<h2 style="text-align:justify">Introduction</h2> <p style="text-align:justify">Alors que nous assistions&ndash; dans le cadre des recherches sur l&rsquo;enseignement bi/plurilingue fran&ccedil;ais/langues et cultures nationales, en date du 04 novembre 2015, &agrave; la journ&eacute;e p&eacute;dagogique<a href="#_ftn1" id="_ftnref1" name="_ftnref1"><sup><sup>[1]</sup></sup></a> organis&eacute;e par des inspecteurs nationaux de p&eacute;dagogie dans la ville de Ngaound&eacute;r&eacute; sur le th&egrave;me &laquo;&nbsp;Pr&eacute;paration et ex&eacute;cution de la le&ccedil;on selon l&rsquo;APC-ESV<a href="#_ftn2" id="_ftnref2" name="_ftnref2"><sup><sup>[2]</sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, une enseignante de fran&ccedil;ais, qui r&eacute;pondait &agrave; un inspecteur sur les r&eacute;sistances dans l&rsquo;application de l&rsquo;APC, d&eacute;clarait ce qui suit&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><em>Jusqu&rsquo;&agrave; ce que vous veniez, je croyais que je me battais dans l&rsquo;APC, et apr&egrave;s je me suis rendu compte que j&rsquo;&eacute;tais en train de me noyer. (Enseignante de fran&ccedil;ais, 04/11/2015)</em></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Plus qu&rsquo;une prise de conscience des erreurs que cette enseignante commettait avant cette journ&eacute;e, suite aux &eacute;clairages apport&eacute;s par les inspecteurs, il s&rsquo;agit dans cet extrait de l&rsquo;expression de la confusion totale dans laquelle se trouv(ai)ent cette enseignante et de nombreux acteurs. En effet, elle a appr&eacute;hend&eacute; toute la difficult&eacute; &agrave; cerner cette nouvelle approche qu&rsquo;on vient de lui imposer<a href="#_ftn3" id="_ftnref3" name="_ftnref3"><sup><sup>[3]</sup></sup></a> ainsi qu&rsquo;&agrave; ses coll&egrave;gues.</p> <p style="text-align:justify">La d&eacute;claration de cette enseignante laisse pr&eacute;sager la complexit&eacute; de la mise en &oelig;uvre en situation de classe de cette approche dont les contours peinent &agrave; &ecirc;tre bien cern&eacute;s par les acteurs impliqu&eacute;s, mais &eacute;galement celle de leurs repr&eacute;sentations autant sur l&rsquo;approche proprement dite que sur sa mise en &oelig;uvre. C&rsquo;est &agrave; ces aspects que se consacre cette r&eacute;flexion qui, &agrave; partir de l&rsquo;exp&eacute;rience du lyc&eacute;e classique et moderne de Ngaound&eacute;r&eacute;, examine les innovations et les difficult&eacute;s li&eacute;es &agrave; l&rsquo;application de l&rsquo;APC dans un contexte o&ugrave; la situation du fran&ccedil;ais est fort complexe. Bien que cette langue ne soit pas enseign&eacute;e comme langue &eacute;trang&egrave;re<a href="#_ftn4" id="_ftnref4" name="_ftnref4"><sup><sup>[4]</sup></sup></a> dans l&rsquo;&eacute;tablissement qui nous concerne dans ce travail, les le&ccedil;ons qui pourront &ecirc;tre d&eacute;gag&eacute;es &agrave; partir de cette exp&eacute;rience pourront &ecirc;tre utiles aux autres contextes. Mais avant d&rsquo;aborder ces aspects, il est n&eacute;cessaire de pr&eacute;senter le contexte dans lequel cette recherche a &eacute;t&eacute; men&eacute;e et le processus d&rsquo;int&eacute;gration de l&rsquo;APC dans l&rsquo;enseignement secondaire g&eacute;n&eacute;ral<a href="#_ftn5" id="_ftnref5" name="_ftnref5"><sup><sup>[5]</sup></sup></a> au Cameroun. Pour chacun des probl&egrave;mes que nous identifierons dans l&rsquo;application de l&rsquo;APC, nous optons pour une discussion imm&eacute;diate accompagn&eacute;e, parfois, directement des suggestions si n&eacute;cessaire.</p> <h2 style="text-align:justify">1. Contexte de la recherche</h2> <p style="text-align:justify">Avant de dire comment nous avons construit les observables, nous allons pr&eacute;senter sommairement le contexte sociolinguistique de la Ville de Ngaound&eacute;r&eacute;.</p> <h3 style="text-align:justify">1.1. Le contexte sociolinguistique de Ngaound&eacute;r&eacute;</h3> <p style="text-align:justify">&Agrave; l&rsquo;image du Cameroun en g&eacute;n&eacute;ral, ou particuli&egrave;rement des villes camerounaises, Ngaound&eacute;r&eacute; baigne dans un environnement sociolinguistique d&rsquo;une complexit&eacute; remarquable. En effet, cette ville universitaire, lieu de convergence de personnes de provenance vari&eacute;e, regroupe des langues d&rsquo;origine diverse qui n&rsquo;assument pas les m&ecirc;mes fonctions.</p> <p style="text-align:justify">Ngaound&eacute;r&eacute; est le chef-lieu de l&rsquo;Adamaoua, r&eacute;gion francophone situ&eacute;e dans la partie septentrionale du Cameroun. &Eacute;tant dans la zone francophone, cette ville a le fran&ccedil;ais comme langue officielle dominante &agrave; c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;anglais, deuxi&egrave;me langue officielle mais tr&egrave;s peu utilis&eacute;e dans cette partie. Ces deux langues d&rsquo;origine europ&eacute;enne ont un statut qui les place au-dessus des langues d&rsquo;origine locale (<em>fulfulde, gbaya, dii, mbum, tikar, p&egrave;r&egrave;</em>, etc.). Cependant, la mobilit&eacute; occasionne l&rsquo;arriv&eacute;e de personnes locutrices d&rsquo;autres langues dans cette ville, notamment d&rsquo;autres langues nationales du pays comme le <em>gidar</em>, le <em>tupuri</em>, le <em>mundang</em>, etc. et des langues d&rsquo;origine &eacute;trang&egrave;re africaine, tchadienne et centrafricaine en l&rsquo;occurrence. Du point de vue des pratiques de ces langues, les relations ou hi&eacute;rarchies sont sensiblement revues. Le <em>fulfulde</em> s&rsquo;impose comme v&eacute;hiculaire principal et le fran&ccedil;ais est rel&eacute;gu&eacute; au rang de v&eacute;hiculaire secondaire (M&eacute;tangmo-Tatou et Tourneux, 2010&nbsp;; M&eacute;tangmo-Tatou 2001).</p> <p style="text-align:justify">Ce contexte permet de comprendre la situation du fran&ccedil;ais en milieu &eacute;ducatif. D&egrave;s l&rsquo;int&eacute;gration, mieux l&rsquo;imposition de cette langue dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif, le fran&ccedil;ais n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; enseign&eacute; comme langue &eacute;trang&egrave;re, du moins pas dans la partie francophone qui nous concerne. Jusqu&rsquo;&agrave; ce jour, il est enseign&eacute; comme langue premi&egrave;re (Minesec 2014a). Pourtant, des &eacute;tudes ont montr&eacute; que, vu la situation actuelle, cette langue ne fonctionne en Afrique francophone ni comme langue premi&egrave;re (si ce n&rsquo;est seulement dans les grandes villes comme Yaound&eacute; et Douala) ni comme langue &eacute;trang&egrave;re (sinon dans les deux r&eacute;gions anglophones du Cameroun, par exemple), mais comme langue seconde (Maurer 1995&nbsp;; 2017). Notre recherche ne porte donc pas sur un enseignement qui se r&eacute;clame de langue &eacute;trang&egrave;re. Toutefois, l&rsquo;APC &eacute;tant appliqu&eacute;e dans tout le syst&egrave;me &eacute;ducatif et cette approche &eacute;tant int&eacute;gr&eacute;e dans tous les &eacute;tablissements &agrave; la m&ecirc;me p&eacute;riode, les pratiques et les repr&eacute;sentations analys&eacute;es dans ce travail peuvent &ecirc;tre partag&eacute;es par d&rsquo;autres contextes, celui de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re particuli&egrave;rement.</p> <h3 style="text-align:justify">1.2. De la construction des observables</h3> <p style="text-align:justify">Ce travail s&rsquo;inscrit dans le cadre de nos recherches doctorales que nous venons d&rsquo;achever sur l&rsquo;&eacute;ducation bi/plurilingue fran&ccedil;ais/langues locales dans la r&eacute;gion de l&rsquo;Adamaoua. Dans cet article, nous nous int&eacute;ressons uniquement au fran&ccedil;ais.</p> <p style="text-align:justify">Les observables analys&eacute;s ici sont constitu&eacute;s d&rsquo;observations de le&ccedil;ons, de programmes d&rsquo;&eacute;tudes, mais surtout d&rsquo;entretiens compr&eacute;hensifs (Kaufman 2007) avec deux enseignantes de fran&ccedil;ais. Nous appelons ces enseignantes T1 et T2<a href="#_ftn6" id="_ftnref6" name="_ftnref6"><sup><sup>[6]</sup></sup></a>. L&rsquo;approche que nous privil&eacute;gions est qualitative (Blanchet 2011). Il est &eacute;vident que dans les pratiques d&rsquo;enseignement, chaque enseignant agit en fonction de la somme des exp&eacute;riences qu&rsquo;il a acquises tout au long de l&rsquo;exercice de sa profession, ce qui implique que chacun ait souvent ses marques personnelles dans la conduite des activit&eacute;s de classe. Toutefois, il est irr&eacute;cusable que l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;un enseignant peut &ecirc;tre b&eacute;n&eacute;fique pour un autre. D&rsquo;ailleurs, les enseignants ne se partagent-ils pas des exp&eacute;riences &agrave; l&rsquo;occasion des journ&eacute;es p&eacute;dagogiques organis&eacute;es soit par des inspecteurs, soit par des animateurs p&eacute;dagogiques&nbsp;? C&rsquo;est dire que, m&ecirc;me si les pratiques et repr&eacute;sentations analys&eacute;es dans ce travail ne sauraient &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme repr&eacute;sentatives de celles de tous les enseignants de fran&ccedil;ais de la ville de Ngaound&eacute;r&eacute; ou du Cameroun, elles nous aideront &agrave; appr&eacute;cier les forces et les faiblesses de la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;APC. Par ailleurs, il n&rsquo;est pas impossible que ces pratiques et repr&eacute;sentations soient partag&eacute;es par d&rsquo;autres enseignants.