<h2>Introduction</h2> <p>Nul n&rsquo;ignore que la Gr&egrave;ce est confront&eacute;e &agrave; une crise durable. En r&eacute;cession depuis 2008, la Gr&egrave;ce subit actuellement des r&eacute;formes structurelles importantes, suite &agrave; l&rsquo;adoption du premier m&eacute;morandum de mai 2010. Ces r&eacute;formes sont issues des mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; impos&eacute;es par l&rsquo;entit&eacute; tripartite d&eacute;nomm&eacute;e la &laquo; Tro&iuml;ka &raquo; (Fonds mon&eacute;taire international, Commission europ&eacute;enne et Banque centrale europ&eacute;enne), qui exerce aujourd&rsquo;hui une influence d&eacute;terminante sur la gestion de l&rsquo;&Eacute;tat grec. Pour pouvoir acc&eacute;der &agrave; de nouveaux pr&ecirc;ts, dans le cadre d&rsquo;un plan dit de &laquo; sauvetage &raquo;, le gouvernement hell&eacute;nique applique des coupes budg&eacute;taires draconiennes, conduisant &agrave; un bouleversement des syst&egrave;mes sanitaire et &eacute;ducatif, et &agrave; la d&eacute;sint&eacute;gration du syst&egrave;me social. Tout ceci a transform&eacute;, en l&rsquo;espace de moins de quatre ans, ce qu&rsquo;on appelait au d&eacute;part une crise de la dette souveraine en une v&eacute;ritable crise syst&eacute;mique - voire m&ecirc;me humanitaire - qui n&rsquo;&eacute;pargne pas le domaine de l&rsquo;enseignement-apprentissage de langues &eacute;trang&egrave;res, dont le fran&ccedil;ais.</p> <p>Am&eacute;ricaine d&rsquo;origine grecque et ancienne professeur de fran&ccedil;ais dans l&rsquo;enseignement public des &Eacute;tats-Unis, j&rsquo;ai d&eacute;j&agrave; v&eacute;cu une exp&eacute;rience en Gr&egrave;ce en tant qu&rsquo;enseignante de cette m&ecirc;me langue, en 2009-2010, au tout d&eacute;but de la p&eacute;riode de difficult&eacute;s actuelles. &Agrave; mes yeux qui portent une vision &agrave; la fois objective et subjective, et qui observent la r&eacute;alit&eacute; grecque &agrave; la fois depuis l&rsquo;ext&eacute;rieur et de premi&egrave;re main, les r&eacute;percussions de cette crise sont &eacute;videntes. Pourtant, je m&rsquo;int&eacute;ressais &agrave; ce qu&rsquo;en diraient les enseignants, les &eacute;l&egrave;ves et les autres acteurs du FLE qui sont confront&eacute;s quotidiennement &agrave; une d&eacute;t&eacute;rioration du climat g&eacute;n&eacute;ral. Je souhaitais alors utiliser mes &eacute;tudes de pratique professionnelle en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re (FLE) pour explorer les cons&eacute;quences de cette crise, trois ans apr&egrave;s mon exp&eacute;rience initiale, sur un &eacute;chantillon repr&eacute;sentatif d&rsquo;une partie sp&eacute;cifique de la population. Tenant compte de ces aspirations, j&rsquo;ai d&eacute;cid&eacute; de proc&eacute;der &agrave; une enqu&ecirc;te par entretien aupr&egrave;s des divers acteurs du FLE en Gr&egrave;ce, avec la ville de Kavala, dans le nord du pays, comme point focal.</p> <p>En &eacute;tudiant la didactique du fran&ccedil;ais sous l&rsquo;angle de la crise, j&rsquo;ai &eacute;galement pu &ecirc;tre &eacute;clair&eacute;e sur le statut de cette langue en Gr&egrave;ce aujourd&rsquo;hui. L&rsquo;hypoth&egrave;se que j&rsquo;ai formul&eacute;e avant mon retour sur le terrain concordait avec la raison qui m&rsquo;a amen&eacute;e &agrave; me tourner vers des journaux ind&eacute;pendants, &agrave; la recherche d&rsquo;un regard humain concernant les cons&eacute;quences de la crise. Les articles des grands journaux semblaient motiv&eacute;s par l&rsquo;imp&eacute;ratif &eacute;conomique et ignoraient, en substance, le c&ocirc;t&eacute; humain. J&rsquo;ai suppos&eacute; alors que c&rsquo;&eacute;tait le m&ecirc;me mobile qui d&eacute;terminait les &eacute;l&egrave;ves dans leur choix de langue : l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qui oriente l&rsquo;&eacute;conomie, le march&eacute; de travail, le profit mon&eacute;taire. Ainsi, le fran&ccedil;ais en Gr&egrave;ce, de m&ecirc;me que d&rsquo;autres langues qui r&eacute;ussissent moins bien sur un march&eacute; linguistique de plus en plus monopolistique, serait en perte de vitesse. Certes, l&rsquo;augmentation des imp&ocirc;ts, la baisse des salaires, les licenciements, la pr&eacute;carit&eacute; et le ch&ocirc;mage, &eacute;l&eacute;ments qui riment avec crise grecque, affectent durement les m&eacute;nages, et les obligent &agrave; reconsid&eacute;rer leurs priorit&eacute;s, &agrave; limiter certaines d&eacute;penses, et &agrave; restreindre leur possibilit&eacute; de choix de langues dans un pays historiquement favorable &agrave; l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une pluralit&eacute; de langues &eacute;trang&egrave;res.</p> <p>Enfin, &eacute;tant donn&eacute; que l&rsquo;anglais est consid&eacute;r&eacute; comme la langue de l&rsquo;&eacute;conomie, j&rsquo;ai suppos&eacute; que la diversit&eacute; linguistique diminuait petit &agrave; petit parce que toutes les soci&eacute;t&eacute;s &eacute;taient happ&eacute;es par l&rsquo;unique voie du progr&egrave;s &eacute;conomique, laquelle est repr&eacute;sent&eacute;e par la pr&eacute;&eacute;minence de l&rsquo;anglo-am&eacute;ricain. Si cette diversit&eacute; linguistique, et&nbsp;<em>a fortiori&nbsp;</em>le fran&ccedil;ais, est en d&eacute;clin face aux urgences et aux contraintes instaur&eacute;es en Gr&egrave;ce par l&rsquo;imp&eacute;ratif marchand, les autres valeurs, celles qui ne correspondent pas imm&eacute;diatement &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie, mais qui touchent la dignit&eacute; humaine, seraient-elles stigmatis&eacute;es comme inutiles ?&nbsp;Comment r&eacute;soudre la pr&eacute;sente crise humanitaire&nbsp;? Sachant que cette crise r&eacute;sulte de causes strictement &eacute;conomiques, comment peut-on croire qu&rsquo;il suffit de combattre l&rsquo;&eacute;conomie par l&rsquo;&eacute;conomie&nbsp;? N&rsquo;est-il pas dor&eacute;navant urgent de changer de perspective et d&rsquo;envisager avant tout la dimension fondamentalement humaine des probl&egrave;mes&nbsp;?</p> <h2>La Gr&egrave;ce, syst&egrave;me scolaire et politiques linguistiques</h2> <p>Il est important de pr&eacute;senter sommairement le syst&egrave;me scolaire grec, ainsi que la politique linguistique officielle du pays, vis-&agrave;-vis des langues &eacute;trang&egrave;res, et de fournir un aper&ccedil;u de la politique linguistique de la France en Gr&egrave;ce. Ces expos&eacute;s permettront d&rsquo;appr&eacute;cier le contexte scolaire et linguistique dans lequel s&rsquo;inscrit&nbsp;cette &eacute;tude de cas, dont les r&eacute;sultats apparaissent dans les parties empiriques et analytiques du pr&eacute;sent article.</p> <h3>Le syst&egrave;me scolaire grec</h3> <h4>La structure du syst&egrave;me scolaire grec</h4> <p>La structure du syst&egrave;me scolaire en Gr&egrave;ce est centralis&eacute;e : les &eacute;tablissements scolaires des nomes<sup><a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a></sup>&nbsp;du pays r&eacute;pondent directement aux instances du Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation et des Cultes, bas&eacute; dans la capitale, Ath&egrave;nes. Les niveaux du syst&egrave;me &eacute;ducatif sont au nombre de trois :</p> <ol> <li>Le premier degr&eacute; : l&rsquo;&eacute;cole primaire&nbsp;(dimotiko scholeio) ;</li> <li>Le deuxi&egrave;me degr&eacute; : l&rsquo;&eacute;cole secondaire : le coll&egrave;ge&nbsp;(gymnasio)&nbsp;et le lyc&eacute;e&nbsp;(lykeio) ;</li> <li>Le troisi&egrave;me degr&eacute; : l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur :&nbsp;Les instituts &eacute;ducatifs sup&eacute;rieurs&nbsp;(AEI),&nbsp;qui sont les universit&eacute;s&nbsp;(panepistimia)&nbsp;et les instituts polytechniques,&nbsp;et les instituts sup&eacute;rieurs de technologie&nbsp;(TEI).</li> </ol> <h4>Les acteurs du syst&egrave;me scolaire grec</h4> <p>Les divers acteurs dont ce syst&egrave;me est compos&eacute; sont tenus d&rsquo;assurer le bon fonctionnement du processus d&rsquo;enseignement-apprentissage dans les &eacute;tablissements scolaires sur le territoire grec. L&rsquo;organisation hi&eacute;rarchique de ces acteurs suit cet ordre :</p> <ol> <li>Le minist&egrave;re d&rsquo;&eacute;ducation et des cultes ;</li> <li>Le directeur &eacute;ducatif de la p&eacute;riph&eacute;rie ;</li> <li>Le directeur &eacute;ducatif du nome ;&nbsp;</li> <li>les directeurs des &eacute;tablissements scolaires ;</li> <li>Les conseillers p&eacute;dagogiques ;</li> <li>les professeurs.</li> </ol> <p>Quelques pr&eacute;cisions &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des acteurs du syst&egrave;me scolaire grec permettront d&rsquo;&eacute;clairer cette &eacute;tude de cas. D&rsquo;abord, les conseillers p&eacute;dagogiques sont des enseignants ma&icirc;tres formateurs ayant pour mission de veiller &agrave; la mise en &oelig;uvre de la politique &eacute;ducative de leur discipline de sp&eacute;cialisation, dans leur p&eacute;riph&eacute;rie d&rsquo;affectation. En outre, les professeurs sont soutenus par les syndicats nationaux et par des associations auto-g&eacute;r&eacute;es. Les grands syndicats d&rsquo;enseignants en Gr&egrave;ce sont :&nbsp;&Delta;&Omicron;&Epsilon;&nbsp;(DOE) (F&eacute;d&eacute;ration des enseignants de la Gr&egrave;ce),&nbsp;rassemblant des instituteurs, et&nbsp;&Omicron;&Lambda;&Mu;&Epsilon;&nbsp;(OLME) (F&eacute;d&eacute;ration des enseignants des &eacute;coles secondaires). Les professeurs de fran&ccedil;ais en Gr&egrave;ce sont soutenus dans leurs missions par deux associations : l&rsquo;APF (L&rsquo;association des professeurs de fran&ccedil;ais de formation universitaire), bas&eacute;e &agrave; Ath&egrave;nes, et l&rsquo;APLF (L&rsquo;association des professeurs de langue et litt&eacute;rature fran&ccedil;aises diplom&eacute;s de l&rsquo;Universit&eacute;), d&eacute;ployant surtout son action en Gr&egrave;ce du Nord, dont le si&egrave;ge est &agrave; Thessalonique. Celles-ci sont rattach&eacute;es au syndicat&nbsp;&Omicron;&Lambda;&Mu;&Epsilon;, et font partie du r&eacute;seau public.</p> <h4>Les langues &eacute;trang&egrave;res dans le syst&egrave;me scolaire grec</h4> <p>&Eacute;tant donn&eacute; l&rsquo;instabilit&eacute; actuelle de la politique &eacute;ducative en Gr&egrave;ce, une description succinte et synchronique du dispositif de l&rsquo;enseignement-apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res dans le syst&egrave;me public ne saurait refl&eacute;ter les combats men&eacute;s ces derni&egrave;res ann&eacute;es par les associations des professeurs et par les syndicats des enseignants. Le projet du minist&egrave;re de l&rsquo;&eacute;ducation d&rsquo;instaurer un &laquo; nouveau lyc&eacute;e &raquo; (neo lykeio) en est exemplaire. D&rsquo;apr&egrave;s un communiqu&eacute; de presse de l&rsquo;APLF datant d&rsquo;avril 2011, l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res dans ce &laquo; nouveau lyc&eacute;e &raquo; aurait &eacute;t&eacute;, citant le secr&eacute;taire du minist&egrave;re de l&rsquo;&eacute;ducation &agrave; l&rsquo;&eacute;poque Basilis Koulaidis, &laquo; essentiellement &eacute;limin&eacute;, [...] dans un effort pour all&eacute;ger le programme des&nbsp;cours superflus<sup><a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a></sup>&nbsp;&raquo; [c&rsquo;est moi qui souligne]. Bien que cette menace ait &eacute;t&eacute; dissip&eacute;e pour l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2012-2013, le projet du &laquo; nouveau lyc&eacute;e &raquo; a &eacute;t&eacute; effectivement men&eacute; &agrave; terme pour l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2013-2014. Cette ann&eacute;e, on ne propose qu&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re (anglais, allemand, fran&ccedil;ais), &agrave; raison de 2 heures par semaine. La deuxi&egrave;me langue en option ne sera donc plus propos&eacute;e. Les langues italienne et espagnole offertes depuis 2008 et 2009&nbsp;par les D&eacute;cisions Minist&eacute;rielles respectivement no&nbsp;111800/&Gamma;2-2/9/2008<sup><a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a></sup>et&nbsp;no&nbsp;105957/&Gamma;2/03/09/2009<sup><a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a></sup>&nbsp;ne sont plus propos&eacute;es au niveau du lyc&eacute;e.</p> <p>Je propose ci-dessous un sch&eacute;ma du parcours d&rsquo;apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res de l&rsquo;enseignement public, tel qu&rsquo;il s&rsquo;est pr&eacute;sent&eacute; l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2012-2013, l&rsquo;ann&eacute;e scolaire relative &agrave; cette &eacute;tude :</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Tableau 1 &ndash; Parcours d&rsquo;apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res de l&rsquo;enseignement public</strong></p> <table cellpadding="0"> <tbody> <tr> <th>Niveau/ann&eacute;e</th> <th>Premi&egrave;re langue</th> <th>Deuxi&egrave;me langue</th> </tr> <tr> <td><em>&nbsp;dimotiko &ndash;</em></td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;3</td> <td>&nbsp;anglais (3h)</td> <td>&nbsp;&ndash;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;4</td> <td>&nbsp;anglais (3h)</td> <td>&nbsp;&ndash;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;5</td> <td>&nbsp;anglais (3h)</td> <td>&nbsp;fran&ccedil;ais / allemand (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;6</td> <td>&nbsp;anglais (3h)</td> <td>&nbsp;fran&ccedil;ais / allemand (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;<em>gymnasio &ndash;</em></td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;1</td> <td>&nbsp;anglais (3h)</td> <td>&nbsp;fran&ccedil;ais / allemand / italien / espagnol (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;2</td> <td>&nbsp;anglais (2h)</td> <td>&nbsp;fran&ccedil;ais / allemand / italien / espagnol (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;3</td> <td>&nbsp;anglais (2h)</td> <td>&nbsp;fran&ccedil;ais / allemand / italien / espagnol (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;&nbsp;<em>lykeio &ndash;</em></td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;1</td> <td>&nbsp;langue 1 (3h)</td> <td>&nbsp;&ndash;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;2</td> <td>&nbsp;langue 1 (2h)</td> <td>&nbsp;langue 2 en option (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;3</td> <td>&nbsp;langue 1 (1h)</td> <td>&nbsp;langue 2 en option (2h)</td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p>Sont &eacute;galement pr&eacute;sents ci-dessous les changements &agrave; ce syst&egrave;me effectu&eacute;s pour l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2013-2014. Bien que l&rsquo;anglais ait perdu une heure en premi&egrave;re ann&eacute;e de coll&egrave;ge, il existe aussi, depuis trois ans, dans certaines &eacute;coles pilotes, des &laquo; programmes communs r&eacute;form&eacute;s d&rsquo;&eacute;ducation &raquo; (&Epsilon;&nu;&iota;&alpha;ί&omicron; &Alpha;&nu;&alpha;&mu;&omicron;&rho;&phi;&omega;&mu;έ&nu;&omicron; &Epsilon;&kappa;&pi;&alpha;&iota;&delta;&epsilon;&upsilon;&tau;&iota;&kappa;ό &Pi;&rho;ό&gamma;&rho;&alpha;&mu;&mu;&alpha;&nbsp;-&nbsp;EAE&Pi;&nbsp;ou EAEP) qui offrent un enseignement pr&eacute;coce de l&rsquo;anglais d&egrave;s la premi&egrave;re ann&eacute;e de primaire. Selon Effi Mavromatti, conseill&egrave;re p&eacute;dagogique de la p&eacute;riph&eacute;rie de Mac&eacute;doine-Orientale-et-Thrace, on comptait 960 &eacute;tablissements de ce type dans la Gr&egrave;ce enti&egrave;re durant l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2012-2013, un nombre qui s&rsquo;est &eacute;lev&eacute; &agrave; 1300 pour l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2013-2014.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Tableau 2 -&nbsp;Changements dans le parcours de langues pour l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2013-2014</strong></p> <table cellpadding="0"> <tbody> <tr> <th>Niveau/ann&eacute;e</th> <th>Premi&egrave;re langue</th> <th>Deuxi&egrave;me langue</th> </tr> <tr> <td>&nbsp;<em>gymnasio &ndash;</em></td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;1</td> <td>&nbsp;anglais (2h)</td> <td>&nbsp;fran&ccedil;ais / allemand / italien / espagnol (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;&nbsp;<em>neo lykeio &ndash;</em></td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;1</td> <td>&nbsp;langue 1 (3h)</td> <td>anglais / allemand / fran&ccedil;ais (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;2</td> <td>&nbsp;langue 1 (2h)</td> <td>anglais / allemand / fran&ccedil;ais (2h)</td> </tr> <tr> <td>&nbsp;3</td> <td>&nbsp;langue 1 (1h)</td> <td>anglais / allemand / fran&ccedil;ais (2h)</td> </tr> </tbody> </table> <h4>&nbsp;</h4> <h4>Note sur les manuels scolaires du syst&egrave;me public</h4> <p>En ce qui concerne le&nbsp;fran&ccedil;ais, les manuels de l&rsquo;&eacute;cole primaire et du lyc&eacute;e proviennent du march&eacute; libre. Chaque enseignant en choisit un pour ses classes &agrave; partir d&rsquo;une liste de propositions mise &agrave; sa disposition &agrave; la rentr&eacute;e par un comit&eacute; de s&eacute;lection nomm&eacute; par l&rsquo;&Eacute;tat. Ces manuels sont distribu&eacute;s gratuitement aux &eacute;l&egrave;ves du primaire. Il appartient, cependant, &agrave; chaque lyc&eacute;en de se procurer en librairie le livre recommand&eacute;. En revanche, au niveau du coll&egrave;ge, pour les &eacute;l&egrave;ves de fran&ccedil;ais, il existe un manuel provenant du march&eacute; non-concurrentiel, commissionn&eacute; et agr&eacute;&eacute; par l&rsquo;&Eacute;tat, le manuel &laquo; Action.fr-gr<sup><a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a></sup>&nbsp;&raquo;. Celui-ci est fortement critiqu&eacute; dans la mesure o&ugrave; il n&rsquo;existe pas un deuxi&egrave;me volume. Les enseignants sont ainsi oblig&eacute;s de passer du premier tome au troisi&egrave;me, ce qui constitue un manque de progression probl&eacute;matique pour les &eacute;l&egrave;ves. Les enseignants doivent alors combler les carences lexicales et grammaticales, ce qui ajoute du poids &agrave; une profession d&eacute;j&agrave; charg&eacute;e de t&acirc;ches pr&eacute;paratoires, p&eacute;dagogiques, administratives et extrascolaires.