<h2 class="western">Introduction</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Dans une enqu&ecirc;te de 2010 sur les </span><i><span style="background:transparent">Pratiques d&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire &agrave; l&rsquo;universit&eacute;</span></i><span style="background:transparent"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a>, V. Houdard-Merot et C. Mongenot, enseignantes chercheures en litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Cergy-Pontoise, observaient une &eacute;mergence de l&#39;&eacute;criture artistique dans les cursus de lettres des universit&eacute;s fran&ccedil;aises. Cette apparition tardive, si l&rsquo;on excepte l&rsquo;universit&eacute; d&rsquo;Aix Marseille o&ugrave; Anne Roche a initi&eacute;, d&egrave;s 1968, les premiers ateliers universitaires, s&rsquo;explique d&rsquo;abord par le primat de la lecture comme mode de rencontre au texte litt&eacute;raire. Le &laquo; verrouillage &raquo; des concours d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;enseignement, une certaine m&eacute;fiance &agrave; l&rsquo;endroit du &laquo; creative writing &raquo; am&eacute;ricain, ainsi que les difficult&eacute;s de p&eacute;n&eacute;tration des apports de la recherche en didactique &agrave; l&rsquo;universit&eacute; constituent d&rsquo;autres pistes explicatives. Qu&rsquo;en est-il en dehors des cursus litt&eacute;raires ? Les auteures de l&rsquo;ouvrage sus-cit&eacute;, tout en mentionnant les pratiques d&rsquo;&eacute;criture qui peuvent exister dans les Unit&eacute;s de Formation et de Recherche de langues, de sciences ou dans l&rsquo;apprentissage du Fran&ccedil;ais Langue Etrang&egrave;re (FLE), expliquent centrer leur recherche sur les d&eacute;partements de Lettres (2003 : 12). Notre travail s&rsquo;inscrit dans ce courant encore assez peu &eacute;tudi&eacute;, d&rsquo;introduction des ateliers d&rsquo;&eacute;criture dans un cursus de FLE. Le pr&eacute;sent article s&rsquo;appuie en effet sur une pratique dans laquelle nous avons chemin&eacute; de pair avec nos &eacute;tudiants, et qui s&rsquo;est progressivement install&eacute;e dans le cours de didactique de l&rsquo;&eacute;crit que nous animons depuis la cr&eacute;ation du master FLE en 2016 &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Rouen Normandie. Cette recherche de type ethnographique, fortement appuy&eacute;e sur le terrain, a pour objectif d&rsquo;interroger les apports de la pratique d&#39;ateliers d&#39;&eacute;criture pour un public h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne d&#39;&eacute;tudiants en formation initiale de master FLE, &agrave; l&#39;Universit&eacute;. Le questionnement initial portait sur la capacit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture en atelier de &laquo;&nbsp;r&eacute;concilier&nbsp;&raquo; les &eacute;tudiants avec une entr&eacute;e en &eacute;criture par le genre, dont l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t est bien attest&eacute; en FLE depuis les ann&eacute;es 1990 (Hidden, 2013 : 86), m&ecirc;me si la mise en &oelig;uvre reste complexe, en particulier &agrave; cause de &laquo; l&rsquo;approche massive en termes de types de textes &raquo; (Allouche, Maurer, 2010 : 30). Nous avons en effet souvent constat&eacute; que les &eacute;tudiants francophones L1 ne mettaient que rarement en &oelig;uvre ces notions, alors qu&rsquo;elles sont connues d&rsquo;eux sur le plan d&eacute;claratif. Du point de vue des &eacute;tudiants allophones, il s&rsquo;agissait de les initier par la pratique &agrave; des genres parfois culturellement inconnus d&rsquo;eux. Nous avons donc organis&eacute; une enqu&ecirc;te afin de recueillir les retours r&eacute;flexifs des &eacute;tudiants impliqu&eacute;s dans le cours. Il est alors apparu que les objectifs vis&eacute;s, principalement ax&eacute;s sur la pratique de l&#39;&eacute;criture cr&eacute;ative en contrepoint aux genres universitaires acad&eacute;miques, ne constituaient pas les seuls apports des ateliers. Conform&eacute;ment aux observations de la sociologie compr&eacute;hensive, qui affirme qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas tant de chercher la r&eacute;ponse aux questions du chercheur que de travailler sur celles que se posent les acteurs sociaux ordinaire enqu&ecirc;t&eacute;s (Kaufmann, 2016), nous avons vu &eacute;merger d&rsquo;autres besoins, ouvrant de nouveaux questionnements. Le travail qui suit rend compte de cette &eacute;volution, en quelque sorte fruit d&rsquo;une affordance<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>, et int&egrave;gre &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des objectifs initiaux, une r&eacute;flexion sur les gains des ateliers, en termes d&#39;am&eacute;lioration des relations au sein du groupe de Master, en particulier du point de vue de l&#39;int&eacute;gration des &eacute;tudiants allophones. </span></span></p> <h2 class="western">Dispositif p&eacute;dagogique&nbsp;</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Avant de d&eacute;tailler les modalit&eacute;s de cette enqu&ecirc;te, arr&ecirc;tons-nous sur les vis&eacute;es du cours &laquo;didactique de l&rsquo;&eacute;crit &raquo; en master 1 FLE. Elles tiennent d&rsquo;une part aux orientations th&eacute;oriques de la discipline et d&rsquo;autre part &agrave; la nature du groupe d&rsquo;&eacute;tudiants en formation. Il s&rsquo;agit, classiquement, de lier les comp&eacute;tences de lecture et d&rsquo;&eacute;criture, qui confluent dans le terme &laquo; &eacute;crit &raquo;, en insistant sur la n&eacute;cessit&eacute; de placer en situation, la production comme la compr&eacute;hension &eacute;crites (Moirand, 1979). Un seconde objectif vise la promotiond&rsquo; une entr&eacute;e dans l&rsquo;&eacute;crit par les genres textuels, puisque le genre est &agrave; pr&eacute;sent la cat&eacute;gorie &agrave; travers laquelle le texte est toujours interpr&eacute;t&eacute; (Allouche et Maurer, 2010 : 3<span style="font-weight:normal">6). Enfin, nous proposons aux</span> <span style="font-weight:normal">futurs enseignants de FLE de se placer</span> <span style="font-weight:normal">en position d&rsquo;animer une s&eacute;ance de cours, puis d&rsquo;analyser leur exp&eacute;rience dans une posture r&eacute;flexive r&eacute;trospective par le biais d&rsquo;un compte-rendu &eacute;crit. Ces animations se font en petits groupes, de mani&egrave;re &agrave; inciter les &eacute;tudiants de diff&eacute;rents profils &agrave; travailler ensemble. En effet, la promotion </span>d&rsquo;&eacute;tudiants de premi&egrave;re ann&eacute;e de Master FLE, r&eacute;unit des &eacute;tudiants francophones L1 en formation initiale essentiellement (plus rarement en formation continue) et des &eacute;tudiants francophones L2 arrivant &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Rouen apr&egrave;s des &eacute;tudes en langue fran&ccedil;aise dans leur pays. Ces &eacute;tudiants que nous appellerons allophones, en soulignant leur alt&eacute;rit&eacute; linguistique (Dompmartin Normand et Le Croignec, 2015) et culturelle, repr&eacute;sentent une ouverture d&rsquo;une grande richesse sur la discipline elle-m&ecirc;me tout autant qu&rsquo;un d&eacute;fi d&rsquo;organisation sur le plan didactique, du fait de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; des comp&eacute;tences et des parcours ant&eacute;rieurs. Dans le but de confronter ces objectifs aux points de vue des &eacute;tudiants, nous consid&eacute;rons que le discours form&eacute; par l&rsquo;ensemble des r&eacute;ponses &eacute;crites au questionnaire ouvert que nous avons propos&eacute;, ainsi que les propos tenus en entretien semi-directif repr&eacute;sentent un mat&eacute;riau susceptible de fournir des r&eacute;ponses. </span></span></p> <h2 class="western">Dispositif de recherche</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Nous avons organis&eacute; notre enqu&ecirc;te en deux temps. Un questionnaire &eacute;crit a &eacute;t&eacute; propos&eacute; &agrave; l&rsquo;ensemble des &eacute;tudiants de la promotion &agrave; l&rsquo;issue des ateliers, en juin 2019. Nous avons ensuite r&eacute;alis&eacute; une s&eacute;rie d&rsquo;entretiens compr&eacute;hensifs (dur&eacute;e moyenne 1h10) avec 8 &eacute;tudiants du m&ecirc;me groupe : 4 &eacute;tudiantes fran&ccedil;aises (dont deux en reprise d&rsquo;&eacute;tudes), deux &eacute;tudiantes chinoises, une &eacute;tudiante camerounaise et un &eacute;tudiant iranien. La posture de l&rsquo;enqu&ecirc;trice, est &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence participante puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit de nos propres &eacute;tudiants, et nous sommes consciente des biais induits par cette position endog&egrave;ne lors des entretiens (Blanchet 1985, Lahire 2005). Nous pr&eacute;sentons dans le pr&eacute;sent article, les r&eacute;sultats d&rsquo;analyse du questionnaire inform&eacute; par les participants aux ateliers. Celui-ci, uniquement constitu&eacute; de questions ouvertes s&rsquo;est r&eacute;v&eacute;l&eacute; d&rsquo;une grande richesse gr&acirc;ce aux explications auxquelles invitait chaque question. Malgr&eacute; Le petit nombre de participants (23 &eacute;tudiants) il a &eacute;t&eacute; possible de pr&eacute;ciser en les chiffrant des tendances dominantes et d&rsquo;autres plus discr&egrave;tes, ainsi que des lignes de faille s&eacute;parant diff&eacute;rents profils. Nous avons men&eacute; une analyse de chacune des 11 questions ouvertes<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a>, en nous appuyant certes sur le contenu, mais en portant une attention particuli&egrave;re, dans une optique discursive, aux mots et aux formulations employ&eacute;s par les &eacute;tudiants, que nous citerons fr&eacute;quemment. Les entretiens nous ont ensuite servi &agrave; approfondir (et valider) les propos tenus par ces m&ecirc;mes &eacute;tudiants dans les questionnaires. Nous ne les utiliserons qu&rsquo;avec parcimonie, du fait de la richesse des r&eacute;ponses au questionnaire, laquelle nous semble t&eacute;moigner de l&rsquo;engagement des &eacute;tudiants dans l&rsquo;exp&eacute;rience. Pour ce faire, nous avons s&eacute;lectionn&eacute; des fragments correspondant aux th&egrave;mes d&eacute;gag&eacute;s par les r&eacute;ponses du questionnaire dans les diff&eacute;rents entretiens (Blanchet et Gotman, 2015), et les avons travaill&eacute;s dans une perspective d&rsquo;analyse du discours, puisque la richesse et la complexit&eacute; du mat&eacute;riau incite &agrave; compl&eacute;ter la traditionnelle analyse de contenu par un examen des indices &eacute;nonciatifs et interactionnels &agrave; m&ecirc;me de r&eacute;v&eacute;ler implicites, ambigu&iuml;t&eacute;s et divergences au sein du discours des enqu&ecirc;t&eacute;s.