<h2>1. Un coll&egrave;ge en voie de &laquo; d&eacute;sinstitualisation &raquo;</h2> <p>Les r&eacute;flexions qui suivent sont issues d&rsquo;un travail de th&egrave;se en Sciences du Langage, au sein de l&rsquo;&eacute;quipe Dipralang de l&rsquo;universit&eacute; Montpellier 3, intitul&eacute;&nbsp;:&nbsp;<em>Comment conjuguer le pr&eacute;sent du verbe &laquo;&nbsp;&ecirc;tre&nbsp;&raquo;&nbsp;? Approche anthropologique et didactique d&rsquo;une situation p&eacute;dagogique complexe &agrave; travers l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;: le cas d&rsquo;une &eacute;cole insulaire en Gr&egrave;ce</em><sup><a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a></sup>.</p> <p>Le contexte d&rsquo;&eacute;tude fut le coll&egrave;ge<sup><a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a></sup>&nbsp;d&rsquo;Hayia Thecli (Sainte-Th&egrave;cle), situ&eacute; dans le village d&rsquo;Hayia Thecli, &agrave; C&eacute;phalonie &ndash; &icirc;le se trouvant dans la Mer Ionienne, appartenant au complexe insulaire des &icirc;les ioniennes qui constituent la limite ouest du territoire grec. Ce coll&egrave;ge, o&ugrave; nous avons enseign&eacute; le fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re de 2008 &agrave; 2013, constitue un contexte d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage d&eacute;licat.</p> <p>Sa particularit&eacute; tient &agrave; sa logique institutionnelle. Or, cette logique vise plus &agrave; sa sauvegarde qu&rsquo;&agrave; la transmission des savoirs. En effet, le coll&egrave;ge, fond&eacute; en 1892 par des bienfaiteurs de la r&eacute;gion, constitue un legs qui, selon le d&eacute;sir de ses fondateurs qui est exprim&eacute;e de mani&egrave;re officielle dans leur codicille de 1919, doit exister &agrave; perp&eacute;tuit&eacute;.</p> <p>Pourtant, dans les ann&eacute;es 1990, le nombre d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves commence &agrave; diminuer. &laquo;&nbsp;Une p&eacute;riode historique de structures sociales et de traditions arrive &agrave; son terme&nbsp;&raquo; (Adonakatou, 2007&nbsp;: 195). L&rsquo;exode vers les villes les plus proches (&agrave; Lixouri, &agrave; Argostoli, la capitale de l&rsquo;&icirc;le,) et l&rsquo;immigration vers le continent laissent leur marque dans le coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli, qui risque de fermer par manque d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves.</p> <p>En m&ecirc;me temps que le coll&egrave;ge de la ville de Lixouri &ndash; la ville la plus proche du village d&rsquo;Hayia Thecli &ndash; attire de nouveaux &eacute;l&egrave;ves, sa r&eacute;putation grandit.</p> <p>Dans les ann&eacute;es 1990 l&rsquo;&eacute;cole d&rsquo;Hayia Thecli commence &agrave; changer, par la volont&eacute; de quelques personnes. Un&nbsp;accord tacite&nbsp;se fait entre les directions des deux &eacute;coles. Il n&rsquo;est ni officiel, ni &eacute;crit. Les &eacute;l&egrave;ves qui redoublent au coll&egrave;ge de Lixouri ou qui sont punis pour des fautes graves, &laquo;&nbsp;les cas d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;s et ing&eacute;rables<sup><a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a></sup>&nbsp;&raquo;, sont directement envoy&eacute;s, la plupart du temps avec l&rsquo;accord des parents, au coll&egrave;ge d&rsquo; Hayia Thecli. Cette d&eacute;marche est profitable aux deux &eacute;tablissements&nbsp;: le coll&egrave;ge de Lixouri gagne en r&eacute;putation et le coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli gagne des ann&eacute;es de vie, car il&nbsp;se doit d&rsquo;exister &laquo;&nbsp;&agrave; perp&eacute;tuit&eacute;&nbsp;&raquo;. Autrement dit, le coll&egrave;ge d&eacute;vast&eacute; par l&rsquo;exode rural existe, surtout, gr&acirc;ce &agrave; la pr&eacute;sence physique des &eacute;l&egrave;ves qui &laquo;&nbsp;&eacute;chouent&nbsp;&raquo; au coll&egrave;ge de la ville.</p> <p>Ainsi, les &eacute;l&egrave;ves du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli sont consid&eacute;r&eacute;s par la direction plus comme le canal de transmission d&rsquo;un h&eacute;ritage que comme des apprenants. Ce qui a des cons&eacute;quences importantes dans le processus d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage de toutes les mati&egrave;res. Car les &eacute;l&egrave;ves, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, sachant le r&ocirc;le qu&rsquo;ils jouent dans cette institution, abandonnent tout effort d&rsquo;apprendre et les professeurs, choqu&eacute;s par l&rsquo;indiff&eacute;rence des &eacute;l&egrave;ves et leur passivit&eacute;, sont conduits &agrave; une d&eacute;professionnalisation marqu&eacute;e.</p> <p>Ce qui nous am&egrave;ne &agrave; parler d&rsquo;une fracture entre l&rsquo;institution et ses acteurs.</p> <p>L&rsquo;institution est ici consid&eacute;r&eacute;e sous l&rsquo;angle propos&eacute; par le psychanalyste Jean-Pierre Lebrun (2010) &agrave; savoir la possibilit&eacute;, l&eacute;gitim&eacute;e par la tradition, pour l&rsquo;&eacute;cole en tant que tiers, de prescrire une normativit&eacute; &agrave; la collectivit&eacute;.</p> <p>Au coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli, tout ce qui pourrait repr&eacute;senter l&rsquo;institution et la tierc&eacute;it&eacute;, les paroles des professeurs concernant les cours, le savoir dispens&eacute;, le besoin de discipline, les interdictions, les limites spatiales et temporelles, ne constituent pas de contraintes pour les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;; ceux-ci ne les reconnaissent pas comme telles et font comme s&rsquo;ils n&rsquo;&eacute;taient pas dans une &eacute;cole.</p> <p>L&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage de toutes les mati&egrave;res, comme, d&rsquo;ailleurs, du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re, s&rsquo;av&egrave;rent particuli&egrave;rement difficiles, voire m&ecirc;me impossibles. La grande majorit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves contreviennent aux directives des professeurs: apr&egrave;s la r&eacute;cr&eacute;ation, ils entrent dans la classe en retard, souvent en train de manger, ils refusent de faire leurs devoirs, ils refusent d&rsquo;&ecirc;tre attentifs en classe, ils font du bruit pendant les cours, ils font des blagues, ils insultent les professeurs, ils ne prennent pas de notes, ils ne recopient pas les donn&eacute;es &eacute;crites au tableau, ils perdent les livres, les cahiers (s&rsquo;ils en ont), les photocopies, ils vont &agrave; l&rsquo;&eacute;cole sans le mat&eacute;riel n&eacute;cessaire (crayons, gommes, stylos..), ils ne mettent pas dans le sac les livres et cahiers pour les cours du jour, ils d&eacute;chirent les livres, cassent les crayons, &eacute;crivent sur les pupitres&hellip; Bref, ils refusent tout ce qui a un rapport avec l&rsquo;&eacute;cole, en d&rsquo;autres termes, ils r&eacute;cusent leur identification au r&ocirc;le d&rsquo;&eacute;l&egrave;ve.</p> <blockquote> <p>Nous sommes dans un piteux &eacute;tat il faut recommencer tout &agrave; z&eacute;ro. Ici la mati&egrave;re &agrave; enseigner ne finit jamais<sup><a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a></sup>. &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Dans ce coll&egrave;ge particulier, la plupart des professeurs &eacute;prouvent un manque de rep&egrave;res et d&rsquo;outils dans la classe, et cela est v&eacute;cu comme une situation qui les pousse &agrave; violer les instructions&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Tu entres dans une classe pour enseigner la physique ou la chimie et deux &eacute;l&egrave;ves sur sept ne savent m&ecirc;me pas lire<sup><a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a></sup>&nbsp;!