<h2 style="text-align:justify">Introduction</h2> <p style="text-align:justify">Depuis l&rsquo;introduction de formats d&rsquo;&eacute;valuation oraux aussi bien dans les certifications de FLE (par exemple le DELF) que dans les examens terminaux des &eacute;tudes secondaires de nombreux pays (par exemple la &laquo;&nbsp;Kommunikationspr&uuml;fung&nbsp;&raquo; du baccalaur&eacute;at en Allemagne), l&rsquo;expression et la communication orales rev&ecirc;tent une importance accrue pour les &eacute;l&egrave;ves et les professeurs. Or, par-del&agrave; les aspects connus et appr&eacute;ci&eacute;s des professeurs de langue &eacute;trang&egrave;re tels que le lexique, la grammaire ou les &eacute;l&eacute;ments discursifs, de nombreuses &eacute;tudes empiriques ont d&eacute;montr&eacute; que c&rsquo;&eacute;tait la prononciation (&eacute;l&eacute;ments segmentaux <em>et</em> suprasegmentaux) qui contribuait &agrave; rendre intelligible un &eacute;nonc&eacute; oral et qui v&eacute;hiculait une partie de son sens (Anderson-Hsieh &amp; Koehler 1988; Champagne-Muzar et al. 1993; Derwing &amp; Munro 2015; Lauret 2011). Ainsi, la prosodie, par exemple, permet dans certains cas de r&eacute;soudre l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; d&rsquo;homophones appartenant &agrave; des classes syntaxiques diff&eacute;rentes (Millotte et al. 2008), et est partie int&eacute;grante de l&rsquo;organisation des tours de parole d&rsquo;une langue (Kerbrat-Orecchioni 1996). Il n&rsquo;est donc pas &eacute;tonnant que la recherche sur l&rsquo;efficacit&eacute; respective des diff&eacute;rentes m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement de la prononciation en langue &eacute;trang&egrave;re ait fortement augment&eacute; durant ces quelque dix derni&egrave;res ann&eacute;es (cf. les m&eacute;ta-analyses chez Lee et al. 2015; Saito 2012).</p> <p style="text-align:justify">En m&ecirc;me temps &ndash; de nombreuses &eacute;tudes (Foote et al. 2016; Saalfeld 2012) en t&eacute;moignent &ndash; l&rsquo;enseignement de la prononciation en cours de FLE souffre d&rsquo;un d&eacute;samour certain, qui a amen&eacute; Billi&egrave;res (2014) &agrave; le qualifier de &laquo;&nbsp;vilain petit canard&nbsp;&raquo; didactique. Il est fort probable, comme le soulignent diff&eacute;rents chercheurs (Correa &amp; Grim 2014; Seidlhofer 2006), que la propagation de l&rsquo;approche par comp&eacute;tences et de l&rsquo;approche actionnelle a fortement contribu&eacute; &agrave; mettre la prononciation au ban des cours de langue. En effet, le CECRL, cens&eacute; fournir des descripteurs fiables pour l&rsquo;enseignement et l&rsquo;&eacute;valuation des comp&eacute;tences langagi&egrave;res, est particuli&egrave;rement peu explicite &ndash; et peu pertinent &ndash; sur le plan de la prononciation (Moyer 2013; Rolland 2011). Un/e professeur de FLE souhaitant travailler dans une approche par comp&eacute;tences est donc, comme le remarque Moyer (2013), livr&eacute; &agrave; lui-/elle-m&ecirc;me&nbsp;: &laquo; Teachers would be hard-pressed to develop more detailed rubrics based on these vague descriptions. They must therefore determine their own objectives for phonological fluency ad hoc. &raquo; (Moyer 2013&nbsp;: 165). Il est &eacute;vident que cela va &agrave; l&rsquo;encontre de l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me du CECRL, qui, dans le domaine de la prononciation, n&rsquo;a rien d&rsquo;une r&eacute;f&eacute;rence.</p> <p style="text-align:justify">Cette n&eacute;gligence du fait phon&eacute;tique par le CECRL s&rsquo;est propag&eacute;e jusque dans les institutions de formation des ma&icirc;tres et dans les manuels scolaires. Cela ne reste bien entendu pas sans cons&eacute;quences sur les pratiques professionnelles en mati&egrave;re d&rsquo;enseignement de la prononciation. En effet, quand un enseignement phon&eacute;tique a lieu, il est en g&eacute;n&eacute;ral dispens&eacute; sous forme structurale, sans ensuite int&eacute;grer les structures acquises dans une t&acirc;che communicative/ actionnelle plus vaste, induisant l&rsquo;effet des &laquo;&nbsp;paires minimales&nbsp;&raquo; (Correa &amp; Grim 2014)<a href="#_ftn1" id="_ftnref1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>. Par ailleurs, la s&eacute;lection des ph&eacute;nom&egrave;nes enseign&eacute;s, aussi bien par les manuels scolaires que par les enseignants eux-m&ecirc;mes, ne correspond pas toujours &agrave; ce qui entrave la communication du point de vue de &laquo;&nbsp;&nbsp;l&rsquo;oreille native&nbsp;&raquo;, voire &laquo;&nbsp;francophone&nbsp;&raquo; (Saito 2012; Wioland 2011; Wioland 2005). Et finalement, l&rsquo;enseignement syst&eacute;matique de la prononciation est bien trop souvent &laquo;&nbsp;remplac&eacute;&nbsp;&raquo; par un feed-back al&eacute;atoire (Foote et al. 2016).</p> <p style="text-align:justify">Face &agrave; ce constat, la contribution pr&eacute;sente souhaite dans un premier temps expliquer les diff&eacute;rentes fonctions de la prononciation, qui la rendent indispensable &agrave; la r&eacute;ussite communicationnelle. Dans un deuxi&egrave;me temps, il s&rsquo;agira d&rsquo;analyser la notion de &laquo;&nbsp;comp&eacute;tence phon&eacute;tique&nbsp;&raquo; telle qu&rsquo;elle est propos&eacute;e par le CECRL et de probl&eacute;matiser l&rsquo;emploi d&rsquo;une approche actionnelle pour l&rsquo;apprentissage de la phon&eacute;tique. Finalement, seront propos&eacute;es quelques pistes de r&eacute;flexion portant tant sur la formulation des descripteurs phon&eacute;tiques que sur l&rsquo;approche actionnelle, le but &eacute;tant de surmonter le gouffre actuel entre l&rsquo;approche actionnelle/ l&rsquo;approche &laquo;&nbsp;par comp&eacute;tences&nbsp;&raquo; et un enseignement efficace de la prononciation.