</p> <h4>Le &laquo; frontistirio &raquo; et&nbsp;l&rsquo;enseignement parall&egrave;le</h4> <p>Le concept du&nbsp;frontistirio&nbsp;m&eacute;rite une explication particuli&egrave;re, dans la mesure o&ugrave; ce type de centre de soutien scolaire est devenu officieusement une institution du syst&egrave;me &eacute;ducatif dans ce pays. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un centre priv&eacute; de soutien scolaire tr&egrave;s fr&eacute;quent&eacute; par les &eacute;l&egrave;ves grecs. On peut estimer que ce succ&egrave;s est la cause directe de la d&eacute;faillance de la scolarisation officielle. Mais c&rsquo;est aussi un effet de la culture scolaire qui attache une grande importance &agrave; l&rsquo;obtention de certificats et de dipl&ocirc;mes. Les &eacute;coliers et coll&eacute;giens suivent le plus souvent des cours de langues avec l&rsquo;espoir de d&eacute;crocher un certificat officiel (comme le DELF, le Michigan, ou le Goethe-Zertifikat).&nbsp;Ceux-ci sont fortement convoit&eacute;s dans ce pays du sud-est de l&rsquo;Europe, parce qu&rsquo;ils sont souvent n&eacute;cessaires pour obtenir un emploi, que ce soit dans le tourisme, en tant que fonctionnaire, dans une entreprise, ou ailleurs.</p> <p>Un autre ph&eacute;nom&egrave;ne tr&egrave;s r&eacute;pandu en Gr&egrave;ce : les cours particuliers &agrave; domicile. Selon un rapport du r&eacute;seau Nesse<sup><a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a></sup>&nbsp;(r&eacute;seau europ&eacute;en d&rsquo;experts en sciences sociales de l&rsquo;&eacute;ducation et de la formation) sur l&rsquo;enseignement parall&egrave;le en Europe, on estime qu&rsquo;en Gr&egrave;ce,&nbsp;952,6 millions d&rsquo;euros ont &eacute;t&eacute; d&eacute;pens&eacute;s par les m&eacute;nages en 2008 pour r&eacute;tribuer des cours particuliers, montant correspondant &agrave; 20% des d&eacute;penses nationales affect&eacute;es &agrave; l&rsquo;enseignement primaire et secondaire. Celui-ci place la Gr&egrave;ce au premier rang dans ce domaine au sein de l&rsquo;Union europ&eacute;enne.</p> <h3>La Politique linguistique en Gr&egrave;ce</h3> <p>Tout linguiste averti ne peut ignorer les nombreuses pol&eacute;miques qui ont jalonn&eacute; l&rsquo;histoire de la politique linguistique en Gr&egrave;ce. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la repr&eacute;sentation in&eacute;gale des langues minoritaires depuis la cr&eacute;ation de l&rsquo;&Eacute;tat grec moderne vers 1830 jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui en faveur d&rsquo;un fort ethnocentrisme, ou de la diglossie &laquo; psicharienne &raquo; (terme d&eacute;signant&nbsp;ici&nbsp;la concurrence id&eacute;ologique, voire la rivalit&eacute;, au XIXe&nbsp;et XXe&nbsp;si&egrave;cles, entre la&nbsp;kathar&eacute;vousa,&nbsp;vari&eacute;t&eacute; savante et puriste de la langue grecque, et la&nbsp;d&eacute;motiki, langue du peuple), la question de l&rsquo;atmosph&egrave;re sociolinguistique et celle des politiques mises en &oelig;uvre pour g&eacute;rer ces probl&egrave;mes provoquent en effet d&rsquo;intenses d&eacute;bats parmi les d&eacute;cideurs politiques, les universitaires et les philhell&egrave;nes.&nbsp;N&eacute;anmoins, les faits relatifs &agrave; l&rsquo;am&eacute;nagement linguistique des langues parl&eacute;es &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de l&rsquo;&Eacute;tat ne seront pas comment&eacute;s ici. En revanche, un regard global sur la politique linguistique de la Gr&egrave;ce relative aux langues &eacute;trang&egrave;res, qui, jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent, avait d&eacute;termin&eacute; une situation de diversit&eacute; langagi&egrave;re plut&ocirc;t optimiste, semble essentiel.</p> <h4>La Politique linguistique officielle de la Gr&egrave;ce et de l&rsquo;Europe : le plurilinguisme</h4> <p>En devenant membre de l&rsquo;Union europ&eacute;enne,&nbsp;ce vaste ensemble g&eacute;ographique multilingue,&nbsp;la Gr&egrave;ce int&egrave;gre une organisation politique et sociale plus large, et s&rsquo;engage d&egrave;s lors &agrave; promouvoir un certain nombre de politiques &eacute;manant de cette entit&eacute; transnationale.&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s le &laquo; Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration des politiques linguistiques &eacute;ducatives en Europe &raquo;, publi&eacute; par le Conseil de l&rsquo;Europe en 2003 et puis en 2007, &laquo;&nbsp;les r&eacute;ponses politiques &agrave; la question du multilinguisme se situent entre les deux extr&eacute;mit&eacute;s d&rsquo;une suite continue de positions et d&rsquo;orientations&nbsp;: d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, les politiques de r&eacute;duction de la diversit&eacute; et, de l&rsquo;autre, le maintien et le d&eacute;veloppement de la diversit&eacute;<sup><a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a></sup>&nbsp;&raquo;. Bien que les deux politiques pr&eacute;tendent, l&rsquo;une et l&rsquo;autre, contribuer &agrave; &laquo; l&rsquo;am&eacute;lioration potentielle de la mobilit&eacute; internationale, de l&rsquo;intercompr&eacute;hension et du d&eacute;veloppement &eacute;conomique<sup><a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a></sup>&nbsp;&raquo;, le Conseil de l&rsquo;Europe et ses &Eacute;tats membres ont opt&eacute; pour le deuxi&egrave;me cas de figure.&nbsp;Selon la Commission Europ&eacute;enne, &laquo;&nbsp;le but est de parvenir &agrave; une Europe o&ugrave; chacun apprend au moins deux langues, en plus de sa langue maternelle, d&egrave;s le plus jeune &acirc;ge<sup><a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a></sup>&nbsp;&raquo;. Ces politiques de maintien et de d&eacute;veloppement de la diversit&eacute; et cet objectif d&rsquo;une Europe &laquo; o&ugrave; chacun apprend au moins deux langues &raquo; refl&egrave;tent la notion de plurilinguisme. Pour mieux cerner ce concept, le C.E.C.R. (&laquo; Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues &raquo;)&nbsp;propose la d&eacute;finition suivante :</p> <p><em>On d&eacute;signera par comp&eacute;tence plurilingue et pluriculturelle, la comp&eacute;tence &agrave; communiquer langagi&egrave;rement et &agrave; interagir culturellement d&rsquo;un acteur social qui poss&egrave;de, &agrave; des degr&eacute;s divers, la ma&icirc;trise de plusieurs langues et l&rsquo;exp&eacute;rience de plusieurs cultures. On consid&eacute;rera qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas l&agrave; superposition ou juxtaposition de comp&eacute;tences distinctes, mais bien existence d&rsquo;une comp&eacute;tence complexe, voire composite, dans laquelle l&rsquo;utilisateur peut puiser</em><sup><a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a></sup>.</p> <p>Dans ses intentions les plus nobles, le plurilinguisme se traduit par&nbsp;une acceptation et une int&eacute;gration, au sein de chaque citoyen europ&eacute;en, d&rsquo;au moins une partie de la complexit&eacute; linguistique et culturelle du continent. Une fois cette complexit&eacute; int&eacute;rioris&eacute;e, l&rsquo;individu plurilingue/pluriculturel devrait voir na&icirc;tre, en lui-m&ecirc;me, une meilleure compr&eacute;hension des autres, et, par voie de cons&eacute;quence, de sa propre personne. Ceci renvoie &agrave; la notion d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, &agrave; savoir la d&eacute;couverte et la compr&eacute;hension de soi &agrave; travers celles de l&rsquo;autre, et ce afin qu&rsquo;une juste valorisation r&eacute;ciproque de tous les acteurs de l&rsquo;humanit&eacute; devienne r&eacute;alit&eacute; et qu&rsquo;un mouvement vers une soci&eacute;t&eacute; plus juste et plus solidaire soit possible. Cette ambition n&eacute;cessite donc l&rsquo;enseignement d&rsquo;une pluralit&eacute; de langues-cultures au sein de chaque &Eacute;tat membre de l&rsquo;Union europ&eacute;enne.&nbsp;Il faudrait, pourtant, &ecirc;tre vigilant sur la transparence des choix de langues, pour s&rsquo;assurer qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une v&eacute;ritable diversit&eacute; linguistique, et non d&rsquo;une imposition des langues des plus grands pouvoirs europ&eacute;ens.</p> <h4>La politique linguistique de la France en Gr&egrave;ce</h4> <p>Il est vrai que le fran&ccedil;ais a profit&eacute; d&rsquo;un statut privil&eacute;gi&eacute; &agrave; travers le monde tout au long des XVII<sup>e</sup>, XVIII<sup>e</sup>&nbsp;et m&ecirc;me XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cles, et ce en raison, d&rsquo;une part, de son utilisation dans les cours monarchiques et, d&rsquo;autre part, en tant que langue de la diplomatie internationale, deux faits qui contribueraient &agrave; justifier l&rsquo;id&eacute;e de &laquo; l&rsquo;universalit&eacute; &raquo; de la langue fran&ccedil;aise<sup><a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a></sup>. C&rsquo;est ainsi que, en vertu de l&rsquo;&eacute;dit du 31 d&eacute;cembre 1836, le fran&ccedil;ais devint &laquo; la seule langue &eacute;trang&egrave;re obligatoirement enseign&eacute;e au coll&egrave;ge grec<sup><a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a></sup>&nbsp;&raquo;. Outre ce lien linguistique historique, la France et la Gr&egrave;ce entretiennent, de nos jours encore, de nombreux liens politiques, &eacute;conomiques et culturels qui concourent &agrave; pr&eacute;server un socle de relations &laquo; traditionnellement &eacute;troites<sup><a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc">14</a></sup>&nbsp;&raquo; entre ces deux pays.</p> <p>En ce qui concerne la coop&eacute;ration culturelle, le site internet du minist&egrave;re des Affaires &eacute;trang&egrave;res, France Diplomatie, invoque quatre instances qui structurent cette coop&eacute;ration, &agrave; savoir : &laquo; &ndash; l&rsquo;&Eacute;cole Fran&ccedil;aise d&rsquo;Ath&egrave;nes, fond&eacute;e en 1846 et d&eacute;di&eacute;e &agrave; l&rsquo;arch&eacute;ologie ; &ndash; l&rsquo;Institut Fran&ccedil;ais d&rsquo;Ath&egrave;nes et ses annexes en province ; &ndash; l&rsquo;Institut Fran&ccedil;ais de Thessalonique ; &ndash; le Lyc&eacute;e franco-hell&eacute;nique d&rsquo;Ath&egrave;nes,&nbsp;Eug&egrave;ne Delacroix<sup><a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc">15</a></sup>&nbsp;&raquo;. Ce n&rsquo;est pas un hasard si trois de ces quatre structures portent sur la langue. D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;id&eacute;e commun&eacute;ment re&ccedil;ue de l&rsquo;interd&eacute;pendance entre langues et cultures, la langue constitue le transmetteur par excellence des valeurs culturelles. De plus, l&rsquo;adh&eacute;sion de la Gr&egrave;ce &agrave; l&rsquo;Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), en 2004, est apparue comme une sorte de reviviscence de l&rsquo;atmosph&egrave;re francophone qui r&eacute;gnait autrefois en Gr&egrave;ce, ph&eacute;nom&egrave;ne tout &agrave; fait encourageant, que l&rsquo;on peut juger n&eacute;cessaire pour limiter l&rsquo;influence croissante de la langue anglaise.</p> <p>Mais, l&rsquo;appartenance officielle &agrave; l&rsquo;OIF n&rsquo;est qu&rsquo;une action symbolique. C&rsquo;est en fait &agrave; travers deux des institutions pr&eacute;c&eacute;demment mentionn&eacute;es, &agrave; savoir les Instituts fran&ccedil;ais (sous la tutelle du Service de Coop&eacute;ration et d&rsquo;Action Culturelle, SCAC), que le Minist&egrave;re des Affaires &eacute;trang&egrave;res met en application l&rsquo;action culturelle ext&eacute;rieure de la France au sein de la R&eacute;publique hell&eacute;nique. L&rsquo;Institut Fran&ccedil;ais de Gr&egrave;ce (IFG), fond&eacute; en 1907, est l&rsquo;un des plus anciens du monde. Selon le site internet de sa filiale d&rsquo;Ath&egrave;nes, celui-ci &laquo; promeut, organise, soutient tous les &eacute;changes institutionnels de coop&eacute;ration entre [les] deux pays &raquo; et &laquo; offre &agrave; ses &eacute;tudiants un environnement francophone unique en Gr&egrave;ce riche en &eacute;v&eacute;nements culturels<a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc">16</a>&nbsp;&raquo;. Les trois grands th&egrave;mes sur lesquels s&rsquo;appuie la politique de coop&eacute;ration et d&rsquo;action culturelle fran&ccedil;aise en Gr&egrave;ce sont les suivants : 1. Le concours annuel de la francophonie ; 2. Les cours et formations ; 3. L&rsquo;accompagnement &agrave; la mobilit&eacute; &eacute;tudiante (&agrave; travers la plateforme &laquo; Campus France &raquo; et gr&acirc;ce au programme de bourses pour des &eacute;tudiants souhaitant s&rsquo;inscrire en Master 2 en France,&nbsp;VR&iota;&kappa;&alpha;!).</p> <p>S&rsquo;agissant de la planification linguistique de l&rsquo;enseignement-apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res dans les &eacute;coles publiques grecques, Madame &Eacute;mmanuelle Boillon, attach&eacute;e de coop&eacute;ration pour le fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;Institut Fran&ccedil;ais d&rsquo;Ath&egrave;nes, affirme, dans une communication personnelle, que &laquo; le Service de Coop&eacute;ration &eacute;ducative de l&rsquo;ambassade de France a comme mission d&rsquo;accompagner la formation des enseignants et de faire la promotion de la langue fran&ccedil;aise &raquo; et que &laquo; la France continue et continuera &agrave; apporter son soutien &raquo;, face &agrave; la crise actuelle.</p> <p>L&rsquo;avis de Madame Boillon semble &ecirc;tre partag&eacute; par le ministre fran&ccedil;ais des Affaires &eacute;trang&egrave;res, Laurent Fabius, qui, lors d&rsquo;un entretien avec son homologue grec en f&eacute;vrier 2013, affirma un soutien ind&eacute;fectible de la France envers la Gr&egrave;ce, et assura en particulier le &laquo; plein appui [de la France] au courageux programme de r&eacute;formes engag&eacute; par le gouvernement grec<sup><a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc">17</a></sup>&raquo;, une r&eacute;f&eacute;rence euph&eacute;mique aux mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute;. La Gr&egrave;ce et la France ont beau avoir une amiti&eacute; &laquo; traditionnellement &eacute;troite &raquo;, il n&rsquo;en demeure pas moins que &laquo; la crise a n&eacute;anmoins r&eacute;duit les contacts et les &eacute;changes<sup><a href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc">18</a></sup>&nbsp;&raquo; entre ces deux pays, comme le reconna&icirc;t le Minist&egrave;re fran&ccedil;ais sur son site internet.</p> <p>La formule &laquo; plein appui &raquo; &eacute;voque-t-elle un simple appui symbolique ? Dans quelle mesure alors cette r&eacute;duction de contacts et d&rsquo;&eacute;changes affecterait-elle le champ de l&rsquo;enseignement-apprentissage du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re ? Cet aper&ccedil;u du syst&egrave;me scolaire et de la politique linguistique en Gr&egrave;ce &eacute;tant achev&eacute;, consid&eacute;rons &agrave; pr&eacute;sent la position des acteurs du FLE en Gr&egrave;ce sur ce sujet, tant sur la situation globale de leurs exp&eacute;riences dans ce domaine, qu&rsquo;en tant qu&rsquo;individus vivant dans un pays plong&eacute; dans une crise apparemment interminable.</p> <h2>Travail personnel de terrain : Le FLE &agrave; Kavala</h2> <p>Afin d&rsquo;effectuer mon travail de recherche, qui sous-tend une impr&eacute;gnation de l&rsquo;atmosph&egrave;re de la crise, j&rsquo;ai pass&eacute; six mois en Gr&egrave;ce, de mars &agrave; ao&ucirc;t 2013, dans la ville de Kavala, au nord du pays. Ma curiosit&eacute; initiale comportait deux dimensions cl&eacute;s : 1) isoler, parmi un ensemble de repr&eacute;sentations, les opinions des acteurs du FLE relatives aux difficult&eacute;s &eacute;conomiques et sociales actuelles, offrant une perspective sur l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res ; 2) mettre au jour les r&eacute;percussions de la crise sur le statut de la langue fran&ccedil;aise. Pour parvenir &agrave; ces fins, j&rsquo;ai choisi le mode de collecte de donn&eacute;es qui est l&rsquo;entretien direct parce que souvent la parole d&rsquo;un interlocuteur pr&eacute;sente des &eacute;l&eacute;ments personnels et des traits de perspicacit&eacute; qui n&rsquo;apparaissent pas dans les simples questionnaires &eacute;crits. Avec l&rsquo;aide de mon professeur r&eacute;f&eacute;rent sur le terrain, Maria Papanikolaou, enseignante de fran&ccedil;ais &agrave; Kavala depuis 26 ans, j&rsquo;ai &eacute;tabli une liste d&rsquo;informateurs sur le monde du FLE en Gr&egrave;ce. Sur celle-ci figuraient : &ndash; 4 enseignants (deux du secteur public, deux du secteur priv&eacute; :&nbsp;frontistiria) ;&nbsp;&ndash;&nbsp;3 apprenants (deux issus d&rsquo;une &eacute;cole professionnelle et un d&rsquo;un coll&egrave;ge public) ;&nbsp;&ndash;&nbsp;un parent (m&egrave;re de l&rsquo;apprenant coll&eacute;gien) ;&nbsp;&ndash;&nbsp;la conseill&egrave;re p&eacute;dagogique de Mac&eacute;doine-Orientale-et-Thrace, Effi Mavromatti ;&nbsp;&ndash;&nbsp;la vice-pr&eacute;sidente de l&rsquo;APLF, Chrysanthi Inachoglou ;&nbsp;&ndash;&nbsp;et l&rsquo;attach&eacute;e de coop&eacute;ration pour le fran&ccedil;ais de l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais d&rsquo;Ath&egrave;nes,&nbsp;&Eacute;mmanuelle&nbsp;Boillon.