</p> <h2 style="text-align:justify">2. Une int&eacute;gration improvis&eacute;e dans l&rsquo;enseignement secondaire</h2> <p style="text-align:justify">L&rsquo;int&eacute;gration de l&rsquo;APC dans l&rsquo;&eacute;ducation au Cameroun a commenc&eacute; par le primaire<a href="#_ftn7" id="_ftnref7" name="_ftnref7"><sup><sup>[7]</sup></sup></a>. L&rsquo;exp&eacute;rimentation de cette approche a &eacute;t&eacute; lanc&eacute;e &agrave; ce niveau, selon Nkeck Bidias (2013), &agrave; partir de 2003 pour une dur&eacute;e de deux ans, ce qui devait &ecirc;tre suivi par l&rsquo;&eacute;laboration des curricula et la formation des agents superviseurs et des instituteurs&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><em>L&rsquo;exp&eacute;rimentation de l&rsquo;APC a &eacute;t&eacute; mise en &oelig;uvre dans cent cinquante (150) &eacute;coles primaires pilotes pendant deux (2) ans (2003 et 2004) r&eacute;parties sur l&rsquo;ensemble du territoire national. La mise &agrave; disposition des curricula &eacute;labor&eacute;s s&rsquo;est faite en 2009. L&rsquo;impl&eacute;mentation de l&rsquo;APC a d&eacute;marr&eacute; en avril 2012 par un s&eacute;minaire de formation des personnels de la cha&icirc;ne de supervision p&eacute;dagogique. Elle devrait se poursuivre jusqu&rsquo;au niveau de l&rsquo;enseignant de l&rsquo;&eacute;cole primaire &agrave; partir de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2012-2013 et durant la p&eacute;riode 2012- 2016. (Nkeck Bidias 2013&nbsp;: 241-242)</em></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Pendant que l&rsquo;exp&eacute;rimentation de l&rsquo;APC a commenc&eacute; en 2003 dans le primaire, au niveau du secondaire, c&rsquo;est autour de 2012 qu&rsquo;elle a d&eacute;but&eacute;, notamment par la formation des inspecteurs nationaux, l&rsquo;&eacute;laboration des programmes d&rsquo;&eacute;tudes et l&rsquo;enseignement de ces derniers dans le sous-cycle d&rsquo;observation. Ces programmes d&rsquo;exp&eacute;rimentation ont &eacute;t&eacute; remplac&eacute;s<a href="#_ftn8" id="_ftnref8" name="_ftnref8"><sup><sup>[8]</sup></sup></a> deux ans plus tard. De nos jours, l&rsquo;application de cette approche est en cours de g&eacute;n&eacute;ralisation dans les autres classes du secondaire. En 2016/2017 d&eacute;j&agrave;, le sous-cycle d&rsquo;orientation (4<sup>e</sup> et 3<sup>e</sup>) avait &eacute;galement ses programmes APC. La situation n&rsquo;a pas &eacute;volu&eacute; au cours de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire qui a suivi.</p> <p style="text-align:justify">Si dans le primaire la formation a &eacute;t&eacute; planifi&eacute;e comme cela se per&ccedil;oit sous la plume de Nkeck Bidias (op. cit.), dans le secondaire, les choses se sont acc&eacute;l&eacute;r&eacute;es&nbsp;: les inspecteurs ont certes b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une formation sur l&rsquo;APC&nbsp;; mais au niveau des r&eacute;gions, il faut relever qu&rsquo;il est incoh&eacute;rent de former les inspecteurs p&eacute;dagogiques r&eacute;gionaux au m&ecirc;me moment que les animateurs p&eacute;dagogiques (qui sont des enseignants). En fait, il aurait &eacute;t&eacute; souhaitable que cette r&eacute;forme commence par l&rsquo;&eacute;cole de formation des enseignants, au lieu de surprendre les enseignants d&eacute;j&agrave; en exercice avec une approche pour laquelle ils n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; form&eacute;s (Daouaga Samari 2017). &Agrave; notre avis, l&rsquo;int&eacute;gration de l&rsquo;APC ne devrait pas se faire de mani&egrave;re pr&eacute;cipit&eacute;e. Il fallait d&rsquo;abord attendre que plusieurs promotions d&rsquo;enseignants form&eacute;s dans cette approche soient sur le terrain avant de la faire appliquer v&eacute;ritablement. La cons&eacute;quence est que, encore aujourd&rsquo;hui, cette approche &laquo;&nbsp;suscite de nombreuses interrogations, autant chez les enseignants que chez les parents&nbsp;&raquo; (T&eacute;guia et Mohamadou 2015&nbsp;: 58). Les s&eacute;minaires organis&eacute;s, le plus souvent en d&eacute;but d&rsquo;ann&eacute;es scolaires, ne semblent pas encore r&eacute;pondre de mani&egrave;re satisfaisante &agrave; ces multiples questions dont parlent T&eacute;guia et Mohamadou (op. cit.). Il faut reconna&icirc;tre que ces s&eacute;minaires sont importants, mais ils sont tout simplement insuffisants. Bref, la gestion de la r&eacute;forme suivant les principes de l&rsquo;APC s&rsquo;est faite de mani&egrave;re verticale comme dans de nombreux autres pays d&rsquo;Afrique (Berkaine 2015).</p> <p style="text-align:justify">Les cons&eacute;quences de cette pr&eacute;cipitation et de cette improvisation sont consid&eacute;rables. D&rsquo;une part, les enseignants sont tr&egrave;s peu pr&eacute;par&eacute;s &agrave; cette approche, alors qu&rsquo;ils sont encore accroch&eacute;s &agrave; la p&eacute;dagogie par objectifs. D&rsquo;o&ugrave; la d&eacute;claration de cette enseignante de fran&ccedil;ais&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify">Si l&rsquo;option de changer cette approche pour revenir &agrave; l&rsquo;ancienne (p&eacute;dagogie par objectifs) pourrait s&rsquo;av&eacute;rer inconcevable &agrave; ce jour pour les d&eacute;cideurs, l&rsquo;on pourrait d&rsquo;une part intensifier la formation initiale et continue des enseignants pour la bonne application de cette approche, et, d&rsquo;autre part, recadrer la philosophie actuelle de cette approche. Les programmes ont &eacute;t&eacute; revus de mani&egrave;re tout simplement &agrave; redisposer les anciens contenus dans les nouvelles entr&eacute;es pr&eacute;vues par l&rsquo;APC&nbsp;: contenus, exemples de situation, etc. Il aurait fallu une r&eacute;forme globale &agrave; tous les niveaux du curriculum (Berkaine <em>op. cit</em>.) de mani&egrave;re &agrave; ce que toutes les actions men&eacute;es &agrave; tous les niveaux du syst&egrave;me soient en coh&eacute;rence avec l&rsquo;approche pr&eacute;conis&eacute;e. Prenons cet exemple d&rsquo;incoh&eacute;rence. Dans les nouveaux programmes APC, on remarque la volont&eacute; d&rsquo;int&eacute;grer des technologies de l&rsquo;information et de la communication (internet, t&eacute;l&eacute;viseur, microphone, dictaphone, webcam, ordinateur, m&eacute;gaphone, tablette, ipad, iphone, poste radio, etc.) dans les pratiques d&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais, alors que nombreux sont les &eacute;tablissements qui n&rsquo;ont pas de centre multim&eacute;dia ou qui se trouvent dans des zones non &eacute;lectrifi&eacute;es, ou encore des enseignants de fran&ccedil;ais qui soit ne savent pas encore utiliser convenablement les outils recommand&eacute;s (Daouaga Samari, <em>op. cit</em>.), soit ne sont pas form&eacute;s &agrave; mobiliser efficacement les outils en situation de classe. Mais encore, le t&eacute;l&eacute;phone, consid&eacute;r&eacute; pourtant dans les programmes comme un des outils modernes &agrave; exploiter en classe de fran&ccedil;ais, est aussi un objet dont la d&eacute;tention &agrave; l&rsquo;&eacute;cole par les &eacute;l&egrave;ves est proscrite. Alors que le sixi&egrave;me module (m&eacute;dias et communication) de la classe de 6<sup>e</sup> par exemple prescrit dans le tableau 6 &laquo;&nbsp;l&rsquo;utilisation du t&eacute;l&eacute;phone&nbsp;&raquo;. Comment les &eacute;l&egrave;ves peuvent-ils apprendre &agrave; utiliser &agrave; l&rsquo;&eacute;cole un outil dont le port leur est dans le m&ecirc;me temps interdit&nbsp;?&nbsp;&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">Comme on le voit, l&rsquo;int&eacute;gration de cette approche dans le secondaire s&rsquo;accompagne d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;innovations qui, m&ecirc;me si elles sont plus ou moins anciennes en didactique des langues, sont quelque peu nouvelles dans l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Cameroun, et m&eacute;ritent de ce fait d&rsquo;&ecirc;tre&nbsp;discut&eacute;es.</p> <h2 style="text-align:justify">3. &Agrave; propos des innovations apport&eacute;es par l&rsquo;APC dans l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Cameroun</h2> <p style="text-align:justify">Parmi ces innovations, il y en a qui sont pertinentes, m&ecirc;me si leur mise en &oelig;uvre fait souvent montre de limites, et d&rsquo;autres qui nous semblent assez discutables.