fournissent &eacute;galement un narrateur qui raconte l&#39;histoire du film avant le d&eacute;but de la projection, une technique utilis&eacute;e par les conteurs itin&eacute;rants sur l&#39;Altiplano, et qui remonte &agrave; la p&eacute;riode de l&rsquo;Empire Inca. Le narrateur montre des photos des acteurs lors de sa pr&eacute;sentation afin de familiariser davantage le public avec ce qui va &ecirc;tre projet&eacute; sur l&rsquo;&eacute;cran </span><span style="font-size:12.0pt">(Jorge Sanjin&eacute;s 1970, 12)</span><span style="font-size:12.0pt">. Tout cela pour rem&eacute;dier &agrave; la diff&eacute;rence entre le r&eacute;el pertinent du r&eacute;alisateur et la vision du monde des peuples natifs.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:12.0pt">Conclusion</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">L&#39;&eacute;chec de <i>Yawar Mallku</i> &agrave; communiquer efficacement avec les natifs de Bolivie, &agrave; l&rsquo;inverse de son succ&egrave;s extraordinaire aupr&egrave;s du public bolivien de la classe moyenne, suscite un gros remaniement de la pratique cin&eacute;matographique chez Sanjin&eacute;s et les autres membres du groupe Ukamau. &Eacute;videmment, l&#39;utilisation unique du dialogue en aymara dans plusieurs de ces films (<i>Ukamau, </i>1967) ou en quechua (<i>Yawar Mallku,</i> 1969) ne suffit pas &agrave; rendre les films capables de communiquer avec les destinataires. Cette question dominera la pratique cin&eacute;matographique de Sanjin&eacute;s dans la suite du XX<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle, et est une th&eacute;matique centrale dans la th&eacute;orie qu&rsquo;il propose. L&agrave; r&eacute;side &agrave; mes yeux l&rsquo;un des aspects les plus remarquables de sa pratique artistique. Ces r&eacute;flexions donneront comme r&eacute;sultat des exp&eacute;riences comme <i>El coraje del pueblo </i>(Le courage du peuple, 1971)<i> Los caminos de la muerte </i>(Les chemins de la mort, film inachev&eacute; tourn&eacute; en 1970)<i> </i>et <i>Llosky Kaymanta ! </i>(D&eacute;gagez d&rsquo;ici ! en langue quechua, 1977).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt">On peut aussi y voir l&rsquo;expression de son combat personnel le plus contradictoire&nbsp;: avoir la possibilit&eacute; de faire du cin&eacute;ma politique, donc le privil&egrave;ge d&rsquo;une lecture pertinente du monde commun et du choix d&rsquo;un combat, au contraire de ses personnages, qui n&rsquo;ont pas la possibilit&eacute; d&rsquo;en faire autant car ils doivent correspondre &agrave; un type, une &laquo;&nbsp;figure g&eacute;n&eacute;rique&nbsp;&raquo; de natif qui vit dans une culture inamovible, qui poss&egrave;de une identit&eacute; r&eacute;sistante &agrave; l&rsquo;ali&eacute;nation et qui est en syntonie naturelle avec son courant politique et les pratiques r&eacute;volutionnaires.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><b><span style="font-variant:small-caps">Bibliographie </span></b></span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span style="font-variant:small-caps">Barot</span>, Emmanuel. <i>Camera politica : dialectique du r&eacute;alisme dans le cin&eacute;ma politique et militant</i>, 1<sup>re</sup> &eacute;dition, Paris, Vrin, 2009.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span style="font-variant:small-caps">Brenez</span>, Nicole. <i>Manifestations : &eacute;crits politiques sur le cin&eacute;ma et autres arts filmiques</i>, 1<sup>re</sup> &eacute;dition, Cherbourg, De l&rsquo;incidence &eacute;diteur, 2019.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Chiavenato</span>, Julio Jos&eacute;. <i>La Guerra del Chaco. Petr&oacute;leo, </i>1<sup>re</sup> &eacute;dition, Asunci&oacute;n del Paraguay, C. Schauman Editor, 1989.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span style="font-variant:small-caps">Fisbach</span>, Erich. <i>La Bolivie ou l&rsquo;histoire chaotique d&rsquo;un pays en qu&ecirc;te de son histoire</i>, 1<sup>re</sup> &eacute;dition, Paris, &Eacute;d. du Temps, coll. Questions du civilisation, 2001.