<p>En France, &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, au coll&egrave;ge et au lyc&eacute;e<sup><a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a></sup>, l&rsquo;institution scolaire pratique la &laquo;&nbsp;double inscription&nbsp;&raquo; des &eacute;l&egrave;ves allophones arrivants. Ces nouveaux arrivants sont d&rsquo;une part affect&eacute;s dans une classe dite &laquo;&nbsp;ordinaire&nbsp;&raquo;, correspondant &agrave; leur &acirc;ge, o&ugrave; ils suivent des enseignements en &eacute;ducation physique et sportive, arts plastiques et musique &ndash; parfois en math&eacute;matiques &ndash; et, d&rsquo;autre part, ils sont regroup&eacute;s dans une &laquo;&nbsp;unit&eacute; p&eacute;dagogique pour &eacute;l&egrave;ves allophones arrivants&nbsp;&raquo; (UPE2A) &agrave; l&rsquo;&eacute;cole &eacute;l&eacute;mentaire, au coll&egrave;ge et au lyc&eacute;e pour un enseignement quotidien de la langue fran&ccedil;aise alors appel&eacute;e &laquo;&nbsp;fran&ccedil;ais langue seconde&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;fran&ccedil;ais langue de scolarisation&nbsp;&raquo;. L&rsquo;effectif de ces groupes tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes atteint en moyenne quinze &eacute;l&egrave;ves. Les &eacute;l&egrave;ves pris en charge au coll&egrave;ge de la 6<sup>e</sup>&nbsp;&agrave; la 3<sup>e<a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a></sup>&nbsp;sont, en principe, &acirc;g&eacute;s de 11 &agrave; 16 ans et manifestent, par cons&eacute;quent, des centres d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t diff&eacute;rents. Leur langue et leur culture d&rsquo;origine varient ainsi que leur niveau de scolarit&eacute; ant&eacute;rieure, leur degr&eacute; d&rsquo;alphab&eacute;tisation et leur rapport &agrave; l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais et, dans une plus large extension, leur rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. L&rsquo;Institution recommande que la dur&eacute;e d&rsquo;accueil dans ces classes sp&eacute;cifiques varie selon les besoins de chaque &eacute;l&egrave;ve tout en n&rsquo;exc&eacute;dant pas un an. L&rsquo;objectif d&eacute;clar&eacute; par le minist&egrave;re est que les &eacute;l&egrave;ves puissent suivre, le plus rapidement possible, l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; des enseignements dans une classe du cursus ordinaire pour atteindre, comme les natifs, les savoirs et les comp&eacute;tences vis&eacute;s par le&nbsp;<em>Socle commun de connaissances et de comp&eacute;tences</em><sup><a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a></sup>&nbsp;(2006). C&rsquo;est dire que</p> <blockquote> <p>&laquo;<em>&nbsp;Les &eacute;l&egrave;ves issus de l&rsquo;immigration se trouvent face &agrave; un cumul de difficult&eacute;s linguistiques, sociales et culturelles et que les enseignants ont &agrave; affronter, au-del&agrave; des d&eacute;marches &agrave; mettre en &oelig;uvre dans les classes d&rsquo;accueil, la question de savoir quelles sont les activit&eacute;s qui creusent ou qui r&eacute;duisent les in&eacute;galit&eacute;s&nbsp;: d&rsquo;o&ugrave; des choix &agrave; faire dans chacun des domaines du fran&ccedil;ais pour d&eacute;terminer des t&acirc;ches, des exercices, des projets dont il faut v&eacute;rifier la faisabilit&eacute;&nbsp;</em>&raquo; (Chiss, 1997, p. 72).</p> </blockquote> <p>Le volume horaire hebdomadaire de cours de fran&ccedil;ais suivis et l&rsquo;emploi du temps varient d&rsquo;un &eacute;l&egrave;ve &agrave; l&rsquo;autre, tout comme les dotations horaires attribu&eacute;es &agrave; l&rsquo;enseignement du FLS dans les acad&eacute;mies et parfois les &eacute;tablissements. Par ailleurs, dans le second degr&eacute;, les &eacute;l&egrave;ves nouvellement arriv&eacute;s ayant &eacute;t&eacute; tr&egrave;s peu ou pas du tout scolaris&eacute;s dans leurs pays d&rsquo;origine, int&egrave;grent une unit&eacute; p&eacute;dagogique pour &eacute;l&egrave;ves Non-Scolaris&eacute;s Ant&eacute;rieurement (UPE2A-NSA). Certaines acad&eacute;mies ont &eacute;galement d&eacute;velopp&eacute; des dispositifs de soutien linguistique plus souples&nbsp;: en raison de contraintes g&eacute;ographiques (zones rurales notamment), de la faiblesse des effectifs, ou bien apr&egrave;s quelques mois pass&eacute;s en UPE2A, les &eacute;l&egrave;ves allophones peuvent suivre des Cours de Rattrapage Int&eacute;gr&eacute; (CRI) dans les &eacute;coles &eacute;l&eacute;mentaires ou des Modules d&rsquo;Accueil Temporaires (MAT) dans les coll&egrave;ges, assur&eacute;s quelques heures par semaine par un enseignant itin&eacute;rant. Selon une enqu&ecirc;te de la Division de l&rsquo;&Eacute;valuation et de la Prospective (Minist&egrave;re de l&rsquo;Education Nationale, 2008), les &eacute;l&egrave;ves allophones arrivants repr&eacute;sentent 0,4 % des effectifs scolaires et sont majoritairement accueillis dans les &eacute;tablissements des acad&eacute;mies de Paris, Cr&eacute;teil, Versailles et Lyon. Pour ce qui concerne l&rsquo;enseignement secondaire, 17 800 &eacute;l&egrave;ves allophones sont r&eacute;partis dans 751 dispositifs d&rsquo;accueil, dont 512 en coll&egrave;ge, d&rsquo;apr&egrave;s les chiffres les plus r&eacute;cents communiqu&eacute;s par le minist&egrave;re en 2008. Ces chiffres ne refl&egrave;tent pas la r&eacute;alit&eacute; du terrain dans la mesure o&ugrave; les dispositifs d&rsquo;accueil &eacute;tant majoritairement implant&eacute;s en milieu urbain, les &eacute;l&egrave;ves allophones directement int&eacute;gr&eacute;s en classe ordinaire, en milieu rural, ne sont pas comptabilis&eacute;s. Par ailleurs, selon les chiffres communiqu&eacute;s par le minist&egrave;re, le continent de provenance le plus repr&eacute;sent&eacute; reste l&rsquo;Afrique, sauf dans les D&eacute;partements d&rsquo;outre-mer o&ugrave; les nouveaux arrivants proviennent des Cara&iuml;bes.</p> <h2>1. Le cadre de l&#39;enqu&ecirc;te</h2> <h3>1.1. Probl&eacute;matique</h3> <p>Les enseignants exer&ccedil;ant dans ces dispositifs d&rsquo;accueil enseignent le fran&ccedil;ais de scolarisation. Cette appellation g&eacute;n&eacute;rique d&eacute;signe</p> <blockquote> <p>&laquo;<em>&nbsp;[&hellip;] une configuration assez compl&egrave;te o&ugrave; le fran&ccedil;ais est &agrave; la fois langue d&rsquo;apprentissage pour l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, avec ses diff&eacute;rentes interlangues (&agrave; l&rsquo;oral comme &agrave; l&rsquo;&eacute;crit) et sa sp&eacute;cialisation croissante en termes de savoirs et de savoir-faire, langue d&rsquo;enseignement transversale et sp&eacute;cifique pour les enseignants, rep&eacute;rable imm&eacute;diatement dans les disciplines, et enfin, pour tous les acteurs de l&rsquo;&eacute;cole, langue de communication, dans laquelle il faut nettement distinguer les situations formelles (classes et institutions) et informelles (interactions en a parte de la classe, cours, couloir, etc.)&nbsp;</em>&raquo; (Spa&euml;th, 2008, p. 76).</p> </blockquote> <p>Le travail des enseignants de classe d&rsquo;accueil s&rsquo;inscrit donc dans le paradigme de la complexit&eacute;. Comment favorisent-ils l&rsquo;appropriation du fran&ccedil;ais langue de scolarisation&nbsp;? Existe-t-il des ressources adapt&eacute;es aux besoins langagiers de leurs &eacute;l&egrave;ves&nbsp;?</p> <p>Notre recherche est guid&eacute;e par la question suivante&nbsp;: sur quels outils didactiques les enseignants de classe d&rsquo;accueil s&rsquo;appuient-ils dans les coll&egrave;ges fran&ccedil;ais&nbsp;?</p> <p>Cette &eacute;tude repose sur des d&eacute;clarations de pratiques d&rsquo;enseignants exer&ccedil;ant en UPE2A en coll&egrave;ge, c&rsquo;est-&agrave;-dire sur une partie des donn&eacute;es construites lors de notre recherche doctorale (Hamez, 2010) &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un questionnaire renseign&eacute; par vingt-cinq enseignants de fran&ccedil;ais nomm&eacute;s en UPE2A.</p> <h3>1.2. Cadre conceptuel</h3> <p>De nombreux travaux men&eacute;s en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation r&eacute;v&egrave;lent qu&rsquo;aucun enseignant ne d&eacute;veloppe des comp&eacute;tences et des savoirs&nbsp;<em>ex nihilo</em>, ne r&eacute;invente des valeurs et des normes &agrave; partir de rien&nbsp;(Durand, Ria, Flavier, 2002). Chaque enseignant a v&eacute;cu une histoire personnelle, suivi un parcours unique et m&ecirc;me si ses repr&eacute;sentations et ses valeurs sont singuli&egrave;res, elles constituent, dans une large mesure, de faibles variations &agrave; partir d&rsquo;un fonds culturel commun qui rassemble des valeurs, des croyances, des habitudes qui r&egrave;glent la vie quotidienne, l&rsquo;am&eacute;nagement des espaces, la circulation, etc. (Gather Thurler, 1994). Selon L&eacute;ontiev, l&rsquo;ensemble des outils et des pratiques issus de ce fonds culturel est socialement &eacute;labor&eacute; et, dans une certaine mesure, d&eacute;positaire du travail des g&eacute;n&eacute;rations ant&eacute;rieures<sup><a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a></sup>.</p> <p>Par ailleurs, d&rsquo;apr&egrave;s Sensevy, Maurice, Clanet et Murillo, la trajectoire des praticiens est d&eacute;terminante, car</p> <blockquote> <p>&laquo;<em>&nbsp;l&rsquo;action didactique du professeur est en grande partie d&eacute;pendante de son exp&eacute;rience. Son activit&eacute; cognitive, ses savoirs, ses mani&egrave;res d&rsquo;agir, la th&eacute;orie de la connaissance qu&rsquo;il a pu produire, se sont construits d&egrave;s ses premiers pas dans le m&eacute;tier, et ils sont loin de se limiter &agrave; ceux inculqu&eacute;s en formation initiale. Nous postulons qu&rsquo;il est impossible de comprendre l&rsquo;action professorale sans la relier syst&eacute;matiquement aux modalit&eacute;s concr&egrave;tes de son exp&eacute;rience&nbsp;</em>&raquo; (2008, p. 108).