<p>Si &agrave; l&rsquo;heure actuelle, l&rsquo;enseignement/apprentissage de la comp&eacute;tence de l&rsquo;&eacute;crit semble bien connu, il n&rsquo;en est pas le cas pour la comp&eacute;tence de l&rsquo;oral. Trop longtemps consid&eacute;r&eacute; comme &eacute;ph&eacute;m&egrave;re et associ&eacute; au registre familier, rel&acirc;ch&eacute; et populaire, parl&eacute; en dehors de l&rsquo;&eacute;cole, contrairement &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, l&rsquo;oral est rest&eacute; probl&eacute;matique dans la classe : L&rsquo;histoire de la didactique montre le m&eacute;pris de la m&eacute;thode grammaire/traduction envers l&rsquo;oral, toujours rang&eacute; du c&ocirc;t&eacute; du spontan&eacute;, du ludique, de l&rsquo;expression d&eacute;brid&eacute;e, source de chahut. (Rosier, 2002 : 87) Une autre conception repose sur la repr&eacute;sentation (pr&eacute;jug&eacute;) que l&rsquo;oral n&rsquo;a pas de grammaire dans le sens o&ugrave; il n&rsquo;y a pas de structuration des &eacute;nonc&eacute;s, pas d&rsquo;organisation interne et donc pas de normes de construction comme &agrave; l&rsquo;&eacute;crit : &laquo;l&rsquo;oral est tenu pour l&rsquo;impur, le sauvage et l&rsquo;informe&raquo; (Lebre Peytard, 1991 : 47) Cependant, le regain d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;enseignement de l&rsquo;oral s&rsquo;accro&icirc;t ces derni&egrave;res ann&eacute;es; plusieurs questions sont pos&eacute;es, aussi bien sur le plan terminologique qu&rsquo;en termes de sa pratique dans les classes de fran&ccedil;ais langue maternelle, &eacute;trang&egrave;re et seconde. Plusieurs recherches sont mises &agrave; jour par des didacticiens, psychologues et linguistes pour insister sur l&rsquo;importance de l&rsquo;oral dans le domaine de l&rsquo;enseignement : &laquo;une impulsion puissante est donn&eacute;e ainsi &agrave; l&rsquo;enseignement de l&rsquo;oral devenu, dans les discours du moins, l&rsquo;&eacute;gal de l&rsquo;&eacute;crit.&raquo; (Dolz et Schneuwly, 1998 :15). Ces recherches ont montr&eacute; que l&rsquo;importance de l&rsquo;oral est incontestable dans les pratiques sociales et m&ecirc;me professionnelles : r&eacute;union, d&eacute;bat, prise de parole en public et travail de groupe, etc. (Charmeux, 2007). Selon Halt&eacute;: &laquo;l&rsquo;oral est le m&eacute;dium de la reconnaissance sociale&raquo; (2002 : 16). En classe, la pratique de l&rsquo;oral est per&ccedil;ue par les enseignants comme une composante du rapport p&eacute;dagogique et du fonctionnement du groupe classe (Perrenoud, 1998), il est un moyen de v&eacute;rifier la compr&eacute;hension des &eacute;l&egrave;ves et d&rsquo;introduire l&rsquo;&eacute;crit, car &laquo;(...) il correspond (...) &agrave; un &laquo;moyen&raquo; qu&rsquo;utilisent les enseignants pour aborder les diff&eacute;rents moments du cours&raquo; (Groupe de Cr&eacute;teil, 1991). Il s&rsquo;agit d&rsquo;un oral de r&eacute;gulation des rapports humains, d&rsquo;organisation, d&rsquo;explication de consignes, etc. Certes la pr&eacute;sence de l&rsquo;oral est inh&eacute;rente aux activit&eacute;s de la classe, mais il ne faut pas non plus le consid&eacute;rer uniquement comme un &laquo;passe-partout&raquo; pour aborder la lecture, la compr&eacute;hension &eacute;crite/orale et l&rsquo;&eacute;criture. Il est aussi important de ne pas perdre de vue, comme le souligne Perrenoud (1998), que l&rsquo;oral doit &ecirc;tre enseign&eacute; comme &laquo;un objectif &agrave; part enti&egrave;re&raquo;, et doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un moment particuli&egrave;rement privil&eacute;gi&eacute; pour am&eacute;liorer et diversifier les performances des &eacute;l&egrave;ves. Autrement dit, il faut l&rsquo;int&eacute;grer dans la classe comme un domaine particulier, ayant des sp&eacute;cificit&eacute;s intrins&egrave;ques. Cet auteur insiste sur l&rsquo;importance de consid&eacute;rer l&rsquo;oral : &laquo;comme un instrument pratique (...) avec des enjeux concrets : convaincre, argumenter, n&eacute;gocier, s&rsquo;expliquer, s&rsquo;informer&raquo; (ibid.). C&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;ma&icirc;triser les actes de parole en pratique&raquo; (ibid.). En revanche, plusieurs chercheurs, entre autres (Colleta 1998, Brillant-Annequin 1998, etc.), insistent sur l&rsquo;importance du rapport existant entre les deux codes oral et &eacute;crit, et recommandent de les enseigner simultan&eacute;ment. Dans son travail consacr&eacute; &agrave; la didactique de l&rsquo;oral et des interactions, Colletta (1998), conseille de s&rsquo;appuyer sur une approche contrastive des discours &eacute;crits et oraux pour l&rsquo;enseignement de la comp&eacute;tence de production &eacute;crite. Dans ses travaux, Brillant-Annequin (1998) propose, quant &agrave; lui, la cr&eacute;ation d&rsquo;une certaine synergie entre