</p> <p>Une fois les entretiens effectu&eacute;s, traduits et transcrits, j&rsquo;ai rassembl&eacute; les divers commentaires des personnes interrog&eacute;es dans des sch&eacute;mas synth&eacute;tiques et d&rsquo;autres plus d&eacute;taill&eacute;s. On trouvera ci-dessous les premiers. Ces mosa&iuml;ques de t&eacute;moignages donnent une image de la situation des acteurs de l&rsquo;enseignement-apprentissage du fran&ccedil;ais aujourd&rsquo;hui, en Gr&egrave;ce. &Agrave; l&rsquo;image de la situation de la crise g&eacute;n&eacute;rale, que l&rsquo;on pourra juger surr&eacute;aliste, celle du FLE peut sembler pour certains d&eacute;pourvue de logique. C&rsquo;est la raison pour laquelle les faits que je mets en &eacute;vidence doivent &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;s. Il m&rsquo;appartiendra, dans la partie analytique de cet article, de chercher &agrave; &eacute;tablir un lien logique entre les donn&eacute;es et les divers faits que nous avons explor&eacute;s jusqu&rsquo;ici. &Agrave; ce stade, le lecteur pourra simplement d&eacute;couvrir ces opinions dans leur ensemble.</p> <h3>Sch&eacute;mas synth&eacute;tiques sur le FLE en Gr&egrave;ce&nbsp;&ndash;&nbsp;donn&eacute;es tir&eacute;es des entretiens effectu&eacute;s en Gr&egrave;ce, printemps 2013</h3> <p><strong>Sch&eacute;ma 1&nbsp;&ndash;&nbsp;Motivations pour apprendre une langue &eacute;trang&egrave;re aujourd&rsquo;hui</strong></p> <p><img alt="" src="/img/6/images/69_8_1.jpg" style="height:318px; width:500px" />&nbsp;</p> <p><strong>Sch&eacute;ma 2&nbsp;&ndash;&nbsp;Ces motivations ont-elles chang&eacute; depuis la crise ?</strong></p> <p><img alt="" src="/img/6/images/69_8_2.jpg" style="height:340px; width:500px" /></p> <p><strong>Sch&eacute;ma 3&nbsp;&ndash;&nbsp;Les langues les plus utiles/recherch&eacute;es aujourd&rsquo;hui</strong></p> <p><img alt="" src="/img/6/images/69_8_3.jpg" style="height:156px; width:500px" /></p> <p><strong>Sch&eacute;mas 4 et 5&nbsp;&ndash;&nbsp;L&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;enseignement/apprentissage aujourd&rsquo;hui et son &eacute;volution</strong></p> <p><img alt="" src="/img/6/images/69_8_4.jpg" style="height:436px; width:700px" /></p> <p><strong>Sch&eacute;ma 6&nbsp;&ndash;&nbsp;Opinions sur la langue fran&ccedil;aise</strong></p> <p><img alt="" src="/img/6/images/69_8_6.jpg" style="height:434px; width:700px" /></p> <p><strong>Sch&eacute;ma 7&nbsp;&ndash;&nbsp;Les repr&eacute;sentations associ&eacute;es &agrave; la langue allemande</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p>J&rsquo;ai trouv&eacute; int&eacute;ressant de rassembler &eacute;galement, dans un sch&eacute;ma, tous les commentaires se rapportant &agrave; la langue allemande, langue en concurrence avec le fran&ccedil;ais pour le statut de deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re enseign&eacute;e en Gr&egrave;ce<sup><a href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc">19</a></sup>.</p> <p><img alt="" src="/img/6/images/69_8_7.jpg" style="height:421px; width:700px" /></p> <h2>Interpr&eacute;tation et analyse des donn&eacute;es</h2> <p>Il entre dans mon propos, dans cette quatri&egrave;me partie, de d&eacute;montrer que les faits, opinions et id&eacute;es mis en &eacute;vidence jusqu&rsquo;ici se rassemblent harmonieusement pour former progressivement un tableau unique, et ce afin d&rsquo;aboutir &agrave; une compr&eacute;hension globale de l&rsquo;&eacute;tat actuel du FLE en Gr&egrave;ce, face &agrave; la crise. J&rsquo;y pr&eacute;senterai &eacute;galement quelques informations th&eacute;oriques et historiques afin de soutenir mon interpr&eacute;tation des r&eacute;sultats de cette &eacute;tude. L&rsquo;analyse sera structur&eacute;e autour de sept points : 1. la repr&eacute;sentation dominante du fran&ccedil;ais ; 2. la motivation dominante dans le choix de langue ; 3. l&rsquo;apparent abandon devant l&rsquo;anglais ; 4. la passivit&eacute; de la France en mati&egrave;re de politique linguistique ; 5. l&rsquo;acharnement de l&rsquo;Allemagne ; 6. les cons&eacute;quences sociales des enjeux de la crise ; 7. certaines r&eacute;ponses &agrave; ces cons&eacute;quences de la part des acteurs &eacute;ducatifs qui peuvent donner de l&rsquo;espoir.</p> <h3>Le fran&ccedil;ais, langue de beaut&eacute; et d&rsquo;&eacute;rudition ?</h3> <p>En soumettant les t&eacute;moignages collect&eacute;s &agrave; une r&eacute;f&eacute;rence crois&eacute;e, on remarque la r&eacute;currence de plusieurs th&egrave;mes. Concernant les repr&eacute;sentations relatives au fran&ccedil;ais que poss&egrave;dent nos informateurs, il s&rsquo;av&egrave;re que la valeur per&ccedil;ue de la langue dite &laquo; de Moli&egrave;re &raquo; se fonde justement sur sa richesse litt&eacute;raire et esth&eacute;tique et sur la vigueur intellectuelle qu&rsquo;on lui associe. On rel&egrave;ve ais&eacute;ment, dans le sch&eacute;ma 6 (ci-dessus), la reprise de ces notions st&eacute;r&eacute;otyp&eacute;es de beaut&eacute; et d&rsquo;&eacute;rudition. D&rsquo;apr&egrave;s les individus interrog&eacute;s, le fran&ccedil;ais est une langue de &laquo; passion &raquo;, pleine de &laquo; richesse &raquo;, v&eacute;hiculant une &laquo; culture exceptionnelle &raquo;. On souligne &laquo; les valeurs qu&rsquo;elle transmet &raquo; (des &laquo; valeurs humanistes &raquo;), le fait que c&rsquo;est &laquo; la langue des salons &raquo;, une langue &laquo; charmante &raquo;, &laquo; po&eacute;tique &raquo;, &laquo; romantique &raquo;, dou&eacute;e d&rsquo;une sonorit&eacute; ni &laquo; dure &raquo;, ni &laquo; barbare &raquo; (&agrave; la diff&eacute;rence de l&rsquo;allemand), et on affirme que, bien que son apprentissage soit &laquo; plus difficile que l&rsquo;anglais &raquo;, par exemple, l&rsquo;exp&eacute;rience en &laquo; vaut la peine &raquo;. D&rsquo;ailleurs, &laquo; les plus belles choses ont &eacute;t&eacute; &eacute;crites en grec ou en fran&ccedil;ais &raquo;.</p> <p>Ces formules sont, pour la plus grande part, bien connues, et renvoient &agrave; des st&eacute;r&eacute;otypes historiques&nbsp;concernant la langue fran&ccedil;aise, internationalement r&eacute;pandus. D&rsquo;apr&egrave;s ces &eacute;l&eacute;ments r&eacute;currents, on peut conclure que les repr&eacute;sentations dominantes relatives &agrave; la &laquo; beaut&eacute; &raquo; et au &laquo; g&eacute;nie &raquo; de la langue fran&ccedil;aise se sont propag&eacute;es dans le temps, &agrave; tout le moins aupr&egrave;s de ceux qui ont eu un rapport direct avec la langue. N&eacute;anmoins, il importe de noter les id&eacute;es contraires exprim&eacute;es par deux de nos informatrices, des &eacute;l&egrave;ves de l&rsquo;&eacute;cole professionnelle (les apprenants d&eacute;nomm&eacute;s apprenants 1 et 2 dans mon &eacute;tude). Ces individus ont affirm&eacute; la conviction que le fran&ccedil;ais est une langue &laquo; moche &raquo;, moins &laquo; belle &raquo; que d&rsquo;autres langues, et ont donn&eacute; en r&eacute;f&eacute;rence l&rsquo;espagnol. Ces m&ecirc;mes informatrices consid&eacute;raient &laquo; injuste &raquo; l&rsquo;obligation de suivre des cours de fran&ccedil;ais (langue qui leur semblait inutile). De tels commentaires ont soulev&eacute; une question : ces occurrences constituent-elles des exceptions isol&eacute;es, ou des faits annonciateurs d&rsquo;une nouvelle forme de pens&eacute;e, d&eacute;j&agrave;, apparemment, en voie de r&eacute;alisation ?</p> <p>On peut supposer que cette d&eacute;valorisation de la beaut&eacute; de la langue, contraire aux valeurs normalement associ&eacute;es &agrave; la langue fran&ccedil;aise, peut tr&egrave;s bien r&eacute;sulter de circonstances particuli&egrave;res de vie : par exemple, un milieu social ayant moins de contact avec des produits culturels qui vantent le prestige du fran&ccedil;ais, ou bien un milieu social en rapport avec d&rsquo;autres langues, aboutissant &agrave; une indiff&eacute;rence envers le fran&ccedil;ais (en fait, l&rsquo;apprenant 1 fait partie d&rsquo;une famille d&rsquo;anciens &eacute;migr&eacute;s d&rsquo;Allemagne). Cependant, il convient d&rsquo;insister sur la deuxi&egrave;me partie de la question pos&eacute;e ci-dessus : est-il possible que ces remarques, qui ignorent les jugements traditionnellement attach&eacute;s au fran&ccedil;ais (commentaires pris d&rsquo;embl&eacute;e comme des exceptions isol&eacute;es), soient l&rsquo;annonce d&rsquo;une opinion nouvelle abandonnant compl&egrave;tement l&rsquo;importance accord&eacute;e aux valeurs nobles de sensibilit&eacute; et d&rsquo;intelligence, par exemple, qui ont toujours &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute;es comme les sources du d&eacute;veloppement de l&rsquo;&acirc;me et de l&rsquo;esprit des acteurs de l&rsquo;humanit&eacute; ?</p> <p>Nous savons qu&rsquo;il existe aujourd&rsquo;hui, dans le monde occidental, une menace &agrave; laquelle sont confront&eacute;es les disciplines scolaires r&eacute;unies sous le terme g&eacute;n&eacute;rique d&rsquo;humanit&eacute;s, telles la litt&eacute;rature, l&rsquo;histoire, l&rsquo;art et la rh&eacute;torique, toutes susceptibles de d&eacute;velopper l&rsquo;esprit citoyen, et qui trouvaient auparavant toute leur place dans l&rsquo;apprentissage des langues-cultures. Le fran&ccedil;ais est traditionnellement per&ccedil;u comme une langue dont la litt&eacute;rature, l&rsquo;histoire, et d&rsquo;autres produits culturels, transmettent des valeurs dignes de d&eacute;velopper des individus &eacute;panouis. La langue fran&ccedil;aise serait ainsi &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; plus saine parce que compos&eacute;e de citoyens pr&ecirc;ts &agrave; pratiquer une pens&eacute;e critique fond&eacute;e sur des valeurs nobles transmises &agrave; travers de multiples &oelig;uvres culturelles. De plus, le fran&ccedil;ais n&rsquo;est-il pas une langue qui pr&eacute;vaut dans le champ de la diversit&eacute; ? La francophonie n&rsquo;est-elle pas pr&eacute;sente sur les cinq continents ? Aussi, ces valeurs nobles n&rsquo;y prendront-elles pas des couleurs culturelles diff&eacute;rentes, donnant autant de d&eacute;finitions variables &agrave; des notions comme beaut&eacute; et sagesse qu&rsquo;il existe de cultures francophones ? Il me semble en effet que la repr&eacute;sentation du fran&ccedil;ais en tant que langue de beaut&eacute; et d&rsquo;&eacute;rudition est importante &agrave; maintenir, parce que c&rsquo;est justement ces valeurs, parmi d&rsquo;autres, que nous devons d&eacute;fendre et promouvoir dans le monde.</p> <p>Bien s&ucirc;r, je suis consciente du fait que&nbsp;les repr&eacute;sentations attach&eacute;es &agrave; une langue ne sont que des id&eacute;es. Mais d&rsquo;apr&egrave;s ce que le sociolinguiste Henri Boyer appelle &laquo; l&#39;imaginaire ethnosocioculturel collectif &raquo; du monde, le fran&ccedil;ais est appr&eacute;ci&eacute; pour son &eacute;rudition et sa beaut&eacute;, et, le plus souvent, &agrave; force de croire &agrave; une chose, celle-ci tend &agrave; devenir une r&eacute;alit&eacute;.&nbsp;Il serait donc non seulement dommageable, mais d&eacute;vastateur pour notre soci&eacute;t&eacute; mondiale que l&rsquo;on perde de vue ces r&eacute;f&eacute;rences morales, sociales et esth&eacute;tiques.</p> <h3>La motivation dominante dans la DDLES en Gr&egrave;ce : logique marchande, logique de survie</h3> <p>N&eacute;anmoins, on constate aujourd&rsquo;hui que la r&eacute;alit&eacute; travaille &agrave; l&rsquo;effacement de toutes les r&eacute;f&eacute;rences qui favorisent autant le d&eacute;veloppement &eacute;thique et esth&eacute;tique que la coh&eacute;sion sociale, en faveur de l&rsquo;implantation exclusive d&rsquo;une valeur unique contraire, &laquo; omnipotente &raquo;. Privil&eacute;giant le profit, le d&eacute;veloppement des march&eacute;s et l&rsquo;enrichissement individuel au m&eacute;pris du bien collectif, et se diffusant dans quasiment tous les secteurs de la soci&eacute;t&eacute;, cette valeur peut &ecirc;tre d&eacute;nomm&eacute;e&nbsp;&laquo; logique&nbsp;marchande &raquo;. Dominante et largement incontest&eacute;e, elle&nbsp;correspond au syst&egrave;me qui organise toutes les soci&eacute;t&eacute;s, &agrave; savoir le capitalisme global, syst&egrave;me qui l&eacute;gitime le n&eacute;olib&eacute;ralisme.</p> <p>Il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;id&eacute;ologies, de syst&egrave;mes de croyances &laquo; organis&eacute;s et mobilis&eacute;s &agrave; des fins plus ou moins ouvertement politiques, [...] et/ou&nbsp;[des syst&egrave;mes]&nbsp;de contr&ocirc;le, de manipulation des esprits&nbsp;<a href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc">20</a>&raquo;. L&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; l&rsquo;on imaginait que l&rsquo;enseignement-apprentissage d&rsquo;une langue allait de pair avec un id&eacute;al d&rsquo;&eacute;rudition et de beaut&eacute; est d&eacute;sormais r&eacute;volue. Ayant envahie les esprits des individus aux quatres coins de la plan&egrave;te, par le moyen de politiques tacites (publiques et &eacute;ducatives) et par l&rsquo;influence de dispositifs m&eacute;diatiques, la logique marchande s&rsquo;impose petit &agrave; petit en tant que paradigme commun par excellence &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle mondiale. Ce fait r&eacute;sulte du monopole que d&eacute;tient cette valeur sur le plan intellectuel (du moins dans l&rsquo;ordre des id&eacute;es les plus facilement accessibles &agrave; la plus grand partie de la population), et, par cons&eacute;quent, au niveau pratique. La preuve la plus &eacute;vidente de l&rsquo;influence de cette logique dans la vie quotidienne se manifeste &agrave; travers l&rsquo;abondance de marchandises qu&rsquo;accumulent les individus, convaincus de leur utilit&eacute; et n&eacute;cessit&eacute;.</p> <p>Effectivement, face &agrave; cette logique souveraine, tout se marchandise, se r&eacute;ifie au service du march&eacute;, et le monde scolaire ne r&eacute;siste pas &agrave; une telle emprise. Les &eacute;l&egrave;ves se rendent &agrave; l&rsquo;&eacute;cole non pas dans l&rsquo;id&eacute;e de s&rsquo;instruire, de d&eacute;velopper leur culture en vue de leur &eacute;dification personnelle, mais dans l&rsquo;intention d&rsquo;acqu&eacute;rir des comp&eacute;tences utiles qui leur permettront d&rsquo;int&eacute;grer le march&eacute; du travail. Cette marchandisation des disciplines scolaires et de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve semble d&eacute;j&agrave; &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre en didactique des langues &eacute;trang&egrave;res et secondes (DDLES) en Gr&egrave;ce.</p> <p>D&rsquo;apr&egrave;s la plupart de nos informateurs, la motivation extrins&egrave;que, orient&eacute;e par un projet d&rsquo;emploi, arrive en premi&egrave;re position dans la liste des motivations qui poussent, aujourd&rsquo;hui, en Gr&egrave;ce, les &eacute;l&egrave;ves &agrave; entreprendre l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re. On d&eacute;clare que sa &laquo; premi&egrave;re motivation &raquo; est &laquo; le travail &raquo; ou &laquo; la situation professionnelle &raquo;.&nbsp;On reconna&icirc;t qu&rsquo;en &eacute;tudiant une langue &eacute;trang&egrave;re, &laquo; il est plus facile de trouver un emploi plus tard &raquo;, mais on consid&egrave;re que les &eacute;l&egrave;ves surestiment &laquo; [l]&rsquo;importance [du] papier &raquo; (le certificat), au d&eacute;triment de &laquo; la connaissance de la langue &raquo;, sous pr&eacute;texte que &laquo; le certificat [...] permet de trouver du travail &raquo;. Quand je l&rsquo;ai interrog&eacute; sur l&rsquo;&eacute;volution de ces motivations depuis la crise, l&rsquo;enseignant d&eacute;nomm&eacute; ici enseignant 2, qui a initialement retenu les &eacute;tudes comme premi&egrave;re motivation, r&eacute;pond ainsi : &laquo; Je mettrais peut-&ecirc;tre le travail d&rsquo;abord, et apr&egrave;s les &eacute;tudes, mais en g&eacute;n&eacute;ral &ccedil;a n&rsquo;a pas chang&eacute; &raquo;.</p> <p>Il convient de souligner, en effet, que le motif professionnel n&rsquo;est pas n&eacute; des circonstances de la crise, mais a toujours fonctionn&eacute; comme un mobile puissant pour apprendre une langue &eacute;trang&egrave;re en Gr&egrave;ce. L&rsquo;importance accord&eacute;e &agrave; l&rsquo;obtention de certificats officiels de langues &eacute;trang&egrave;res a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute;e en tant qu&rsquo;atout indispensable lorsque l&rsquo;on cherche un emploi dans le pays. Il se peut, pourtant, que la motivation professionnelle soit d&rsquo;autant plus valoris&eacute;e en temps de crise que la connaissance d&rsquo;une langue &laquo; utile &raquo; est consid&eacute;r&eacute;e comme la seule issue. &Agrave; l&rsquo;instar de Madame Chrysanthi Inachoglou, vice-pr&eacute;sidente de l&rsquo;association des professeurs de fran&ccedil;ais diplom&eacute;s de l&#39;Universit&eacute; (l&rsquo;APLF)&nbsp;(en substance) :</p> <blockquote> <p>Les parents sont angoiss&eacute;s par la crise, ils veulent que leurs enfants choisissent la langue qu&rsquo;ils consid&egrave;rent comme la plus utile, celle qui leur servira d&rsquo;outil pour gagner de l&rsquo;argent, pour survivre&nbsp;; ils ne pensent plus &agrave; la culture et au d&eacute;veloppement de l&rsquo;esprit de leurs enfants.</p> </blockquote> <p>On peut en conclure que&nbsp;la suite d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements provoqu&eacute;e par l&rsquo;actuelle conjoncture &eacute;conomique a logiquement cr&eacute;&eacute; un climat d&rsquo;angoisse, tout en plongeant les citoyens grecs dans une situation de &laquo; survie &raquo;. Madame Inachoglou n&rsquo;est pas la seule &agrave; &eacute;voquer cette notion, c&rsquo;est un concept formul&eacute; explicitement ou implicitement par plusieurs personnes interrog&eacute;es.