</span></span></p> <h2 class="western">Pr&eacute;sentation du questionnaire</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Le questionnaire a &eacute;t&eacute; distribu&eacute; en fin de semestre et rempli hors classe. Le propos liminaire indiquait le souhait de &laquo; recueillir [leurs] impression et avis au sujet des s&eacute;ances d&rsquo;ateliers auxquelles [ils ont] particip&eacute;, afin d&rsquo;approfondir la r&eacute;flexion didactique sur cette pratique &raquo;. Nous avons opt&eacute; pour un questionnaire nominatif, mais sans indications personnelles, donn&eacute;es dont nous disposions d&eacute;j&agrave;. Les deux premi&egrave;res questions portaient sur les ateliers &laquo; pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s &raquo; et &laquo; moins appr&eacute;ci&eacute;s &raquo;. Nous voulions en particulier savoir comment avaient &eacute;t&eacute; re&ccedil;us les ateliers dans lesquels les contraintes formelles &eacute;taient plus fortes. Les questions suivantes s&rsquo;adressaient aux &eacute;tudiants dans leur r&ocirc;le de participant, au moment de l&rsquo;&eacute;criture elle-m&ecirc;me, du point de vue de la difficult&eacute; de la pratique (est-ce qu&rsquo;&eacute;crire &eacute;tait facile ou difficile, pourquoi?), puis des modalit&eacute;s (avez-vous pr&eacute;f&eacute;r&eacute; &eacute;crire seul ou en groupe, quel type de groupe), et enfin au moment de l&rsquo;oralisation des productions. Les questions 10 et 11, &agrave; l&rsquo;inverse, les incitaient &agrave; adopter la posture de l&rsquo;animateur, en les invitant &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de cette pratique en didactique du FLE, dans le mesure o&ugrave;, sur les 23 &eacute;tudiants enqu&ecirc;t&eacute;s, 21 ont anim&eacute; un atelier. Les trois derni&egrave;res questions (8, 9 et 13) avaient pour objectif de valider par croisement les r&eacute;ponses, ou de faire &eacute;merger des th&egrave;mes propres aux enqu&ecirc;t&eacute;s. En demandant &laquo; y a-t-il des choses que vous avez trouv&eacute;es agr&eacute;ables, d&eacute;sagr&eacute;ables, pourquoi &raquo; et &laquo;&nbsp;pensez-vous que cette activit&eacute; vous a apport&eacute; quelque chose, et quoi &raquo;, nous souhaitions que les propositions des r&eacute;pondants s&rsquo;orientent vers ce qui leur semble important, sans se soumettre &agrave; une pr&eacute;-cat&eacute;gorisation trop pr&eacute;cise.</span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">L&rsquo;analyse qui suit s&rsquo;organise selon deux directions. La premi&egrave;re, orient&eacute;e par nos objectifs initiaux, rend compte des points de vue des enqu&ecirc;t&eacute;s sur les questions reli&eacute;es aux genres textuels, ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;animer un atelier en prenant le r&ocirc;le de l&rsquo;enseignant. La seconde traite des b&eacute;n&eacute;fices des ateliers d&eacute;couverts par affordance, et mis en avant de fa&ccedil;on insistante par les &eacute;tudiants enqu&ecirc;t&eacute;s.</span></span></p> <h2 align="justify" class="western"><span style="background:transparent">Enqu&ecirc;t&eacute;s et ateliers</span></h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Les 23 &eacute;tudiants de M1 FLE qui ont r&eacute;pondu au questionnaire repr&eacute;sentaient la partie assidue des inscrits<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a></sup>, puisque la moyenne de pr&eacute;sence aux 6 s&eacute;ances d&rsquo;ateliers d&rsquo;&eacute;criture &eacute;tait d&rsquo;un peu moins de 5<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>5</sup></a></sup>. Les &eacute;tudiants enqu&ecirc;t&eacute;s, que nous d&eacute;signerons par leur num&eacute;ro de questionnaire (attribu&eacute; de mani&egrave;re al&eacute;atoire, de Q1 &agrave; Q23) constituent un groupe d&rsquo;une moyenne d&rsquo;&acirc;ge de 26 ans (de 22 &agrave; 46 ans). Cette moyenne, un peu &eacute;lev&eacute;e pour une formation initiale, s&rsquo;explique par le fait que certains &eacute;tudiants ont suivi des formations ant&eacute;rieures, tandis que trois d&rsquo;entre eux se trouvent en reprise d&rsquo;&eacute;tudes. Le fran&ccedil;ais est la langue premi&egrave;re de 14 &eacute;tudiants, et seconde pour 9 autres. On compte 5 &eacute;tudiantes sinophones, 2 &eacute;tudiantes alg&eacute;riennes arabophones, un &eacute;tudiant iranien dont le Persan est la L1, et une &eacute;tudiante camerounaise dont la premi&egrave;re langue est le fe&#39;efe&#39;e, un langue orale de l&rsquo;ouest du Cameroun. Sur les 14 &eacute;tudiants francophones L1, 6 ont suivi le cursus SDL &agrave; Rouen depuis la L1, tandis que 5 autres sont arriv&eacute;s en L3 SDL/FLE apr&egrave;s des &eacute;tudes de lettres ou langues. Les 3 derni&egrave;res &eacute;tudiantes fran&ccedil;aises sont entr&eacute;es en master 1 dans le cadre d&rsquo;une reprises d&rsquo;&eacute;tudes. Sur les 9 &eacute;tudiants allophones, 4 int&egrave;grent cette ann&eacute;e la formation de master (parcours &Eacute;tudes en France), tandis que les 5 &eacute;tudiantes chinoises, arriv&eacute;es l&rsquo;ann&eacute;e pr&eacute;c&eacute;dente, ont valid&eacute; leur 3&egrave;me ann&eacute;e de licence &agrave; Rouen. Le groupe se caract&eacute;rise donc par une h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; linguistique, culturelle et curriculaire relativement importante, habituelle dans les formations de FLE.</span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Les ateliers d&rsquo;&eacute;criture occupent la seconde moiti&eacute; d&rsquo;un cours de second semestre intitul&eacute; &laquo;&nbsp;didactique de l&rsquo;&eacute;crit &raquo;. Chaque ann&eacute;e, les &eacute;tudiants sont invit&eacute;s &agrave; animer un atelier, en petit groupe de deux &agrave; quatre personnes. Il leur revient de choisir le th&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture, d&rsquo;organiser puis d&rsquo;animer l&rsquo;atelier, et enfin de r&eacute;aliser un compte rendu au titre de l&rsquo;&eacute;valuation de la mati&egrave;re. Le fait de ne pas donner, ni m&ecirc;me proposer de th&egrave;me pour les ateliers, oblige les participants &agrave; les trouver par eux-m&ecirc;mes, et pr&eacute;sente l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, nous l&rsquo;avons constat&eacute;, d&rsquo;une grande vari&eacute;t&eacute;, et souvent d&rsquo;originalit&eacute;. Pour la pr&eacute;sente ann&eacute;e, les six th&egrave;mes suivants ont &eacute;t&eacute; choisis : Ha&iuml;kus, les 10 mots de la francophonie, le jeu du dictionnaire, les cinq sens, &eacute;crire en musique, &agrave; la mani&egrave;re de P&eacute;rec. Nous les d&eacute;crivons rapidement pour une meilleure intelligibilit&eacute; de l&rsquo;analyse qui suit. Tous les ateliers adoptent un canevas de phases allant de la pr&eacute;sentation de l&rsquo;activit&eacute; par des exercices progressifs d&rsquo;&eacute;criture, jusqu&rsquo;&agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;un texte r&eacute;dig&eacute; individuellement ou en groupe, ensuite lu oralement. Ces trois phases respectent le sch&eacute;ma &laquo; commun&eacute;ment admis : temps de pr&eacute;sentation de la consigne, temps d&rsquo;&eacute;criture, temps de lecture &raquo; (Bellatorre <i>et al</i>., 2014 : 16). Au sein de ces six ateliers anim&eacute;s par les &eacute;tudiants, deux types se d&eacute;gagent, en fonction des d&eacute;clencheurs et des textes produits. Le premier se caract&eacute;rise par la r&eacute;daction de textes &agrave; partir d&rsquo;une contrainte formelle assez pr&eacute;gnante, c&rsquo;est le cas de &laquo; Essayons les Ha&iuml;kus &raquo;, &laquo; A la mani&egrave;re de P&eacute;rec &raquo;, et du &laquo; Jeu du dictionnaire &raquo;. L&rsquo;atelier appuy&eacute; sur &laquo; les 10 mots de la francophonie &raquo; comprenait &eacute;galement une contrainte forte, celle de devoir int&eacute;grer ces mots &agrave; un texte d&rsquo;un genre variable. Les deux derniers ateliers, &laquo; <font color="#000000"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">&Eacute;crire</font></font></font></font> en musique &raquo; et &laquo; Les cinq sens &raquo; ont mis en &oelig;uvre des d&eacute;clencheurs plus originaux, et moins linguistiques. Il fallait choisir une musique inspirante pour le premier (en circulant &agrave; travers quatre ilots de tables diffusant des musiques diff&eacute;rentes) pour &laquo; &eacute;crire un souvenir en musique &raquo;. Dans le second, un jeu d&rsquo;identification d&rsquo;odeurs, de sons et de mati&egrave;res en aveugle servait de d&eacute;clencheur, avec pour consigne &laquo; l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un po&egrave;me sur un &eacute;v&eacute;nement v&eacute;cu, ou une &eacute;motion ressentie, en fonction des sons, des odeurs et des objets d&eacute;couverts &raquo;. Les outils linguistiques d&rsquo;aide &agrave; l&rsquo;&eacute;criture, pour ces deux derniers ateliers, intervenaient dans un second temps, et seulement en cas de n&eacute;cessit&eacute;.</span></span></p> <h1 class="western">1 Ecrire en ateliers, caract&eacute;ristiques et objectifs</h1> <h2 class="western">1 1 Appr&eacute;ciation sensible&nbsp;: les ateliers &laquo;moins appr&eacute;ci&eacute;s&nbsp;&raquo;</h2> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Tandis que les ateliers &laquo; pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s &raquo; font l&rsquo;objet de 41 citations (moyenne de 1,78 par &eacute;tudiant), les ateliers indiqu&eacute;s comme &laquo; moins appr&eacute;ci&eacute;s &raquo; sont moins nombreux, avec 17 citations (moyenne de 0,73). Il se d&eacute;gage une certaine homog&eacute;n&eacute;it&eacute; au sujet du choix des ateliers les moins appr&eacute;ci&eacute;s, et surtout des raisons justifiant ces choix pour les enqu&ecirc;t&eacute;s. En effet, sur les 15 avis exprim&eacute;s<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>6</sup></a>, &laquo; les 10 mots de la francophonie &raquo; et &laquo; le jeu du dictionnaire &raquo; ont &eacute;t&eacute; cit&eacute;s chacun six fois comme &laquo; moins appr&eacute;ci&eacute;s &raquo;. Six &eacute;tudiants (3 francophones L1 et 3 allophones) d&eacute;sapprouvent le choix des 10 mots de la francophonie, jug&eacute;s comme &laquo;&nbsp;trop / tr&egrave;s difficiles &raquo;, &laquo; difficiles &agrave; comprendre m&ecirc;me s&rsquo;il y a des explications &raquo; pour cinq enqu&ecirc;t&eacute;es tandis que la sixi&egrave;me pr&eacute;cise : &laquo;trop savants, trop rares, trop peu francophonie &raquo;. Ainsi, c&rsquo;est le choix par les &laquo; diff&eacute;rents partenaires francophone<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>7</sup></a>&nbsp;&raquo; des mots sens&eacute;s repr&eacute;senter la francophonie en 2019 qui est critiqu&eacute; : &laquo;arabesque, composer, coquille, cursif/-ive, gribouillis, logogramme, phylact&egrave;re, r&eacute;bus, signe, trac&eacute;&raquo;. Les &eacute;tudiants leur reprochent d&rsquo;inciter &agrave; la production d&rsquo;un texte &laquo; artificiel &raquo; ou dont on &laquo;ne voit pas l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &raquo;. Un commentaire souligne l&rsquo;aspect &laquo; trop contraignant &raquo;, le manque de &laquo; libert&eacute; &raquo;, tandis que deux autres &eacute;tudiantes pr&eacute;cisent que les animatrices sont hors de cause, car l&rsquo;atelier a &eacute;t&eacute; jug&eacute; &laquo; bien anim&eacute; &raquo;. Il est toutefois int&eacute;ressant de constater que 8 autres &eacute;tudiants ont inscrit ce m&ecirc;me atelier comme &eacute;tant un de leurs &laquo; pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s &raquo;, en avan&ccedil;ant comme explication le fait d&rsquo;avoir &eacute;crit en groupe. Pour cette s&eacute;ance, en effet, les tables ont &eacute;t&eacute; install&eacute;es en ilots, sur lesquels les participants &eacute;taient r&eacute;partis par tirage au sort &agrave; leur arriv&eacute;e dans la salle. La consigne indiquait que le texte &eacute;tait &agrave; produire collectivement. Ce type d&rsquo;organisation prox&eacute;mique a &eacute;t&eacute; tellement appr&eacute;ci&eacute; qu&rsquo;il a ensuite &eacute;t&eacute; adopt&eacute; par les quatre ateliers suivants. Nous reviendrons sur l&rsquo;&eacute;criture en groupe au sujet des modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture.</span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Le second atelier moins appr&eacute;ci&eacute;, le &laquo; Jeu du dictionnaire &raquo; pr&eacute;voyait de former des groupes de cinq participants, au sein desquels un &laquo; monsieur Robert &raquo; muni d&rsquo;un dictionnaire proposait un mot inconnu. Les participant devaient alors inventer chacun une d&eacute;finition, ensuite lue par l&rsquo;animateur qui y glissait bien entendu celle du dictionnaire. Le jeu consistait &agrave; voter pour la d&eacute;finition suppos&eacute;e &ecirc;tre la bonne. Un compte de points assurait le c&ocirc;t&eacute; comp&eacute;titif du jeu. Les commentaires n&eacute;gatifs, &eacute;manant de six &eacute;tudiantes francophones L1, se sont r&eacute;v&eacute;l&eacute;s assez homog&egrave;nes pour qualifier l&rsquo;activit&eacute; de &laquo; r&eacute;p&eacute;titive &raquo;, &laquo; ennuyeuse &raquo;, &laquo; pas ludique &raquo;. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, il semble que le support dictionnaire ait une image &laquo; trop scolaire &raquo;, &laquo; r&eacute;barbative &raquo;, &laquo; pas assez attrayant &raquo;. Les reproches portent &eacute;galement sur la t&acirc;che de r&eacute;daction de d&eacute;finitions, qualifi&eacute;e de &laquo; travail sur la langue assez pauvre &raquo;. Une quatri&egrave;me &eacute;tudiante indique &laquo; je n&rsquo;ai pas jug&eacute; cela comme un travail d&rsquo;&eacute;criture &raquo;, signalant la nature particuli&egrave;re des productions textuelles du genre &laquo; entr&eacute;e de dictionnaire &raquo;. A l&rsquo;inverse, les &eacute;tudiantes chinoises<sup><font size="2"><font style="font-size: 11pt"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>8</sup></a></font></font></sup> avec lesquelles nous avons &eacute;chang&eacute; en entretien disent, pour l&rsquo;une s&rsquo;&ecirc;tre amus&eacute;e pendant l&rsquo;atelier, tandis que l&rsquo;autre (Q9), qui faisait partie des animatrices, imagine transposer l&rsquo;exercice dans une classe de FLE, en travaillant sur la composition des mots pour en faire deviner d&rsquo;autres utilisant les m&ecirc;mes affixes ou radicaux. Elle estime l&rsquo;exercice d&rsquo;autant plus int&eacute;ressant que les &eacute;tudiants fran&ccedil;ais, face aux mots rares et inconnus d&rsquo;eux qui leur sont propos&eacute;s pendant le jeu, exp&eacute;rimentent la position v&eacute;cue au quotidien par les &eacute;tudiants allophones. Cette judicieuse remarque confirme la diff&eacute;rence de perception de l&rsquo;activit&eacute; entre les &eacute;tudiants allophones et francophones L1.</span></span></p> <h2 class="western">1 2 Et les ateliers &laquo;&nbsp;pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s&nbsp;&raquo;</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Si l&rsquo;on observe &agrave; pr&eacute;sent les ateliers pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s, les deux choix les plus significatifs sont &laquo; les 5 sens &raquo; (11 choix), les &laquo; Ha&iuml;kus &raquo; (9 choix), suivi des &laquo; 10 mots de la francophonie &raquo; dont il a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; question. Bien que les commentaires soient moins homog&egrave;nes, il appara&icirc;t que l&rsquo;activit&eacute; de sentir et toucher en fermant les yeux, propos&eacute;e comme d&eacute;clencheur de l&rsquo;atelier &laquo; les 5 sens &raquo; a &eacute;t&eacute; trouv&eacute;e &laquo; inspirante&nbsp;&raquo; , &laquo; appr&eacute;ci&eacute;e &raquo;, &laquo; procurant un certain plaisir &raquo;, &laquo; ludique &raquo;, &laquo; amusante &raquo;. &laquo; Le fait de sentir des choses, d&rsquo;&eacute;couter sans voir, de toucher et deviner par la suite et d&rsquo;&eacute;crire sur ce qu&rsquo;on a ressenti m&rsquo;a fait plaisir &raquo;, &eacute;crit l&rsquo;&eacute;tudiante camerounaise. Une explication int&eacute;ressante est fournie par Q2, qui, en affirmant que cet atelier est &laquo; son pr&eacute;f&eacute;r&eacute; car c&rsquo;est lui qui [l&rsquo;] a le plus inspir&eacute;e &raquo; ajoute : &laquo; je trouve que la sensorialit&eacute; est &agrave; la fois universelle et tr&egrave;s personnelle, ce qui laisse &agrave; chacun la possibilit&eacute; de s&rsquo;exprimer &agrave; sa mesure, ce qui est un vrai atout pour le FLE &raquo;. C&rsquo;est quasiment en termes &laquo; d&rsquo;universaux-singulier &raquo;, un concept originellement d&eacute;fini par Hegel, puis transpos&eacute; dans le domaine didactique par Porcher (1994), qu&rsquo;est analys&eacute; le d&eacute;clencheur de cet atelier. Quant &agrave; l&rsquo;atelier &laquo; Haikus &raquo;, choisi par 9 &eacute;tudiants, il est jug&eacute; int&eacute;ressant parce que &laquo; facile &agrave; mettre en place, en particulier pour des niveaux moins avanc&eacute;s &raquo;. Il a &eacute;t&eacute; &eacute;galement qualifi&eacute; d&rsquo; &laquo; inspirant &raquo;, et la beaut&eacute; des textes produits a &eacute;t&eacute; soulign&eacute;e. Trois &eacute;tudiantes (francophones L1) affirment avoir chang&eacute; d&rsquo;avis suite cet atelier, et appr&eacute;ci&eacute; un genre qui ne les attirait pas particuli&egrave;rement.</span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Finalement, il semble que les caract&eacute;ristiques textuelles, m&ecirc;me si elles ne sont pas toujours nomm&eacute;es explicitement jouent un r&ocirc;le non n&eacute;gligeable dans les commentaires, et sont responsables pour une part, de l&rsquo;appr&eacute;ciation port&eacute;e sur l&rsquo;activit&eacute;. Celle-ci d&eacute;pend, pour les francophones L1, des repr&eacute;sentations qu&rsquo;ils ont des genres, qui peuvent conduire certains &eacute;tudiants &agrave; repousser dictionnaires, ha&iuml;kus ou mots de la francophonie. Certains &eacute;tudiants francophones L1 disent avoir chang&eacute; d&rsquo;avis apr&egrave;s l&rsquo;atelier (Ha&iuml;kus), ce qui va dans le sens d&rsquo;une possible &laquo;&nbsp;r&eacute;conciliation&nbsp;&raquo; avec l&rsquo;&eacute;criture. Reste que les notions &laquo;&nbsp;d&rsquo;inspiration&nbsp;&raquo; de &laquo;&nbsp;libert&eacute;&nbsp;&raquo; sont assez souvent &eacute;voqu&eacute;es positivement comme motivations &agrave; l&rsquo;&eacute;criture (ateliers &laquo;&nbsp;pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s&nbsp;&raquo;). Il nous semble que, pour expliquer ces propos, on ne puisse faire abstraction de l&rsquo;influence de la conception traditionnelle (et d&eacute;su&egrave;te) de l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire, encore pr&eacute;gnante dans les cursus de lettres. Toutefois, les r&eacute;ponses apport&eacute;es &agrave; la question du rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;criture hors cadre universitaire proposent d&rsquo;autres pistes explicatives.</span></span></p> <h2 class="western"><font color="#000000"><font face="Liberation Serif, sans-serif">1 3 &Eacute;crire</font></font> seul pour &laquo; se lib&eacute;rer &raquo;</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">A la question : &laquo; comment avez-vous pr&eacute;f&eacute;r&eacute; &eacute;crire : seul, en groupe, quel type de groupe ? &raquo; 14 &eacute;tudiants (60%) d&eacute;clarent aimer les deux, avec des variations dans l&rsquo;articulation entre les modalit&eacute;s. D&rsquo;autre part, il y a presque autant d&rsquo;&eacute;tudiants qui disent n&rsquo;aimer &eacute;crire qu&rsquo;en groupe (4) que d&eacute;clarant pr&eacute;f&eacute;rer &eacute;crire seuls (5). Les &eacute;tudiants &eacute;trangers sont &agrave; peu pr&egrave;s &eacute;galement r&eacute;partis dans les trois profils. <font color="#000000"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">&Eacute;crire</font></font></font></font> seul reste, cela n&rsquo;a rien de surprenant, plus adapt&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;criture personnelle : cela permet &laquo; d&rsquo;&ecirc;tre centr&eacute; sur ses pens&eacute;es &raquo;, de &laquo; se lib&eacute;rer &raquo;, de pratiquer une &eacute;criture &laquo; personnelle &raquo; (3 occurrences), &laquo; intime &raquo;. Ces r&eacute;ponses s&rsquo;&eacute;clairent lorsque l&rsquo;on consid&egrave;re les pratiques d&rsquo;&eacute;criture non universitaire. En effet, plus de 80 % des &eacute;tudiants d&eacute;clarent &eacute;crire &laquo; en dehors des situations institutionnelles &raquo; (question 4), et sur ces derniers, la quasi totalit&eacute; &eacute;crit &laquo; dans un cadre personnel &raquo;, tient &laquo; un journal &raquo; (6 occurrences), qu&rsquo;il soit &laquo; intime &raquo; (2 occurrences), &laquo;de bord &raquo;, &laquo; &eacute;rasmus &raquo; ou &laquo; de r&ecirc;ves &raquo;. Certains &eacute;tudiants expliquent la fonction de cette &eacute;criture : &laquo; quand j&rsquo;ai besoin d&rsquo;&eacute;vacuer des id&eacute;es qui me tracassent ou que j&rsquo;ai besoin de &laquo; verbaliser &raquo; (Q2), &laquo; il m&rsquo;arrive de vider mon coeur sur une feuille &raquo; (Q5), &laquo; cela me sert de d&eacute;fouloir de mettre par &eacute;crit une id&eacute;e pour me la sortir de la t&ecirc;te. &raquo; (Q13), &laquo; j&rsquo;aime poser mes id&eacute;es par &eacute;crit quand j&rsquo;ai la t&ecirc;te &laquo; trop pleine &raquo; cela me lib&egrave;re et me d&eacute;tend &raquo; (Q14), &laquo;pour me lib&eacute;rer l&rsquo;esprit&raquo; (Q16). Ces formulations tr&egrave;s parlantes soulignent une fonction presque th&eacute;rapeutique de l&rsquo;&eacute;criture, telle qu&rsquo;elle a &eacute;t&eacute; th&eacute;oris&eacute;e par J. W. Pennebaker au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000. Ce professeur de psychologie am&eacute;ricain a men&eacute; des recherches d&eacute;montrant que la pratique r&eacute;guli&egrave;re de ce qu&rsquo;il nomme &laquo; l&rsquo;&eacute;criture expressive &raquo;, aidait &agrave; comprendre et &agrave; n&eacute;gocier les &eacute;v&eacute;nements perturbants de l&rsquo;existence, et avait des effet b&eacute;n&eacute;fiques et mesurables sur le stress et la sant&eacute; (Pennebaker, 1997).