l&rsquo;oral, l&rsquo;argumentation et le texte th&eacute;&acirc;tral. Cette mani&egrave;re de faire permettra &agrave; l&rsquo;apprenant d&rsquo;apprendre &agrave; argumenter aussi bien &agrave; l&rsquo;oral qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;crit. En classe de langue &eacute;trang&egrave;re, l&rsquo;oral est enseign&eacute; en tant que moyen de communication. Plusieurs auteurs se sont pench&eacute;s sur la question de l&rsquo;enseignement de l&rsquo;oral en langue &eacute;trang&egrave;re et seconde (Nonnon : 1999, Garcia-Debanc et Plane: 2004, etc.), d&rsquo;autant plus qu&rsquo;en classe de langue &eacute;trang&egrave;re, l&rsquo;oral est &agrave; la fois un objet d&rsquo;&eacute;tude et un moyen d&rsquo;aborder les autres activit&eacute;s, pour atteindre une comp&eacute;tence de communication (Bouchard, 2005). L&rsquo;enseignement de l&rsquo;oral &agrave; l&rsquo;&eacute;cole repose sur des comp&eacute;tences langagi&egrave;res que l&rsquo;on retrouve dans la vie sociale. L&rsquo;objectif est de pr&eacute;parer les apprenants &agrave; leur future vie d&rsquo;adulte et par cons&eacute;quent, &agrave; ma&icirc;triser les comp&eacute;tences de communication de la vie quotidienne et de la vie professionnelle. Il consiste aussi &agrave; motiver les apprenants en leur faisant prendre conscience des enjeux de leur apprentissage et ainsi leur permettre de se projeter dans les situations o&ugrave; ils devront utiliser les comp&eacute;tences apprises &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. En effet, l&rsquo;&eacute;cole forme les &eacute;l&egrave;ves &agrave; leur future activit&eacute; sociale, chose qui prouve qu&rsquo;on ne peut s&eacute;parer le domaine de l&rsquo;enseignement des langues du domaine social. La r&eacute;forme du syst&egrave;me &eacute;ducatif alg&eacute;rien, intervenue depuis la rentr&eacute;e scolaire 2003/2004, s&rsquo;inscrit dans cette perspective. De ce fait, elle propose de nouveaux programmes de fran&ccedil;ais qui se veulent en rupture avec les anciens, et pr&eacute;voit l&rsquo;installation de comp&eacute;tences communicatives, en particulier &agrave; l&rsquo;oral, par des activit&eacute;s vari&eacute;es dans le cadre de &laquo;l&rsquo;approche par les comp&eacute;tences&raquo; et &laquo;la p&eacute;dagogie de projet&raquo;. Ces programmes pr&eacute;conisent accorder &agrave; l&rsquo;oral une place assez importante contrairement aux anciens qui &eacute;taient centr&eacute;s, surtout, sur la comp&eacute;tence &eacute;crite. La comp&eacute;tence orale chez les &eacute;l&egrave;ves alg&eacute;riens En Alg&eacute;rie, le constat est patent. Les enseignants et les inspecteurs de langue fran&ccedil;aise sont unanimes pour remarquer l&rsquo;incapacit&eacute; des apprenants alg&eacute;riens &agrave; communiquer en cette langue. Ces apprenants manquant visiblement d&#39;entra&icirc;nements sp&eacute;cifiques, quand bien m&ecirc;me ils ma&icirc;triseraient les r&egrave;gles lexico-morpho-syntaxiques de base, &eacute;prouvent d&#39;&eacute;normes difficult&eacute;s &agrave; d&eacute;coder des messages oraux, d&egrave;s lors qu&#39;ils se trouvent dans des situations de communication authentique en r&eacute;ception ou en &eacute;mission. Situation d&eacute;plorable &agrave; plus d&#39;un titre, s&#39;expliquant, d&#39;une part, par la m&eacute;connaissance et/ou la non-application de toutes les strat&eacute;gies ad&eacute;quates pour un enseignement efficient par les enseignants charg&eacute;s de l&#39;encadrement du public vis&eacute;, et d&rsquo;une autre, par la centration de cet enseignement sur l&rsquo;aspect linguistique de la langue. Au regard de tous ces constats, une &eacute;tude empirique s&rsquo;impose afin d&rsquo;&eacute;valuer avec pr&eacute;cision les comp&eacute;tences orales des apprenants et de leur enseignement en vue de trouver les rem&egrave;des n&eacute;cessaires aux d&eacute;faillances constat&eacute;es &agrave; l&rsquo;oral chez les apprenants alg&eacute;riens. L&rsquo;objectif de notre recherche, nous a men&eacute;e &agrave; nous focaliser sur des observations de classes dans des situations naturelles d&rsquo;enseignement. Nous avons effectu&eacute; notre recueil de donn&eacute;es en Alg&eacute;rie plus pr&eacute;cis&eacute;ment dans la r&eacute;gion de Bejaia. Le recueil s&rsquo;est fait dans trois &eacute;tablissements scolaires, localis&eacute;s au centre de cette ville. Par ailleurs, le choix de porter nos observations sur plusieurs classes et dans la wilaya indiqu&eacute;e n&rsquo;est pas fortuit. En effet, nous avons voulu obtenir des donn&eacute;es concr&egrave;tes et suffisantes sur l&rsquo;&eacute;volution de la maitrise de l&rsquo;oral chez les apprenants, et sur les pratiques p&eacute;dagogiques des enseignants en mati&egrave;re d&rsquo;enseignement de la comp&eacute;tence orale. Aussi, la situation sociolinguistique de la r&eacute;gion