<blockquote> <p>&laquo;&nbsp;&hellip;<em>Entre jeunes gens dont les sujets sont depuis longtemps construits dans le r&eacute;seau signifiant d&rsquo;une langue maternelle ou prise pour telle, l&rsquo;apprentissage de la langue cible, ou langue du jeu, se fait dans le transfert subjectif... C&rsquo;est &agrave; la fois tr&egrave;s grave et pleinement jouissif. L&rsquo;acculturation passe par l&rsquo;aventure d&rsquo;un moi par les chemins, le contraire d&rsquo;un enfermement</em>&nbsp;&raquo;<sup><a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a></sup>.&nbsp;Robert LAFONT</p> </blockquote> <p>Deux pr&eacute;occupations langagi&egrave;res se croiseront dans cette r&eacute;flexion en didactique des langues/cultures : celle de l&rsquo;esth&eacute;tique langagi&egrave;re produite par la performance sc&eacute;nique de textes (ici plus sp&eacute;cifiquement de textes po&eacute;tiques) et celle de certaines acquisitions possibles en langue nouvelle. Au centre de cette question se trouve le Dire du sujet de la parole en langue &eacute;trang&egrave;re qui met en jeu le corps et la voix sc&eacute;niques entre les langues et les cultures. La langue nouvelle est ici consid&eacute;r&eacute;e en tant que mati&egrave;re sonore, rythmique, relationnelle et m&eacute;taphorique, chaque fois articul&eacute;e de fa&ccedil;on sp&eacute;cifique aux divers contextes linguistiques et culturels dans lesquels elle s&rsquo;acquiert.</p> <p>Cette r&eacute;flexion tentera de formuler un langage critique afin de mettre des mots sur le caract&egrave;re&nbsp;mixte&nbsp;de cette (ces) parole(s) en FLE d&rsquo;apprenants en situation &agrave; la fois publique et p&eacute;dagogique. Les po&egrave;tes travaill&eacute;s dans les cours qui ont inspir&eacute; cette r&eacute;flexion sont pour l&rsquo;instant et entre autres, La Fontaine, Baudelaire, Rimbaud, Michaux, Queneau, Tardieu...(des documents vid&eacute;os et audios existent d&eacute;j&agrave; et d&rsquo;autres seront r&eacute;alis&eacute;s.)&nbsp;</p> <h2>1. L&rsquo;hypoth&egrave;se de l&rsquo;approche esth&eacute;tique de la parole est celle d&rsquo;un acc&egrave;s prioritairement sonore et rythmique &agrave; la langue &eacute;trang&egrave;re</h2> <p>La prise en consid&eacute;ration de la fonction po&eacute;tique du langage, pour l&rsquo;impact de toute parole, est primordiale quant &agrave; l&rsquo;approche esth&eacute;tique en langue &eacute;trang&egrave;re ici envisag&eacute;e. En effet, la fonction po&eacute;tique du langage telle que l&rsquo;a rep&eacute;r&eacute;e Jakobson<sup><a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a></sup>&nbsp;cit&eacute; ci-dessous par le psychanalyste Claude Allione<sup><a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a></sup>&nbsp;(2013), qui la relie &eacute;galement &agrave; la question du sujet de l&rsquo;inconscient, n&rsquo;est pas fr&eacute;quente dans le rapport au langage pratiqu&eacute; le plus souvent dans l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re. Car parmi les six fonctions canoniques de la communication, la fonction po&eacute;tique met plus particuli&egrave;rement en action des aspects difficiles &agrave; manier en p&eacute;dagogie comme la polys&eacute;mie de la parole, la sensation sonore, le rythme, la m&eacute;taphore, &agrave; savoir des forces subjectivantes susceptibles de nourrir cette r&eacute;flexion. En effet, la m&eacute;taphore, l&rsquo;allit&eacute;ration, les sonorit&eacute;s&nbsp; etc&hellip; relativisent le rapport unique au sens suppos&eacute; du langage ordinaire. Le d&eacute;ploiement du langage esth&eacute;tique par le po&egrave;me fait encore davantage surgir la polys&eacute;mie, les r&eacute;sonances, par le rythme qui, d&rsquo;apr&egrave;s E. Benveniste<sup><a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a></sup>&nbsp;et &agrave; sa suite H. Meschonnic<sup><a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a></sup>, remplace le signe et se fait signifiance<a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a>. Le po&egrave;te revendiquerait, ainsi que le mentionne C. Allione, cette subjectivation qui donne toute sa force &agrave; la communication. C&rsquo;est cette force de la parole qui semble, au vu des r&eacute;sultats langagiers obtenus dans l&rsquo;atelier de pratique po&eacute;tique en FLE, profitable &agrave; l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue-culture gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;impact de l&rsquo;expression subjective lib&eacute;r&eacute;e dans le texte et hors du texte. C&rsquo;est un constat renouvel&eacute; dont les preuves existent gr&acirc;ce aux traces film&eacute;es des spectacles publics.