</p> </blockquote> <p>Le travail de l&rsquo;enseignant en unit&eacute; p&eacute;dagogique pour &eacute;l&egrave;ves allophones arrivants n&rsquo;est pas celui d&rsquo;un individu d&eacute;pourvu de ressources et d&rsquo;outils, socialement isol&eacute;, coup&eacute; du m&eacute;tier et de son histoire. Les prescriptions officielles et les ressources didactico-p&eacute;dagogiques du milieu professionnel (m&eacute;thodes, fiches p&eacute;dagogiques, outils compl&eacute;mentaires) m&eacute;diatisent le travail des enseignants et de leurs &eacute;l&egrave;ves et contribuent &agrave; l&rsquo;organiser. Consid&eacute;r&eacute;s comme des artefacts culturels par les analystes du travail (Amigues &amp; Lataillade, 2007) qui rejoignent ainsi l&rsquo;approche instrumentale<sup><a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a></sup>&nbsp;(Rabardel, 1995), ces outils et ces discours vont m&eacute;dier, &agrave; des degr&eacute;s divers, l&rsquo;activit&eacute; de l&rsquo;enseignant.</p> <p>Ainsi, les recommandations institutionnelles, parues en 2000, en France, pour orienter le travail des enseignants de fran&ccedil;ais langue seconde, prescrivent d&rsquo;emprunter outils et d&eacute;marches &agrave; trois didactiques&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;<em>La situation des &eacute;l&egrave;ves allophones en contexte scolaire est particuli&egrave;re&nbsp;: ils ont &agrave; s&rsquo;approprier une langue et une culture nouvelles &ndash; celles de la France &ndash; afin d&rsquo;&ecirc;tre en mesure de communiquer et de r&eacute;ussir une scolarit&eacute; dans le pays [&hellip;]. Du point de vue de la didactique, cette situation soul&egrave;ve la question de la place des m&eacute;thodologies, des m&eacute;thodes constitu&eacute;es et des outils p&eacute;dagogiques emprunt&eacute;s aux deux disciplines que sont le fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re (FLE) et le fran&ccedil;ais langue maternelle (FLM), ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;apprentissage, transversal, de la langue des enseignements sp&eacute;cifiques</em>&nbsp;&raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, 2000, p. 14)</p> </blockquote> <h3>1.3. M&eacute;thodologie</h3> <p>Le document d&rsquo;investigation est compos&eacute; de 80 questions regroup&eacute;es en trois grandes parties&nbsp;: 44 questions ferm&eacute;es, sept questions num&eacute;riques et 29 questions ouvertes appelant des donn&eacute;es textuelles. Les 16 questions de la premi&egrave;re partie cernent les contextes d&rsquo;enseignement et interrogent les enseignants sur les caract&eacute;ristiques de leur &eacute;tablissement, la r&eacute;partition de leur service, l&rsquo;effectif de leurs classes, les langues et les cultures de leurs &eacute;l&egrave;ves. La seconde partie s&rsquo;int&eacute;resse aux pratiques enseignantes, notamment aux pratiques d&rsquo;enseignement de l&rsquo;&eacute;criture. Elle apporte un &eacute;clairage, entre autres, sur les outils de l&rsquo;enseignant et de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. Enfin, les 16 questions de la troisi&egrave;me partie visent &agrave; obtenir des informations d&eacute;mographiques et &agrave; pr&eacute;ciser les trajectoires des r&eacute;pondants&nbsp;: &acirc;ge, sexe, formation universitaire initiale, statut, stages suivis, exp&eacute;riences d&rsquo;enseignement, autres missions, affiliations, etc. La diffusion du questionnaire a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e pendant l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2008-2009.</p> <h2>2. Quelques r&eacute;sultats significatifs</h2> <h3>2.1. Caract&eacute;ristiques des r&eacute;pondants du point de vue d&eacute;mographique</h3> <p>L&rsquo;&eacute;chantillon est compos&eacute; de 87 % de femmes. L&rsquo;anciennet&eacute; g&eacute;n&eacute;rale de service dans l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale est en moyenne de 10 ans, ce qui t&eacute;moigne de la jeunesse de ces r&eacute;pondants qui enseigneront encore au moins 30 ans, &eacute;tant donn&eacute; que l&rsquo;&acirc;ge de la retraite est fix&eacute; &agrave; 62 ans. Pr&eacute;cisons que l&rsquo;anciennet&eacute; d&eacute;clar&eacute;e dans l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais langue seconde n&rsquo;est pas exactement proportionnelle &agrave; l&rsquo;&acirc;ge des enqu&ecirc;t&eacute;s. M&ecirc;me si, depuis la fin de leurs &eacute;tudes, les informateurs n&rsquo;ont exerc&eacute; que le m&eacute;tier d&rsquo;enseignant, ils n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; affect&eacute;s en classe d&rsquo;accueil imm&eacute;diatement apr&egrave;s leur titularisation. Vingt-trois enseignants ont eu l&rsquo;occasion d&rsquo;effectuer l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; de leur service avec des classes ordinaires, pour une dur&eacute;e s&rsquo;&eacute;chelonnant de un &agrave; huit ans et connaissent, de ce fait, le curriculum prescrit pour l&rsquo;enseignement de la discipline &laquo;&nbsp;fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;, au coll&egrave;ge. Sur les vingt-cinq enseignants enqu&ecirc;t&eacute;s, onze sont habilit&eacute;s institutionnellement<sup><a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a></sup>&nbsp;&agrave; enseigner en classe d&rsquo;accueil, dix-huit sont titulaires de la mention &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ais Langue &Eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo; (FLE) des licences<sup><a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a></sup>, parmi lesquels dix poss&egrave;dent la ma&icirc;trise FLE qui consacre une formation professionnelle qualifiante valorisant l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en tant que langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde. L&rsquo;un d&rsquo;entre eux a poursuivi sa formation en M2<sup><a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a></sup>&nbsp;de didactique du FLE et une autre enseignante est titulaire d&rsquo;un doctorat en sciences du langage option FLE. L&rsquo;ensemble des enseignants exprime donc un int&eacute;r&ecirc;t certain pour le traitement scolaire du plurilinguisme en France et, dans une plus large extension pour les probl&eacute;matiques d&rsquo;enseignement des langues en France et hors de France. En outre, quatorze enseignants t&eacute;moignent d&rsquo;une exp&eacute;rience de mobilit&eacute; professionnelle &agrave; l&rsquo;international&nbsp;: Russie, Irlande, Pologne, Syrie, &Eacute;tats-Unis, Chine, Angleterre et Argentine.</p> <p>Par ailleurs, dix-huit investigu&eacute;s ont connu une autre exp&eacute;rience de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde, certes dans l&rsquo;hexagone, mais dans d&rsquo;autres contextes et d&rsquo;autres environnements, en formation initiale ou continue&nbsp;: cours en service universitaire, cours particuliers en tant que b&eacute;n&eacute;vole et enseignement dans les regroupements d&rsquo;&eacute;tablissements publics locaux d&rsquo;enseignement. Cette exp&eacute;rience de l&rsquo;enseignement du FLE s&rsquo;&eacute;chelonne de un mois &agrave; deux ans. Quatorze r&eacute;pondants non titulaires de la certification compl&eacute;mentaire en &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ais Langue Seconde&nbsp;&raquo; (FLS) &ndash; mais dont dix avaient cependant la mention FLE des licences ou la ma&icirc;trise FLE, ne t&eacute;moignaient pas des trois ans d&rsquo;anciennet&eacute; d&rsquo;enseignement en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re requis par la circulaire 86-119 du 13 mars 1986 pour enseigner en classe d&rsquo;accueil lors de leur premi&egrave;re nomination en classe d&rsquo;accueil (CLA). Ces indices attestent des difficult&eacute;s successives que l&rsquo;Institution fran&ccedil;aise a rencontr&eacute;es au fil du temps pour affecter &agrave; ces postes &agrave; exigence particuli&egrave;re, des enseignants dont les qualifications et l&rsquo;exp&eacute;rience professionnelle r&eacute;pondaient aux exigences officielles contemporaines.</p> <h3>2.2. Caract&eacute;ristiques des r&eacute;pondants du point de vue statutaire et professionnel</h3> <p>Les vingt-cinq r&eacute;pondants exercent tous leur profession dans le m&ecirc;me type de structure d&rsquo;accueil en coll&egrave;ge&nbsp;: une unit&eacute; p&eacute;dagogique regroupant des &eacute;l&egrave;ves allophones arrivants dans un &eacute;tablissement de r&eacute;f&eacute;rence (qui n&rsquo;est pas forc&eacute;ment l&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;inscription de tous les &eacute;l&egrave;ves allophones arrivants), et ce, pour une dur&eacute;e limit&eacute;e, dans la perspective d&rsquo;une int&eacute;gration rapide dans une classe ordinaire. Pr&eacute;cisons que tous les participants &agrave; l&rsquo;enqu&ecirc;te effectuent la totalit&eacute; de leur service dans leur &eacute;tablissement d&rsquo;affectation.