</p> <p>Cette motivation instrumentale &agrave; des fins professionnelles prend place ainsi dans un continuum d&rsquo;&eacute;volution des motifs qui poussent &agrave; apprendre une langue &eacute;trang&egrave;re, et, m&ecirc;me si sa r&eacute;currence est amplifi&eacute;e par la crise, on ne peut pas affirmer qu&rsquo;il s&rsquo;agit de ses cons&eacute;quences directes. Cependant, on peut noter qu&rsquo;un mobile, cit&eacute; tr&egrave;s souvent dans les entretiens, semble de plus en plus d&eacute;terminant &agrave; mesure que le pays s&rsquo;enfonce dans les difficult&eacute;s : la volont&eacute;&nbsp;de partir &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. D&rsquo;apr&egrave;s nos informateurs, les jeunes Grecs &laquo; veulent apprendre une langue pour partir &agrave; l&#39;&eacute;tranger &raquo;, pour s&rsquo;installer &laquo; l&agrave; o&ugrave; ils peuvent trouver du travail &raquo;. Beaucoup d&rsquo;entre eux &laquo; esp&egrave;rent aller en Allemagne pour travailler &raquo;. &laquo; Tous [les] &eacute;l&egrave;ves &raquo; de l&rsquo;enseignant 3&nbsp;&laquo; sont partis &agrave; Londres, ou en Allemagne, [ou bien] en &Eacute;cosse &raquo; (o&ugrave; les frais d&rsquo;inscriptions &agrave; l&rsquo;universit&eacute; sont relativement faibles). Notre informateur-parent r&eacute;sume simplement la situation ainsi : &laquo; C&rsquo;est une question vitale de quitter la Gr&egrave;ce, parce qu&rsquo;en Gr&egrave;ce, il n&rsquo;y a plus de boulot. Malheureusement. On n&rsquo;a pas envie de faire &ccedil;a. Mais il faut le faire, pour la survie de chacun. &raquo;</p> <p>Les statistiques officielles de l&rsquo;Union europ&eacute;enne concernant les taux de ch&ocirc;mage du continent permettent de mesurer la pression que subit actuellement la jeunesse. Selon l&rsquo;Eurostat, le taux de ch&ocirc;mage total en Gr&egrave;ce est pass&eacute; de 21,4% &agrave; 26,4% entre d&eacute;cembre 2011 et d&eacute;cembre 2012, et a atteint 62,5%, chez les moins de 25 ans en f&eacute;vrier 2013. C&rsquo;est donc le pays d&rsquo;Europe le plus touch&eacute; par ce fl&eacute;au. Il est logique que les jeunes soient pouss&eacute;s &agrave; partir &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger pour travailler, seule issue qui s&rsquo;offre &agrave; eux.</p> <p>Pourtant, pour pouvoir &eacute;migrer et trouver du travail &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, il faut parler la langue du pays, ou du moins une&nbsp;lingua franca. Paradoxalement, nombreux sont ceux qui se trouvent dans l&rsquo;incapacit&eacute; d&rsquo;assumer les frais n&eacute;cessaires pour suivre plusieurs cours priv&eacute;s de langues, comme l&rsquo;ont constat&eacute; certaines des personnes interrog&eacute;es, qui se voient contraints de se limiter &agrave; un seul choix de langue : celui qui semble pouvoir satisfaire le plus efficacement un besoin professionnel. Pour les &eacute;l&egrave;ves les plus fragilis&eacute;s &eacute;conomiquement, les cours priv&eacute;s sont exclus. Ils doivent &laquo; se contenter d&rsquo;aller &agrave; l&rsquo;&eacute;cole publique &raquo;. Mais, on consid&egrave;re g&eacute;n&eacute;ralement que l&rsquo;enseignement public ne permet pas d&rsquo;atteindre un niveau en langue satisfaisant ni d&rsquo;assurer l&rsquo;obtention d&rsquo;un dipl&ocirc;me et c&rsquo;est d&rsquo;autant plus vrai maintenant que l&rsquo;atmosph&egrave;re du syst&egrave;me scolaire public grec se d&eacute;grade rapidement.</p> <p>Lorsque l&rsquo;on est v&eacute;ritablement accul&eacute; au pied du mur, n&rsquo;est-il pas naturel de faire tout ce qui est en son pouvoir pour survivre ? Aussi, on peut comprendre que nombre de gens succombent aux pressions du monde et aux id&eacute;ologies dominantes, aussi limitatives et opprimantes soient-elles. Si ceux qui embrassent sans r&eacute;fl&eacute;chir l&rsquo;id&eacute;ologie n&eacute;olib&eacute;rale et ses valeurs marchandes sont l&eacute;gion, n&rsquo;est-ce pas dans l&rsquo;ignorance des autres possibles ? M&ecirc;me si on est anim&eacute; par d&rsquo;autres id&eacute;aux dans l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re, la plupart s&rsquo;abandonnent &agrave; cette force implacable et &agrave; la langue qui y est associ&eacute;e.</p> <h3>Vers la r&eacute;signation devant le tout anglais</h3> <p>L&rsquo;examen des donn&eacute;es des entretiens effectu&eacute;s m&rsquo;a conduit &agrave; noter ce que j&rsquo;interpr&egrave;te comme une r&eacute;signation devant l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie de la langue anglaise dans l&rsquo;enseignement-apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res en Gr&egrave;ce. La plupart des acteurs interrog&eacute;s ont exprim&eacute; des pr&eacute;occupations &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la promotion officielle dont fait l&rsquo;objet la langue allemande, mais tr&egrave;s peu de commentaires ont &eacute;t&eacute; formul&eacute;s &agrave; l&rsquo;encontre de la pr&eacute;&eacute;minence de l&rsquo;anglais (un seul de ce type a &eacute;t&eacute; relev&eacute;), ce qui d&eacute;montre, semble-t-il, un abandon aux valeurs dominantes, mises en avant ci-dessus. Quand on demande quelles sont les langues les plus recherch&eacute;es aujourd&rsquo;hui en Gr&egrave;ce, et quelle est la raison de cette pr&eacute;f&eacute;rence, tous les acteurs ont plac&eacute; l&rsquo;anglais au premier rang, sans fournir d&rsquo;autres justifications que des lieux communs, avanc&eacute;s comme des &eacute;vidences.</p> <p>Parmi les r&eacute;ponses collect&eacute;es aupr&egrave;s de nos t&eacute;moins, au sujet de la place de l&rsquo;anglais en Gr&egrave;ce, nous retrouvons les commentaires suivants :&nbsp;&ndash;&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;enseignant&nbsp;1&nbsp;: &laquo; L&rsquo;anglais est la premi&egrave;re, sans aucun doute, parce que le syst&egrave;me scolaire est construit ainsi &raquo;.&nbsp;&ndash;&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;enseignant 3 : &laquo; D&eacute;sormais, les &eacute;l&egrave;ves ont tendance &agrave; n&rsquo;apprendre qu&rsquo;une seule langue. Ils ne font que de l&rsquo;anglais &raquo;. &ndash; D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;enseignant 4 : &laquo; L&rsquo;anglais c&rsquo;est la langue num&eacute;ro un parce qu&rsquo;on estime que c&rsquo;est une langue internationale &raquo;.&nbsp;&ndash;&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;apprenant 1 : &laquo; L&rsquo;anglais [est la langue la plus utile], parce que la plupart des gens la parlent, &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger et ici &raquo;.&nbsp;&ndash;&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;apprenant 3 : &laquo; [L&rsquo;] anglais [...] [est utile], bien s&ucirc;r, pour les touristes &raquo;.&nbsp;&ndash;Et, d&rsquo;apr&egrave;s le parent interrog&eacute; : &laquo; Je crois [que] l&rsquo;anglais [est la plus utile], parce que &ccedil;a fait des ann&eacute;es que l&rsquo;anglais est utilis&eacute; comme langue internationale [...]. Donc tout le monde sait parler l&rsquo;anglais et les touristes aussi. [...] C&rsquo;est le plus utile pour rester en communication avec tous nos amis internationaux &raquo;.</p> <p>Il est vrai que l&rsquo;influence de l&rsquo;anglais n&rsquo;est pas un fait nouveau. C&rsquo;est un ph&eacute;nom&egrave;ne qui s&rsquo;amplifie dans le monde, y compris en Gr&egrave;ce, depuis &laquo; des ann&eacute;es &raquo;. Pour &ecirc;tre plus pr&eacute;cis, la propagation de la langue anglaise est li&eacute;e &agrave; la politique expansionniste de l&rsquo;Empire britannique, au&nbsp;XVII&egrave;me, XVIII&egrave;me&nbsp;et XIX&egrave;me&nbsp;si&egrave;cles. Pourtant, ce n&rsquo;est pas le Royaume Uni qui constitue la force motrice de la diffusion de la langue dite &laquo; de Shakespeare &raquo; aujourd&rsquo;hui. Comme le constate le linguiste et anthropologue Rudolphe C. Troike, cit&eacute; par Robert Phillipson dans son ouvrage&nbsp;Imp&eacute;rialisme Linguistique, ce ph&eacute;nom&egrave;ne :</p> <blockquote> <p>[...]&nbsp;a &eacute;t&eacute; consid&eacute;rablement amplifi&eacute; par l&#39;&eacute;mergence des &Eacute;tats-Unis en tant que grande puissance militaire mondiale et principal innovateur technologique depuis la Seconde Guerre Mondiale. Le processus a &eacute;galement &eacute;t&eacute; largement encourag&eacute; par d&rsquo;importants financements gouvernementaux et l&rsquo;arriv&eacute;e de fonds &eacute;manant d&rsquo;organismes priv&eacute;s, durant la p&eacute;riode 1950-1970, probablement la plus grande somme d&rsquo;argent jamais d&eacute;pens&eacute;e dans l&#39;histoire, en faveur de la propagation d&#39;une langue<sup><a href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc">21</a></sup>.</p> </blockquote> <p>Le&nbsp;British Council,&nbsp;organisme britannique charg&eacute; de l&rsquo;enseignement de la langue anglaise, pr&eacute;sent en Gr&egrave;ce depuis 1939, &laquo; coop&egrave;re avec les Am&eacute;ricains depuis le milieu des ann&eacute;es 1950<sup><a href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc">22</a></sup>&nbsp;&raquo;. Dans le m&ecirc;me ouvrage, R. Phillipson rapporte les propos d&rsquo;un ancien haut responsable du&nbsp;British Council&nbsp;qui constate qu&rsquo;en 1960, &laquo; les Am&eacute;ricains &eacute;taient en train de planifier une vaste offensive pour faire en sorte que l&#39;anglais devienne une langue mondiale, une campagne de promotion de la langue anglaise &agrave; l&#39;&eacute;chelle mondiale, une &eacute;chelle jusqu&#39;alors in&eacute;dite<sup><a href="#sdfootnote23sym" name="sdfootnote23anc">23</a></sup>&nbsp;&raquo;. Phillipson se r&eacute;f&egrave;re de nouveau aux remarques de ce t&eacute;moin, qui compare l&rsquo;unilinguisme mondial &agrave; &laquo; une extension de la t&acirc;che &agrave; laquelle l&#39;Am&eacute;rique a &eacute;t&eacute; confront&eacute;e au moment de l&#39;&eacute;tablissement de l&#39;anglais en tant que langue nationale commune parmi ses populations immigr&eacute;es<sup><a href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc">24</a></sup><a href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc">&nbsp;</a>&raquo;. Une sorte de &laquo;&nbsp;global melting pot&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;explique Phillipson, un creuset de langues et de cultures au niveau global, unifi&eacute; par une seule langue.</p> <p>Cette id&eacute;e d&rsquo;un rapport entre l&rsquo;uniformisation linguistique &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle plan&eacute;taire et l&rsquo;unification linguistique interne aux &Eacute;tats-Unis rejoint des notions cl&eacute;s de la sociolinguistique, &agrave; savoir l&rsquo;id&eacute;al de l&rsquo;&Eacute;tat-nation&nbsp;et l&rsquo;id&eacute;ologie de l&rsquo;unilinguisme<sup><a href="#sdfootnote25sym" name="sdfootnote25anc">25</a></sup><a href="#sdfootnote25sym" name="sdfootnote25anc">&nbsp;</a>(terme souvent utilis&eacute; interchangeablement avec monolinguisme).&nbsp;Il semble que ces dispositifs de restriction de la diversit&eacute; culturelle et linguistique, normalement limit&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;un seul pays, soient en train de s&rsquo;&eacute;tendre progressivement, et ce depuis quelque temps d&eacute;j&agrave;, au niveau mondial. Si l&rsquo;id&eacute;al de l&rsquo;&Eacute;tat-nation implique l&rsquo;identification des peuples d&rsquo;un espace g&eacute;ographique donn&eacute; &agrave; une nationalit&eacute; une et indivisible, afin que la classe dominante de cet &laquo; &Eacute;tat &raquo; puisse assurer sa mainmise sur l&rsquo;ensemble de la population, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une unification linguistique &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle mondiale ne proc&eacute;derait-elle pas &agrave; une telle logique ?</p> <p>La langue est un outil unificateur tr&egrave;s efficace. En effet, elle rapproche ceux qui partagent la m&ecirc;me capacit&eacute; langagi&egrave;re. Elle est le premier outil de&nbsp;communication&nbsp;(au sens propre) entre les &ecirc;tres humains, par nature sociaux. Aussi, ceux qui apprennent la langue anglaise auront tendance &agrave; s&rsquo;identifier, m&ecirc;me &agrave; leur insu, aux d&eacute;riv&eacute;s culturels dominants v&eacute;hicul&eacute;s par cette langue (sachant encore une fois que la langue et la culture ne font qu&rsquo;un). Ces d&eacute;riv&eacute;s, de mani&egrave;re plus ou moins implicite, sont &laquo; imbib&eacute;s &raquo; de toutes les valeurs transmises par la culture dominante, &agrave; savoir les valeurs marchandes.</p> <p>Si le n&eacute;olib&eacute;ralisme<sup><a href="#sdfootnote26sym" name="sdfootnote26anc">26</a></sup>&nbsp;n&rsquo;est pas n&eacute; aux &Eacute;tats-Unis, les principes qui le sous-tendent ont &eacute;t&eacute; largement d&eacute;velopp&eacute;s sur le sol am&eacute;ricain, la th&eacute;orie y a pris une extension inconnue jusqu&rsquo;alors, a investi l&rsquo;ensemble des politiques publiques et &eacute;conomiques du pays, puis s&rsquo;est impos&eacute;e comme une n&eacute;cessit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle internationale. Nous pouvons supposer que les d&eacute;cideurs am&eacute;ricains et anglais se sont donn&eacute;s comme objectif, lors de la planification de &laquo; la campagne de langue anglaise &agrave; l&#39;&eacute;chelle mondiale &raquo;, l&rsquo;adh&eacute;sion de la population de chaque pays &agrave; ces valeurs. Le sociologue Abram De Swaan estime que &laquo; la loyaut&eacute; linguistique est un cas extr&ecirc;me de la loyaut&eacute; de consommateur<sup><a href="#sdfootnote27sym" name="sdfootnote27anc">27</a></sup>&nbsp;&raquo;. Cette h&eacute;g&eacute;monie linguistique se traduit donc par une h&eacute;g&eacute;monie culturelle et &eacute;conomique, et puisque la logique marchande est celle qui &laquo; gouverne&nbsp;&raquo; aujourd&rsquo;hui, il s&rsquo;agit aussi d&rsquo;une v&eacute;ritable h&eacute;g&eacute;monie am&eacute;ricaine sur la politique mondiale.</p> <p>L&rsquo;explication du processus en cours nous permet de mesurer la gravit&eacute; des menaces qui p&egrave;sent sur chaque d&eacute;mocratie. Malheureusement, comme le r&eacute;v&egrave;lent certains t&eacute;moignages recueillis, ces atteintes &agrave; la libert&eacute; individuelle et &agrave; son expression politique sont accept&eacute;es comme un fait &eacute;tabli : l&rsquo;anglais est la langue dominante parce que &laquo; le syst&egrave;me scolaire [voire le syst&egrave;me en g&eacute;n&eacute;ral] est construit ainsi &raquo;, aussi il est inutile de se poser des questions, ou d&rsquo;essayer de changer quoi que ce soit. La fabrication du consentement est un processus lent, r&eacute;gulier et tr&egrave;s efficace. Le syst&egrave;me h&eacute;g&eacute;monique anglo-am&eacute;ricain semble donc avoir atteint ses objectifs de domination, du moins aupr&egrave;s de nos informateurs en Gr&egrave;ce, lesquels peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme repr&eacute;sentatifs de tout le pays.</p> <p>Heureusement, il existe encore certaines personnes, m&ecirc;me si ce n&rsquo;est qu&rsquo;une minorit&eacute;, qui se sentent fortement pr&eacute;occup&eacute;s par cette sombre r&eacute;alit&eacute;. Dans ses pr&eacute;visions au sujet de l&rsquo;avenir de l&rsquo;enseignement-apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res en Gr&egrave;ce, Madame Chrysanthi Inachoglou anticipe, &agrave; contre-c&oelig;ur, une &eacute;volution rapide vers l&rsquo;unilinguisme, &agrave; savoir l&rsquo;enseignement d&rsquo;une seule langue &eacute;trang&egrave;re en Gr&egrave;ce : l&rsquo;anglais<sup><a href="#sdfootnote28sym" name="sdfootnote28anc">28</a></sup>. D&rsquo;apr&egrave;s Madame Inachoglou,&nbsp;&laquo; la politique du monolinguisme est un imp&eacute;rialisme affreux &raquo;.</p> <h3>La passivit&eacute; de la France en mati&egrave;re de politique linguistique</h3> <p>&Agrave; en juger par les propos critiques relatifs au manque de soutien de l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais, exprim&eacute;s par certains t&eacute;moins, la France n&rsquo;a pas su contrer l&rsquo;imp&eacute;rialisme anglo-am&eacute;ricain : de fait, la langue fran&ccedil;aise bat en retraite devant la puissance de l&rsquo;anglais. Les insuffisances de la planification linguistique du fran&ccedil;ais en Gr&egrave;ce r&eacute;v&egrave;lent de fa&ccedil;on flagrante cette reddition. D&rsquo;apr&egrave;s nos informateurs, le fran&ccedil;ais &laquo; ne b&eacute;n&eacute;ficie pas du soutien qu&rsquo;il m&eacute;rite &raquo;. Madame Effi Mavromatti, conseill&egrave;re p&eacute;dagogique de Mac&eacute;doine-Orientale-et-Thrace, n&rsquo;est pas la seule &agrave; le regretter.</p> <p>Rappelons que la politique linguistique de la France s&rsquo;effectue &agrave; travers le Service de Coop&eacute;ration et d&rsquo;Action Culturelle (SCAC) du Minist&egrave;re des Affaires &eacute;trang&egrave;res, par l&rsquo;entremise de l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais d&rsquo;Ath&egrave;nes et de son relais, pour le nord de la Gr&egrave;ce, l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais de Thessalonique. Plusieurs critiques ont &eacute;t&eacute; formul&eacute;es quant &agrave; l&rsquo;efficacit&eacute; de cette institution, qui devrait jouer un r&ocirc;le fondamental dans la diffusion de la langue fran&ccedil;aise, et quant &agrave; son enveloppe budg&eacute;taire, entre autres. Il faut souligner la dimension pol&eacute;mique des commentaires formul&eacute;s au sujet de l&rsquo;absence de soutien dont b&eacute;n&eacute;ficie l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais. Madame Inachoglou nous apprend que &laquo;&nbsp;la seule aide venant de l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais ce sont des crayons &raquo;. Madame Mavromatti fait le m&ecirc;me constat. &Agrave; une demande de clarification sur la nature exacte de cette carence de l&rsquo;administration fran&ccedil;aise aupr&egrave;s des conseillers p&eacute;dagogiques (alors qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; question du besoin de nouvelles ressources p&eacute;dagogiques et de nouveaux mat&eacute;riaux), cette derni&egrave;re rench&eacute;rit&nbsp;avec exasp&eacute;ration : &laquo; Non ! des crayons. On nous envoie des centaines de crayons. Ce n&rsquo;est pas du soutien &ccedil;a. &raquo; La charge &eacute;motionnelle de ces critiques traduit l&rsquo;&eacute;tat de frustration dans lequel se trouvent les acteurs du FLE en Gr&egrave;ce, lesquels se sentent litt&eacute;ralement abandonn&eacute;s &agrave; eux-m&ecirc;mes, contraints de se battre seuls, avec des moyens d&eacute;risoires.