</p> <p>&Agrave; l&rsquo;oppos&eacute; de cela, et toujours selon C. Allione, le conditionnement, la normalisation des discours &ndash; &agrave; cause de la&nbsp;<em>saturation</em>&nbsp;qu&rsquo;ils induisent &ndash; nuiraient &agrave; ce&nbsp;<em>rapport vivant</em>&nbsp;si recherch&eacute; que la parole po&eacute;tique instaure particuli&egrave;rement en se reliant comme toute vraie parole et tout naturellement &agrave; l&rsquo;inconscient. La fonction po&eacute;tique viendrait donc&nbsp;<em>r&eacute;parer&nbsp;</em>les d&eacute;g&acirc;ts de&nbsp;la&nbsp;<em>saturation</em>&nbsp;des langages, que ces derniers soient m&eacute;diatiques, politiques ou didactiques. Elle ferait surgir du d&eacute;sir d&#39;expression par le manque<sup><a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a></sup>&nbsp;qui en caract&eacute;rise la nature. En effet, le sujet apprenant, souvent submerg&eacute; d&rsquo;un trop plein d&rsquo;informations, se voit, par des attendus restrictifs, d&eacute;poss&eacute;d&eacute; de sa parole active et subjective. Dans le contexte plus g&eacute;n&eacute;ral d&rsquo;une mondialisation au&nbsp;<em>tout &eacute;conomique</em>&nbsp;faisant pr&eacute;valoir selon l&rsquo;auteur une &laquo;&nbsp;<em>haine de la parole</em>&nbsp;&raquo;&nbsp;guid&eacute;e par le &laquo;&nbsp;<em>Saint March&eacute;</em>&nbsp;&raquo;&nbsp;&eacute;voqu&eacute;s par Allione toujours, la parole et ses &eacute;l&eacute;ments de langage, deviendraient manag&eacute;riaux, manipulateurs, obligeant presque, contre toute &eacute;thique, le sujet &agrave; se prendre parfois lui-m&ecirc;me pour objet&hellip; confisquant ainsi de fait toute possibilit&eacute; de subjectivit&eacute; affirm&eacute;e. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne entra&icirc;ne alors une non-parole. Ces notions d&rsquo;ouverture et de fermeture &agrave; la parole peuvent int&eacute;resser aussi la r&eacute;flexion sur l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une nouvelle langue-culture. En effet, l&rsquo;heure est &agrave; l&rsquo;industrialisation de la p&eacute;dagogie des langues, de plus en plus normalis&eacute;e elle aussi par des cadres europ&eacute;ens<sup><a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a></sup>pr&eacute;cis pouvant instaurer parfois des limites &agrave; l&rsquo;imagination d&rsquo;enseignements et de recherches en didactique des langues, discipline devant, il me semble et tout au contraire, se faire de plus en plus critique&nbsp;en affirmant la question du sujet&nbsp;:</p> <blockquote> <p><em>Il (Jakobson) montrait, en 1963, que la sp&eacute;cificit&eacute; du message r&eacute;side soit dans les affects de l&rsquo;&eacute;metteur (fonction &eacute;motive), soit dans les signifi&eacute;s du message (fonction r&eacute;f&eacute;rentielle), soit encore dans la forme du message (fonction po&eacute;tique), soit enfin dans la particularit&eacute; m&ecirc;me du destinataire (fonction conative) ; &agrave; ces quatre fonctions centrales s&rsquo;ajoutent deux fonctions auxiliaires: maintien de contact avec l&rsquo;interlocuteur, et une fonction m&eacute;talinguistique qui recouvre en r&eacute;alit&eacute; la r&eacute;gulation de la langue par le code (grammaire). Je veux noter ici l&rsquo;importance de la fonction po&eacute;tique dont la force consiste &agrave; contrebalancer l&rsquo;arbitraire du signe et donc &agrave; donner au discours une valeur analogique en privil&eacute;giant le rythme (objet disparu par excellence), la m&eacute;taphore, l&rsquo;allit&eacute;ration, les sonorit&eacute;s etc. La fonction po&eacute;tique conf&egrave;re une force irrempla&ccedil;able au message dans la mesure o&ugrave; elle n&rsquo;est pas le porteur d&rsquo;un unique sens, pour ne pas dire d&rsquo;un sens unique, mais au contraire d&rsquo;une pluralit&eacute; de sous-jacences que le po&egrave;te souhaite d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment assumer, ou bien qu&rsquo;il laisse &eacute;chapper en tant que formations de l&rsquo;inconscient. En cela la fonction po&eacute;tique est peut-&ecirc;tre ce qui m&eacute;rite le plus r&eacute;paration dans l&rsquo;&eacute;tat actuel de saturation par la haine de la parole</em><a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>9</sup>.</a></p> </blockquote> <p>Pour ne pas se cantonner &agrave; cette saturation, &agrave; cette confiscation&nbsp;<em>du manque</em>&nbsp;par l&rsquo;instrumentalisation du langage,&nbsp;<em>l&rsquo;acc&egrave;s po&eacute;tique</em>&nbsp;&agrave; la parole peut susciter une approche subjectivante des langues dans la mesure o&ugrave; les sonorit&eacute;s, le rythme, les r&eacute;sonances, la respiration, rendraient sa voix au sujet parlant. Ce dernier, si l&rsquo;on en croit la psychanalyse<sup><a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a></sup>, &eacute;tant d&eacute;j&agrave;&nbsp;<em>divis&eacute; par le langage</em>&nbsp;dans sa langue maternelle, pourrait aussi dire &laquo;&nbsp;Je&nbsp;&raquo; par le &laquo;&nbsp;Je est un autre&nbsp;&raquo; dans la langue &eacute;trang&egrave;re du po&egrave;me. Pour d&eacute;fendre l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;un acc&egrave;s esth&eacute;tique et subjectif &agrave; la parole dans l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue-culture &eacute;trang&egrave;re, il est crucial de redonner toute son importance &agrave; la fonction po&eacute;tique du langage pour que cette derni&egrave;re retrouve&hellip; ce&nbsp;manque<sup><a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a></sup>&nbsp;parfois perdu, et cela gr&acirc;ce&nbsp;&agrave; la parole trou&eacute;e du po&egrave;me induisant cette subjectivation.