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Gamboa</span>, Ariel. <i>El cine de Jorge Sanjin&eacute;s</i>, 1<sup>re</sup> &eacute;dition, Santa Cruz, Fundaci&oacute;n para la educaci&oacute;n y desarrollo de las artes y Media FEDAM, 1999.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Gumucio Dagr&oacute;n</span>, Alfonso. <i>Historia del cine en Bolivia</i>, 1<sup>re</sup> &eacute;dition, La Paz, Los amigos del libro, 1982.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Gupta</span>, Udayan. &laquo; Neo-realism in Bolivia : An Interview with Antonio Eguino&nbsp;&raquo;, <i>Cin&eacute;aste 9</i>, n<sup>o</sup>2, 1978, p.&nbsp;27.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Salmon</span>, Josefa. <i>El futuro est&aacute; detr&aacute;s. Entrevista al cineasta Jorge Sanjin&eacute;s</i>, 1<sup>re</sup> &eacute;dition, La Paz, Plural, 2020.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="EN-US" style="font-variant:small-caps">S&aacute;nchez-H</span>, Jos&eacute;. <i>The art and politics of Bolivian cinema</i>, 1<sup>re</sup> edition, Lanham, Md, The Scarecrow Press, Inc., 1999.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Sandoval Rodr&iacute;guez</span>, Issac. <i>Historia de Bolivia. Desarrollo hist&oacute;rico social boliviano</i>, 4e &eacute;dition, La Paz, Ministerio de Trabajo, Empleo y Previsi&oacute;n Social, 2016.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="EN-US" style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span>, Javier. <i>Mestizaje Upside-Down</i>, 1<sup>re</sup> &eacute;dition, Pittsburgh, Univ. of Pittsburgh Press, 2004.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span>, Jorge. <i>Teor&iacute;a y pr&aacute;ctica de un cine junto al pueblo</i>, Segunda edici&oacute;n, M&eacute;xico, D.F., Siglo Veintiuno Editores, 1980.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="EN-GB" style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span>, Jorge. &laquo;&nbsp;A Talk with Jorge Sanjin&eacute;s&nbsp;&raquo;, <i>Cin&eacute;aste 4</i>, n<sup>o</sup>3, 1970, p.&nbsp;12‑13.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><a><b><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Articles de presse</span></b></a><span style="font-size:8.0pt"><a class="msocomanchor" href="#_msocom_1" id="_anchor_1" language="JavaScript" name="_msoanchor_1" onmouseout="msoCommentHide('_com_1')" onmouseover="msoCommentShow('_anchor_1','_com_1')" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">[anon1]</a>&nbsp;</span></span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Bailey</span>, Alberto. &laquo;&nbsp;Yawar Mallku y las ratas&nbsp;&raquo;, <i>Presencia</i>, &eacute;d. Presencia, ao&ucirc;t 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="background:yellow">Hoy, ed</span>. &laquo;&nbsp;Cinematograf&iacute;a ind&iacute;gena, demagog&iacute;a internacional&nbsp;&raquo;, <i>Hoy</i>, ao&ucirc;t 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Confederaci&oacute;n Universitaria Boliviana y Federaci&oacute;n Universitaria Local</span>. &laquo;&nbsp;Prohibici&oacute;n a &ldquo;Yawar Mallku&rdquo; : Un crimen contra la cultura&nbsp;&raquo;, <i>Prensa libre</i>, &eacute;d. Prensa libre, 20 juillet 1969, p.&nbsp;4.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="background:yellow"><span style="font-variant:small-caps">Confederaci&oacute;n Universitaria Boliviana y Federaci&oacute;n Universitaria Local</span></span> &laquo;&nbsp;El gobierno de Torres pone fin a una d&eacute;cada de sagaz intromisi&oacute;n del imperialismo. Expulsi&oacute;n del Cuerpo de Paz, satisfacci&oacute;n al honor Patrio.&nbsp;&raquo;, <i>Jornada</i>, 23 mai 1971.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Espinal</span>, Luis. &laquo;Yawar Mallku&nbsp;&raquo;, <i>Presencia</i>, &eacute;d. Presencia, 17 juillet 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="background:yellow"><span style="font-variant:small-caps">Espinal</span></span><span lang="ES" style="background:yellow">, Luis.