</p> <p>Tous les enseignants, sauf l&rsquo;un d&rsquo;entre eux, titularis&eacute; en 1990, ont b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une formation professionnelle initiale dans un IUFM<sup><a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a></sup>, ce qui laisse pr&eacute;sager une culture professionnelle commune. Onze enseignants ont obtenu la certification compl&eacute;mentaire en fran&ccedil;ais langue seconde &agrave; la suite d&rsquo;un entretien qui exige une pr&eacute;paration, des connaissances et des comp&eacute;tences sp&eacute;cifiques au champ disciplinaire concern&eacute;<sup><a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a></sup>. L&rsquo;ensemble des r&eacute;pondants enseigne en coll&egrave;ge et se distribue en plusieurs cat&eacute;gories&nbsp;: dix certifi&eacute;s de lettres modernes, quatre certifi&eacute;s de lettres classiques, deux certifi&eacute;s d&rsquo;anglais et neuf enseignants exer&ccedil;ant en &eacute;cole primaire. On peut consid&eacute;rer que cette &laquo;&nbsp;mixit&eacute;&nbsp;&raquo; professionnelle est, au niveau des ressources humaines, la r&eacute;sultante de &laquo;&nbsp;l&rsquo;effacement des fronti&egrave;res&nbsp;&raquo; souhait&eacute;e en 2001 par les inspecteurs g&eacute;n&eacute;raux de l&rsquo;&eacute;ducation nationale, auteurs du Rapport de l&rsquo;inspection g&eacute;n&eacute;rale sur la scolarisation des &eacute;l&egrave;ves non francophones nouveaux arrivants en France.</p> <p>Sur ce point, pour des consid&eacute;rations d&rsquo;efficacit&eacute; p&eacute;dagogique, compte tenu de l&rsquo;exp&eacute;rience acquise au niveau des CLIN<sup><a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc">11</a></sup>&nbsp;et de pratiques p&eacute;dagogiques qui sont consacr&eacute;es aux apprentissages premiers de fondamentaux concernant la ma&icirc;trise de la langue, il semble souhaitable de confier prioritairement les interventions dans le second degr&eacute; &agrave; des professeurs des &eacute;coles plut&ocirc;t qu&rsquo;&agrave; des PLC<sup><a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc">12</a></sup>&nbsp;dans le premier degr&eacute; (Gu&eacute;rin, Lecourbe, Plov&eacute;rini, Storti, 2002).</p> <p>Autrement dit, d&rsquo;apr&egrave;s les auteurs de ce rapport, il &eacute;tait souhaitable que les professeurs des &eacute;coles enseignent aux &eacute;l&egrave;ves allophones scolaris&eacute;s en coll&egrave;ge mais que les professeurs de coll&egrave;ge n&rsquo;interviennent pas dans le premier degr&eacute;.</p> <h3>2.3. Contextes d&rsquo;enseignement</h3> <p>Les r&eacute;pondants travaillent pour la plupart en milieu urbain, en REP<sup><a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc">13</a></sup>&nbsp;(quize) ou en RAR<sup><a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc">14</a></sup>&nbsp;(cinq). Ces donn&eacute;es de scolarisation en REP sont plus &eacute;lev&eacute;es que les chiffres minist&eacute;riels de 2001<sup><a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc">15</a></sup>&nbsp;qui annon&ccedil;aient un taux de scolarisation de 40,2 % des &eacute;l&egrave;ves nouvellement arriv&eacute;s dans des CLA implant&eacute;es en ZEP<sup><a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc">16</a></sup>&nbsp;ou en REP, taux qui soulignait d&eacute;j&agrave; le risque d&rsquo;une territorialisation des probl&eacute;matiques des publics en difficult&eacute; et donc d&rsquo;une rel&eacute;gation sociale.</p> <p>Les divisions sont compos&eacute;es en moyenne de dix &eacute;l&egrave;ves&nbsp;: la classe la moins charg&eacute;e accueille six &eacute;l&egrave;ves, la plus importante comptabilise dix-huit &eacute;l&egrave;ves. Ces chiffres sont cependant &agrave; consid&eacute;rer avec pr&eacute;caution dans la mesure o&ugrave; ils &eacute;voluent au fil du temps, en fonction des inscriptions et des d&eacute;parts en cours d&rsquo;ann&eacute;e scolaire.</p> <p>La diversit&eacute; des langues et des cultures laisse pr&eacute;sager la vari&eacute;t&eacute; des cultures linguistiques et m&eacute;talinguistiques des cultures scolaires en contact dans les dispositifs d&rsquo;accueil. &Agrave; cette h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des cultures d&rsquo;origine s&rsquo;ajoutent les diff&eacute;rences de niveau de ma&icirc;trise de la langue et de niveau scolaire ant&eacute;rieur, constitutives de ces regroupements d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves allophones, ainsi qu&rsquo;en attestent les r&eacute;pondants.</p> <p>Dans les discours des enseignants interrog&eacute;s, les difficult&eacute;s des &eacute;l&egrave;ves &agrave; s&rsquo;emparer des sp&eacute;cificit&eacute;s de la culture &eacute;crite nationale sont surtout imput&eacute;es aux aspects linguistiques des apprentissages. En effet, &agrave; la question &laquo;&nbsp;<em>D&rsquo;apr&egrave;s vous, quels obstacles s&rsquo;opposent &agrave; la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une activit&eacute; d&rsquo;am&eacute;lioration de textes&nbsp;?</em>&nbsp;&raquo;, onze enseignants sur vingt-cinq soulignent les diff&eacute;rences de niveau de comp&eacute;tences communicatives langagi&egrave;res&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>C&rsquo;est tr&egrave;s difficile d&rsquo;organiser ces s&eacute;ances &agrave; cause des diff&eacute;rences de rythme et de niveau des &eacute;l&egrave;ves</em>&nbsp;&raquo;. (Professeur de Lettres Modernes, ma&icirc;trise FLE, 32 ans, deux ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain). Les activit&eacute;s facilitant les processus d&rsquo;acculturation &agrave; l&rsquo;&eacute;crit sont d&eacute;clar&eacute;es ardues &agrave; mettre en place, notamment en raison de la distance entre les syst&egrave;mes d&rsquo;&eacute;criture de la langue-cible et de la langue-source (lorsque cette derni&egrave;re est &eacute;crite) ou de leur langue de scolarisation ant&eacute;rieure. Les probl&egrave;mes mis en relief sont les suivants&nbsp;:</p> <ul> <li>l&rsquo;analphab&eacute;tisme d&rsquo;une partie du public, quatre fois mise en &eacute;vidence&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Il est tr&egrave;s difficile de faire progresser les &eacute;l&egrave;ves venant d&rsquo;une langue non europ&eacute;enne, car il faut leur apprendre aussi &agrave; graphier alors que les autres le savent d&eacute;j&agrave;</em>&nbsp;&raquo; (Professeure de Lettres Modernes, 33 ans, cinq ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu rural).</li> <li>les diff&eacute;rences de niveaux des comp&eacute;tences des &eacute;l&egrave;ves en situation de production &eacute;crite, mentionn&eacute;e huit fois&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Beaucoup de pr&eacute;paration car les &eacute;l&egrave;ves ont des niveaux tr&egrave;s diff&eacute;rents, certains ne peuvent encore &eacute;crire des textes et doivent travailler sur la phrase</em>&nbsp;&raquo; (Professeure des &eacute;coles, Licence de Lettres et mention FLE, certifi&eacute;e FLS, 35 ans, huit ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; REP).</li> </ul> <p>Une des priorit&eacute;s d&eacute;clar&eacute;es est de sensibiliser les &eacute;l&egrave;ves aux sp&eacute;cificit&eacute;s du syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture alphab&eacute;tique, dont la dominante est phonographique. Il semble &eacute;galement n&eacute;cessaire d&rsquo;attendre qu&rsquo;ils aient atteint un niveau de comp&eacute;tence en fran&ccedil;ais suffisant, au plan lexical, syntaxique et discursif, ainsi qu&rsquo;un degr&eacute; d&rsquo;autonomisation de r&eacute;alisation graphique, pour passer &agrave; la mise en &oelig;uvre des processus r&eacute;dactionnels.</p> <p>Un seul point de vue d&rsquo;enseignant se d&eacute;tache des aspects purement linguistiques pour envisager les difficult&eacute;s des &eacute;l&egrave;ves comme l&rsquo;expression d&rsquo;un rapport au langage &eacute;crit et plus largement d&rsquo;un rapport au savoir, point de vue qui rappelle la perspective adopt&eacute;e par la sociologie du langage<sup><a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc">17</a></sup>&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;<em>Certains &eacute;l&egrave;ves n&rsquo;ont pas un rapport positif &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et se contenteraient d&rsquo;approximations. C&rsquo;est pourquoi il est capital de leur faire prendre conscience de l&rsquo;importance sociale des &eacute;crits dans la culture fran&ccedil;aise et de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;am&eacute;liorer leur communication &eacute;crite</em>&nbsp;&raquo; (Professeure de Lettres Modernes, ma&icirc;trise FLE, certification FLS, 43 ans, 15 ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; en REP).</p> </blockquote> <p>Ce t&eacute;moignage montre bien que le rapport de certains &eacute;l&egrave;ves au langage &eacute;crit n&rsquo;est pas distanci&eacute;. Outre la tr&egrave;s forte h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; linguistique et culturelle de ce public bi-plurilingue, ces classes accueillent des &eacute;l&egrave;ves &acirc;g&eacute;s de 11 &agrave; 16 ans, ce qui pose aux enseignants des probl&egrave;mes d&rsquo;adaptation p&eacute;dagogique &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de leur public, comme le pr&eacute;cise ce t&eacute;moignage&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Les diff&eacute;rences d&rsquo;&acirc;ge sont tr&egrave;s g&ecirc;nantes pour trouver des textes int&eacute;ressants et &agrave; la port&eacute;e des plus jeunes comme des plus &acirc;g&eacute;s</em>&nbsp;&raquo; (Professeur des &eacute;coles, licence de Lettres et mention FLE, certifi&eacute; FLS, 30 ans, trois ans d&rsquo;anciennet&eacute; en classe d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain).</p> <p>Remarquons que l&rsquo;&eacute;chantillon est compos&eacute; essentiellement de jeunes enseignants dont les deux tiers ont &eacute;t&eacute; initi&eacute;s aux probl&eacute;matiques et aux sp&eacute;cificit&eacute;s de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde. De plus, la quasi-totalit&eacute; des r&eacute;pondants continue &agrave; se former &agrave; l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais langue seconde, comme le montre leur participation massive aux stages des CASNAV<sup><a href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc">18</a></sup>. En revanche, pour ce qui concerne l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais langue premi&egrave;re, les r&eacute;pondants ont connu des formations et des socialisations professionnelles diff&eacute;rentes&nbsp;: celle du premier degr&eacute; (huit enseignants) et celle du second degr&eacute; (dix-sept enseignants).