nous a paru int&eacute;ressante dans la mesure o&ugrave; la langue fran&ccedil;aise est tr&egrave;s pr&eacute;sente dans les interactions quotidiennes et professionnelles entre locuteurs. Cependant, pour mieux appr&eacute;hender les enjeux de la construction d&rsquo;une comp&eacute;tence de communication orale en classe, nous avons effectu&eacute; six enregistrements vid&eacute;o dans des classes diff&eacute;rentes avec des enseignants diff&eacute;rents. Nous avons film&eacute; deux classes de 5&egrave;me ann&eacute;e primaire ( prise en charge par l&rsquo;enseignant d&eacute;sign&eacute; par la lettre M1), deux classe de 4&egrave;me ann&eacute;e moyenne ( prise en charge par l&rsquo;enseignant d&eacute;sign&eacute; par la lettre M2) et deux autres classes de 3&egrave;me ann&eacute;e secondaire ( prise en charge par l&rsquo;enseignant d&eacute;sign&eacute; par la lettre M3). Par ailleurs, l&rsquo;enregistrement vid&eacute;o devait nous permettre d&rsquo;observer les interactions en classe, les comportements des &eacute;l&egrave;ves en plein apprentissage et les pratiques p&eacute;dagogiques des enseignants. Pour la collecte du corpus et l&rsquo;enregistrement des diff&eacute;rentes s&eacute;ances d&rsquo;oral, enregistr&eacute;es dans la r&eacute;gion de Bejaia, nous nous sommes orient&eacute;e vers les &eacute;coles suivantes : l&rsquo;&eacute;cole primaire, sise &agrave; proximit&eacute; du stade olympique, le CEM de Sidi Ahmed et le lyc&eacute;e El Hammadia, qui se situent au centre-ville. Le choix d&rsquo;enregistrer dans ces &eacute;coles a, en r&eacute;alit&eacute;, &eacute;t&eacute; dict&eacute; en grande partie par des raisons pratiques, li&eacute;es &agrave; l&rsquo;absence de probl&egrave;mes d&rsquo;autorisation d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; ces &eacute;tablissements, et aussi par l&rsquo;assurance de la collaboration d&rsquo;une partie du personnel. L&rsquo;effectif des classes film&eacute;es varie entre 25 et 35 &eacute;l&egrave;ves. La disposition spatiale des classes est traditionnelle ; les tables sont toutes face au tableau et au bureau de l&rsquo;enseignant. Les observations de classe auxquelles nous nous sommes livr&eacute;e avaient pour objectif d&rsquo;analyser les productions orales des apprenants. Nos enregistrements vid&eacute;o ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un cam&eacute;scope, car nous voulions &agrave; la fois filmer les productions verbales des &eacute;l&egrave;ves lors des interactions en classe ainsi que leurs productions non verbales. Une fois r&eacute;alis&eacute;s, nous sommes pass&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;tape de la transcription de ces enregistrements (d&rsquo;environs 45 &agrave; 90 minutes) pour les constituer dans la trace &eacute;crite comme document de notre &eacute;tude. Les donn&eacute;es sont transcrites dans leur totalit&eacute; et incluent des indications sur le non verbal qui aident le lecteur dans la compr&eacute;hension de l&rsquo;interaction. En outre, la dimension gestuelle est tr&egrave;s importante et n&eacute;cessite d&rsquo;&ecirc;tre mentionn&eacute;e, car les gestes permettent l&rsquo;identification du r&eacute;f&eacute;rent en l&rsquo;absence du langage. Pour notre corpus, le choix des conventions de transcription s&rsquo;est port&eacute; sur celles &eacute;labor&eacute;es par les interactionnistes et plus particuli&egrave;rement celles de Traverso V. que nous avons adapt&eacute;es &agrave; notre travail. R&eacute;sultats de l&rsquo;enqu&ecirc;te Selon nos premi&egrave;res observations, nous avons not&eacute; que chacun des trois enseignants film&eacute;s commence son cours d&rsquo;abord par des salutations, ensuite annonce l&rsquo;objectif ou le sujet de la s&eacute;ance (M1), ou bien commence directement le cours par des consignes donn&eacute;es aux apprenants (M2 et M3). Nous avons &eacute;galement remarqu&eacute; une absence d&rsquo;un &eacute;change de questions/r&eacute;ponses dans les trois classes au d&eacute;but de la s&eacute;ance sauf pour les deux classes de 5&egrave;me AP o&ugrave; nous trouvons un bref &eacute;change entre l&rsquo;enseignant et ses &eacute;l&egrave;ves au d&eacute;but du cours. En effet, cet &eacute;change de questions/r&eacute;ponses joue un r&ocirc;le important dans l&rsquo;animation de la classe et la provocation d&rsquo;une ambiance au sein du groupe qui favorise, &agrave; son tour, l&rsquo;apprentissage en g&eacute;n&eacute;ral, et l&rsquo;apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res en particulier. Cette phase d&rsquo;ouverture lors d&rsquo;un &eacute;change verbal permet d&rsquo;&eacute;tablir un contact physique et psychologique entre les interactants. Dans nos six corpus, elle nous a sembl&eacute; tr&egrave;s l&eacute;g&egrave;re et tr&egrave;s courte Nous constatons, apr&egrave;s la description du d&eacute;roulement des