</p> <h2>1. Le r&ocirc;le de la prononciation</h2> <p style="text-align:justify">De nombreuses &eacute;tudes empiriques d&eacute;montrent l&rsquo;importance du fait phon&eacute;tique pour la communication, et plus particuli&egrave;rement la communication interculturelle (Derwing &amp; Munro 2015). Cela ne se limite pas aux segments de la langue. Car s&rsquo;il va de soi que le fait de ne pas savoir articuler les sons de la langue cible sapera tout effort de communication, la seule ma&icirc;trise des phon&egrave;mes ne garantit pas une r&eacute;ussite communicationnelle. En effet, de nombreuses &eacute;tudes empiriques ont d&eacute;montr&eacute; que l&rsquo;intelligibilit&eacute; d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; est fortement d&eacute;termin&eacute;e par les &eacute;l&eacute;ments suprasegmentaux. Ainsi, comme le remarquent Millotte, Ren&eacute;, Wales et Christophe (2008), dans les phrases &laquo;&nbsp;Jean porte le sac.&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;J&rsquo;emporte le sac&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est l&rsquo;accentuation qui permet de r&eacute;soudre l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; induite par les homophones <em>Jean porte </em>et <em>J&rsquo;emporte</em>.</p> <p style="text-align:justify">Par ailleurs, les donn&eacute;es paraverbales interviennent fortement dans l&rsquo;expression des &eacute;motions (Mordellet-Roggenbuck 2006; Potapova 2010). Cette fonction expressive est particuli&egrave;rement importante pour l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;: en effet, en &laquo;&nbsp;plaquant&nbsp;&raquo; la prosodie de sa langue natale sur une autre langue, un apprenant pourrait exprimer toute une panoplie d&rsquo;&eacute;motions sans en &ecirc;tre conscient, induisant des r&eacute;actions &eacute;tonn&eacute;es, voire n&eacute;gatives de la part des locuteurs natifs (Munro et al. 2006 : 69). De plus, le choix-m&ecirc;me de l&rsquo;&eacute;motion que l&rsquo;on est en droit d&rsquo;externaliser diff&egrave;re fortement selon les cultures. Ainsi, Potapova (2010) d&eacute;montre dans une &eacute;tude comparative que sur le plan non- et paraverbal, les locuteurs natifs fran&ccedil;ais externaliseraient fortement des &eacute;motions telles que la col&egrave;re et la peur, tandis que les Allemands montreraient davantage la joie et la tristesse. Un Fran&ccedil;ais ignorant ce fait peut donc facilement para&icirc;tre excessivement col&eacute;rique aux yeux de ses interlocuteurs allemands. Et Potapova d&rsquo;en conclure que &laquo;&nbsp;si l&rsquo;on ne ma&icirc;trise pas ce syst&egrave;me s&eacute;miotique, en r&eacute;sulteront des malentendus, voire m&ecirc;me une incompr&eacute;hension totale.&raquo;<a href="#_ftn2" id="_ftnref2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a> (Potapova 2010: 37 [traduction: C.A.]).</p> <p style="text-align:justify">Par ailleurs, les signaux prosodiques, comme le remarque Kerbrat-Orecchioni (1996), contribuent &agrave; l&rsquo;organisation des tours de paroles d&rsquo;une langue par les moyens suivants&nbsp;: &laquo;&nbsp;courbe intonative marqu&eacute;e, ralentissement du d&eacute;bit, chute de l&rsquo;intensit&eacute; articulatoire, puis pause de la voix&nbsp;&raquo;. (Kerbrat-Orecchioni 1996&nbsp;:&nbsp;26). Selon Kerbrat-Orecchioni, un apprenant ignorant ces faits pourrait ne pas r&eacute;ussir &agrave; prendre la parole dans une discussion avec des locuteurs natifs &ndash; sans toutefois en comprendre les raisons.</p> <p style="text-align:justify">Par-del&agrave; la r&eacute;ussite communicationnelle, la prononciation rev&ecirc;t une fonction sociologique&nbsp;: ainsi, des &eacute;tudes empiriques (Lippi-Green 2012; Munro et al. 2006; Settinieri 2011) ont d&eacute;montr&eacute; qu&rsquo;une production fortement marqu&eacute;e par un accent &eacute;tranger pouvait affecter l&rsquo;image du locuteur aux yeux de ses interlocuteurs natifs<a href="#_ftn3" id="_ftnref3" name="_ftnref3"><sup>[3]</sup></a>. Cela peut &ecirc;tre d&ucirc; d&rsquo;une part au fait que la pr&eacute;sence d&rsquo;un accent &eacute;tranger &ndash; surtout s&rsquo;il est tr&egrave;s marqu&eacute; &ndash; entrave le traitement des donn&eacute;es verbales par l&rsquo;interlocuteur. Cette difficult&eacute; serait source de fatigue cognitive et induirait donc un sentiment d&rsquo;agacement (Aguado 2013). D&rsquo;autre part, des travaux sociolinguistiques ont soulign&eacute; qu&rsquo;une prononciation d&eacute;viante de la norme &laquo;&nbsp;standard&nbsp;&raquo; (Detey &amp; Le Gac 2008), notamment par la pr&eacute;sence d&rsquo;un accent &eacute;tranger, pouvait susciter chez les interlocuteurs un sentiment d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et de rejet (Lippi-Green 2012). Il va de soi que, face aux mouvements migratoires globaux questionnant, voire m&ecirc;me d&eacute;construisant la notion de norme (Moyer 2013), il convient d&rsquo;interroger cette attitude par rapport &agrave; la norme standard comme seule r&eacute;f&eacute;rence. Ainsi, l&rsquo;&eacute;ducation du locuteur natif, mais aussi de l&rsquo;apprenant, &agrave; &ecirc;tre plus ouvert par rapport aux accents &eacute;trangers voire aux standards &laquo;&nbsp;r&eacute;gionaux&nbsp;&raquo;, comme ceux du Qu&eacute;bec ou de la Suisse (Detey &amp; Le Gac 2008), serait certainement n&eacute;cessaire (Bibeau &amp; Germain 1983; Derwing &amp; Munro 2014). En m&ecirc;me temps, au vu des avantages sociaux et communicationnels d&rsquo;une prononciation proche d&rsquo;un &laquo;&nbsp;mod&egrave;le&nbsp;&raquo; (Lauret 2011), une r&eacute;duction &laquo;&nbsp;&eacute;clair&eacute;e&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn4" id="_ftnref4" name="_ftnref4"><sup>[4]</sup></a> de l&rsquo;accent &eacute;tranger des apprenants demeure actuellement un objectif didactique important.