</p> <p>Les enseignants cr&eacute;ent des situations didactiques en s&eacute;lectionnant pour leurs &eacute;l&egrave;ves des ressources qu&rsquo;ils vont transformer et adapter. &Agrave; quelles ressources didactiques et p&eacute;dagogiques ont-ils recours pour enseigner dans ce contexte sociolinguistiquement et didactiquement complexe&nbsp;? Peut-on &eacute;tablir un lien entre leur trajectoire professionnelle et les ressources s&eacute;lectionn&eacute;es&nbsp;?</p> <h3>2.4. Les ressources professionnelles des enseignants</h3> <p>L&rsquo;ensemble des enseignants utilise une tr&egrave;s grande vari&eacute;t&eacute; de ressources pour mettre en place et faire &eacute;voluer le mat&eacute;riel didactique. Leur participation r&eacute;guli&egrave;re aux stages du CASNAV induit probablement le partage de ressources entre coll&egrave;gues (g&eacute;n&eacute;ralement isol&eacute;s et seuls &agrave; enseigner le FLS dans leur &eacute;tablissement). Des ensembles didactiques FLE<sup><a href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc">19</a></sup>, dont la composition des unit&eacute;s structure le travail des enseignants et celui de leurs &eacute;l&egrave;ves, sont cit&eacute;s par douze r&eacute;pondants. Cinq d&rsquo;entre eux sont titulaires de la certification compl&eacute;mentaires FLS et neuf d&rsquo;entre eux ont b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une formation FLE offrant, dans la plupart des universit&eacute;s, une formation &agrave; l&rsquo;histoire des m&eacute;thodes (actives, directes, audio-visuelles, communicatives&hellip;) accompagn&eacute;e d&rsquo;une sensibilisation &agrave; l&rsquo;utilisation des m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement contemporaines. Ces outils, moyens d&rsquo;enseignement pr&eacute;fabriqu&eacute;s, organisent l&rsquo;apprentissage de la langue &agrave; partir de dialogues, initient les &eacute;l&egrave;ves aux codes conversationnels, aux sch&eacute;mas syntaxiques de base du fran&ccedil;ais et les sensibilisent aux aspects segmentaux et suprasegmentaux de l&rsquo;oral. Les d&eacute;clarations de neuf professeurs montrent que l&rsquo;ann&eacute;e est nettement morcel&eacute;e en deux p&eacute;riodes de dur&eacute;e variable selon les r&eacute;pondants. La premi&egrave;re p&eacute;riode (qui peut durer jusque f&eacute;vrier, avril ou mai) est consacr&eacute;e &agrave; des activit&eacute;s r&eacute;alis&eacute;es &agrave; partir de plusieurs m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage issues de la didactique du FLE dont les enseignants combinent les activit&eacute;s. Le travail du reste de l&rsquo;ann&eacute;e est organis&eacute; en s&eacute;quences, comme le pr&eacute;conise le document d&rsquo;accompagnement<sup><a href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc">20</a></sup>&nbsp;<em>Le fran&ccedil;ais langue seconde</em>, mais pendant une p&eacute;riode plus courte&nbsp;:</p> <ul> <li>&laquo;&nbsp;<em>S&eacute;quences &agrave; partir de mai. Avant j&rsquo;utilise plusieurs m&eacute;thodes FLE surtout pour l&rsquo;oral</em>&nbsp;&raquo; (Professeure de Lettre Classiques, mention FLE des licences, 39 ans, huit ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; en RAR).</li> <li>&laquo;&nbsp;<em>Il n&rsquo;y a des s&eacute;quences qu&rsquo;apr&egrave;s P&acirc;ques. Avant je travaille par groupes avec plusieurs m&eacute;thodes qui proposent des activit&eacute;s alliant l&rsquo;oral et l&rsquo;&eacute;crit</em>&nbsp;&raquo; (Professeure des &eacute;coles, mention FLE des licences, certifi&eacute;e FLS, 38 ans, dix ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; en REP).</li> </ul> <p>L&rsquo;organisation interne de ces &laquo;&nbsp;unit&eacute;s&nbsp;&raquo; articule, pour cinq enseignants, des activit&eacute;s pr&eacute;lev&eacute;es dans des ensembles m&eacute;thodologiques FLE et d&rsquo;autres supports, extraits de manuels con&ccedil;us pour des &eacute;l&egrave;ves francophones&nbsp;:</p> <ul> <li>&laquo;&nbsp;<em>Je fais plut&ocirc;t des unit&eacute;s que des s&eacute;quences, comme dans les manuels de FLE, avec de l&rsquo;oral, mais plus proche des objectifs de sixi&egrave;me</em>&nbsp;&raquo; (Professeure de Lettres Modernes, 33 ans, cinq ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; REP).</li> <li>&laquo;&nbsp;<em>Je travaille en suivant la progression des m&eacute;thodes FLE de Panorama 1et 2, et en ajoutant des s&eacute;ances de lecture faites &agrave; partir de textes issus de manuels de 6<sup>e</sup></em>&nbsp;&raquo; (Professeure de Lettres Modernes, Ma&icirc;trise FLE, 27 ans, deux ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu rural).</li> <li>&laquo;&nbsp;<em>Je fais une seule s&eacute;quence en fin d&rsquo;ann&eacute;e sur la presse et avec des activit&eacute;s diversifi&eacute;es. Sinon je travaille avec des unit&eacute;s FLE auxquelles j&rsquo;ajoute des textes et des exercices de grammaire</em>&nbsp;&raquo; (Professeure des &eacute;coles, ma&icirc;trise de Lettres Modernes, 33 ans, trois ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain, REP).</li> </ul> <p>Cette mise en synergie de ressources issues du FLE et du Fran&ccedil;ais langue premi&egrave;re/fran&ccedil;ais langue maternelle respecte&nbsp; la lettre des recommandations institutionnelles qui pr&eacute;cisent&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>l&rsquo;alternance des s&eacute;ances s&rsquo;appuyant sur le manuel FLE et de s&eacute;ances con&ccedil;ues par le professeur pour pallier les manques du manuel est organis&eacute;e dans le cadre de s&eacute;quence telles qu&rsquo;elles sont d&eacute;finies dans les programmes de fran&ccedil;ais, selon un objectif f&eacute;d&eacute;rant les diverses activit&eacute;s</em>&nbsp;&raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, 2000, p. 16).</p> <p>Les m&eacute;thodes de FLE sont appr&eacute;ci&eacute;es pour les activit&eacute;s orales (cinq r&eacute;pondants) ou pour les activit&eacute;s multimodales, alliant l&rsquo;oral et l&rsquo;&eacute;crit (un r&eacute;pondant). Dans l&rsquo;ensemble des r&eacute;ponses obtenues, cinq enseignants invoquent la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;aider les &eacute;l&egrave;ves &agrave; d&eacute;velopper leurs comp&eacute;tences communicatives langagi&egrave;res en r&eacute;ception de l&rsquo;oral, et ce, d&egrave;s le d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e, probablement en raison du caract&egrave;re oral de la transmission des savoirs dans la classe et de la complexit&eacute; discursive du discours professoral, &eacute;nonciativement instable, qui combine un discours principal et des discours lat&eacute;raux suspendant r&eacute;guli&egrave;rement le premier. Mais pour ce faire, les enseignants sont d&eacute;munis d&rsquo;outils adapt&eacute;s &agrave; l&rsquo;enseignement de la langue orale de scolarisation et ce sont les m&eacute;thodes FLE, utiles pour enseigner un oral interactif non scolaire, qui sont exploit&eacute;es. D&rsquo;autres dimensions de l&rsquo;oral sont abord&eacute;es, notamment la phon&eacute;tique et les exercices de discrimination auditive, qui permettent de construire les capacit&eacute;s m&eacute;talinguistiques n&eacute;cessaires &agrave; l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;&eacute;crit, et qui sont d&rsquo;ailleurs cit&eacute;es trois fois par des enseignants ayant b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une formation FLE&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;<em>Quelques s&eacute;quences en fin d&rsquo;ann&eacute;e. Je passe d&eacute;j&agrave; beaucoup de temps &agrave; leur apprendre l&rsquo;alphabet et tout simplement &agrave; &eacute;crire en d&eacute;but d&rsquo;ann&eacute;e. Beaucoup d&rsquo;exercices de discrimination orale. Ensuite l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;&eacute;crit est tr&egrave;s long. Parfois j&rsquo;utilise la m&eacute;thode Tandem pour la compr&eacute;hension orale</em>&nbsp;&raquo; (Professeure d&rsquo;anglais, ma&icirc;trise d&rsquo;&Eacute;tudes anglophones et ma&icirc;trise FLE, certifi&eacute;e FLS, 33 ans, cinq ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; en RAR).</p> </blockquote> <p>C&rsquo;est dans les d&eacute;marches d&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res que les aspects phonologiques sont centraux, notamment par rapport &agrave; la prononciation. Aussi, on comprend que les manuels de FLE soient exploit&eacute;s, car ils fournissent de nombreux exercices de discrimination auditive qui mettent en relation l&rsquo;oral et ses r&eacute;alisations &eacute;crites.</p> <p>En outre, ce t&eacute;moignage, qui insiste sur la dur&eacute;e de la p&eacute;riode qu&rsquo;exige l&rsquo;acquisition de l&rsquo;&eacute;crit, souligne lui aussi l&rsquo;importance de la ma&icirc;trise des codes graphiques de base, souvent diff&eacute;rents de ceux en usage dans la langue d&rsquo;origine des &eacute;l&egrave;ves, parfois &agrave; dominante s&eacute;miographique voire id&eacute;ographique. Notons que la participante s&rsquo;adresse &agrave; des &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;origine iranienne, chinoise, arabe et turque. L&rsquo;importance qu&rsquo;elle donne &agrave; l&rsquo;enseignement et &agrave; l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;oral renvoie &agrave; un discours didactico-p&eacute;dagogique bien connu des enseignants et des &eacute;tudiants des fili&egrave;res FLE, r&eacute;sum&eacute; par G&eacute;rard Vigner dans un ouvrage destin&eacute; aux enseignants ou aux futurs enseignants de FLE/FLS&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;L&rsquo;installation d&rsquo;une comp&eacute;tence suffisante &agrave; l&rsquo;oral est la condition n&eacute;cessaire en langue seconde au passage &agrave; l&rsquo;&eacute;crit - question qui se pose moins en langue premi&egrave;re dans la mesure o&ugrave; les &eacute;l&egrave;ves ont acquis en dehors de l&rsquo;&eacute;cole, les bases linguistiques n&eacute;cessaires &agrave; la ma&icirc;trise des automatismes langagiers&raquo; (Vigner, 2009, p. 96).