<br /> De cent choses que tu leur enseigneras &agrave; l&rsquo;aide de cent m&eacute;thodes, ils retiendront un pourcentage infinit&eacute;simal, ce qui me fatigue &eacute;norm&eacute;ment<sup><a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a></sup>.</p> </blockquote> <p>L&rsquo;enseignante d&rsquo;anglais nous dit&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Je proc&egrave;de par instinct, en violant toutes les instructions m&eacute;thodologiques du Programme d&rsquo;anglais, en n&eacute;gligeant, &eacute;galement, les conseils du conseiller p&eacute;dagogique<sup><a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a></sup>.</p> </blockquote> <p>Tr&egrave;s souvent, les comportements des &eacute;l&egrave;ves ne visent qu&rsquo;&agrave; simuler l&rsquo;adaptation &agrave; des r&egrave;gles scolaires mais sans vraiment se les approprier&nbsp;: ils font semblant, par exemple, de r&eacute;fl&eacute;chir lors des &eacute;preuves dont le sc&eacute;nario est d&eacute;j&agrave; &eacute;crit car, plusieurs fois, il y a un professeur qui, &agrave; la fin de l&rsquo;&eacute;preuve, leur dictera les r&eacute;ponses correctes. &Agrave; la maison, pour faire les devoirs, un geste simple, &laquo;&nbsp;ouvrir le livre<sup><a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a></sup>&nbsp;&raquo;, pendant quelques minutes, para&icirc;t suffisant.</p> <p>Pour ce qui est de la participation au cours dans la classe, un grand nombre de ces &eacute;l&egrave;ves donnent aux professeurs des r&eacute;ponses sans y avoir v&eacute;ritablement r&eacute;fl&eacute;chi, ou bien, en r&eacute;p&eacute;tant des &eacute;nonc&eacute;s pr&eacute;fabriqu&eacute;s, des &eacute;nonc&eacute;s du professeur, ou de quelques &eacute;l&egrave;ves consid&eacute;r&eacute;s comme &laquo; bons&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Je sais que disons dans les autres cours, que je dirai quelque chose, je dirai des choses, et je&hellip; je m&rsquo;en tirerai pour ainsi dire<sup><a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a></sup>.</p> </blockquote> <p>Cet &eacute;l&egrave;ve de la deuxi&egrave;me classe du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli fournit des efforts avec parcimonie, tout en s&rsquo;assurant le minimum d&rsquo;efficacit&eacute; en disant &laquo;&nbsp;quelque chose&nbsp;&raquo;, un &eacute;nonc&eacute; quelconque en guise de r&eacute;ponse &agrave; ses professeurs.</p> <p>Ainsi, apr&egrave;s l&rsquo;observation de la vie quotidienne au coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli et son &eacute;criture ethnographique<a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a>&nbsp;et &agrave; l&rsquo;aide des entretiens que nous avons eus avec les &eacute;l&egrave;ves, leurs parents et les professeurs du coll&egrave;ge, nous sommes en mesure de dire que la plupart des &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;Hayia Thecli s&rsquo;ajustent au &laquo;&nbsp;discours institutionnel&nbsp;&raquo;, sans vraiment se l&rsquo;approprier, en vue de survivre en tant qu&rsquo;&eacute;l&egrave;ves, pendant les trois derni&egrave;res ann&eacute;es de la scolarisation obligatoire<a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a>.</p> <p>Ce discours comprend des &eacute;nonc&eacute;s relatifs aux mati&egrave;res enseign&eacute;es, &eacute;cout&eacute;s en classe ou bien lus dans les manuels, mais aussi des &eacute;nonc&eacute;s portant sur le caract&egrave;re du coll&egrave;ge, &eacute;nonc&eacute;s qui circulent&nbsp;dans la communaut&eacute; insulaire. Selon ce discours circulant, le coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli est un lieu qui r&eacute;unit tous les mauvais &eacute;l&egrave;ves et les &laquo;&nbsp;aide&nbsp;&raquo; &agrave; achever leur scolarisation obligatoire.</p> <p>&Agrave; titre d&rsquo;exemple, quand le principal du coll&egrave;ge a renvoy&eacute; un &eacute;l&egrave;ve du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli, &agrave; peine arriv&eacute; du coll&egrave;ge de Lixouri, pour l&rsquo;avoir grossi&egrave;rement insult&eacute; ainsi que la femme de m&eacute;nage, un autre &eacute;l&egrave;ve, V., a manifest&eacute; sa col&egrave;re et son &eacute;tonnement. Nous lui avons demand&eacute; de dire ce qu&rsquo;il aurait fait s&rsquo;il avait &eacute;t&eacute; lui-m&ecirc;me le principal du coll&egrave;ge. Il a r&eacute;pondu qu&rsquo;il n&rsquo;aurait pas renvoy&eacute; l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve car cela est contraire &agrave; la &laquo;&nbsp;politique&nbsp;&raquo; du coll&egrave;ge.</p> <blockquote> <p>&ndash; Et pourquoi tu ne le renverrais pas de l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;?<br /> &ndash; Parce que cette &eacute;cole a &eacute;t&eacute;&hellip; a &eacute;t&eacute; construite par quelqu&rsquo;un qui n&rsquo;&eacute;tait pas l&agrave; pour renvoyer mais pour aider les gens il l&rsquo;a faite. D&rsquo;apr&egrave;s ce que j&rsquo;ai appris et ce que je sais. Il ne l&rsquo;a pas faite pour les renvoyer. Et il<sup><a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a></sup>&nbsp;pourrait lui donner une derni&egrave;re chance, il<sup><a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a></sup>&nbsp;ne l&rsquo;avait pas beaucoup provoqu&eacute;&nbsp;! Il &eacute;tait l&agrave; depuis deux trois semaines. &agrave; peine venu &agrave; l&rsquo;&eacute;cole je ne le renverrai pas&nbsp;! Je lui donnerais une derni&egrave;re chance. Puisqu&rsquo;il est venu pour qu&rsquo;on l&rsquo;aide.<br /> &ndash; Et toi&nbsp;? Cette &eacute;cole t&rsquo;aide&nbsp;?<br /> &ndash; (Il&nbsp;sourit) Moi&nbsp;? Oui. Normalement j&rsquo;aurais d&ucirc; partir mais, d&rsquo;accord<sup><a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc">14</a>.</sup></p> </blockquote> <h2>2. Les objectifs de l&rsquo;enseignement et de l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais au coll&egrave;ge</h2> <p>Le Programme de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re pour le coll&egrave;ge grec a &eacute;t&eacute; introduit dans les &eacute;tablissements scolaires du primaire et du secondaire en 2003. La d&eacute;limitation th&eacute;orique de ce programme s&rsquo;appuie sur les curricula, structur&eacute;s autour de la notion d&rsquo;objectifs. L&rsquo;objectif global de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au coll&egrave;ge grec consiste dans &laquo;&nbsp;le d&eacute;veloppement de la comp&eacute;tence de communication &raquo; (Programme, 2003&nbsp;: 4114) et la m&eacute;thodologie d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage pr&ocirc;n&eacute;e est l&rsquo;approche communicative (Programme, 2003&nbsp;: 4117). D&rsquo;ailleurs, ce n&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; partir de l&rsquo;av&egrave;nement de l&rsquo;approche communicative que les curricula pour l&rsquo;enseignement des langues en Europe ont &eacute;t&eacute; structur&eacute;s autour de la notion d&rsquo;objectifs (Tsopanoglou, 2000).</p> <p>Les objectifs g&eacute;n&eacute;raux<sup><a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc">15</a></sup>&nbsp;du Programme sont les suivants&nbsp;:</p> <ul> <li>Comprendre et produire du discours &eacute;crit et oral.