</p> <h3 style="text-align:justify">3.1. Des innovations pertinentes&nbsp;</h3> <p style="text-align:justify">Ces innovations sont transversales &agrave; toutes les disciplines : la centration sur l&rsquo;apprenant et la tentative de prise en compte des besoins de ce dernier. Toutefois, comme nos enqu&ecirc;t&eacute;es sont enseignantes de fran&ccedil;ais, ces innovations sont contextualis&eacute;es, appliqu&eacute;es au cas de l&rsquo;enseignement de fran&ccedil;ais.</p> <p style="text-align:justify">L&rsquo;un des avantages de l&rsquo;APC est le fait que, en principe, l&rsquo;apprenant participe<a href="#_ftn10" id="_ftnref10" name="_ftnref10"><sup><sup>[10]</sup></sup></a> activement &agrave; la construction des connaissances. Il ne s&rsquo;agit plus pour lui de tout attendre de son enseignant, cens&eacute; lui transmettre ces connaissances. T1, enseignante de fran&ccedil;ais, reconna&icirc;t, apr&egrave;s avoir d&eacute;clar&eacute; qu&rsquo;elle a une r&eacute;ponse &agrave; deux volets &agrave; notre question sur la pertinence de l&rsquo;approche, qu&rsquo;avec l&rsquo;APC, la le&ccedil;on s&rsquo;&eacute;labore avec l&rsquo;apprenant&nbsp;; il n&rsquo;est plus question pour l&rsquo;enseignant de venir en classe lui faire &eacute;crire une le&ccedil;on d&eacute;j&agrave; toute faite&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Est-ce qu&rsquo;elle vous para&icirc;t d&rsquo;abord pertinente&nbsp;? Si elle est pertinente, pourquoi elle semble pertinente&nbsp;?</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T1&nbsp;: [&hellip;] Pertinente, pertinente dans la mesure o&ugrave; c&rsquo;est&hellip;l&rsquo;enfant, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve lui-m&ecirc;me qui construit. Donc on lui donne seulement des questions qui le guident, et lui-m&ecirc;me il peut construire. Lui-m&ecirc;me, il/ &agrave; la fin de la le&ccedil;on, lui-m&ecirc;me il peut ressortir la le&ccedil;on, ce qu&rsquo;il doit retenir sans qu&rsquo;on ait besoin de venir directement on commence &agrave; lui dicter.</em></p> <p style="text-align:justify">Cette centration passe par l&rsquo;implication des apprenants dans la recherche des informations concernant la langue enseign&eacute;e. D&egrave;s que les informations sont collect&eacute;es, la mise en commun, suivie d&rsquo;une confrontation entre les r&eacute;sultats obtenus, facilite la progression en situation de classe et permet souvent de gagner en temps. Dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;apprenant est au centre de son apprentissage, la le&ccedil;on sera participative, en principe. Comme chaque apprenant a des r&eacute;sultats &agrave; pr&eacute;senter concernant une question pr&eacute;cise qui leur a &eacute;t&eacute; donn&eacute;e par l&rsquo;enseignant, les interactions en situation de classe deviennent assez intenses. En tout cas, comme l&rsquo;illustre la s&eacute;quence suivante, les apprenants ne sont pas passifs&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;un extrait d&rsquo;une le&ccedil;on d&rsquo;expression orale sur le d&eacute;bat. Apr&egrave;s avoir fait travailler les &eacute;l&egrave;ves sur le corpus qu&rsquo;elle a port&eacute; au tableau, l&rsquo;enseignante les am&egrave;ne &agrave; analyser le texte &agrave; partir des questions qu&rsquo;elle leur pose&nbsp;: c&rsquo;est la phase du traitement de la situation-probl&egrave;me<a href="#_ftn11" id="_ftnref11" name="_ftnref11"><sup><sup>[11]</sup></sup></a>&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>(Extrait d&rsquo;une le&ccedil;on, Classe de 6<sup>e</sup>)</em></p> <p style="text-align:justify"><em>P&nbsp;: cinq minutes +++ bien on commence + &laquo;&nbsp;de quoi parlent Abou et Myriam&nbsp;&raquo; on a d&eacute;j&agrave; dit des emballages/ des emballages <u>plastiques</u></em></p> <p style="text-align:justify"><em>A&nbsp;: <u>plastiques</u></em></p> <p style="text-align:justify"><em>P&nbsp;: maintenant &laquo;&nbsp;ont-ils le m&ecirc;me + point de vue&nbsp;?&nbsp;&raquo;</em></p> <p style="text-align:justify"><em>A&nbsp;: moi madame</em></p> <p style="text-align:justify"><em>A&nbsp;: madame</em></p> <p style="text-align:justify"><em>P&nbsp;: (d&eacute;signe un &eacute;l&egrave;ve) A</em></p> <p style="text-align:justify"><em>A&nbsp;: non madame</em></p> <p style="text-align:justify"><em>P&nbsp;: ils n&rsquo;ont pas le m&ecirc;me/ le m&ecirc;me point de vue c&rsquo;est vrai&nbsp;?</em></p> <p style="text-align:justify"><em>AA&nbsp;: oui madame</em></p> <p style="text-align:justify">Dans cet extrait, les &eacute;l&egrave;ves r&eacute;pondent &agrave; chaque fois aux questions de leur enseignante. Ils co-construisent la le&ccedil;on.</p> <p style="text-align:justify">Si les enseignants sont conscients de la place que l&rsquo;apprenant occupe d&eacute;sormais dans leur classe, ils n&rsquo;ignorent tout de m&ecirc;me pas que le principal obstacle &agrave; cette centration est l&rsquo;effectif de chaque classe. En effet, plus les apprenants sont nombreux, plus il est difficile de faire intervenir plusieurs apprenants et de suivre chacun d&rsquo;eux. Opter pour une modalit&eacute; de travail de groupe ne changera pas grand-chose dans la mesure o&ugrave; les effectifs sont pl&eacute;thoriques. C&rsquo;est l&rsquo;une des raisons pour lesquelles T1, par exemple, relativise sa r&eacute;ponse sur la pertinence de l&rsquo;APC&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify">Peu pertinente dans la mesure o&ugrave; nous avons&hellip; les effectifs sont d&rsquo;abord pl&eacute;thoriques. Ce n&rsquo;est pas facile &agrave; appliquer, les effectifs sont pl&eacute;thoriques.&nbsp;(T1).</p> <p style="text-align:justify">Selon T1, cette approche sied aux classes avec un petit effectif. Mais dans le contexte camerounais, celui de l&rsquo;Adamaoua en l&rsquo;occurrence, o&ugrave; les salles de classe sont surpeupl&eacute;es, il est illusoire de penser que chaque apprenant pourrait contribuer ou &ecirc;tre suivi. Ces effectifs rendent la gestion de la classe difficile.</p> <p style="text-align:justify">L&rsquo;autre innovation est l&rsquo;effort qui est perceptible dans la prise en compte des besoins langagiers des apprenants. En effet, selon les concepteurs des nouveaux programmes, ces besoins se regroupent dans six grandes th&eacute;matiques&nbsp;appel&eacute;es modules : la vie familiale et sociale, la citoyennet&eacute;, l&rsquo;environnement, le bien-&ecirc;tre et la sant&eacute;, la vie &eacute;conomique, les m&eacute;dias et la communication. Ainsi, les le&ccedil;ons de fran&ccedil;ais, quelles qu&rsquo;elles soient, sont cens&eacute;es s&rsquo;int&eacute;grer dans l&rsquo;une de ces th&eacute;matiques. Le but est de permettre &agrave; l&rsquo;apprenant d&rsquo;avoir des connaissances qu&rsquo;il pourrait r&eacute;investir dans la vie r&eacute;elle pour r&eacute;soudre des probl&egrave;mes auxquels il sera confront&eacute;. Selon T2, enseigner la phrase n&eacute;gative aux apprenants, par exemple, ne revient plus tout simplement &agrave; amener l&rsquo;apprenant &agrave; conna&icirc;tre la structure et le fonctionnement de cette forme de phrase, mais &eacute;galement et surtout &agrave; lui permettre d&rsquo;utiliser cette phrase pour poser une action concr&egrave;te dans la vie&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Et l&rsquo;apprentissage n&rsquo;est PLUS que th&eacute;orique. Cet apprentissage PERmet &agrave; un enfant de&hellip; comment je peux dire&nbsp;? Cet apprentissage permet &agrave; un enfant de r&eacute;soudre un probl&egrave;me relatif &agrave; la vie.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Quel genre de probl&egrave;me par exemple&nbsp;?</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Bon il y a plusieurs probl&egrave;mes/ Probl&egrave;mes relatifs &agrave; la vie quotidienne, &agrave; la vie &eacute;conomique, &agrave; la sant&eacute;, et&hellip; &agrave;&hellip; &agrave;&hellip; aux relations socioculturelles/</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Mais est-ce que&hellip;</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Son environnement. Bon chaque le&ccedil;on, euh&hellip; a peut-&ecirc;tre une comp&eacute;tence attendue. Par exemple une le&ccedil;on&hellip; de grammaire/ qui porte sur la phrase n&eacute;gative. &Agrave; la fin de cette le&ccedil;on, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve doit, non seulement savoir identifier ou bien construire une phrase n&eacute;gative, mais il doit savoir construire cette phrase n&eacute;gative-l&agrave; dans le but de r&eacute;soudre un probl&egrave;me de la soci&eacute;t&eacute;, selon le module enseign&eacute;. Je prends le cas du module&hellip; qui concerne&hellip; la citoyennet&eacute; et l&rsquo;environnement.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Oui.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Le&hellip; cours qui porte sur la phrase n&eacute;gative pe&hellip; euh&hellip; rentre dans ce module-l&agrave;. Je donne un exemple hein&nbsp;! de ce que j&rsquo;ai fait en classe.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Oui.