</p> <p>Il devient alors imp&eacute;ratif de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; la mise en actes de ce manque par un dispositif relationnel langagier et intersubjectif issu du po&eacute;tique qui en deviendra le moteur. Le sujet paradoxal, fort de son conscient et de son inconscient, pourra alors, par ce manque reconquis &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre aussi bien dans les &eacute;changes que dans les textes po&eacute;tiques, enrichir la force de l&rsquo;expressivit&eacute; de sa (ses) parole(s) nouvelle(s). L&rsquo;ambivalence, les r&eacute;sonances, ainsi suscit&eacute;es par les sons, le rythme du po&egrave;me, impr&eacute;gneront l&rsquo;expression singuli&egrave;re du sujet qui lui donnera, par sa diction<sup><a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a></sup>&nbsp;singuli&egrave;re, la possibilit&eacute;, ainsi que le dirait le philosophe Henri Maldiney, de&nbsp;<em>faire &oelig;uvre dans l&rsquo;&oelig;uvre</em>&nbsp;par&nbsp;<em>le rythme</em><sup><a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a></sup>&nbsp;de la parole pouvant &ecirc;tre aussi interpr&eacute;t&eacute;e de fa&ccedil;on plus ph&eacute;nom&eacute;nologique quand&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>le sentir est communication avec le monde</em>&nbsp;&raquo;&nbsp;et que la fonction de&nbsp;<em>sympt&ocirc;me</em><sup><a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc">14</a></sup>&nbsp;nourrit les diverses fonctions de la communication.</p> <p>Ainsi est donn&eacute; &agrave; toute parole son sens po&eacute;tique par le rythme qui la contient. Il s&rsquo;agit donc, gr&acirc;ce &agrave; ces notions, d&rsquo;apporter un soin tout particulier au langage en lui faisant d&eacute;passer le seul niveau des significations. L&rsquo;entra&icirc;ner vers les d&eacute;couvertes sensorielles de ses possibilit&eacute;s sensibles et polys&eacute;miques, c&rsquo;est-&agrave;-dire sonores et rythmiques. Cela passe par le corps et la voix sc&eacute;niques qui&nbsp;<em>s&rsquo;enroulent&nbsp;</em>dans les textes, lesquels vont en effet creuser la langue &eacute;trang&egrave;re pour les transmettre au mieux. C&rsquo;est un chemin de travail po&eacute;tique en langue nouvelle.</p> <h2>2. Terrain et notions</h2> <p>La r&eacute;flexion sur l&rsquo;approche esth&eacute;tique en FLE en didactique des langues et des cultures se poursuit gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;enseignement th&eacute;&acirc;tral en FLE conduit jusqu&rsquo;aux jours d&rsquo;aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;IEFE (Institut d&rsquo;&Eacute;tudes Fran&ccedil;aises pour &Eacute;tudiants Etrangers) et &agrave; des Masters FLE de Sciences du langage de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier 3. Elle continue de puiser au terrain p&eacute;dagogique de l&rsquo;apprentissage du FLE, inextinguible, car en perp&eacute;tuelle mutation. Pour appr&eacute;hender l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; de ce terrain, des notions th&eacute;oriques transversales ont &eacute;t&eacute; n&eacute;cessaires. Entre autres, les notions de sujet de la parole en langue &eacute;trang&egrave;re et celle d&rsquo;esth&eacute;tique de l&rsquo;expression &agrave; travers les cultures, notions qui instaurent un rapport rythmique non instrumentalisant au langage (notions d&eacute;j&agrave; longuement discut&eacute;es dans l&rsquo;&eacute;volutions des travaux publi&eacute;s de 1990 &agrave; 2014<sup><a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc">15</a></sup>). Ce rapport vivant &agrave; la parole s&rsquo;active dans la mesure o&ugrave; une pratique de la parole de type artistique est propos&eacute;e (th&eacute;&acirc;tre, po&eacute;sie, conte, chanson etc&hellip;). Le langage n&rsquo;est plus alors un simple&nbsp;<em>moyen&nbsp;</em>de communication. Il se met &agrave; parler vraiment, &agrave; travers les sujets, les &oelig;uvres et les cultures, par une expression esth&eacute;tique nouvelle qui s&rsquo;&eacute;labore au fil d&rsquo;un vrai travail coop&eacute;ratif du po&egrave;me et du sujet en sc&egrave;ne. La nature concr&egrave;te de ce travail, dans chacune de ses &eacute;tapes, a &eacute;t&eacute; aussi abord&eacute;e dans les publications ant&eacute;rieures (cf. bibliographie).</p> <p>Cette synth&egrave;se n&rsquo;a pour objectif que de pr&eacute;ciser certains &eacute;l&eacute;ments et de mettre plus particuli&egrave;rement l&rsquo;accent sur&nbsp;le&nbsp;<em>travail</em><em>&nbsp;singulier&nbsp;</em>du texte po&eacute;tique. Cette approche ne peut se r&eacute;p&eacute;ter m&eacute;caniquement. Elle a pour ambition de faire partager quelques pistes et, qui sait, de susciter des vocations chez de futurs enseignants de FLE, amoureux de po&eacute;sie, qui adapteraient le sens de cette p&eacute;dagogie &agrave; leur propre subjectivit&eacute;. En effet celle-ci ne peut servir de mod&egrave;le en mati&egrave;re de m&eacute;thode d&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue-culture. Car, m&ecirc;me si les &oelig;uvres du r&eacute;pertoire sont immuables,&nbsp;elles&nbsp;<em>chantent</em><em>&nbsp;diff&eacute;remment</em>&nbsp;gr&acirc;ce &agrave; la diversit&eacute; de leurs interpr&egrave;tes et sont sans cesse par eux renouvel&eacute;es. Le sujet de la parole, par contre, n&rsquo;est pas immuable pour ce qui le concerne, puisqu&rsquo;en constante r&eacute;&eacute;laboration. Les