</p> <h2>2. La prononciation en formation des enseignants au fil du temps</h2> <p style="text-align:justify">N&eacute;anmoins, dans l&rsquo;histoire de l&rsquo;enseignement du FLE, la prononciation n&rsquo;a pas toujours constitu&eacute; un objectif didactique important&nbsp;: longtemps ignor&eacute;e par les tenants de la m&eacute;thode grammaire-traduction, elle se trouve en revanche plac&eacute;e au centre de la m&eacute;thode audio-orale ou de la m&eacute;thodologie directe. Cependant, comme le remarquent d&egrave;s les ann&eacute;es 1980 Pennington et Richards (1986), depuis le tournant communicationnel (<em>communicative turn)</em> de la didactique des langues, la prononciation est davantage consid&eacute;r&eacute;e comme acquis &laquo;&nbsp;linguistique&nbsp;&raquo; que comme partie int&eacute;grante de la comp&eacute;tence de communication. Son apprentissage syst&eacute;matique, per&ccedil;u comme &eacute;tant trop structural, chronophage et finalement peu fructueux (pour l&rsquo;enseignement de l&rsquo;espagnol : Saalfeld 2012), est souvent n&eacute;glig&eacute; dans une classe de langue destin&eacute;e &agrave; un projet plus &laquo;&nbsp;ambitieux&nbsp;&raquo;, &agrave; savoir la favorisation du d&eacute;veloppement d&rsquo;une comp&eacute;tence de communication via des t&acirc;ches r&eacute;alistes.&nbsp;Successivement, la prononciation est donc mise au ban du cours de langue (Foote et al. 2016), des manuels de FLE (Correa &amp; Grim 2014; Hayes-Harb 2014; Lauret 2011; Mertens 2011) ainsi que de la formation des professeurs de langue (pour l&rsquo;Allemagne : Abel &agrave; para&icirc;tre; Reimann 2017). L&rsquo;adoption d&rsquo;approches actionnelles et par comp&eacute;tences n&rsquo;a fait que renforcer cette tendance d&eacute;j&agrave; bien amorc&eacute;e d&egrave;s les ann&eacute;es 1980. Il n&rsquo;est donc pas &eacute;tonnant que de nombreux chercheurs s&rsquo;alarment du fait que la prononciation ait acquis un statut de &laquo;&nbsp;Cendrillon&nbsp;&raquo; didactique (Seidlhofer 2006).</p> <p style="text-align:justify">Les enseignants de langue en revanche se trouvent plac&eacute;s devant un choix corn&eacute;lien : choisir entre les besoins des apprenants, qui sont demandeurs d&rsquo;enseignement de la prononciation (Sturm 2013) d&rsquo;une part, et la politique linguistique actuelle de l&rsquo;autre, qui leur fait croire que la prononciation n&rsquo;est finalement pas au c&oelig;ur de la comp&eacute;tence de communication. De plus, m&ecirc;me si de nombreux professeurs souhaitent am&eacute;liorer la prononciation de leurs apprenants, ils se heurtent &agrave; leur manque de savoir et de savoir-faire, du fait d&rsquo;une n&eacute;gligence dans la formation initiale des enseignants (Abel &agrave; para&icirc;tre). Ce constat est d&rsquo;autant plus pr&eacute;occupant que les nouveaux formats d&rsquo;&eacute;valuation oraux (par exemple la &laquo;&nbsp;Kommunikationspr&uuml;fung&nbsp;&raquo; du baccalaur&eacute;at en Allemagne) exigent des enseignants non seulement la capacit&eacute; d&rsquo;enseigner la prononciation, mais aussi un concept clair pour son &eacute;valuation. En effet, une prononciation d&eacute;faillante rendant incompr&eacute;hensible un &eacute;nonc&eacute;, il semble aller de soi qu&rsquo;il faut d&eacute;finir quelle &laquo;&nbsp;comp&eacute;tence phonologique&nbsp;&raquo; est attendue des apprenants selon leur niveau de langue respectif. C&rsquo;est ce qu&rsquo;entreprend le CECRL (Conseil de l&rsquo;Europe 2001 : 91&ndash;92) sur une demi-page r&eacute;unissant diff&eacute;rents aspects ayant trait &agrave; la prononciation et proposant des descripteurs pour chaque niveau langagier. Or, ces descripteurs pr&eacute;sentent diff&eacute;rents probl&egrave;mes, qui seront explicit&eacute;s dans les paragraphes suivants.</p> <h2>3. Probl&egrave;mes des descripteurs du CECRL</h2> <h3>Un manque de clart&eacute;</h3> <p style="text-align:justify">De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, l&rsquo;&eacute;laboration de tels descripteurs se heurte &agrave; plusieurs probl&egrave;mes. Ainsi, Gohard-Radenkovic (2017), reprenant les analyses faites par Banon-Schirman et Cartron-Makardidjian (2006), &eacute;voque trois probl&egrave;mes majeurs concernant les descripteurs du CECRL, dont deux peuvent s&rsquo;appliquer &agrave; des cas particuliers de la prononciation. Ainsi, elle souligne que certains descripteurs sont ambigus. Si l&rsquo;on se penche sur la formulation propos&eacute;e pour le niveau B2 de la maitrise du syst&egrave;me phonologique &ndash; qui correspond au niveau du baccalaur&eacute;at dans le land du Bade-Wurtemberg en Allemagne &ndash; on constate que le CECRL pr&eacute;conise laconiquement que l&rsquo;utilisateur doit avoir &laquo;&nbsp;acquis une prononciation et une intonation claires et naturelles&nbsp;&raquo; (Conseil de l&rsquo;Europe 2001 : 92). En tant qu&rsquo;enseignant en situation d&rsquo;&eacute;valuation, on est en droit de se demander ce que cela signifie concr&egrave;tement. En effet, cela revient-il &agrave; demander aux apprenants d&rsquo;articuler la langue cible &laquo;&nbsp;sans accent&nbsp;&raquo;&nbsp;? Si l&rsquo;on suppose qu&rsquo;il y a &laquo;&nbsp;progression&nbsp;&raquo; depuis le niveau B1 (&laquo;&nbsp;La prononciation est clairement intelligible m&ecirc;me si un accent &eacute;tranger est quelquefois perceptible et si des erreurs de prononciation proviennent (sic&nbsp;!) occasionnellement.&nbsp;&raquo; (Conseil de l&rsquo;Europe 2001 : 92), on pourrait &ecirc;tre tent&eacute; de le supposer. N&eacute;anmoins, les descripteurs n&rsquo;&eacute;tant pas suffisamment clairs, il revient aux professeurs de juger quel degr&eacute; de ma&icirc;trise ils exigent de leurs &eacute;l&egrave;ves. Il va de soi que cela va &agrave; l&rsquo;encontre d&rsquo;une &eacute;valuation transparente.</p> <p style="text-align:justify">Un autre probl&egrave;me point&eacute; par Gohard-Radenkovic (2017) concerne le r&ocirc;le du jugement de l&rsquo;interlocuteur (Gohard-Radenkovic se r&eacute;f&egrave;re &agrave; la probl&eacute;matique de l&rsquo;auto-&eacute;valuation &agrave; l&rsquo;aide du <em>Portfolio</em>, mais ce probl&egrave;me vaut &eacute;galement pour l&rsquo;&eacute;valuation dans le cadre scolaire). Analysons par exemple un descripteur tel que&nbsp;le suivant&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><em>La prononciation d&rsquo;un r&eacute;pertoire tr&egrave;s limit&eacute; d&rsquo;expressions et de mots m&eacute;moris&eacute;s est compr&eacute;hensible avec quelque effort pour un locuteur natif habitu&eacute; aux locuteurs du groupe linguistique de l&rsquo;apprenant/ utilisateur.