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: J&rsquo;ai choisi un corpus qui parle&hellip; de la d&eacute;forestation. Tu vois un peu&nbsp;?</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Hum</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Un corpus qui parle de la d&eacute;forestation. Et dans ce corpus, j&rsquo;ai incorpor&eacute; des phrases n&eacute;gatives. Tu vois un peu&nbsp;?</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Ouais.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Et dans ces ph&hellip; ces phrases n&eacute;gatives-l&agrave; ont des valeurs diff&eacute;rentes. J&rsquo;ai incorpor&eacute; quatre&hellip; trois phrases n&eacute;gatives avec des valeurs diff&eacute;rentes. Une phrase n&eacute;gative qui permet d&rsquo;interdire&hellip; la d&eacute;forestation, une phrase n&eacute;gative qui permet de donner des conseils, qui permet de conseiller&hellip; sur les m&eacute;faits de la d&eacute;forestation, une phrase n&eacute;gative qui permet d&rsquo;INformer sur ce qu&rsquo;est la d&eacute;forestation m&ecirc;me. Tu vois/ &agrave;&hellip; au sortir de ce cours, l&rsquo;enfant peut aller au quartier sensibiliser/</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Oui.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Sensibiliser ses voisins sur la d&eacute;forestation &agrave; partir de la phrase n&eacute;gative.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: &ccedil;a veut dire que c&rsquo;est&hellip; Euh&hellip; dans ce genre de corpus-l&agrave;, on focalise plus l&rsquo;attention sur les &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;ordre linguistique que sur la th&eacute;matique elle-m&ecirc;me, ou bien&hellip;</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Les deux.</em></p> <p style="text-align:justify">On comprend alors pourquoi dans un exercice qui termine une le&ccedil;on sur le d&eacute;bat en classe de 6<sup>e</sup>, une enseignante propose aux &eacute;l&egrave;ves un exercice qui les fait r&eacute;fl&eacute;chir sur des actions qui leur sont famili&egrave;res&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>&nbsp;(Extrait d&rsquo;une le&ccedil;on, Classe de 6<sup>e</sup>)</em></p> <p style="text-align:justify"><em>P&nbsp;: consolidation + &ecirc;tes-vous pour ou contre l&rsquo;utilisation des couches jetables&nbsp;?&nbsp;</em></p> <p style="text-align:justify"><em>AA&nbsp;: (Rires)</em></p> <p style="text-align:justify"><em>P&nbsp;: &eacute;crivez + taisez-vous vous &eacute;crivez le sujet chacun d&eacute;fend ses arguments <u>pendant</u></em></p> <p style="text-align:justify"><em>A&nbsp;: (content)<u>wou:::</u></em></p> <p style="text-align:justify"><em>P&nbsp;: cinq minutes xx</em></p> <p style="text-align:justify">D&egrave;s lors, selon les acteurs &eacute;ducatifs, l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais vise &agrave; amener les apprenants &agrave; &ecirc;tre acteurs dans la vie, &agrave; utiliser leurs comp&eacute;tences pour &laquo;&nbsp;agir&nbsp;&raquo; dans la vie concr&egrave;te, ce qui est surtout le principe fondamental de l&rsquo;approche <em>actionnelle</em> (Puren 2016). Ce principe en lui-m&ecirc;me est rentable sur le plan didactique, quand il est bien mis en &oelig;uvre, dans la mesure o&ugrave; il connecte l&rsquo;enseignement de la langue aux activit&eacute;s quotidiennes men&eacute;es par les apprenants et r&eacute;pond par cons&eacute;quent aux besoins de ces derniers. Mais cette pratique est plus perceptible en didactique des langues &eacute;trang&egrave;res et surtout dans la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;approche actionnelle, o&ugrave; l&rsquo;unit&eacute; didactique est construite autour des t&acirc;ches, lesquelles regroupent des comp&eacute;tences (linguistiques, pragmatiques, sociolinguistiques et socioculturelles) dont les apprenants ont besoin. Mais tel que l&rsquo;enseignement se d&eacute;roule suivant l&rsquo;APC de nos jours dans les lyc&eacute;es, les &laquo;&nbsp;savoirs notionnels&nbsp;&raquo; (comme les appellent les nouveaux programmes), relevant de la composante linguistique (grammaire, vocabulaire, conjugaison, etc.), sont simplement enseign&eacute;s dans le cadre des th&egrave;mes. M&ecirc;me si les enseignants font des efforts pour trouver des documents d&eacute;clencheurs qui cadrent avec ces th&egrave;mes, il est clair que, dans le cadre de la grammaire par exemple, c&rsquo;est uniquement la notion grammaticale qui est enseign&eacute;e. Donc, dans une le&ccedil;on, les trois composantes (pragmatique, sociolinguistique et socioculturelle, linguistique) ne sont pas mobilis&eacute;es en m&ecirc;me temps, comme cela se fait dans l&rsquo;approche par action. C&rsquo;est cette situation qui s&egrave;me de la confusion parmi certains enseignants, ne percevant souvent pas l&rsquo;importance de ces cadrages th&eacute;matiques&nbsp;; d&rsquo;o&ugrave; les nombreuses questions teint&eacute;es d&rsquo;inqui&eacute;tude dont rendent comptent T&eacute;guia et Mohamadou&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><em>il est quelquefois difficile d&rsquo; &laquo;&nbsp;enfermer&nbsp;&raquo; certains faits linguistiques dans des&nbsp; th&egrave;mes&nbsp; g&eacute;n&eacute;raux. Par exemple, y a-t-il une syntaxe de la vie quotidienne ? Une syntaxe de la vie &eacute;conomique ? Une syntaxe de la vie socio-culturelle ? Ces questions peuvent sembler caricaturales de l&rsquo;image de l&rsquo;approche par&nbsp; comp&eacute;tence,&nbsp; mais elles soulignent certaines inqui&eacute;tudes l&eacute;gitimes de la part des enseignants (T&eacute;guia et Mohamadou op. cit.&nbsp;: 59).</em></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Tenir compte des besoins des apprenants dans l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue est tout &agrave; fait une obligation. Cependant, c&rsquo;est la mani&egrave;re dont cette question est envisag&eacute;e dans les programmes actuels qui pose probl&egrave;me. Ces th&egrave;mes se pr&eacute;sentent dans ce document officiel simplement comme un d&eacute;cor entourant cet enseignement sans pour autant en faire v&eacute;ritablement partie. Ils participent, selon les nouveaux programmes (Minesec 2014a), de la contextualisation de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Cameroun. Seulement, cette contextualisation&nbsp;&ndash; uniquement th&eacute;matique &ndash; nous semble tr&egrave;s lacunaire si cet enseignement se fait sans tenir compte de la complexit&eacute; de la situation sociolinguistique<a href="#_ftn12" id="_ftnref12" name="_ftnref12"><sup><sup>[12]</sup></sup></a> du pays (Daouaga Samari <em>op. cit</em>.). C&rsquo;est pour cette raison que nous pensons que les besoins des apprenants ne sont pas v&eacute;ritablement pris en compte, mais il s&rsquo;agit simplement d&rsquo;une tentative.</p> <p style="text-align:justify">La r&eacute;forme des programmes de fran&ccedil;ais suivant les principes de l&rsquo;APC a occasionn&eacute; des innovations importantes dans l&rsquo;enseignement de cette discipline, notamment la centration sur l&rsquo;apprenant et la tentative de la prise en compte de certains besoins des apprenants. Il s&rsquo;agit d&rsquo;id&eacute;es int&eacute;ressantes du point de vue didactique mais que les pratiques actuelles n&rsquo;arrivent pas &agrave; bien rentabiliser pour l&rsquo;instant. L&rsquo;autre cat&eacute;gorie d&rsquo;innovations nous semble encore contestable.</p> <h3 style="text-align:justify">3.2. Des innovations discutables</h3> <p style="text-align:justify">Il s&rsquo;agit d&rsquo;une part de l&rsquo;inscription de l&rsquo;enseignement dans les r&eacute;alit&eacute;s locales, d&eacute;j&agrave; analys&eacute;e dans Daouaga Samari (<em>op. cit</em>.) dont nous rendrons sommairement compte, et d&rsquo;autre part de la professionnalisation dans l&rsquo;enseignement secondaire g&eacute;n&eacute;ral.</p> <p style="text-align:justify">Dans sa pr&eacute;face aux nouveaux programmes, le Ministre des enseignements secondaires d&eacute;clare&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><em>[&hellip;] &agrave; une &eacute;cole, jadis consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;acquisition de connaissances tr&egrave;s souvent d&eacute;contextualis&eacute;es, s&rsquo;est substitu&eacute;e partout dans le monde, une &eacute;cole soucieuse d&rsquo;outiller les apprenants afin qu&rsquo;ils puissent faire face &agrave; des situations de vie r&eacute;elle, complexes et diversifi&eacute;es. &Agrave; la place d&rsquo;une &eacute;cole coup&eacute;e de la soci&eacute;t&eacute;, s&rsquo;est install&eacute;e une &eacute;cole int&eacute;gr&eacute;e, soucieuse du d&eacute;veloppement durable, et qui prend en compte les cultures et les savoirs locaux. (Minesec 2014a&nbsp;: 3)</em></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Au premier chef est concern&eacute; le fran&ccedil;ais dont l&rsquo;enseignement a &eacute;t&eacute; pendant de longues ann&eacute;es d&eacute;cri&eacute; parce que consid&eacute;r&eacute; comme d&eacute;connect&eacute; des r&eacute;alit&eacute;s locales camerounaises (M&eacute;tangmo-Tatou 2001) et africaines en g&eacute;n&eacute;ral (Daff 2003). Ainsi, prendre en consid&eacute;ration les param&egrave;tres locaux, c&rsquo;est, pour les nouveaux programmes, r&eacute;organiser les enseignements en fonction des six familles de situation pr&eacute;vues. On y parle alors de &laquo;&nbsp;contextualisation&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align:justify">Pourtant, les r&eacute;alit&eacute;s en elles-m&ecirc;mes sont tr&egrave;s peu pr&eacute;sentes dans les pratiques. Les &eacute;l&eacute;ments pertinents propres au contexte local camerounais que les programmes permettent de lire se r&eacute;duisent &agrave; certaines &oelig;uvres litt&eacute;raires inscrites au programme (Daouaga Samari, <em>op. cit</em>.).