<p align="center" class="CxSpFirst" style="text-align:center">&nbsp;</p> <p align="center" class="CxSpMiddle" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:14.0pt">La &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; est-elle bien outill&eacute;e&nbsp;?&nbsp;Quelles ressources pour les formateurs et les apprenants&nbsp;?</span></b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Herv&eacute; ADAMI, Universit&eacute; de Lorraine, ATILF/CNRS</span></span></p> <p class="CxSpMiddle">herve.adami@univ-lorraine.fr</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>R&eacute;sum&eacute; :</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est question d&rsquo;illettrisme en France depuis les ann&eacute;es quatre-vingt et beaucoup de choses ont &eacute;t&eacute; dites et &eacute;crites &agrave; ce sujet, par les m&eacute;dias, le monde politique et les scientifiques. Le cas de ces adultes francophones natifs qui &eacute;prouvent de s&eacute;rieuses difficult&eacute;s &agrave; lire et &agrave; &eacute;crire leur propre langue, est en effet per&ccedil;u et pr&eacute;sent&eacute; comme un v&eacute;ritable probl&egrave;me social. De fait, la difficult&eacute; de lire et d&rsquo;&eacute;crire repr&eacute;sente une v&eacute;ritable entrave dans notre monde hyperconnect&eacute; et satur&eacute; d&rsquo;&eacute;crits, traditionnels et num&eacute;riques. Pourtant, au-del&agrave; des discours, peu de ressources didactiques sont disponibles pour les apprenants et les formateurs dans le domaine de la formation linguistique des adultes. Or, sur cette question des outils pour l&rsquo;apprentissage de la lecture et de l&rsquo;&eacute;criture, le champ de la didactique des langues est sans doute le mieux plac&eacute; pour concevoir et cr&eacute;er des ressources, mais encore faudrait-il qu&rsquo;il s&rsquo;y int&eacute;resse. Cet article a pour objectif de montrer que la recherche en didactique des langues, par une approche interdisciplinaire, peut servir de base &agrave; la conception et &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;outils didactiques dans le domaine de l&rsquo;illettrisme et des formations <i>Comp&eacute;tences Cl&eacute;s</i>. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Mots-cl&eacute;s</b>&nbsp;: illettrisme &ndash; formation d&rsquo;adultes &ndash; outils didactiques &ndash; lecture &ndash; &eacute;criture &ndash; Comp&eacute;tences Cl&eacute;s</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Abstract :</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">There has been talk of illiteracy in France since the 1980s and much has been said and written about it by the media, politicians and scientists. The case of these native French-speaking adults who have serious difficulties in reading and writing their own language is indeed perceived and presented as a real social problem. In fact, the difficulty of reading and writing is a real hindrance in our hyper-connected world, saturated with traditional and digital writings. Yet, beyond the discourse, few didactic resources are available to learners and trainers in the field of adult language training. The field of language didactics is probably best placed to design and create resources on the issue of tools for learning to read and write, but it still needs to be addressed. The aim of this article is to show that research in language didactics, through an interdisciplinary approach, can serve as a basis for the design and creation of didactic tools in the field of illiteracy and Key Competencies training. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Key words&nbsp;: </b>illiteracy - adult education - didactic tools - reading - writing - Key Skills</span></span></p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:14.0pt">Introduction</span></b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La question de l&rsquo;illettrisme occupe le devant de la sc&egrave;ne m&eacute;diatique depuis le milieu des ann&eacute;es quatre-vingt. A partir du rapport remis au premier ministre (Esp&eacute;randieu, Lion et B&eacute;nichou, 1984), la France s&rsquo;&eacute;meut r&eacute;guli&egrave;rement d&rsquo;un probl&egrave;me social que les institutions &eacute;ducatives et politiques ont d&rsquo;abord ignor&eacute;, puis minor&eacute;, pour finalement reconnaitre officiellement. Cette r&eacute;alit&eacute; est en effet d&eacute;rangeante dans un pays qui a fond&eacute; en partie sa coh&eacute;sion et son pacte r&eacute;publicain sur un syst&egrave;me scolaire &eacute;galitaire et m&eacute;ritocratique. La France pensait bien avoir d&eacute;finitivement gagn&eacute; la bataille s&eacute;culaire de l&rsquo;alphab&eacute;tisation et elle se retrouve confront&eacute;e &agrave; un probl&egrave;me qui semble la ramener loin en arri&egrave;re. L&rsquo;analphab&eacute;tisme est effectivement &eacute;radiqu&eacute; mais la r&eacute;alit&eacute; de l&rsquo;illettrisme d&eacute;montre que la scolarisation et l&rsquo;alphab&eacute;tisation universelles ne suffisent pas &agrave; faire de tous les enfants, devenus adultes, des lecteurs et des scripteurs suffisamment comp&eacute;tents dans toutes les situations de la vie quotidienne, sociale et professionnelle qui