<p>Article</p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Introduction</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La publication dès les années 70 de l’ouvrage collectif, <i>Le français hors de France</i> indique clairement une prise de conscience des linguistes d’une particularisation du français en dehors de l’hexagone. Au sujet de l’Afrique, il y est souligné que les usages locaux du français et la nécessité de parvenir à une norme exogène sont de plus en plus éloignée de la réalité pour constituer finalement une impasse sociale. Au fil des années, ce constat est apparu beaucoup plus vrai pour la Côte d’Ivoire qu’à ailleurs sur le même continent. En effet, en absence d’une langue nationale dominante<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[1]</span></span></span></span></a>, le français est apparu comme la seule alternative pour départager dans l’équité les Ivoiriens dans un contexte de brassage ethnique, d’illettrisme et d’urbanisation intenses. Poussé par ce dynamisme, le français tel que employé en Côte d’Ivoire a entrepris de s’autonomiser. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">De nombreuses études menées sur ce français ont permis de faire une observation digne d’intérêt concernant l’acheminement progressif dans la mise en place d’une façon particulière de parler et d’écrire la langue française en Côte d’Ivoire. Les spécificités langagières ivoiriennes ne manquent pas de déconcerter régulièrement les francophones non locaux.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">On note en effet des adaptations structurales majeures dans l’emploi du français tel que pratiqué en Côte d’Ivoire. Parmi les éléments constitutifs de ce qui particularise le français propre aux Ivoirien, la construction verbale occupe une place privilégiée. Le verbe, le noyau de ce syntagme est considéré à juste titre par Bechade comme l’ « <i>l’âme du discours</i> ». Il n’est donc pas surprenant que la construction verbale demeure le lieu privilégié de nombreuses controverses entre syntacticiens qui envisagent des approches métalinguistiques distinctes pour l’étudier.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Pour examiner la construction verbale de l’énoncé, il est intéressant de partir du schème structural de la phrase, en français central comme modèle. Cela consiste à distinguer l’ordre linéal (proximité des constituants dans la chaîne) de l’ordre constitutionnel en faisant apparaître les liaisons de ses constituants. Nous envisageons dès lors que le modèle normatif qui sous-tend tout jugement de grammaticalité portant sur un écrit en milieu académique s’appuie sur ce modèle. Les énoncés construits sur le même pattern sont structuralement conforme à la norme centrale du français. Par contre, prendre en compte toute autre archétype serait une manière de considérer la faute comme conforme à la norme, la légitimer. Mais alors quels sont les traits caractéristiques des tendances de légitimation des infractions grammaticales dans les constructions verbales en français académique ivoirien ? Pour tenter d’apporter une réponse à cette interrogation centrale, nous l’avons décomposé en de sous-questions pour mieux l’expliciter.</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">- </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Quelles productions écrites en Côte d’Ivoire faut-il classer parmi les travaux qui relèvent du français académiques ?</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">- </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">A partir du jugement de grammaticalité de quelles catégories de locuteurs ivoiriens faut-il percevoir une légitimation de la faute ?</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">- </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Quelles interprétations peut-on apporter aux constructions verbales particulières en français de Côte d’Ivoire ?</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Cette enquête est encadrée par l’hypothèse qu’il n’existe plus de démarcation imperméable entre le français pratiqué en milieu académique ivoirien et le français populaire ivoirien. Nous postulons en outre que les locuteurs susceptibles de favoriser la légitimation des infractions sont d’une part les personnes publiques<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[2]</span></span></span></span></a> et d’autre part les enseignants de français pour la raison évidente qu’ils sont censés purifier la langue par leurs évaluations normatives de productions d’autres locuteurs pour qui ceux-ci sont des modèles de savoir utiliser la langue.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Au delà de ces postulats émis pour en apprécier des réponses, cet article a pour buts essentiels de d’abord retracer les contours de traits symptomatiques de l’autonomisation du français en Côte d’Ivoire. Il vise en outre la possibilité de déduire une signification de la particularisation de ce type de construction. Mais son ultime visée demeure de situer l’ampleur de cette légalisation de la violation grammaticale liée à la construction verbale à l’échelle des locuteurs du français standard en Côte d’Ivoire.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Notre recherche est une étude dont l’approche théorique nous parait évidente. En effet, comme pour toute étude qui porte sur des distorsions langagières, nous opterons pour une analyse de l’erreur dans la perspective de Corder. Cet auteur estime entre autre que dans une telle étude, il faut dans un premier temps, faire le relevé des erreurs dans les productions du public cible. Il nomme le corpus acquis « données textuelles ». Il faut procéder ensuite à leur description<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[3]</span></span></span></span></a> au moyen d’un cadre grammatical de référence. Cette méthode d’analyse parait suffisamment explicite pour nous permettre de vérifier nos hypothèses de départ. Toutefois, pour mettre en évidence l’aspect comparatiste entre les deux normes en présence<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[4]</span></span></span></span></a>, nous avons convoqué la méthode contrastive selon la vision de Lado. Les travaux de cet auteur fournissent un modèle d’une étude méthodique d’un couple de langues dans le but est de mettre en relief leurs différenciations structurelles et leurs ressemblances.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">De manière pratique, nous allons présenter nos données textuelles, d écrire et expliquer le mécanisme de légitimation de celles-ci avant de donner un point de vue didactique.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> </span></span></span></p>
<p style="text-indent:-39.35pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">I. </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La constitution des données textuelles</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">L’expression données textuelles est pris au sens de Corder pour désigner le corpus large duquel est extrait le corpus restreint destiné à illustrer notre analyse grammatical. En principe, il se réfère à deux langues différentes. Même si nous avons, pour cette étude, la seule langue française, nous estimons que les différences normatives permettent de les traiter comme deux langues distinctes. </span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">1. </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La norme grammaticale de référence </span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Pour porter un jugement impartial de grammaticalité sur les données recueillies dans le cadre de cette enquête, il est impérieux avant tout d’indiquer la norme référentielle d’appréciation. Il faut à ce sujet remarquer que la question même de l’existence d’une norme exogène/endogène est indissociable de toute celles en relation avec les habiletés dans le maniement de l’instrument linguistique. Nous n’avons d’ailleurs pas le choix puisque toutes les analyses à mener selon nos postulats tenteront de traiter le français agréé au sein de l’espace linguistique ivoirien sans doute comme un parler local, un parler qui constituerait une variante à l’intérieur du français de la norme centrale. Effectivement, toutes les recherches relatives aux spécificités du français de Côte d’Ivoire ont indiquées qu’il se singularise par des caractéristiques phonétiques ou phonologies ainsi que des particularités lexicales et morphosyntaxiques qui sont autant d’écarts par rapport à ce que la communauté linguistique observe comme l’usage normal ou le français standard. En fin de compte, qu’est-ce que la norme, et qu’est-ce ce qui caractérise la norme de référence ?</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Robert Vézina (2009) fournit sur ces questions des réponses très intéressantes. D’entrée de jeu, l’auteur préfère distinguer la norme en tant que <i>l’usage</i> simplement de la norme en tant que <i>le bon usage</i>. Il conclut alors que parler de la norme, c’est fait référence au <i>bon usage</i> qui selon lui parait faire l’unanimité au sein de la communauté linguistique lorsqu’il est question de prescription.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">La norme en tant que bon usage peut également se nommer la <i>surnorme</i>. Elle constitue une référence linguistique valorisée sur laquelle les autres usages plutôt régionaux tendent à se codifier. Elle tire sa légitimité linguistique du statut prestigieux de ses locuteurs qui portent eux une charge symbolique incontestable à l’échelle de la communauté. Si le français moderne tire historiquement sa force du pouvoir politique de la cour royale dont il était la variété, le français standard contemporain garde son dynamisme grâce aux intellectuels.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Les critères qui servent de base plus ou moins nettement l’élaboration de cette norme grammaticale de référence du français sont constitués des lois prescriptives dans la tradition grammaticale de la langue. La norme de référence est identique pour l’ensemble de la communauté linguistique francophone. Elle s’est construite sur plusieurs centaines d’années de fixation de code du bon usage nourri surtout par les Arts. Pour Corbeil (1983), la norme de référence est dépourvue d’appartenance à une nation même si elle prend sa source dans le français tel pratiqué en France. Il est indéniable que le français hexagonal demeure la principale référence en ce qui concerne la pratique du français.