</li> <li>D&eacute;velopper la comp&eacute;tence linguistique et la comp&eacute;tence sociolinguistique, &agrave; savoir d&eacute;velopper des comp&eacute;tences phonologiques, lexicologiques et morphosyntaxiques.</li> <li>Se familiariser avec les diff&eacute;rents niveaux et types de discours.</li> <li>D&eacute;velopper la comp&eacute;tence pragmatique, &agrave; savoir d&eacute;velopper des comp&eacute;tences fonctionnelles de la langue.</li> <li>Aborder la langue dans sa dimension esth&eacute;tique.<br /> (<em>Programme</em>, 2003&nbsp;: 4114)</li> </ul> <p>Le programme est structur&eacute; en trois colonnes, dont chacune contient une liste &ndash; la liste des objectifs, la liste des contenus et, enfin, celle des activit&eacute;s &ndash; lues sur deux axes&nbsp;: syntagmatique et paradigmatique. Le sch&eacute;ma suivant repr&eacute;sente la taxinomie du Programme de fran&ccedil;ais&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <table> <tbody> <tr> <th>Objectifs</th> <th>Unit&eacute;s th&eacute;matiques</th> <th>Activit&eacute;s indicatives</th> </tr> <tr> <td>L&rsquo;apprenant doit &ecirc;tre capable de&hellip;</td> <td>Domaines et fonctions du langage.</td> <td>Exercices et activit&eacute;s transdisciplinaires ou non.</td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p>&Agrave; c&ocirc;t&eacute; de ce tableau, prennent place des parties consacr&eacute;es aux objectifs g&eacute;n&eacute;raux, &agrave; des propositions de projets transdisciplinaires, &agrave; la m&eacute;thodologie de l&rsquo;enseignement, aux modes d&rsquo;&eacute;valuation et, finalement, aux types de supports cens&eacute;s &ecirc;tre utilis&eacute;s par l&rsquo;enseignant et l&rsquo;apprenant dans la classe.</p> <p>Malgr&eacute; son caract&egrave;re bref et sch&eacute;matique, la description du Programme de fran&ccedil;ais, r&eacute;v&egrave;le clairement son intention&nbsp;: faire apprendre &agrave; l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve grec comment participer &agrave; une situation de communication fran&ccedil;aise donn&eacute;e et comment agir sur son interlocuteur fran&ccedil;ais de mani&egrave;re pertinente.</p> <p>Ceci dit, l&rsquo;apprenant est suppos&eacute; capable d&rsquo;articuler les actes de parole (les fonctions du langage), r&eacute;pertori&eacute;s selon une optique&nbsp;<em>Niveau Seuil</em>&nbsp;du langage, &agrave; la situation de communication (domaines d&rsquo;exp&eacute;rience), pour ensuite choisir l&rsquo;acte de parole pertinent. Il doit savoir faire des &laquo;&nbsp;corr&eacute;lations&raquo;. Le d&eacute;veloppement des comp&eacute;tences phonologiques, lexicologiques et morphosyntaxiques se fait dans une perspective centr&eacute;e sur l&rsquo;usage de la langue en situation sociolinguistique. L&rsquo;apprenant doit avoir les outils linguistiques adapt&eacute;s pour &ecirc;tre&nbsp;acteur&nbsp;des situations de communication en &eacute;valuant leur pertinence fonctionnelle. Il se doit &eacute;galement d&rsquo;op&eacute;rer des relations entre des registres de langage et les locuteurs qui en font usage, selon des crit&egrave;res socioculturels et &agrave; partir de d&eacute;marches hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductives.</p> <p>Il s&rsquo;agit, en d&rsquo;autres termes, d&rsquo;un apprenant dynamique, acteur et actif dans son apprentissage. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un processus d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage &laquo;&nbsp;centr&eacute; sur l&rsquo;apprenant&nbsp;&raquo;.</p> <h2>3. Vers l&rsquo;&eacute;mergence d&#39;une parole subjective</h2> <p>En tant qu&rsquo;enseignante de fran&ccedil;ais au coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli, j&rsquo;&eacute;tais, chaque jour, devant le constat d&rsquo;un &eacute;chec infini&nbsp;: j&rsquo;enseignais selon les principes du Programme de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re, plus ou moins fid&egrave;lement, afin que mes &eacute;l&egrave;ves apprennent &agrave; comprendre et &agrave; s&rsquo;exprimer en langue &eacute;trang&egrave;re, et presque personne n&rsquo;arrivait ni &agrave; comprendre ni &agrave; s&rsquo;exprimer. Le silence qui suivait une question ouvrait la porte au bruit, et au moindre pr&eacute;texte, &agrave; l&rsquo;absence de discipline&nbsp;; l&rsquo;autorit&eacute; de l&rsquo;enseignant semblait ne pas &ecirc;tre reconnue. Mon discours d&rsquo;enseignante de fran&ccedil;ais n&rsquo;&eacute;tait pas &eacute;cout&eacute;. Les &eacute;l&egrave;ves ne faisaient pas leurs devoirs, n&rsquo;arrivaient pas &agrave; l&rsquo;&eacute;cole avec les livres, stylos, cahiers, etc., et leurs performances aux &eacute;valuations &eacute;crites &eacute;taient, presque dans leur totalit&eacute;, tr&egrave;s mauvaises.</p> <p>L&rsquo;apprenant de fran&ccedil;ais, &laquo;&nbsp;acteur&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;actif&nbsp;&raquo;, &eacute;tait absent. Sur quel &laquo;&nbsp;apprenant&nbsp;&raquo;, alors, me centrer&nbsp;?</p> <p>Cette situation m&rsquo;a amen&eacute;e &agrave; me poser la question suivante&nbsp;: comment ancrer mon enseignement dans ce terrain du &laquo;&nbsp;non apprentissage&nbsp;&raquo;&nbsp;? Comment, en d&rsquo;autres termes, cr&eacute;er un apprenant &laquo;&nbsp;r&eacute;el&nbsp;&raquo;, un &eacute;l&egrave;ve qui apprend, un &eacute;l&egrave;ve&nbsp;qui s&rsquo;implique dans la pratique d&rsquo;apprendre dans une institution qui ne favorise pas l&rsquo;apprentissage ?</p> <p>Selon mon hypoth&egrave;se, pour qu&rsquo;il y ait un &laquo;&nbsp;&eacute;l&egrave;ve&nbsp;&raquo; &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;apprendre, donc d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;apprenant&nbsp;&raquo;, il faut que l&rsquo;enseignant cr&eacute;e des conditions aptes &agrave; instaurer un rapport entre l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve et le savoir dispens&eacute;, qui est dans le cas de mes &eacute;l&egrave;ves, le fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re. Ce lien est, ici, exprim&eacute; en des termes qui embrassent le sujet et son inconscient, autrement dit, le sujet&nbsp;&laquo;&nbsp;[&hellip;]&nbsp;<em>divis&eacute; entre les mots et les choses, entre corps et langage, entre savoir et v&eacute;rit&eacute;</em>&nbsp;&raquo; (Lebrun, 2009&nbsp;: 227)&nbsp;; il s&rsquo;agit, alors, de construire par l&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais &laquo;&nbsp;<em>une solidarit&eacute; entre &eacute;nonc&eacute; et &eacute;nonciation</em>&nbsp;&raquo; (Lebrun, 2009&nbsp;: 228).</p> <p>&laquo;&nbsp;<em>L&rsquo;&eacute;nonc&eacute; c&rsquo;est le texte&nbsp;; l&rsquo;&eacute;nonciation c&rsquo;est l&rsquo;engendrement du texte o&ugrave; se trahit le sujet</em>&nbsp;&raquo;&nbsp;(Lebrun, 2009&nbsp;: 227). En classe, susciter la parole des apprenants consid&eacute;r&eacute;s en tant que sujets c&rsquo;est amener ces apprenants &agrave; exprimer leur d&eacute;sir ou le manque de d&eacute;sir de parler en langue &eacute;trang&egrave;re, qui constitue le savoir dispens&eacute; par l&rsquo;enseignant. C&rsquo;est, autrement dit, un effort de rompre avec des &eacute;nonc&eacute;s pr&eacute;fabriqu&eacute;s, un effort de mettre en relation l&rsquo;apprenant avec la langue &eacute;trang&egrave;re.