trois s&eacute;ances film&eacute;es, que les trois enseignants suivent des m&eacute;thodes p&eacute;dagogiques diff&eacute;rentes. En effet, l&rsquo;enseignant du primaire (M1) applique les activit&eacute;s du manuel telles qu&rsquo;elles sont organis&eacute;es et utilise souvent le manuel scolaire en lui consacrant, presque, tout le temps de la s&eacute;ance. Il rappelle &agrave; chaque fois, &agrave; l&rsquo;ordre et &agrave; la discipline, chose qui a attir&eacute; notre attention et demande aux &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;&ecirc;tre attentifs aux consignes et aux explications, et surtout &agrave; bien prononcer. S&eacute;ance 1 44 M1 : il y a deux personnes qui parlent/ tr&egrave;s bien/ donc les enfants on va demander &agrave; deux &eacute;l&egrave;ves de lire le dialogue/ un va faire le touriste/ &laquo; euh &raquo; et l&rsquo;autre l&rsquo;agent/ le monsieur qui travaille &agrave; l&rsquo;agence/ d&rsquo;accord ? 46 M1 : allez toi/ tu fais le touriste et/ &laquo; euh &raquo; Salim c&rsquo;est le/ l&rsquo;agent/ akka (d&rsquo;accord) ? 48 M1 : aya (aller)/ les autres/ suivez/ suivez avec le doigt/ en silence d&rsquo;accord ?// allez-y Les corpus 1, 2, 3 et 4 illustrent une conception normative de l&rsquo;oral; en effet, l&rsquo;enseignant du primaire (M1, annexe 1) attire l&rsquo;attention des &eacute;l&egrave;ves &agrave; propos de la phrase &ldquo;il peut pas&rdquo; en disant &agrave; un &eacute;l&egrave;ve : &laquo;il ne peut pas supporter la chaleur/ on dit/ il ne peut pas/ les enfants/ &laquo;euh&raquo; &agrave; l&rsquo;&eacute;cole on dit/ il ne peut pas/ (&hellip;)&raquo;. Par cette remarque, nous d&eacute;duisons que pour cet enseignant il y a un oral familier utilis&eacute; en dehors de l&rsquo;&eacute;cole et un oral scolaire qui reste la r&eacute;f&eacute;rence du bon fran&ccedil;ais. Annexe 1 83 E3 : bien/ est ce que je peux aussi/ me d&eacute;placer &agrave; dos de chameau ?/ on dit que c&rsquo;est/ le vIsseau (vaisseau) du d&eacute;sert 84 M1 : non/ attention c&rsquo;est pas comme &ccedil;a qu&rsquo;on prononce/on prononce &laquo; &eacute; &raquo;// regardez/ regardez les enfants/ la r&egrave;gle s&#39;&eacute;crit comme &ccedil;a / avec un &laquo; &egrave; &raquo;/ pourquoi ?/ parce que/ ici dans le mot vaisseau le &laquo; ai &raquo; est &eacute;gale &agrave; &laquo; &eacute; &raquo; / mais il y a des mots qui ne s&#39;&eacute;crivent pas comme &ccedil;a/ / ils ne s&#39;&eacute;crivent pas avec un &laquo; ai &raquo;/ mais avec un accent grave/ comme &ccedil;a/ ok ? 86 M1 : alors r&eacute;p&egrave;te/ vai/ sseau 87 E4 : vaisseau Nous avons relev&eacute; &eacute;galement que l&rsquo;oral est utilis&eacute; comme moyen pour introduire les autres domaines d&rsquo;apprentissage; par exemple, pour entamer la s&eacute;quence de lecture, de vocabulaire, etc. S&eacute;ance1 444 M1 : &agrave; moteur/ bien// les enfants/ nous allons faire un exercice de vocabulaire/ un exercice de ? ((il s&rsquo;adresse &agrave; un &eacute;l&egrave;ve)) 445 E12 : (silence) 446 M1 : de grammaire ? 447 E12 : non 448 M1 : c&rsquo;est quoi alors ? 449 E12 : de vocabulaire 450 M1 : de vocabulaire// alors un exercice sur les noms compos&eacute;s/ les noms/ compos&eacute;s/ alors// ((il &eacute;crit l&rsquo;exercice au tableau)) Nous avons constat&eacute; que les enseignants avaient une conception traditionnelle de l&rsquo;apprentissage. En effet, pour l&rsquo;enseignant du primaire, par exemple, et d&rsquo;apr&egrave;s les s&eacute;ances film&eacute;es, l&rsquo;enseignant demeure le seul qui donne les informations en classe aux &eacute;l&egrave;ves, ces derniers doivent absorber les informations et les int&eacute;grer dans leur m&eacute;moire. C&rsquo;est-&agrave;-dire que la transmission du savoir se fait d&rsquo;une mani&egrave;re unilat&eacute;rale de l&rsquo;enseignant vers l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. S&eacute;ance 2 642 E9 : station-seRvice/ saute 643 M1 : [qu&rsquo;est ce que tu as dit ? 644 E9 : station seRvice 645 M1 : alors/ c&rsquo;est un Italien/ les Italiens/ les Italiens ils prononcent [R[ / le R station-service/ alors station// 646 E9 : station-service/ saute-mouton D&rsquo;apr&egrave;s les s&eacute;ances enregistr&eacute;es au Moyen, le statut de l&rsquo;enseignante dans la classe n&rsquo;est pas bien d&eacute;fini. Car tant&ocirc;t elle joue le r&ocirc;le de guide, en distribuant la parole aux &eacute;l&egrave;ves pendant les &eacute;changes verbaux, en leur demandant de poser des questions aux camarades, tant&ocirc;t elle s&rsquo;efface compl&egrave;tement et n&rsquo;intervient que rarement pour corriger certaines erreurs de ses apprenants. Par exemple pour corriger une mauvaise prononciation ou une mauvaise formulation. La conception de cette enseignante de l&rsquo;oral nous para&icirc;t moins normative que celle de l&rsquo;enseignant du primaire pour qui parler en fran&ccedil;ais c&rsquo;est non seulement bien prononcer les mots, mais aussi former des phrases comme &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. S&eacute;ance 3 : 122 E12 : (inaud.)