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Nous ne pouvons pas exposer les traits spécifiques de la norme grammaticale de référence que nous prenons en compte dans notre analyse. Par contre, la grammaire normative ou prescriptive tient lieu de base de <span class="sdfn1" style="color:#333399"><span style="font-style:normal">ce qui servira ou doit servir d'objet d'imitation pour</span></span> le jugement de grammaticalité des énoncés. </span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">2. </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%">Les agents de légitimation de la faute</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">La question centrale de recherche qui pilote cette étude fait référence à un certain nombre de sujets-locuteurs susceptibles de légitimer les infractions grammaticales. Il s’agit dans un premier temps des enseignants, particulièrement ceux de la langue française et dans un second temps des personnalités publiques.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">La population enseignante a été choisie dans cette étude pour une raison évidente. La profession enseignante correspond à des tâches variées. Elle consiste pour une large part à enseigner c'est-à-dire à dispenser le savoir. Mais cela n’est que la partie visible de l’iceberg. L’autre aspect de ce métier pour lequel il nous intéresse particulièrement dans cette partie du travail est l’acte de l’évaluation académique. Qu’elle soit sous la forme de correction de copies ou de remarques correctives en réaction à une intervention d’un apprenant, l’enseignant est constamment en train de <span class="sdfn1" style="color:#333399"><span style="font-style:normal">relever les fautes de ses élèves en vue de donner une appréciation et une note</span></span>. L’enseignant corrige, autrement dit, il <span class="sdfn1" style="color:#333399"><span style="font-style:normal">supprime les erreurs pour rendre meilleur (un texte, un discours) en rectifiant ainsi les fautes.</span></span> C’est un travail laborieux qui implique en plus une concentration soutenue. L’enseignant de français doit souligner les fautes orthographiques, syntaxiques, d’expression etc.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Il commente en principe dans la marge ce qui a été souligné. L’objectif global de cet acte primordial étant de renseigner les élèves sur leurs propres niveaux d’acquisition mais également d’assumer une fonction de discrimination<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[5]</span></span></span></span></a>, l’enseignant est tenu de passer beaucoup de temps à lire une copie.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">De ce qui précède, nous pouvons dire que laisser passer une infraction grammaticale<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[6]</span></span></span></span></a>, c'est-à-dire ne pas la signaler dans l’acte c’est en quelque sorte l’autoriser par à passer dans la langue normée. Le jugement de grammaticalité en situation de correction est le plus souvent basé sur le reflexe langagier de l’évaluateur. Dans la pratique en effet, aucun enseignant-correcteur ne se munit d’un ouvrage de grammaire. Il juge en fonction de ce qu’il sait c'est-à-dire la grammaire intériorisée par expérience de la pratique.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Evidemment, pour éviter de raturer une copie au risque de la rendre complètement indéchiffrable, certaines fautes ne sont pas soulignées. Dans la constitution de nos données textuelles, il fallait prendre en compte cette dimension. Pour ce faire, il nous est arrivé de relever des dysfonctionnements grammaticaux non soulignés pour les soumettre à nouveaux aux enseignants enquêtés pour y porter un jugement de grammaticalité. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Le système scolaire ivoirien compte des enseignants d’origines et de profils divers. Nous avons décidé de nous focaliser sur ceux du secondaire. Il faut d’abord relever que le système éducatif de ce pays a pour modèle celui de la France. L’enseignement secondaire se subdivise en deux cycles. Le premier compte quatre classes et se solde par le brevet d’études du premier cycle (BEPC). Le second en compte trois et est quant à lui sanctionné par le baccalauréat. Les enseignants du premier cycle sont ceux de la catégorie des professeurs de collège alors que ceux du second cycle sont des professeurs de lycée. Il faut malgré tout remarquer que les professeurs de lycée interviennent également au premier cycle.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Pour être professeur de collège, le profil d’entrée par la voie du concours CAP/PC est d’avoir au minimum le diplôme d’études universitaires générales (DEUG). Ce diplôme qui n’a plus cours dans le système universitaire désormais LMD était délivré après la validation des unités de formation des deux premières années d’études universitaires. Après son abandon, de plus en plus de candidats au concours qui prépare au certificat d’aptitude pédagogique des professeurs de collège sont détenteurs de la licence dans la discipline concernée. Même si le DEUG est le diplôme exigé pour être professeur de collège, l’ensemble des enseignants du premier cycle que nous avons pris en compte dans le cadre de cette étude sont titulaires d’au moins une licence ès Lettres Modernes. Nous estimons que le jugement de grammaticalité d’enseignants de Lettres Modernes d’un tel niveau est suffisamment affiné pour rendre compte du français admis comme norme centrale.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Les professeurs de lycée étaient admis précédemment sur la base d’une licence dans la discipline concernée. Ainsi pour être professeur de français du second cycle, il fallait détenir trois années validées d’études universitaires. Depuis quelques années par contre, la barre a été placée un peu plus haut. Désormais seules les personnes possédant une maitrise de l’ancien système universitaire ou un Master du système LMD. De la sorte, on peut conclure que l’enseignant de lycée peut détenir près de cinq années d’études de Lettres Modernes ; ce qui est une expérience considérable avec la norme de la langue.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Il est tout aussi vrai que le système de l’enseignement secondaire se caractérise par une prépondérance sans équivoque du secteur privé. Le secteur public couvre moins de 30% des besoins du secondaire. Mais bien que recevant des affectés de l’Etat, ces établissements privés recrutent leurs enseignants sans nécessairement tenir compte de la norme de recrutement. Il est fréquent de rencontrer des enseignants de français qui n’ont aucun diplôme universitaire en Lettres Modernes. Nous avons par conséquent décidé d’exclure le privé de cette enquête. Nous avons choisi des établissements et des enseignants du secteur public qui suivent.</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">3. </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Protocole d’enquête </span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Nos données textuelles ont deux sources compte tenu de nos hypothèses de départ. Nous avons estimé en effet que les instances susceptibles de blanchir les infractions grammaticales sont des personnalités c'est-à-dire des p</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">ersonnes en vue, remarquables par leurs situations sociales ou de notabilité par leurs activités. Ces personnes se rencontrent à la télévision à travers des allocutions. Nous savons que le plus souvent ces discours ne sont pas improvisés. Nous avons exclu de nos données des propos qui nous ont semblé avoir été composé sur-le-champ et sans préparation. Les circonstances dans lesquelles ces prises de paroles ont été effectuées indiquent qu’un travail de révision préalable a été fait par l’équipe. Nous avons estimé qu’une intervention le plus souvent à la télévision publique dont l’amélioration structurelle et formelle a été opérée par des corrections et qui contient malgré tout des irrégularités grammaticales est une légitimation de ces anomalies. Notre source principale de collecte de données demeure cependant les copies évaluées en classe.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">L’évaluation en milieu académique renferme trois fonctions essentielles dont l’une oblige l’enseignant à se montrer particulièrement attentif lors de ses corrections. Effectivement la fonction sociale de l’évaluation permet de donner à cette activité une orientation discriminatoire<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[7]</span></span></span></span></a>. Le classement des individus dans une hiérarchisation sociale s’opère par l’intermédiaire des évaluations académiques. Ainsi, par des résultats obtenus à la suite des évaluations, certains apprenants </span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">sont sélectionnés pour entrer à l’école d’administration, à l’école normale, à l’université alors que d’autres insuffisamment qualifiés selon les mêmes critères doivent se contenter d’un poste de manœuvre dans une usine ou simplement retourner à la terre. L’enseignant ne doit donc pas prendre à la légère son rôle dont l’objectif se trouve dans le succès des apprenants aux évaluations finales<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[8]</span></span></span></span></a> qui leur </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">garantissent une aptitude professionnelle.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Il est sans doute vrai que dans la pratique le système scolaire cherche à mettre au devant de la scène la dimension pédagogique des évaluations. Deux raisons expliquent la priorité accordée à cette fonction. Il faut d’abord comprendre que l’évaluation est hautement pédagogique en ce qu’elle a pour essence même l’appréciation des retombées en termes de bénéfices que les apprenants ont acquis au terme des enseignements reçus : dans quelle mesure en ont-ils atteint les objectifs ? Quels progrès ont-ils accomplis ? Quelles difficultés ont-ils rencontrées ? Dans un second temps, il faut percevoir l’évaluation académique comme étant celle de l’enseignant lui-même : de leurs objectifs et de leurs méthodes.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Dans tous les cas, évaluer c’est finalement mesurer au sens de Guildford (1967) c'est-à-dire : <i>« associer un nombre à un objet ou à un événement selon une règle logiquement acceptable</i> ». Dans un sens plus général, c’est attribuer une valeur à une valeur à une production écrite ou orale. Cette valeur est obtenue par l’application de certains critères qui doivent possédés au moins trois propriétés essentielles : </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Arial","sans-serif"">- </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Un critère valide : l'aptitude à donner la valeur exacte de la grandeur mesurée. Pour ce faire, on estime à tort ou à raison que la multiplicité des corrections fait avancer dans la direction de la note exacte de la copie.