requi&egrave;rent le recours &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Les r&eacute;ticences &agrave; admettre cette r&eacute;alit&eacute; sont &eacute;galement venues de l&rsquo;Ecole qui se sentait, &agrave; juste titre, mise en cause puisque les personnes rep&eacute;r&eacute;es comme &eacute;tant illettr&eacute;es se caract&eacute;risent, selon la d&eacute;finition institutionnelle, par le fait qu&rsquo;elles sont francophones et ont &eacute;t&eacute; scolaris&eacute;es en France. </span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A partir du moment o&ugrave; cette r&eacute;alit&eacute; n&rsquo;a plus fait aucun doute, parce que les enqu&ecirc;tes s&eacute;rieuses et r&eacute;it&eacute;r&eacute;es convergeaient<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></a>, et que des structures institutionnelles &eacute;taient mises en place comme le Groupe Permanent de Lutte contre l&rsquo;Illettrisme (GPLI) en 1984 (remplac&eacute; en 2000 par l&rsquo;Agence Nationale de Lutte contre l&rsquo;Illettrisme (ANLCI)), la machine s&rsquo;est mise en marche et produit depuis lors une quantit&eacute; impressionnante de contributions en tous genres qui adoptent tr&egrave;s souvent un discours de croisade pour &laquo;&nbsp;combattre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;lutter contre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;vaincre&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;pr&eacute;venir&nbsp;&raquo; l&rsquo;illettrisme. Les manifestations, rencontres, journ&eacute;es, voire ann&eacute;es dites de &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; se sont-elles aussi multipli&eacute;es &agrave; un rythme &eacute;lev&eacute;. Lahire (1999) a dress&eacute; une critique de fond de ce mouvement et l&rsquo;analyse qu&rsquo;il fait de la &laquo;&nbsp;rh&eacute;torique publique&nbsp;&raquo; autour de l&rsquo;illettrisme, et les pr&eacute;suppos&eacute;s id&eacute;ologiques qu&rsquo;elle v&eacute;hicule, reste tout &agrave; fait pertinente aujourd&rsquo;hui.</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-bottom:16px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais au-del&agrave; des critiques d&eacute;j&agrave; formul&eacute;es par Lahire en 1999, il en est une, qu&rsquo;il n&rsquo;a lui-m&ecirc;me pas faite et qui devrait sans doute encore davantage laisser perplexe&nbsp;: la grande faiblesse des r&eacute;flexions et des propositions didactiques en termes de d&eacute;marche et d&rsquo;outils. Or, c&rsquo;est pourtant bien le point n&eacute;vralgique de tout cela&nbsp;: au bout de tous ces discours sur l&rsquo;illettrisme, il y a, ou il devrait y avoir, la question concr&egrave;te de la formation en lecture et en &eacute;criture des adultes concern&eacute;s. En effet, &agrave; quoi peuvent bien servir les innombrables discours sur l&rsquo;illettrisme et les non moins innombrables actions dites &laquo;&nbsp;de sensibilisation&nbsp;&raquo; si, au bout du compte, cela aboutit &agrave; mettre en place des formations inadapt&eacute;es ? L&rsquo;objet de cet article est justement de comprendre pourquoi la montagne de la &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; a accouch&eacute; d&rsquo;une souris didactique et de proposer quelques pistes de travail. </span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-bottom:16px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b>1. </b><b>La situation sur le terrain</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>1.1. Un champ d&rsquo;intervention morcel&eacute;.</b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il n&rsquo;existe pas de cadrage institutionnel global pour les actions qui sont men&eacute;es dans le cadre des formations linguistiques destin&eacute;es aux adultes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Les r&eacute;gions prennent en charge une part importante de ces actions mais d&rsquo;autres dispositifs sont mis en place par des entreprises ou des branches industrielles, des collectivit&eacute;s locales ou bien encore des services d&eacute;centralis&eacute;s de l&rsquo;Etat. Les proc&eacute;dures de prise en charge et de financement de ces actions de formation linguistique sont parfois complexes parce qu&rsquo;elles font intervenir des participations et des partenariats crois&eacute;s. A la diff&eacute;rence du domaine de la formation linguistique des migrants adultes, pris en charge par l&rsquo;Etat, qui impose ses cadrages p&eacute;dagogiques par le biais du syst&egrave;me des appels d&rsquo;offre, les actions concernant les adultes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit sont &eacute;parpill&eacute;es et sans pilotage politique, institutionnel ou p&eacute;dagogique harmonis&eacute;. Mais ceci est peut-&ecirc;tre en train de commencer &agrave; changer par la mise en place des dispositifs Comp&eacute;tences Cl&eacute;s dont le champ d&rsquo;action recouvre en partie celui de l&rsquo;illettrisme. Pour le reste, la formation linguistique pour les adultes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit est un secteur fragment&eacute; entre de nombreuses actions de formation et structures associatives, professionnelles ou mixtes, comme certaines petites associations qui