</span></span></p> <p align="justify"><span style="font-weight:normal"><span style="line-height:107%"><span style="background:transparent">La forme cit&eacute;e par les &eacute;tudiants (&laquo; journal &raquo; ou &laquo; r&eacute;cit court &raquo;) semble secondaire par rapport au b&eacute;n&eacute;fice attendu de cette pratique, consistant &agrave; &eacute;vacuer une difficult&eacute; en la formulant par &eacute;crit. Nous faisons l&rsquo;hypoth&egrave;se que la pratique de l&rsquo;&eacute;criture personnelle, &agrave; vis&eacute;e &laquo;&nbsp;lib&eacute;ratrice&nbsp;&raquo; pourrait influencer, pour certains &eacute;tudiants, l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;ils se font du fonctionnement des ateliers d&rsquo;&eacute;criture. Ces remarques concernent majoritairement les &eacute;tudiants francophones L1, pour qui &eacute;crire est &laquo;&nbsp;facile&nbsp;&raquo;. Mais qu&rsquo;en est-il des &eacute;tudiants allophones&nbsp;?</span></span></span></p> <h2 class="western">1 4 <font color="#000000"><font face="Liberation Serif, serif">&Eacute;crire</font></font> : facile ou difficile ?</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Trois groupes &eacute;quilibr&eacute;s se sont constitu&eacute;s en r&eacute;ponse &agrave; cette question. Pour 8 &eacute;tudiants francophones L1, &eacute;crire &eacute;tait facile, pour des raisons vari&eacute;es, relatives &agrave; leur go&ucirc;t pour cette pratique ou aux situations d&rsquo;&eacute;criture propos&eacute;es dans les ateliers. Cette fois, les &eacute;tudiants allophones repr&eacute;sentent la majorit&eacute; de r&eacute;pondants (5 sur 8). Pour les francophones L1, les difficult&eacute;s tiennent &agrave; la &laquo; mise en route &raquo; ou &agrave; l&rsquo;horaire matinal<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>9</sup></a>, et peuvent &ecirc;tre lev&eacute;es facilement. Pour les &eacute;tudiants allophones la situation est plus complexe. Les difficult&eacute;s peuvent &ecirc;tre d&rsquo;abord de type linguistique. Une &eacute;tudiante chinoise indique qu&rsquo; &laquo; en tant qu&rsquo;&eacute;tudiante allophone, &eacute;crire n&rsquo;est pas facile pour [elle]. Mais c&rsquo;est plus facile par rapport &agrave; parler fran&ccedil;ais. &raquo;. Le commentaire de l&rsquo;&eacute;tudiant iranien va dans le m&ecirc;me sens : &laquo; C&rsquo;est toujours difficile de r&eacute;fl&eacute;chir et essayer de chercher des mots surtout quand on est &eacute;tranger et le fran&ccedil;ais ce n&rsquo;est pas notre langue maternelle. &raquo; Cependant, deux autres &eacute;tudiantes chinoises t&eacute;moignent de difficult&eacute;s d&rsquo;un autre niveau. &laquo; <font color="#000000"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">&Eacute;crire</font></font></font></font> n&rsquo;est pas difficile &raquo;, affirme l&rsquo;une d&rsquo;elles, &laquo; mais &eacute;crire bien est vraiment difficile &raquo;. Son commentaire indique clairement la nature de ces difficult&eacute;s :</span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><br /> &nbsp;</p> <p align="justify" style="margin-left:47px; margin-right:7px; text-indent:-0.02cm; margin-bottom:19px"><span style="line-height:106%"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:transparent">Mais &eacute;crire bien &ccedil;a veut dire qu&rsquo;il faut &eacute;crire de la mani&egrave;re de la culture de l&rsquo;&eacute;crit de cette langue, surtout pour des r&eacute;dactions un peu litt&eacute;raires qui poss&egrave;dent souvent des phrases implicites relatives &agrave; la culture (Q8).</span></font></font></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Q9 fait &eacute;tat de la m&ecirc;me opposition entre facilit&eacute; : &laquo; c&rsquo;est facile d&rsquo;&eacute;crire quand je veux m&rsquo;exprimer &raquo;, et difficult&eacute; : &laquo; Mais c&rsquo;est difficile &agrave; &eacute;crire une dissertation ou un commentaire. &raquo; Ces deux constats pointent les genres acad&eacute;miques li&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;valuation, qui sont d&eacute;sign&eacute;s comme probl&eacute;matiques, une fois les difficult&eacute;s du premier niveau lev&eacute;es (Cornaire, 1997, Allouche et Maurer, 2010). La derni&egrave;re cat&eacute;gorie, les &eacute;tudiants qui jugent l&rsquo;&eacute;criture &laquo; difficile &raquo; , corrobore ces &eacute;l&eacute;ments. Les &eacute;tudiants &eacute;trangers &eacute;voquent des raisons li&eacute;es &agrave; la langue, &agrave; la difficult&eacute; d&rsquo;&eacute;crire en temps limit&eacute; dans le cadre d&rsquo; &laquo; une activit&eacute; inconnue &raquo; ou sur des &laquo; th&egrave;mes que l&rsquo;on ne maitrise pas &raquo;. </span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Cette question fait donc appara&icirc;tre de fa&ccedil;on saillante les diff&eacute;rences de positions entre scripteurs en langue premi&egrave;re et &eacute;trang&egrave;re. Ces diff&eacute;rences, qui n&rsquo;ont rien de surprenant en soi, restent assez souvent tues dans le cursus de master, alors m&ecirc;me qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un probl&egrave;me majeur pour les &eacute;tudiants allophones, d&eacute;terminant au moment des &eacute;valuations &eacute;crites. Lorsque nous avons questionn&eacute; les &eacute;tudiantes chinoises qui nous parlaient de leurs difficult&eacute;s pendant les examens (&laquo; un moment horrible &raquo;), sur le fait que les ateliers n&rsquo;avaient pas le pouvoir de les rendre plus agr&eacute;ables, nous avons eu la r&eacute;ponse suivante : &laquo; les ateliers m&rsquo;ont aid&eacute;e dans le sens de bien aimer l&rsquo;&eacute;crire parce c&rsquo;est vraiment int&eacute;ressant &raquo; (E9, 38&rsquo;). La fonction &laquo; r&eacute;paratrice &raquo;, assez classique des ateliers d&rsquo;&eacute;criture en France (Rossignol, 1996) se retrouve d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on dans le propos de cette &eacute;tudiante chinoise. L&rsquo;insistance de ces &eacute;tudiantes sur les probl&egrave;mes li&eacute;s &agrave; la &laquo; motivation &raquo; pour &eacute;crire dans les cours qu&rsquo;elles ont suivis en Chine n&rsquo;est pas &eacute;trang&egrave;re &agrave; cette position. Parall&egrave;lement, les commentaires des &eacute;tudiants allophones au sujet des ateliers pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s portent de mani&egrave;re plus appuy&eacute;e que chez les &eacute;tudiants francophones L1, sur une possible transposition didactique en classe de FLE des activit&eacute;s pr&eacute;sent&eacute;es en ateliers. Int&eacute;ressons-nous &agrave; pr&eacute;sent au point de vue de l&rsquo;ensemble des enqu&ecirc;t&eacute;s sur l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de cette pratique.</span></span></p> <h2 class="western">1 5 Utilit&eacute; des ateliers en didactique du FLE</h2> <p align="justify" style="margin-bottom:20px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Pour r&eacute;pondre &agrave; la question de l&rsquo;utilit&eacute; des ateliers d&rsquo;&eacute;criture en didactique du FLE, plus de la moiti&eacute; des &eacute;tudiants, &eacute;voque le fait de travailler l&rsquo;&eacute;crit, la langue, dans une &laquo; autre &raquo; perspective. Les termes utilis&eacute;s dans les r&eacute;ponses pr&eacute;cisent en creux cette perspective : &laquo; sous un autre angle que fonctionnel &raquo; (Q2), &laquo; de nouvelles fa&ccedil;ons d&rsquo;apprendre &raquo; (Q7), &laquo; plus int&eacute;ressant que les classes traditionnelles pour enseigner l&rsquo;&eacute;crit &raquo; (Q9), &laquo; on a moins l&rsquo;impression de travailler alors que l&rsquo;on travaille bel et bien &raquo; (Q15). Le d&eacute;sir d&rsquo;un cadre plus horizontal, moins p&eacute;nible (on note le sens presque &eacute;tymologique de &laquo; travailler &raquo;), et dans lequel l&rsquo;apprenant est plus actif s&rsquo;exprime clairement. Les termes &laquo; jeu &raquo;, &laquo; ludique &raquo;, &laquo; motivation &raquo; reviennent &agrave; plusieurs reprises, parfois en opposition &agrave; &laquo; scolaire &raquo; : &laquo; &eacute;crire en atelier permet de travailler de fa&ccedil;on ludique et moins scolaire &raquo; (Q17). Les cinq &eacute;tudiantes chinoises insistent sur ce point qui leur para&icirc;t important, certainement au regard de leur parcours ant&eacute;rieur :</span></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:20px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">E<font size="2"><font style="font-size: 10pt">n Chine, c&rsquo;est souvent les enseignants </font></font><font size="2"><font style="font-size: 10pt">qui donnent des images ou un sujet. En effet, cela ne donne pas assez de motivation aux apprenants pour &eacute;crire. (Q8)</font></font></span></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:17px"><span style="line-height:106%"><span style="background:transparent"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">Parce que dans la plupart des cas, &eacute;crire est un travail p&eacute;nible pour les apprenants, il n&rsquo;est pas int&eacute;ressant. Mais quand on fait un atelier, c&rsquo;est plut&ocirc;t un jeu d&rsquo;&eacute;criture pour eux. Cela leur donne envie d&rsquo;apprendre le fran&ccedil;ais</font></font><font size="2"><font style="font-size: 10pt">. (Q21)</font></font></span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:-0.32cm"><span style="line-height:107%"><span style="background:transparent">Ces constats sont d&rsquo;autant plus int&eacute;ressants qu&rsquo;ils &eacute;manent d&rsquo;&eacute;tudiants qui ont v&eacute;cu, et vivent encore la position d&rsquo;apprenant de FLE. Ils plaident pour une approche de l&rsquo;&eacute;crit plus en phase avec la r&eacute;alit&eacute; et les d&eacute;sirs des apprenants, un constat qui n&rsquo;a rien de nouveau, mais qui reste d&rsquo;actualit&eacute;. O. Hidden, dans un des rares ouvrages r&eacute;cents consacr&eacute;s &agrave; la didactique de l&rsquo;&eacute;crit en FLE, parle de &laquo; nouveaux besoins en &eacute;crit &raquo; (2014 : 23), et pr&eacute;conise, en accord avec la perspective actionnelle, d&rsquo;int&eacute;grer l&rsquo;&eacute;crit dans des projets p&eacute;dagogiques. Ces derniers sont en effet susceptibles de placer l&rsquo;&eacute;tudiant en position &laquo; d&rsquo;acteur social &raquo;, &agrave; qui l&rsquo;on demande de r&eacute;aliser des &laquo; t&acirc;ches complexes exigeant l&rsquo;articulation des diff&eacute;rents modes de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re. &raquo; Les commentaires des &eacute;tudiants corroborent cette position. En effet, une majorit&eacute; d&rsquo;enqu&ecirc;t&eacute;s (17/23) s&rsquo;accorde pour dire que le fait d&rsquo;avoir pu &ecirc;tre acteurs lors des ateliers reste essentiel : &laquo; c&rsquo;&eacute;tait le meilleur cours du semestre surtout parce que c&rsquo;est de la pratique &raquo; &eacute;crit Q4, tandis que Q22 r&eacute;p&egrave;te &laquo; encore une fois, j&rsquo;ai appr&eacute;ci&eacute; &ecirc;tre dans la pratique et non plus dans la th&eacute;orie. &raquo; Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, les &eacute;tudiants ont massivement investi la place de l&rsquo;enseignant pour analyser l&rsquo;activit&eacute;, dans leurs r&eacute;ponses aux deux questions qui