apprenants ne se construisent-ils pas par la diversit&eacute; de leurs exp&eacute;riences langagi&egrave;res&nbsp;? C&rsquo;est-&agrave;-dire et entre autres par la rencontre probl&eacute;matique des &oelig;uvres de la culture ? Ici, les &oelig;uvres po&eacute;tiques sont mises en espace pour obtenir une singularit&eacute; de perception, d&rsquo;interpr&eacute;tation, puis de transmission. Un semestre d&rsquo;enseignement th&eacute;&acirc;tral produit chaque fois &agrave; son terme son &eacute;v&eacute;nement propre,&nbsp;<em>son spectacle</em>, qui offre une surprise de jeu et d&rsquo;interpr&eacute;tations de textes toujours issus du r&eacute;pertoire francophone car il s&rsquo;agit en m&ecirc;me temps de l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la culture fran&ccedil;aise.&nbsp;Le spectacle est assimilable au processus visible de tout le travail accompli du point de vue de la langue comme de la culture. C&rsquo;est en fait un apport de langue par l&rsquo;exp&eacute;rience physique et &eacute;motionnel d&rsquo;une &oelig;uvre et, vice-versa, un apport de la culture par tout le travail de langue qui s&rsquo;y &eacute;labore gr&acirc;ce au&nbsp;<em>Po&eacute;tique</em>.&nbsp;Nourrie d&rsquo;apports de th&eacute;&acirc;tralit&eacute;, de po&eacute;sie, de linguistique, d&rsquo;esth&eacute;tique et de psychanalyse<sup><a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc">16</a></sup>, la r&eacute;flexion ici r&eacute;sum&eacute;e, s&rsquo;inspire donc en permanence de la question du rapport du sujet &agrave; la parole po&eacute;tique surgissant des &oelig;uvres qui&nbsp;<em>obligent&nbsp;</em>&agrave; un travail d&rsquo;apprentissage complexe.Cette confrontation aux &oelig;uvres va finir par impr&eacute;gner l&rsquo;interlangue. Puis, se produira la distance indispensable &agrave; toute r&eacute;flexivit&eacute; acquisitionnelle d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments &agrave; la fois linguistiques et culturels li&eacute;s au projet du spectacle.</p> <p>C&rsquo;est donc entre les langues et les cultures que le sujet pourra se dire, entre deux langages, &agrave; savoir par le &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; de la parole ordinaire et par &laquo;&nbsp;je est un autre&nbsp;&raquo; que lui offre la parole de l&rsquo;&oelig;uvre po&eacute;tique &agrave; conqu&eacute;rir et &agrave; adresser au public en la vivant vraiment. Seule importera la mani&egrave;re subjective dont la parole est actualis&eacute;e, appropri&eacute;e, sonnant juste, en chaque circonstance. Ainsi le sujet pourra se jouer en sc&egrave;ne. La co-construction de son expression esth&eacute;tique et ordinaire en langue &eacute;trang&egrave;re deviennent les ma&icirc;tres-mots de cette approche. Si l&rsquo;on devait lui donner un nom, celle-ci pourrait se nommer&nbsp;<em>une&nbsp;</em><em>approche esth&eacute;tique et subjective de la parole en langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;</em>du fait de la pr&eacute;sence affirm&eacute;e de la parole dans les &oelig;uvres et dans les sujets.</p> <h2>3. Quelques remarques</h2> <p>Il a &eacute;t&eacute; souvent oppos&eacute; &agrave; l&rsquo;approche esth&eacute;tique de la parole le fait que la langue litt&eacute;raire &ndash; th&eacute;&acirc;tre, po&eacute;sie, chanson, conte, romans, etc&hellip; &ndash; ne pouvait s&rsquo;apprendre que si des bases solides en langue &eacute;taient d&eacute;j&agrave; acquises par les apprenants. La proposition pr&eacute;sente n&rsquo;est pas de d&eacute;mentir totalement cette d&eacute;claration mais d&rsquo;en att&eacute;nuer l&rsquo;importance par le fait que sont offerts, par l&rsquo;approche de la parole po&eacute;tique, de nouveaux&nbsp;outils&nbsp;d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une langue-culture nouvelle&nbsp;: ceux du corps et de la voix cr&eacute;atifs. Soudain, le rapport &agrave; la parole change. Il devient expressif parce qu&rsquo;il va rendre chacun sensible et impliqu&eacute; dans son corps &eacute;motionnel et communicant. Des sons nouveaux vont &ecirc;tre prononc&eacute;s, adress&eacute;s. Des rythmes &eacute;locutoires vont r&eacute;sonner. Des &eacute;tincelles de sens finiront par se produire dans le po&egrave;me sans jamais rigidifier le sensible de l&rsquo;interpr&eacute;tation qui se pr&eacute;cise dans la mise en espace. Celle-ci fait en quelque sorte respirer la parole par le mouvement du corps devenu imaginatif, spatialis&eacute;. Ainsi le po&egrave;me prend corps et voix du sujet. Il est articul&eacute;, rythm&eacute;, m&eacute;moris&eacute; et devient lui-m&ecirc;me adresse &agrave; soi et aux autres. Il se met &agrave; r&eacute;sonner. La culture est v&eacute;cue en partage &agrave; travers la prosodie d&rsquo;une &oelig;uvre qui est situ&eacute;e dans l&rsquo;histoire et qui la transcende&nbsp;&ndash;&nbsp;c&rsquo;est dans ce but que le r&eacute;pertoire est utilis&eacute;.