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Arial","sans-serif"">- </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Un critère fidèle : l’aptitude à fournir de manière constante la même valeur pour la même grandeur mesurée avec le même instrument. Dans le système d’attribution des notes, il est admis qu’un critère d’évaluation est sûr si, appliqué au même travail d’élève, il permet d’attribuer au travail en question, six mois plus tard, la même note ou la même appréciation.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Arial","sans-serif"">- </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Un critère sensible : l’aptitude à pouvoir discriminer deux grandeurs qui ne diffèrent entre elles que très légèrement. Elle exprime donc la précision du critère.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Pour l’évaluation de la grammaticalité d’un énoncé soumis à sa correction, l’enseignant lui-même apparait comme l’instrument de l’évaluation. La validité, la fidélité et la sensibilité de cet instrument de mesure dépendent de sa propre personne, ses propres connaissances. Il tient rarement compte d’autres échelles de valeur que sa propre intuition linguistique. Dire que l’enseignant évalue la grammaticalité des énoncés à partir de son reflexe langagier ivoirien, c’est en quelque sorte reconnaitre que celui-ci s’appuie sur une certaine forme de connaissance immédiate en lui-même sans recourir au raisonnement.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Le processus de légitimation de la faute prend sa source du reflexe langagier ivoirien dans les évaluations académiques. Le correcteur est face à une réaction immédiate et mécanique à une impression donnée, et précédant toute réflexion. Il ne recourt généralement pas à ses études systématiques des éléments constitutifs de la langue. Il estime qu’à ce niveau de connaissance de la langue française, il possède un reflexe suffisamment affiné pour apprécier intuitivement les éléments constitutifs d'une phrase bien construite, c'est-à-dire une phrase dont la syntaxe est correcte.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Nos données textuelles sont majoritairement issues de copies d’évaluation académique des deux cycles de l’enseignement secondaire. Elles ont été enrichies à partir de cinquante rapports de stage de professeurs CAP/PC Lettres Modernes, de vingt mémoires de Master professionnel des professeurs CAP/PL Lettres Modernes. Nous avons en outre recueilli des énoncés produits par des locuteurs présentés précédemment comme des personnalités à partir d’enregistrement radio/télévision. Après avoir remarqué une irrégularité, nous la notions pour la soumettre à nouveau à l’appréciation d’un enseignant. C’est seulement lorsque celui-ci omet à nouveau de l’identifier comme une irrégularité que nous la considérions comme telle et l’estimions légitimée.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-indent:-39.35pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">II. </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Analyse descriptive des données textuelles</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Nous rappelons que dans cette description, nous avons opté pour l’analyse de l’erreur et de l’analyse contrastive. L’objet à décrire ici est lié à la syntaxe. Dans notre perspective, la syntaxe ne se satisfait pas de décrire les combinaisons erronées examinées, mais elle entend expliquer la façon d’assembler les constituants de la phrase pour engendrer des énoncés conformes. Il est indéniable pour exposer des faits de langue, on a nécessairement recours à la langue. On décrit la langue à l’aide de la langue d’où la métalangue grammaticale. Notre description reconnait particulièrement toute l’importance de la terminologie grammaticale. Pour ce faire, et conformément à l’analyse contrastive dans la perspective de Lado, nous parlerons de la norme centrale que nous opposerons à la norme ivoirienne même si celle-ci n’est pas si figée mais est en construction.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Le verbe est le noyau de toute construction verbale. Il est l’un des deux constituants obligatoires de la phrase. Il est décrit en grammaire scolaire le plus souvent comme le mot par excellence, celui qui donne du sens à la phrase. Les entrées habituelles de la grammaire traditionnelle pour décrire le verbe sont les notions de groupes morphologiques, les et les modes. Faisant un travail syntaxique, notre analyse des constructions verbales françaises adopte une toute autre grille d’observation. Il s’agit de quatre archétypes qui particularisent le français tel que employé et dont la pratique en milieu académique tend à légitimer. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Il faut avant tout remarquer que la construction verbale est le lieu privilégié de nombreux débats entre grammairiens ayant des points de vue métalinguistiques différents pour l’aborder. Ce qui est peint ici comme une caractéristique de la pratique du français en Côte d’Ivoire est susceptible de se retrouver dans un corpus attesté d’une origine francophone non ivoirienne. Mais toujours est-il qu’il s’agirait d’une irrégularité par rapport au français central. En général, la particularisation de la construction verbale s’appuie sur une forme existante qu’elle généralise. Il faut dès lors accepter que globalement, la construction verbale ivoirienne n’est pas si différente de la pratique recommandée par la norme standard. Les irrégularités décrites ici sont rarement source de confusion chez les locuteurs de la langue française non initiés.</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">1) </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Changement dans l’attribution de régime verbale : généralités</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Par régime du verbe, il faut entendre son statut dans le domaine de la complémentation. En effet, tout constituant de la phrase est susceptible d’être étoffé par l’adjonction d’un autre constituant selon des critères syntaxico-sémantique. Le verbe de même se construit en tenant compte de cette exigence. Le plus souvent, le verbe apparait dans le dictionnaire marqué d’une étiquette indiquant son modèle de construction. Le petit Larousse par exemple présente le verbe <i>réussir</i> ainsi un verbe intransitif en donnant un exemple tel que « <span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="color:black">film qui réussit</span></span></span></span><span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="color:black"><span style="font-style:normal"> ». Par contre, ce verbe peut apparaitre dans une structure comme « </span></span><span style="color:black">réussir une affaire</span></span></span></span><span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="color:black"><span style="font-style:normal"> » pour signifier « exécuter avec bonheur ». </span></span></span></span></span>Par ailleurs, Bechade pense que : « <i>parler de verbes transitifs ou intransitifs est une simple commodité terminologique traditionnelle</i> ». Pour lui, il faut plutôt utiliser l’expression<i> verbe à construction transitive</i> ou <i>intransitive</i> car il est difficile d’établir un classement rigoureusement fondé sur la nature des verbes. <span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="color:black"><span style="font-style:normal">Il n’est donc pas recommandé de classer les verbes en dehors de toute structure syntaxique. </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Le groupe verbal dont le noyau est le verbe peut se construire en étant complété de diverses façons. <span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="color:black"><span style="font-style:normal">L’une des irrégularités liées au régime de la construction verbale et qui est incontestablement légitimée en français académique ivoirien c’est à dire passée dans la norme endogène est le changement de régime.</span></span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">2) </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Emploi absolu de verbe à construction transitive : intransitivation au forceps </span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La science de filiation de mot relie le vocable <i>transitif</i> à son étymon latin, <b><i>transitivus</i></b> : <i>qui passe d’un endroit à un autre</i>, utilisé pour décrire un phénomène sémantique qui consiste en un passage de l’action accomplie par le sujet sur un complément d’objet. Subséquemment, il est employé en grammaire scolaire et descriptive pour désigner la classe de verbes qui se construisent avec un complément d’objet par l’intermédiaire d’une préposition. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Ainsi lorsqu’un verbe totalement à construction transitive se construit sans préposition, on peut parler d’intransitivation au forceps. Ce glissement d’une catégorie à l’autre est l’un des cas symptomatiques de la norme académique ivoirienne. Nous n’avons pas eu du mal à relever un certain nombre de verbes à construction transitives en français central qui connaissent un emploi absolu sans être sanctionné en Côte d’Ivoire. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Les deux constrictions révélatrices de cette catégorie sont : <b><i>préparer</i></b><i> </i>et<i> <b>fréquenter</b>.</i></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(1)-Depuis le divorce, c’est lui-même qui <b><i>prépare</i></b> pour leurs trois enfants.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(2)-Dans le contrat de départ, elle ne devait que <b><i>préparer</i></b> puis conduire leur fille à l’école</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(3)-Au temps de nos mères, même à 8 ans, une fillette savait déjà <b><i>préparer</i></b>.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">(4)-C’était un ami de longue date, nous avons <b><i>fréquenté</i></b> à Daloa puis à Yamoussoukro.</span></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">(5)-L’enfant avait bien grandi, il avait commencé à <b><i>fréquenter</i></b> en ce moment.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Ces intransitivations originales trouvent leur justification sans doute dans l’enrichissement lexical que connaissent ces verbes dans les emplois attestés en français académiques ivoiriens. Il faut d’abord noter que <b><i>préparer</i></b> signifie pour tout francophone <i>faire tout ce qu'il faut en vue d'une opération à réaliser, d'une œuvre à accomplir</i>. Il est alors synonyme de <i>organiser, prévoir, combiner, ébaucher, échafauder, élaborer, étudier, former, mûrir</i>.