</p> </blockquote> <p>De m&ecirc;me, onze questionnaires montrent que l&rsquo;oral est privil&eacute;gi&eacute; en d&eacute;but d&rsquo;ann&eacute;e, notamment gr&acirc;ce aux activit&eacute;s propos&eacute;es par les m&eacute;thodes FLE, et que les exercices de production &eacute;crite sont propos&eacute;s apr&egrave;s une p&eacute;riode d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;oral intensif&nbsp;&raquo; s&rsquo;&eacute;chelonnant de quatre mois &agrave; sept mois&nbsp;:</p> <ul> <li>&laquo;&nbsp;<em>J&rsquo;essaie d&rsquo;utiliser les progressions du CASNAV de Paris pour construire des s&eacute;quences surtout en d&eacute;but d&rsquo;ann&eacute;e et je privil&eacute;gie l&rsquo;oral (avec la m&eacute;thode Oh l&agrave; l&agrave;) et la correspondance phon&egrave;mes/graph&egrave;mes. Apr&egrave;s j&rsquo;utilise des documents que je cr&eacute;e &agrave; partir de livres d&rsquo;&eacute;cole mais ce ne sont pas des s&eacute;quences</em>&nbsp;&raquo; (Professeure des &eacute;coles, licence de lettres et mention FLE, certifi&eacute;e FLS, 30 ans, cinq ans d&rsquo;anciennet&eacute;, coll&egrave;ge en milieu urbain).</li> <li>&laquo;&nbsp;<em>Je fais des s&eacute;quences en fin d&rsquo;ann&eacute;e seulement, je prends surtout des outils FLE pour leur apprendre d&rsquo;abord &agrave; communiquer Tandem ou Bravo</em>&nbsp;&raquo; (Professeure des &eacute;coles, certifi&eacute;e FLS, Licence de Lettres et ma&icirc;trise FLE, 32 ans, cinq ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; REP).</li> <li>&laquo;&nbsp;<em>Je ne fais presque pas de s&eacute;quences. Je travaille la discrimination orale presque tous les jours pendant au moins trois mois avec les plus d&eacute;butants. En fin d&rsquo;ann&eacute;e, avec les plus avanc&eacute;s, des s&eacute;quences sur le conte, la lettre et avec ceux qui d&eacute;butent des activit&eacute;s extraites des m&eacute;thodes FLE&nbsp;: Tandem, Bravo, Sac &agrave; dos</em>&nbsp;&raquo; (Professeure de Lettres Classiques, certifi&eacute;e FLS, mention FLE des licences, 27 ans, trois ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain, class&eacute; REP).</li> </ul> <p>Dans la derni&egrave;re citation, la production &eacute;crite (lettre, conte) semble s&rsquo;inscrire dans des s&eacute;quences pr&eacute;c&eacute;d&eacute;es par une longue p&eacute;riode de d&eacute;veloppement des comp&eacute;tences communicatives orales. Abord&eacute;e dans la continuit&eacute; des apprentissages oraux, la production textuelle s&rsquo;articule prioritairement &agrave; des objets d&rsquo;enseignement classiquement mis en sc&egrave;ne dans la culture de la discipline &laquo;&nbsp;fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; en classe ordinaire.</p> <p>Les outils compl&eacute;mentaires issus du champ disciplinaire du FLE (fichiers, livres d&rsquo;exercices de grammaire, de conjugaison, d&rsquo;orthographe et fichiers de vocabulaire) sont cit&eacute;s 12 fois notamment par les enseignants qui, dans la r&eacute;ponse &agrave; la question 15, pr&eacute;cisent qu&rsquo;ils am&eacute;nagent des travaux de groupes (cinq r&eacute;pondants) ou individualisent l&rsquo;apprentissage (deux r&eacute;pondants)&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;<em>J&rsquo;alterne des s&eacute;quences avec toute la classe et du travail individuel sur fiches (conjugaison, jeux lexicaux, ordre des mots) avec aussi des exercices sur la correspondance grapho-phon&eacute;tique</em>&nbsp;&raquo; (Professeure des &eacute;coles, Licence de Lettres et mention FLE, certifi&eacute;e FLS, 35 ans, huit ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; REP).</p> </blockquote> <p>Ce sont les activit&eacute;s portant sur le lexique qui sont le plus souvent recherch&eacute;es comme le montre la fr&eacute;quence des termes &laquo;&nbsp;vocabulaire&nbsp;&raquo; (6 occurrences), &laquo;&nbsp;jeux lexicaux&nbsp;&raquo; (2 occurrences), &laquo;&nbsp;jeux de vocabulaire&nbsp;&raquo; (2 occurrences), &laquo;&nbsp;lexique&nbsp;&raquo; (2 occurrences). De m&ecirc;me, neuf enseignants d&eacute;clarent t&eacute;l&eacute;charger des exercices &agrave; partir de sites sp&eacute;cialis&eacute;s pour l&rsquo;enseignement du FLE, notamment &agrave; partir du portail&nbsp;<em>Le Point du FLE</em>. C&rsquo;est aussi parce que les enseignants font le choix, du moins &agrave; certains moments de l&rsquo;ann&eacute;e, de favoriser une conceptualisation grammaticale contextualis&eacute;e qu&rsquo;ils ont recours &agrave; des outils compl&eacute;mentaires FLE&nbsp;:&nbsp;<em>Grammaire progressive du fran&ccedil;ais</em>&nbsp;(CLE International), Grammaire en dialogues (CLE International),&nbsp;<em>Grammaire en contexte</em>&nbsp;(Hachette Fran&ccedil;ais Langue &Eacute;trang&egrave;re). Ces outils adapt&eacute;s &agrave; la diversit&eacute; des publics d&rsquo;apprenants tiennent compte de leurs caract&eacute;ristiques. Pr&eacute;sentant tr&egrave;s peu de m&eacute;talangage, ils prennent non seulement en consid&eacute;ration le fait que les descriptions des autres langues varient en fonction des sp&eacute;cificit&eacute;s de chacune mais permettent aussi plusieurs modalit&eacute;s d&rsquo;apprentissage&nbsp;: grammaire implicite/grammaire explicite. Privil&eacute;giant une entr&eacute;e par les actes de langage mis en relation avec des contenus grammaticaux, ils abordent la grammaire dans une vis&eacute;e communicative. Ainsi, les manuels d&rsquo;exercices de grammaire sont cit&eacute;s vingt-et-une fois dans les vingt-trois<sup><a href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc">21</a></sup>r&eacute;ponses donn&eacute;es, contrairement aux manuels de grammaire con&ccedil;us pour des natifs, qui s&rsquo;appuient sur la conscience linguistique des apprenants et qui, par cons&eacute;quent, ne sont jamais nomm&eacute;s dans ce corpus. Pr&eacute;cisons que ces manuels de grammaire issus de la didactique du FLE offrent aux apprenants la possibilit&eacute; d&rsquo;acqu&eacute;rir des connaissances grammaticales et des connaissances morphologiques pour transcrire des &eacute;l&eacute;ments qui n&rsquo;ont pas de correspondance phonologique.</p> <p>Les diff&eacute;rentes strates de la culture professionnelle des enqu&ecirc;t&eacute;s exercent une influence certaine sur le choix des mat&eacute;riels didactiques et p&eacute;dagogiques&nbsp;: on remarque en effet que, parmi les dix enseignants qui d&eacute;clarent utiliser des livres scolaires con&ccedil;us pour le premier degr&eacute;, huit enseignent en &eacute;cole. C&rsquo;est notamment le cas des utilisateurs de la m&eacute;thode&nbsp;<em>Borel-Maisonny</em>, de la m&eacute;thode&nbsp;<em>Gafi le fant&ocirc;me</em>&nbsp;et du fichier ARTHUR. De m&ecirc;me, ce sont trois enseignants des &eacute;coles et un enseignant d&rsquo;anglais qui s&eacute;lectionnent des ressources focalisant sur la correspondance grapho-phon&eacute;tique, option qui signale des choix p&eacute;dagogiques et didactiques int&eacute;grant l&rsquo;apprentissage de la combinatoire. Ces activit&eacute;s aident &agrave; comprendre le fonctionnement du syst&egrave;me linguistique dans la mesure o&ugrave; il existe &agrave; l&rsquo;&eacute;crit des unit&eacute;s significatives, les mots et des unit&eacute;s distinctives, les graph&egrave;mes auxquelles correspondent &agrave; l&rsquo;oral des unit&eacute;s ayant les m&ecirc;mes fonctions. Rappelons que l&rsquo;enseignement de la lecture est trait&eacute; en formation initiale des enseignants des &eacute;coles et non pas en formation initiale des enseignants de lyc&eacute;es et de coll&egrave;ges. En outre, un enseignant d&rsquo;anglais et une enseignante des &eacute;coles &eacute;voquent des activit&eacute;s portant sur la segmentation des mots et des phrases, mais ces pr&eacute;cisions restent minoritaires dans les verbatim.</p> <p>Je d&eacute;duis des d&eacute;clarations des enseignants que ce mat&eacute;riel p&eacute;dagogique et didactique sp&eacute;cifique est requis par des pratiques d&rsquo;enseignement sollicitant la manipulation d&rsquo;unit&eacute;s linguistiques au niveau du mot et de la phrase (exercices de segmentation, de commutation<sup><a href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc">22</a></sup>, mise en relation phon&egrave;me/graph&egrave;mes, rep&eacute;rage de groupes syntaxiques) lors de s&eacute;ances de langue qui ne sont pas n&eacute;cessairement articul&eacute;es &agrave; des s&eacute;ances de lecture ou d&rsquo;&eacute;criture. Ces exercices sont en effet n&eacute;cessaires dans la mesure o&ugrave; la langue fran&ccedil;aise isole l&rsquo;article distingu&eacute; du nom, avec lequel sont fusionn&eacute;s des signes morph&eacute;miques (marques du genre et du nombre) alors que dans d&rsquo;autres langues, les articles fusionnent avec le nom et les signes morph&eacute;miques peuvent &ecirc;tre dissoci&eacute;s.</p> <p>On pourra alors se demander si davantage d&rsquo;enseignants disent d&eacute;velopper ce rapport r&eacute;flexif &agrave; la langue lors des activit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture et d&rsquo;am&eacute;lioration de productions et d&rsquo;&eacute;tudier de quelle mani&egrave;re ils d&eacute;clarent favoriser l&rsquo;acquisition de ces fondamentaux de la langue &eacute;crite.