</p> <p>Dans cette perspective, susciter une &laquo;&nbsp;activit&eacute; &eacute;pilinguistique&nbsp;&raquo; chez les &eacute;l&egrave;ves me para&icirc;t &ecirc;tre une piste didactique op&eacute;ratoire.</p> <h3>3.1. L&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique</h3> <p>L&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique se trouve au centre des pr&eacute;occupations de C&eacute;cile Canut qui la d&eacute;finit ainsi :</p> <blockquote> <p>L&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique se d&eacute;finirait donc comme l&rsquo;ensemble des mises en discours (conscientes) sur le langage, les langues ou les pratiques langagi&egrave;res qui r&eacute;v&egrave;lent la relation du sujet au langage, et dont la fluctuation interdiscursive r&eacute;sulte du ph&eacute;nom&egrave;ne inconscient de la subjectivation.&nbsp;(Canut, 2000&nbsp;: 31)</p> </blockquote> <p>Il s&rsquo;agit, autrement dit, du discours du sujet sur la/les langues.</p> <p>Il faut noter, ici, que le terme &laquo;&nbsp;discours&nbsp;&raquo; renvoie, dans le cadre de l&rsquo;analyse de Canut, &agrave; &laquo;&nbsp;<em>un jeu d&rsquo;associations, de s&eacute;cessions, de combinaisons, ind&eacute;fini</em>&nbsp;&raquo; (Prieur, 1996, cit&eacute; par Canut, 2000&nbsp;: 33). Le &laquo;&nbsp;discours &eacute;pilinguistique&nbsp;&raquo; est, donc, entendu selon une logique fragmentaire, un jeu de m&eacute;langes, et non pas comme une organisation transphrastique r&eacute;gie par des normes d&rsquo;organisation sp&eacute;cifiques. Le discours est, ici, fragment de parole, parole impr&eacute;visible et incertaine car subjective.</p> <p>Selon Canut, l&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique</p> <blockquote> <p>[&hellip;] peut &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;e &agrave; travers les traces ou marques (&eacute;pilinguistiques) dans les dires des sujets&nbsp;[&hellip;]. Ces traces/marques dans les pratiques langagi&egrave;res peuvent prendre des formes vari&eacute;es et se constituer en discours sur les langues ou les pratiques langagi&egrave;res.&nbsp;(Canut, 2000&nbsp;: 31)</p> </blockquote> <p>Ces traces proviennent des processus inconscients de subjectivation, cette notion &eacute;tant entendue, &agrave; la suite de Lacan, comme la &laquo;&nbsp;<em>manifestation du d&eacute;sir du sujet</em>&nbsp;&raquo; (Canut, 2000&nbsp;: 30). Bien que la source de ces traces soit inconsciente, Canut les diff&eacute;rencie des &laquo;&nbsp;accidents&nbsp;&raquo; de langage, qui r&eacute;sultent du &laquo;&nbsp;[&hellip;]&nbsp;<em>savoir insu (qui) parle &agrave; travers la langue</em>&nbsp;&raquo; (Prieur, 1996, cit&eacute; par Canut, 2000&nbsp;: 30) et qui &laquo;&nbsp;<em>s&rsquo;inscrivent dans le jeu de l&rsquo;homophonie, de l&rsquo;homos&eacute;mie ou de l&rsquo;homographie</em>&nbsp;&raquo; (Prieur, 1996, cit&eacute; par Canut, 2000&nbsp;: 30). Ces&nbsp;irruptions de l&rsquo;inconscient en parole, comme par exemple le &laquo;&nbsp;lapsus&nbsp;&raquo;, ne sont troublantes que pour celui qui les &eacute;nonce &agrave; son insu, &eacute;tant donn&eacute; qu&rsquo;elles disent autre chose de celui qui les parle. Au contraire, les traces &eacute;pilinguistiques, prennent leur source dans l&rsquo;inconscient, mais d&eacute;coulent d&rsquo;une prise de conscience de la part du sujet. Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;une activit&eacute; consciente, puisque le sujet commente et &eacute;value son dire ou celui de l&rsquo;autre &laquo;&nbsp;<em>au cours de l&rsquo;interaction</em>&nbsp;&raquo; (Canut, 2000&nbsp;: 31).</p> <p>Distingu&eacute;s en deux ensembles, les commentaires et &eacute;valuations sur le langage, les langues ou les pratiques langagi&egrave;res sont soit &laquo;&nbsp;<em>des marques rep&eacute;rables au cours de l&rsquo;&eacute;nonciation</em>&raquo; (Canut, 2000&nbsp;: 32), comme par exemple les &laquo;&nbsp;gloses&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;les modalit&eacute;s autonymiques&nbsp;&raquo;, soit des &laquo;&nbsp;<em>discours autonomes</em>&nbsp;&raquo; (Canut, 2000&nbsp;: 33) et des &laquo;&nbsp;discours &eacute;pilinguistiques&nbsp;&raquo;. Leur distinction tient &agrave; des propri&eacute;t&eacute;s formelles&nbsp;: dans le premier cas, il s&rsquo;agit &laquo;&nbsp;d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s ou de modalit&eacute;s incises dans l&rsquo;interaction et portant sur son propre discours ou celui de l&rsquo;autre&nbsp;&raquo;, alors que dans le deuxi&egrave;me cas, cela comprend des commentaires &agrave; propos de particularit&eacute;s linguistiques (phon&eacute;tiques, prosodiques, syntaxiques, morphologiques, lexicales&hellip;) ou &agrave; propos de l&rsquo;objet &laquo;&nbsp;langue&nbsp;&raquo;, qui &laquo;&nbsp;<em>se transforment en discours autonomes</em>&nbsp;&raquo; (Canut, 2000&nbsp;: 33).</p> <p>Nous consid&eacute;rons que le deuxi&egrave;me ensemble de traces &eacute;pilinguistiques, &agrave; savoir les commentaires &agrave; propos de la langue, pourrait &ecirc;tre une piste tr&egrave;s pertinente pour amener l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; devenir le sujet de son &eacute;nonciation en fran&ccedil;ais.</p> <p>C&rsquo;est un &eacute;l&egrave;ve de la deuxi&egrave;me classe du coll&egrave;ge qui nous a donn&eacute; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;exploiter les commentaires &eacute;pilinguistiques dans le cours de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re au coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli.</p> <h4>3.1.1. S&eacute;quence de classe</h4> <p>D&rsquo;origine albanaise, cet &eacute;l&egrave;ve de deuxi&egrave;me classe du coll&egrave;ge a eu une trajectoire scolaire tr&egrave;s complexe. Sa famille a immigr&eacute; en Gr&egrave;ce quand il avait onze ans. Sa scolarit&eacute; en Albanie semblait plus qu&rsquo;incertaine. Une fois arriv&eacute; en Gr&egrave;ce, il a d&ucirc; apprendre le grec &laquo;&nbsp;sur le tas&nbsp;&raquo;, lorsqu&rsquo;il fut int&eacute;gr&eacute; directement &agrave; la quatri&egrave;me ann&eacute;e de l&rsquo;&eacute;cole primaire, car en Gr&egrave;ce, il n&rsquo;y a pas de loi qui pr&eacute;voit des classes d&rsquo;accueil pour les enfants des familles immigr&eacute;es.</p> <p>Son fr&egrave;re a&icirc;n&eacute; et lui se sont directement inscrits au coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli apr&egrave;s la fin de leurs parcours scolaire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire de Lixouri. Son fr&egrave;re a une&nbsp;certaine aisance quand il parle et &eacute;crit en grec. De plus, il participe au cours de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re avec des r&eacute;sultats, souvent, tr&egrave;s satisfaisants. Il fait toujours ses devoirs. Par contre, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve dont je parle rencontre d&rsquo;&eacute;normes difficult&eacute;s dans la production et la compr&eacute;hension &eacute;crites et orales en grec, et encore plus, quand il doit comprendre, parler et &eacute;crire en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re. Plusieurs fois je lui ai enseign&eacute; l&rsquo;alphabet fran&ccedil;ais et quelques r&egrave;gles de phon&eacute;tique &eacute;l&eacute;mentaires, pourtant il donne toujours l&rsquo;impression de n&rsquo;avoir rien acquis. J&rsquo;&eacute;cris sur le tableau &laquo;&nbsp;il&nbsp;&raquo; et l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve lit [a] et la fois suivante le m&ecirc;me mot peut &ecirc;tre lu [o], ou [ts] ou d&rsquo;une autre mani&egrave;re&hellip; Ses parents refusent de convenir d&rsquo;une proc&eacute;dure de diagnostic qui pourrait &ecirc;tre assur&eacute;e par le &laquo;&nbsp;Centre&nbsp;pour&nbsp;le Diagnostic et le Soutien des besoins &eacute;ducatifs sp&eacute;ciaux&nbsp;&raquo;&nbsp;(&Kappa;&Epsilon;&Delta;&Delta;&Upsilon;/KEDY).