</p> <p>Ainsi, la langue nou&eacute;e &agrave; la culture &agrave; travers l&rsquo;oeuvre met en contact l&rsquo;apprenant avec la culture non limit&eacute;e &agrave; la culture anthropologique. La diversit&eacute; des origines culturelles pr&eacute;sentes dans l&rsquo;atelier n&rsquo;est pas un handicap&nbsp;mais au contraire, elle est &agrave; encourager comme moteur de l&rsquo;exp&eacute;rience. Les diff&eacute;rences deviennent en effet motrices pour les prises de parole dans la langue commune qui est, par n&eacute;cessit&eacute;, la langue-culture cible. La proposition esth&eacute;tique, m&ecirc;me si elle est exigeante, ne fait pas difficult&eacute; non plus&nbsp;: chacun sait, pour l&rsquo;avoir &eacute;prouv&eacute; depuis sa propre langue-culture, toute la richesse que peut provoquer &eacute;motionnellement la parole d&rsquo;un po&egrave;me, d&rsquo;un conte, d&rsquo;une fable, ou d&rsquo;une adresse publique. M&ecirc;me si le th&eacute;&acirc;tre n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; une tradition culturelle pour tous les apprenants, existe comme lien anthropologique cette parole po&eacute;tique, ce chant des mots adress&eacute;s &agrave; d&rsquo;autres, provoquant, dans toutes les cultures, des &eacute;motions fondamentales&nbsp;: la joie, la tristesse, la peur, la tendresse, l&rsquo;hypocrisie, exprim&eacute;es de fa&ccedil;ons diff&eacute;rentes mais toujours reconnaissables.</p> <p>Par cons&eacute;quent, d&eacute;sirer obtenir cette compr&eacute;hension sensible et cette transmission &agrave; un pubic par un travail collectif du corps et de la voix&nbsp;<em>&eacute;prouv&eacute;s</em>&nbsp;&agrave;&nbsp;des textes po&eacute;tiques ne surprend personne au d&eacute;part. Cette exp&eacute;rience po&eacute;tique transf&eacute;rable depuis n&rsquo;importe quelle langue-culture de d&eacute;part se concr&eacute;tise et devient soudain visible par la transmission du travail toujours perfectible. La forme asym&eacute;trique de la communication sc&eacute;nique implique acteurs et spectateurs en donnant &agrave; chaque expression po&eacute;tique &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de la classe une saveur particuli&egrave;rement stimulante. Elle fait progresser la qualit&eacute; expressive (et entre autres phon&eacute;tique et prosodique). Une intimit&eacute; inattendue entre apprenants se d&eacute;veloppe, tr&egrave;s appr&eacute;ci&eacute;e dans le cadre p&eacute;dagogique qui en est souvent priv&eacute;. Ainsi, chacun &eacute;tant le spectateur de l&rsquo;autre (en m&ecirc;me temps que son interlocuteur) sera provoqu&eacute; dans ses &eacute;volutions narcissiques<sup><a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc">17</a></sup>&nbsp;bouleversantes qui peu &agrave; peu finissent par se r&eacute;guler par la sc&egrave;ne. Puisqu&rsquo;il faut non seulement &ecirc;tre compris mais ressenti au plus juste du po&egrave;me, provoquer de l&rsquo;&eacute;motion devient un enjeu. Du rejet de l&rsquo;image de soi, du son de sa voix en langue &eacute;trang&egrave;re, chacun passe assez rapidement &agrave; une acceptation de soi, loin des jugements de valeur, au risque de sa propre expression &agrave; la fois lib&eacute;r&eacute;e et canalis&eacute;e par les textes. Une &eacute;coute de grande qualit&eacute; est en train de na&icirc;tre gr&acirc;ce &agrave; la po&eacute;sie et &agrave; l&rsquo;immense travail du sujet de la parole qu&rsquo;elle suscite.</p> <h2>4. Le choix et le travail du texte</h2> <p>Le choix du texte po&eacute;tique pose de nombreuses questions. Il s&rsquo;agit chaque fois de permettre la rencontre physique et &eacute;motionnelle d&rsquo;un auteur du r&eacute;pertoire fran&ccedil;ais tout en se demandant si, avec les contraintes de temps, les oeuvres choisies ne rebuteront pas les &eacute;tudiants par un niveau de difficult&eacute;s trop grand, qui pourrait en quelque sorte les dissuader de faire tout ce travail. Mais s&rsquo;il ne faut pas les d&eacute;courager au d&eacute;but, il ne faut pas non plus accabler les apprenants de facilit&eacute; qui, elle aussi, constitue un obstacle &agrave; la motivation. Comment trouver le juste milieu en fonction des &eacute;tudiants&nbsp;? Les divers niveaux de langues tels que B1, B2 ne sont pas toujours repr&eacute;sentatifs des comp&eacute;tences r&eacute;elles des apprenants. C&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rience qui va guider l&rsquo;enseignant qui prend son risque dans ses choix des textes. Il faut souvent conna&icirc;tre toute l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;un auteur pour s&rsquo;attaquer aux textes dont la fonction po&eacute;tique est indubitable mais dont l&rsquo;acc&egrave;s reste possible. Par exemple donner la pr&eacute;f&eacute;rence aux premi&egrave;res po&eacute;sies de Rimbaud, aux po&egrave;mes les plus dr&ocirc;les de Tardieu, aux plus simples des&nbsp;<em>Fleurs du Mal</em>.&nbsp;C&rsquo;est-&agrave;-dire permettre d&rsquo;aborder une v&eacute;ritable &eacute;criture esth&eacute;tique &ndash; c&rsquo;est primordial &ndash; et que, gr&acirc;ce au travail des petits groupes qui se diviseront les po&egrave;mes, le travail de diction, compr&eacute;hension, r&eacute;p&eacute;titions, m&eacute;morisation, d&eacute;bouche sur la cr&eacute;ation dans l&rsquo;espace avec toutes les corrections phon&eacute;tiques, prosodiques, posturales et gestuelles, qui s&rsquo;imposeront. La rencontre de l&rsquo;univers po&eacute;tique des corps et des voix en sc&egrave;ne doit &ecirc;tre visible en tant que construction esth&eacute;tique de l&rsquo;espace et fructueuse narcissiquement pour tous les apprenants. Celle-ci donne une assise, un sous-texte aux paroles.