</p> <p>L&rsquo;enseignante 3, au sein des&nbsp;frontistiria, en Gr&egrave;ce du Nord, d&eacute;plore la chert&eacute; des services de l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais. Ses arguments mettent en lumi&egrave;re le d&eacute;sengagement de la France. Selon elle, le fran&ccedil;ais co&ucirc;te cher, comparativement &agrave; l&rsquo;allemand. Les frais des photocopies des fascicules p&eacute;dagogiques de l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais ne sont pas rembours&eacute;s. Leur montant s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; 500 &euro; par an pour chaque classe et de nombreuses &eacute;coles sont dans l&rsquo;impossibilit&eacute; d&rsquo;engager de tels frais. &laquo; Les livres co&ucirc;tent plus cher&nbsp;&raquo;, d&eacute;clare cette enseignante. Ainsi, tout a un prix &agrave; l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais, &laquo; m&ecirc;me les s&eacute;minaires &raquo;.&nbsp;Le seul r&eacute;el soutien apport&eacute; par l&rsquo;Institut serait l&rsquo;aide &agrave; l&rsquo;organisation des examens. N&eacute;anmoins, &laquo; tr&egrave;s peu d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves y participent &raquo;, et, d&rsquo;ailleurs, les examens ne sont pas gratuits non plus. Elle compare le co&ucirc;t de l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais, mesur&eacute; en temps d&rsquo;&eacute;tude, &agrave; celui de l&rsquo;anglais et de l&rsquo;allemand : &laquo; C&rsquo;est long, cela implique de nombreuses ann&eacute;es d&rsquo;&eacute;tudes. Pour l&rsquo;allemand, il faut 3 &agrave; 4 ans pour obtenir le premier certificat. Pour l&rsquo;anglais et pour le fran&ccedil;ais, il faut 7 &agrave; 8 ans. &raquo;</p> <p>L&rsquo;enseignement de l&rsquo;anglais peut se permettre un relatif manque d&rsquo;efficacit&eacute;. C&rsquo;est en effet la langue la plus recherch&eacute;e (pour les&nbsp;diff&eacute;rentes&nbsp;raisons d&eacute;j&agrave; relev&eacute;es), elle occupe donc la position d&rsquo;un quasi-monopole dans le domaine. Quant &agrave; la langue fran&ccedil;aise, nous savons que ce n&rsquo;est pas le cas. Aussi, &agrave; quoi serait due cette passivit&eacute; ? Serait-ce que la France p&egrave;che par manque d&rsquo;esprit concurrentiel ? Ou bien proviendrait-elle du fait que les fran&ccedil;ais refusent de renoncer &agrave; leurs valeurs les plus profondes, alors que pour &ecirc;tre comp&eacute;titif, il faut savoir jouer avec les r&egrave;gles du march&eacute; (c&rsquo;est-&agrave;-dire r&eacute;duire la qualit&eacute; de ses services pour pouvoir baisser ses prix) ? Madame Inachoglou sugg&egrave;re que la solution pourrait &ecirc;tre plus simple :&nbsp;&laquo; &Iota;l para&icirc;t que les Fran&ccedil;ais ne veulent pas prendre part au jeu avec les Allemands [...] ; ils ont s&ucirc;rement leurs propres probl&egrave;mes et ne s&rsquo;int&eacute;ressent pas &agrave; l&rsquo;&eacute;tat de la langue fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger &raquo;. Mais, n&rsquo;est-il pas dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des Fran&ccedil;ais de promouvoir leur langue dans le monde pour favoriser la diversit&eacute; linguistico-culturelle, laquelle peut &ecirc;tre source de nombreux&nbsp;avantages &eacute;conomiques ? Abram de Swann a rapproch&eacute; la loyaut&eacute; linguistique &agrave; la loyaut&eacute; &eacute;conomique. Si les probl&egrave;mes de la France sont de cet ordre, il est d&egrave;s lors dans leur int&eacute;r&ecirc;t de mieux promouvoir leur langue.</p> <p>Je me suis entretenue avec Madame&nbsp;&Eacute;mmanuelle&nbsp;Boillon, Attach&eacute;e de coop&eacute;ration pour le fran&ccedil;ais (P&ocirc;le jeunesse) de l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais d&rsquo;Ath&egrave;nes, afin de d&eacute;brouiller ces questions. Cet &eacute;change m&rsquo;a permis d&rsquo;envisager sous une autre perspective l&rsquo;intervention de la France dans l&rsquo;enseignement-apprentissage du fran&ccedil;ais en Gr&egrave;ce aujourd&rsquo;hui. Madame Boillon affirme que l&rsquo;Institut a subi des coupes &laquo; budg&eacute;taires comme tout le monde &raquo; et que ses membres sont &laquo; oblig&eacute;s de faire plus de choses avec moins d&rsquo;argent &raquo;. Mais, bien qu&rsquo; &laquo; il n&rsquo;y [ait] pas d&rsquo;aide financi&egrave;re [accord&eacute;e] aux enseignants &raquo;, le Service de Coop&eacute;ration &eacute;ducative &laquo; essaie d&rsquo;accompagner au maximum les professeurs &raquo;. D&rsquo;apr&egrave;s Madame Boillon, cette aide est concentr&eacute;e sur la promotion de la langue fran&ccedil;aise et sur la formation des enseignants. Elle cite &agrave; titre d&rsquo;exemple la promotion linguistique aupr&egrave;s des &eacute;l&egrave;ves de 4<sup>e</sup>&nbsp;ann&eacute;e d&rsquo;&eacute;cole primaire, pendant le mois de mai. &laquo; Cette promotion consiste &agrave; faire des animations dans les &eacute;coles, des jeux, &agrave; expliquer que le fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas difficile, &agrave; distribuer des argumentaires aux parents. &raquo; &Agrave; cette fin, l&rsquo;Institut collabore avec l&rsquo;APF, qui fournit le mat&eacute;riel p&eacute;dagogique, tandis que l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais se charge du mat&eacute;riel promotionnel. En mati&egrave;re de formation des professeurs, l&rsquo;Institut propose &laquo; un dispositif de formation continue [...], au niveau national, gratuit, et des ressources gratuites &raquo;. Ces derni&egrave;res consistent de &laquo; ressources audio-visuelles &raquo; adapt&eacute;es &laquo; en fonction des &eacute;volutions technologiques &raquo;, ce qui se traduit r&eacute;ellement par &laquo; davantage de ressources en ligne &raquo;. La raison que Madame Boillon avance pour justifier ce recours aux ressources en ligne est qu&rsquo;elles sont &laquo; plus &eacute;conomique[s] et plus accessible[s] &raquo; aux acteurs du FLE.</p> <p>On voit donc que le Service de Coop&eacute;ration et d&rsquo;Action Culturelle (SCAC) du Minist&egrave;re des Affaires &eacute;trang&egrave;res, &agrave; travers l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais, cherche &agrave; trouver des moyens de promouvoir la langue et de soutenir les professeurs, sans octroyer de subsides importants. Par exemple, depuis la crise, il y a &laquo; moins de bourses de formation de professeurs en France &raquo;, ce qui am&egrave;ne l&rsquo;Institut &agrave; proposer des formations en Gr&egrave;ce. Madame Boillon note &laquo; une forte mobilisation [en faveur de ces] formations &raquo; de la part d&rsquo;enseignants de toute la Gr&egrave;ce, m&ecirc;me ces deux derni&egrave;res ann&eacute;es, lesquelles ont &eacute;t&eacute; pourtant les plus difficiles.</p> <p>En guise de conclusion, Madame Boillon dresse le cadre des relations franco-hell&eacute;niques : &laquo; La France affiche une relation tr&egrave;s amicale avec la Gr&egrave;ce depuis tr&egrave;s longtemps. La France continue et continuera &agrave; apporter son soutien. La Gr&egrave;ce est un pays tr&egrave;s francophile et francophone depuis des ann&eacute;es, et la France se donnera les moyens d&rsquo;apporter du soutien &agrave; la Gr&egrave;ce, et la Gr&egrave;ce attend ce geste de la France. Une ambiance solidaire et fraternelle demeure inchang&eacute;e entre nos deux pays. &raquo;</p> <p>Cependant, cette &laquo; ambiance solidaire et fraternelle &raquo; ne reste qu&rsquo;une id&eacute;e. En effet, d&rsquo;apr&egrave;s les t&eacute;moignages de nos informateurs, l&rsquo;impact des efforts de l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais dans la diffusion de sa langue est minime. Selon Madame Mavromatti, &laquo; les raisons d&rsquo;apprendre le fran&ccedil;ais existent, mais il faut des strat&eacute;gies et un r&eacute;el soutien &eacute;conomique. Il faut de l&rsquo;argent pour la promotion d&rsquo;une langue. Et bien s&ucirc;r, la Gr&egrave;ce ne va pas donner cet argent. Elle n&rsquo;a aucune raison de donner cet argent. Celui qui veut promouvoir sa langue et sa culture doit aussi prendre en charge les d&eacute;penses n&eacute;cessaires. &raquo;</p> <h3>L&rsquo;acharnement de l&rsquo;Allemagne</h3> <p>Tout en d&eacute;plorant le manque de soutien de l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais, les acteurs du FLE interrog&eacute;s lors de cette &eacute;tude ont exprim&eacute; de vives inqui&eacute;tudes en ce qui concerne la position de l&rsquo;Allemagne en Gr&egrave;ce du Nord, comme nous pouvons le constater &agrave; travers les nombreux commentaires relatifs &agrave; l&rsquo;allemand dans la septi&egrave;me section de la partie pr&eacute;c&eacute;dente de cet article. Certaines opinions radicales n&rsquo;h&eacute;sitent pas &agrave; recourir aux termes de &laquo; man&oelig;uvres &raquo; et de &laquo; propagande &raquo; pour caract&eacute;riser le mode de promotion de la langue allemande. M&ecirc;me les informateurs les plus r&eacute;serv&eacute;s ont leur mot &agrave; dire sur le sujet. On &eacute;voque une concurrence entre les enseignants d&rsquo;allemand et ceux de fran&ccedil;ais, qui serait &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;une atmosph&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale assez tendue dans les &eacute;tablissements scolaires.</p> <p>On pourra citer quelques exemples donn&eacute;s par nos t&eacute;moins pour illustrer cet activisme d&eacute;bordant de l&rsquo;Allemagne en mati&egrave;re de politique linguistique, en Gr&egrave;ce. D&rsquo;abord, concernant les interventions li&eacute;es &agrave; la promotion de la langue, non seulement&nbsp;l&rsquo;Allemagne ne recule devant aucun moyen, parfois des agents se comportent &laquo; comme s&rsquo;ils vendaient des Tupperwares &raquo;, mais de plus, les professeurs d&rsquo;allemand donnent l&rsquo;impression de se battre &laquo; comme des crois&eacute;s &raquo;. Madame Chrysanthi Inachoglou pr&eacute;cise ces commentaires all&eacute;goriques en donnant&nbsp;l&rsquo;exemple de la promotion via le Deutschmobil, appel&eacute; en Gr&egrave;ce le&nbsp;Glossomobil. Dans le cadre du programme &laquo; L&rsquo;allemand en route &raquo; financ&eacute; par l&rsquo;entreprise Mercedes-Benz et par la fondation Robert Bosch, un van Mercedes-Benz&nbsp;circule dans le pays pour visiter les &eacute;coles inscrites. Des intervenants distribuent des produits divers (livres, tee-shirts, etc.) et animent des activit&eacute;s afin de donner une image positive de la langue et de la culture allemandes.</p> <p>En ce qui concerne la diffusion de la langue, des exemples de pratiques douteuses ont &eacute;t&eacute; observ&eacute;es dans des&nbsp;frontistiria&nbsp;et dans des &eacute;coles primaires. Madame Inachoglou atteste l&rsquo;existence de&nbsp;frontistiria&nbsp;au nord de la Gr&egrave;ce qui offriraient des cours d&rsquo;allemand gratuits &agrave; des &eacute;l&egrave;ves qui sont inscrits &agrave; des cours d&rsquo;anglais, en utilisant l&rsquo;argument commercial : &laquo; un achet&eacute;, un offert &raquo;. La premi&egrave;re enseignante interrog&eacute;e pr&eacute;tend, comme pr&eacute;c&eacute;demment &eacute;voqu&eacute;, qu&rsquo;&laquo; il y a des&nbsp;man&oelig;uvres, une certaine propagande &raquo;. L&rsquo;exemple qu&rsquo;elle avance &agrave; l&rsquo;appui de cette id&eacute;e est le fait que &laquo; les directeurs des &eacute;coles primaires convainquent les enfants d&rsquo;apprendre l&rsquo;allemand &raquo; et ne tiennent pas compte de leurs opinions, ce qui cr&eacute;e &laquo; des probl&egrave;mes &raquo;. L&rsquo;excuse donn&eacute;e aux &eacute;l&egrave;ves par les directeurs serait l&rsquo;impossibilit&eacute; &laquo; de faire venir un professeur de fran&ccedil;ais &raquo;. Cette malheureuse circonstance, tout &agrave; fait regrettable pour les professeurs de fran&ccedil;ais qui ont pourtant du mal &agrave; compl&eacute;ter leur emploi du temps, et qui p&eacute;nalise les enfants souhaitant apprendre le fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire, est plus vraisemblablement li&eacute;e &agrave; des questions de bureaucratie de l&rsquo;&eacute;tat grec qu&rsquo;&agrave; des tactiques mises en &oelig;uvre par l&rsquo;&eacute;tat allemand. Le d&eacute;cret minist&eacute;riel&nbsp;no&nbsp;&Phi;.52/283/56200/&Gamma;1&nbsp;du 23/04/2013<sup><a href="#sdfootnote29sym" name="sdfootnote29anc">29</a></sup>&nbsp;fixe un nombre minimal de 12 &eacute;l&egrave;ves n&eacute;cessaire &agrave; la constitution d&rsquo;une classe en Gr&egrave;ce. De nombreux &eacute;tablissements du nord de la Gr&egrave;ce ne parviennent pas &agrave; rassembler ce quota. Les &eacute;l&egrave;ves qui ont fait le choix du fran&ccedil;ais sont alors oblig&eacute;s de s&rsquo;int&eacute;grer au cours d&rsquo;allemand.</p> <p>&Agrave; consulter le D&eacute;cret minist&eacute;riel&nbsp;no&nbsp;&Phi;. 22.1/3024&alpha;&nbsp;du 10/7/2013<sup><a href="#sdfootnote30sym" name="sdfootnote30anc">30</a></sup>,&nbsp;nous pouvons comparer le nombre d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves en primaire du nome de Kavala ayant opt&eacute; pour le fran&ccedil;ais, et le nombre effectif de cours qui ont &eacute;t&eacute; form&eacute;s pour l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2013-2014. Dans les 42 &eacute;coles primaires de Kavala, seulement 7 classes de fran&ccedil;ais ont &eacute;t&eacute; form&eacute;es en 5<sup>e</sup>&nbsp;ann&eacute;e, ce qui constitue un effectif de 90 &eacute;l&egrave;ves seulement parmi les 219 qui ont choisi le fran&ccedil;ais sur un total de 728 &eacute;l&egrave;ves dans le nome. En 6e&nbsp;ann&eacute;e, 13 classes ont &eacute;t&eacute; form&eacute;es, soit un effectif de 176 &eacute;l&egrave;ves parmi les 234 qui ont souhait&eacute; apprendre cette langue, sur un total de 837 &eacute;l&egrave;ves. Le reste des &eacute;l&egrave;ves suivra l&rsquo;allemand, soit 638 &eacute;l&egrave;ves (sur un total de 728 &eacute;l&egrave;ves) en 5<sup>e</sup>&nbsp;ann&eacute;e, et 661 &eacute;l&egrave;ves (sur un total de 837 &eacute;l&egrave;ves) en 6e&nbsp;ann&eacute;e. La diff&eacute;rence entre les deux langues est &eacute;norme, et la pr&eacute;f&eacute;rence pour l&rsquo;allemand &agrave; Kavala est claire.</p> <p>Je voudrais &eacute;galement souligner que ce statut plus important n&rsquo;est pas conforme&nbsp;uniquement&nbsp;aux statistiques pour la ville de Kavala. D&rsquo;apr&egrave;s les statistiques officielles du Minist&egrave;re grec de l&rsquo;&eacute;ducation<sup><a href="#sdfootnote31sym" name="sdfootnote31anc">31</a></sup>&nbsp;pour l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2012-2013, 24.557 &eacute;tudiants dans le pays entier &eacute;taient inscrits aux cours d&rsquo;allemand dans des centres de langues (frontistiria) contre 16.739 aux cours de fran&ccedil;ais. L&rsquo;anglais rassemblait le plus d&rsquo;&eacute;tudiants, &agrave; savoir 421.220. L&rsquo;italien, l&rsquo;espagnol et la cat&eacute;gorie &laquo; autre langue &raquo; ne regroupaient respectivement que 5.076, 3.001 et 1.830 &eacute;tudiants. De plus, d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;tude men&eacute;e par la Commission Europ&eacute;enne en 2012,&nbsp;Eurobarom&egrave;tre 386, &laquo; Les europ&eacute;ens et leurs langues<sup><a href="#sdfootnote32sym" name="sdfootnote32anc">32</a></sup>&nbsp;&raquo;, 20% des Grecs interrog&eacute;s classent l&rsquo;allemand parmi les deux langues les plus importantes pour leur d&eacute;veloppement personnel contre 13% pour le fran&ccedil;ais (l&rsquo;anglais est en premier, bien s&ucirc;r, avec 74%).</p> <p>Il s&rsquo;av&egrave;re donc que l&rsquo;allemand est la deuxi&egrave;me langue la plus appr&eacute;ci&eacute;e en Gr&egrave;ce, surtout dans le nord. Les raisons de ce succ&egrave;s ne sont pas simplement le r&eacute;sultat d&rsquo;une promotion linguistique acharn&eacute;e de la part de l&rsquo;Allemagne. En fait, il se peut que cette id&eacute;e d&rsquo;un volontarisme opini&acirc;tre sur le plan de la politique linguistique ne soit qu&rsquo;une repr&eacute;sentation biais&eacute;e. J&rsquo;ai en effet &eacute;t&eacute; t&eacute;moin de plaintes de la part de professeurs d&rsquo;allemand au sujet du manque de soutien de l&rsquo;&eacute;tat allemand. Mais, que les professeurs d&rsquo;allemand re&ccedil;oivent ou non une aide directe de leur pays, il me semble peu vraisemblable que, en mati&egrave;re de promotion de la langue, l&rsquo;Allemagne n&rsquo;y soit pour rien.