</p> <p style="text-align:justify">Deuxi&egrave;mement&nbsp;: la professionnalisation. Les activit&eacute;s scolaires de l&rsquo;ann&eacute;e 2015/2016 sont plac&eacute;es sous le th&egrave;me de la professionnalisation<a href="#_ftn13" id="_ftnref13" name="_ftnref13"><sup><sup>[13]</sup></sup></a> des enseignements au Cameroun. Entendue telle quelle, la professionnalisation pourrait laisser croire que les apprenants qui seront arriv&eacute;s &agrave; la fin de leur formation pourraient &ecirc;tre capables d&rsquo;exercer une activit&eacute; professionnelle alors qu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas re&ccedil;u une formation initiale au pr&eacute;alable. Il semble qu&rsquo;au Cameroun, la conception est diff&eacute;rente.</p> <p style="text-align:justify">Dans l&rsquo;entretien qui va suivre, T2 pense que cette professionnalisation consiste &agrave; mettre les apprenants dans des conditions de l&rsquo;exercice d&rsquo;une profession d&eacute;termin&eacute;e. Par exemple, en classe de fran&ccedil;ais, un enseignant peut faire en sorte qu&rsquo;apr&egrave;s avoir r&eacute;dig&eacute; un article de journal, un apprenant se place devant ses camarades pour le rendu &laquo;&nbsp;en direct&nbsp;&raquo;&nbsp;: il se comporte en journaliste et ses camarades en auditeurs ou t&eacute;l&eacute;spectateurs, du moins pour le temps que dure l&rsquo;activit&eacute;&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: L&rsquo;APC rentre aussi dans le cadre de la professionnalisation des en&hellip; de l&rsquo;enseignement/ On parle de cela depuis quelques ann&eacute;es au Cameroun. L&rsquo;APC rentre &eacute;galement dans cette&hellip; optique-l&agrave;. Puisque nous avons par exemple&hellip; l&rsquo;expression orale qui permet aux enfants de r&eacute;diger les articles de journaux et de les pr&eacute;senter/&hellip; en classe/ en situation de classe/ Tu peux par exemple rapprocher deux bancs, tu mets un &eacute;l&egrave;ve l&agrave; (indique une position de la main), qui prend la posture d&rsquo;un journaliste/ ET il pr&eacute;sente son texte&hellip; le texte qu&rsquo;il a r&eacute;dig&eacute; au pr&eacute;alable/ son article de journal, sur un th&egrave;me pr&eacute;cis. Il le pr&eacute;sente COMME un journaliste. Il y a &eacute;galement le d&eacute;bat, strat&eacute;gie d&rsquo;&eacute;coute et de prise de parole/ On met &eacute;galement les enfants face &agrave; face. Ces enfants d&eacute;battent sur un th&egrave;me pr&eacute;cis&nbsp;! Vous voyez&nbsp;un peu !</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: &Ccedil;a c&rsquo;est int&eacute;ressant/ Et, donc cette professionnalisation consiste &agrave; mettre l&rsquo;apprenant dans des conditions euh&hellip; d&rsquo;une&hellip; de l&rsquo;exercice d&rsquo;une profession&hellip; quelconque/ C&rsquo;est ce que &ccedil;a veut dire.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Oui. &Agrave; partir de la 6<sup>e</sup> on peut avoir l&rsquo;amour du journalisme, du TH&Eacute;&Acirc;TRE/ puisqu&rsquo;il y aussi la dramatisation/</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Ok.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Il y a la dramatisation/ en expression orale/ Vous choisissez une sc&egrave;ne-l&agrave;&hellip;, vous pr&eacute;parez votre salle de classe et tout &ccedil;a. Vous faites une mise en sc&egrave;ne, et les enfants jouent, on les note. C&rsquo;est aussi une le&ccedil;on/</em></p> <p style="text-align:justify">Si ces activit&eacute;s ont pour but d&rsquo;amener les apprenants &agrave; &laquo;&nbsp;avoir l&rsquo;amour&nbsp;&raquo; d&rsquo;une profession quelconque, nous pensons que ce but peut &ecirc;tre atteint. Par contre, s&rsquo;il s&rsquo;agit de les initier &agrave; la pratique de ces professions &ndash; ce que signifie &laquo;&nbsp;professionnalisation&nbsp;&raquo; &ndash;, tout cela devient illusoire dans la mesure o&ugrave; les enseignants de fran&ccedil;ais ne sont pas eux-m&ecirc;mes qualifi&eacute;s pour former des apprenants dans des domaines comme le journalisme<a href="#_ftn14" id="_ftnref14" name="_ftnref14"><sup><sup>[14]</sup></sup></a> dont parle T2&nbsp;; la dramatisation/le th&eacute;&acirc;tre pourrait encore &ecirc;tre dans les cordes des enseignants<a href="#_ftn15" id="_ftnref15" name="_ftnref15"><sup><sup>[15]</sup></sup></a> de langues. Mener pareilles activit&eacute;s aide les apprenants &agrave; percevoir l&rsquo;importance de l&rsquo;enseignement qu&rsquo;ils re&ccedil;oivent, &agrave; se comporter en acteurs sociaux, certes, mais nous ne pensons pas que l&rsquo;on peut valablement parler de professionnalisation dans ce cas. Dans l&rsquo;&eacute;tat actuel des choses, ce concept garde par contre toute sa valeur dans l&rsquo;enseignement secondaire technique.</p> <h2 style="text-align:justify">4. Des difficult&eacute;s mat&eacute;rielles dans la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;APC</h2> <p style="text-align:justify">En analysant les innovations et m&ecirc;me le processus d&rsquo;int&eacute;gration de l&rsquo;APC au Cameroun, nous avons sans aucun doute fait part des difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par des acteurs &agrave; appliquer efficacement cette approche&nbsp;; il a &eacute;t&eacute; question globalement des difficult&eacute;s d&rsquo;ordre organisationnel, philosophique ou simplement pratique. Les difficult&eacute;s que nous pr&eacute;sentons ici sont mat&eacute;rielles, parce que concernant l&rsquo;&eacute;laboration du corpus et la gestion du temps.&nbsp;</p> <h3 style="text-align:justify">4.1. De la difficult&eacute; pour les enseignants &agrave; &eacute;laborer un corpus en rapport avec certaines familles de situation</h3> <p style="text-align:justify">L&rsquo;un des principaux probl&egrave;mes auxquels ils sont confront&eacute;s est li&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration du corpus, lequel doit &ecirc;tre en rapport &eacute;troit avec la th&eacute;matique dans laquelle s&rsquo;inscrit la le&ccedil;on du jour. La difficult&eacute;, selon nos t&eacute;moins, r&eacute;side dans le fait que l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un corpus qui corresponde &agrave; l&rsquo;une ou l&rsquo;autre de ces th&eacute;matiques les contraint &agrave; une recherche documentaire qu&rsquo;elles ne consid&egrave;rent pas toujours comme ais&eacute;e. Elles sont m&ecirc;me appel&eacute;es &agrave; utiliser des documents &laquo;&nbsp;authentiques&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire ceux qui n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; con&ccedil;us &agrave; des fins d&rsquo;enseignement/apprentissage, comme les articles de journaux&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Ok, mais comment faut-il avoir&hellip; Ce genre de corpus-l&agrave;, est-ce que c&rsquo;est&hellip; c&rsquo;est toi qui le fabriques/ ou bien euh&hellip; il y a&hellip; toute une documentation ici. Parce que j&rsquo;imagine que c&rsquo;est difficile d&rsquo;avoir ce genre de documents.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Il n&rsquo;y a pas de documentation/ L&rsquo;enseignant est oblig&eacute; de chercher m&ecirc;me dans les journaux/</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: &Ccedil;a alors.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Les journaux, les ouvrages, les livres au programme, m&ecirc;me les livres qui ne sont pas au programme, les &oelig;uvres. Donc l&rsquo;enseignant est oblig&eacute; de chercher. En tout cas, les cours &hellip; avec que&hellip; l&rsquo;approche, la nouvelle approche&hellip; avec l&rsquo;APC sont concentr&eacute;s sur l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. Le travail de l&rsquo;enseignant&hellip; l&rsquo;enseignant est un guide en classe. L&rsquo;enseignant ne dit presque rien. Il guide, il oriente, il donne des consignes. C&rsquo;est le travail de l&rsquo;enseignant. C&rsquo;est l&rsquo;APPRENANT qui CONstruit la le&ccedil;on&hellip; &agrave; partir des consignes claires que tu auras donn&eacute;es. Et &agrave; ce niveau, le plus GRAND du travail de l&rsquo;enseignant r&eacute;side dans la pr&eacute;paration de la le&ccedil;on. Il y a la pr&eacute;paration lointaine/ et la pr&eacute;paration imm&eacute;diate. Donc pour une le&ccedil;on, il faut se pr&eacute;parer LONGtemps avant. Il faut CHERCHER le corpus. Et&hellip; avec l&rsquo;APC, surtout en fran&ccedil;ais il n&rsquo;y a plus les phrases d&eacute;tach&eacute;es/ On exige des textes. Des textes avec des sens.