/prot&eacute;ger la rastauration 123 M2 : la restauration Cette conception normative justifie les remarques des enseignants sur la discipline, la mani&egrave;re dont il faut apprendre et demander la parole. S&eacute;ance 1 : 101 M1 : bien/ les enfants// qui appelle ?/ d&rsquo;apr&egrave;s le texte qui appelle/ on l&egrave;ve le doigt/ akka (comme &ccedil;a). 265 M1 : on l&egrave;ve le doigt/ Salma ? (s&eacute;ance 1, annexe 1) Quant &agrave; l&rsquo;enseignant du lyc&eacute;e, il avait plut&ocirc;t une attitude tr&egrave;s tol&eacute;rante vis-&agrave;-vis de ses apprenants. Par cons&eacute;quent, les &eacute;l&egrave;ves prenaient la parole librement pour communiquer en fran&ccedil;ais ou en langue maternelle sans craindre la r&eacute;action de leur enseignant, contrairement aux &eacute;l&egrave;ves du primaire et du moyen. Nous arrivons &agrave; cette d&eacute;duction : le comportement de l&rsquo;enseignant du lyc&eacute;e est, peut-&ecirc;tre, d&ucirc;, selon nous, d&rsquo;abord, &agrave; la volont&eacute; de faire parler tous les &eacute;l&egrave;ves avant la fin de la s&eacute;ance (1 heure), ensuite, &agrave; sa courte exp&eacute;rience dans le domaine de l&rsquo;enseignement et sa formation de d&eacute;part d&rsquo;o&ugrave; son absence remarquable dans la classe (m&ecirc;me dans la gestion des tours de parole). S&eacute;ance 5 : 5 M3 : j&rsquo;esp&egrave;re que vous avez pris la peine/ de la travailler chez vous ?/ parce que je vais vous noter// vous &ecirc;tes pr&ecirc;ts 6 E : non/ chwiya kan (un petit peu) (inaud.) S&eacute;ance 6 : 47 E3 : E3 : veni (venez)/ je vais vous montrer &laquo; euh &raquo;//les autres/ &laquo; euh &raquo;/ les autres pi&egrave;ces// voici la salle de bain/ au fond vous avez la cuisine/ tachbah (elle est belle) ? 48 E1 : &laquo; euh &raquo;/ combien &laquo; euh &raquo;/ combien le prix ? 49 E3 : 2 millions 50 E2 : ayama (oh ma m&egrave;re) 51 M 3 : chut/ aya maalich (allez ce n&rsquo;est pas grave)/ s&rsquo;il vous plait/ s&rsquo;il vous plait un peu de s&eacute;rieux/ dayan thoura (c&rsquo;est fini maintenant) Quant &agrave; l&rsquo;enseignante du moyen, son comportement et son attitude sont dus, selon nous, au manque de formation d&rsquo;un cot&eacute;, et &agrave; la nature de l&rsquo;activit&eacute; r&eacute;alis&eacute;e durant les s&eacute;ances film&eacute;es (l&rsquo;expos&eacute;), ce qui ne signifie pas, bien sur, que les apprenants avaient une grande libert&eacute; de prise de parole en classe. L&rsquo;enseignant du primaire, quant &agrave; lui travaille toujours avec la m&eacute;thode traditionnelle, pour qui l&rsquo;oral n&rsquo;&eacute;tait que la transposition de l&rsquo;&eacute;crit. Et par cons&eacute;quent, la transposition des r&egrave;gles d&lsquo;&eacute;criture dont le mod&egrave;le reste celui des &oelig;uvres litt&eacute;raires. Nous signalons aussi que les trois enseignants travaillent souvent avec les m&ecirc;mes &eacute;l&egrave;ves, et surtout avec ceux qui sont consid&eacute;r&eacute;s comme &laquo;meilleurs&raquo;. Ceci peut &ecirc;tre d&ucirc;, &agrave; notre avis, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; au volume horaire consacr&eacute; &agrave; la mati&egrave;re (la langue fran&ccedil;aise) car les enseignants pr&eacute;f&egrave;rent terminer le point pr&eacute;vu pour la s&eacute;ance afin d&rsquo;avancer dans le programme, et d&rsquo;un autre cot&eacute;, &agrave; la surcharge des classes et de ces m&ecirc;mes programmes. Nous arrivons &agrave; dire que la prise de parole dans les trois classes film&eacute;es par les &eacute;l&egrave;ves d&eacute;pend de l&rsquo;attitude de l&rsquo;enseignant, de sa r&eacute;action face &agrave; l&rsquo;usage de la langue maternelle (qui constitue un &laquo;gilet de sauvetage&raquo; qu&rsquo;utilisent certains &eacute;l&egrave;ves en difficult&eacute;s pour &eacute;viter les blocages linguistiques), de leurs strat&eacute;gies communicatives, de leurs connaissances surtout linguistiques, etc. S&eacute;ance 1 514 E14 : naki tashimiyi ? (et moi vous m&rsquo;avez oubli&eacute; ?) ((l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve parle &agrave; voix basse)) 515 M1 : Rayane tu joue &agrave; la JSMB ?