</p> <p>L&rsquo;importance de l&rsquo;immigration depuis le nord de la Gr&egrave;ce vers l&rsquo;Allemagne est un facteur pr&eacute;pond&eacute;rant. J&rsquo;ai pu observer, durant mon s&eacute;jour et &agrave; travers mes recherches, que les liens historiques entre l&rsquo;Allemagne et la Gr&egrave;ce du Nord continuaient de se d&eacute;velopper. Jadis, des Grecs s&rsquo;installaient en Allemagne en tant que &laquo; Gastarbeiter &raquo; (travailleurs immigr&eacute;s qui ont constitu&eacute; une main d&rsquo;&oelig;uvre bon march&eacute; au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, lors de la reconstruction), mais de nos jours, c&rsquo;est le pays m&ecirc;me des Grecs qui est &laquo; d&eacute;truit &raquo; par ce que l&rsquo;on pourrait assimiler &agrave; une guerre non pas militaire mais &eacute;conomique. Actuellement, hors de tout accord bilat&eacute;ral entre les gouvernements, les Grecs sont contraints d&rsquo;accepter des emplois mal pay&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. La premi&egrave;re destination, comme l&rsquo;ont constat&eacute; nos t&eacute;moins, est l&rsquo;Allemagne, et les Grecs deviendraient d&egrave;s lors des &laquo; Gastarbeiter &raquo; modernes.</p> <p>Apr&egrave;s la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux d&eacute;parts de Grecs sont li&eacute;s aux accords de recrutement de travailleurs, comme celui, par exemple, sign&eacute; le 30 mars 1960<sup><a href="#sdfootnote33sym" name="sdfootnote33anc">33</a><a href="#sdfootnote33sym" name="sdfootnote33anc">&nbsp;</a></sup>entre les gouvernements grec et allemand. Cette collaboration est toujours actuelle, mais se manifeste moins ouvertement. Le 9 juillet 2013, la Gr&egrave;ce a annonc&eacute; la suppression d&rsquo;une cinquantaine des 110 sp&eacute;cialisations propos&eacute;es par ses lyc&eacute;es et &eacute;coles professionnels. &Agrave; peine quelques semaines avant l&rsquo;annonce du d&eacute;mant&egrave;lement de la formation professionnelle grecque, le Minist&egrave;re f&eacute;d&eacute;ral allemand du Travail et des Affaires sociales (Bundesministerium f&uuml;r Arbeit und Soziales &ndash; BMAS) et l&#39;Agence f&eacute;d&eacute;rale allemande pour l&#39;Emploi (Bundesagentur f&uuml;r Arbeit &ndash; BA) annoncent la cr&eacute;ation d&rsquo;un nouveau programme,&nbsp;thejobofmylife.de, au sein du programme plus large &laquo; Mobipro-EU &raquo;, proposant aux jeunes de l&rsquo;Europe du sud une formation professionnelle et un placement professionnel en Allemagne<sup><a href="#sdfootnote34sym" name="sdfootnote34anc">34</a></sup>. Le gouvernement allemand justifie cette initiative par une actuelle p&eacute;nurie de main d&rsquo;&oelig;uvre en Allemagne pourtant contest&eacute;e par des critiques<sup><a href="#sdfootnote35sym" name="sdfootnote35anc">35</a></sup>.&nbsp;Parmi les 18 secteurs concern&eacute;s par ce programme, on retrouve des professions telles que celles supprim&eacute;es en Gr&egrave;ce, comme dans le secteur de la sant&eacute;, par exemple. Bien s&ucirc;r, pour aller se former et travailler en Allemagne, il faut d&eacute;j&agrave; avoir quelques rudiments de langue. Ce programme tient compte de ce besoin et a mis en place des fonds sp&eacute;ciaux destin&eacute;s &agrave; subventionner des cours de langue allemande en Gr&egrave;ce, avant le d&eacute;part imminent en Allemagne. La concomitance de ces deux d&eacute;cisions, &agrave; savoir le d&eacute;mant&egrave;lement de la formation professionnelle en Gr&egrave;ce et le d&eacute;veloppement en Allemagne d&rsquo;une formation professionnelle s&rsquo;adressant sp&eacute;cifiquement aux ressortissants de l&rsquo;Europe du sud, n&rsquo;est probablement pas le fait du hasard.</p> <p>De plus, les liens hell&eacute;no-germaniques au sein m&ecirc;me de l&rsquo;&eacute;tat grec seront fortifi&eacute;s dans un avenir proche : &ndash; des bourses d&rsquo;&eacute;tudes en Gr&egrave;ce, au niveau Master, financ&eacute;es par l&rsquo;entreprise Siemens<sup><a href="#sdfootnote36sym" name="sdfootnote36anc">36</a></sup>&nbsp;;&nbsp;&ndash;&nbsp;l&rsquo;annonce faite par l&rsquo;Allemagne d&rsquo;investir en Gr&egrave;ce dans l&rsquo;&eacute;nergie, en particulier, et dans d&rsquo;autres domaines tels que le march&eacute; alimentaire, l&rsquo;&eacute;clairage public et la gestion des d&eacute;chets<sup><a href="#sdfootnote37sym" name="sdfootnote37anc">37</a></sup>&nbsp;;&nbsp;&ndash;&nbsp;la cr&eacute;ation d&#39;un fonds d&#39;investissement avec l&rsquo;assistance du KfW (une banque de d&eacute;veloppement public allemand), se proposant de soutenir les entreprises allemandes qui investissent en Gr&egrave;ce<sup><a href="#sdfootnote38sym" name="sdfootnote38anc">38</a></sup>&nbsp;;&nbsp;&ndash;&nbsp;et, enfin, la cr&eacute;ation probable de filiales de la banque publique allemande Sparkasse en Gr&egrave;ce ayant pour objet de financer des pr&ecirc;ts aupr&egrave;s des investisseurs allemands dans le pays. Ainsi se r&eacute;sument ces d&eacute;pendances &eacute;conomiques envers l&rsquo;Allemagne sur lesquelles se reconstruit la Gr&egrave;ce&nbsp;d&rsquo;apr&egrave;s-crise.</p> <p>Toutes ces circonstances pr&eacute;disent une plus grande pr&eacute;sence commerciale de l&rsquo;Allemagne en Gr&egrave;ce et constituent des arguments pouvant inciter &agrave; apprendre la langue. De telles d&eacute;pendances &eacute;conomiques ne sont pas &agrave; proprement parler des politiques linguistiques. Elles jouent n&eacute;anmoins un r&ocirc;le critique dans la motivation des jeunes s&eacute;lectionnant une langue &eacute;trang&egrave;re et sont s&ucirc;rement beaucoup plus efficaces que des politiques linguistiques qui organisent le voyage d&rsquo;un minibus promotionnel &agrave; travers le pays ou la distribution de tee-shirts tamponn&eacute;s du sigle du&nbsp;Bundesschild&nbsp;ainsi que de stylos marqu&eacute;s du logotype de l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais.</p> <p>Ces liens de d&eacute;pendances sont beaucoup plus efficaces, non seulement pour la promotion et la diffusion de la langue, mais &eacute;galement pour la transmission et la propagation d&rsquo;une culture et d&rsquo;une id&eacute;ologie que v&eacute;hicule cette langue. L&rsquo;id&eacute;e que la diffusion d&rsquo;une id&eacute;ologie implique un projet&nbsp;de domination a &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment. Les &Eacute;tats-Unis, et&nbsp;a fortiori&nbsp;la langue anglaise, comme nous l&rsquo;avons vu, exercent une v&eacute;ritable h&eacute;g&eacute;monie en Gr&egrave;ce. Cependant, il s&rsquo;av&egrave;re que l&rsquo;Allemagne voudrait&nbsp;aussi&nbsp;sa part du butin, et n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; mener une v&eacute;ritable guerre, l&agrave; o&ugrave; la France semble c&eacute;der du terrain.</p> <h3>Les cons&eacute;quences humaines de la crise</h3> <p>Abordons &agrave; pr&eacute;sent la question des cons&eacute;quences humaines de cette crise qui a &eacute;t&eacute; provoqu&eacute;e par la logique marchande effr&eacute;n&eacute;e, li&eacute;e aujourd&rsquo;hui au n&eacute;olib&eacute;ralisme. Cette logique semble s&rsquo;instaurer petit &agrave; petit comme valeur unique &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle globale, de sorte qu&rsquo;elle exerce une domination intellectuelle incontest&eacute;e. Malgr&eacute; des plans de sauvetage cens&eacute;s sortir la Gr&egrave;ce de la crise, le pays s&rsquo;enfonce chaque jour plus profond&eacute;ment dans une mis&egrave;re sociale. L&rsquo;&eacute;chantillon repr&eacute;sentatif des acteurs du monde du FLE &agrave; Kavala offre, &agrave; travers les t&eacute;moignages collect&eacute;s, une repr&eacute;sentation des &eacute;preuves auxquelles sont confront&eacute;s tous ceux qui interviennent dans le domaine de l&rsquo;&eacute;ducation, et plus largement les Grecs en cette p&eacute;riode de crise.</p> <p>Quant aux acteurs &eacute;ducatifs, et en particulier les enseignants, leurs conditions de travail se d&eacute;gradent et la reconnaissance qu&rsquo;on leur t&eacute;moigne est quasiment nulle. D&rsquo;apr&egrave;s les enseignantes interrog&eacute;es, des coupes salariales, des mutations forc&eacute;es, des heures suppl&eacute;mentaires, des classes de plus en plus surcharg&eacute;es, des affectations dans plusieurs &eacute;tablissements et des menaces de licenciements sont quelques-uns des facteurs qui s&rsquo;accumulent pour former &laquo; une ambiance d&rsquo;inqui&eacute;tude &raquo;, donnant lieu aux sentiments de &laquo; pessimisme &raquo;, de &laquo; d&eacute;ception &raquo; et de &laquo; peur &raquo;. &laquo; Le gouvernement, le Fonds Mon&eacute;taire International, l&rsquo;un ou l&rsquo;autre, ou bien les deux &raquo; ont &laquo; g&acirc;ch&eacute; [la] passion &raquo; qui les animait dans leur travail, malgr&eacute; la joie que leur apportent toujours les &eacute;l&egrave;ves.&nbsp;Cette passion &laquo; se perd petit &agrave; petit, parce que physiquement, [ils] ne peuvent pas tenir le coup &raquo;. Les enseignants ont l&rsquo;impression que&nbsp;&laquo; l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; [est] constante &raquo;, comme s&rsquo;ils vivaient d&eacute;sormais dans &laquo; un cauchemar &raquo;. L&rsquo;extrait suivant, tir&eacute; de l&rsquo;entretien avec l&rsquo;enseignant 1, illustre bien la pression que subissent, en ce temps de crise, les enseignants en Gr&egrave;ce :</p> <blockquote> <p>Nous disons tous la m&ecirc;me chose. Ils ne nous permettent pas de travailler comme nous le souhaiterions. Nous vivons un cauchemar. Ils ont r&eacute;duit notre salaire &agrave; trois reprises. Je gagne &agrave; pr&eacute;sent 1 000 &euro;<sup><a href="#sdfootnote39sym" name="sdfootnote39anc">39</a></sup>&nbsp;par mois. Mais ce n&rsquo;est pas les r&eacute;ductions de salaire qui nous d&eacute;rangent le plus. Ce qui nous d&eacute;range, c&#39;est l&#39;ins&eacute;curit&eacute; dans laquelle nous vivons. Tous les jours nous entendons quelque chose de nouveau du gouvernement. On veut aller travailler, mais comment peut-on travailler avec un tel stress et une telle angoisse sur le dos ? C&rsquo;est pesant. Et les choses vont empirer avec les licenciements annonc&eacute;s. C&#39;est comme une menace qui pend au-dessus de la t&ecirc;te tous les jours. &Ccedil;a ne te ruine pas, mais &ccedil;a fait mal. Tu te dis, j&#39;ai tellement donn&eacute; et j&rsquo;ai tellement encore &agrave; donner, comment puis-je vivre dans cette crainte ?</p> </blockquote> <p>L&rsquo;angoisse dans laquelle vivent les professeurs en Gr&egrave;ce ne peut qu&rsquo;avoir des cons&eacute;quences n&eacute;gatives sur les apprenants. En effet, une des t&acirc;ches principales du professeur est de motiver ses &eacute;l&egrave;ves &agrave; vouloir apprendre, mais peut-on y parvenir efficacement lorsqu&rsquo;on est soi-m&ecirc;me en souffrance ? Cet imp&eacute;ratif de motiver est d&rsquo;autant plus important, du point de vue du professeur de langue, que la discipline fait l&rsquo;objet d&rsquo;un choix de la part de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. Madame Inachoglou affirme que &laquo; le choix de langue d&eacute;pend beaucoup du professeur. C&rsquo;est lui qui est le transmetteur, avec son charme, sa mani&egrave;re de pr&eacute;senter la langue aux &eacute;l&egrave;ves et aux parents. C&rsquo;est le protagoniste, l&rsquo;acteur le plus important. Et c&rsquo;est lui qui doit se battre contre les instituteurs, contre la communaut&eacute;, contre l&rsquo;ensemble des difficult&eacute;s actuelles &raquo;. Aussi, quand l&rsquo;&eacute;nergie et la passion des enseignants se perdent, la motivation des &eacute;l&egrave;ves se dissipe.</p> <p>Certes, tous les acteurs du monde &eacute;ducatif sont touch&eacute;s par la crise, comme quasiment tous les habitants de la Gr&egrave;ce, mais ses effets sur le travail des enseignants ont de tr&egrave;s lourdes cons&eacute;quences. En effet, les professeurs entretiennent des relations quotidiennes directes avec le jeune public, pour qui ils constituent souvent des mod&egrave;les. Comme les enfants ne peuvent mesurer l&rsquo;&eacute;tendue du marasme dans lequel a sombr&eacute; le pays, ils ont besoin de se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; leurs professeurs pour savoir comment r&eacute;agir. Avec un taux de ch&ocirc;mage &agrave; plus de 60%, les &eacute;l&egrave;ves ne peuvent envisager le futur que sous de sombres auspices, ce qui peut rel&eacute;guer dans l&rsquo;ombre les raisons de continuer &agrave; s&rsquo;investir dans ses &eacute;tudes. Il est donc important que les professeurs les accompagnent dans leurs parcours scolaires et qu&rsquo;ils les aident &agrave; retrouver le chemin de l&rsquo;espoir.&nbsp;&laquo; L&rsquo;espoir meurt en dernier &raquo;&nbsp;dit l&rsquo;adage grec et &laquo;&nbsp;Tant qu&rsquo;il y a de la vie, il y a de l&rsquo;espoir &raquo;&nbsp;dit son homologue fran&ccedil;ais.</p> <p>&Eacute;tant donn&eacute; l&rsquo;importance extr&ecirc;me de la profession d&rsquo;enseignant, il est malheureux de noter le d&eacute;ficit de reconnaissance que leur t&eacute;moigne l&rsquo;&Eacute;tat, indiff&eacute;rence qui se manifeste par des coupes budg&eacute;taires incessantes et des menaces de licenciement. Madame Inachoglou fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; cette absence de consid&eacute;ration &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des acteurs &eacute;ducatifs. D&rsquo;apr&egrave;s elle, l&rsquo;administration &laquo; [les] consid&egrave;rent comme des nombres &raquo;.&nbsp;Elle pr&eacute;voit un avenir incertain pour les enseignants de fran&ccedil;ais, &agrave; savoir la suppression graduelle de leurs postes : &laquo;&nbsp;Ils vont commencer &agrave; consolider des d&eacute;partements, des &eacute;coles, &agrave; donner d&rsquo;autres t&acirc;ches aux professeurs de fran&ccedil;ais [les faire sortir de la salle de classe]. La plupart prendront leur retraite. Les postes laiss&eacute;s vacants ne seront pas affect&eacute;s. &raquo;</p> <p>En juillet 2013, soit deux mois apr&egrave;s cet entretien, un nouveau projet de loi (d&eacute;cret minist&eacute;riel no&nbsp;4172/2013,&nbsp;&Phi;&Epsilon;&Kappa; &Alpha;΄ 16/7/2013)<sup><a href="#sdfootnote40sym" name="sdfootnote40anc">40</a></sup>, vot&eacute; le 17 juillet et publi&eacute; le 23 juillet 2013, a mis en place des mesures qui auront des cons&eacute;quences graves pour les enseignants du pays et qui justifient les craintes de nos t&eacute;moins. Ce projet de loi r&eacute;sulte d&rsquo;une strat&eacute;gie budg&eacute;taire &agrave; moyen terme, couvrant les ann&eacute;es 2013 &agrave; 2016<sup><a href="#sdfootnote41sym" name="sdfootnote41anc">41</a></sup>, exig&eacute;e par la &laquo; Tro&iuml;ka &raquo; en &eacute;change du versement d&rsquo;une nouvelle tranche d&rsquo;aide<sup><a href="#sdfootnote42sym" name="sdfootnote42anc">42</a></sup>. Dans le cadre de ce nouveau budget, on pr&eacute;voitl&rsquo;assainissement des finances publiques,&nbsp;ce qui se traduit par des mises en &laquo; disponibilit&eacute; &raquo; et la &laquo; mobilit&eacute; &raquo; des fonctionnaires, &agrave; savoir la mise en &laquo; disponibilit&eacute; &raquo; de 12 500 personnes avant fin septembre 2013, et l&rsquo;&eacute;ventuelle suppression de 15 000 postes au cours de l&rsquo;ann&eacute;e 2013-2014<sup><a href="#sdfootnote43sym" name="sdfootnote43anc">43</a></sup>. Parmi les cons&eacute;quences de ces mesures, celles qui touchent l&rsquo;&Eacute;ducation nationale sont les suivantes :</p> <ul> <li>l&rsquo;augmentation des heures d&rsquo;enseignement de deux heures ;</li> <li>la fermeture de 118 &eacute;coles maternelles et primaires (31 &eacute;coles primaires et 87 maternelles) ;</li> <li>la fusion de 17 &eacute;coles primaires et 12 &eacute;coles maternelles ;</li> <li>la suppression d&rsquo;une cinquantaine de d&eacute;partements dans les lyc&eacute;es techniques ;</li> <li>la fermeture et la fusion de lyc&eacute;es techniques ;</li> <li>pr&egrave;s de 2 500 enseignants des lyc&eacute;es techniques plac&eacute;s en &laquo; disponibilit&eacute; &raquo; pendant 8 mois, dur&eacute;e pendant laquelle ils seront pay&eacute;s 75 % de leur salaire, ce qui aboutira &agrave; une mutation dans une autre administration, &agrave; temps partiel, mais plus vraisemblablement au licenciement si un poste ne leur est pas trouv&eacute; dans l&rsquo;ann&eacute;e ;</li> <li>la mutation de 4 933 enseignants jug&eacute;s &laquo; surnum&eacute;raires &raquo; du niveau secondaire vers le primaire (dont 200 enseignants de fran&ccedil;ais).</li> </ul> <p>Les craintes de nos professeurs ne reposent pas sur de simples menaces, elles d&eacute;crivent une r&eacute;alit&eacute; authentique. Nous constatons que, &agrave; partir de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2013-2014, un grand nombre de personnels &eacute;ducatifs seront plac&eacute;s en &laquo; disponibilit&eacute; &raquo;<sup><a href="#sdfootnote44sym" name="sdfootnote44anc">44</a></sup>, ou licenci&eacute;s. Maints autres qui seront mut&eacute;s devront bient&ocirc;t se d&eacute;placer sur de longues distances ou d&eacute;m&eacute;nager dans une autre ville, et ce &agrave; leurs frais, s&rsquo;ils ne veulent pas &ecirc;tre licenci&eacute;s. Nul doute que les effets imm&eacute;diats de ce projet de loi sont graves pour les Grecs et que les r&eacute;percussions &agrave; long terme seront encore plus d&eacute;sastreuses. La diminution du nombre d&rsquo;enseignants dans les &eacute;tablissements scolaires se traduira par un gonflement de la taille des classes, ce qui entra&icirc;nera une charge de travail accrue pour les professeurs et une plus grande difficult&eacute; &agrave; g&eacute;rer les &eacute;l&egrave;ves. Il en r&eacute;sultera une grave d&eacute;gradation du syst&egrave;me scolaire grec et, en fin de compte, l&rsquo;effondrement du niveau scolaire des g&eacute;n&eacute;rations actuelles et futures.