<span style="color:black"> Quant au verbe fréquenter il indique</span> <i>aller souvent, habituellement dans un lieu</i>. On peut ainsi se rendre compte qu’à travers ces constructions, ces verbes ne perdent pas leurs sens de départ mais ont été enrichis. Préparer garde son sens d’apprêter et y ajoute un repas. De même <i>fréquenter</i> reste aller habituellement et y adjoint à l’école. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">En dehors de ces deux constructions qui révèlent de manière incontestable l’intransitivation de verbes à construction transitive, nous avons noté quelques autres verbes qui suivent ce modèle erroné. Leurs emplois sont assez rares mais pratiquement aucun correcteur n’a signalé une erreur dans les exemples suivants tirés de nos données textuelles. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Regretter</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Ce verbe catalogué uniquement dans la classe des verbes à construction transitive selon la norme centrale se rencontre en français académique dans un emploi absolu. Normalement l’indication du point d’application c'est-à-dire ce qui est regretté est obligatoire en ce que regretter signifie </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">être fâché de ne plus avoir (mentionner systématiquement ce qu'on a eu), éprouver le désir douloureux de (un bien qu'on n'a plus, un bonheur passé). La construction irrégulière qui connait une légitimation quasi parfaite selon nos enquêtes est l’ellipse qui semble s’inscrire dans l’omission compréhensible dans une suite logique. En fait, l’énoncé reste tout à fait compréhensible malgré l’absence du complément d’objet.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(6)-Le fautif a affirmé qu’il ne <b><i>regrettait</i></b> pas du tout.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(7)-Les enseignants avaient commencé à <b><i>regretter</i></b>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(8)-Il faut au moins commencer d’abord par <b><i>regretter</i></b> avant d’espérer avoir la rémission des péchés.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">En construisant ce verbe sans le point d’application du procès, le locuteur ivoirien estime que le contexte est suffisamment explicite pour signifier ce sentiment. Par ailleurs, dans la plupart des langues africaines le verbe « <i>regretter</i> » traduit un état intérieur indépendant de sa cause. On peut aussi supposer que sa légitimation est liée à l’existence de l’expression qui en est une équivalence en français central à « <b><i>avoir des regrets</i> »</b>. Aussi, on dénombre une construction absolue du verbe « <i>regretter</i> » dans une formule de politesse pour révéler la peine qu’on éprouve face à un acte posé. Il se dit simplement « <b><i>je regrette</i> </b>». Cette construction est un groupe de mots figé ayant une fonction stylistique spécifique<span style="color:#333399">.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"> </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Pouvoir</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Ce verbe est au même titre que « <b><i>regretter</i></b> » classé dans la catégorie des verbes à construction transitive surtout dans l’emploi dont le sens est </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">être capable, être en mesure de faire (+ complément d’objet<span style="color:#333399">). </span>Lui par contre, il peut se retrouver dans un emploi absolu en français central. En effet, nous avons des constructions telles </span></span><span class="smrq1" style="font-family:Verdana, sans-serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant:normal !important"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span style="font-weight:normal">sans complément telles que</span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"> <span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">savoir, vouloir et pouvoir.</span></span></span> <span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">« C'est être malheureux que de vouloir et ne pouvoir » </span></span></span><span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal">(</span></span>Pascal<span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal">).</span></span> Il se note également la locution proverbiale <span class="smrq1" style="font-family:Verdana, sans-serif"><span style="font-weight:bold"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant:normal !important"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">« </span></span></span></span></span></span><span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait »</span></span></span><span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="font-style:normal"> qui omet le point d’application du pouvoir</span>.</span></span></span> </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span class="sxpl1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-style:normal">Comme on peut le constater, l’emploi absolu de ce verbe est délimité dans une circonférence très précise et ne saurait justifier la légitimation dans les constructions ivoiriennes dont voici des extraits tirés de nos données textuelles. </span></span></span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(9)-Etant donné son passé de syndicaliste, nous avons tous pensé qu’il <b><i>peut</i></b> beaucoup pour ce ministère.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(10)-« Il est jeune et brillant, mais est-ce qu’il <b><i>peut</i></b> ? », se demandait-on dans les chancelleries.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(11)- S’il a promis pendant la campagne, comme Obama, que « oui, je <b><i>peux »</i></b>, c’est qu’il <b><i>peut</i></b>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Dans ces constructions propres aux Ivoiriens, le verbe<i> pouvoir</i> prend le sens de <i>en être capable</i>, <i>en avoir la force</i>. Il s’agit donc ici d’un enrichissement lexical de ce verbe. Il faut noter par contre que dans ces deux constructions syntaxiques, il aurait fallu utiliser un complément d’objet ou le complément pronom neutre ou indéfini le.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Fêter</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">La complémentation par l’adjonction un syntagme nominal sans intermédiaire de proposition s’impose à la construction verbale qui a pour noyau le verbe « fêter ». Il précise la nature de ce qui est fêté. En effet, ce verbe signifie </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">marquer un une occasion par une fête. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Il a pour synonymes</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"> des verbes également à construction transitive <i>célébrer</i>, <i>commémorer</i> ou <i>solenniser</i>.</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black"> Le point d’application du procès est donc une occasion festive alors il faut dire « </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">Fêter Noël », « fêter la naissance ».</span></span></span></i> <span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">Par contre, en français académique ivoirien, le verbe <i>fêter</i> a le sens de faire la fête c'est-à-dire organiser des réjouissances. Il n’est logiquement dès lors nul besoin de préciser ce qui fait l’objet de la fête. Ce qui peut éventuellement être précisé c’est les circonstances de l’organisation de cette fête. Alors en lieu et place d’un complément d’objet obligatoire, on a un complément circonstanciel. </span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(12)-Toute la famille était l’arrière cour en train de <b><i>fêter</i></b> lorsque les malfaiteurs sont arrivés.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(13)-C’était la fin de l’année, on <b><i>fêtait</i></b> un peu partout dans le pays </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(14)-Son anniversaire a malheureusement coïncidé avec le décès de sa grand-mère, il n’était donc pas question de <b><i>fêter</i></b> dans ces circonstances.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Echanger</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Ce verbe signifie<i>, </i>céder moyennant contrepartie<span style="color:#333399">, </span>donner une chose et en obtenir une autre à la place. Dans la construction qui implique ce sens, les locuteurs ivoiriens du milieu académique ne tolèrent pas l’absence de complément indiquant l’objet troqué ou vendu. Mais ce verbe signifie également s’adresser réciproquement et c’est à ce niveau qu’il y’a une construction absolue légitimée dans la pratique du français en Côte d’Ivoire.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(15)-C’est pour toutes ces raisons que nous proposons un centre d’écoute ou ces jeunes peuvent <b><i>échanger</i></b>.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(16)-Pour parvenir à un accord, les délégués du personnel ont dû <b><i>échanger</i></b> pendant plusieurs heures.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(17)-L’ONG a ensuite demandé aux épouses de gendarmes <b><i>d’échanger</i></b> avec leurs filles.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Cette pratique langagière n’est pas vraiment une exclusivité ivoirienne. On rencontre effectivement <i>échanger</i> au sens de discuter et communiquer chez des locuteurs non ivoiriens. Mais à l’analyse, au mieux des cas, il signifie plus s’adresser réciproquement ; ce qui nécessiterait l’emploi d’un pronom réfléchi qui en ferait verbe pronominal. En absence de ce pronom, la présence d’un complément d’objet devient obligatoire pour lui donner un sens plein. Mais apparemment cela est jugé superflu. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Fumer </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">En français standard, ce verbe peut se construire de manière intransitive. Dans ce sens, il signifie dans un premier temps « dégager de la fumée ». Nous pouvons illustrer cet emploi absolu par un exemple tiré <span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="line-height:150%">chez </span></span></span><span style="line-height:150%">Baudelaire </span><span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="line-height:150%">: </span></span></span><span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">« près du feu qui palpite et qui fume »</span></span></span><span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="font-style:normal">. Dans un deuxième sens, le verbe fumer a le sens de e</span></span></span></span>xhaler de la vapeur. Il s’emploie ainsi surtout en parlant d'un liquide ou d'un corps humide plus chaud que l'air ambiant. Nous avons un cas de cet autre emploi absolu chez Collette : « <span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">Sur l'allée, où l'eau du ciel fume en épousant la terre chaude »</span></span></span><span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="font-style:normal">.