</p> <p>Les listes de mat&eacute;riel p&eacute;dagogique rec&egrave;lent d&rsquo;autres particularit&eacute;s&nbsp;: on trouve en effet dans le corpus cinq mentions de &laquo;&nbsp;mot-&eacute;tiquette&nbsp;&raquo;. Issues de la culture p&eacute;dagogique anglo-saxonne, les mots-&eacute;tiquettes sont des images monos&eacute;miques, cartonn&eacute;es et plastifi&eacute;es, parfois l&eacute;gend&eacute;es au recto ou au verso, utilis&eacute;es dans les pays anglophones pour apprendre et m&eacute;moriser le lexique des langues &eacute;trang&egrave;res, ou en France, &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, pour l&rsquo;enseignement pr&eacute;coce de l&rsquo;anglais. De fait, elles sont utilis&eacute;es par les deux enseignants d&rsquo;anglais en poste en UPE2A et par trois enseignants des &eacute;coles. Outre les mots-&eacute;tiquettes, d&rsquo;autres ressources picturales sont nomm&eacute;es dans onze questionnaires&nbsp;: affiches, images, photos, cartes postales, jeux des sept familles, albums, livres illustr&eacute;s, etc. La complexit&eacute; du terrain incite bien &agrave; l&rsquo;&eacute;clectisme dans les m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage (Puren 1994, Puren 2003, Porcher 2004), comme le confirme l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; suivant&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;<em>Il n&rsquo;y a des s&eacute;quences qu&rsquo;apr&egrave;s P&acirc;ques. Avant, je travaille par groupes avec plusieurs m&eacute;thodes qui proposent des activit&eacute;s alliant l&rsquo;oral et l&rsquo;&eacute;crit. Des flashcards, des cartes postales, des exercices de vocabulaire, des exercices de grande section et de CP</em><sup><a href="#sdfootnote23sym" name="sdfootnote23anc">23</a></sup><em>&nbsp;pour la graphie. Toutes sortes de textes et de manuels FLE pour ados et aussi le fichier ARTHUR</em>&nbsp;&raquo;. (Professeure des &eacute;coles, mention FLE des licences, certifi&eacute;e FLS, 38 ans, 10 ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; en REP).</p> </blockquote> <p>C&rsquo;est particuli&egrave;rement au niveau de la s&eacute;lection de ressources d&eacute;di&eacute;es &agrave; l&rsquo;enseignement de la langue et de la culture que se manifeste ce m&eacute;tissage p&eacute;dagogico-didactique. Peu de ressources s&rsquo;appuient sur la langue de scolarisation mise en &oelig;uvre dans les autres disciplines. En effet, seulement cinq r&eacute;pondants d&eacute;clarent travailler avec les ressources d&rsquo;autres disciplines d&rsquo;enseignement (sciences de la vie et de la terre, histoire-g&eacute;ographie) et un r&eacute;pondant avec les &eacute;crits de la vie scolaire (documents administratifs, r&egrave;glement int&eacute;rieur, carnet de correspondance) sans que leur histoire professionnelle, marqu&eacute;e ou non par la polyvalence, soit d&eacute;terminante. Peu de r&eacute;pondants d&eacute;clarent utiliser des &eacute;crits relevant d&rsquo;autres domaines de savoir que celui de la discipline fran&ccedil;ais. Ce qui para&icirc;t probl&eacute;matique quand on sait que la deuxi&egrave;me inscription de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve nouvellement arriv&eacute; en classe ordinaire au coll&egrave;ge se fait en fonction de son &acirc;ge et non en tenant compte de ses comp&eacute;tences langagi&egrave;res et disciplinaires.</p> <p>Une autre s&eacute;rie de manuels appara&icirc;t exclusivement dans ce corpus concernant l&rsquo;enseignement en UPE2A&nbsp;: sur les vingt-cinq informateurs, huit enseignants de statut divers citent les ouvrages de pr&eacute;paration au Dipl&ocirc;me d&rsquo;&Eacute;tudes en Langue Fran&ccedil;aise<sup><a href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc">24</a></sup>&nbsp;scolaire (DELF), mention qui souligne ici les contradictions des injonctions institutionnelles. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, le document&nbsp;<em>Le fran&ccedil;ais langue seconde</em>&nbsp;recommande d&rsquo;enseigner un fran&ccedil;ais de scolarisation, de l&rsquo;autre, de soumettre une &eacute;preuve certificative en mai-juin tr&egrave;s probablement pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e d&rsquo;exercices d&rsquo;entra&icirc;nement comme l&rsquo;indiquent les r&eacute;f&eacute;rences donn&eacute;es, qui &eacute;value les comp&eacute;tences communicatives des &eacute;l&egrave;ves en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re. Cet examen, volontaire et facultatif, exerce une influence sur les pratiques enseignantes, d&rsquo;autant que sa passation est encourag&eacute;e par l&rsquo;Institution&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;<em>La d&eacute;livrance d&rsquo;un dipl&ocirc;me national notamment de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re peut repr&eacute;senter pour ces &eacute;l&egrave;ves une puissante motivation et une reconnaissance de leur int&eacute;gration</em>&nbsp;&raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, Pr&eacute;paration de la rentr&eacute;e 2005, circulaire n&deg; 2005-067 du 15/04/2005).</p> </blockquote> <p>C&rsquo;est ce que confirme un r&eacute;pondant qui souligne les contradictions institutionnelles&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;<em>Je passe du temps &agrave; les initier au DELF A2 et ce n&rsquo;est pas dans les programmes du FLS</em>&nbsp;&raquo; (Professeure des &eacute;coles, Licence de Lettres et mention FLE, certifi&eacute;e FLS, 35 ans, huit ans d&rsquo;anciennet&eacute;, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; REP).</p> </blockquote> <p>Notons que les comp&eacute;tences langagi&egrave;res des &eacute;l&egrave;ves en production &eacute;crite sont &eacute;valu&eacute;es &agrave; la suite de la production de deux textes courts (lettre amicale et message) pour inviter, remercier, s&rsquo;excuser, informer, demander ou f&eacute;liciter. Il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;crits fonctionnels sociaux qu&rsquo;ils ne seront plus amen&eacute;s &agrave; r&eacute;aliser lorsqu&rsquo;ils int&eacute;greront les cours de fran&ccedil;ais de classe ordinaire o&ugrave; la culture scolaire inscrit ses priorit&eacute;s dans la culture lettr&eacute;e. L&rsquo;&eacute;tude de la langue et de la litt&eacute;rature y interagissent constamment tout en valorisant des codes rh&eacute;toriques et des formes discursives n&rsquo;appartenant pas forc&eacute;ment au r&eacute;pertoire des autres cultures scolaires (voir les nouveaux programmes de fran&ccedil;ais pour le coll&egrave;ge publi&eacute;s dans le&nbsp;<em>Bulletin Officiel</em>&nbsp;hors s&eacute;rie du 28 ao&ucirc;t 2008).</p> <h3>2.5. Rapports des enseignants aux prescriptions institutionnelles</h3> <p>Les seize r&eacute;ponses obtenues &agrave; la question 63 (&laquo;&nbsp;Pour vous, les diff&eacute;rents textes officiels r&eacute;gissant l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en 6<sup>e</sup>&nbsp;et en classe d&rsquo;accueil depuis 1995 ont-ils contribu&eacute; &agrave; une &eacute;volution du r&ocirc;le de l&rsquo;enseignant dans ces d&eacute;marches d&rsquo;aide&nbsp;? Si oui, de quel(s) ordre(s) et en quelle(s) ann&eacute;e(s)&nbsp;?&nbsp;&raquo;) montrent que les enseignants consid&egrave;rent le document officiel&nbsp;<em>Le fran&ccedil;ais langue seconde</em>&nbsp;comme une ressource op&eacute;ratoire pour orienter les cours. Pr&eacute;cisons que le taux de r&eacute;ponses obtenues &agrave; cette question est de 64 %. Les opinions sont globalement positives&nbsp;: douze enseignants reconnaissent que le texte les aide &agrave; comprendre les difficult&eacute;s des &eacute;l&egrave;ves et leur apporte des id&eacute;es de mise en &oelig;uvre d&rsquo;activit&eacute;s, notamment pour l&rsquo;enseignement de l&rsquo;&eacute;criture et la mise en &oelig;uvre de simulations globales. Six autres r&eacute;pondants adh&egrave;rent aux principes exprim&eacute;s par l&rsquo;Institution mais demandent davantage de pr&eacute;cision et m&ecirc;me des supports p&eacute;dagogiques pr&eacute;-fabriqu&eacute;s, notamment pour les &eacute;l&egrave;ves d&eacute;butants ou pour ceux en difficult&eacute; de lecture. Du point de vue de l&rsquo;&eacute;criture, les enseignants ne pr&eacute;cisent pas ce que le texte &eacute;claire, sauf deux professeurs qui &eacute;voquent l&rsquo;apport d&rsquo;informations sur les difficult&eacute;s des &eacute;l&egrave;ves ou l&rsquo;acquisition du code &eacute;crit en langue seconde (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, 2000, p. 17-18)&nbsp;:</p> <ul> <li>&laquo;<em>Oui, le document d&rsquo;accompagnement donne des pr&eacute;cisions int&eacute;ressantes pour comprendre les probl&egrave;mes des &eacute;l&egrave;ves</em>&nbsp;&raquo; (Certifi&eacute;e lettres modernes, ma&icirc;trise FLE, 31 ans, deux ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain class&eacute; REP).</li> <li>&laquo;<em>Le texte sur le FLS explique l&rsquo;acquisition de l&rsquo;&eacute;criture en fran&ccedil;ais langue seconde</em>&raquo; (Certifi&eacute;e lettres classiques, mention FLE des licences, 39 ans, huit ans d&rsquo;anciennet&eacute; en dispositif d&rsquo;accueil, coll&egrave;ge en milieu urbain, class&eacute; RAR).</li> </ul> <p>Ajoutons que, pour ce qui concerne la litt&eacute;rature professionnelle, seule la revue&nbsp;<em>Le fran&ccedil;ais dans le monde</em>, inscrite dans le champ didactique du FLE, est cit&eacute;e une fois, ce qui refl&egrave;te le vide &eacute;ditorial actuel dans le domaine des revues de didactique et de p&eacute;dagogie du FLS.