</span> &laquo;Manifestaci&oacute;n de reclamo por haber suspendido un pel&iacute;cula&nbsp;&raquo;, <i>Presencia</i>, 18 juillet 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Pe&ntilde;a</span>, Jorge. &laquo;Yawar Mallku&nbsp;&raquo;, <i>Prensa libre</i>, 27 juillet 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="background:yellow"><span style="font-variant:small-caps">Pe&ntilde;a</span></span><span lang="ES" style="background:yellow">, Jorge.</span> &laquo;&nbsp;Prohibici&oacute;n Yawar Mallku&nbsp;&raquo;, 18 juillet 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="background:yellow"><span style="font-variant:small-caps">Pe&ntilde;a</span></span><span lang="ES" style="background:yellow">, Jorge.</span> &laquo;&lsquo;Yawar Mallku&rsquo; triunf&oacute; en el Festival de Venecia&nbsp;&raquo;, <i>Prensa libre</i>, 5 septembre 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><b><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Films</span></b></span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">BELLOT</span>, Rodrigo. <i>&iquest;Qui&eacute;n mat&oacute; a la llamita blanca?</i> (Qui a tu&eacute; le petit lama blanc&nbsp;?), Buena Onda Films, 2005.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Russo</span>, Kiro. El Gran movimiento (Le grand Mouvement), Altamar Films, 2021</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Russo</span>, Kiro. Viejo Calavera, Socav&oacute;n Cine, 2016</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span>, Jorge. <i>Ukamau </i>(C&rsquo;est ainsi), Grupo Ukamau, 1966.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span>, Jorge. <i>Yawar Mallku </i>(Le sang du condor), Grupo Ukamau, 1969.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span>, Jorge. <i>El coraje del Pueblo </i>(Le courage du peuple), Grupo Ukamau, 1971.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span></span><span style="font-size:12.0pt">, Jorge. <i>Llosky Kaymanta ! </i>(D&eacute;gagez d&rsquo;ici !) </span><span lang="ES" style="font-size:12.0pt">Grupo Ukamau, 1977.</span></span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Sanjin&eacute;s</span>, Jorge. <i>La Naci&oacute;n Clandestina </i>(La nation clandestine), Grupo Ukamau, 1989.</span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><span style="font-variant:small-caps">Valdivia</span>, Jorge. Zona Sur (Zone sud), Cinenomada, 2009.</span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#7030a0"><b><span lang="ES" style="font-variant:small-caps">Tableau d&rsquo;illustrations</span></b></span></span></span></p> <p class="Bibliographie4" style="text-align:justify; text-indent:-36pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p class="MsoTof"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_Toc98708317" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">Figure 1 - Affiche Officielle du film Yawar Mallku (1969)</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="display:none"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">6</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p class="MsoTof"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_Toc98708318" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">Figure 2 - Photogramme s&eacute;quence finale du film (Jorge Sanjin&eacute;s 1969)</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="display:none"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">7</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p class="MsoTof"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_Toc98708319" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">Figure 3 - Foule r&eacute;unie devant le th&eacute;&acirc;tre &lsquo;16 de Julio&rsquo; face au panneau annon&ccedil;ant l&#39;annulation de la projection. (&laquo;&nbsp;Prohibici&oacute;n Yawar Mallku&nbsp;&raquo; 1969)</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="display:none"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">9</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></span></a> Barot reprend le concept de &laquo;&nbsp;forme cin&eacute;matographique de l&#39;histoire&nbsp;&raquo; de Baecque (Barot 13). Baecque d&eacute;signe le mode sp&eacute;cifique par lequel un film institue, apprend, construit et incarne le continent histoire.