</em></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">(A1, ma&icirc;trise du syst&egrave;me phonologique, Conseil de l&rsquo;Europe 2001 : 92)</p> <p style="text-align:justify">Cette formulation pose plusieurs probl&egrave;mes en situation d&rsquo;&eacute;valuation. En effet, la grande majorit&eacute; des professeurs de FLE (du moins en Allemagne) n&rsquo;&eacute;tant pas locuteurs natifs, une &eacute;valuation selon ce descripteur est compromise. Par ailleurs, au vu des flux migratoires actuels, il semble bien difficile de demander que les enseignants soient &laquo;&nbsp;<em>habitu&eacute;[s]</em> aux locuteurs du <em>groupe linguistique de l&rsquo;apprenant</em>&nbsp;&raquo;.&nbsp;Ce descripteur suppose une homog&eacute;n&eacute;it&eacute; des langues maternelles qui ne correspond pas &ndash; et loin s&rsquo;en faut &ndash; aux r&eacute;alit&eacute;s plurilingues des salles de classe. Pour qu&rsquo;une &eacute;valuation transparente selon ce descripteur soit possible, il faudrait donc que les apprenants soient issus d&rsquo;un seul groupe linguistique, et que les &eacute;valuateurs soient locuteurs natifs de la langue cible tout en &eacute;tant familiaris&eacute;s avec le groupe linguistique des personnes &agrave; &eacute;valuer. Or, il est tr&egrave;s peu probable (et sans doute pas souhaitable) qu&rsquo;une telle homog&eacute;n&eacute;isation des biographies tant des enseignants que des apprenants soit possible dans la r&eacute;alit&eacute; scolaire de l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re.</p> <h3>Format d&rsquo;&eacute;valuation et co-construction du discours</h3> <p style="text-align:justify">Un autre probl&egrave;me r&eacute;sultant du caract&egrave;re socioculturel de l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re (Lantolf 2005), est la co-construction (Dausendsch&ouml;n-Gay et al. 2015) du discours, qui interdit une &eacute;valuation et un enseignement &laquo;&nbsp;d&eacute;connect&eacute;&nbsp;&raquo; des r&eacute;alit&eacute;s sociales et interculturelles de la situation d&rsquo;&eacute;nonciation (Pekarek Doehler 2007 ; Pekarek&nbsp;Doehler 2005). Ce constat g&eacute;n&eacute;ral s&rsquo;applique &eacute;galement &agrave; la comp&eacute;tence phon&eacute;tique, comme le remarque Major (2001&nbsp;: 12)&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><em>With much practice, probably every adult learner can produce /ma/ natively in some L2 [&hellip;] but most L2 learners will not pass for native in a L2 when calling the fire department because their house is on fire.</em></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">[Avec beaucoup d&rsquo;entra&icirc;nement, il est tr&egrave;s probable que tous les apprenants adultes parviennent &agrave; produire le segment /ma/ de mani&egrave;re native dans une langue &eacute;trang&egrave;re quelconque [&hellip;], mais la plupart des apprenants de langue &eacute;trang&egrave;re ne pourront pas se faire passer pour des locuteurs natifs en appelant les pompiers pour leur signaler un incendie dans leur maison. (traduction C.A.)]</p> <p style="text-align:justify">Dans une &eacute;preuve de &laquo;&nbsp;communication&nbsp;&raquo;, telle qu&rsquo;elle est pratiqu&eacute;e au baccalaur&eacute;at en Bade-Wurtemberg, le discours est construit en interaction, soit avec un autre apprenant, soit avec un enseignant. Il va de soi que ce format d&rsquo;&eacute;valuation, obligeant l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; r&eacute;agir rapidement &agrave; un &eacute;nonc&eacute; &eacute;mis par son interlocuteur, g&eacute;n&egrave;rera d&rsquo;autres types de productions &ndash; et d&rsquo;erreurs&nbsp;! &ndash; qu&rsquo;une &eacute;preuve orale &agrave; forte composante monologique o&ugrave; l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve contr&ocirc;le seul son discours.</p> <p style="text-align:justify">Le format d&rsquo;&eacute;valuation lui-m&ecirc;me a donc une incidence sur la comp&eacute;tence de prononciation. Et &agrave; l&rsquo;inverse, la comp&eacute;tence de prononciation ne peut &ecirc;tre envisag&eacute;e &laquo;&nbsp;hors contexte&nbsp;&raquo;. Or, cette incidence, si (comme dans les descripteurs phon&eacute;tiques du CECRL) elle n&rsquo;est pas prise en compte, peut &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;in&eacute;galit&eacute;s majeures &ndash; in&eacute;galit&eacute;s que le CECRL entreprend justement de supprimer&nbsp;!</p> <h3>Probl&egrave;me d&rsquo;une &laquo; progression &raquo; non-progressive</h3> <p style="text-align:justify">Par-del&agrave; la probl&eacute;matique de l&rsquo;&eacute;valuation, se pose aussi celle de la notion de &laquo;&nbsp;progression&nbsp;&raquo; en phon&eacute;tique. Car si l&rsquo;on analyse les descripteurs du CECRL, on constatera rapidement que, comme par exemple pour l&rsquo;&eacute;tendue du vocabulaire, l&rsquo;id&eacute;e sous-jacente est celle d&rsquo;un <em>d&eacute;veloppement</em> de la comp&eacute;tence. En partant d&rsquo;une ma&icirc;trise bancale (&laquo;&nbsp;malgr&eacute; un net accent &eacute;tranger&nbsp;&raquo;, A2), l&rsquo;apprenant est cens&eacute; aboutir &agrave; une ma&icirc;trise parfaite (ou du moins &laquo;&nbsp;claire [&hellip;] et naturelle [&hellip;]&nbsp;&raquo;, B2) du syst&egrave;me phonologique de la langue cible. Or, la recherche en linguistique appliqu&eacute;e sur la fossilisation des erreurs phon&eacute;tiques montre clairement qu&rsquo;une telle progression tiendrait du miracle (Moyer 2013; Rolland 2011; Wild 2015). En effet, il est tr&egrave;s peu probable qu&rsquo;un apprenant dont la prononciation pr&eacute;sente de nombreuses erreurs pendant trois ou quatre ans (le temps d&rsquo;atteindre le niveau B2), dont les erreurs de prononciation seront donc fossilis&eacute;es, r&eacute;ussira par la suite &agrave; acqu&eacute;rir une excellente prononciation.