</span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="font-style:normal">Toutefois lorsque le verbe « fumer » a le sens de </span></span></span></span>faire brûler (du tabac ou une autre substance de cette nature) en aspirant la fumée par la bouche, la norme centrale du français exige une complémentation directe qui précise le corps en combustion. Mais la pratique langagière dans le contexte a légitimé une construction absolue. Dans ce cas, le verbe fumer prend le sens de absorber<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[9]</span></span></span></span></a> de la cigarette. Il devient dès lors inutile de préciser ce qui est déjà contenu dans le sens.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(18)-A chaque étape du voyage, il lui fallait <b><i>fumer</i></b> un peu.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(19)-Désormais, ceux qui <b><i>fument</i></b> au volant auront une contravention…</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(20)-<b><i>Fumer</i></b> ne fera que vous détruire à petit feu.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">L’interprétation erronée qui enrichit sémantiquement ce verbe en supposant systématiquement qu’il s’agit de la cigarette est disculpée par l’existence du substantif fumeur qui désigne une personne qui a l'habitude de fumer du tabac. Par ailleurs, en français central, on dit bien « interdit de fumer » sans préciser la nature de la substance. Aussi, cette légitimation peut s’expliquer par l’hypothèse du modèle du verbe boire qui peut se construire intransitivement pour signifier prendre des boissons alcoolisées avec excès. Dans cet emploi il a pour synonymes s'enivrer, se soûler</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Rassurer </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Avec le sens de rendre la confiance, la tranquillité d'esprit à quelqu’un et pour synonyme sécuriser ou tranquilliser, le verbe rassurer se construit en français central de manière transitive. Le point d’application du procès est un constituant relié directement au verbe pour indiquer celui qui en fait l’objet. On dit par exemple : rassurer son fils inquiet. Il n’est absolument pas question que dans cet emploi l’on puisse omettre le complément d’objet direct. La seule construction absolue accepté par la norme centrale c’est lorsqu’il se présente sur la forme pronominale. Dans ce cas, l’absence d’un point d’application du procès est logique puisqu’il signifie alors se libérer de ses craintes, cesser d'avoir peur comme dans l’exemple « <i>J'essayais de me rassurer ».</i> Pourtant en français académique ivoirien, il se note un emploi absolu sur sa forme non pronominale qui est par ailleurs blanchi. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(21)-Toutes ces paroles <b><i>rassurent</i></b> même si les politiciens ne tiennent généralement pas parole.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(22)-Par contre, les raisons évoquées pour le justifier <b><i>rassurent</i></b>. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(23)-As-tu encore réellement besoin de parler, ton attitude déjà <b><i>rassure</i></b> ?</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Il est clair que pour le locuteur ivoirien du français, ce verbe signifie mettre les protagonistes en confiance. Ce sentiment qui pousse à se fier semble suffisamment explicite pour se passer d’un constituant qui en précise le destinataire. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Maudire </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Dans une phrase telle que <span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="color:black">« Je maudis ce sacré métier de romancier » </span></span></span></span><span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="color:black">(</span></span></span><u><span style="color:black">Goncourt</span></u><span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="color:black">), on note que le verbe maudire est de construction transitive. Cela ne peut en être autrement dans la mesure où il </span>signifie </span></span>vouer au malheur une personne (la précision est de taille et on le comprend bien). C’est donc une personne qui appelle sur (une autre personne) la malédiction ou la colère divine. L’anathème prononcé a besoin par ce verbe d’un destinataire sans quoi il perd normalement son sens. En revanche, le contexte d’utilisation de ce verbe dans le contexte ivoirien justifie sans doute la légitimation de son emploi absolu. Dans la société ivoirienne, on ne voue à l'exécration qu’une personne qui refuse de se dénoncer ; c'est-à-dire une inconnue. En cas de vol sans flagrant délit, il est coutume de promettre à un état pénible l’auteur inconnu. Maudire dans l’emploi permis par la norme endogène connait un léger renforcement sémantique.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(24)-Personne ne voulait avouer les faits alors le chef du terre a dû <b><i>maudire</i></b>. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(25) C’est vraiment disproportionné de <b><i>maudire</i></b> pour un simple morceau de pagne.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(26) Après tant conséquences, ils ont jugé bon qu’on ne <b><i>maudit</i></b> plus dans tout le canton.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Comme on le constate dans tous ces emplois absolus, le verbe maudire a le sens habituel de vouer à la damnation mais il s’adresse à un individu fictif c'est-à-dire non identifié. Dans la croyance de ceux qui l’utilisent le destinataire est entre les mains des dieux qui savent toute chose. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Racketter </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">C’est un verbe qui se construit absolument de manière transitive directe. Le complément d’objet indique la personne qui est soumise à l’extorsion d'argent par chantage, intimidation ou terreur. La construction absolue de ce verbe est une confusion entre le nom racket et le verbe racketter. En fait, le nom comporte est explicite et demande rarement une expansion puisqu’il signale le fait d’être rançonné. Dans l’emploi en contexte ivoirien le verbe racketter s’étend au sens de faire payer à quelqu’un par la force ou exiger de quelqu’un une contribution qui n'est point due. Il s’utilise très majoritairement pour dénoncer la pratique de racket par les agents indélicats de force de l’ordre. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(27)-Il est désormais certain que les policiers ne peuvent pas arrêter de <b><i>racketter</i></b>, c’est congénital.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(28)-Il parait que savoir <b><i>racketter</i></b> s’apprend à l’école de Police. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">La nécessaire d’une construction transitive se trouve dans la volonté d’explicitation selon le mécanisme de la complémentation. C’est donc avant tout une question liée au sens du verbe noyau du syntagme verbal en question. Il est certain qu’il faut prendre en compte une dimension syntaxique. Mais ce qui légitime la construction absolue dans la majorité des changements de régime que nous avons notés c’est le sens du verbe qui est suffisamment clair et précis dans l'énoncé; qui ne peut laisser de doute au point de nécessiter une complémentation. </span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">3) </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Le chemin inverse : de l’intransitivité à la transitivité</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Si l’explicitation de certains verbes s’impose à travers le mécanisme grammatical de la complémentation pour leur donner un sens plein qui manifeste le point d’application du procès, pour d’autre, cela est superflue voire inutile. Ces verbes n’admettent pas d’objet. On parle alors de verbe à construction intransitive. Ces verbes sont dans des constructions qui leur permettent de s'exprimer avec clarté et sans équivoque. Comme l’action ne s’attache et n’intéresse que le sujet, on le nomme d'ailleurs verbe subjectif. Avec ce type de constructions verbales, l’action est limitée au sujet et se suffit à elle-même. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">De même qu’il se remarque dans la pratique langagière en Côte d’Ivoire, il se note un changement de régime de constructions normalement<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[10]</span></span></span></span></a> transitives en emplois absolues, on relève des constructions maladroitement étoffer. En revanche, il faut remarquer qu’en termes de proportion de ce qui est légitimé, la situation est toute autre. La norme ivoirienne en construction se caractérise par la volonté de simplifier les constructions verbales, il est donc incongru que l’on puisse rechercher la sophistication en adjoignant des constituants à d’autres constituants qui semblent déjà suffisamment précis. La plupart des constructions relèvent du français populaire ivoirien qui constitue la principale pourvoyeuse des particularités en français académique. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Pleurer </span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Par rapport à son sens premier, on a du mal à s’imaginer ce verbe avec un complément d’objet. En fait, ce sens </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">« répandre des larmes sous l'effet d'une émotion » </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">contient déjà et d</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">'une manière claire et franche</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"> l’accusatif des larmes. Il est vrai qu’à deuxième niveau sémantique pleurer a le sens moins explicite de « </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">regretter en pleurant se lamenter sur ». Ce sens peut éventuellement tolérer la présence d’un point d’application du procès. Cet emploi est par ailleurs attesté : </span></span><span class="scit1" style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">« Il faut pleurer les hommes à leur naissance et non à leur mort » </span></span></span></span></span></span><span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">(</span></span></span></span></span><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">Montesquieu</span></span></span></u><span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">). Par contre, nous avons noté dans nos données textuelles une construction transitive avec le premier sens qui curieusement sent le besoin de préciser qu’il s’agit de larmes le rendant du coup tautologique. La légitimation n’est pas systématique puisque quelques correcteurs l’ont signalé. </span></span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span class="satr1" style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">(29)-Il a menacé que tous ceux qui ne suivraient pas son mouvement pleureraient des larmes de sang. </span></span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(30)- Ce ne sont pas des larmes que vous pleurerez mais bientôt un fleuve, si vous ne vous détournez pas de vos péchés.