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>[&hellip;]</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: [&hellip;] Il faut vraiment &ecirc;tre document&eacute;. VRAIMENT chercher. Et si l&rsquo;enseignant n&rsquo;a pas beaucoup de livres, il&hellip; il ne pourra s&rsquo;en sortir. Il ne pourra pas. Parce que, LES cours sont incorpor&eacute;s dans des modules avec des th&egrave;mes diff&eacute;rents.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Hum&nbsp;!</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Donc tu dois avoir PLUSIEURS corpus qui parlent de plusieurs&hellip; qui concernent plusieurs th&egrave;mes au m&ecirc;me moment.</em></p> <p style="text-align:justify">L&rsquo;&eacute;laboration des documents &laquo;&nbsp;authentiques&nbsp;&raquo; exige en effet des recherches importantes, une bonne documentation de l&rsquo;enseignant et des comp&eacute;tences certaines en didactique. En effet, ces documents doivent non seulement &ecirc;tre exploit&eacute;s convenablement, mais &eacute;galement &ecirc;tre s&eacute;lectionn&eacute;s en tenant absolument compte des comp&eacute;tences acquises des apprenants et de celles qui sont effectivement vis&eacute;es.</p> <h3 style="text-align:justify">4.2. Une gestion du temps difficile due &agrave; la r&eacute;duction de la dur&eacute;e des le&ccedil;ons</h3> <p style="text-align:justify">Suite &agrave; la r&eacute;organisation des programmes suivant l&rsquo;APC, la dur&eacute;e d&rsquo;une le&ccedil;on au secondaire a &eacute;t&eacute; revue&nbsp;: une le&ccedil;on doit imp&eacute;rativement se d&eacute;rouler en moins d&rsquo;une heure (entre 50 et 55 minutes), comme en t&eacute;moigne T2, enseignante de fran&ccedil;ais, dans l&rsquo;extrait qui suit.</p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Bien, cette approche pose quand m&ecirc;me des probl&egrave;mes. Parce que, avec l&rsquo;APC, une le&ccedil;on&hellip; se d&eacute;roule en une heure. C&rsquo;est-&agrave;-dire que la m&ecirc;me grammaire qu&rsquo;on dispensait en deux heures avec l&rsquo;ancienne approche, nous sommes oblig&eacute;s de la dispenser en une heure. Vous voyez un peu&nbsp;? Il y a ce probl&egrave;me de timing-l&agrave;. Et comme&hellip; dans les lyc&eacute;es g&eacute;n&eacute;ralement on n&rsquo;a plus une heure, nous avons 55 minutes&hellip;</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: Oui (rires)</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T2&nbsp;: Dans certains m&ecirc;me 50 minutes, il faut aller tr&egrave;s rapidement, et c&rsquo;est pas souvent &eacute;vident, surtout avec les &eacute;l&egrave;ves de la 6<sup>e</sup> qui commencent&hellip; avec que&hellip; le&hellip; le lyc&eacute;e/ C&rsquo;est pas &eacute;vident.</em></p> <p style="text-align:justify">La difficult&eacute; pour cette enseignante r&eacute;side dans le fait qu&rsquo;on lui demande d&rsquo;enseigner les m&ecirc;mes contenus que ceux de l&rsquo;ancienne approche avec une dur&eacute;e<a href="#_ftn16" id="_ftnref16" name="_ftnref16"><sup><sup>[16]</sup></sup></a> revue &agrave; la baisse&nbsp;; pourtant les r&eacute;sultats attendus sont presque les m&ecirc;mes. Il est tr&egrave;s facile de n&eacute;gliger la pr&eacute;occupation de cette enseignante en pr&eacute;textant que la r&eacute;duction impliquerait que l&rsquo;enseignant revoie &agrave; son tour les contenus &agrave; enseigner, ce qui n&rsquo;est pas faux. Seulement, certains enseignants, &agrave; l&rsquo;instar de T1, sont habitu&eacute;s &agrave; l&rsquo;ancienne dur&eacute;e. D&rsquo;ailleurs, les programmes n&rsquo;ont pas pr&eacute;vu un changement de contenus &agrave; enseigner. En cons&eacute;quence, T1 se permet, pour respecter l&rsquo;horaire qui lui est impos&eacute;, de &laquo;&nbsp;survoler la le&ccedil;on&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>T1&nbsp;: [&hellip;] Et puis euh, le TEMPS m&ecirc;me qu&rsquo;on assigne aux le&ccedil;ons, c&rsquo;est 55 minutes, c&rsquo;est 50 minutes par le&ccedil;on. Donc les le&ccedil;ons, qui qu&rsquo;avant on faisait en deux heures, maintenant on demande de les faire en 50 minutes.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: &Ccedil;a alors.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T1&nbsp;: TOUTES les le&ccedil;ons de l&rsquo;APC se tiennent en 50 minutes. Donc, quand parfois tu tires sur une le&ccedil;on une heure trente, &ccedil;a ne r&eacute;pond plus &agrave; l&rsquo;APC, c&rsquo;est un probl&egrave;me. Et le fait que ce soit 50 minutes, si d&rsquo;ordinaire on faisait une le&ccedil;on en deux heures et qu&rsquo;on donne 50 minutes pour la faire, c&rsquo;est clair que tu vas survoler la le&ccedil;on.</em></p> <p style="text-align:justify">T1 a peu de temps pour ses activit&eacute;s. Sachant qu&rsquo;elle doit faire beaucoup de choses en tr&egrave;s peu de temps, elle acc&eacute;l&egrave;re la le&ccedil;on. Bien entendu, cette man&oelig;uvre a des cons&eacute;quences n&eacute;gatives&nbsp;: cela n&rsquo;est en rien &agrave; la faveur des apprenants, qui interviendront peu et comprendront tr&egrave;s peu de choses &agrave; ce qui est fait en classe. Mais parfois, T1 privil&eacute;gie la compr&eacute;hension de la le&ccedil;on par ses apprenants &agrave; la vitesse, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; la progression dans le programme. C&rsquo;est pour cela qu&rsquo;elle avoue ne pas respecter<a href="#_ftn17" id="_ftnref17" name="_ftnref17"><sup><sup>[17]</sup></sup></a> &agrave; tout moment la dur&eacute;e officiellement affect&eacute;e &agrave; une le&ccedil;on&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><em>T1&nbsp;: Tu vas survoler la le&ccedil;on. Comme le COS<a href="#_ftn18" id="_ftnref18" name="_ftnref18"><sup><sup>[18]</sup></sup></a> ci par exemple, en&hellip; en APC, c&rsquo;est 50 minutes. Pour le COS-ci. Donc c&rsquo;est clair que tu survoles. Tu n&rsquo;es pas convaincu que l&rsquo;enfant&hellip; et en plus dans les 50 minutes l&rsquo;exercice d&rsquo;application est compris.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: &Ccedil;a alors.</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T1&nbsp;: Donc tu n&rsquo;es m&ecirc;me pas convaincu que l&rsquo;enfant comprend grand-chose. Bon on dit 50 minutes, 50 minutes/</em></p> <p style="text-align:justify"><em>E&nbsp;: (Rires)</em></p> <p style="text-align:justify"><em>T1&nbsp;: M&ecirc;me comme je ne respecte pas &ccedil;a tous les jours.</em></p> <p style="text-align:justify">&Agrave; ce stade, il convient de dire que l&rsquo;APC est d&eacute;j&agrave; en &oelig;uvre autant dans l&rsquo;&eacute;ducation de base (Nkeck Bidias, 2013) que dans le secondaire au Cameroun. Elle a apport&eacute; quelques id&eacute;es nouvelles dans le syst&egrave;me, lesquelles demandent encore &agrave; &ecirc;tre am&eacute;lior&eacute;es, r&eacute;interrog&eacute;es ou revues. Les probl&egrave;mes analys&eacute;s ici recoupent globalement les critiques formul&eacute;es &agrave; l&rsquo;encontre de la p&eacute;dagogie de l&rsquo;int&eacute;gration en particulier (Puren, 2016).</p> <h2 style="text-align:justify">Conclusion</h2> <p style="text-align:justify">Au moment o&ugrave; l&rsquo;APC essuie de s&eacute;v&egrave;res critiques et provoque m&ecirc;me des retournements souvent spectaculaires dans certains pays<a href="#_ftn19" id="_ftnref19" name="_ftnref19"><sup><sup>[19]</sup></sup></a>, le Cameroun embrasse cette approche. Apr&egrave;s le primaire, les programmes du secondaire sont en train d&rsquo;&ecirc;tre reconfigur&eacute;s selon certains principes de cette approche. Bien que son int&eacute;gration n&rsquo;ait pas &eacute;t&eacute; suffisamment et m&ucirc;rement pr&eacute;par&eacute;e, l&rsquo;APC, d&eacute;j&agrave; appliqu&eacute;e dans tout le premier cycle d&rsquo;enseignement secondaire g&eacute;n&eacute;ral camerounais, apporte n&eacute;anmoins quelques id&eacute;es nouvelles dont certaines sont pertinentes (la centration sur l&rsquo;apprenant et la tentative de prise en compte des besoins des apprenants), quoique perfectibles, et d&rsquo;autres tr&egrave;s discutables (la prise en compte des r&eacute;alit&eacute;s locales et la professionnalisation des enseignements).&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">La plupart des probl&egrave;mes, sinon tous, soulev&eacute;s et discut&eacute;s dans ce travail d&eacute;coulent de l&rsquo;insuffisance de pr&eacute;paration qui a pr&eacute;sid&eacute; &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration de cette approche dans le secondaire. Les acteurs, au premier rang desquels les enseignants, n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; assez pr&eacute;par&eacute;s &agrave; la mise en &oelig;uvre de cette approche&nbsp;; ils ont &eacute;t&eacute; surpris alors qu&rsquo;ils appliquaient dans leurs classes la p&eacute;dagogie par objectifs qu&rsquo;ils ont apprise dans les &eacute;coles de formation.