</p> <p style="text-align:justify">Ce probl&egrave;me est renforc&eacute; par le fait que les descripteurs des premiers niveaux (A1 et A2) taisent la dimension suprasegmentale de la langue. Au contraire, il est laiss&eacute; aux utilisateurs le soin d&rsquo;expliciter &laquo;&nbsp;selon le cas l&rsquo;importance relative des sons et de la prosodie&nbsp;&raquo; (Conseil de l&rsquo;Europe 2001 : 92). Notre propre &eacute;tude empirique men&eacute;e aupr&egrave;s de 54 professeurs de FLE en Allemagne du sud (Abel &agrave; para&icirc;tre) a d&eacute;montr&eacute; qu&rsquo;&agrave; d&eacute;faut d&rsquo;informations les guidant quant &agrave; l&rsquo;importance relative des diff&eacute;rents aspects de la prononciation, les enseignants utilisaient quasi exclusivement les exercices propos&eacute;s par les manuels. Or, ces exercices &eacute;tant pour la plupart de type segmental (exercices de discrimination et d&rsquo;articulation de certains sons), il s&rsquo;est av&eacute;r&eacute; qu&rsquo;une grande majorit&eacute; des enseignants d&eacute;laissaient la dimension prosodique de la prononciation pour ne s&rsquo;occuper que de quelques phon&egrave;mes.</p> <p style="text-align:justify">Les descripteurs du CECRL ne tiennent donc pas compte du fait qu&rsquo;en prononciation, l&rsquo;essentiel, &agrave; savoir l&rsquo;acquisition de la prosodie de la langue cible, doit se faire au d&eacute;but (Briet et al. 2014 ; Derwing &amp; Munro 2015), et que par la suite, un travail sur certains sons, sur la dimension sociolinguistique, voire la fluidit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale viendra compl&eacute;ter ce travail.</p> <p style="text-align:justify">Aussi est-il fort probable que les descripteurs, plut&ocirc;t que de servir &agrave; un d&eacute;veloppement syst&eacute;matique de la comp&eacute;tence phonologique des apprenants, contribuent &agrave; la fossilisation d&rsquo;erreurs de prononciation. On peut donc en conclure qu&rsquo;une approche par comp&eacute;tences&nbsp;se basant sur la description de la comp&eacute;tence phonologique telle qu&rsquo;elle est propos&eacute;e par le CECRL est fortement compromise et en opposition avec les r&eacute;sultats scientifiques g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par la recherche en linguistique appliqu&eacute;e.</p> <h3>Probl&egrave;me de l&rsquo;apprenant acteur de son apprentissage</h3> <p style="text-align:justify">L&rsquo;id&eacute;e de base du CECRL est celle d&rsquo;un apprenant d&rsquo;une langue&nbsp;vu comme&nbsp;acteur social &laquo;&nbsp;ayant &agrave; accomplir des t&acirc;ches&nbsp;&raquo; (Conseil de l&rsquo;Europe 2001 : 15). Au cours de la r&eacute;alisation de telles t&acirc;ches, ainsi le stipule le <em>Cadre</em>, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve se heurtera &agrave; des besoins (linguistiques, notamment) diff&eacute;rents. Ce d&eacute;calage entre ses comp&eacute;tences actuelles et celles requises pour l&rsquo;accomplissement de la t&acirc;che rendrait l&rsquo;apprenant capable de d&eacute;finir lui-m&ecirc;me ses besoins d&rsquo;apprentissage. Et plus encore&nbsp;: il le <em>motiverait</em> &agrave; d&eacute;velopper ses comp&eacute;tences. C&rsquo;est cette conception m&ecirc;me de l&rsquo;apprenant acteur de son apprentissage qui est au c&oelig;ur de l&rsquo;approche actionnelle dans sa version forte (Bourguignon 2014).</p> <p style="text-align:justify">Si pour de nombreuses activit&eacute;s langagi&egrave;res une telle approche peut &ecirc;tre tout &agrave; fait pertinente, il en va diff&eacute;remment pour la prononciation. En effet, comme le remarquent Mehlhorn et Trouvain (2007) ou encore Billi&egrave;res<a href="#_ftn5" id="_ftnref5" name="_ftnref5"><sup>[5]</sup></a> se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; la th&eacute;orie de Trubetzkoy, l&rsquo;audition d&rsquo;un apprenant est fortement marqu&eacute;e par le &laquo;&nbsp;crible phon&eacute;tique&nbsp;&raquo; de sa langue maternelle. L&rsquo;apprenant est donc pour ainsi dire &laquo;&nbsp;sourd&nbsp;&raquo; aux sons de la langue &eacute;trang&egrave;re &ndash; ou du moins, les assimilera &agrave; la cat&eacute;gorie de son la plus proche de sa langue maternelle. Ainsi, un locuteur germanophone, notamment du sud de l&rsquo;Allemagne, persistera &agrave; articuler [bɔʃuɐ] (sans nasale, une palatale sourde([ʃ]) &agrave; la place de la sonore ([ʒ]) et une voyelle pr&eacute;ouverte centrale [ɐ] &agrave; la fin), m&ecirc;me si son professeur s&rsquo;&eacute;vertue &agrave; le confronter quotidiennement &agrave; la forme correcte. Dans ce cas &ndash; bien connu de tous les enseignants de FLE en Allemagne &ndash; l&rsquo;apprenant peine &agrave; d&eacute;terminer un quelconque besoin d&rsquo;apprentissage, car selon son ou&iuml;e, sa prononciation ne sera vraisemblablement pas d&eacute;viante.</p> <p style="text-align:justify">Pour qu&rsquo;une approche actionnelle ait un sens pour le d&eacute;veloppement de la prononciation, il faut donc que l&rsquo;apprenant soit <em>pr&eacute;alablement</em> &ndash; avant toute t&acirc;che&nbsp;! &ndash; mis en contact avec le syst&egrave;me phon&eacute;tique&nbsp;de&nbsp;la&nbsp;langue&nbsp;cible.&nbsp;Cela&nbsp;suppose&nbsp;qu&rsquo;il travaille son audition, et particuli&egrave;rement sa sensibilit&eacute; &agrave; la prosodie de la langue. Apr&egrave;s seulement, une t&acirc;che au sens actionnel du terme pourra &ecirc;tre envisag&eacute;e&nbsp;et men&eacute;e &agrave; bien.