n&rsquo;impliquaient pas ce positionnement. Ils soulignent des apports au niveau de l&rsquo;exp&eacute;rience pratique de l&rsquo;animation (&laquo; la gestion du temps et du d&eacute;roulement &raquo;), de l&rsquo;organisation (&laquo; animer un atelier d&rsquo;&eacute;criture au regard d&rsquo;objectifs &raquo;, &laquo; comment adapter au mieux un atelier d&rsquo;&eacute;criture &agrave; un public d&rsquo;apprenants en FLE &raquo;), et plus largement de l&rsquo;&eacute;ventail des possibilit&eacute;s d&rsquo;&eacute;criture (&laquo; des nouveaux th&egrave;mes d&rsquo;&eacute;criture et des nouvelles fa&ccedil;ons d&rsquo;&eacute;crire &raquo;, &laquo; l&rsquo;envie d&rsquo;&eacute;crire et d&rsquo;exp&eacute;rimenter plus avec la langue &raquo;). La question 11 : &laquo; auriez-vous envie d&rsquo;animer un atelier dans le cadre de votre enseignement du FLE? &raquo; vient confirmer ce constat avec 23 r&eacute;ponses positives soit la totalit&eacute; des enqu&ecirc;t&eacute;s. Q3, lors de l&rsquo;entretien, indique que c&rsquo;est la premi&egrave;re fois depuis le d&eacute;but de la formation qu&rsquo;elle a eu la possibilit&eacute; d&rsquo;investir le r&ocirc;le de l&rsquo;enseignant. Cette opportunit&eacute; a &eacute;t&eacute; appr&eacute;ci&eacute;e en particulier des &eacute;tudiants en formation initiale, sans exp&eacute;rience de l&rsquo;enseignement. Le travail entre pairs, outre qu&rsquo;il offre une situation de premi&egrave;re exp&eacute;rience d&rsquo;animation confortable, permet &eacute;galement d&rsquo;alterner les postures, et plusieurs &eacute;tudiants &eacute;voquent l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de prendre le r&ocirc;le de l&rsquo;apprenant, pour comprendre ses difficult&eacute;s ou blocages. Q2, parle d&rsquo;une &laquo; r&eacute;flexivit&eacute; imm&eacute;diate tr&egrave;s int&eacute;ressante &raquo;, puisque &laquo; &ecirc;tre participant a permis une observation impliqu&eacute;e de pratiques diff&eacute;rentes &agrave; confronter &agrave; ses propres conceptions &raquo;. La position d&rsquo;apprenant prend un int&eacute;r&ecirc;t plus sp&eacute;cifique dans le cas des &eacute;tudiants allophones. Deux d&rsquo;entre eux reconnaissent que les ateliers les ont aid&eacute;s &agrave; &eacute;crire, chose que Q4 affirme ne pas aimer faire. Q10, l&rsquo;&eacute;tudiant iranien d&eacute;clare quant &agrave; lui, avoir &laquo; beaucoup progress&eacute; en r&eacute;daction &raquo;, une chose qu&rsquo;il a remarqu&eacute;e lors des examens finaux. Nous retrouvons l&rsquo;id&eacute;e, d&eacute;j&agrave; exprim&eacute;e par une &eacute;tudiante chinoise, du b&eacute;n&eacute;fice indirect de l&rsquo;&eacute;criture en atelier &agrave; des situations d&rsquo;&eacute;criture plus institutionnelles. </span></span></p> <h1 align="justify" class="western"><span style="background:transparent">2 1 &Eacute;crire en ateliers b&eacute;n&eacute;fices additionnels </span></h1> <h2 class="western">2 1 <font color="#000000"><font face="Liberation Serif, sans-serif"><b>&Eacute;crire</b></font></font> en groupe pour &laquo; &eacute;changer &raquo;</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Nous avons vu que le fait d&rsquo;avoir d&ucirc; &eacute;crire en groupe a &eacute;t&eacute; fortement soulign&eacute; comme aspect positif d&rsquo;un atelier pourtant jug&eacute; difficile (&laquo;&nbsp;les 10 mots de la francophonie&nbsp;&raquo;). A la question&nbsp;: &laquo; comment avez-vous pr&eacute;f&eacute;r&eacute; &eacute;crire&nbsp;&raquo;&nbsp;, 16 &eacute;tudiants commentent de mani&egrave;re favorable l&rsquo;&eacute;criture en groupe. Si la plupart des commentaires reprennent le verbe propos&eacute; dans la question, certains disent avoir &laquo; beaucoup aim&eacute; &raquo;, voire &laquo; ador&eacute; le rendu final de [leurs] po&egrave;mes &raquo;. L&rsquo;&eacute;tudiant iranien affirme qu&rsquo;il &laquo; s&rsquo;est bien passionn&eacute; pour &eacute;crire en groupe, pendant cette ann&eacute;e en France et surtout pendant ce cours &raquo;, pourtant, pr&eacute;cise-t-il &laquo; je ne pensais pas que j&rsquo;aimais &eacute;crire en groupe &raquo;. R&eacute;pondant &agrave; la question portant sur l&rsquo;utilit&eacute; des ateliers d&rsquo;&eacute;criture en didactique du FLE, les &eacute;tudiants, de m&ecirc;me, r&eacute;pondent<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>10</sup></a> en &eacute;voquant &laquo; l&rsquo;&eacute;criture en commun &raquo;, &laquo; l&rsquo;&eacute;criture collaborative &raquo; qui permet &laquo; des &eacute;changes constructifs entre apprenants &raquo;, &laquo; de progresser avec ses pairs &raquo;. Les qualificatifs &laquo; agr&eacute;able &raquo;, &laquo; plus amusant &raquo;, &laquo; b&eacute;n&eacute;fique &raquo;, &laquo; plus int&eacute;ressant &raquo; apparaissent. Toutefois, l&rsquo;argument le plus fr&eacute;quent est le fait de pouvoir &laquo; &eacute;changer &raquo; dans le cadre du groupe. &laquo; C&rsquo;est une bonne fa&ccedil;on de collaborer &raquo; affirme Q2. Comment cette collaboration se d&eacute;roule-t-elle concr&egrave;tement ?</span></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:17px"><span style="line-height:106%"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:transparent">pour les ateliers plus compliqu&eacute;s comme ceux sur les mots de la francophonie, travailler en groupe a &eacute;t&eacute; b&eacute;n&eacute;fique, les id&eacute;es &eacute;mergent bien plus rapidement et se compl&egrave;tent la plupart du temps.</span></font></font> <font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:transparent">(Q22) </span></font></font></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">De l&rsquo;&eacute;change naissent plus d&rsquo;id&eacute;es, ce qui stimule le travail de planification, puis d&rsquo;&eacute;criture. Pour le formuler simplement, on r&eacute;fl&eacute;chit mieux &agrave; plusieurs, c&rsquo;est ce que sugg&egrave;re ce commentaire de Q19 : &laquo; j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; impressionn&eacute;e de la qualit&eacute; de notre production collective (bien plus que l&rsquo;addition de productions individuelles) lors de l&rsquo;atelier sur la francophonie &raquo;. Les &eacute;tudiantes chinoises disent en entretien avoir particuli&egrave;rement appr&eacute;ci&eacute; le fait d&rsquo;&eacute;crire en groupe, sur le fonctionnement suivant : tandis qu&rsquo;elles expliquaient leurs id&eacute;es, une &eacute;tudiante francophone L1 tenait la plume, et &laquo; construisait des phrases plus jolies &raquo; (26&rsquo;). Le proc&eacute;d&eacute; permet de contourner les difficult&eacute;s inh&eacute;rentes &agrave; la r&eacute;daction en temps limit&eacute;, dans un genre peut-&ecirc;tre mal connu, tout en favorisant une valorisation de chacun dans un r&ocirc;le confortable. Ces constats sont &agrave; rapprocher de ceux de M.-T. De Gaulmyn (1992) dans l&rsquo;exp&eacute;rience &laquo; d&rsquo;&eacute;criture assist&eacute;e &raquo;, au cours de laquelle deux &eacute;tudiants doivent co-r&eacute;diger un texte court, dans un genre pr&eacute;d&eacute;fini : &laquo; Le natif apporte au non-natif un point de vue ext&eacute;rieur et instille peu &agrave; peu des normes d&rsquo;&eacute;valuation que l&rsquo;apprenant peut faire siennes. &raquo; </span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Ces &eacute;l&eacute;ments militent pour une composition mixte des groupes de participants &agrave; l&rsquo;atelier, &agrave; l&rsquo;instar des groupes d&rsquo;animation. La seconde partie de la question : &laquo; quel type de groupe ?&nbsp;&raquo; pouvait justement ouvrir sur ce point sp&eacute;cifique de la mixit&eacute; des groupes, mais seuls trois &eacute;tudiants, dont les deux &eacute;tudiantes chinoises dont nous venons de parler l&rsquo;ont &eacute;voqu&eacute;. Le terme &laquo; mixte &raquo;, n&rsquo;a &eacute;t&eacute; utilis&eacute; qu&rsquo;une seule fois, par l&rsquo;enseignante en reprise d&rsquo;&eacute;tudes. Les autres r&eacute;ponses relatives au &laquo; type de groupe &raquo; (7 &eacute;tudiants) ne d&eacute;gagent pas de tendance majoritaire : certains pr&eacute;f&egrave;rent les bin&ocirc;mes et pensent &laquo; qu&rsquo;au-del&agrave; c&rsquo;&eacute;tait assez compliqu&eacute; &raquo;. D&rsquo;autres au contraire, disent appr&eacute;cier les &laquo; grands groupes de cinq personnes &raquo;, voire les groupes &laquo; d&rsquo;au moins trois personnes &raquo;, ou encore l&rsquo;ensemble des configurations. Il semble que ce qui compte, soit la possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;changer, de chercher et de travailler ensemble. Les b&eacute;n&eacute;fices d&rsquo;une telle pratique sont en effet multiples, comme l&rsquo;expliquent &eacute;galement Coubard et Gamory (2003 : 470) qui l&rsquo;ont amen&eacute;e en r&eacute;ponse aux probl&egrave;mes rencontr&eacute;s par des &eacute;tudiants de FLE de diff&eacute;rents niveaux. L&rsquo;&eacute;criture en groupe permet de v&eacute;rifier la compr&eacute;hension de la consigne, &laquo; de produire dans une langue plus riche et plus vari&eacute;e un &eacute;crit plus construit et plus r&eacute;fl&eacute;chi &raquo;. C&rsquo;est aussi le moment d&rsquo;un enrichissement mutuel et linguistique du fait des corrections mutuelles. Plus globalement, expliquent-elles, &laquo; le travail de groupe aide &agrave; se sentir en s&eacute;curit&eacute;, car on y a la possibilit&eacute; de partager et se reposer sur l&rsquo;autre ou les autres. &raquo; Cette derni&egrave;re remarque, ici formul&eacute;e dans le cadre d&rsquo;une situation d&rsquo;&eacute;crit, s&rsquo;applique &eacute;galement aux groupes d&rsquo;&eacute;tudiants charg&eacute;s de l&rsquo;animation des ateliers. Pour la pr&eacute;sente ann&eacute;e, nous avons pris le parti de laisser les &eacute;tudiants s&rsquo;organiser librement, et avons constat&eacute; que deux types de groupes se constituaient. Les uns comprenant une &eacute;tudiante francophone L1 jouant un peu le r&ocirc;le de chef de file, emmenaient deux (ou trois) &eacute;tudiants allophones dans un projet souvent propos&eacute; par elle (&laquo; Haikus &raquo;, &laquo; le jeu du dictionnaire &raquo;, &laquo; A la mani&egrave;re de P&eacute;rec &raquo;, &laquo; Les 10 mots de la francophonie &raquo;). Le second type (&laquo; Les cinq sens &raquo;, &laquo; <font color="#000000"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">&Eacute;crire</font></font></font></font> en musique &raquo;) ne comprenait que des &eacute;tudiantes francophones L1. Cette organisation a &eacute;t&eacute; comment&eacute;e en termes d&rsquo;in&eacute;quit&eacute; dans deux des questionnaires (rubrique &laquo; remarques libres &raquo;). Ceci renforce &agrave; nos yeux l&rsquo;importance de la composition mixte (allophones / francophones) des groupes, qui nous appara&icirc;t comme un point nodal, dont l&rsquo;importance reste encore parfois &agrave; expliciter aux futurs enseignants francophones L1 de FLE. </span></span></p> <h2 class="western">2 2 Le moment de la lecture</h2> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">La derni&egrave;re &eacute;tape