</p> <p style="text-align:justify">Cette r&eacute;flexion a analys&eacute; un bouquet de principes, de pratiques et de repr&eacute;sentations &agrave; partir de l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;un lyc&eacute;e, notamment de deux enseignantes de fran&ccedil;ais dans la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;APC. Cette exp&eacute;rience pouvant bien &ecirc;tre partag&eacute;e par d&rsquo;autres enseignants, les r&eacute;sultats de ce travail &ndash; &agrave; croiser par ailleurs avec d&rsquo;autres obtenus &agrave; partir d&rsquo;autres exp&eacute;riences &ndash; pourraient contribuer &agrave; l&rsquo;am&eacute;lioration de l&rsquo;application de cette approche au Cameroun.&nbsp; &nbsp;</p> <h2 style="text-align:justify">R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques&nbsp;</h2> <p style="text-align:justify">Berkaine Mohammed Sa&iuml;d, (2015), <em>L&rsquo;approche par comp&eacute;tences, une approche en apesanteur et/ou les pesanteurs de l&rsquo;environnement d&rsquo;implantation ? Le cas du curriculum de fran&ccedil;ais du troisi&egrave;me cycle du syst&egrave;me &eacute;ducatif alg&eacute;rien : pertinence et/ou faisabilit&eacute; ?</em>, th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3. [En ligne] rep&eacute;r&eacute; &agrave;&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify">Blanchet&nbsp; Philippe (2011), &laquo; N&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une r&eacute;flexion &eacute;pist&eacute;mologique &raquo;,&nbsp; dans&nbsp; Blanchet&nbsp; P.&nbsp; et Chardenet P. (dir.), <em>Guide pour la recherche en didactique des langues et des cultures. Approches contextualis&eacute;es</em>, AUF/EAC, p. 9-19.</p> <p style="text-align:justify">Castellotti V&eacute;ronique &amp; Moore Dani&egrave;le (2009), &laquo;&nbsp; Contextualisation et universalisme. Quelle didactique des langues pour le XXIe si&egrave;cle&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans P. Blanchet, D. Moore &amp; S. Asselah Rahal (&eacute;ds.), <em>Perspectives pour une didactique des langues contextualis&eacute;e</em>, Paris, EAC/AUF, p.197-217.</p> <p style="text-align:justify">Daff Moussa (2003), &laquo;&nbsp;Conf&eacute;rence introductive&nbsp;: situation du fran&ccedil;ais langue seconde et la question de la norme de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo;, dans OIF, <em>Les &Eacute;tats g&eacute;n&eacute;raux de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en Afrique subsaharienne francophone</em>, Libreville, p. 57-65.</p> <p style="text-align:justify">Daouaga Samari Gilbert (2017), &laquo;&nbsp;L&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;heure de l&rsquo;APC-ESV<a href="#_ftn20" id="_ftnref20" name="_ftnref20"><sup><sup>[20]</sup></sup></a> au Cameroun&nbsp;: vers une contextualisation didactique&nbsp;?&nbsp;Essai de relecture critique des nouveaux programmes &raquo;, dans Sosth&egrave;ne Marie Xavier Atenk&eacute;-Etoa, Jean Claude Abada Medjo et Raymond Mbassi At&eacute;ba (&eacute;ds.), <em>Au c&oelig;ur du comparatisme&nbsp;: langues, litt&eacute;ratures et cin&eacute;ma</em>, miscellan&eacute;es en l&rsquo;honneur du Pr Maxime Pierre Meto&rsquo;o Etoua, Paris, <em>&Eacute;ditions Connaissances et Savoirs</em>, p. 251-269.</p> <p style="text-align:justify">Hirrt Nico (2009), &laquo;&nbsp;L&rsquo;approche par comp&eacute;tences&nbsp;: une mystification p&eacute;dagogique&nbsp;&raquo;, in <em>L&rsquo;&eacute;cole d&eacute;mocratique</em>, n&deg; 39, p. 1-34.</p> <p style="text-align:justify">Kaufman Jean Claude (2007), <em>L&rsquo;Entretien compr&eacute;hensif,</em> 2&egrave; &eacute;dition refondue, Paris, Armand Colin.</p> <p style="text-align:justify">Martinez Pierre (2011), &laquo;&nbsp;Des programmes et des curricula : cursus, curricula, certification, instructions, r&eacute;f&eacute;rentiels...&nbsp;&raquo;, dans Blanchet P. et Chardenet P. (&eacute;ds.), <em>Guide pour la recherche en didactique des langues et des cultures</em>, Paris, AUF/EAC, p. 275-281.</p> <p style="text-align:justify">Maurer Bruno (1995), &laquo;&nbsp;La didactique du FLS, entre approches communicatives et fran&ccedil;ais de scolarisation&nbsp;&raquo;, in <em>Tr&eacute;ma</em> [En ligne], n&deg; 7, mis en ligne le 23 septembre 2013, Consult&eacute; le 18 f&eacute;vrier 2015. URL&nbsp;: <a href="http://trema.revues.org/2165">http://trema.revues.org/2165</a>&nbsp;; DOI&nbsp;: 10.4000/trema.2165.</p> <p style="text-align:justify">Maurer Bruno (2017), &laquo;&nbsp;De quoi le FLS est-il le nom en 2017&nbsp;? Petite histoire d&rsquo;une captation de concept&nbsp;&raquo;, in <em>TDFle</em> [en ligne], n&deg; 69.</p> <p style="text-align:justify">M&eacute;tangmo-Tatou L&eacute;onie, 2001, &laquo;&nbsp;1996&nbsp;: Cap significatif dans la dynamique des langues au Cameroun&nbsp;&raquo;, dans <em>Cameroun 2001&nbsp;: Politique, Langues, Economie et Sant&eacute;</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, p.33-60.</p> <p style="text-align:justify">M&eacute;tangmo-Tatou L&eacute;onie et Tourneux Henry (2010),&nbsp;&laquo;&nbsp;Langues et ethnies&nbsp;&raquo;, (carte et notice), dans BEN YAHMED Danielle et HOUSTIN Nicole (dir.), <em>Atlas de l&rsquo;Afrique. Cameroun</em>, Paris, Les &eacute;ditions J.A, p. 93-94.</p> <p style="text-align:justify">Minesec (2014a), <em>Programmes d&rsquo;&eacute;tudes de 6<sup>e</sup> et 5<sup>e&nbsp;</sup>: Fran&ccedil;ais</em>, Inspection g&eacute;n&eacute;rale des enseignements, Cameroun.</p> <p style="text-align:justify">Minesec (2014b), <em>Guide p&eacute;dagogique du programme d&rsquo;&eacute;tudes de&nbsp;fran&ccedil;ais, classes 6<sup>e</sup> et 5<sup>e </sup></em>, Inspection g&eacute;n&eacute;rale des enseignements, Cameroun.</p> <p style="text-align:justify">Nkeck Bidias Ren&eacute;e Solange (2013), &laquo;&nbsp;Probl&eacute;matiques sur la didactique professionnelle dans la formation &agrave; l&rsquo;enseignement au Cameroun&nbsp;&raquo;, in <em>Syllabus Review 4</em> (1), p. 217-249.</p> <p style="text-align:justify">Puren Christian (2016), &laquo;&nbsp;L&rsquo;innovation en didactique des langues-cultures face &agrave; la p&eacute;dagogie de l&rsquo;int&eacute;gration&nbsp;&raquo;, rep&eacute;r&eacute; &agrave; www.christianpuren.com/mes-travaux/2016h/.</p> <p style="text-align:justify">Roegiers Xavier et <em>al</em>. (2008), <em>L&rsquo;approche par comp&eacute;tences en Afrique francophone : Quelques tendances</em>, Unesco/International Bureau of Education (IBE), IBE Working Papers on Curriculum Issues, N&ordm; 7, Gen&egrave;ve.</p> <p style="text-align:justify">Tabi Manga Jean (2000), <em>Les Politiques linguistiques du Cameroun. Essai d&rsquo;am&eacute;nagement linguistique</em>, Paris, Karthala<em>.</em></p> <p style="text-align:justify">T&eacute;guia Bogni et Mohamadou Ousmanou (2015), &laquo;&nbsp;Pratiques de la dict&eacute;e en classe de fran&ccedil;ais dans l&rsquo;enseignement secondaire au Cameroun. Analyse des approches et de la performance d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves dans un lyc&eacute;e &agrave; Ngaound&eacute;r&eacute;&nbsp;&raquo;, dans Catherine Brissaud et Clara Mortamet (dir.), <em>La dict&eacute;e, une pratique sociale embl&eacute;matique</em>, <em>Glottopol</em>, n&deg; 26, p. 58-68.</p> <h2>Notes</h2> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref1" id="_ftn1" name="_ftn1">[1]</a> Elle &eacute;tait destin&eacute;e aux enseignants de fran&ccedil;ais du d&eacute;partement de la Vina, un des cinq d&eacute;partements de la r&eacute;gion de l&rsquo;Adamaoua.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref2" id="_ftn2" name="_ftn2">[2]</a> Au Cameroun, la formule officielle est APC-ESV (approche par comp&eacute;tences avec entr&eacute;e par les situations de vie)&nbsp;; m&ecirc;me si dans les discours, on parle plus d&rsquo;APC tout court.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref3" id="_ftn3" name="_ftn3">[3]</a> Les programmes ont &eacute;t&eacute; &eacute;labor&eacute;s sans l&rsquo;implication v&eacute;ritable des enseignants. On leur a tout simplement indiqu&eacute; les programmes &agrave; exp&eacute;rimenter en 2012. Ce n&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; cette phase qu&rsquo;on a pr&eacute;vu de recueillir leurs apports&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Con&ccedil;us dans les Inspections de P&eacute;dagogi</em>e [informe l&rsquo;inspecteur g&eacute;n&eacute;ral des enseignements] et introduits &agrave; titre exp&eacute;rimental dans les lyc&eacute;es et coll&egrave;ges au cours de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire 2012- 2013, ces programmes se sont enrichis des contributions des enseignants charg&eacute;s des classes et de celles de certains syndicats des enseignants.