</p> <p>L&rsquo;approche po&eacute;tique propos&eacute;e n&rsquo;a donc cess&eacute; de se remettre en question au cours du temps. Elle est demeur&eacute;e exp&eacute;rimentale. Ainsi chaque &oelig;uvre, qu&rsquo;elle soit dramatique<sup><a href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc">18</a></sup>&nbsp;ou po&eacute;tique<sup><a href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc">19</a></sup>, propose son lot de difficult&eacute;s &agrave; r&eacute;soudre. M&ecirc;me si les exercices th&eacute;&acirc;traux de base<sup><a href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc">20</a></sup>&nbsp;du corps et de la voix mettant l&rsquo;apprenant en contact avec la mati&egrave;re textuelle restent plus ou moins les m&ecirc;mes, l&rsquo;on repart &agrave; z&eacute;ro &agrave; chaque semestre. De nouvelles r&eacute;actions, des singularit&eacute;s s&rsquo;imposent &agrave; chaque fois. En 2013-2014, les fables de La Fontaine propos&eacute;es aux &eacute;tudiants de niveaux B1 et B2 ont d&eacute;bouch&eacute; sur une cr&eacute;ativit&eacute; gestuelle &eacute;tonnante de pr&eacute;sence et d&rsquo;originalit&eacute; dans les mises en espace de ces paroles versifi&eacute;es. Les &eacute;tudiants ont produit des fables dont le texte original, versifi&eacute;, sonnait juste sur des corps travaill&eacute;s sobrement. Aucun sur-jeu. Les interdits de l&rsquo;esth&eacute;tique sc&eacute;nique&nbsp;&ndash;&nbsp;&agrave; savoir&nbsp;pas de redondance entre langage du corps et langage des mots, avaient &eacute;t&eacute; compris. L&rsquo;essentiel pour faire entendre cette parole po&eacute;tique &eacute;tant&nbsp;<em>surtout</em>&nbsp;de ne pas surjouer de situations mais de cr&eacute;er des inad&eacute;quations entre le texte et sa mise en espace.&nbsp;(seuls bien s&ucirc;r les documents vid&eacute;os peuvent t&eacute;moigner de cette originalit&eacute;-l&agrave;). Les po&eacute;sies de Rimbaud, Queneau, Tardieu, tr&egrave;s difficiles aussi, furent travers&eacute;es, appropri&eacute;es et transmises de fa&ccedil;on chaque fois &eacute;tonnamment juste. Ce second semestre 2013-2014 verra la mise en voix d&rsquo;un choix de po&egrave;mes&nbsp;des&nbsp;<em>Fleurs du Mal&nbsp;</em>(une quinzaine de textes parmi les plus accessibles ont &eacute;t&eacute; s&eacute;lectionn&eacute;s, et c&rsquo;est &agrave; partir de cette pr&eacute;paration que sera lanc&eacute; le travail physique des textes). Lancer les apprenants dans l&rsquo;exp&eacute;rience po&eacute;tique de Baudelaire permettra s&ucirc;rement encore de soulever de nouvelles questions de subjectivation. L&rsquo;objectif n&rsquo;est-il pas de faire le maximum pour parvenir &agrave; une interpr&eacute;tation la plus subjective possible, nuanc&eacute;e, ambivalente et fluide&nbsp;? Cette subjectivit&eacute; conquise par l&rsquo;interpr&eacute;tation t&eacute;moignera d&rsquo;une parole po&eacute;tique travaill&eacute;e dans la dur&eacute;e, par les sonorit&eacute;s, qui a donn&eacute; tout le temps de savourer les mots et les rythmes en corrigeant les accents maternels. Phon&eacute;tique et prosodie sont des r&eacute;sultats ind&eacute;niables lorsque l&rsquo;on compare les films vid&eacute;os des r&eacute;p&eacute;titions publiques &agrave; sept semaines et celles des spectacles de conclusion de semestre &agrave; douze semaines de cours. La dur&eacute;e, l&rsquo;autonomisation, la r&eacute;p&eacute;tition et la m&eacute;morisation, sans &ecirc;tre excessives, font accomplir un chemin de parole, &eacute;prouv&eacute;e, m&acirc;ch&eacute;e, d&eacute;glutie, rythm&eacute;e, exceptionnellement affin&eacute;e dans la langue cible .</p> <h2>Conclusion</h2> <p>Les d&eacute;buts, forc&eacute;ment cahotiques, cr&eacute;ent une situation coop&eacute;rative o&ugrave; les &eacute;tudiants d&rsquo;origines linguistiques culturelles tr&egrave;s vari&eacute;es se retrouvent devant la m&ecirc;me &eacute;nigme &agrave; percer&nbsp;: le son et le rythme de l&rsquo;&oelig;uvre. Il faut les saisir, les vivre. Pour cela&nbsp;: r&eacute;p&eacute;ter, nuancer, m&eacute;moriser puis adresser. Se lancer &agrave; la conqu&ecirc;te physique des mots par le corps et la voix et comprendre un peu plus tard&hellip; Chacun doit faire le chemin vers l&rsquo;&oelig;uvre qui existe bel et bien comme un sujet, par ses r&eacute;calcitrances&hellip; Ces choix p&eacute;dagogiques semblent un bapt&ecirc;me par le feu&hellip; Ils permettent d&rsquo;entamer n&eacute;anmoins un rapport de confiance avec les apprenants que seul le travail corporel de l&rsquo;atelier permet d&rsquo;obtenir. Tous les &eacute;chauffements, les exercices d&rsquo;&eacute;veil et d&rsquo;improvisation par petits groupes, le montrent. Sans la parole, le corps au travail est suffisamment pr&eacute;sent, visible, sensible, pour que tous s&rsquo;acceptent et abordent leur parole h&eacute;sitante de fa&ccedil;on d&eacute;tendue.</p> <p>Avec la parole des textes, il faudra&nbsp;<em>retrouver&nbsp;</em>cette aisance.&nbsp;Amadouer les accents d&rsquo;origine.