de l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture, l&rsquo;oralisation des textes, ou &laquo; partage &raquo;, joue un r&ocirc;le sp&eacute;cifique et complexe dans l&rsquo;&eacute;conomie de cette activit&eacute;. Comme le rappelle A. Andr&eacute; dans son ouvrage <i>Babel heureuse</i> (1989 : 67) la socialisation des &eacute;crits &laquo; est essentielle, parce qu&rsquo;on &eacute;crit pour &ecirc;tre lu &raquo;. Il s&rsquo;agit, pour chacun, de d&eacute;voiler sa production, de prendre connaissance de celle des autres participants, de recevoir leurs r&eacute;actions, et les commentaires de l&rsquo;animateur. L&rsquo;organisation des ateliers dans le cadre du master, sur six semaines cons&eacute;cutives, avec une animation conduite par un groupe diff&eacute;rent &agrave; chaque s&eacute;ance ne permet pas le retravail des productions, ce qui constitue sinon une limite de l&rsquo;activit&eacute;, du moins une orientation marqu&eacute;e vers d&rsquo;autres apports que ceux visant la formation &agrave; l&rsquo;&eacute;criture de cr&eacute;ation. En questionnant les &eacute;tudiants sur leur ressenti au moment du partage, nous avons obtenu des r&eacute;ponses d&eacute;passant le &laquo; th&eacute;rapeutique &raquo;, ou &laquo; la demande de r&eacute;assurance narcissique &raquo; signal&eacute;es comme &eacute;cueils potentiels par A. Andr&eacute; (1989 : 95). La moiti&eacute; des &eacute;tudiants utilise des termes affectifs positifs explicites dans leurs r&eacute;ponses : &laquo; j&rsquo;ai ador&eacute; &raquo;, &laquo; j&rsquo;aime bien &raquo;, &laquo; c&rsquo;est un ressenti que j&rsquo;aime avoir &raquo;, &laquo; j&rsquo;ai appr&eacute;ci&eacute; &raquo;, &laquo; j&rsquo;ai ressenti une certaine joie (&hellip;) c&rsquo;&eacute;tait une exp&eacute;rience enthousiasmante &raquo;, &laquo; je trouve le moment excellent &raquo;, &laquo; c&rsquo;&eacute;tait tr&egrave;s agr&eacute;able &raquo;. Certaines &eacute;motions positives plus sp&eacute;cifiques s&rsquo;expriment : &laquo; j&rsquo;ai ressenti une sorte d&rsquo;union &raquo;, &laquo; de l&rsquo;admiration &raquo;, &laquo; de la gratitude &raquo;. Ces &eacute;motions positives concernent explicitement le moment de la lecture des textes des autres : &laquo; j&rsquo;ai ador&eacute; entendre les textes des autres &raquo;, &laquo; j&rsquo;aime bien &eacute;couter les productions des autres &raquo;, ou l&rsquo;implication collective : &laquo; j&rsquo;ai eu un r&eacute;el plaisir &agrave; constater que tout le monde jouait le jeu &raquo;, &laquo; c&rsquo;&eacute;tait bon de voir les participants impliqu&eacute;s de la sorte &raquo;.</span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">En revanche, les &eacute;motions n&eacute;gatives, exprim&eacute;es par trois &eacute;tudiantes, sont associ&eacute;es &agrave; la lecture de son propre texte. Q1 &eacute;crit avoir ressenti &laquo; de la g&ecirc;ne jusqu&rsquo;&agrave; la peur &raquo;, Q 2 explique que &laquo; parfois au moment de lire son texte, on est &agrave; la fois assez fier et tr&egrave;s vuln&eacute;rable, car on donne &agrave; entendre de soi &raquo;. Q 23 &laquo; avoue qu&rsquo;[elle] n&rsquo;aurait pr&eacute;f&eacute;r&eacute; ne pas avoir &agrave; lire devant tout le monde &raquo;. Revenant sur ce sentiment n&eacute;gatif pendant l&rsquo;entretien, Q1 raconte avoir d&eacute;couvert cette peur de se d&eacute;voiler devant &laquo; d&rsquo;autres &raquo;, auxquels, elle n&rsquo;est pourtant pas li&eacute;e. C&rsquo;est, in fine, l&rsquo;expression en &laquo; je &raquo; qui, paradoxalement, la bloque. En effet, sa formation litt&eacute;raire initiale (elle a d&eacute;but&eacute; un doctorat de lettres modernes) se traduit dans l&rsquo;&eacute;criture extra-universitaire de textes appartenant &agrave; de nombreux genres diff&eacute;rents. La distance introduite par une forme litt&eacute;raire (&agrave; l&rsquo;occasion d&rsquo;un retravail du premier jet) aurait peut-&ecirc;tre permis de surmonter l&rsquo;appr&eacute;hension. Le terme &laquo; &eacute;motions &raquo; appara&icirc;t encore dans les r&eacute;ponses de cinq autres enqu&ecirc;t&eacute;s, de mani&egrave;re non axiologis&eacute;e. Par exemple chez Q2, qui d&eacute;crit d&rsquo;une mani&egrave;re imag&eacute;e :</span></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:19px"><span style="line-height:106%"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:transparent">Beaucoup d&rsquo;&eacute;motions ! Jusqu&rsquo;&agrave; quelques serrements de gorge et autres picotements dans l&rsquo;&eacute;pine dorsale parfois quand les textes d&eacute;voilaient &agrave; demi-mots des pens&eacute;es et des sentiments intimes.</span></font></font></span></p> <p align="justify" style="margin-left:47px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">La r&eacute;ponse de Q3 explique de mani&egrave;re un peu distanci&eacute;e cette circulation des &eacute;motions :</span></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:19px"><span style="line-height:106%"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:transparent">Beaucoup d&rsquo;&eacute;motion partag&eacute;e. Nous avons appris &agrave; &eacute;couter nos camarades mais surtout &agrave; comprendre comment chacun ressent les choses. J&rsquo;ai eu l&rsquo;impression d&rsquo;apprendre davantage sur la mani&egrave;re de penser de mes coll&egrave;gues.</span></font></font></span></p> <h2 class="western">2 3 Partager les &eacute;motions</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">La lecture partag&eacute;e permet un acc&egrave;s au ressenti de l&rsquo;autre qui suscite des r&eacute;actions d&eacute;crites sur plusieurs registres compl&eacute;mentaires. Le premier donne la primaut&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;motion, voire &agrave; sa traduction corporelle, le propos de Q2 en t&eacute;moigne. Le second se dit en terme plus distanci&eacute;s : &laquo; comprendre &raquo;, &laquo; apprendre &raquo;, &laquo; d&eacute;couvrir &raquo;. Trois &eacute;tudiantes chinoises expriment cet int&eacute;r&ecirc;t pris &agrave; l&rsquo;autre de cette fa&ccedil;on : &laquo; on peut conna&icirc;tre les autres &agrave; travers leurs &eacute;crits &raquo; (Q9), &laquo; j&rsquo;ai ressenti que chacun a sa propre id&eacute;e, et les id&eacute;es des autres sont une grande source d&rsquo;inspiration &raquo; (Q20), &laquo; la lecture des productions des autres m&rsquo;a donn&eacute; d&rsquo;autres pistes de pens&eacute;es &raquo; (Q21). Un troisi&egrave;me type de r&eacute;action, mettant fortement en jeu l&rsquo;imaginaire, est d&eacute;crit par quatre &eacute;tudiantes en termes d&rsquo;identification, de projection. &laquo; C&rsquo;est comme si j&rsquo;avais &eacute;t&eacute; propuls&eacute;e dans leur po&egrave;me et que je vivais la sc&egrave;ne &raquo;, &eacute;crit Q15, &laquo; ils pouvaient nous faire imaginer la sc&egrave;ne comme si nous y &eacute;tions. A ce moment on vit dans le monde de la personne on est transport&eacute; autre part &raquo; (Q16). </span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">&Eacute;couter le texte de l&rsquo;autre suscite donc des r&eacute;actions, plus ou moins fortes sur le plan &eacute;motionnel, qui t&eacute;moignent d&rsquo;un d&eacute;sir et d&rsquo;une capacit&eacute; &agrave; entrer en relation avec lui, et m&ecirc;me &agrave; s&rsquo;identifier &agrave; ce qui est racont&eacute;. Les travaux sur le partage social des &eacute;motions &eacute;clairent de fa&ccedil;on tr&egrave;s int&eacute;ressante ces propos d&rsquo;&eacute;tudiants. Rim&eacute; et Herbette, dans un article consacr&eacute; &agrave; l&rsquo;approche cognitive et sociale de l&rsquo;impact des &eacute;motion (2004, 69-84) constatent que &laquo; partager une &eacute;motion appara&icirc;t comme une opportunit&eacute; que les gens recherchent tr&egrave;s volontiers &raquo; et que &laquo; l&rsquo;on aurait de bonnes raison d&rsquo;adopter le principe selon lequel s&rsquo;ouvrir au partage de l&rsquo;&eacute;motion d&rsquo;autrui est un cadeau tr&egrave;s appr&eacute;ci&eacute;&nbsp;&raquo;. Que les &eacute;motions soient positives ou n&eacute;gatives (&agrave; l&rsquo;exception de la honte et de la culpabilit&eacute;), les &eacute;tudes rencens&eacute;es par ces auteurs montrent qu&rsquo;elles font l&rsquo;objet d&rsquo;un partage social dans plus de 90&nbsp;% des cas. Cependant, et &laquo; contrairement &agrave; la pens&eacute;e commune, parler ne permet pas de &laquo; d&eacute;charger&nbsp;&raquo; l&rsquo;&eacute;motion &raquo;. Pour les auteurs, le renforcement des liens sociaux est le b&eacute;n&eacute;fice essentiel du partage des &eacute;motions (2004 : 80). En effet, les exp&eacute;riences men&eacute;es dans les recherches montrent chez les auditeurs d&rsquo;un r&eacute;cit d&rsquo;&eacute;motion plusieurs r&eacute;actions. La premi&egrave;re est &laquo; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t manifest&eacute; pour le r&eacute;cit de l&rsquo;&eacute;pisode &eacute;motionnel &raquo;, puis on observe de &laquo; l&rsquo;empathie &raquo;, et enfin de &laquo; l&rsquo;attirance envers le locuteur &raquo;. Il nous semble que les r&eacute;actions d&eacute;crites par les &eacute;tudiants de master &agrave; la lecture des textes produits par leurs pairs en ateliers confirment ce constat : le partage des &eacute;motions &laquo; apporte une </span><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="background:transparent">contribution</span></font></font><span style="background:transparent"> pr&eacute;cieuse au maintien et au renforcement des relations interpersonnelles et de l&rsquo;int&eacute;gration sociale (2004 : 81). Interrog&eacute;s sur les apports de l&rsquo;exp&eacute;rience, (question 8) un tiers des &eacute;tudiants indique que l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture permet de &laquo; rencontrer &raquo;, de mieux conna&icirc;tre les autres, de renforcer les liens au sein du groupe. Q1, en entretien, revient sur l&rsquo;effet de l&rsquo;atelier sur le groupe :</span></span></p> <p align="justify" style="margin-left:47px; text-indent:-0.02cm; margin-bottom:21px"><span style="line-height:106%"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:transparent">&laquo;&nbsp;avant que ce soit dans le cadre d&rsquo;un cours, je pense que c&rsquo;est dans le cadre d&rsquo;un groupe, et si on arrive pas &agrave; atteindre un petit peu ce truc-l&agrave; d&rsquo;intime et de partage, le groupe, rapidement, il existe plus (&hellip;) avec les ateliers d&rsquo;&eacute;criture j&rsquo;ai l&rsquo;impression qu&rsquo;on se conna&icirc;t plus, et donc, dans la construction du groupe, tout ce que &ccedil;a permet c&rsquo;est finalement aussi important, et peut-&ecirc;tre tout le monde n&rsquo;&eacute;tait pas hyper enthousiaste sur la pratique de l&rsquo;atelier, mais je crois que cette impression de s&rsquo;&ecirc;tre plus rencontr&eacute;s, &ccedil;a, tout le monde l&rsquo;a (...) &raquo;</span></font></font></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:21px"><span style="background:transparent"><span style="line-height:106%"><span style="page-break-before:auto"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="background:transparent">Ce constat croise une r&eacute;flexion qui se d&eacute;veloppe dans un contexte de multiplication des formations &agrave; distance, dont les classes virtuelles sont une forme hybride. Si les contacts que l&rsquo;on peut nouer dans le groupe, les relations et les &eacute;changes n&rsquo;existent pas dans le cadre de l&rsquo;enseignement pr&eacute;sentiel, quelle peut alors &ecirc;tre sa v&eacute;ritable plus value par rapport &agrave; l&rsquo;enseignement &agrave; distance&nbsp;?