</p> <h3>Bilan interm&eacute;diaire</h3> <p style="text-align:justify">Les descripteurs phon&eacute;tiques du CECRL dans leur version actuelle pr&eacute;sentent diff&eacute;rents probl&egrave;mes. Ces difficult&eacute;s concernent aussi bien l&rsquo;enseignement et l&rsquo;&eacute;valuation de la prononciation dans une perspective &laquo;&nbsp;par comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;, que plus globalement l&rsquo;application d&rsquo;une approche actionnelle dans sa version &laquo;&nbsp;forte&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align:justify">Il serait tout &agrave; fait possible d&rsquo;en conclure qu&rsquo;une approche &laquo;&nbsp;par comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;, voire actionnelle, et l&rsquo;apprentissage syst&eacute;matique et efficace de la prononciation d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re soient en opposition. Dans ce cas, il serait primordial de mettre en garde les praticiens contre l&rsquo;application de telles approches dans leurs cours de FLE. Or, nous ne tirerons pas cette conclusion. En effet, plusieurs &eacute;tudes tendent &agrave; d&eacute;montrer que des approches &laquo;&nbsp;par comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;, voire&nbsp;actionnelles, peuvent au contraire contribuer au d&eacute;veloppement de la prononciation des apprenants. Cela est possible si certaines conditions sont r&eacute;unies, conditions que nous souhaitons esquisser dans la partie suivante.</p> <h2>3. L&rsquo;approche &laquo;&nbsp;par comp&eacute;tences&nbsp;&raquo; et l&rsquo;approche actionnelle &ndash; un atout pour l&rsquo;apprentissage de la prononciation&nbsp;?</h2> <p style="text-align:justify">Plus que pour tout autre apprentissage linguistique, en phon&eacute;tique, l&rsquo;apprenant a donc besoin qu&rsquo;on tienne compte de ses besoins sp&eacute;cifiques, de ses h&eacute;sitations et de sa &laquo; voix &raquo; et son &laquo;oreille&raquo; personnelles<a href="#_ftn6" id="_ftnref6" name="_ftnref6"><sup>[6]</sup></a>. Aussi faut-il favoriser des approches didactiques qui permettent d&rsquo;individualiser l&rsquo;apprentissage tout en repla&ccedil;ant l&rsquo;acquisition de la prononciation dans un contexte social, qui ne l&rsquo;atomisent donc pas en sons et phon&egrave;mes. Car si l&rsquo;on se borne au niveau segmental, comme cela se fait encore trop souvent, il est fort probable que les apprenants ne soient pas en mesure d&rsquo;activer leurs nouvelles comp&eacute;tences de prononciation dans d&rsquo;autres contextes que ceux d&rsquo;un exercice (Correa &amp; Grim 2014).</p> <p style="text-align:justify">C&rsquo;est &agrave; ce moment, o&ugrave; une transition d&rsquo;une structure vers une situation de communication doit se faire, que l&rsquo;approche actionnelle peut prendre tout son sens. En effet, comme le remarque Pekarek Doehler (2007), en apportant &agrave; la classe de FLE une dimension &laquo;&nbsp;sociale&nbsp;&raquo;, une t&acirc;che au sens actionnel du terme peut se r&eacute;v&eacute;ler particuli&egrave;rement fructueuse. Ainsi, l&rsquo;on peut imaginer des t&acirc;ches incluant l&rsquo;utilisation d&rsquo;auto-enregistrements (par exemple en se servant des fonctions &laquo;&nbsp;dictaphone&nbsp;&raquo; disponibles sur la plupart des t&eacute;l&eacute;phones portables actuels). Le fait de s&rsquo;enregistrer, d&rsquo;&eacute;couter l&rsquo;enregistrement, d&rsquo;essayer d&rsquo;identifier ses erreurs de prononciation (en &eacute;tant soutenu par l&rsquo;enseignant) permet &agrave; l&rsquo;apprenant de cibler ses besoins et de d&eacute;velopper sa capacit&eacute; &agrave; se corriger lui-m&ecirc;me (Hirschfeld 2001).</p> <p style="text-align:justify">Concr&egrave;tement, cela a &eacute;t&eacute; exp&eacute;riment&eacute; dans une classe du secondaire allemand (Realschule, 23 &eacute;l&egrave;ves de 14/15 ans) au cours de la pr&eacute;paration d&rsquo;un &eacute;change avec une classe fran&ccedil;aise. Apr&egrave;s une instruction phon&eacute;tique contenant surtout une sensibilisation &agrave; la prosodie du fran&ccedil;ais (en ayant recours &agrave; diff&eacute;rentes m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement), et dans le cadre d&rsquo;une unit&eacute; p&eacute;dagogique portant sur le coll&egrave;ge et le lexique correspondant, les &eacute;l&egrave;ves allemands ont eu pour consigne d&rsquo;enregistrer un guide audio de leur &eacute;tablissement scolaire pour leurs partenaires fran&ccedil;ais. Avant l&rsquo;envoi &agrave; la classe fran&ccedil;aise, l&rsquo;enregistrement en question &eacute;tait r&eacute;&eacute;cout&eacute; aussi bien par les &eacute;l&egrave;ves eux-m&ecirc;mes que par la professeure de la classe afin d&rsquo;am&eacute;liorer la qualit&eacute; de la production et de veiller &agrave; l&rsquo;ad&eacute;quation situationnelle. Le travail ayant lieu en groupe, l&rsquo;enseignante avait la possibilit&eacute; de se consacrer &agrave; des groupes et des &eacute;l&egrave;ves en particulier, et ainsi de donner un feed-back d&eacute;taill&eacute; et individuel &agrave; ses apprenants. Cette t&acirc;che, qui demandait aux &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;activer une multitude de savoirs, s&rsquo;est av&eacute;r&eacute;e tr&egrave;s avantageuse sur le plan phon&eacute;tique &ndash; sans doute parce que, tout en &eacute;tant actionnelle, elle tenait surtout compte des diff&eacute;rents r&eacute;sultats de la recherche en didactique de la prononciation. L&rsquo;approche actionnelle, si elle est utilis&eacute;e &agrave; bon escient en incluant des m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement efficaces, peut donc tout &agrave; fait contribuer &agrave; un apprentissage de la prononciation.</p> <p style="text-align:justify">Toutefois, cela implique que les enseignants b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;une bonne formation en didactique de la phon&eacute;tique. En effet, la s&eacute;lection de m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement, la prise en compte des difficult&eacute;s individuelles (qui peuvent se situer sur le plan articulatoire, auditif, psychologique ou autre), mais aussi le choix de la technique de feedback (Abel, sous presse) demandent des comp&eacute;tences bien pr&eacute;cises, dont l&rsquo;acquisition &laquo;&nbsp;al&eacute;atoire&nbsp;&raquo; est peu probable.