/ pourquoi tu joues pas au MOB ? (rire collectif) 516 E1 : c&rsquo;est le maitre d&rsquo;arabe qui fait le MOB 517 M1 : Rayane joue &agrave; la JSMB parce qu&rsquo;il est/ il est beau/ akka (c&rsquo;est vrai) Rayane ? ((l&rsquo;enseignant pose la question &agrave; une &eacute;l&egrave;ve qui s&rsquo;appelle aussi Rayane)) S&eacute;ance 3 74 E5 : on l&rsquo;appelle la plante carnivore/ parce qu&rsquo;elle mange &laquo; euh &raquo; des/des /des &laquo; euh &raquo;/ hacharat (les insectes)// &laquo; euh &raquo; les insectes ((l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve prononce le mot hacharat en arabe &agrave; voix tr&egrave;s basse)) S&eacute;ance 6 23 E2 : ne &laquo; euh &raquo;/ ne vous inqui&eacute;tez pas/ ma grand-m&egrave;re est/ &laquo; euh &raquo; takhlaft (gentille)/ et/ (inaudible)// elle va vous baissez le prix E5 : non/ khati (non)/ pas du tout. E5 : kif kif (pareil)/ pareil ? Dans les six corpus analys&eacute;s nous avons remarqu&eacute; que cette prise de parole devient un peu plus volontaire en passant du primaire au moyen, et du moyen au lyc&eacute;e, ce qui signifie que les apprenants alg&eacute;riens deviennent plus au moins autonomes en passant d&rsquo;un cycle &agrave; un autre, et utilisent de plus en plus de nouvelles strat&eacute;gies pour combler leurs lacunes en communication en langue &eacute;trang&egrave;re, dans notre cas en langue fran&ccedil;aise. Nous signalons de prime &agrave; bord, que cette autonomie reste loin de l&rsquo;autonomie langagi&egrave;re telle que d&eacute;finie par Germain C., Netten J. comme : La capacit&eacute; de l&rsquo;apprenant de prendre des initiatives langagi&egrave;res et d&#39;utiliser avec spontan&eacute;it&eacute; des &eacute;nonc&eacute;s nouveaux lors d&rsquo;une situation authentique de communication dans la L2. (2004 :57) En effet, certes, certains apprenants du moyen que nous avons film&eacute;s ont r&eacute;ussi &agrave; communiquer en fran&ccedil;ais en classe et ils ont franchi une &eacute;tape qui leur permet d&rsquo;aborder des sujets scientifiques complexes tels que &laquo;le tremblement de terre&raquo;, &laquo;l&rsquo;effet de serre&raquo;, etc. Mais leurs productions manquent d&rsquo;authenticit&eacute; et de spontan&eacute;it&eacute; (par exemple, les expos&eacute;s pr&eacute;sent&eacute;s &eacute;taient soit appris par c&oelig;ur soit lus). Dans les deux classes du lyc&eacute;e, les &eacute;l&egrave;ves ont r&eacute;ussi, &agrave; des degr&eacute;s diff&eacute;rents, &agrave; produire des discours oraux sur un sujet de la vie quotidienne qu&rsquo;ils peuvent rencontrer dans le futur (une fois &agrave; l&rsquo;universit&eacute;). Cependant, ils ont pr&eacute;sent&eacute; d&rsquo;&eacute;normes difficult&eacute;s traduites par de fortes h&eacute;sitations, pauses et r&eacute;p&eacute;titions qui ont marqu&eacute; leurs productions orales. S&eacute;ance 5 : 155 E24 : entrez/ soyez bienvenues// c&rsquo;est ici voila la cuisine/ la salle de bain / et un &laquo; euh &raquo; petit bureau pour travailler bien 156 E22 : c&rsquo;est &laquo; euh &raquo; magnifique/ je peux avoir le prix s&rsquo;il vous plait ? 157 E23 : s&rsquo;il vous plait madame Renard / c&rsquo;est une fille s&eacute;rieuse (inaud.)/ vous pouvez l&rsquo;aider ? 158 E24 : d&rsquo;accord je vais r&eacute;fl&eacute;chi 159 E23 : saha (d&rsquo;accord) merci S&eacute;ance 6 : 162 E25 : je suis &agrave; la recherche d&rsquo;une chambre &laquo; euh &raquo; &agrave; &laquo; euh &raquo; &agrave; louer/ j&rsquo;ai trouv&eacute; cette annonce/ mais &laquo; euh &raquo; je connais pas &laquo; euh &raquo; o&ugrave; est l&rsquo;adresse// je connais pas l&rsquo;adresse &laquo; euh &raquo; du stade/ vous pouvez &laquo; euh &raquo; m&rsquo;indiquez le chemin 163 E26 : oui je connais bien cette adresse/ je peux m&ecirc;me &laquo; euh &raquo;// t&rsquo;accompagner 164 E25 : merci/ d&eacute;sol&eacute;e de te d&eacute;ranger 165 E26 : non c&rsquo;est &laquo; euh &raquo;/ c&rsquo;est contraire/ c&rsquo;est un plaisir pour moi Les jeux de r&ocirc;les r&eacute;alis&eacute;s en classe &eacute;taient artificiels et totalement fabriqu&eacute;s et bien pr&eacute;par&eacute;s &agrave; l&rsquo;avance dans l&rsquo;objectif d&rsquo;avoir une bonne note. Malheureusement, lors de l&rsquo;activit&eacute; de jeu de r&ocirc;le, les apprenants ne se sont pas mis dans la peau des personnages (des natifs) ce qui a donn&eacute; des dialogues qui manifestent une structure artificielle &eacute;loign&eacute;e de celles des interactions r&eacute;elles. Les interactions orales dans les classes film&eacute;es L&rsquo;analyse des interactions orales dans les six classes film&eacute;es a r&eacute;v&eacute;l&eacute; les constats suivants : - Nous avons constat&eacute;, tout d&rsquo;abord, une grande disparit&eacute; dans la longueur des interventions des apprenants des trois classes ; - Une minorit&eacute; d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves s&rsquo;est exprim&eacute;e assez librement par rapport &agrave; une grande partie d&rsquo;apprenants qui &eacute;tait moins bavarde et qui n&rsquo;osait pas prendre ou demander la parole. Leur participation en classe &eacute;tait, plut&ocirc;t, gestuelle et/ou souvent collective ; - La prise de parole en classe, surtout dans les classes du primaire et du moyen, &eacute;tait centr&eacute;e sur les m&ecirc;mes &eacute;l&eacute;ments (&eacute;l&egrave;ves), ces derniers sont pr&eacute;s&eacute;lectionn&eacute;s par les enseignants qui les sollicitent parce qu&rsquo;ils sont en mesure de donner des r&eacute;ponses rapides et exemplaires. Par exemple, un simple comptage des tours de parole dans le premier corpus (s&eacute;ance 1, annexe 1) r&eacute;v&egrave;le que l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve (E1) nomm&eacute;e (Rayane) a pris la parole plus que les autres &eacute;l&egrave;ves de la classe (51 prises de parole sur 496). En r&eacute;alit&eacute;, nous avons not&eacute; 814 tours de parole dans cette classe avec 318 prises de parole pour l&rsquo;enseignant). Ces r&eacute;sultats expliquent qu&rsquo;au sein des six classes film&eacute;es, il existe une h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; dans les niveaux et les comp&eacute;tences des apprenants ; - Dans les six classes film&eacute;es, l&rsquo;activit&eacute; de l&rsquo;apprenant se r&eacute;duit &agrave; des activit&eacute;s r&eacute;actives, souvent limit&eacute;es et dirig&eacute;es par les indications donn&eacute;es par les enseignants. Dans la plupart des cas, leurs productions sont soit des r&eacute;p&eacute;titions, soit des r&eacute;ponses br&egrave;ves, simples et limit&eacute;es &agrave; un &laquo;oui&raquo; ou un &laquo;non&raquo;, surtout lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de questions ferm&eacute;es, ou bien &agrave; des groupes de mots isol&eacute;s. La plupart des r&eacute;ponses des apprenants, quelles soient bien &eacute;labor&eacute;es ou non, sont soumises &agrave; la correction des enseignants. Durant leur prise de parole en classe, les &eacute;l&egrave;ves s&rsquo;adressent principalement &agrave; l&rsquo;enseignant ; - Le nombre &eacute;lev&eacute; des apprenants en classe a r&eacute;duit la possibilit&eacute; de donner la parole &agrave; chacun d&rsquo;entre eux en cours et a limit&eacute; leurs participations individuelles qui sont remplac&eacute;es par des participations plut&ocirc;t collectives. Quant &agrave; l&rsquo;utilisation des autres langues en classe, l&rsquo;analyse des interactions nous montre que les &eacute;l&egrave;ves parlent souvent leur langue maternelle pendant le cours de fran&ccedil;ais avec les camarades, mais tr&egrave;s rarement avec les enseignants qui n&rsquo;acceptent pas la pr&eacute;sence d&rsquo;autres langues pendant le cours de fran&ccedil;ais. Nous notons que l&rsquo;utilisation des langues maternelles a souvent &eacute;t&eacute; interdite ou consid&eacute;r&eacute;e comme un obstacle dans l&rsquo;apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res, notamment par certains courants de la didactique des langues (Besse H., 1985). Auparavant en Alg&eacute;rie, l&rsquo;usage de la langue maternelle en classe de langue &eacute;trang&egrave;re &eacute;tait interdit, surtout avec les m&eacute;thodes structuro-globales dont s&rsquo;inspirait l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais dans notre pays. Aujourd&rsquo;hui, les nouveaux textes officiels en Alg&eacute;rie insistent sur l&rsquo;importance de faire recours aux langues ant&eacute;rieures des apprenants (l&rsquo;approche contrastive en classe de langue). En effet, l&rsquo;approche contrastive est tr&egrave;s sollicit&eacute;e dans les m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement propos&eacute;es par les concepteurs des manuels et des programmes du FLE en Alg&eacute;rie : &laquo;en cette phase d&rsquo;initiation, l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re se fera par le contact des langues en pr&eacute;sence dans l&rsquo;environnement de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve&raquo; (MEN). Cela veut dire que l&rsquo;apprentissage de cette langue prend appui sur les langues que les &eacute;l&egrave;ves connaissent d&eacute;j&agrave; : arabe dialectal, arabe classique et tamazight (Berb&egrave;re) ; la traduction, la comparaison et l&rsquo;usage de ces langues sont autoris&eacute;s en cours de fran&ccedil;ais (apr&egrave;s une longue interdiction). Cette place donn&eacute;e &agrave; (aux) la langue(s) maternelle(s) des apprenants et &agrave; leurs acquis ant&eacute;rieurs, constitue un pas important dans l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res en Alg&eacute;rie. Toutefois, les enseignants ne doivent pas transformer exclusivement la s&eacute;ance de langue fran&ccedil;aise en cours de langue maternelle. Les r&eacute;sultats de notre enqu&ecirc;te de terrain nous m&egrave;nent &agrave; postuler qu&rsquo;en g&eacute;n&eacute;ral, la comp&eacute;tence communicative des apprenants film&eacute;s reste insuffisante puisqu&rsquo;ils manquent, visiblement, d&rsquo;autonomie langagi&egrave;re. Ces derniers n&rsquo;ont pas encore d&eacute;velopp&eacute; la capacit&eacute; de s&rsquo;exprimer avec aisance et spontan&eacute;it&eacute; en langue fran&ccedil;aise. Leurs &eacute;nonc&eacute;s restent courts, simples, souvent r&eacute;p&eacute;t&eacute;s et pleins de phrases toutes faites (manque d&rsquo;authenticit&eacute; dans les dialogues dans les jeux de r&ocirc;les r&eacute;alis&eacute;s par les &eacute;l&egrave;ves du secondaire, etc.). Selon Germain C. et Netten J., l&rsquo;apprenant n&rsquo;ayant pas d&eacute;velopp&eacute; son autonomie langagi&egrave;re : &laquo;ne recourrait qu&rsquo;&agrave; des phrases toutes faites, des formules st&eacute;r&eacute;otyp&eacute;es ainsi que quelques phrases r&eacute;p&eacute;t&eacute;es.