&nbsp;C&rsquo;est une question d&rsquo;ambiance g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;atelier qui se cr&eacute;e dans l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; o&ugrave; bien vite sont d&eacute;dramatis&eacute;s les codes linguistiques et culturels des uns et des autres. Il ne s&rsquo;agit pas de s&rsquo;attarder sur cela mais de les discuter si n&eacute;cessaire et bien vite d&rsquo;aborder l&rsquo;essentiel &agrave; savoir&nbsp;: la mati&egrave;re sonore et rythmique de la parole du texte. C&rsquo;est cette derni&egrave;re qui va pousser chaque apprenant &agrave; savourer la moindre syllabe jusqu&rsquo;&agrave; ce que du sens surgissent pour soi et pour les autres, pour qu&rsquo;un rythme nouveau, fait par des pauses, des accentuations, des articulations, des liaisons, donne la gratification du sens esth&eacute;tique. Un festival sonore a lieu. Une sorte de ruche. Une coop&eacute;rative dans laquelle chacun va modifier son accent d&rsquo;origine, rompre ses calques de langues maternelles, se rapprocher enfin de la langue de l&rsquo;&oelig;uvre, de sa polys&eacute;mie pour s&rsquo;en faire le passage. Ambivalence et r&eacute;sonances. Pour conclure ce petit r&eacute;sum&eacute; de recherche, les param&egrave;tres essentiels autour desquels s&rsquo;organise l&rsquo;approche esth&eacute;tique et subjective en FLE propos&eacute;e sont&nbsp;: 1&nbsp;: le choix d&rsquo;une &oelig;uvre du r&eacute;pertoire fran&ccedil;ais, 2&nbsp;: la mani&egrave;re physique et imaginative d&rsquo;apprendre &agrave; mettre en voix et espace ce texte de fa&ccedil;on coop&eacute;rative, 3&nbsp;: la prise de conscience des acquisitions esth&eacute;tiques, langagi&egrave;res et culturelles qui s&rsquo;en suivent et qui vont ensemble (gr&acirc;ce aux spectacles film&eacute;s).&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>Pierra G., (1998),&nbsp;<em>Chemins de parole d&rsquo;une pratique th&eacute;&acirc;trale en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re &ndash; Vers une esth&eacute;tique de l&rsquo;expression</em>, Montpellier, Presses universitaires de Montpellier.</p> <p>Pierra&nbsp;G., (2001),&nbsp;<em>Une esth&eacute;tique th&eacute;&acirc;trale en langue &eacute;trang&egrave;re</em>,&nbsp;Paris, L&rsquo;Harmattan.</p> <p>Pierra&nbsp;G. (2006),&nbsp;<em>Le corps, la voix, le texte : arts du langage en langue &eacute;trang&egrave;re</em>,&nbsp;Collection Espaces Litt&eacute;raires, Paris, L&rsquo;Harmattan.</p> <p>Pierra&nbsp;G.&nbsp;(2011),&nbsp;<em>Pratique th&eacute;&acirc;trale en FLE : sp&eacute;cificit&eacute;s d&rsquo;une recherche &ndash; action en didactique</em>,&nbsp;in Actes du colloque de l&rsquo;Universit&eacute; du Sud de Chine, Canton et ambassade de France,&nbsp;<em>L&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en Chine&nbsp;</em>de novembre 2010, in&nbsp;<em>Synergie</em>&nbsp;num&eacute;ro 6 sp&eacute;cial Chine, revue du Gerflint, p. 105-114, (paru &eacute;galement en ligne&nbsp;<em>Synergie</em>&nbsp;:&nbsp;<a href="http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/Chine6/chine6.html" rel="noopener noreferrer" target="_blank" title="http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/Chine6/chine6.html">http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/Chine6/chine6.html</a>).</p> <p>Pierra&nbsp;G.&nbsp;(2011),&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre : pratiques artistiques et sc&eacute;niques de la parole en langues &eacute;trang&egrave;res</em>,&nbsp;in Djordjevic K., Pierra G., Yasri-Labrique E. (dirs),&nbsp;<em>Diversit&eacute; didactique des langues romanes</em>,&nbsp;&Eacute;ditions Cladole, Montpellier, p. 48-55.</p> <p>Pierra&nbsp;G.&nbsp;(2013),&nbsp;<em>Quelle pratique th&eacute;&acirc;trale en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re? Le corps et la voix en action dans les textes</em>,&nbsp;in&nbsp;<em>Didactique du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re par la pratique th&eacute;&acirc;trale</em>, (&eacute;ds&nbsp;: Christophe Alix, Dominique Lagorgette, Eve-Marie Rollinat Levasseur, actes du colloque coorganis&eacute; par l&rsquo;Institut Sup&eacute;rieur des Sciences Humaines de Tunis, l&rsquo;Universit&eacute; de Paris 3 et l&rsquo;ambassade de France, 2- 4 avril 2008, &Eacute;ditions Universit&eacute; de Savoie, p. 31-47.</p> <p>Pierra&nbsp;G.&nbsp;(2014 &agrave; para&icirc;tre), &quot;Pratique sc&eacute;nique des &oelig;uvres en FLE : quels enjeux artistiques en didactique ?&quot;, In Congr&egrave;s international IDEA, 8th Drama and Education IDEA World Congress, (<em>Th&eacute;&acirc;tre et &eacute;ducation</em>), 8-13 juillet 2013, Paris 3 et ANRAT.</p> <hr /> <h2>Notes</h2> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>LAFONT Robert, in Pr&eacute;face &agrave; PIERRA Gis&egrave;le,&nbsp;<em>Une esth&eacute;tique th&eacute;&acirc;trale en langue &eacute;trang&egrave;re</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2001 p. 11.<br /> Voir &eacute;galement&nbsp;: LAFONT Robert,&nbsp;<em>Il y a quelqu&rsquo;un &ndash; La parole et le corps</em>,&nbsp;Coll. Langue et Praxis, Praxiling, Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3, 1994 (r&eacute;&eacute;dit&eacute; ult&eacute;rieurement chez Lambert-Lucas).</p> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2&nbsp;</a>CF. JAKOBSON Roman,&nbsp;<em>Essais de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</em>,&nbsp;Paris, Minuit, 1963.