&nbsp;Malgr&eacute; ses faibles &laquo;&nbsp;performances&nbsp;&raquo; dans la classe, cet &eacute;l&egrave;ve l&egrave;ve la main &agrave; toutes mes questions, montrant par l&agrave; qu&rsquo;il veut participer au cours. &Agrave; la maison, son fr&egrave;re ne l&rsquo;aide pas beaucoup &agrave; r&eacute;viser&nbsp;; la plupart du temps ses devoirs contiennent beaucoup d&rsquo;erreurs, ou restent incomplets. Bref, malgr&eacute; des situations d&rsquo;enseignement / apprentissage vari&eacute;es, cet &eacute;l&egrave;ve n&rsquo;a jamais correctement prononc&eacute;, ni &eacute;crit, le moindre mot en fran&ccedil;ais.</p> <p>Le 11 d&eacute;cembre 2012, j&rsquo;avais cours avec la seconde classe du coll&egrave;ge. Il fallait leur rappeler l&rsquo;acte de parole &laquo;&nbsp;exprimer ses go&ucirc;ts&nbsp;&raquo; et, &agrave; travers cet acte, la conjugaison des verbes du premier groupe &ndash; points plusieurs fois enseign&eacute;s et r&eacute;vis&eacute;s depuis la premi&egrave;re ann&eacute;e du coll&egrave;ge. La quasi-totalit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves de la classe avaient, d&rsquo;apr&egrave;s les t&eacute;moignages d&rsquo;autres enseignantes du coll&egrave;ge, de graves difficult&eacute;s quant &agrave; l&rsquo;apprentissage de la conjugaison, que ce soit en fran&ccedil;ais, ou bien en anglais ou en grec ancien.</p> <p>J&rsquo;ai donc propos&eacute; &agrave; la classe d&rsquo;essayer de se rappeler de la conjugaison du verbe &laquo;&nbsp;d&eacute;tester&nbsp;&raquo;, en &eacute;crivant sur le tableau l&rsquo;infinitif et sa signification en grec moderne &agrave; c&ocirc;t&eacute;. Personne n&rsquo;a pu le conjuguer. Avant, donc, de rappeler la r&egrave;gle grammaticale, j&rsquo;ai &eacute;crit au tableau la premi&egrave;re personne du Pr&eacute;sent, c&#39;est-&agrave;-dire, &laquo;&nbsp;je d&eacute;teste&nbsp;&raquo;. Soudain, cet &eacute;l&egrave;ve a pris la parole. Il a pu articuler pour la premi&egrave;re fois en fran&ccedil;ais, spontan&eacute;ment, d&rsquo;une voix claire et distincte&nbsp;; il a dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;je d&eacute;teste &ldquo;&nbsp;je d&eacute;teste&rdquo;&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est-&agrave;-dire je d&eacute;teste la conjugaison du verbe &laquo;&nbsp;d&eacute;tester&nbsp;&raquo;. Il &eacute;tait souriant. J&rsquo;ai m&ecirc;me pu comprendre par son regard une certaine fiert&eacute; pour sa &laquo;&nbsp;malice&nbsp;&raquo;.</p> <p>Moi aussi je me suis sentie fi&egrave;re de lui, mais aussi &eacute;tonn&eacute;e. Je l&rsquo;ai f&eacute;licit&eacute; de sa prononciation et je l&rsquo;ai rassur&eacute; en lui disant que &laquo;&nbsp;tous d&eacute;testent la grammaire&nbsp;&raquo;.&nbsp;Je me suis rendue compte que cet &eacute;l&egrave;ve avait fait un commentaire &eacute;pilinguistique en fran&ccedil;ais sur la langue enseign&eacute;e.</p> <p>Tr&egrave;s souvent, j&rsquo;essaie de susciter l&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique des &eacute;l&egrave;ves.</p> <p>J&rsquo;incite, par exemple, les &eacute;l&egrave;ves &agrave; &laquo;&nbsp;commenter&nbsp;&raquo; la langue fran&ccedil;aise enseign&eacute;e dans la classe, par des verbes d&rsquo;appr&eacute;ciation, selon l&rsquo;exemple rapport&eacute;: &laquo;&nbsp;j&rsquo;adore, j&rsquo;aime, je pr&eacute;f&egrave;re, je d&eacute;teste, etc.&nbsp;&raquo; Certains &eacute;l&egrave;ves pr&eacute;f&egrave;rent &ecirc;tre plus d&eacute;taill&eacute;s dans leurs commentaires, plus expressifs et demandent la traduction fran&ccedil;aise de mots et d&rsquo;expressions qui leur paraissent plus pertinents que les &eacute;nonc&eacute;s propos&eacute;s par le manuel ou par moi-m&ecirc;me. &laquo;&nbsp;Le fran&ccedil;ais c&rsquo;est indiff&eacute;rent&nbsp;&raquo;, par exemple.</p> <p>Voici un autre exemple&nbsp;: &laquo;&nbsp;faites le portrait de la langue fran&ccedil;aise.&nbsp;&raquo; En effet, j&rsquo;ai profit&eacute; de la deuxi&egrave;me Unit&eacute; du manuel officiel pour la premi&egrave;re classe du coll&egrave;ge<a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc">16</a>, consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;apprentissage des expressions et du lexique relatifs &agrave; la description physique et morale afin de solliciter des commentaires &eacute;pilinguistiques. Ayant, d&rsquo;abord, propos&eacute; aux &eacute;l&egrave;ves l&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;imaginer le &laquo;&nbsp;portrait de la langue fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;, j&rsquo;ai lu et expliqu&eacute; en grec les mots et expressions qui figurent dans le manuel servant &agrave; faire le portrait physique et moral de quelqu&rsquo;un. Au cours de l&rsquo;explication, la majorit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves marquaient, en soulignant, en entourant, dans leur livre, les mots qui leur paraissaient utiles pour l&rsquo;&eacute;laboration du &laquo;&nbsp;portrait physique&nbsp;&raquo; et du &laquo;&nbsp;portrait moral&nbsp;&raquo; de la langue fran&ccedil;aise. Tous ont particip&eacute; &agrave; l&rsquo;activit&eacute; en proposant un portrait, &laquo;&nbsp;le fran&ccedil;ais est blonde&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le fran&ccedil;ais est rigolo&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le fran&ccedil;ais est ennuyeux&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le&nbsp;fran&ccedil;ais est beau&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le fran&ccedil;ais est bavard&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le fran&ccedil;ais est g&eacute;nial&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le fran&ccedil;ais est &eacute;go&iuml;ste&nbsp;&raquo;&hellip; Ils ont tous essay&eacute; de parler, de d&eacute;crire sans que l&rsquo;humour ou l&rsquo;imagination soient absents de leurs discours &eacute;pilinguistiques. J&rsquo;ai ensuite demand&eacute; aux &eacute;l&egrave;ves de justifier leur r&eacute;ponse en grec et/ou en fran&ccedil;ais. L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve qui avait dit que le fran&ccedil;ais &eacute;tait &eacute;go&iuml;ste m&rsquo;a expliqu&eacute;, en toute sinc&eacute;rit&eacute;, que c&rsquo;&eacute;tait &agrave; cause de moi-m&ecirc;me qui donnais aux &eacute;l&egrave;ves beaucoup de devoirs.</p> <p>Ce dernier exemple montre que les &eacute;l&egrave;ves ne commentent pas seulement la langue elle-m&ecirc;me mais aussi son enseignement. L&rsquo;important est qu&rsquo;ils soient engag&eacute;s dans une d&eacute;marche de r&eacute;flexion et d&rsquo;imaginarisation. Il me semble que cette d&eacute;marche est justifi&eacute;e et utile au coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli, o&ugrave; les d&eacute;marches d&rsquo;objectivation du savoir enseign&eacute; ne sont ni fr&eacute;quentes ni favoris&eacute;es. D&rsquo;ailleurs, je ne suis pas en mesure de dire avec certitude que les &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;Hayia Thecli entendent souvent la langue fran&ccedil;aise en dehors de la classe de fran&ccedil;ais.