&raquo; (2004 :57) Cette r&eacute;alit&eacute; nous montre que les &eacute;l&egrave;ves alg&eacute;riens, qui sont cens&eacute;s maitriser la langue fran&ccedil;aise, restent loin d&rsquo;&ecirc;tre des utilisateurs autonomes de cette langue. Ainsi l&rsquo;objectif qui stipule qu&rsquo; &agrave; la fin du cycle secondaire, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve sera un utilisateur autonome du fran&ccedil;ais, instrument qu&rsquo;il pourra mettre au service des comp&eacute;tences requises par la formation sup&eacute;rieure professionnelle, les entreprises utilisatrices et les contraintes de la communication sociale. (MEN, 2004) n&rsquo;est pas atteint puisque les &eacute;l&egrave;ves du secondaire n&rsquo;ont pas les capacit&eacute;s discursives attendues. M&ecirc;me une fois arriv&eacute;s &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, les &eacute;l&egrave;ves &eacute;prouvent d&rsquo;&eacute;normes difficult&eacute;s &agrave; l&rsquo;oral. Nous sommes arriv&eacute;e &agrave; d&eacute;montrer, au cours de cette analyse, que les enseignants portent toute leur attention sur l&rsquo;explication des outils linguistiques de la langue fran&ccedil;aise. Or, pour nous, il ne s&rsquo;agit pas seulement d&rsquo;indiquer aux apprenants le fonctionnement linguistique de la langue fran&ccedil;aise, mais aussi de les amener &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir sur la langue cible et de donner un sens aux erreurs potentielles par rapport aux langues d&eacute;j&agrave; apprises. Les r&eacute;sultats obtenus au terme de ce travail de recherche ont abouti, apr&egrave;s un &eacute;tat des lieux exhaustif suivi d&rsquo;une analyse approfondie, &agrave; expliquer et comprendre les particularit&eacute;s les comp&eacute;tences orales des apprenants alg&eacute;riens, ces derni&egrave;res restent limit&eacute;es et confront&eacute;es &agrave; diverses difficult&eacute;s grammaticales, lexicales et phonologiques. Apr&egrave;s plusieurs ann&eacute;es d&rsquo;enseignement/apprentissage de la langue fran&ccedil;aise, les &eacute;l&egrave;ves de quatri&egrave;me ann&eacute;e moyenne et ceux de la troisi&egrave;me ann&eacute;e secondaire ont encore de fortes d&eacute;ficiences et lacunes concernant l&rsquo;utilisation des comp&eacute;tences linguistiques dans les situations de communication lors des interactions orales en classe malgr&eacute; les efforts fournis pour r&eacute;soudre ces probl&egrave;mes. Nous avons constat&eacute; &eacute;galement que la spontan&eacute;it&eacute; de l&rsquo;oral est compl&egrave;tement &eacute;cart&eacute;e des classes que nous avons observ&eacute;es. Les interactions verbales verticales (enseignant/apprenant) se sont d&eacute;roul&eacute;es, surtout, sous forme de questions/r&eacute;ponses, tandis que les interactions horizontales (apprenants/enseignant) sont, presque, totalement absentes. Les activit&eacute;s mises en &oelig;uvre ont pris la forme de discours &eacute;crit oralis&eacute;, ou bien de simples jeux de r&ocirc;le pr&eacute;alablement pr&eacute;par&eacute;s. Le manque de pratique de l&rsquo;interaction en classe de langue, m&ecirc;me pour les &eacute;l&egrave;ves du coll&egrave;ge et du lyc&eacute;e, rend quasiment impossible son transfert dans des situations de communication r&eacute;elle. A travers notre exp&eacute;rience, nous avons observ&eacute; que les apprenants alg&eacute;riens &eacute;prouvent de grandes difficult&eacute;s &agrave; l&rsquo;oral, en production comme en compr&eacute;hension. Les probl&egrave;mes rencontr&eacute;s mettent en cause, d&rsquo;un cot&eacute;, les contenus des programmes de fran&ccedil;ais destin&eacute;s aux diff&eacute;rents niveaux, et d&rsquo;un autre cot&eacute; le r&ocirc;le des enseignants qui sont cens&eacute;s aider les apprenants &agrave; am&eacute;liorer leur niveau en langue fran&ccedil;aise et surtout &agrave; s&rsquo;exprimer ais&eacute;ment et correctement aussi bien &agrave; l&rsquo;oral qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Bibliographi Besse, H. (1992), M&eacute;thodes et pratiques des manuels de langues, Cr&eacute;dif-Didier, Paris Bouchard R. (1995) &laquo; De l&#39;enseignement de la langue orale &agrave; l&#39;entra&icirc;nement aux pratiques dialogiques &raquo;, in. V. 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