</p> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>ALLIONE Claude,&nbsp;<em>La haine de la parole</em>,&nbsp;&Eacute;ditions LLL- Les Liens qui Lib&egrave;rent, 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. BENVENISTE Emile,&nbsp;<em>Probl&egrave;mes de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</em>, coll. Tel, Paris, Gallimard, 1966.</p> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. MESCHONNIC Henri,&nbsp;<em>Critique du rythme</em>, Lagrasse, &Eacute;d. Verdier, 1982.</p> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. pour ces notions sp&eacute;cifiques H. MESCHONNIC in PIERRA G.&nbsp;(2007),&nbsp;<em>Le texte litt&eacute;raire mis en voix : enjeux en didactique du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re</em>,&nbsp;ouvrage coordonn&eacute; par Tayeb Bouguerra :&nbsp;<em>Du litt&eacute;raire &ndash; Analyses sociolinguistiques et pratiques didactiques</em>,&nbsp;Presses Universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e, Universit&eacute; de Montpellier 3, p. 99-109.</p> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. ANDERSON, Patrick&nbsp;:&nbsp;<em>La didactique des langues &eacute;trang&egrave;res &agrave; l&acute;&eacute;preuve du sujet</em>. Besan&ccedil;on : Presses Universitaires de Franche-Comt&eacute;, 1999.</p> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. MAURER Bruno,&nbsp;<em>Enseignement des langues et construction europ&eacute;enne : Le plurilinguisme, nouvelle id&eacute;ologie dominante</em>. Paris: &Eacute;ditions des archives contemporaines, 2011.</p> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>ALLIONE Claude,&nbsp;L<em>a haine de la parole</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>&nbsp;p. 51.</p> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. LACAN Jacques,&nbsp;<em>Les formations de l&rsquo;inconscient</em>,&nbsp;<em>S&eacute;minaire V</em>, Paris, Seuil, 1998.</p> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. ANDERSON, Patrick&nbsp;:&nbsp;<em>La didactique des langues &eacute;trang&egrave;res &agrave; l&acute;&eacute;preuve du sujet</em>. Besan&ccedil;on, Presses Universitaires de Franche-Comt&eacute;, 1999.</p> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>PIERRA Gis&egrave;le,&nbsp;<em>Vers un sujet de la diction des textes</em>,&nbsp;<em>in&nbsp;</em>&laquo; Traverses &raquo; n&deg;8, coll. LACIS, Publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier 3, 2006, p.149-156.</p> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. MALDINEY Henri,&nbsp;A<em>v&egrave;nement de l&rsquo;&oelig;uvre,&nbsp;</em><em>St Maximin</em>, Th&eacute;t&egrave;te &Eacute;ditions, 1997&nbsp;et&nbsp;<em>Art et existence</em>,&nbsp;Paris, Klincksiek/Esth&eacute;tique, 1985.</p> <p><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. MALDINEY Henri,&nbsp;<em>Une ph&eacute;nomenologie &agrave; l&rsquo;impossible: la po&eacute;sie&rdquo;, &Eacute;tudes ph&eacute;nom&eacute;nologiques</em>, N&deg; 5-6, Bruxelles, &Eacute;d. Ousia, 1987.</p> <p><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf Fiche de chercheur Dipralang Montpellier 3, publications Gis&egrave;le PIERRA de 1990 &agrave; 2014&nbsp;:&nbsp;<a href="http://recherche.univ-montp3.fr/dipralang/" rel="noopener noreferrer" target="_blank">http://recherche.univ-montp3.fr/dipralang/</a></p> <p><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf&nbsp;.PIERRA Gis&egrave;le,&nbsp;<em>Le corps, la voix, le texte-Arts du langage en langue &eacute;trang&egrave;re</em>,&nbsp;Paris, L&rsquo;Harmattan, 2006.</p> <p><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. PRIEUR Jean-Marie,&nbsp;<em>Une ethnographie d&rsquo;occasion, in Le vent traversier &ndash; Langage et subjectivit&eacute;</em>,&nbsp;Publications de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier 3, 1996.</p> <p><a href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Textes dramatiques d&eacute;j&agrave; travaill&eacute;s entre autres : Moli&egrave;re, Marivaux, Musset, Labiche, Feydeau, Ionesco, Nathalie Sarraute, Roland Dubillard.</p> <p><a href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Textes po&eacute;tiques d&eacute;j&agrave; travaill&eacute;s entre autres : Queneau, Rimbaud, Tardieu, La Fontaine, actuellement Baudelaire.</p> <p><a href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20</a><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">&nbsp;</a>Cf. Exercices th&eacute;&acirc;traux in PIERRA Gis&egrave;le,&nbsp;<em>Une esth&eacute;tique th&eacute;&acirc;trale en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re</em>,&nbsp;Paris, L&rsquo;Harmattan, 2001, p.76-106. Approche d&#39;une situation p&eacute;dagogique complexe : l&#39;activit&eacute; &eacute;pilinguistique comme d&eacute;clencheur d&#39;apprentissage.</p> <hr /> <h2>Citer cet article</h2> <p>PIERRA Gis&egrave;le. Mise en voix et en espace de textes dramatiques ou po&eacute;tiques. Une approche esth&eacute;tique et subjective de la parole en didactique des langues/cultures,&nbsp;<em>Revue TDFLE</em>, n&deg;69 [en ligne], 2017.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h4>Gis&egrave;le PIERRA<br /> DIPRALANG (EA 739)<br /> Universit&eacute; Montpellier 3</h4>