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(31)-L’enfant pleura des sanglots aussi gros que des gouttes de sueur.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Vivre </span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Ce verbe signifie être en vie ou exister. Il n’est dont pas apte à recevoir un accusatif surtout si celui a pour rôle de préciser qu’il s’agit de la vie. Malgré cela, les locuteurs ivoiriens préfèrent ignorer que ce verbe contient l’idée de mener une vie pour ajouter le nom vie à la construction verbale.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(32)-Cela n’a pas empêché les résidents de recommencer à <b><i>vivre</i></b> leur vie habituelle.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(33)-Je vous recommande de n’imiter personne il faut toujours <b><i>vivre</i></b> sa propre vie.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Crier </span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Comme les verbes précédents, crier n’a nul besoin d’un accusatif pour être pleinement intelligible. Il signifie avant tout </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">jeter un ou plusieurs cris. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">On peut lui attribuer dès lors comme synonymes</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"> beugler, brailler, bramer, </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">s'égosiller, s'époumoner, glapir, gueuler, hurler. Justifier l’adjonction d’un complément d’objet apparait </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(34)-Elle a dû crier de cri de douleur pour se faire entendre. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">(35)-On n’entendait crier que des crieurs publics du village pour annoncer l’arrivée de la délégation. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Comme on le constate, dans tous ces emplois, le complément d’objet est soit de même radical que le verbe (<i>vivre / vie</i>) soit du même champ sémantique (<i>pleurer</i> / <i>larmes)</i>. Ces constructions ont de solides raisons de se voir légitimées. De nombreux auteurs célèbres utilisent ce procédé particulièrement en poésie : « <i>Et n’ai-je pas sué la sueur de tes nuits</i> » (P. Verlaine). </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Nous avons remarqué un certains nombre d’autres verbes dans ce type de construction. Leurs légitimations sont relativement moins évidentes. Quelques-uns des correcteurs les ont signalées comme des transgressions syntaxiques. Il s’agit notamment de <i>courir la course de sa vie, hurler sa peine, émigrer sa famille, coïncider des dates, souffrir </i>(au sens de éprouver une souffrance, des douleurs physiques ou morales) le martyr…<i> </i> </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Intranstiver s’inscrit souvent dans un schéma esthétique littéraire et de renforcement du sens des verbes. Par ailleurs en adjoignant des compléments d’objet aux verbes intransitifs, le narrateur ne restreint pas la portée du verbe employé seul. Le langage ivoirien populaire est caractérisé par le souci d’insistance et c’est sans doute ce besoin de renforcer le sens du verbe qui motive ces constructions. Les exigences du style peuvent amener à ne pas suivre les règles d’emplois générales, du moins celles que la syntaxe autorise à contrarier sans que le sens s’y perde. Ces changements dans l’ordre habituel ont un champ d’application relativement réduit. </span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">4) </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Variation dans la construction transitive double</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Le complément d’objet direct et le complément d’objet indirect peuvent simultanément accompagner certains verbes transitifs à la tournure active. La grammaire scolaire parle dans ce cas de verbes à construction transitive double (ou doublement objectifs). Les compléments en présence sont traditionnellement appelés complément d’objet premier pour l’objet direct et complément d’objet second pour l’objet indirect. Il ne peut y avoir d’objet second sans la présence explicite ou même implicite d’un objet premier. A ce niveau du régime verbal également, il se note un réaménagement assez subtil dans la pratique du français en milieu académique ivoirien. Comme nous l’avons fait remarquer, cette restructuration de la construction verbale n’entraine pas de changement réel sur le plan sémantique. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Deux constructions sont symptomatiques de la réorganisation du régime verbal des verbes à construction transitive double. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Exiger quelque chose de quelqu‘un</b>.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Il faut d’abord remarquer que le noyau de cette construction verbale, le verbe exiger, peut se construire seul en étant soit transitif soit intransitif. Lorsqu’il est employé avec un complément d’objet direct, il a le sens de demander impérativement (ce que l'on a, croit ou prétend avoir le droit, l'autorité ou la force d'obtenir). Il signifie alors réclamer, requérir, revendiquer. Dans une construction avec un objet indirect par contre, il souligne ce qui est requis de quelqu’un comme nécessaire pour remplir tel rôle, telle fonction.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Lorsqu’il est employé dans une configuration transitive double, le verbe <i>exiger </i>se construit selon la norme centrale avec un complément non prépositionnel (pour l’objet premier) suivi d’un groupe prépositionnel<i> </i>en<i> de. </i>La norme ivoirienne n’observe pas cet archétype dans cette construction. Cela est particulièrement remarquable en situation de pronominalisation. La substitution par des pronoms devait se faire avec la forme disjointe : e<i>xiger cela de lui.</i></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">On note la légitimation en français académique pratiqué en Côte d’Ivoire de la pronominalisation de cette forme de manière conjointe : <i>lui exiger cela</i>. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(36)-Les policiers ont d’abord pris leur permis avant de leur exiger de l’argent (exiger de l’argent d’eux)</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(37)-Si vous savez que ça pouvait ne pas marcher, il ne fallait pas lui exiger l’argent dès le départ. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(38)-La loi prévoit de leur exiger un reçu pour tout payement.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(39)-Après les avoir escroqués dans le placement ils leur exigent encore de l’argent pour mettre sur pied une structure de défense des victimes de placement.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><i>Souligner quelque chose à quelqu’un </i></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Ce verbe s’utilise pour désigner dans un premier temps « tirer une ligne, un trait sous un ou plusieurs mots qu'on veut signaler à l'attention ».<span style="color:black"> Mais </span><i>souligner </i>dans la vision qui nous intéresse est au sens figuré et signifie <i>faire ressortir</i>, <i>mettre en valeur</i> ou <i>faire</i> <i>remarquer en insistant</i>. Nous notons une particularisation légitimée en français tel que pratiqué en milieu académique ivoirien. Il faut avant tout remarquer que dans ce sens ce verbe se construit transitivement sans intermédiaire de préposition : <i>souligner quelque chose.</i> En contexte ivoirien, il connait une complémentation transitive double. Cela signifie qu’il se construit avec un deuxième complément d’objet introduit par la préposition <b><i>à</i></b> ou <b><i>de</i></b>. On enregistre même la pronominalisation de cette forme de manière conjointe : <i>lui souligner</i> <i>quelque chose</i>. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(40)-Le premier chapitre souligne l’importance de la famille à l’humanité toute entière.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(41)-Il fallait aussi leur souligner les bienfaits de l’utilisation de la moustiquaire imprégnée.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(42)-Vous n’avez plus besoin de nous souligner le rôle dévastateur de la xénophobie.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(43)-Le centre d’écoute des jeunes a engagé un ancien prisonnier pour leur souligner la vie difficile en milieu carcéral.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Solliciter quelque chose de/à quelqu’un </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Le verbe solliciter s’utilise dans une construction transitive directe et signifie « agir sur quelque chose en éveillant, en entraînant, en stimulant ». Il a pour synonyme le verbe <i>exciter</i>. Il se rencontre dans une construction de sens synonyme à une structure transitive double. En effet, il a le sens de demander quelque chose dans les formes c'est-à-dire comme le veut l'usage quand on s'adresse à une autorité ou à quelqu’un d'influent. Par conséquent, il n’a plus besoin d’adjoindre ce deuxième complément d’objet puisque le sens le comporte de manière implicite. Par contre, la pratique du français en Côte d’Ivoire autorise une double complémentation dont le second est introduit par les prépositions <i>« de »</i> et « <i>à</i> ». On y enregistre même une pronominalisation qui se construit de manière conjointe. Ce qui est le communément admis et qui n’est pas une particularité en soi mais dont l’abondance en français de Côte d’Ivoire mérite d’être signalé ici, c’est la construction : <i>solliciter auprès de</i> + </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(44)-Nous lui avions sollicité deux places mais il a refusé</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(45)-Les enfants ont sollicité une aide à l’instituteur du village.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">(46)-Je vous ai seulement sollicité de quoi vivre décemment.