&nbsp;&raquo; (Minesec, 2014a&nbsp;: 5&nbsp;; nous soulignons). Il est donc clair que ce sont les inspections de p&eacute;dagogie qui ont con&ccedil;u ces programmes. Cela permet de comprendre qu&rsquo;on n&rsquo;a eu besoin de l&rsquo;avis des enseignants qu&rsquo;&agrave; la phase d&rsquo;exp&eacute;rimentation. On ne s&rsquo;&eacute;tonnera par cons&eacute;quent pas si, finalement, dans le fond, la version finale de 2014 de ces programmes est presque similaire &agrave; celle de 2012. La diff&eacute;rence perceptible est formelle&nbsp;: dans le document propos&eacute; pour l&rsquo;exp&eacute;rimentation en 2012, le programme et son guide &eacute;taient fusionn&eacute;s, mais ils ont &eacute;t&eacute; s&eacute;par&eacute;s en 2014.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref4" id="_ftn4" name="_ftn4">[4]</a> &Agrave; Ngaound&eacute;r&eacute;, comme dans les autres zones francophones, le fran&ccedil;ais est enseign&eacute; comme langue premi&egrave;re (Minesec, 2014a).</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref5" id="_ftn5" name="_ftn5">[5]</a> Chaque fois que nous parlerons de l&rsquo;enseignement secondaire (sans pr&eacute;cision) dans ce travail, nous faisons allusion &agrave; l&rsquo;enseignement secondaire g&eacute;n&eacute;ral.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref6" id="_ftn6" name="_ftn6">[6]</a> Conventions de transcription : E = enqu&ecirc;teur. T1 = enseignante de fran&ccedil;ais 1. T2 = enseignante de fran&ccedil;ais 2. P = enseignant en situation de classe. A = apprenant. AA = groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves. Lettre (dans les propos de l&rsquo;enseignant en classe) = initiale d&rsquo;un nom d&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. [&hellip;] = coupure. &hellip; = inach&egrave;vement.&nbsp; / = rupture. (Rires) = non verbal et commentaire de l&rsquo;enqu&ecirc;teur. Majuscules = accentuation. XXX = inaudible. + = courte pause.&nbsp;: = allongement de son.&nbsp;? = question.&nbsp;! = exclamation. Soulignement = chevauchement de paroles.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref7" id="_ftn7" name="_ftn7">[7]</a> Au Cameroun, on parle plus de p&eacute;dagogie de l&rsquo;int&eacute;gration que d&rsquo;APC dans le primaire.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref8" id="_ftn8" name="_ftn8">[8]</a> Il n&rsquo;y a pas une grande diff&eacute;rence entre les programmes de 2012 et ceux de 2014. En effet, en dehors du changement de d&eacute;nomination (on passe de &laquo;&nbsp;curriculum&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;programmes d&rsquo;&eacute;tudes&nbsp;&raquo;) et de la s&eacute;paration du programme d&rsquo;&eacute;tudes d&rsquo;avec les guides d&rsquo;enseignants (dans les programmes de 2012, les deux constituaient un seul document), les contenus n&rsquo;ont pas chang&eacute;. Finalement, <em>curriculum</em> est utilis&eacute; pour d&eacute;signer l&rsquo;ensemble des programmes du syst&egrave;me &eacute;ducatif&nbsp;; le programme d&rsquo;&eacute;tudes &eacute;tant propre &agrave; chaque discipline. Ce choix terminologique rappelle le d&eacute;bat autour de ces deux termes parmi les didactologues des langues. En fait, il semble que , pour certains sp&eacute;cialistes, le terme &laquo;&nbsp;curriculum&nbsp;&raquo; soit pr&eacute;f&eacute;rable, au lieu de &laquo;&nbsp;programme&nbsp;&raquo; pour le simple fait que le premier permet que l&rsquo;on l&rsquo;adapte &agrave; l&rsquo;&eacute;volution de la soci&eacute;t&eacute;, alors que le second semble fig&eacute;, demande &agrave; &ecirc;tre simplement respect&eacute; (Martinez 2011).</p> <p style="text-align:justify"><a href="http://revue-tdfle.fr/les-numeros/numero-72/62-l-approche-par-competences-en-classe-de-francais-au-cameroun-analyse-des-pratiques-et-representations-a-partir-de-l-experience-d-un-lycee-de-ngaoundere#_ftnref9" id="_ftn9" name="_ftn9">[9]</a> Approche par objectifs</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref10" id="_ftn10" name="_ftn10">[10]</a> La centration sur l&rsquo;apprenant n&rsquo;a pas pour autant commenc&eacute; avec l&rsquo;APC&nbsp;; c&rsquo;est aussi l&rsquo;une des caract&eacute;ristiques de l&rsquo;approche communicative. On peut m&ecirc;me dire que c&rsquo;est &agrave; celle-ci que l&rsquo;APC a emprunt&eacute; ce principe (Castellotti et Moore 2009).</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref11" id="_ftn11" name="_ftn11">[11]</a> Selon le Guide des programmes, &agrave; cette phase, l&rsquo;enseignant am&egrave;ne ses &eacute;l&egrave;ves &agrave; identifier et &agrave; rep&eacute;rer, mais &eacute;galement &agrave; manipuler le corpus &agrave; partir des questions qu&rsquo;il leur pose (Minesec, 2014b).</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref12" id="_ftn12" name="_ftn12">[12]</a> De nombreuses &eacute;tudes, comme celles de Tabi-Manga (2000), soulignent la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;enseigner le fran&ccedil;ais comme langue seconde au Cameroun, vu sa fonctionnalit&eacute; actuelle, mais il est enseign&eacute; jusqu&rsquo;&agrave; ce jour comme &laquo;&nbsp;langue premi&egrave;re&nbsp;&raquo; (Minesec 2014a&nbsp;: 13&nbsp;; 15).</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref13" id="_ftn13" name="_ftn13">[13]</a> L&rsquo;id&eacute;e de professionnaliser les enseignements d&eacute;coule possiblement de l&rsquo;application de l&rsquo;APC, approche originellement pratiqu&eacute;e dans le monde professionnel. En tout cas, c&rsquo;est &agrave; partir du moment o&ugrave; on a commenc&eacute; &agrave; parler de cette approche dans le secondaire qu&rsquo;on parle aussi de professionnalisation &agrave; ce niveau. Mais dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, cette pr&eacute;tendue professionnalisation a commenc&eacute; avec la mise en &oelig;uvre du syst&egrave;me LMD en 2007.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref14" id="_ftn14" name="_ftn14">[14]</a> Sauf si, en plus d&rsquo;&ecirc;tre enseignant, il poss&egrave;de une autre exp&eacute;rience de journaliste.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref15" id="_ftn15" name="_ftn15">[15]</a> Nous convenons que cela reste discutable dans la mesure o&ugrave; il y a des professionnels de ces arts.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref16" id="_ftn16" name="_ftn16">[16]</a> Cette r&eacute;duction affecte aussi l&rsquo;enveloppe horaire hebdomadaire. On est pass&eacute; de 7 &agrave; 6 heures pour les classes de 6<sup>e</sup> et 5<sup>e</sup>, de 5 &agrave; 4 heures pour les classes de 4<sup>e</sup> et 3<sup>e</sup>. Alors que les contenus pr&eacute;vus n&rsquo;ont pas du tout chang&eacute;. Il faut souligner que les contenus des enseignements sont rest&eacute;s les m&ecirc;mes, mais les enveloppes horaires ont diminu&eacute;. On enseigne donc les m&ecirc;mes contenus avec un quota horaire r&eacute;duit. Sans signaler qu&rsquo;il y a une nouvelle activit&eacute; qui a &eacute;t&eacute; ajout&eacute;e&nbsp;: l&rsquo;expression orale, elle-m&ecirc;me d&eacute;clin&eacute;e en d&rsquo;autres activit&eacute;s (compte rendu oral, r&eacute;citation, commentaire de l&rsquo;image). Ces activit&eacute;s &eacute;tant absentes des anciens programmes, l&rsquo;on peut subodorer que les enseignants ne sont probablement pas form&eacute;s pour les pratiquer. C&rsquo;est un probl&egrave;me tr&egrave;s s&eacute;rieux qui montre que le processus de la r&eacute;forme souffre d&rsquo;une improvisation dommageable, comme nous l&rsquo;avons not&eacute; plus haut.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref17" id="_ftn17" name="_ftn17">[17]</a> Mme si certains pourraient consid&eacute;rer cela comme une &laquo;&nbsp;faute professionnelle&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref18" id="_ftn18" name="_ftn18">[18]</a> Compl&eacute;ment d&rsquo;objet second. En fait l&rsquo;entretien avec cette enseignante a eu lieu juste apr&egrave;s une le&ccedil;on de grammaire sur le compl&eacute;ment d&rsquo;objet second que nous avons observ&eacute;e.</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref19" id="_ftn19" name="_ftn19">[19]</a> C&rsquo;est notamment le cas du Qu&eacute;bec et de la Belgique. L&rsquo;autre cas le plus remarquable est le revirement de Marcel Crahay qui, apr&egrave;s avoir contribu&eacute; &agrave; la promotion de l&rsquo;APC en Belgique vers la fin des ann&eacute;es 90, en vient d&eacute;sormais &agrave; penser que cette approche est une &laquo;&nbsp;mauvaise r&eacute;ponse &agrave; un mauvais probl&egrave;me&nbsp;&raquo; (Hirrt 2009&nbsp;: 4). Puren fait d&rsquo;ailleurs remarquer que &laquo;&nbsp;le constat de l&rsquo;&eacute;chec de la p&eacute;dagogie de l&rsquo;int&eacute;gration est en voie de g&eacute;n&eacute;ralisation&nbsp;&raquo; (2016&nbsp;: 3).</p> <p style="text-align:justify"><a href="#_ftnref20" id="_ftn20" name="_ftn20">[20]</a> Approche par comp&eacute;tences avec entr&eacute;e par les situations de vie.</p>