</p> <h3>Initiatives autogestionnaires</h3> <p>Face &agrave; l&rsquo;impuissance de l&rsquo;&Eacute;tat grec &agrave; aider sa population, celle-ci a d&eacute;cid&eacute;, dans la mesure de ses moyens, de prendre les choses en main. Cette prise de conscience s&rsquo;est traduite par de nombreuses initiatives populaires, apparues l&agrave; o&ugrave; le syst&egrave;me social &eacute;tatique, soumis &agrave; la logique n&eacute;olib&eacute;rale, faisait d&eacute;faut. Un exemple de ces initiatives se rattache &agrave; notre domaine : pour augmenter le nombre d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves en fran&ccedil;ais, les enseignants de Kavala coordonnent, &agrave; titre b&eacute;n&eacute;vole, un atelier de promotion de la langue fran&ccedil;aise. Les mat&eacute;riaux p&eacute;dagogiques dont ils disposent sont financ&eacute;s par la Maison d&rsquo;Antoinette (Association ind&eacute;pendante de l&rsquo;amiti&eacute; Franco-Hell&eacute;nique d&rsquo;Alexandroupolis, ville voisine de Kavala). Cet atelier a lieu dans une salle du PEK de Kavala, le Centre r&eacute;gional de formation des professeurs, &agrave; raison d&rsquo;une fois par mois, au deuxi&egrave;me semestre. Il est organis&eacute; par la conseill&egrave;re-p&eacute;dagogique de la r&eacute;gion et par les enseignants de divers &eacute;tablissements scolaires de Kavala. Les professeurs y animent aupr&egrave;s des enfants des activit&eacute;s ludiques dans les quatres premi&egrave;res ann&eacute;es de l&rsquo;&eacute;cole primaire, afin de les orienter dans leur choix &eacute;ventuel de deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re en cinqui&egrave;me et sixi&egrave;me ann&eacute;es du primaire. Bien qu&rsquo;il y ait des implications directes uniquement pour les enseignants du niveau primaire (puisque la continuit&eacute; du parcours de langues n&rsquo;est pas assur&eacute;e entre les &eacute;tablissements scolaires), les professeurs de coll&egrave;ge et de lyc&eacute;e se portent &eacute;galement volontaire &agrave; cette initiative d&rsquo;&eacute;veil &agrave; la langue fran&ccedil;aise.</p> <p>Une autre initiative qui contribue grandement &agrave; donner une bonne image de cette langue est le spectacle de fin d&rsquo;ann&eacute;e, &eacute;v&eacute;nement organis&eacute;, dans un th&eacute;&acirc;tre de Kavala, par les professeurs de fran&ccedil;ais. Tout au long de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire, les &eacute;l&egrave;ves de chaque classe de fran&ccedil;ais pr&eacute;parent une chanson, un po&egrave;me ou un extrait d&rsquo;une pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre destin&eacute;s &agrave; &ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute;s sur sc&egrave;ne. Ce n&rsquo;est pas simplement l&rsquo;occasion d&rsquo;&eacute;valuer les capacit&eacute;s d&rsquo;expression des &eacute;l&egrave;ves. Cette manifestation est bien plus que cela. Le temps d&rsquo;une soir&eacute;e, elle cr&eacute;e une v&eacute;ritable communaut&eacute; : les familles et les amis des &eacute;l&egrave;ves sont invit&eacute;s &agrave; venir appr&eacute;cier les talents linguistiques et artistiques des &eacute;l&egrave;ves de fran&ccedil;ais de la ville. Effectivement, l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement attire un public cons&eacute;quent.</p> <p>Du point de vue p&eacute;dagogique, l&rsquo;autogestion qui semble se mettre en place aujourd&rsquo;hui en Gr&egrave;ce est &eacute;galement &eacute;vidente dans les &eacute;tablissements scolaires et les salles de classe. Le manque d&rsquo;aide financi&egrave;re et l&rsquo;absence de consid&eacute;ration individuelle et collective de la part de l&rsquo;&Eacute;tat envers les acteurs du domaine &eacute;ducatif am&egrave;nent les enseignants &agrave; se doter d&rsquo;une autonomie de plus en plus importante. Celle-ci se met en place non seulement au plan de la promotion de la langue, comme dans les exemples cit&eacute;s ci-dessus, mais &eacute;galement dans la planification et l&rsquo;animation des cours, ainsi que dans le domaine administratif. Ce dernier exemple r&eacute;sulte du fait que dans beaucoup d&rsquo;&eacute;coles, le personnel de bureau fait d&eacute;faut. Les professeurs sont alors oblig&eacute;s de remplir des fonctions autres que celle qui leur est d&eacute;volue, afin d&rsquo;assurer le bon d&eacute;roulement de l&rsquo;exp&eacute;rience scolaire des &eacute;l&egrave;ves. En ce qui concerne la planification p&eacute;dagogique, l&rsquo;autonomie &agrave; ce niveau se manifeste &agrave; travers l&rsquo;ing&eacute;niosit&eacute; dont les professeurs doivent d&eacute;sormais faire preuve dans l&rsquo;animation de leurs cours, et ce du fait de l&rsquo;insuffisance des ressources p&eacute;dagogiques disponibles, comme le constatent les informateurs de cette &eacute;tude, ou &agrave; cause des carences de l&rsquo;administration, telle l&rsquo;inexistence du deuxi&egrave;me tome du manuel de fran&ccedil;ais au coll&egrave;ge.</p> <p>En dernier lieu, l&rsquo;imp&eacute;ratif de motiver et d&rsquo;attirer plus d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves fait que les professeurs eux-m&ecirc;mes se mobilisent davantage afin de dynamiser leurs m&eacute;thodes p&eacute;dagogiques. On assiste donc &agrave; un renouvellement des pratiques et &agrave; un rejet des m&eacute;thodes traditionnelles. C&rsquo;est l&agrave; une cons&eacute;quence tout &agrave; fait positive de l&rsquo;autonomie aigu&euml; qui se d&eacute;veloppe &agrave; l&rsquo;heure actuelle. Un autre r&eacute;sultat remarquable est une solidarit&eacute; accrue entre les individus, et la cr&eacute;ation de liens communautaires plus forts. Par exemple, j&rsquo;ai rencontr&eacute; &agrave; Larissa, dans la p&eacute;riph&eacute;rie de Thessalie, Maria Tsaprali, un professeur de fran&ccedil;ais qui se porte volontaire depuis quelques ann&eacute;es pour&nbsp;des cours particuliers b&eacute;n&eacute;voles pour des personnes qui n&rsquo;ont plus les moyens de s&rsquo;instruire. Les cours ont lieu &agrave; l&rsquo;espace &laquo; Paratodas &raquo;, un des nombreux centres sociaux autog&eacute;r&eacute;s apparus en Gr&egrave;ce depuis l&rsquo;av&egrave;nement de la crise, afin de combattre les effets nocifs de l&rsquo;aust&eacute;rit&eacute;<sup><a href="#sdfootnote45sym" name="sdfootnote45anc">45</a></sup>. La plupart de ses &eacute;l&egrave;ves sont des jeunes gens faisant partie des 62,5% de ch&ocirc;meurs en dessous de 25 ans.&nbsp;Si ces derniers pensent n&#39;&ecirc;tre plus rien sans argent, Maria les aide &agrave; prendre conscience de leurs ressources int&eacute;rieures en leur ouvrant l&#39;esprit. Il est important d&rsquo;appr&eacute;cier &agrave; sa juste valeur ce redoublement d&rsquo;efforts de la part des professeurs et leur ind&eacute;niable courage, surtout face au stress, &agrave; l&rsquo;angoisse et &agrave; la fatigue provenant de difficult&eacute;s croissantes issues de la crise.</p> <h2>Quelques conclusions</h2> <p>Mon intention initiale &eacute;tait d&rsquo;identifier les cons&eacute;quences de la crise grecque dans le domaine du Fran&ccedil;ais Langue &Eacute;trang&egrave;re et l&rsquo;hypoth&egrave;se que j&rsquo;avais formul&eacute;e &eacute;tait que la crise avait provoqu&eacute; une diminution de la diversit&eacute; linguistique dans le milieu scolaire. L&rsquo;ensemble des entretiens collect&eacute;s pour cette &eacute;tude de cas et l&rsquo;examen des divers documents r&eacute;unis m&rsquo;ont permis de la confirmer.&nbsp;L&agrave; o&ugrave; les Grecs apprenaient historiquement au moins deux langues secondes (en parfaite conformit&eacute; avec la politique linguistique &eacute;ducative de plurilinguisme), la possibilit&eacute; de ce choix se restreint de plus en plus, et para&icirc;t tendre lentement vers un monolinguisme centr&eacute; sur l&rsquo;anglais et une diminution de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t accord&eacute; au fran&ccedil;ais.</p> <p>La plupart des personnes interrog&eacute;es consid&egrave;rent cette langue comme associ&eacute;e &agrave; une certaine &eacute;rudition, comme donnant l&rsquo;image de la beaut&eacute;. Nombreux sont ceux qui la jugent importante pour son aspect litt&eacute;raire et intellectuel. Pourtant, ce ne sont pas l&agrave; les valeurs que l&rsquo;on embrasse aujourd&rsquo;hui. La popularit&eacute; du fran&ccedil;ais en Gr&egrave;ce ne peut donc gu&egrave;re se comparer &agrave; celle de l&rsquo;anglais, langue &laquo; internationale &raquo;, dont le succ&egrave;s est li&eacute; &agrave; la domination &eacute;conomique et culturelle des id&eacute;aux n&eacute;olib&eacute;raux, &agrave; l&rsquo;extension de l&rsquo;&Eacute;tat-nation am&eacute;ricain au plan global. Cette domination dure depuis plusieurs d&eacute;cennies (et se poursuit malgr&eacute; l&rsquo;&eacute;mergence de nouvelles puissances), la perte d&rsquo;influence du fran&ccedil;ais n&rsquo;est donc pas un ph&eacute;nom&egrave;ne nouveau. Cependant, d&rsquo;apr&egrave;s les donn&eacute;es collect&eacute;es lors de cette &eacute;tude, il semble que ce d&eacute;clin du fran&ccedil;ais en Gr&egrave;ce s&rsquo;acc&eacute;l&egrave;re sous l&rsquo;effet de la crise. Face&nbsp;aux conjonctures f&acirc;cheuses de la situation actuelle, les m&eacute;nages grecs doivent faire des concessions afin de subvenir &agrave; leurs besoins, et il en est de m&ecirc;me dans le domaine des langues &eacute;trang&egrave;res.</p> <p>Par ailleurs, le statut du fran&ccedil;ais c&egrave;de &eacute;galement du terrain face &agrave; la mont&eacute;e de l&rsquo;allemand. Ce fait est directement li&eacute; &agrave; l&rsquo;influence croissante du commerce allemand en Gr&egrave;ce et &agrave; la &laquo; domination &raquo; qu&rsquo;exerce ce pays sur le continent europ&eacute;en. La popularit&eacute; de l&rsquo;allemand est surtout sensible en Gr&egrave;ce du Nord, du fait d&rsquo;une longue tradition migratoire vers ce pays. Le mouvement de travailleurs grecs est de nouveau tr&egrave;s actif.</p> <p>Que doivent faire, dans ce contexte, les enseignants, les apprenants et les autres acteurs du monde du FLE en Gr&egrave;ce, eux dont la langue ne correspond pas aux valeurs soi-disant n&eacute;cessaires pour la survie de chacun ? Cette question implique &eacute;galement les Fran&ccedil;ais, en tant qu&rsquo;individus et en tant que soci&eacute;t&eacute;. Il est, en effet, dans leur int&eacute;r&ecirc;t de diffuser leur langue. Comment pourrait-on fermer les yeux en esp&eacute;rant que les probl&egrave;mes se r&egrave;gleront tout seuls, comme si l&rsquo;on pouvait s&rsquo;abandonner au laisser-faire soci&eacute;tal et linguistique ?</p> <p>Il est vrai que&nbsp;l&rsquo;argument &eacute;conomique peut sembler toujours l&eacute;gitime puisque, selon l&rsquo;adage bien connu, &laquo;&nbsp;l&rsquo;argent fait tourner le monde &raquo;.&nbsp;Partant donc de l&rsquo;id&eacute;e que cette logique marchande est in&eacute;luctable, la France, pour reconqu&eacute;rir une position favorable sur le march&eacute; grec, devrait mettre en place une strat&eacute;gie active de promotion de sa langue et de sa culture &agrave; travers des dispositifs &eacute;conomiques. &Agrave; l&rsquo;instar de l&rsquo;Allemagne, dont l&rsquo;acharnement lui vaut d&rsquo;occuper &agrave; pr&eacute;sent une place dominante dans le march&eacute; grec, malgr&eacute; l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie &eacute;vidente des &Eacute;tats-Unis, la France a tout &agrave; gagner &agrave; faire appel &agrave; son industrie pour d&eacute;velopper une politique linguistique performante en Gr&egrave;ce. Cependant, il ne suffit pas d&rsquo;accorder davantage de fonds pour la promotion de la langue (c&rsquo;est par exemple la strat&eacute;gie de Bosch et de Mercedes-Benz qui financent le programme de promotion linguistique, le&nbsp;Deutschmobil), il est aussi indispensable de mieux soutenir les acteurs &eacute;ducatifs en Gr&egrave;ce, lesquels jouent le r&ocirc;le de transmetteur de la langue et de la culture. Un appui financier plus important destin&eacute; aux ressources p&eacute;dagogiques et &agrave; des programmes divers profitera aux apprenants grecs, futurs &laquo; consommateurs &raquo; de la soci&eacute;t&eacute; globale, dans l&rsquo;hypoth&egrave;se, bien s&ucirc;r, o&ugrave; cette crise arrivera &agrave; son terme, o&ugrave; la &laquo; croissance &raquo; et la consommation seront r&eacute;tablies.</p> <p>Mais, en essayant de stopper le d&eacute;clin de la langue fran&ccedil;aise gr&acirc;ce &agrave; des strat&eacute;gies de commer&ccedil;ant, ne risque-t-on pas d&rsquo;embrouiller davantage les probl&egrave;mes &eacute;conomiques et soci&eacute;taux que traversent les acteurs du FLE ? Ce ne serait donc qu&rsquo;une solution provisoire. La limitation programm&eacute;e de la diversit&eacute; &eacute;tant &agrave; la base des probl&egrave;mes actuels, la reproduction du m&ecirc;me mod&egrave;le sous un autre nom serait n&eacute;faste. Il semble pr&eacute;f&eacute;rable de faire fleurir des attitudes favorables &agrave; la diversit&eacute;, que ce soit de nouveaux courants de pens&eacute;e ou de nouveaux modes de vie, et d&rsquo;assurer pour chaque individu un v&eacute;ritable choix d&eacute;mocratique, des possibilit&eacute;s d&rsquo;action. La discipline des langues &eacute;trang&egrave;res constitue une opportunit&eacute; int&eacute;ressante de promouvoir ces valeurs universelles, lesquelles pr&eacute;sentent des couleurs diverses selon la langue et la culture.</p> <p>Si, par cons&eacute;quent, nous tenons &agrave; une &eacute;ducation qui encourage le d&eacute;veloppement &eacute;galitaire de tous les citoyens du monde, et non pas une &eacute;ducation qui ne vise que le profit &eacute;conomique, nous promouvrons justement les valeurs qui sont associ&eacute;es &agrave; la langue fran&ccedil;aise, &agrave; savoir celles d&rsquo;&eacute;rudition et de beaut&eacute;, d&rsquo;humanisme, parce que ce sont ces valeurs, bien qu&rsquo;elles soient aujourd&rsquo;hui jug&eacute;es peu utiles, qui nous aideront &agrave; changer de logique. C&rsquo;est l&agrave; un postulat essentiel pour sortir de la crise.</p> <p>Ce changement d&rsquo;attitude, aboutissant &agrave; un changement de logique dominante, n&eacute;cessite un travail de d&eacute;mant&egrave;lement des st&eacute;r&eacute;otypes, des repr&eacute;sentations trompeuses, et des paralogismes qui servent les int&eacute;r&ecirc;ts du march&eacute;, afin de pouvoir ensuite lib&eacute;rer des modes de pens&eacute;e plus sains. Bien s&ucirc;r, tout cela implique un travail immense et exige des individus capables, c&rsquo;est-&agrave;-dire des &eacute;ducateurs qui ne sont pas eux-m&ecirc;mes assujettis &agrave; des sch&eacute;mas de pens&eacute;e born&eacute;s, qui savent transmettre des valeurs plus &eacute;galitaires. Il faut donc revaloriser le statut de l&rsquo;enseignant, pr&eacute;voir une formation ad&eacute;quate, une r&eacute;num&eacute;ration juste, une reconnaissance g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;importance de la profession, afin d&rsquo;attirer les individus les plus comp&eacute;tents. Cependant, pour que tout cela soit possible, il faudra un r&eacute;seau de soutien, voire de solidarit&eacute;, un syst&egrave;me soci&eacute;tal et politique, qui n&rsquo;existent malheureusement&nbsp;pas&nbsp;aujourd&rsquo;hui.</p> <p>Beaucoup reste donc &agrave; faire pour surmonter les difficult&eacute;s que traverse actuellement le FLE en Gr&egrave;ce : la fragilit&eacute; du statut de la langue fran&ccedil;aise et la menace que cette langue devienne une mati&egrave;re scolaire d&eacute;su&egrave;te.&nbsp;Le projet autogestionnaire mis en place par les professeurs de fran&ccedil;ais pourrait permettre d&rsquo;assurer, dans une certaine mesure, non seulement la perp&eacute;tuit&eacute; de la langue et des valeurs que l&rsquo;on y attache, mais encore de sauver les emplois des acteurs du FLE en Gr&egrave;ce, et donc leur dignit&eacute;.</p> <p>Je conclurai en disant que la situation du FLE en Gr&egrave;ce, avec ses peines et ses joies, peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme un miroir de la situation g&eacute;n&eacute;rale du pays. Une situation d&eacute;plorable, une vraie trag&eacute;die, de laquelle n&eacute;anmoins &eacute;merge un chemin vers une autre r&eacute;alit&eacute;. Il ne s&rsquo;agit nullement d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; unique, elle se manifestera au contraire comme aussi diverse qu&rsquo;il y a de variations culturelles et de langues, qu&rsquo;il y a de communaut&eacute;s solidaires, peut-&ecirc;tre m&ecirc;me que l&rsquo;on peut compter d&rsquo;individus dans la nouvelle soci&eacute;t&eacute; globale.</p> <hr /> <h2>Notes</h2> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>&nbsp;Cet article est tir&eacute; de mon m&eacute;moire de Master 2 proFLE, 2012-2013. J&rsquo;adresse des remerciements &agrave; Maria Papanikolaou, mon professeur r&eacute;f&eacute;rent en Gr&egrave;ce, pour son soutien et ses pr&eacute;cieux conseils durant les six mois de mon s&eacute;jour &agrave; Kavala ; &agrave; mon professeur r&eacute;f&eacute;rent &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Paul-Val&eacute;ry, Madame Ksenija Djordjević L&eacute;onard, sociolinguiste et sp&eacute;cialiste des Balkans ; &agrave; Monsieur Jean-Marie Prieur, chercheur et professeur, pour ses cours passionnants d&rsquo;anthropologie du langage ; et finalement, &agrave; tous les acteurs du FLE en Gr&egrave;ce qui ont eu l&rsquo;amabilit&eacute; de me faire part de leurs r&eacute;flexions personnelles, de leurs angoisses et de leurs esp&eacute;rances, dans le cadre des entretiens destin&eacute;s &agrave; ma recherche.</p> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a>&nbsp;Nome = division administrative en Gr&egrave;ce &eacute;quivalente au d&eacute;partement en France, de niveau inf&eacute;rieur &agrave; la p&eacute;riph&eacute;rie. 51 nomes sont organis&eacute;es en 13 p&eacute;riph&eacute;ries, ou &laquo; r&eacute;gions &raquo;.