</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-39.35pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">III. </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Interprétation didactique et sociolinguistique des résultats</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Les résultats que nous venons de mettre en lumière mérite que l’on y jette un regard didactique et sociolinguistique. Didactique parce que ces distorsions grammaticales qui font l’objet d’une légitimation s’inscrivent dans un milieu institutionnel académique. La Côte d’Ivoire appartient à plusieurs organismes de la francophonie en rapport avec des circonscriptions de l'enseignement. Dès lors peut-elle se permettre d’avoir une manière particulière de pratiquer la langue française voire d’une norme autonome ? Quelle doit être la part de la transposition didactique sur cette question ? Les réponses à ces questions ne sont pas uniquement didactique mais d’avantage sociolinguistique car il y a lieu de mener une réflexion portant sur les conditions de production, de transmission et de réception de ces énoncé considérés syntaxiquement comme apocryphes. Sans chercher à les dédouaner, cette réflexion pourrait permettre d’expliquer l’existence des écarts dans l’usage du français en Côte d’Ivoire. Il s’agit d'ailleurs d’un regard linguistique découvrant les marques formelles de l’énonciation, les modalités et les actes de parole et enfin un regard logico syntaxique s’attachant à l’organisation signifiante de l’énoncé.</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">1) </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Les aspects purement didactiques : vers la redéfinition d’une norme ivoirienne ?</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">Dans une opération mentale qui consisterait</span> à déterminer le contenu du concept de didactique en énumérant ses caractères, on dirait qu’elle <span style="line-height:150%">renvoie à l’utilisation de techniques et de méthodes d’enseignement propres à chaque discipline. Les méthodes d’enseignement retenues divergent et sont fonction des matières puisqu’elles découlent directement des contenues à enseigner. L’enseignement des langues privilégie les techniques audio-orales, l’enseignement des sciences physiques, la démarche expérimentale, l’enseignement des sciences économiques, l’étude des cas. Ce sont donc les procédés pédagogiques, leur ajustement aux spécificités de la discipline enseignée, ainsi que leur montage qui forment <i>la didactique</i> <i>de la discipline</i>.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">Dans une perspective plus actualisée, la didactique s’intéresse aux immixtions qui peuvent s’établir dans un le triangle didactique c'est-à-dire entre une situation d’enseignement/apprentissage, un savoir-identifié, un maître-dispensateur de ce savoir et un élève-récepteur de ce savoir. Elle ne se contente plus de traiter la matière à enseigner selon les schémas préétablis. Elle pose comme condition nécessaire la réflexion épistémologique du maître sur la nature des savoirs qu’il aura à enseigner et la prise en compte des représentations de l’apprenant par rapport à ce savoir.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">Ce qui précède envisage le français traité en Côte d’Ivoire comme une discipline en dehors du français ordinaire<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[11]</span></span></span></span></a> ou tout au moins comme une variante à l’intérieur du français central. On note que ce français est marqué par des caractéristiques syntaxiques qui s’écartent du reste de la communauté linguistique. Comment faut-il alors enseigner la grammaire française en tenant compte du monde éducatif francophone, un cet ensemble auquel appartient la Côte d’Ivoire ? Faut-il prendre en compte une description de ce microsystème ivoirien, c'est-à-dire la grammaire intériorisée par des milliers de locuteurs ivoiriens sous-jacente, ce qui reviendrait non à recenser séparément les erreurs et les formes correctes, mais à tenter de reconstituer les règles sous-jacentes à l’ensemble des pratiques dans ce pays ?</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">Il faut accepter que cette fluctuation puisse être montrée de diverses manières. En prenant en compte un schéma descriptif donné, lui-même convertible en cours de route selon les contingences rencontrées. Elle peut être perçue comme problématique, s’il y a coexistence de deux formes concurrentes sans critères de choix perceptibles, ou comme indice de règles inconnues, inexistantes en langue-cible ou différentes de celle-là, qui relèveraient de catégorisation établies par l’apprenant. On peut dans ce dernier cas parler de <i>variabilité systématique</i>. Quelle serait alors la norme à adopter pour juger de la grammaticalité d’un énoncé produit pas un locuteur ivoirien ?</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">En tout état de cause, l’accès à des règles précises du fonctionnement d’une langue présuppose habituellement le recours à l’apprenant lui-même, dont l’intuition verbalisée ou les commentaires explicites, formulés en termes métalinguistiques aident à déterminer ou à transformer les hypothèses initiales de description. On estime cependant que le locuteur ivoirien est corrompu par un reflex langagier généralisé autour de lui. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">En termes de propositions concrètes, la didactique de la grammaire ne proposerait pas de faire adopter une nouvelle norme grammaticale du régime verbal à la couleur ivoirienne. La langue française elle-même a connu une évolution qu’il ne faut perdre de vue. Par contre, ce qui est intéressant à noter ici c’est que ces irrégularité n’altère en rien la transparence de la langue française quelle que soit la zone de son expression. Une langue vivante n’est jamais stable, elle s’adapte sans cesse. A ce stade de recherche, il est de toute manière impossible de déterminer clairement les contours d’une norme grammaticale propre à la Côte d’Ivoire. On ne peut qu’en relever des manifestations. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">Il serait à ce stade plus intéressant de parler d’acceptabilité ivoirienne en ne l’opposant pas systématiquement à la grammaticalité au sens de la norme centrale de langue française. En principe, la notion d'acceptabilité se distingue donc de celle de grammaticalité<i>, </i>et dans une certaine mesure s'y oppose. L'acceptabilité d'une structure syntaxique donnée s’évalue selon des niveaux où des facteurs prennent des proportions diverses en rapport avec sa grammaticalité. Le niveau d'acceptabilité peut varier en fonction des circonstances de la performance, telles que la rapidité du débit, l'absence ou la présence de bruit, le degré d'attention, la limitation de la mémoire ou le degré d'intuition linguistique de l'interlocuteur, lequel peut, bien évidemment, être le lecteur, la pratique qu'a ce dernier du niveau de langue dans lequel se situe l'énoncé. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">La nécessité de déterminer une norme pose d’ailleurs un problème pratique en Côte d’Ivoire. La norme est en principe une donnée intuitive. Il parait absurde que l’enseignant se munisse du <i>Bon usage </i>dans ces évaluations scolaires. Tout locuteur est en mesure de porter un jugement de grammaticalité en se basant uniquement sur la grammaire qu’il a intériorisée de la langue cible. Après avoir étudié et été exposé à la langue française sur une longue période, c’est de manière spontanée que les perçoivent immédiatement ce qui relève d’une erreur. Juger par intuition exclut tout recours à une norme extérieur au locuteur. Celle qui est généralisée autour de lui forge alors une nouvelle norme grammaticale à laquelle un réviseur ne peut échapper dans ses interventions. </span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-left:48px; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">2) </span></span></b><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">Les aspects sociolinguistiques</span></span></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">La définition que la francophonie en tant que l’ensemble des locuteurs de la langue française donne lieu cependant à une restriction. Il est absurde de croire que cela implique une structure uniforme ou une langue dont les éléments constitutifs, les parties, sont de même nature ou répartis de façon uniforme. Effectivement, des facteurs comme l’origine, la condition sociale, et même la culture font que les individus à l’intérieur de cet espace pratiquent le français avec des compétences inégales. L’éloignement géographique est un paramètre aggravant. Étant donné que les sujets francophones résident très loin les uns des autres, il est impossible qu’ils s’expriment toujours de la même façon. Normalement, l’apprentissage de la même grammaire française à l’école devait fixer et stabiliser une norme uniforme afin que puisse être évitée fragmentation du français.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Au delà de cet impératif d’uniformité pour garantir la transparence de la langue française à l’échelle de la francophonie toute entière, ces particularisations de la langue française au sein de la communauté linguistique ivoirienne doivent être interprétées comme le symbole du dynamisme d’une langue vivante. </span></span></span></p>