</p> <p>&Agrave; l&rsquo;issue de cet inventaire de ressources d&eacute;clar&eacute;es, on reste &eacute;tonn&eacute; de ne pas lire de r&eacute;f&eacute;rences d&rsquo;albums, de collections bilingues ou m&ecirc;me de textes &eacute;dit&eacute;s dans les langues premi&egrave;res des &eacute;l&egrave;ves. On sait que les enseignants de l&rsquo;&eacute;chantillon sont, pour la plupart, initi&eacute;s &agrave; la didactique du FLE, parfois certifi&eacute;s FLS, et suivent les formations propos&eacute;es par le CASNAV qui transmettent les discours institutionnels&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>le cours de FLS est [&hellip;] le lieu de la prise en compte des habitudes culturelles des &eacute;l&egrave;ves dans un dialogue constant entre la culture d&rsquo;origine et la culture fran&ccedil;aise</em>&nbsp;&raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, 2000, p. 19). Or, nulle mention de textes bilingues ou de dictionnaires bilingues. Nulle mention de productions de contes du pays d&rsquo;origine en fran&ccedil;ais, ressources pourtant conseill&eacute;es dans l&rsquo;opuscule (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, 2000, p. 16). La situation scolaire de contacts de langues, caract&eacute;ristique des UPE2A, ne semble pas encore per&ccedil;ue comme un atout pour l&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais.</p> <h2>Conclusion</h2> <p>Pour conclure, on peut dire que cette &eacute;tude montre que les enseignants d&eacute;clarent conna&icirc;tre la production officielle, mais souhaitent disposer d&rsquo;un mat&eacute;riel d&rsquo;enseignement concret (plans de s&eacute;quence, fiches) cautionn&eacute; par l&rsquo;Institution. La grande quantit&eacute; de ressources cit&eacute;es, ainsi que l&rsquo;aspect tr&egrave;s &eacute;clectique des listes de mat&eacute;riel &eacute;tablies, montrent que la m&eacute;diation de l&rsquo;objet d&rsquo;enseignement &laquo;&nbsp;langue fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo; mobilise un grand nombre d&rsquo;outils diversifi&eacute;s. Elle t&eacute;moigne dans ce contexte particulier, d&rsquo;une part, d&rsquo;un besoin de documents p&eacute;dagogiques et didactiques adapt&eacute;s et d&rsquo;autre part, de l&rsquo;ing&eacute;niosit&eacute; des enseignants de classe d&rsquo;accueil qui mettent en synergie les outils des diff&eacute;rents grands domaines de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais (FLE, FLM, FLS), ing&eacute;niosit&eacute; propre aux m&eacute;tiers de l&rsquo;enseignement, d&eacute;j&agrave; soulign&eacute;e par Perrenoud (1983) et de nombreux autres chercheurs en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, qui ont d&eacute;velopp&eacute; la m&eacute;taphore du &laquo;&nbsp;bricoleur<a href="#sdfootnote25sym" name="sdfootnote25anc">25</a>&nbsp;&raquo; de L&eacute;vi-Strauss (1962, p. 27) et l&rsquo;ont adapt&eacute;e au milieu professionnel des enseignants.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>Amigues, R. &amp; Lataillade, G. (2007). Le &laquo;&nbsp;travail partag&eacute;&nbsp;&raquo; des enseignants&nbsp;: r&ocirc;le des prescriptions et dynamique de l&rsquo;activit&eacute; enseignante.&nbsp;<em>Actes</em>&nbsp;du colloque de l&rsquo;AREF, Strasbourg.</p> <p>Bautier, &Eacute;., Branca-Rosoff, S. (2002).&nbsp;<em>Pratiques linguistiques des &eacute;l&egrave;ves en &eacute;chec scolaire et enseignement</em>. Ville-&Eacute;cole-Int&eacute;gration, 130. 196-230.</p> <p>Brossard, M., &amp; Fijalkow, J. (dir.), (2008).&nbsp;<em>Vygotski et les recherches en &eacute;ducation et en didactique</em>. Bordeaux&nbsp;: Presses Universitaires de Bordeaux.</p> <p>Chiss, J.-L. (1997). &Eacute;l&eacute;ments de probl&eacute;matisation pour l&rsquo;enseignement/apprentissage du fran&ccedil;ais aux &eacute;l&egrave;ves &laquo;&nbsp;non-francophones&nbsp;&raquo;.&nbsp;<em>In</em>&nbsp;Boyzon-Fradet, D. &amp; Chiss, J.-L., (&eacute;ds.).&nbsp;<em>Enseigner le fran&ccedil;ais en classe h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne. &Eacute;cole et immigration</em>, 55-76. Paris&nbsp;: Nathan.</p> <p>Durand, M., Ria, L., Flavier, &Eacute;. (2002).&nbsp;<em>La culture en action des enseignants</em>.&nbsp;<em>Revue des sciences de l&rsquo;&eacute;ducation</em>, Vol. XXVIIII, 1. 82-103.</p> <p>Gather Thurler, M. (1994).&nbsp;<em>Relations professionnelles et cultures des &eacute;tablissements scolaires : au-del&agrave; du culte de l&rsquo;individualisme</em>.&nbsp;<em>Revue fran&ccedil;aise de p&eacute;dagogie</em>, 10. 19-39.</p> <p>L&eacute;vi-Strauss, C. (1962).&nbsp;<em>La pens&eacute;e sauvage</em>. Paris&nbsp;: Plon.</p> <p>Perrenoud, P. (1983).&nbsp;<em>La pratique p&eacute;dagogique entre l&rsquo;improvisation r&eacute;gl&eacute;e et le bricolage. &Eacute;ducation et Recherche</em>, 2. 198-212.</p> <p>Puren, C. (1994).&nbsp;<em>La didactique des langues &agrave; la crois&eacute;e des m&eacute;thodes. Essai sur l&rsquo;&eacute;clectisme</em>. Paris&nbsp;: Cr&eacute;dif &ndash; Didier, coll. &laquo;&nbsp;Essais&nbsp;&raquo;.</p> <p>Puren, C. (2003).&nbsp;<em>La didactique des langues-&eacute;trang&egrave;res &agrave; la crois&eacute;e des m&eacute;thodes. Essai sur l&rsquo;&eacute;clectisme</em>. Paris&nbsp;: Didier.</p> <p>Rabardel, P. (1995).&nbsp;<em>Les hommes et les technologies. Approche cognitive des instruments contemporains</em>. Paris&nbsp;: Armand Colin.</p> <p>Sensevy, G., Maurice, J.J., Clanet, J. et Murillo, A. (2008).&nbsp;<em>La diff&eacute;renciation didactique passive&nbsp;: un essai de d&eacute;finition et d&rsquo;illustration. Les Dossiers des sciences de l&rsquo;&eacute;ducation</em>, 20. 105-122.</p> <p>Santolini et de Lacerda (2001),&nbsp;<em>Note d&rsquo;information de la Division de l&rsquo;&Eacute;valuation et de la Prospective</em>, Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale.</p> <p>Spa&euml;th, V. (2008).&nbsp;<em>Le fran&ccedil;ais &laquo;&nbsp;langue de scolarisation&nbsp;&raquo; et les disciplines scolaires</em>. In Chiss, J.-L. (dir.). I<em>mmigration, &Eacute;cole et didactique du fran&ccedil;ais</em>, 64-100. Paris&nbsp;: Didier.</p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, (2000).&nbsp;<em>Le fran&ccedil;ais langue seconde</em>. Didier Hatier.</p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, (2001).&nbsp;<em>Rapport de l&rsquo;inspection g&eacute;n&eacute;rale sur la scolarisation des &eacute;l&egrave;ves non francophones nouveaux arrivants en France</em>.</p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, (2005). Pr&eacute;paration de la rentr&eacute;e 2005,&nbsp;<em>circulaire n&deg; 2005-067</em>&nbsp;du 15/04/2005.</p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, (2006).&nbsp;<em>Le socle commun de connaissances et de comp&eacute;tences</em>, CNDP.</p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, (2008). Bulletin officiel sp&eacute;cial n&deg; 6 du 28 ao&ucirc;t 2008.</p> <p>Vigner, G. (2009).&nbsp;<em>Le fran&ccedil;ais langue seconde, comment apprendre le fran&ccedil;ais aux &eacute;l&egrave;ves nouvellement-arriv&eacute;s</em>. Hachette &eacute;ducation.</p> <hr /> <h2>Notes</h2> <p><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1&nbsp;</a>Le coll&egrave;ge, premier cycle de l&rsquo;enseignement secondaire, accueille en France des &eacute;l&egrave;ves &acirc;g&eacute;s de 11 &agrave; 15 ans. Le lyc&eacute;e, deuxi&egrave;me cycle de l&rsquo;enseignement secondaire, accueille des &eacute;l&egrave;ves &acirc;g&eacute;s de 15 &agrave; 18 ans.</p> <p><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2&nbsp;</a>Au coll&egrave;ge en France, les &eacute;l&egrave;ves suivent successivement les classes de 6<sup>e</sup>, 5<sup>e</sup>, 4<sup>e</sup>&nbsp;et 3<sup>e</sup>.</p> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3&nbsp;</a>Bulletin Officiel n&deg; 29 du 20 juillet 2006. Disponible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.education.gouv.fr/bo/2006/29/MENE0601554D.htm">http://www.education.gouv.fr/bo/2006/29/MENE0601554D.htm</a><br /> L&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;un socle commun de connaissances et de comp&eacute;tences est une disposition de la loi d&rsquo;orientation et de programme pour l&rsquo;Avenir de l&rsquo;&Eacute;cole du 23 avril 2005. Le d&eacute;cret du 11 juillet 2006 pris en application de la loi organise le contenu du socle autour de sept piliers et prend en compte les recommandations du Haut Conseil de l&rsquo;&Eacute;ducation (2006). Il s&rsquo;inscrit en m&ecirc;me temps dans la logique des orientations de l&rsquo;Union europ&eacute;enne en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;ducation. Sa mise en &oelig;uvre s&rsquo;&eacute;chelonne de la rentr&eacute;e 2007 &agrave; la rentr&eacute;e 2009. Les sept piliers du socle commun sont la ma&icirc;trise de la langue fran&ccedil;aise, la pratique d&rsquo;une langue vivante &eacute;trang&egrave;re, les principaux &eacute;l&eacute;ments de math&eacute;matiques et la culture scientifique et technologique, la ma&icirc;trise des techniques usuelles de l&rsquo;information et de la communication, la culture humaniste, les comp&eacute;tences sociales et civiques, l&rsquo;autonomie et l&rsquo;initiative.</p> <p><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">4&nbsp;</a>&laquo;&nbsp;<em>Les capacit&eacute;s humaines, historiquement cr&eacute;&eacute;es, sont d&eacute;pos&eacute;es dans une culture sous forme d&rsquo;outils, d&rsquo;instruments psychologiques (un langage, un syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture&hellip;) de connaissances d&eacute;pos&eacute;es dans une m&eacute;moire collective</em>&nbsp;&raquo; (L&eacute;ontiev, cit&eacute; par Brossard, 2008, p. 95).