</p> <p style="text-align:justify">Mais qu&rsquo;en est-il de l&rsquo;utilisation des descripteurs de comp&eacute;tences phon&eacute;tiques dans l&rsquo;apprentissage et l&rsquo;&eacute;valuation &laquo;&nbsp;par comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;&nbsp;de la prononciation&nbsp;? Ne doit-on pas conclure des diff&eacute;rents probl&egrave;mes &eacute;voqu&eacute;s plus haut qu&rsquo;une approche par comp&eacute;tences dans l&rsquo;apprentissage de la prononciation est difficile, voire contre-productive&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify">Il est fort probable, et des &eacute;tudes empiriques (Abel &agrave; para&icirc;tre ; Reimann 2017) le d&eacute;montrent pour l&rsquo;Allemagne, que les professeurs eux-m&ecirc;mes soient demandeurs d&rsquo;un &laquo;&nbsp;mod&egrave;le&nbsp;&raquo; servant de base &agrave; l&rsquo;enseignement et l&rsquo;&eacute;valuation de la prononciation de leurs &eacute;l&egrave;ves. Cette demande est d&rsquo;autant plus forte que, comme il l&rsquo;a &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute; plus haut, d&rsquo;une part la didactique de la prononciation est n&eacute;glig&eacute;e dans la formation initiale des enseignants, et que d&rsquo;autre part, la prononciation rev&ecirc;t un r&ocirc;le plus important depuis l&rsquo;introduction de formats d&rsquo;&eacute;valuation oraux. N&eacute;anmoins, pour que les descripteurs puissent remplir cette fonction &ndash; servir de base pour l&rsquo;enseignement et l&rsquo;&eacute;valuation &ndash; il faut que plusieurs conditions soient r&eacute;unies&nbsp;: les descripteurs devraient &ecirc;tre plus explicites et moins d&eacute;pendants du ressenti d&rsquo;un locuteur natif &eacute;ventuel, et surtout, davantage bas&eacute;s sur des r&eacute;sultats de recherche en linguistique. C&rsquo;est la condition requise pour que l&rsquo;&eacute;valuation de la prononciation soit moins &laquo;&nbsp;floue et tr&egrave;s arbitraire, sous des apparences de scientificit&eacute; inattaquable&nbsp;&raquo; (Gohard-Radenkovic 2017). Ainsi, il est tout &agrave; fait envisageable que l&rsquo;on donne des exemples concrets de faits phon&eacute;tiques &agrave; acqu&eacute;rir (par exemple&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;apprenant ma&icirc;trise la prosodie de la langue cible dans des locutions connues&nbsp;&raquo;). Ces descripteurs, qui, par souci d&rsquo;application g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e &agrave; toutes les langues d&rsquo;Europe, sont souvent trop vagues sur le plan phon&eacute;tique, devraient &ecirc;tre compl&eacute;t&eacute;s par un r&eacute;f&eacute;rentiel pour le FLE. Contrairement aux r&eacute;f&eacute;rentiels que nous connaissons (notamment le r&eacute;f&eacute;rentiel pour le FLE belge, les Niveaukonkretisierungen du Land de Bade-Wurtemberg en Allemagne), qui ne se pr&eacute;occupent que vaguement de la prononciation, ce r&eacute;f&eacute;rentiel devrait r&eacute;ellement donner des exemples concrets de structures &agrave; enseigner selon le niveau de langue de l&rsquo;apprenant. Car il est &eacute;vident que l&rsquo;&eacute;valuation de la difficult&eacute; et de l&rsquo;importance respectives des diff&eacute;rents faits phon&eacute;tiques est une t&acirc;che extr&ecirc;mement complexe, et qu&rsquo;il serait utile d&rsquo;aider les enseignants &agrave; sa r&eacute;alisation, comme cela se fait pour les comp&eacute;tences grammaticales ou lexicales. Ainsi, en tenant compte de tout ce que l&rsquo;on sait du d&eacute;veloppement de l&rsquo;oreille, de la capacit&eacute; articulatoire, mais aussi du champ lexical et de la fossilisation des erreurs phon&eacute;tiques, il serait judicieux d&rsquo;exiger d&rsquo;abord une prononciation proche de la prononciation &laquo;&nbsp;mod&egrave;le&nbsp;&raquo; pour un nombre tr&egrave;s restreint de locutions connues, pour ensuite &eacute;largir cette exigence &agrave; d&rsquo;autres contextes. Le d&eacute;veloppement de l&rsquo;oreille peut se traduire par une capacit&eacute; d&rsquo;autocorrection croissante. Plus g&eacute;n&eacute;ralement, il semble primordial que la prosodie retrouve une place de choix dans les descripteurs et r&eacute;f&eacute;rentiels.</p> <p style="text-align:justify">Et finalement, tout en d&eacute;finissant les comp&eacute;tences phon&eacute;tiques de la fa&ccedil;on la plus concr&egrave;te, il est important de tenir compte du caract&egrave;re social de la comp&eacute;tence phon&eacute;tique. Ainsi, comme le soulignent Pekarek Doehler (2007) et Gohard-Radenkovic (2017), les professeurs doivent &ecirc;tre conscients du fait que toute comp&eacute;tence langagi&egrave;re est d&eacute;pendante du contexte socio-interactionnel dans lequel elle est mobilis&eacute;e et que tout discours &laquo;&nbsp;se d&eacute;finit comme co-construction o&ugrave; s&rsquo;organise le lien social&nbsp;&raquo; (Gohard-Radenkovic 2017). Ce constat vaut particuli&egrave;rement pour les situations d&rsquo;&eacute;valuation, o&ugrave; une application irr&eacute;fl&eacute;chie des descripteurs peut mener &agrave; des injustices majeures &ndash; tout en maintenant une apparence de transparence (L&uuml;di 2006). Il serait donc souhaitable que pour la prononciation, une &laquo;&nbsp;pratique &lsquo;&eacute;cologique&rsquo; de l&rsquo;&eacute;valuation&nbsp;&raquo; (Pekarek Doehler 2007) vienne remplacer la vision &laquo;&nbsp;statique et standardis&eacute;e&nbsp;&raquo; de la comp&eacute;tence langagi&egrave;re.&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">La &laquo;&nbsp;comp&eacute;tence de prononciation&nbsp;&raquo; gagnerait donc &agrave; &ecirc;tre d&eacute;finie de mani&egrave;re plus claire, plus judicieuse. Dans ce cas, et en en faisant un usage &laquo;&nbsp;&eacute;clair&eacute;&nbsp;&raquo; et &laquo; &eacute;cologique&nbsp;&raquo;, de tels descripteurs compl&eacute;t&eacute;s par un r&eacute;f&eacute;rentiel concret pour l&rsquo;enseignement du FLE, pourraient &ecirc;tre tr&egrave;s utiles et servir de base &agrave; une instruction &ndash; et &eacute;ventuellement &agrave; une &eacute;valuation &ndash; efficaces.