</span></font></font></span></span></span></p> <h2 class="western">2 4 Qualit&eacute; des textes g&eacute;n&eacute;rant ces &eacute;motions</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Si l&rsquo;on examine &agrave; pr&eacute;sent les qualit&eacute;s des textes permettant ce contact les r&eacute;ponses s&rsquo;orientent dans deux directions. C&rsquo;est d&rsquo;abord l&rsquo;aspect &laquo; personnel &raquo;, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment, &laquo; intime &raquo; (le terme appara&icirc;t chez 5 &eacute;tudiants) des productions &eacute;crites qui est avanc&eacute;. On &laquo; donne &agrave; entendre de soi &raquo; dans &laquo; une esp&egrave;ce de mise &agrave; nu pudique (ou pas d&rsquo;ailleurs)&nbsp;&raquo; (Q 2) &laquo; chacun partage un petit bout de sa vie, de soi &raquo; (Q 22). Il nous para&icirc;t particuli&egrave;rement significatif que les deux &eacute;tudiantes qui se disaient insatisfaites de leurs textes justifient leur avis, en les jugeant insuffisants au regard de cette qualit&eacute; &laquo; d&rsquo;intimit&eacute; &raquo; ou &laquo; de teneur &eacute;motionnelle &raquo;. C&rsquo;est visiblement la qualit&eacute; d&rsquo;exp&eacute;rience personnelle qui suscite l&rsquo;&eacute;motion des auditeurs, et les cons&eacute;quences positives qui en d&eacute;coulent lors de l&rsquo;&eacute;coute. La seconde qualit&eacute; des productions &eacute;crites, &eacute;voqu&eacute;e par six &eacute;tudiants, concerne l&rsquo;esth&eacute;tique. Certains textes sont jug&eacute;s comme &eacute;tant &laquo; beaux &raquo; (3 occurrences), &laquo; bien &eacute;crits &raquo; (2 occurrences), &laquo; r&eacute;ussis &raquo;, &laquo; touchants &raquo;. Cette &laquo; beaut&eacute; &raquo; engendre l&rsquo;&eacute;motion, comme l&rsquo;&eacute;crit de fa&ccedil;on un peu myst&eacute;rieuse Q 19 : &laquo; Ma porte d&rsquo;entr&eacute;e vers le &laquo; Beau &raquo; et la Musique. Un attachement aux mots pour dire les &eacute;motions&hellip; Le besoin de les dire parfois non assum&eacute; dans d&rsquo;autres espaces... &raquo;</span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">La qualit&eacute; esth&eacute;tique des textes faisait partie des attendus de l&rsquo;activit&eacute;, et il est int&eacute;ressant de voir que les &eacute;tudiants lui associent en la soulignant fortement, la pr&eacute;sence et la n&eacute;cessit&eacute; des &eacute;motions dans les textes, un point absent de nos hypoth&egrave;ses. C&rsquo;&eacute;tait oublier que les &eacute;motions ont partie li&eacute;e au travail d&rsquo;&eacute;criture en atelier, et plus largement litt&eacute;raire. N. Voltz, parlant des ateliers exp&eacute;rimentaux en formation (2014 : 81) affirme que &laquo; la bonne proposition d&rsquo;&eacute;criture d&eacute;clenche de l&rsquo;&eacute;motion &raquo;. C&rsquo;est aussi ce que dit C&eacute;line<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>11</sup></a>, lorsqu&rsquo;il commente son travail de styliste : &laquo; Dans les &Eacute;critures on vous dit &laquo; Au d&eacute;but &eacute;tait le verbe &raquo;. Peut-&ecirc;tre. Non ! &Ccedil;a ne marche pas, au d&eacute;but &eacute;tait l&rsquo;&eacute;motion &raquo;. Les &eacute;motions sont le moteur, &laquo; le d&eacute;clencheur &raquo;, elles sont premi&egrave;res. Leur pr&eacute;sence dans les ateliers est non seulement souhaitable, elle est n&eacute;cessaire. Le cadre dans lequel ces &eacute;motions peuvent se dire a lui aussi son importance. Lorsqu&rsquo;il s&rsquo;est agi de commenter ce point, les &eacute;tudiants ont soulign&eacute; une a<span style="font-weight:normal">mbiance du cours, qualifi&eacute; de &laquo; conviviale &raquo;, &laquo; vraiment agr&eacute;able &raquo;, &laquo; calme et agr&eacute;able &raquo;, &laquo; tr&egrave;s respectueuse dans l&rsquo;&eacute;coute &raquo;. Les &eacute;l&eacute;ments participant de cette ambiance sont d&rsquo;abord le &laquo; travail de groupe &raquo;, ainsi que la disposition spatiale en ilots, puis les douceurs sucr&eacute;es apport&eacute;es par les &eacute;tudiants et partag&eacute;es &agrave; la pause. D&rsquo;autres &eacute;l&eacute;ments sont mentionn&eacute;s, &laquo; le rire &raquo;, &laquo; la complicit&eacute; du groupe &raquo;, le fait d&rsquo;&eacute;crire &laquo; sans stress &raquo;. Un climat de confiance au sein de l&rsquo;atelier reste une condition indispensable aux prises de risques des scripteurs, dont les textes seront lus. Le climat, l&rsquo;ambiance, constituent le cadre et en m&ecirc;me temps, dans un mouvement de r&eacute;ciprocit&eacute;, le produit du partage social des &eacute;motions, lequel, sans &ecirc;tre une finalit&eacute; directe de la pratique, en constitue, au dire des &eacute;tudiants, un &eacute;l&eacute;ment vraiment important, apr&egrave;s l&rsquo;apport que repr&eacute;sente l&rsquo;exp&eacute;rience de la pratique concr&egrave;te de l&rsquo;animation d&rsquo;un atelier</span></span></span></p> <h2 class="western">Conclusion</h2> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">La position d&rsquo;acteur, qu&rsquo;occupent ceux qui &eacute;crivent comme ceux qui animent l&rsquo;atelier, est soulign&eacute;e comme &eacute;tant b&eacute;n&eacute;fique sur de nombreux plans. Cette qualit&eacute;, si triviale qu&rsquo;elle puisse para&icirc;tre, demande dans le cadre d&rsquo;un cours universitaire, &agrave; l&rsquo;enseignant d&rsquo;accepter de ne plus &ecirc;tre au centre du cours, de laisser sa parole &agrave; d&rsquo;autres, et de se mettre, une fois le cadre pos&eacute;, en position d&rsquo;accompagnement de l&rsquo;exp&eacute;rience. Pouvoir occuper la place de l&rsquo;enseignant, ponctuellement, en tant que membre d&rsquo;un petit groupe d&rsquo;animateurs et dans un cadre s&eacute;curisant, reste l&rsquo;apport le plus important de l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;atelier selon nos enqu&ecirc;t&eacute;s. Mais il nous semble que la simulation que repr&eacute;sente l&rsquo;animation d&rsquo;un atelier d&rsquo;&eacute;criture par des &eacute;tudiants dans le cadre d&rsquo;un cours manquerait de conviction sans la pr&eacute;sence d&rsquo;autres apports. Le fait d&rsquo;&eacute;crire avec une vis&eacute;e non fonctionnelle, dans une ambiance d&eacute;tendue, et selon des propositions vari&eacute;es a &eacute;t&eacute; appr&eacute;ci&eacute; par les &eacute;tudiants, qui en ont soulign&eacute; le c&ocirc;t&eacute; stimulant. Plut&ocirc;t qu&rsquo;une entr&eacute;e dans l&rsquo;&eacute;crit par le genre, l&rsquo;enqu&ecirc;te montre que le d&eacute;clencheur joue un r&ocirc;le essentiel, et qu&rsquo;il doit pour fonctionner efficacement, stimuler une r&eacute;ponse &eacute;motionnelle, capable d&rsquo;entrainer le premier jet du texte. La question de la forme ne vient qu&rsquo;ensuite, pour prendre la premi&egrave;re place au moment du retravail du texte. Notre exp&eacute;rience, c&rsquo;est une de ses limites, n&rsquo;a pas permis de d&eacute;velopper cette &eacute;tape au cours de laquelle &laquo; la projection &eacute;motionnelle initiale [se r&eacute;oriente] vers la recherche des effets &agrave; produire et la prise en compte des contraintes propres au genre travaill&eacute; &raquo; (Houdart-Merot et Mongenot, 2013 : 26).</span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Bien qu&rsquo;&eacute;crire en ateliers ne procure pas de b&eacute;n&eacute;fices linguistiques ou typologiques susceptibles d&rsquo;alimenter l&rsquo;&eacute;criture fonctionnelle que repr&eacute;sentent par exemple les genres de l&rsquo;&eacute;valuation universitaire, cela peut permettre d&rsquo;am&eacute;liorer la relation &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, du dire de plusieurs &eacute;tudiants allophones. Et l&rsquo;on sait combien les repr&eacute;sentations n&eacute;gatives li&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;crit comme &agrave; tout autre comp&eacute;tence, peuvent constituer de v&eacute;ritables obstacles. Dans ce processus, le fait d&rsquo;&eacute;crire en groupe joue un r&ocirc;le tr&egrave;s important, sur le plan de la t&acirc;che &agrave; r&eacute;aliser d&rsquo;une part, mais &eacute;galement sur celui de la relation entre participants &agrave; l&rsquo;atelier. Travailler en groupe favorise les &eacute;changes, s&eacute;curise, et se r&eacute;v&egrave;le plus efficace et plus agr&eacute;able. Les &eacute;tudiants allophones, qui rencontrent des difficult&eacute;s du fait de la m&eacute;connaissance de certains genre (en particulier litt&eacute;raires) et parfois de probl&egrave;mes de langue, ont manifest&eacute; un int&eacute;r&ecirc;t marqu&eacute; pour ce travail collaboratif. C&rsquo;est en r&eacute;alisant ensemble une t&acirc;che que l&rsquo;on fait connaissance, et que se tissent des relations dont l&rsquo;importance a &eacute;t&eacute; soulign&eacute;e par de nombreux &eacute;tudiants. </span></span></p> <p align="justify" style="text-indent:1.23cm"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Lorsqu&rsquo;il s&rsquo;est agi, &agrave; la fin de notre questionnaire, de d&eacute;finir l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;ateliers en trois mots, les r&eacute;ponses ont donn&eacute;, par ordre d&eacute;croissant, &laquo; int&eacute;ressant &raquo;, &laquo; nouveau &raquo;, &laquo; partage &raquo; &laquo; &eacute;motions &raquo;, &laquo; motivant &raquo; et &laquo; amusant &raquo;. Ces qualificatifs, r&eacute;v&egrave;lent un r&eacute;el enthousiasmante, bien qu&#39;elle soient certainement &agrave; interpr&eacute;ter au regard d&#39;un effet de contraste avec les pratiques les plus courantes en usage dans la formation. Si l&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re &agrave; la typologie d&rsquo;ateliers d&eacute;gag&eacute;e par l&rsquo;enqu&ecirc;te sur l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire &agrave; l&rsquo;universit&eacute; que nous &eacute;voquions en introduction, notre pratique se placerait &agrave; la fois entre l&rsquo;atelier &laquo; con&ccedil;u comme lieu d&rsquo;&eacute;changes, de construction d&rsquo;une communaut&eacute; &raquo; et celui &laquo; &agrave; enjeu essentiellement expressif &raquo;, d&eacute;crits par leurs animateurs comme &laquo; rencontres &raquo;, &laquo; d&eacute;couvertes &raquo;, &laquo; plaisir &raquo; (Houdard-Merot et Mongenot, 2013 : 22). L&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture a ceci de particulier qu&rsquo;il permet une rencontre sensible. Une enqu&ecirc;t&eacute;e chinoise remarquait, &agrave; ce propos que c&rsquo;&eacute;tait &laquo; rare &raquo; d&rsquo;avoir l&rsquo;occasion d&rsquo;&eacute;couter une personne parler de son enfance. Le dernier temps de l&rsquo;atelier, celui de la lecture orale des textes, permet de faire connaissance avec l&rsquo;Autre. C&rsquo;est sans doute la meilleure mani&egrave;re de favoriser le brassage entre &eacute;tudiants de divers horizons. Le partage social des &eacute;motions, bien d&eacute;crit par les enqu&ecirc;t&eacute;s, a une incidence forte sur le sentiment d&rsquo;appartenance au groupe. Rencontrer l&rsquo;Autre dans la r&eacute;alisation d&rsquo;une t&acirc;che d&rsquo;&eacute;criture commune nous para&icirc;t &ecirc;tre un b&eacute;n&eacute;fice majeur de l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture.</span></span></p> <h2 class="western">Bibliographie</h2> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Allouche, V. et Maurer B. (2011). <i>L&rsquo;&eacute;crit en FLE - Travail du style et Maitrise de la langue. </i>Montpellier : Presses universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e.</span></span></p> <p align="justify" style="margin-right:1px; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Andr&eacute;, A. (1989). </span><i><span style="background:transparent">Babel Heureuse, l&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture au service de la cr&eacute;ation litt&eacute;raire.</span></i><span style="background:transparent"> Paris : Paris : Syros-Alternatives.</span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Bellatorre, A., Chemin&eacute;e, P., Maffre, A., Molina, S., Robert, C., Voltz, N. (2014). <i>Devenir animateur d&rsquo;atelier d&rsquo;&eacute;criture &ndash; (Se) former &agrave; l&rsquo;animation</i>. Lyon : Chronique Sociale.</span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Blanchet, A. et Gotman A. (2007) <i>L&rsquo;entretien.</i> Paris : Armand Colin.</span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Blanchet, A. et al. (1987). &ldquo;L&#39;entretien dans les sciences sociales&rdquo;. </span><i><span style="background:transparent">Revue fran&ccedil;aise de sociologie</span></i><span style="background:transparent">, 28-1. pp. 160-164. </span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Cornaire, C. et Raymond, P. - M. (1999). </span><i><span style="background:transparent">La production &eacute;crite.</span></i><span style="background:transparent"> Paris : Cl&eacute; international.</span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Coubard, F. et Gamory, F. (2003). &laquo; </span><font color="#000000"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="background:transparent">&Eacute;crire</span></font></font></font></font><span style="background:transparent"> &agrave; plusieurs mains : la place du travail de groupe pluriculturel en &eacute;criture au niveau interm&eacute;diaire 1 et avanc&eacute; &raquo;. </span><i><span style="background:transparent">ELA</span></i><span style="background:transparent"> n&deg; 132, pp 457-482. En ligne </span><a href="https://www.cairn.info/revue-ela-2003-4-page-457.htm"><u><span style="background:transparent">https://www.cairn.info/revue-ela-2003-4-page-457.htm</span></u></a></span></p> <p align="justify" style="margin-right:1px; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">De Gaulmyn, M. - T. (1992). </span><i><span style="background:transparent">Ecritures et r&eacute;&eacute;critures de textes. De la correction &agrave; la reformulation. </span></i><span style="background:transparent">Dans Flamand-Boistrancourt, D. (1994), </span><i><span style="background:transparent">Th&eacute;ories, donn&eacute;es et pratiques en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re.</span></i><span style="background:transparent"> Lille : Presses universitaires de Lille, pp. 197-2018.</span></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:20px"><span style="line-height:99%"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="background:transparent">Dompmartin-Normand, C. et Le Groignec, A. (2015). &laquo; Un atelier d&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;ative en FLE &raquo;. <i>&Eacute;ducation et soci&eacute;t&eacute;s plurilingues</i>, n&deg; 38. En ligne : http://esp.revues.org/539 ; DOI : 10.4000/esp.539 </span></font></font></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Houdart-Merot, V. et Mongenot, C. (dir.) (2013). <i>Pratiques d&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. </i>Paris : Honor&eacute; Champion.</span></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:19px"><span style="line-height:99%"><font face="Liberation Serif, serif"><span style="background:transparent">Hidden, M. - O. (2013) </span></font><font face="Liberation Serif, serif"><i><span style="background:transparent">Pratiques d&rsquo;&eacute;criture - Apprendre &agrave; r&eacute;diger en langue &eacute;trang&egrave;re.</span></i></font><font face="Liberation Serif, serif"><span style="background:transparent"> Paris : Hachette FLE.</span></font></span></p> <p align="justify" style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><font face="Liberation Serif, serif"><span style="background:transparent"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">Lahire, B. (1998). </font></font><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>L&rsquo;homme pluriel : les ressorts de l&rsquo;action</i></font></font><font size="3"><font style="font-size: 12pt">. Paris : Nathan.</font></font></span></font></span></p> <p align="justify" style="margin-right:1px; text-indent:-0.02cm; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><font face="Liberation Serif, serif"><span style="background:transparent">Moirand, S. (1979). <i>Situations d&#39;&eacute;crit - Compr&eacute;hension, production en langue &eacute;trang&egrave;re.</i> Paris : Cl&eacute; International.</span></font></span></p> <p align="justify" style="margin-right:1px; text-indent:-0.02cm; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Morineau, T. (2001). &laquo;&nbsp;&Eacute;l&eacute;ments pour une mod&eacute;lisation du concept d&rsquo;affordance&nbsp;&raquo;, <i>&Eacute;pique</i> 2001, Actes des journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tude en Psychologie ergonomique, Nantes. pp. 71-82.</span></span></p> <p align="justify" style="margin-right:1px; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">En ligne&nbsp;: <a href="http://www.sfpsy.org/spe-grape/Actes-epique-2001-article-morineau.pdf">http://www.sfpsy.org/spe-grape/Actes-epique-2001-article-morineau.pdf</a> </span></span></p> <p align="justify" style="margin-right:1px; text-indent:-0.02cm; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Pennebaker, J. W. (1997). <i>Openig up : the Healing Power of Expressing Emotions.</i> USA : The Guilfort Press.</span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Porcher, L. (1994). <i>L&rsquo;enseignement de la civilisation.</i> Revue Fran&ccedil;aise de p&eacute;dagogie n&deg; 108, pp. 512. </span></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Rim&eacute;, B. et Herbette (2003). &laquo;L&rsquo;impact des &eacute;motions : approche cognitive et sociale &raquo;. Dans Coletta, J. - M. et Tcherkassof A. (dir). </span><i><span style="background:transparent">Les &eacute;motions Cognition, langage et d&eacute;veloppement. </span></i><span style="background:transparent">Li&egrave;ge : Mardaga, pp.69-84.</span></span></p> <p align="justify" style="margin-right:1px; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%"><span style="background:transparent">Rossignol, I. (1996). </span><i><span style="background:transparent">L&rsquo;invention des ateliers d&rsquo;&eacute;criture en France - Analyse comparative de sept courants cl&eacute;s.</span></i><span style="background:transparent"> Paris : L&rsquo;Harmattan. </span></span></p> <div id="sdfootnote1"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>Honor&eacute; Champion, 2013.</p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a>T. Morineau (2001) d&eacute;finit le concept comme&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;interaction entre d&rsquo;une part, les caract&eacute;ristiques de l&rsquo;individu, son action actuelle et d&rsquo;autre part, les propri&eacute;t&eacute;s du contexte environnemental qui vont d&eacute;terminer en commun la nature des sollicitations offertes et leur valeur adaptative&nbsp;&raquo;.</p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p align="left" class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>CF annexe 1</p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a>32 inscrits administratifs.</p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p align="left" class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a>Moyenne de 4,78 pr&eacute;cis&eacute;ment. Q1 en entretien, remarque : &laquo; certains &eacute;tudiants ont &eacute;t&eacute; tr&egrave;s tr&egrave;s fid&egrave;les &agrave; venir aux ateliers d&rsquo;&eacute;criture, et &ccedil;a, &ccedil;a r&eacute;v&egrave;le ceux qui y trouvaient plus que du contenu de cours. &raquo; (E1, 14&rsquo;).</p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a>Deux &eacute;tudiants ont laiss&eacute; cette question sans r&eacute;ponse, tandis que six autres ne donnent que des r&eacute;ponses g&eacute;n&eacute;rales, sans citer de noms d&rsquo;ateliers.</p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p align="left" class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a><font color="#333333"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> La</font></font></font></font><font color="#333333"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> France, la Belgique, le Qu&eacute;bec, la Suisse et l&rsquo;Organisation Internationale de la Francophonie (qui repr&eacute;sente 84 Etats et gouvernements) </font></font></font></font><a href="http://www.dismoidixmots.culture.fr/presentation"><font color="#000080"><font face="Liberation Serif, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><u>http://www.dismoidixmots.culture.fr/presentation</u></font></font></font></font></a><font color="#000000"><font face="Liberation Serif, serif"> </font></font></p> <p align="left" class="sdfootnote">&nbsp;</p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a>Q9 et Q20 ont souhait&eacute; faire ensemble l&rsquo;entretien.</p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a>Le cours avait lieu de 8.15h &agrave; 1015h, le vendredi matin. Il s&rsquo;agissait (facteur &laquo;&nbsp;aggravant&nbsp;!&nbsp;&raquo;) de l&rsquo;unique cours de la journ&eacute;e.</p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> La r&eacute;ponse la plus fr&eacute;quente porte sur le fait d&rsquo;&eacute;crire &laquo; autrement &raquo;, et la seconde sur l&rsquo;&eacute;criture de groupe.</p> </div> <div id="sdfootnote11"> <p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a><font color="#0d0d0d">Dans un entretien avec R. Sadoul, pour la Radio Suisse-Romande en mars 1955 (15&rsquo;27) et publi&eacute; dans le </font><font color="#0d0d0d"><i>Magazine litt&eacute;raire </i></font><font color="#0d0d0d">en septembre 1990.</font></p> <p class="sdfootnote">&nbsp;</p> </div>