</p> <p><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5&nbsp;</a>Rabardel utilise le concept d&rsquo;artefact pour d&eacute;signer de fa&ccedil;on neutre toute chose finalis&eacute;e d&rsquo;origine humaine. L&rsquo;approche instrumentale pose que l&rsquo;outil devient un instrument lorsqu&rsquo;il est incorpor&eacute; &agrave; l&rsquo;organisation de l&rsquo;action du sujet (Rabardel, 1995) dans sa composante d&rsquo;artefact mat&eacute;riel ou immat&eacute;riel, et sa composante de sch&egrave;mes d&rsquo;utilisation participant de l&rsquo;action constructive du sujet pas seulement de sa dimension productive.</p> <p><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6&nbsp;</a>L&rsquo;examen de la certification compl&eacute;mentaire permet &agrave; des enseignants de valider des comp&eacute;tences particuli&egrave;res qui ne rel&egrave;vent pas du champ de leur concours. Il permet aussi de constituer un vivier de comp&eacute;tences pour certains enseignements pour lesquels il n&rsquo;existe pas de sections de concours de recrutement et, &agrave; terme, de mieux pr&eacute;parer le renouvellement de professeurs qui en ont eu la charge. Le secteur du fran&ccedil;ais langue seconde (FLS) concerne l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais par des enseignants des premier et second degr&eacute;s dans les classes d&rsquo;initiation et d&rsquo;accueil pour la scolarisation des &eacute;l&egrave;ves nouvellement arriv&eacute;s en France sans ma&icirc;trise suffisante de la langue fran&ccedil;aise.</p> <p><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7&nbsp;</a>Les &eacute;tudiants des cursus de Lettres Modernes, Langues et Sciences du Langage ont la possibilit&eacute; de suivre une formation compl&eacute;mentaire en didactique du FLE/FLS &agrave; partir de la troisi&egrave;me ann&eacute;e. Cette option, compos&eacute;e au minimum d&rsquo;un cours de didactique du FLE/FLS et de l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une nouvelle langue &eacute;trang&egrave;re, leur propose des bases th&eacute;oriques, m&eacute;thodologiques et pratiques n&eacute;cessaires &agrave; une premi&egrave;re exp&eacute;rience de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en tant que langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde. Elle peut &ecirc;tre suivie ou non d&rsquo;un master qui leur permet d&rsquo;enseigner le FLE/FLS dans n&rsquo;importe quel contexte.</p> <p><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8&nbsp;</a>Deuxi&egrave;me ann&eacute;e de Master.</p> <p><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9&nbsp;</a>Institut Universitaire de Formation des Ma&icirc;tres</p> <p><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10&nbsp;</a>D&eacute;finie par la note de service n&deg; 2004-175 du 19 octobre 2004.</p> <p><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11&nbsp;</a>Classe d&rsquo;Initiation accueillant les &eacute;l&egrave;ves allophones dans les &eacute;coles primaires.</p> <p><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12&nbsp;</a>Professeurs des Lyc&eacute;es et des Coll&egrave;ges</p> <p><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13&nbsp;</a>R&eacute;seau d&rsquo;&Eacute;ducation Prioritaire</p> <p><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14&nbsp;</a>R&eacute;seau Ambition R&eacute;ussite</p> <p><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15&nbsp;</a>Note d&rsquo;information de la Division de l&rsquo;&Eacute;valuation et de la Prospective (Santolini, de Lacerda, 2001).</p> <p><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16&nbsp;</a>Zone d&rsquo;&Eacute;ducation Prioritaire.</p> <p><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17&nbsp;</a>&laquo;&nbsp;<em>La langue n&rsquo;est pas v&eacute;cue comme poss&eacute;dant une coh&eacute;rence r&eacute;gl&eacute;e, n&rsquo;est pas davantage v&eacute;cue comme un ensemble de r&egrave;gles &agrave; respecter, &agrave; respecter parce que les r&egrave;gles appartiennent au bien commun, au savoir collectif et qu&rsquo;il ne d&eacute;pend pas de chacun de d&eacute;cider de l&rsquo;orthographe d&rsquo;un nom ou d&rsquo;un verbe, &agrave; respecter parce que seul ce respect permet la compr&eacute;hension partag&eacute;e, la construction de la signification souhait&eacute;e et la participation &agrave; un collectif</em>&nbsp;&raquo; (Bautier, Branca-Rosoff, 2002, p. 202).</p> <p><a href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18&nbsp;</a>Centres Acad&eacute;miques pour la Scolarisation des &eacute;l&egrave;ves Nouvellement Arriv&eacute;s et des enfants du Voyage.</p> <p><a href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19&nbsp;</a>Les m&eacute;thodes les plus souvent cit&eacute;es sont par ordre croissant de fr&eacute;quence&nbsp;:&nbsp;<em>Panorama</em>&nbsp;(CLE International),&nbsp;<em>Fr&eacute;quences jeunes</em>&nbsp;(Hachette FLE),&nbsp;<em>Oh l&agrave; l&agrave;</em>&nbsp;(CLE International),&nbsp;<em>Entr&eacute;e en mati&egrave;re</em>,&nbsp;<em>Sac &agrave; dos</em>&nbsp;(Hachette FLE),&nbsp;<em>Tandem</em>&nbsp;(Didier FLE), Alex et Zo&eacute;,&nbsp;<em>Bravo</em>&nbsp;(Didier FLE).</p> <p><a href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20&nbsp;</a>&laquo;&nbsp;<em>Ainsi la part donn&eacute;e &agrave; la m&eacute;thode de FLE diminuera-t-elle rapidement pour laisser place &agrave; d&rsquo;autres activit&eacute;s d&rsquo;apprentissage induites par la situation de scolarisation dans laquelle sont plac&eacute;s les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;: lecture de textes litt&eacute;raires et documentaires, activit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture et d&rsquo;expression orale, activit&eacute;s li&eacute;es &agrave; la pratique du fran&ccedil;ais dans les diff&eacute;rentes disciplines</em>&nbsp;&raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale, 2000, p. 16).</p> <p><a href="#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">21&nbsp;</a>Deux enseignants n&rsquo;ont pas r&eacute;pondu &agrave; la question 15.</p> <p><a href="#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">22&nbsp;</a>Utiles en fran&ccedil;ais, langue pour laquelle le sens d&eacute;pend de l&rsquo;ordre des mots.</p> <p><a href="#sdfootnote23anc" name="sdfootnote23sym">23&nbsp;</a>Cours Pr&eacute;paratoire, premi&egrave;re classe de l&rsquo;&eacute;cole primaire fr&eacute;quent&eacute;e par des &eacute;l&egrave;ves &acirc;g&eacute;s de 6-7 ans.</p> <p><a href="#sdfootnote24anc" name="sdfootnote24sym">24&nbsp;</a>Le DELF, adoss&eacute; au Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence pour les Langues (Conseil de l&rsquo;Europe, 2001) est un dipl&ocirc;me reconnu en Europe. Il est d&eacute;livr&eacute; par le Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale pour certifier les comp&eacute;tences en fran&ccedil;ais d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves allophones. Organis&eacute; depuis 1985 dans 163 pays, il en existe depuis la rentr&eacute;e 2005 une version propos&eacute;e en France. Elle est destin&eacute;e aux nouveaux arrivants scolaris&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire. Le DELF scolaire se compose de trois dipl&ocirc;mes, ind&eacute;pendants, correspondants aux niveaux A1, A2 et B1 du CECRL. Il comprend une &eacute;preuve collective de compr&eacute;hension orale et &eacute;crite, de production &eacute;crite, ainsi qu&rsquo;une &eacute;preuve individuelle de production orale. Sa mise en place vise &agrave; favoriser l&rsquo;int&eacute;gration des &Eacute;l&egrave;ves Nouvellement Arriv&eacute;s en France (ENAF) par la valorisation de leurs premiers acquis linguistiques. C&rsquo;est un dipl&ocirc;me qui permet aux &eacute;l&egrave;ves de s&rsquo;inscrire dans une dynamique de progr&egrave;s et d&rsquo;obtenir une certification du niveau atteint en langue fran&ccedil;aise au bout d&rsquo;environ un an de pr&eacute;sence dans le pays d&rsquo;accueil. Les &eacute;l&egrave;ves ayant de bonnes chances de r&eacute;ussite sont pr&eacute;sent&eacute;s en priorit&eacute;.</p> <p><a href="#sdfootnote25anc" name="sdfootnote25sym">25&nbsp;</a>&laquo;&nbsp;<em>Le bricoleur est apte &agrave; ex&eacute;cuter un grand nombre de t&acirc;ches diversifi&eacute;es, mais, &agrave; la diff&eacute;rence de l&rsquo;ing&eacute;nieur, il ne subordonne pas chacune d&rsquo;entre elles &agrave; l&rsquo;obtention de mati&egrave;res premi&egrave;res et d&rsquo;outils, con&ccedil;us et procur&eacute;s &agrave; la mesure de son projet&nbsp;: son univers instrumental est clos, et la r&egrave;gle de son jeu est de toujours s&rsquo;arranger avec les moyens du bord, c&rsquo;est-&agrave;-dire un ensemble &agrave; chaque instant fini d&rsquo;outils et de mat&eacute;riaux, h&eacute;t&eacute;roclites au surplus, parce que la composition de l&rsquo;ensemble n&rsquo;est pas en rapport avec le projet du moment, ni d&rsquo;ailleurs avec aucun projet particulier, mais est le r&eacute;sultat contingent de toutes les occasions qui se sont pr&eacute;sent&eacute;es de renouveler ou d&rsquo;enrichir le stock ou de l&rsquo;entretenir avec les r&eacute;sidus des constructions et des destructions ant&eacute;rieures</em>&nbsp;&raquo; (L&eacute;vi-Strauss, 1962, p. 27).</p> <hr /> <h2>Citer cet article</h2> <p>HAMEZ Marie-Pascale. Les outils didactiques des professeurs de fran&ccedil;ais langue seconde, en France, dans l&rsquo;enseignement secondaire : analyse de d&eacute;clarations de pratiques enseignantes,&nbsp;<em>Revue TDFLE</em>, n&deg;69 [en ligne], 2017.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h4>Marie-Pascale HAMEZ&nbsp;<br /> Universit&eacute; Lille 3<br /> D&eacute;partement d&rsquo;Enseignement du Fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;International<br /> CIREL-Th&eacute;odile</h4>