<p style="text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>La force de l’interpénétration des différentes variétés de français en Côte d’Ivoire</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">A partir d’une base de jugement liée à la manière de s’approprier et d’acquérir la langue française, des linguistes ont établi qu’il existe trois différentes variétés de français pratiqué en Côte d’Ivoire. Il s’agit des niveaux acrolectal, mésolectal et basilectal. On note qu’il n’existe plus de frontière entre ces niveaux de langue. L’interprétation est constante entre les différents niveaux de langue. En principe, le niveau de langue que nous décrivons relève du plus haut niveau. Les locuteurs qui légitiment ces constructions verbales appartiennent à l’élite intellectuelle. Ils sont tous diplômés de l’enseignement supérieur. Cependant les formes légitimées trouvent leur source du niveau mésolectal. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">Passer d’une classe à une autre est une pratique courante en milieu linguistique ivoirien. Il n’est pas rare d’entendre des enseignements même du supérieur postposé le « la » à valeur déterminative prérogative du français populaire ivoirien. Les lettrés qui disposent d’un diplôme de l’enseignement secondaire s’expriment avec une connotation de ce français qui constitue une variété régionale aux règles implicites de la norme locale. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>La construction d’une identité ivoirienne ou l’auto-génération d’une pratique langagière</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Tous les locuteurs de la langue française y compris les enseignants furent-ils de la langue française ne sont pas en marge du milieu sociolinguistique ivoirien. Comme tous les Ivoiriens, ils sont imprégnés de ses particularités langagières au sujet de la langue française. Ils sont exposés aux programmes télédiffusés qui font la part belle aux émissions satiriques dont la langue de prédilection relève du français populaire, par nature familière, se moque de la syntaxe du français central. La majorité des messages publicitaires sont rédigés dans cette langue qui ne se soucie guère de la norme centrale.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Un autre élément qui mérite d’être relevé c’est la durée d’exposition des locuteurs du français académique ivoirien à une autre norme que celle de Côte d’Ivoire. Très peu des locuteurs concernés ont accès à la norme centrale par des voyages vers d’autres zones francophones, ce qui serait alors une forme d’immersion linguistique pour mieux prendre conscience de l’existence d’écarts de pratique de la langue française. Dans la société ivoirienne, trop souvent, ceux qui maîtrisent le moins la langue normée imposent leur manière de s’exprimer, leur norme, à l’ensemble de la communauté. Étrangement le châtiment, c’est pour ceux qui ne se plient pas à leurs règles : l’exclusion du groupe. Vous ne parlez pas un français « <i>ivoirien »</i> <i>vous n’êtes pas un vrai Ivoirien mais peut-être un colonisé</i>. Vous êtes un garçon qui soigne son langage : <i>vous n’êtes pas un vrai gars, un gars yèrè mais un gaou</i>.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Les locuteurs ivoiriens du français sont donc plus exposés à une norme plutôt ivoirienne qu’à la norme centrale du français. On pourrait dire que dans la pratique du français, ils sont écartelés entre une norme étudiée à l’école, une norme de référence et celle dans laquelle ils baignent. Pour ceux qui ont été véritablement formés, ils résistent pendant un certain temps ; corrigeant systématiquement tout ce qui s’écarte du français central. Il est évident qu’après généralement quelque temps, l’acceptabilité prenne le dessus jusqu’à ce que ce qui était délictueux perd sa valeur de faute et intègre la normalité c'est-à-dire légitimé.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">On peut à partir de ce qui précède dire que le français tel que pratiqué s’auto-génère. La particularisation est favorisée par une certaine déréliction linguistique. Les Ivoiriens parlent leur langue chez eux et ils en sont relativement fiers. Par ailleurs la langue française est enseignée par des enseignants ivoiriens imbibés de leur <i>ivoirité langagière</i>. </span></span></span></p>
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<p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Conclusion </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">Cette examen attentif et à la fois critique de structure syntaxique défaillante légitimée en Côte d’Ivoire aurait pu nous permettre de suivre la différenciation établie par Corder entre erreurs systématiques et erreurs non systématiques. Cet auteur utilise le premier type d’erreur cité pour caractériser ce qui relève d’un contexte spécifique d’apprentissage. En effet, des fautes peuvent être inhérentes à un groupe linguistique typique pour une raison propre à ce groupe. Une telle faute a tendance à se généraliser. C’est sans doute le cas des changements de régime verbaux puisqu’ils représentent un système intériorisé par les Ivoirien dans leur pratique de la langue française. L’identification d’erreurs systématiques, c'est-à-dire d’un système d’erreurs, est tributaire des échantillons analysés et des conditions de production de ceux-ci, aussi bien dans un cadre pédagogique contraint que dans la communication spontanée.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Nos observations des constructions verbales dans le contexte des données textuelles à analyser ne se sont pas inscrites dans une cette vision. Nous avons plutôt décrit la possibilité de complémentation dans la construction d’un certain nombre de verbes. Nous avons remarqué dans le cas de constructions transitives, certains verbes ne sont pas accompagnés de compléments d’objet. Il s’agit généralement de d’extension sémantique. Les locuteurs ivoiriens ont attaché intrinsèquement la précision qu’apporterait le constituant à adjoindre au verbe. Nous avons par exemple noté que <i>fréquenter </i>n’a pas besoin d’un point d’application parce que intrinsèquement il porte le sens de <i>aller à l’école</i> ou <i>fréquenter une école</i>.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Notre analyse nous permet de comprendre que la fonction grammaticale même de complément d’objet prend une extension différente chez les locuteurs ivoiriens. S’il est vrai que les critères de construction de la structure verbale (avec le complément) sont le plus souvent variables, il reste néanmoins des cas où leur application soulève des difficultés. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">Légitimer toutes ces irrégularités montrent clairement que le français tel que pratiqué en Côte d’Ivoire s’autonomise. Ce qui nous semble néanmoins<span style="line-height:150%"> essentiel c’est qu’il faut fournir aux spécialistes de la langue française ainsi qu’aux professionnels communicateurs intervenants sur la place publique une analyse syntaxique des constructions verbales du français de Côte d’Ivoire. Il faut le faire Cela afin que des stratégies didactiques soient mises en place, stratégies qui permettraient aussi bien de distinguer français de Côte d’Ivoire et français central plutôt que d’établir des passerelles entre ces deux types de système. </span>A ce stade, il n’est possible que d’en relever quelques marques caractéristiques. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><b>Bibliographie</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">ASTOLFI, Jean-Pierre <i>« L’erreur, un outil pour enseigner », </i>Paris, ESF, 1997, 520 p.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">BECHARD, Henri </span><i>Syntaxe du français moderne et contemporain</i>, Paris, PUF, 1993, 334 p.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">BOUTIN, Béatrice « <i>La variation dans la construction verbale en français de Côte d’Ivoire</i> », <em><span style="font-style:normal">Revue Québécoise de Linguistique</span></em>, n° 32.2, Montréal 2005</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">GROSS, Maurice</span><span style="line-height:150%">,<i> Méthodes en syntaxe : régime des constructions complétives</i>, Paris Hermann, 1975, 415 p.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">CORDER, Stephen Pit, <i>Introducing applied linguistics, </i>Baltimore, Penguin Education, 1973, </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">VEZINA Robert (2009), <i>La question de la norme linguistique</i>, Québec, Bibliothèque et Archives Canada</span></span></span></p>
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span lang="EN-GB" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%">GUILDFORD, J-P, <i>The<sup> </sup>nature of Human Intelligence</i>, New York, Mc Graw-Hill, 1967 </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">LAFAGE, Suzanne<b> </b><i>«Analyse sociolinguistique du français en Côte d’Ivoire »,</i> Bull OFCAN, 1, p. 10-13, 1980</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif">KOUADIO, N’Guessan Jérémie « <i>Quelques traits morphosyntaxiques du français écrit en Côte d’Ivoire</i> », in Cahiers d’Etudes et de Recherches Francophones, Langues, Vol. II n°34, PP. 301-314, 1999, Paris : AUPELF- UREF</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="line-height:150%">QUEFFELEC, Ambroise </span>« <i>Appropriation, normes et sentiments de la norme chez l’enseignant du français en Afrique centrale</i> » in langue française, 1994, pp. 120-136</span></span></span></p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText" style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[1]</span></span></span></span></a> Une soixantaine de langues qui ont <span style="line-height:115%">le statut de langues du terroir</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn2">
<p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:"Calibri","sans-serif"">[2]</span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Celles qui disposent de moyens audiovisuels pour se faire entendre du grand public</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn3">
<p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[3]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> Cela revient à décrire puis à expliquer les erreurs</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn4">
<p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[4]</span></span></span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La norme exogène comme référence et une norme endogène en constitution</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn5">
<p class="MsoNoSpacing"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:"Calibri","sans-serif"">[5]</span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ou de sélection des meilleurs élèves, les classer pour le passage en année supérieure</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn6">
<p class="MsoNoSpacing"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[6]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> Ne pas la signaler dans l’acte de correction</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn7">
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[7]</span></span></span></span></a> Au sens de répartition des apprenants en plusieurs sous-catégories ou selon un ordre classificatoire</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn8">
<p class="MsoFootnoteText" style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[8]</span></span></span></span></a> Les <span style="font-size:12.0pt">examens</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn9">
<p class="MsoFootnoteText" style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[9]</span></span></span></span></a> Au sens de consommer</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn10">
<p class="MsoFootnoteText" style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[10]</span></span></span></span></a> Selon la norme centrale du français</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn11">
<p class="MsoFootnoteText" style="margin-bottom:13px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[11]</span></span></span></span></a> Tel que connu dans le reste du monde de la francophonie</span></span></span></p>
</div>
</div>