</p> <h2>4.&nbsp;Le sens de l&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique</h2> <p>Pouvoir dire &laquo;&nbsp;&ldquo;je d&eacute;teste&rdquo; la conjugaison des verbes du premier groupe&nbsp;&raquo; semble instaurer un rapport entre l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve et le savoir dispens&eacute; (le ph&eacute;nom&egrave;ne grammatical et l&rsquo;acte de parole &laquo;&nbsp;exprimer ses go&ucirc;ts&nbsp;&raquo;) ; peu importe, dans le contexte qui nous int&eacute;resse, si ce rapport exprime un m&eacute;contentement ou une absence de plaisir.</p> <p>Ce lien pourrait s&rsquo;exprimer en termes de solidarit&eacute; entre &eacute;nonc&eacute; et &eacute;nonciation. L&rsquo;&eacute;nonc&eacute; c&rsquo;est la premi&egrave;re personne du singulier du verbe &laquo;&nbsp;d&eacute;tester&nbsp;&raquo;, &eacute;crite au tableau par l&rsquo;enseignante, et l&rsquo;&eacute;nonciation renvoie &agrave; l&rsquo;expression spontan&eacute;e de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve par rapport &agrave; la difficult&eacute; de ce verbe. Entre-deux un sujet, un&nbsp;<em>anthropos</em>, qui donne &agrave; l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; &ndash; produit d&rsquo;un Programme d&rsquo;&eacute;tudes et d&rsquo;une transposition didactique &ndash; son ancrage subjectif, anthropologique.</p> <p>L&rsquo;&eacute;nonciation cr&eacute;e, ainsi, une sorte d&rsquo;appartenance au monde scolaire, un ancrage dans celui-ci, de sorte que l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve qui ose &eacute;noncer ose en m&ecirc;me temps &laquo;&nbsp;<em>&ecirc;tre du monde et pas seulement &ecirc;tre au monde</em>&nbsp;&raquo; (Lebrun,&nbsp;2009&nbsp;:&nbsp;227).&nbsp;Il devient responsable de son &eacute;nonciation. Il devient &eacute;l&egrave;ve qui apprend, m&ecirc;me dans une institution scolaire qui ne favorise pas l&rsquo;apprentissage, comme c&rsquo;est le cas du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli.</p> <p>Qui plus est, l&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique, en tant qu&rsquo;ouverture &agrave; la langue &agrave; travers le ph&eacute;nom&egrave;ne de subjectivation, pr&eacute;sente un double avantage&nbsp;: la possibilit&eacute; pour l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve de dire &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; en tant que sujet, mais, en m&ecirc;me temps, la cr&eacute;ation d&rsquo;une relation plus &laquo;&nbsp;objectiv&eacute;e&nbsp;&raquo; avec la langue. Cette relation est exprim&eacute;e dans une mise en discours consciente. Ainsi, la solidarit&eacute; entre &eacute;nonc&eacute; et &eacute;nonciation pourrait signifier, aussi, un rapport plus &laquo;&nbsp;objectiv&eacute;&nbsp;&raquo; avec la langue fran&ccedil;aise qui constitue le savoir enseign&eacute;&nbsp;: la langue est repr&eacute;sent&eacute;e comme un objet ext&eacute;rieur d&eacute;tach&eacute; de sa pratique, &eacute;loign&eacute; de &laquo;&nbsp;<em>la simple habitude, du simple usage, de la pratique sans principe explicite</em>&nbsp;&raquo; (Lahire, 2000&nbsp;: 39). De sorte que nous pouvons dire que le dynamisme du rapport avec la langue fran&ccedil;aise qui caract&eacute;rise l&rsquo;apprenant du Programme de fran&ccedil;ais est &agrave; chercher, pour l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve d&rsquo;Hayia Thecli, dans la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une activit&eacute; &eacute;pilinguistique.</p> <p>Dans cette d&eacute;marche visant &agrave; favoriser l&rsquo;ancrage du sujet-&eacute;l&egrave;ve dans la langue enseign&eacute;e par le biais de l&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique, le fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme porteur d&rsquo;une dynamique potentielle d&rsquo;apprentissage. Car, et surtout, c&rsquo;est une langue &eacute;trang&egrave;re, une langue qui est nouvellement entendue et parl&eacute;e, une langue qui est&nbsp;<em>a priori</em>&nbsp;&eacute;loign&eacute;e, distante de celui qui l&rsquo;apprend. &laquo;&nbsp;<em>L&rsquo;autre langue est consid&eacute;r&eacute;e comme &eacute;trange parce qu&rsquo;elle ne va pas de soi</em>&nbsp;&raquo;, &eacute;crit Anderson (1999&nbsp;: 110), qui ajoute quant &agrave; son apprentissage par des d&eacute;butants qu&rsquo;il y a du &laquo;&nbsp;<em>myst&egrave;re</em>&nbsp;&raquo; (Anderson, 1999&nbsp;: 110) . Dans le contexte particulier du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli, cette distance constitue alors une condition<em>sine qua non</em>&nbsp;pour la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;activit&eacute; &eacute;pilinguistique. Car, comme nous l&rsquo;avons &eacute;crit au d&eacute;but de cet article, les &eacute;l&egrave;ves du coll&egrave;ge o&ugrave; la langue du tiers n&rsquo;est pas relay&eacute;e, ont l&rsquo;habitude de simuler leur r&ocirc;le d&rsquo;&eacute;l&egrave;ve en r&eacute;p&eacute;tant des &eacute;nonc&eacute;s pr&eacute;fabriqu&eacute;s. Le fran&ccedil;ais, nouvelle langue, qui &laquo;&nbsp;<em>n&rsquo;est pas contamin&eacute;e par les rapports d&rsquo;amour et de haine qui ont accompagn&eacute; la langue d&rsquo;acc&egrave;s au langage</em>&nbsp;&raquo; (Anderson, 2010&nbsp;: 145), pourrait s&rsquo;envisager comme la piste d&rsquo;un nouveau rapport au &laquo;&nbsp;r&eacute;el de la langue<sup><a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc">17</a></sup>&nbsp;&raquo;, rapport plus conscient et &laquo;&nbsp;subjectif&nbsp;&raquo;, moins routinier et m&eacute;canique, plus &laquo;&nbsp;myst&eacute;rieux&nbsp;&raquo;.&nbsp;&Agrave; condition que la rencontre avec celle-ci fasse place au sujet qui apprend et valorise la solidarit&eacute; entre les &eacute;nonc&eacute;s enseign&eacute;s et l&rsquo;&eacute;nonciation des &eacute;l&egrave;ves.</p> <p>Il nous semble alors que la notion didactique de &laquo;&nbsp;centration sur l&rsquo;apprenant&nbsp;&raquo;, notion conjugu&eacute;e dans le discours de la didactique &agrave; la modernit&eacute; de l&rsquo;enseignement, n&eacute;cessite d&rsquo;&ecirc;tre revisit&eacute;e, cette fois dans le cadre d&rsquo;une probl&eacute;matique relative au sujet-apprenant. L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve qui apprend et sur lequel nous devons, en tant qu&rsquo;enseignants et didacticiens nous centrer, est un &eacute;l&egrave;ve&nbsp;entre&nbsp;les &eacute;nonc&eacute;s enseign&eacute;s et sa propre &eacute;nonciation, un apprenant qui n&rsquo;existe pas&nbsp;a priori&nbsp;mais &eacute;merge par son appropriation subjective des &eacute;nonc&eacute;s enseign&eacute;s.</p> <p>L&rsquo;activit&eacute; &eacute;piliguistique n&rsquo;est qu&rsquo;une piste indicative, une piste didactique parmi d&rsquo;autres. Elle ne constitue pas une fiche didactique&nbsp;; comme la parole des &eacute;l&egrave;ves, elle a &eacute;merg&eacute; lors du processus d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage. Elle a &eacute;merg&eacute; d&rsquo;une parole fragmentaire d&rsquo;un &eacute;l&egrave;ve, d&rsquo;un presque rien.</p> <h2>Conclusion</h2> <p>Permettez-moi de conclure avec le r&eacute;cit de l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve mentionn&eacute; ci-dessus.