</p> <h2 style="text-align:justify">Conclusion/ Perspectives</h2> <p style="text-align:justify">Il a &eacute;t&eacute; d&eacute;montr&eacute; qu&rsquo;actuellement, la formulation des descripteurs phon&eacute;tiques du CECRL rendait pr&eacute;caire une application irr&eacute;fl&eacute;chie dans l&rsquo;enseignement et l&rsquo;&eacute;valuation de la prononciation du FLE. N&eacute;anmoins, il semble qu&rsquo;un r&eacute;f&eacute;rentiel &eacute;tabli selon les r&eacute;sultats de la recherche en linguistique (appliqu&eacute;e) pourrait constituer un outil appr&eacute;ciable pour les enseignants de langue &eacute;trang&egrave;re. Le m&ecirc;me constat vaut pour l&rsquo;approche actionnelle, qui, selon son emploi, peut favoriser ou entraver l&rsquo;apprentissage de la prononciation.</p> <p style="text-align:justify">Pour que les enseignants soient en mesure de faire la part des choses et surtout d&rsquo;appliquer les principes et les &eacute;chelles du CECRL de mani&egrave;re &laquo;&nbsp;non-dogmatique&nbsp;&raquo; (CECRL&nbsp;: 13), voire dans une optique &laquo;&nbsp;&eacute;cologique&nbsp;&raquo;, il faudrait toutefois qu&rsquo;ils disposent de bonnes connaissances en didactique et en acquisition de la prononciation. Le fait phon&eacute;tique dans toutes ses dimensions (linguistique, didactique et m&eacute;thodologique) doit donc retrouver sa place au sein de la formation des professeurs de FLE. En effet, une excellente formation peut constituer un rempart contre une d&eacute;rive id&eacute;ologique dans l&rsquo;enseignement et l&rsquo;&eacute;valuation. Ainsi, le CECRL pourrait retrouver la place qui devrait &ecirc;tre la sienne&nbsp;: celle d&rsquo;un outil parmi d&rsquo;autres destin&eacute; &agrave; soutenir les enseignants dans leur pratique quotidienne.</p> <h2 style="text-align:justify">Bibliographie</h2> <p style="text-align:justify">Abel, Cl&eacute;mentine (sous presse), &laquo; Aus Fehlern wird man schlau&ldquo;? Zur Bedeutung des Faktors Feedback im Ausspracheunterricht &raquo;, dans <em>Zeitschrift f&uuml;r Fremdsprachenforschung</em>, 29 (1).</p> <p style="text-align:justify">Abel, Cl&eacute;mentine (&agrave; para&icirc;tre): <em>Ausspracheschulung: Erhebung von Kompetenzen, &Uuml;berzeugungen und Praktiken von Franz&ouml;sischlehrkr&auml;ften. Entwicklung eines bedarfsbezogenen F&ouml;rdermoduls</em>, (th&egrave;se) PH Freiburg.</p> <p style="text-align:justify">Aguado, Karin (2013), &laquo; Chunks, Imitation und Ko-konstruktion: Wie nicht-kindliche Fremdsprachenlernende ihre L2-Identit&auml;t(en) entwickeln k&ouml;nnen. &raquo;, dans Burwitz-Melzer, Eva; K&ouml;nigs, Frank G.; Riemer, Claudia (&eacute;ds.) <em>Identit&auml;t und Fremdsprachenlernen. 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[Qu&eacute;bec] : Paris : Gouvernement du Qu&eacute;bec, Conseil de la langue fran&ccedil;aise ; Le Robert (Collection L&rsquo;Ordre des mots).</p> <p style="text-align:justify">Billi&egrave;res, Michel (2014), &laquo; La phon&eacute;tique, vilain petit canard de la didactique &raquo;, <em>Au son du fle - Michel Billi&egrave;res</em>. <a href="https://www.verbotonale-phonetique.com/phonetique-didactique/">https://www.verbotonale-phonetique.com/phonetique-didactique/</a> (consult&eacute; le 31.01.2018)</p> <p style="text-align:justify">Bourguignon, Claire (2014), <em>Pour enseigner les langues avec le CECRL : cl&eacute;s et conseils</em>, Paris : Delagrave.</p> <p style="text-align:justify">Briet, Genevi&egrave;ve ; Collige, Val&eacute;rie ; Rassart-Eeckhout, Emmanuelle (2014), <em>La prononciation en classe: [des outils pratiques pour animer la classe]</em>, Grenoble : PUG (Les outils malins du FLE).</p> <p style="text-align:justify">Champagne-Muzar, C&eacute;cile ; Schneiderman, Eta ; Bourdages, Johannes S. (1993), &laquo; Second language accent: The role of the pedagogical environment &raquo;, dans <em>IRAL,</em> 31 (2), 143-160.</p> <p style="text-align:justify">Conseil de l&rsquo;Europe (2001), <em>Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues. Apprendre &ndash; enseigner &ndash; &eacute;valuer, </em>Paris: Didier.</p> <p style="text-align:justify">Correa, Maite; Grim, Fr&eacute;d&eacute;rique (2014), &laquo; Audio Recordings as a Self-Awareness Tool for Improving Second Language Pronunciation in the Phonetics and Phonology Classroom: Sample Activities &raquo;, dans <em>Currents in Teaching &amp; Learning</em>, 6 (2), 55-63.</p> <p style="text-align:justify">Dausendsch&ouml;n-Gay, Ulrich; G&uuml;lich, Elisabeth; Krafft, Ulrich (2015), <em>Ko-Konstruktionen in der Interaktion: Die gemeinsame Arbeit an &Auml;u&szlig;erungen und anderen sozialen Ereignissen</em>, transcript Verlag.</p> <p style="text-align:justify">Derwing, Tracey M.; Munro, Murray J. 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Ce fait est d&rsquo;ailleurs exploit&eacute; en marketing par le &laquo;&nbsp;foreign branding&nbsp;&raquo; (Leclerc et al. 1994), le fait de donner &agrave; un produit un nom &agrave; consonance &eacute;trang&egrave;re.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref4" id="_ftn4" name="_ftn4"><sup>[4]</sup></a>Une r&eacute;duction &laquo;&nbsp;&eacute;clair&eacute;e&nbsp;&raquo; serait une r&eacute;duction tenant compte des diff&eacute;rences individuelles et des aspects psychologiques et qui remettrait en question la notion de &laquo;&nbsp;norme&nbsp;&raquo;, par exemple en introduisant des vari&eacute;t&eacute;s diatopiques, diastratiques ou diaphasiques dans les activit&eacute;s de compr&eacute;hension (audio-)orale.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref5" id="_ftn5" name="_ftn5"><sup>[5]</sup></a> Sur son blog d&eacute;di&eacute; &agrave; la m&eacute;thode verbo-tonale&nbsp;: <a href="https://www.verbotonale-phonetique.com/origines-fondements/">https://www.verbotonale-phonetique.com/origines-fondements/.</a></p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref6" id="_ftn6" name="_ftn6"><sup>[6]</sup></a> Dans ce contexte, des m&eacute;thodes tenant compte de l&rsquo;apprenant en tant que personne enti&egrave;re (avec un corps, des &eacute;motions et des exp&eacute;riences ant&eacute;rieures), telle que &ndash; pour n&rsquo;en citer qu&rsquo;une &ndash; la m&eacute;thode verbo-tonale, se sont av&eacute;r&eacute;es particuli&egrave;rement efficaces (Schiffler 2012).</p>