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></span></a> Le groupe Ukamau est un collectif d&rsquo;artistes et techniciens du cin&eacute;ma. Il fut fond&eacute; en 1968 par Jorge Sanjin&eacute;s (r&eacute;alisateur), Oscar Soria (sc&eacute;nariste), Antonio Eguino (chef op&eacute;rateur) et Ricardo Rada (producteur). Dans les ann&eacute;es 1990, il devient la Fondation Ukamau, dont la mission est de&nbsp;pr&eacute;server l&rsquo;&oelig;uvre cin&eacute;matographique du groupe Ukamau, de prendre en charge sa diffusion aupr&egrave;s du public national et international et de soutenir la recherche, selon son site officiel&nbsp;: https://ukamau.org.bo. </span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></span></span></span></a> https://www.peacecorps.gov/ </span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[4]</span></span></span></span></span></a> Espinal &eacute;crit : &laquo; La trayectoria aut&eacute;ntica de este grupo de cineastas nacionales hay que apoyarla decididamente. En la Bolivia de hoy, &eacute;ste es el &uacute;nico cine decente que se puede hacer; si no se quiere caer en el esteticismo inerte o en el puro comercio. &raquo;</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></span></a> Version originale: &laquo;La anti-cultura ha sido traducida en un hecho que debe llena de verg&uuml;enza a propios y extra&ntilde;os&nbsp;; el atentado ha sido consumado y el pa&iacute;s se ha visto envuelto en los ignorantes trajines de un &lsquo;Censura&rsquo; que prefiere prohibir una producci&oacute;n nacional que, en el caso presente, es un veh&iacute;culo de conocimiento de la realidad boliviana. &raquo;</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[6]</span></span></span></span></span></a> Version originale: &laquo;&hellip; los universitarios que no pierden oportunidad alguna para dar vitores al &lsquo;Che&rsquo; (&hellip;) las gloriosas minifalderas que han pedido la renuncia del Alcalde (&hellip;) y los Beatles de Churubamba..&raquo;</span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[7]</span></span></span></span></span></a> La guerre du Football est un conflit qui opposa le Salvador et le Honduras en juillet 1969, m&ecirc;me si le football n&rsquo;a &eacute;t&eacute; que le catalyseur et non la cause profonde de cette guerre. Elle est &eacute;galement connue sous le nom de guerre des Cent Heures.</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[8]</span></span></span></span></span></a> Versi&oacute;n originale&nbsp;: &laquo;&nbsp;&hellip;como a animales para determinarnos y &lsquo;ayudarnos&rsquo;. &raquo;</span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[9]</span></span></span></span></span></a> A titre d&rsquo;exemple, et juste pour citer les plus r&eacute;cents, nous trouvons les deux films long m&eacute;trages de Kiro Russo,&nbsp;<i>Viejo calavera</i>&nbsp;(2016) et<i> El Gran Movimiento</i>&nbsp;(2021), ainsi que <i>Zona Sur</i> (2009), de Jorge Valdivia et m&ecirc;me un film d&rsquo;humeur, &iquest;<i>Qui&eacute;n mat&oacute; a la llamita blanca</i>? (2005), de Rodrigo Bellot.</span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> </div> <div> <hr align="left" class="msocomoff" size="1" width="33%" /> <div> <div class="msocomtxt" id="_com_1" language="JavaScript" onmouseout="msoCommentHide('_com_1')" onmouseover="msoCommentShow('_anchor_1','_com_1')"><a name="_msocom_1"></a> <p class="MsoCommentText" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:8.0pt">&nbsp;<a class="msocomoff" href="#_msoanchor_1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">[anon1]</a></span>Demander &agrave; l&#39;auteur de v&eacute;rifier si ce qui a &eacute;t&eacute; ajout&eacute; en jaune est correct</span></span></p> </div> </div> </div>