</p> <p>Aussit&ocirc;t apr&egrave;s la cloche qui avait sonn&eacute; la r&eacute;cr&eacute;ation, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve du cours du 11 d&eacute;cembre 2012, qui avait fait le commentaire &eacute;pilinguistique &laquo;&nbsp;je d&eacute;teste &ldquo;je d&eacute;teste&rdquo;&nbsp;&raquo;, est sorti de la classe en courant vers la cour. Il a fait le tour de la cour deux ou trois fois en criant en m&ecirc;me temps &laquo;&nbsp;Je d&eacute;teste&nbsp;! Je d&eacute;teste&nbsp;!...&nbsp;&raquo;. Il a r&eacute;p&eacute;t&eacute; le verbe plusieurs fois tout en insistant sur la mise en relief de la prononciation &laquo;&nbsp;&agrave; la fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo; du phon&egrave;me [ʒ] du mot &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; [ʒ(ə)]. Il d&eacute;clarait, peut-&ecirc;tre, &agrave; ses camarades et aux professeurs de garde qu&rsquo;il avait saisi l&rsquo;inconnu de la langue &eacute;trang&egrave;re, qu&rsquo;il &eacute;tait &agrave; m&ecirc;me de faire la distinction entre la prononciation fran&ccedil;aise et la prononciation de la langue grecque ou de la langue albanaise. Il disait, peut-&ecirc;tre, &eacute;galement, son rapport &agrave; un &eacute;l&eacute;ment morphosyntaxique de la langue fran&ccedil;aise, son rapport, plus amplement, &agrave; un &eacute;l&eacute;ment enseign&eacute;, au savoir enseign&eacute;. Il d&eacute;clarait, &agrave; mes yeux, avec une force et un &eacute;lan semblables &agrave; sa course, qu&rsquo;il avait appris.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>ADONAKATOU, Diana, &laquo;&nbsp;T&omicron; &kappa;&lambda;&eta;&rho;&omicron;&delta;ό&tau;&eta;&mu;&alpha; &Alpha;&nu;&alpha;&sigma;&tau;&alpha;&sigma;ί&omicron;&upsilon; &Gamma;.&nbsp;&Lambda;&iota;&beta;&iota;&epsilon;&rho;ά&tau;&omicron;&upsilon; &kappa;&alpha;&iota; &eta; &sigma;&upsilon;&mu;&beta;&omicron;&lambda;ή &tau;&omicron;&upsilon; &sigma;&tau;&eta;&nu; &epsilon;&kappa;&pi;&alpha;ί&delta;&epsilon;&upsilon;&sigma;&eta; &tau;&eta;&sigmaf; &Pi;&alpha;&lambda;&iota;&kappa;ή&sigmaf;&nbsp;&ndash;&nbsp;&Kappa;&epsilon;&phi;&alpha;&lambda;&omicron;&nu;&iota;ά&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>&Epsilon;&pi;&tau;&alpha;&nu;&eta;&sigma;&iota;&alpha;&kappa;ά &iota;&delta;&rho;ύ&mu;&alpha;&tau;&alpha; &kappa;&lambda;&eta;&rho;&omicron;&delta;&omicron;&tau;ή&mu;&alpha;&tau;&alpha;&nbsp;(19<sup>&omicron;&sigmaf;</sup>&alpha;&iota;ώ&nu;&alpha;&sigmaf;-1953)</em>,&nbsp;&Pi;&rho;&alpha;&kappa;&tau;&iota;&kappa;ά &Sigma;&upsilon;&nu;&epsilon;&delta;&rho;ί&omicron;&upsilon;&nbsp;[&laquo;&nbsp;La fondation d&rsquo;Anastassios Y. Livieratos et sa contribution apport &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation de Paliki &ndash; C&eacute;phalonie&nbsp;&raquo;, in&nbsp;<em>Fondations de l&rsquo;Heptan&egrave;se</em>&nbsp;(19<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle-1953)],&nbsp;Actes du colloque, Argostoli, Eteria Kefaliniakon Istorikon Erevnon, 2007, p. 175-201.</p> <p>ANDERSON, Patrick,&nbsp;<em>La didactique des langues &eacute;trang&egrave;res &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du sujet</em>,&nbsp;Besan&ccedil;on,&nbsp;Presses Universitaires de Franche-Comt&eacute;, Coll. Annales litt&eacute;raires de l&rsquo; Universit&eacute; de&nbsp;Franche-Comt&eacute;/Linguistique et S&eacute;miotique, 1999.</p> <p>ANDERSON, Patrick, &laquo;&nbsp;Absence du sujet, &eacute;mergence du sujet&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Travaux de didactique du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re</em>, n&deg; 63, 2010, p. 131-152.</p> <p>CANUT, C&eacute;cile, &laquo;&nbsp;Subjectivit&eacute; et discours &eacute;pilinguistiques&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Traverses. Bulletin du L.A.C.I.S.</em>, n&deg;1, 2000, p. 27-52.</p> <p>LAHIRE, Bernard,&nbsp;<em>Culture &eacute;crite et in&eacute;galit&eacute;s scolaires. Sociologie de l&rsquo;&eacute;chec scolaire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire</em>, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2000.</p> <p>LAPLANTINE, Fran&ccedil;ois,&nbsp;<em>La description ethnographique</em>, (1<sup>re</sup>&nbsp;&eacute;d. Paris, &Eacute;ditions Nathan, Coll. 128&nbsp;: Sciences Sociales, 1996), Paris, Armand Colin, Coll. 128&nbsp;: Sociologie Anthropologie, 2010.</p> <p>LEBRUN, Jean-Pierre,&nbsp;<em>Un monde sans limite. Suivi de Malaise dans la subjectivation</em>, (1<sup>re</sup>&nbsp;&eacute;d. 1997), Paris, &Eacute;ditions &eacute;r&egrave;s, 2009.</p> <p>LEBRUN, Jean-Pierre,&nbsp;<em>Clinique de l&rsquo;institution. Ce que peut la psychanalyse pour la vie collective</em>, (1<sup>re</sup>&nbsp;&eacute;d. 2008), Toulouse, &Eacute;ditions &eacute;r&egrave;s, Coll. Point Hors Ligne,&nbsp;2010.</p> <p>LUSSIER, Denise,&nbsp;<em>&Eacute;valuer les apprentissages dans une approche communicative</em>, Paris, Hachette, Coll.&nbsp;F. Autoformation, 1992.</p> <p>MENOUTI, Kanella,&nbsp;<em>Comment conjuguer le pr&eacute;sent du verbe &laquo;&nbsp;&ecirc;tre&nbsp;&raquo;&nbsp;? Approche anthropologique et didactique d&rsquo;une situation p&eacute;dagogique complexe &agrave; travers l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;: le cas d&rsquo;une &eacute;cole insulaire en Gr&egrave;ce</em>, Th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry &ndash; Montpellier 3,&nbsp;2013.</p> <p>PEREC,&nbsp;Georges,&nbsp;<em>L&rsquo;infra-ordinaire</em>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, Coll. Librairie du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, 1989.</p> <p>PORCHER, Louis,&nbsp;<em>L&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res</em>, Paris, Hachette &Eacute;ducation, Coll. Fran&ccedil;ais Langue &Eacute;trang&egrave;re, 2004.</p> <p>PRIEUR, Jean-Marie,&nbsp;<em>Le vent traversier</em>, Montpellier, Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry Montpellier III, S&eacute;rie Langages et cultures, 1996.</p> <p>PRIEUR, Jean-Marie, &laquo; Linguistique et litt&eacute;rature face &agrave; la langue maternelle. R&eacute;el, symbolique, imaginaire&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Ela. &Eacute;tudes de linguistique appliqu&eacute;e.&nbsp;Revue de didactologie des langues-cultures et de lexiculturologie</em>, n&deg; 147, 2007, p. 289-296.</p> <p>PRIEUR, Jean-Marie, &laquo;&nbsp;&Eacute;l&eacute;ments d&rsquo;anthropologie de la parole&nbsp;&raquo;, in&nbsp;<em>H&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; et variation. Perspectives sociolinguistiques, didactiques et anthropologiques</em>, Paris, Michel Houdiard, &Eacute;diteur, 2012, p. 98-107.</p> <p>TSOPANOGLOU, Antonis, &laquo;&Omicron;&iota; &sigma;&tau;ό&chi;&omicron;&iota; &omega;&sigmaf; &pi;&upsilon;&rho;ή&nu;&alpha;&sigmaf; &tau;&omicron;&upsilon; &Epsilon;&kappa;&pi;&alpha;&iota;&delta;&epsilon;&upsilon;&tau;&iota;&kappa;&omicron;ύ &Pi;&rho;&omicron;&gamma;&rho;ά&mu;&mu;&alpha;&tau;&omicron;&sigmaf;&raquo;,&nbsp;<em>&Gamma;&lambda;&omega;&sigma;&sigma;&iota;&kappa;ό&sigmaf; &Upsilon;&pi;&omicron;&lambda;&omicron;&gamma;&iota;&sigma;&tau;ή&sigmaf;</em>&nbsp;(&laquo;&nbsp;Les objectifs en tant que noyau de Programme d&rsquo;&Eacute;tudes&nbsp;&raquo;),&nbsp;<em>Ordinateur de Langue</em>,&nbsp;t. 2, septembre 1999-juin 2000, [En ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.komvos.edu.gr/periodiko/periodiko2nd/glossika/tsopanoglou/index.htm">http://www.komvos.edu.gr/periodiko/periodiko2nd/glossika/tsopanoglou/index.htm</a>]. Consult&eacute; le 23 octobre 2012.</p> <p>YOYA, Marie et PAPOUTSAKI Irini,&nbsp;<em>Action.fr-gr1</em>,&nbsp;livre de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, Ath&egrave;nes, &Eacute;ditions Livani et Organisation des Manuels Scolaires, 2009.