</p> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>&nbsp;APLF,&nbsp;f&eacute;vrier-mars-avril 2011,&nbsp;&laquo; Communiqu&eacute; de presse du 25/04/2011 sur le th&egrave;me du nouveau lyc&eacute;e &raquo;, dans&nbsp;<em>Communication</em>,&nbsp;<em>n&deg;110</em>, pp. 10-11.</p> <p><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique, D&eacute;cret minist&eacute;riel n&deg;111800/&Gamma;2-2/9/2008,&nbsp;<em>Th&egrave;me : l&rsquo;enseignement de l&rsquo;italien dans le syst&egrave;me scolaire public</em>.</p> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique, D&eacute;cret minist&eacute;riel n&deg;105957/&Gamma;2/03/09/2009,&nbsp;<em>Th&egrave;me : l&rsquo;enseignement de l&rsquo;espagnol dans le syst&egrave;me scolaire public</em>,&nbsp;<a href="http://dide.lef.sch.gr/docs/2009/ypepth/EG/EG.2009.09.03.105957-G2.pdf">http://dide.lef.sch.gr/docs/2009/ypepth/EG/EG.2009.09.03.105957-G2.pdf</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a>&nbsp;Les manuels de fran&ccedil;ais, comme la plupart des manuels de l&rsquo;&eacute;ducation nationale grecque, sont maintenant accessibles en ligne. Cependant, en consultant la page r&eacute;serv&eacute;e au manuel de deuxi&egrave;me ann&eacute;e de coll&egrave;ge, on d&eacute;couvre le message suivant : &laquo; pas disponible sous forme num&eacute;rique &raquo;. Pour acc&eacute;der &agrave; ces livres, il suffit de suivre les liens ci-dessous :&nbsp;&ndash; manuel de premi&egrave;re ann&eacute;e :&nbsp;<a href="http://ebooks.edu.gr/modules/ebook/show.php/DSGYM-A108/314/2130,7695/unit=504">http://ebooks.edu.gr/modules/ebook/show.php/DSGYM-A108/314/2130,7695/unit=504</a>&nbsp;; &ndash; manuel fant&ocirc;me de deuxi&egrave;me ann&eacute;e :&nbsp;<a href="http://ebooks.edu.gr/2013/tautotita.php?course=DSGYM-B119">http://ebooks.edu.gr/2013/tautotita.php?course=DSGYM-B119</a>&nbsp;; &ndash; manuel de troisi&egrave;me ann&eacute;e :&nbsp;<a href="http://ebooks.edu.gr/modules/ebook/show.php/DSGYM-C110/328/2228,8305/">http://ebooks.edu.gr/modules/ebook/show.php/DSGYM-C110/328/2228,8305/</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a>&nbsp;Nesse, 2011,&nbsp;<em>The Challenge of Shadow Education: Private tutoring and its implications for policy makers in the European Union</em>, European Commission, p.13.</p> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a>&nbsp;Jean-Claude Beacco, Michael Byram, 2007, [2003],&nbsp;<em>Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration de politiques &eacute;ducatives en Europe : de la diversit&eacute; linguistique &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue</em>,&nbsp;Strasbourg, Conseil de l&rsquo;Europe, Division des Politiques linguistiques, p.7.</p> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a>&nbsp;Idem.</p> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a>&nbsp;Commission Europ&eacute;enne,&nbsp;Langues,&nbsp;<a href="http://ec.europa.eu/languages/index_fr.htm">http://ec.europa.eu/languages/index_fr.htm</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a>&nbsp;Conseil de l&rsquo;Europe, 2001,&nbsp;<em>Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues, apprendre, enseigner, &eacute;valuer</em>,&nbsp;Division des Politiques Linguistiques de Strasbourg, Paris, Didier, p.129.</p> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a>&nbsp;Antoine de Rivarol, 3 juin 1784,&nbsp;Discours sur l&rsquo;Universalit&eacute; de la langue fran&ccedil;aise, texte &eacute;crit pour le concours de l&rsquo;Acad&eacute;mie de Berlin,&nbsp;<a href="http://pourlhistoire.com/docu/discours.pdf">http://pourlhistoire.com/docu/discours.pdf</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a>&nbsp;Chrysanthi&nbsp;Inachoglou,&nbsp;<em>Politiques linguistiques dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif grec</em>,&nbsp;<a href="http://dide-v.thess.sch.gr/portal/index.php?option=com_docman&amp;task=doc_download&amp;gid=506">http://dide-v.thess.sch.gr/portal/index.php?option=com_docman&amp;task=doc_download&amp;gid=506</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a>&nbsp;France Diplomatie, 4 janvier 2013,&nbsp;<em>La France et la Gr&egrave;ce</em>&nbsp;(dossier pays),&nbsp;<a href="http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/grece/la-france-et-la-grece/">http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/grece/la-france-et-la-grece/</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15</a>&nbsp;France Diplomatie, 4 janvier 2013,&nbsp;<em>La France et la Gr&egrave;ce</em>&nbsp;(dossier pays),&nbsp;<a href="http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/grece/la-france-et-la-grece/">http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/grece/la-france-et-la-grece/</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16</a>&nbsp;Institut Fran&ccedil;ais de Gr&egrave;ce,&nbsp;<em>Qui sommes-nous ?</em>,&nbsp;<a href="http://www.ifa.gr/index.php/fr/qui-sommes-nous/lifg-presentation">http://www.ifa.gr/index.php/fr/qui-sommes-nous/lifg-presentation</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17</a>&nbsp;France Diplomatie, 3 f&eacute;vrier, 2013,&nbsp;<em>Entretien de Laurent Fabius avec Dimitris Avramopoulos, ministre des Affaires &eacute;trang&egrave;res de la R&eacute;publique hell&eacute;nique</em>,&nbsp;<a href="http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/grece/la-france-et-la-grece/visites-8579/article/entretien-de-laurent-fabius-avec-105048">http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/grece/la-france-et-la-grece/visites-8579/article/entretien-de-laurent-fabius-avec-105048</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18</a>&nbsp;France Diplomatie, 4 janvier 2013,&nbsp;<em>op. cit</em>.</p> <p><a href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19</a>&nbsp;N.B. Cette colonne de gauche figure les remarques d&rsquo;un seul professeur, la colonne de droite rassemble les commentaires de divers acteurs interrog&eacute;s.</p> <p><a href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20</a>&nbsp;Henri Boyer, 2001,&nbsp;<em>Introduction &agrave; la sociolinguistique</em>,&nbsp;Paris, Dunod, p.43.</p> <p><a href="#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">21</a>&nbsp;Rudolph C.&nbsp;Troike, 1977 : 2, cit&eacute; dans Robert Phillipson, 1992,<em>&nbsp;Linguistic Imperialism</em>,&nbsp;Oxford University Press, p.7 (traduction personnelle).</p> <p><a href="#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">22</a>&nbsp;Robert Phillipson, 1992,<em>&nbsp;Linguistic Imperialism</em>,&nbsp;Oxford University Press, p.133 (traduction personnelle).</p> <p><a href="#sdfootnote23anc" name="sdfootnote23sym">23</a>&nbsp;King, 1961 : 22, cit&eacute; dans&nbsp;idem.</p> <p><a href="#sdfootnote24anc" name="sdfootnote24sym">24</a>&nbsp;King, 1961 : 16, cit&eacute; dans&nbsp;<em>op. cit.</em></p> <p><a href="#sdfootnote25anc" name="sdfootnote25sym">25</a>&nbsp;Cf. Henri Boyer, 2001, Introduction &agrave; la sociolinguistique, Paris, Dunod. p.43.</p> <p><a href="#sdfootnote26anc" name="sdfootnote26sym">26</a>&nbsp;Le primat accord&eacute; au march&eacute;, l&rsquo;exigence de d&eacute;r&eacute;glementation, la non-intervention de l&rsquo;&Eacute;tat. Cette philosophie politique permet de l&eacute;gitimer le &laquo; capitalisme de march&eacute; effr&eacute;n&eacute; qui a fait des ravages &agrave; la fois sur les pays en d&eacute;veloppement &agrave; travers les politiques d&#39;ajustement structurel du&nbsp;Consensus de Washington&nbsp;et, plus r&eacute;cemment, en provoquant la crise financi&egrave;re qui a mis l&#39;&eacute;conomie mondiale &agrave; genoux en 2008 &raquo;. voir :&nbsp;Daniel Stedman Jones, 18 mars 2013, &laquo; The American Roots of Neoliberalism &raquo; (&laquo; Les racines am&eacute;ricaines du N&eacute;olib&eacute;ralisme &raquo;),&nbsp;<em>The History News Network</em>, George Mason University,&nbsp;<a href="http://hnn.us/articles/american-roots-neoliberalism">http://hnn.us/articles/american-roots-neoliberalism</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote27anc" name="sdfootnote27sym">27</a>&nbsp;Abram De Swaan, 2001 : 51 cit&eacute; dans&nbsp;Henri Boyer,&nbsp;&laquo; Gestion des plurilinguismes &raquo;,&nbsp;Module interactive en ligne,&nbsp;<a href="http://uoh.univ-montp3.fr/politiques_linguistiques/co/module_Po%20Ling_7.html">http://uoh.univ-montp3.fr/politiques_linguistiques/co/module_Po%20Ling_7.html</a>. Site consult&eacute; en juin 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote28anc" name="sdfootnote28sym">28</a>&nbsp;En 2001, d&eacute;j&agrave;, et plus tard en 2008, Anna Diamantopoulou, ancien commissaire europ&eacute;en, responsable de l&rsquo;emploi et des affaires sociales, puis ministre de l&rsquo;&eacute;ducation (2009-2012), proposa l&#39;institutionnalisation de l&rsquo;anglais comme deuxi&egrave;me langue officielle de la Gr&egrave;ce, projet qui d&eacute;clencha de vives pol&eacute;miques. Aujourd&rsquo;hui, elle nie ce fait et maintient que sa proposition portait plut&ocirc;t sur le renforcement des connaissances de la langue anglaise en tant que langue &eacute;trang&egrave;re que sur son &eacute;tablissement en tant que langue officielle.</p> <p><a href="#sdfootnote29anc" name="sdfootnote29sym">29</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique,&nbsp;D&eacute;cret minist&eacute;riel n&deg;&Phi;.52/283/56200/&Gamma;1&nbsp;du 23/04/2013, th&egrave;me : l&rsquo;enseignement de langues &eacute;trang&egrave;res &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire (ann&eacute;e scolaire 2013-2014),<a href="http://edu.klimaka.gr/leitoyrgia-sxoleivn/dimotiko/706-leitoyrgia-dhmotika-didaskalia-devterhs-xenhs-glwssas.html">http://edu.klimaka.gr/leitoyrgia-sxoleivn/dimotiko/706-leitoyrgia-dhmotika-didaskalia-devterhs-xenhs-glwssas.html</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote30anc" name="sdfootnote30sym">30</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique,&nbsp;D&eacute;cret minist&eacute;riel n&deg;&Phi;. 22.1/3024&alpha;&nbsp;du 10/7/2013,&nbsp;<em>Th&egrave;me : l&rsquo;enseignement de la deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re dans les &eacute;coles primaires de la p&eacute;riph&eacute;rie de Mac&eacute;doine-Orientale-et-Thrace</em>,<em>&nbsp;l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2013-2014</em>,&nbsp;<a href="http://static.diavgeia.gov.gr/doc/%CE%92%CE%9B419-3%CE%A30">http://static.diavgeia.gov.gr/doc/%CE%92%CE%9B419-3%CE%A30</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote31anc" name="sdfootnote31sym">31</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique,&nbsp;Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation grec,&nbsp;Statistiques pour les frontistiria de secondaires et de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur et pour les centres de langues &eacute;trang&egrave;res de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2012-2013,&nbsp;<a href="http://www.minedu.gov.gr/idiwtikh-ekpaideysh/2012-2013.html">http://www.minedu.gov.gr/idiwtikh-ekpaideysh/2012-2013.html</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote32anc" name="sdfootnote32sym">32</a>&nbsp;Commission Europ&eacute;enne, 2012,&nbsp;Eurobarom&egrave;tre 386,&nbsp;<em>Europeans and their languages : Greece</em>,&nbsp;<a href="http://ec.europa.eu/languages/documents/eurobarometer/e386-factsheets-el_en.pdf">http://ec.europa.eu/languages/documents/eurobarometer/e386-factsheets-el_en.pdf</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote33anc" name="sdfootnote33sym">33</a>&nbsp;Evanthia Kairi, 2011,&nbsp;<em>&Xi;&epsilon;&nu;&iota;&tau;&epsilon;&mu;ό&sigmaf;, &Mu;&epsilon;&tau;&alpha;&nu;ά&sigma;&tau;&epsilon;&upsilon;&sigma;&eta;, &Gamma;&upsilon;&rho;&iota;&sigma;&mu;ό&sigmaf; &ndash; &Eta; &pi;&rho;ώ&tau;&eta; &kappa;&alpha;&iota; &eta; &delta;&epsilon;ύ&tau;&epsilon;&rho;&eta; &pi;&alpha;&tau;&rho;ί&delta;&alpha;&nbsp;(L&#39;&eacute;migration, l&#39;immigration, le retour &ndash; La premi&egrave;re et la deuxi&egrave;me patrie)</em>,&nbsp;<a href="http://www.goethe.de/ins/gr/lp/kul/dug/gid/el7906827.htm">http://www.goethe.de/ins/gr/lp/kul/dug/gid/el7906827.htm</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote34anc" name="sdfootnote34sym">34</a>&nbsp;DW.de, 26 juin 2013, &laquo; Formation professionnelle pour des jeunes de la Gr&egrave;ce &raquo;,&nbsp;<a href="http://www.dw.de/">http://www.dw.de</a>/&epsilon;&pi;&alpha;&gamma;&gamma;&epsilon;&lambda;&mu;&alpha;&tau;&iota;&kappa;ή-&epsilon;&kappa;&pi;&alpha;ί&delta;&epsilon;&upsilon;&sigma;&eta;-&nu;έ&omega;&nu;-&alpha;&pi;ό-&tau;&eta;&nu;-&epsilon;&lambda;&lambda;ά&delta;&alpha;/a-16908775.</p> <p><a href="#sdfootnote35anc" name="sdfootnote35sym">35</a>&nbsp;L&rsquo;Essentiel Online, 23 juillet 2013, &laquo; L&rsquo;Allemagne est en manque de main d&rsquo;&oelig;uvre &raquo;,&nbsp;<a href="http://www.lessentiel.lu/fr/economie/story/27768128">http://www.lessentiel.lu/fr/economie/story/27768128</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote36anc" name="sdfootnote36sym">36</a>&nbsp;IKY-Ί&delta;&upsilon;&mu;&alpha; &Kappa;&rho;&alpha;&tau;&iota;&kappa;ώ&nu; &Upsilon;&pi;&omicron;&tau;&rho;&omicron;&phi;&iota;ώ&nu;, 30 juillet 2013,&nbsp;Bourse d&rsquo;&eacute;tudes de l&rsquo;IKY (l&rsquo;institut de bourses de l&rsquo;&Eacute;tat grec) - programme de Siemens,&nbsp;<a href="http://www.iky.gr/upotrofies-aristias-siemens">http://www.iky.gr/upotrofies-aristias-siemens</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote37anc" name="sdfootnote37sym">37</a>&nbsp;Imerisia.gr, 26 juillet 2013,&nbsp;&laquo; Int&eacute;r&ecirc;t allemand &agrave; l&rsquo;investissement dans l&rsquo;&eacute;nergie &raquo;,&nbsp;<a href="http://www.imerisia.gr/article.asp?catid=26500&amp;subid=2&amp;pubid=113084191">http://www.imerisia.gr/article.asp?catid=26500&amp;subid=2&amp;pubid=113084191</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote38anc" name="sdfootnote38sym">38</a>&nbsp;Euro2day.gr, 19 juillet 2013, &laquo;&nbsp;Expertise allemande avec... capitaux grecs &raquo;,&nbsp;<a href="http://www.euro2day.gr/news/economy/article/1118401/germanikh-technognosia-me-ellhnika-kefalaia.html">http://www.euro2day.gr/news/economy/article/1118401/germanikh-technognosia-me-ellhnika-kefalaia.html</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote39anc" name="sdfootnote39sym">39</a>&nbsp;Voir :&nbsp;<a href="http://revue-tdfle.fr/images/PDF/evolution_salaires_MIGDALIAS.pdf" rel="noopener noreferrer" target="_blank">graphique sur l&rsquo;&eacute;volution du salaire de 2009 &agrave; 2013</a>, en annexe.</p> <p><a href="#sdfootnote40anc" name="sdfootnote40sym">40</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique, D&eacute;cret minist&eacute;riel n&deg;4172/2013,&nbsp;&Phi;&Epsilon;&Kappa; &Alpha;΄ 16/7/2013,&nbsp;<em>Th&egrave;me : loi multiple pour&nbsp;l&rsquo;assainissement des finances publiques</em>,&nbsp;<a href="http://nomoi.info/%CE%A6%CE%95%CE%9A-%CE%91-167-2013.html">http://nomoi.info/%CE%A6%CE%95%CE%9A-%CE%91-167-2013.html</a>.</p> <p><a href="#sdfootnote41anc" name="sdfootnote41sym">41</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique, Minist&egrave;re de l&rsquo;&eacute;conomie et des finances, octobre 2012, &laquo;&nbsp;Strat&eacute;gie budg&eacute;taire &agrave; moyen terme pour les ann&eacute;es 2013 &agrave; 2016 &raquo;,&nbsp;<a href="http://www.minfin.gr/content-api/f/binaryChannel/minfin/datastore/a7/91/b0/a791b0bf4bc73a9679bac65792933157d4cf7b27/application/pdf/%CE%9C%CE%95%CE%A3%CE%9F%CEA0%CE%A1%CE%9F%CE%98%CE%95%CE%A3%CE%9C%CE%9F_2013.pdf">http://www.minfin.gr/content-api/f/binaryChannel/minfin/datastore/a7/91/b0/a791b0bf4bc73a9679bac65792933157d4cf7b27/application/pdf/%CE%9C%CE%95%CE%A3%CE%9F%CEA0%CE%A1%CE%9F%CE%98%CE%95%CE%A3%CE%9C%CE%9F_2013.pdf</a></p> <p><a href="#sdfootnote42anc" name="sdfootnote42sym">42</a>&nbsp;Conseil de l&rsquo;Union europ&eacute;enne, 27 novembre 2011, L&rsquo;Eurogroupe approuve le prochain pr&ecirc;t &agrave; la Gr&egrave;ce,&nbsp;<a href="http://www.consilium.europa.eu/homepage/showfocus?focusName=eurogroup-approves-next-disbursement-to-greece&amp;lang=fr">http://www.consilium.europa.eu/homepage/showfocus?focusName=eurogroup-approves-next-disbursement-to-greece&amp;lang=fr</a>. Site consult&eacute; en juillet 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote43anc" name="sdfootnote43sym">43</a>&nbsp;R&eacute;publique Hell&eacute;nique, Minist&egrave;re de la R&eacute;forme administrative, 9 juillet 2013, &laquo; Communiqu&eacute; de presse : Programme de &quot;mobilit&eacute;&quot; &raquo;,&nbsp;<a href="http://pekp.gr/?p=46403">http://pekp.gr/?p=46403</a>. Site consult&eacute; en juillet 2013.</p> <p><a href="#sdfootnote44anc" name="sdfootnote44sym">44</a>&nbsp;En &eacute;t&eacute; 2014, un&nbsp;dispositif &eacute;lectronique de r&eacute;orientation professionnelle entrera en vigueur. Ce dispositif en ligne, entretenu par l&rsquo;autorit&eacute; grecque charg&eacute;e du recrutement du personnel dans le secteur public&nbsp;(le Conseil supr&ecirc;me de s&eacute;lection du personnel ou ASEP),&nbsp;facilitera le processus d&rsquo;embauche/licenciement/mutation et mettra fin au m&eacute;canisme de &laquo; mise en disponibilit&eacute; &raquo;. Aujourd&rsquo;hui en Gr&egrave;ce, il suffit d&rsquo;appuyer sur une touche pour que toute une masse de gens perde son emploi.</p> <p><a href="#sdfootnote45anc" name="sdfootnote45sym">45</a>&nbsp;Malheureusement, ces espaces autog&eacute;r&eacute;s sont de plus en plus victimes de contr&ocirc;les et de fermetures administratives.</p> <hr /> <h2>Citer cet article</h2> <p>MIGDALIAS Nikoleta. L&#39;enseignement-apprentissage du FLE en Gr&egrave;ce en p&eacute;riode de crise : l&#39;exemple de Kavala,&nbsp;<em>Revue TDFLE</em>, n&deg;69 [en ligne], 2017.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>Nikoleta MIGDALIAS<br /> Universit&eacute; de Paul-Val&eacute;ry<br /> Montpellier III</h4>