</p> <p>Textes officiels&nbsp;:</p> <p>Journal Officiel du Gouvernement de la R&eacute;publique Grecque, 2<sup>e</sup>&nbsp;fascicule, n&deg; 304, Ath&egrave;nes, le 13 mars 2003&nbsp;: &laquo;&nbsp;Programme Analytique d&rsquo;&Eacute;tudes pour la langue fran&ccedil;aise au coll&egrave;ge&nbsp;&raquo;, p. 4114-4119.</p> <p>Journal Officiel du Gouvernement de la R&eacute;publique Grecque, 2e&nbsp;fascicule, n&deg; 304, Ath&egrave;nes, le 13 mars 2003&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cadre Commun Interdisciplinaire d&rsquo;&Eacute;tudes des Langues&nbsp;&Eacute;trang&egrave;res&nbsp;&raquo;, p. 4085-4132.&nbsp;</p> <hr /> <h2>Notes</h2> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>&nbsp;La th&egrave;se a &eacute;t&eacute; effectu&eacute;e sous la direction de Jean-Marie Prieur et elle a &eacute;t&eacute; soutenue le 07 d&eacute;cembre 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2&nbsp;</a>Le syst&egrave;me &eacute;ducatif grec comprend l&#39;enseignement pr&eacute;&eacute;l&eacute;mentaire, l&#39;enseignement &eacute;l&eacute;mentaire, l&#39;enseignement secondaire du 1<sup>er</sup>&nbsp;et du 2<sup>e</sup>&nbsp;cycle, c&rsquo;est-&agrave;-dire le coll&egrave;ge et le lyc&eacute;e, et l&#39;enseignement sup&eacute;rieur. Le coll&egrave;ge comprend trois classes&nbsp;: la premi&egrave;re, la seconde et la troisi&egrave;me.</p> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>&nbsp;Propos tenus par les enseignants du coll&egrave;ge de Lixouri lorsque ceux-ci se r&eacute;f&egrave;rent aux &eacute;l&egrave;ves qui sont renvoy&eacute;s au coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli.</p> <p><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a>&nbsp;Paroles de l&rsquo;enseignante d&rsquo;anglais, dans le bureau de professeurs, apr&egrave;s son cours en troisi&egrave;me du coll&egrave;ge, le 21 septembre 2010.</p> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a>&nbsp;L&rsquo;enseignant de physique et de chimie lors d&rsquo;une r&eacute;union p&eacute;dagogique &agrave; Hayia Thecli, en septembre 2011.</p> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a>&nbsp;Entretien avec l&rsquo;enseignante de lettres, le 8 juin 2012.</p> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a>&nbsp;Entretien avec l&rsquo;enseignante d&rsquo;anglais, le 7 juin 2012.</p> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a>&nbsp;Paroles de V., &eacute;l&egrave;ve en premi&egrave;re classe du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli. Entretien du 19 avril 2010.</p> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a>&nbsp;Paroles de S., &eacute;l&egrave;ve en deuxi&egrave;me classe du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli</p> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a>&nbsp;Des fragments &eacute;crits de description en grec et/ou en fran&ccedil;ais &ndash; processus consistant &agrave; &laquo;&nbsp;<em>transformer le regard en &eacute;criture</em>&nbsp;&raquo; (Laplantine, 2010&nbsp;: 30) &ndash;, nous ont servi &agrave; la formulation des premi&egrave;res hypoth&egrave;ses. Et c&rsquo;est durant ce processus d&rsquo;&eacute;criture et de nomination des choses et des comportements observ&eacute;s que nous avons pu p&eacute;n&eacute;trer dans des r&eacute;alit&eacute;s encore moins sensibles, auparavant occult&eacute;es derri&egrave;re les apparences routini&egrave;res dues &agrave; notre r&ocirc;le d&rsquo;enseignante au coll&egrave;ge. Configurer et agencer des donn&eacute;es parfois m&ecirc;me contrast&eacute;es, pour pouvoir ensuite lire la &laquo;&nbsp;logique&nbsp;&raquo; de notre terrain, telle fut la pratique descriptive, qui, d&rsquo;ailleurs, &eacute;tait soumise aux reconsid&eacute;rations et reformulations incessantes dues &agrave; un mouvement de va-et-vient entre le terrain et son &eacute;criture. Plus les donn&eacute;es empiriques s&rsquo;accumulaient, plus il nous fallait r&eacute;am&eacute;nager les hypoth&egrave;ses &eacute;mises. Autrement dit, il s&rsquo;agissait, de nous engager sur la voie de&nbsp;l&rsquo;<em>ethnographie endotique</em>&nbsp;ou&nbsp;<em>de proximit&eacute;</em>. C&rsquo;est Georges Perec qui a cr&eacute;e le n&eacute;ologisme &laquo;&nbsp;<em>endotique</em>&nbsp;&raquo; (Perec, 1989&nbsp;:11) dans le dessein d&rsquo;envisager l&rsquo;&eacute;criture comme une interrogation de l&rsquo;habituel, du commun, de ce que nous vivons tous les jours sans y penser).</p> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a>&nbsp;Dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif grec, les trois ann&eacute;es du coll&egrave;ge correspondent aux trois derni&egrave;res ann&eacute;es de la scolarisation obligatoire.</p> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a>&nbsp;Le principal du coll&egrave;ge.</p> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a>&nbsp;L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve puni.</p> <p><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a>&nbsp;Paroles de V., &eacute;l&egrave;ve en premi&egrave;re classe du coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli. Entretien du 19 avril 2010.</p> <p><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15&nbsp;</a>Selon Denise Lussier, les objectifs g&eacute;n&eacute;raux sont cens&eacute;s &laquo;&nbsp;<em>d&eacute;crire les intentions poursuivies</em>&nbsp;&raquo; (Lussier, 1992&nbsp;: 45) et selon Louis Porcher, les objectifs sont &laquo;&nbsp;<em>des buts transform&eacute;s en vis&eacute;es op&eacute;ratoires, dont les &eacute;l&eacute;ments composants et leur ajustement sont connus et qui comprennent des modalit&eacute;s selon lesquelles on &eacute;value ou on mesure leur degr&eacute; d&rsquo;acquisition par l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve</em>&nbsp;&raquo; (Porcher,&nbsp;2004 : 11). Pour sa part, Antonis Tsopanoglou (2000) affirme que les objectifs g&eacute;n&eacute;raux &laquo;&nbsp;<em>d&eacute;signent, d&rsquo;habitude, les comp&eacute;tences communicatives particuli&egrave;res que les &eacute;l&egrave;ves sont incit&eacute;s &agrave; d&eacute;velopper</em>&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit, plus particuli&egrave;rement, de la description des comp&eacute;tences particuli&egrave;res cens&eacute;es &ecirc;tre acquises par l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve et qui sont en m&ecirc;me temps mesurables.</p> <p><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16</a>&nbsp;<em>Action.fr</em>&nbsp;&ndash; 1.</p> <p><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>La notion de &ldquo;r&eacute;el&rdquo; fait sens &agrave; la fois vers la mat&eacute;rialit&eacute; phon&eacute;tique, vocale et corporelle des langues et vers les &ldquo;ordres de contraintes&rdquo; qu&rsquo;elles imposent &agrave; leurs locuteurs</em>&nbsp;&raquo; (voir Prieur, 2007&nbsp;: 290).</p> <hr /> <h2>Citer cet article</h2> <p>MENOUTI Kanella. Approche d&#39;une situation p&eacute;dagogique complexe : l&#39;activit&eacute; &eacute;pilinguistique comme d&eacute;clencheur d&#39;apprentissage,&nbsp;<em>Revue TDFLE</em>, n&deg;69 [en ligne], 2017.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h4>Kanella MENOUTI<br /> Enseignante de fran&ccedil;ais&nbsp;<br /> Coll&egrave;ge d&rsquo;Hayia Thecli (Gr&egrave;ce)<br /> EA 739 Dipralang, Montpellier III</h4>