salarient quelques professionnels tout en faisant intervenir des b&eacute;n&eacute;voles<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></a>. Les formations assur&eacute;es dans le cadre de la &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; le sont donc par des structures tr&egrave;s vari&eacute;es, dans le cadre d&rsquo;actions, de dispositifs et de financements tr&egrave;s diff&eacute;rents et par des acteurs aux profils eux-aussi extr&ecirc;mement diff&eacute;rents. Les intervenants, en effet, peuvent &ecirc;tre des b&eacute;n&eacute;voles sans aucune exp&eacute;rience d&rsquo;enseignement, et encore moins avec les publics en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, ou au contraire des dipl&ocirc;m&eacute;s poss&eacute;dant un master en didactique du fran&ccedil;ais. Les niveaux de comp&eacute;tence et d&rsquo;exp&eacute;rience des acteurs sont h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. Concernant les b&eacute;n&eacute;voles, les structures associatives mettent en place des formations de formateurs ou inscrivent leurs b&eacute;n&eacute;voles dans ce genre de formation mais, d&rsquo;une part, les b&eacute;n&eacute;voles ne sont &eacute;videmment pas oblig&eacute;s de les suivre et, d&rsquo;autre part, la qualit&eacute; m&ecirc;me de ces formations est tr&egrave;s in&eacute;gale. Concernant les salari&eacute;s des associations ou des organismes de formation intervenant dans le domaine, la formation universitaire qu&rsquo;ils ont re&ccedil;ue, y compris au niveau master, n&rsquo;int&egrave;gre pas toujours, loin s&rsquo;en faut, des modules didactiques pr&eacute;parant les &eacute;tudiants &agrave; intervenir avec des apprenants francophones en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Peu d&rsquo;acteurs, b&eacute;n&eacute;voles ou professionnels, qui interviennent aupr&egrave;s de ces publics, poss&egrave;dent donc une formation sp&eacute;cifique. Quant aux outils utilis&eacute;s par les formateurs et aux d&eacute;marches qu&rsquo;ils mettent en &oelig;uvre, il s&rsquo;agit d&rsquo;un continent englouti difficilement accessible &agrave; la recherche. En effet, comme je viens de l&rsquo;&eacute;voquer, les structures de formation, les actions, les dispositifs de formation et les acteurs eux-m&ecirc;mes sont tellement diff&eacute;rents que l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; leurs pratiques, selon les crit&egrave;res de la recherche acad&eacute;mique, rel&egrave;ve de la gageure. Il faudrait, dans l&rsquo;id&eacute;al, avoir acc&egrave;s aux supports et aux activit&eacute;s utilis&eacute;es par les formateurs au quotidien. La crainte d&rsquo;&ecirc;tre jug&eacute;s par des chercheurs sp&eacute;cialistes du domaine dans lequel ils exercent est &eacute;videmment tr&egrave;s pr&eacute;sente. On sait les tr&eacute;sors de diplomatie qu&rsquo;il faut parfois d&eacute;ployer pour suivre des formateurs dans leurs pratiques et les mille et un pr&eacute;textes avanc&eacute;s par les structures de formation et les formateurs pour ne pas permettre l&rsquo;acc&egrave;s au terrain de la salle de cours. Il reste n&eacute;anmoins la possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;tudes empiriques dites &laquo;&nbsp;qualitatives&nbsp;&raquo; centr&eacute;es sur un groupe d&rsquo;apprenants et un ou plusieurs formateurs. Mais il faudrait multiplier ce genre d&rsquo;&eacute;tudes pour avoir une id&eacute;e globale des pratiques de formation et des outils. Comment d&egrave;s lors avoir acc&egrave;s &agrave; ces pratiques du quotidien des formateurs&nbsp;? S&rsquo;il n&rsquo;y a pas de solutions toutes faites, il existe peut-&ecirc;tre des moyens, qui ne r&eacute;pondent pas aux crit&egrave;res de la recherche acad&eacute;mique, mais qui offrent n&eacute;anmoins la possibilit&eacute; de s&rsquo;introduire presque subrepticement dans ce quotidien. Ce moyen, c&rsquo;est par exemple les nombreuses formations de formateurs, professionnels et b&eacute;n&eacute;voles, que j&rsquo;assure et qui me permettent, non de constituer un corpus en bonne et due forme, mais de recueillir des informations capitales sur les pratiques et sur les outils utilis&eacute;s. C&rsquo;est encore le recueil patient des informations qui remontent du terrain par les &eacute;tudiants de master FLE qui effectuent des stages dans les associations et les organismes de formation. De cette exploration empirique du continent englouti que j&rsquo;&eacute;voque plus haut, des pratiques et des outils, que ressort-il&nbsp;? Il ressort d&rsquo;abord qu&rsquo;il n&rsquo;existe pas de d&eacute;marche syst&eacute;matique et raisonn&eacute;e mais des pratiques empiriques h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. Il en ressort ensuite une attraction irr&eacute;sistible du mod&egrave;le scolaire (voir &eacute;galement Sautot <i>et alii </i>dans ce m&ecirc;me num&eacute;ro), tant sur le fond des objectifs que sur la forme des activit&eacute;s, m&ecirc;me si les formateurs professionnels form&eacute;s en didactique ont davantage tendance &agrave; s&rsquo;en &eacute;carter. Enfin, l&rsquo;existence de la non moins irr&eacute;sistible attraction de la langue comme structure, con&ccedil;ue comme point de d&eacute;part et d&rsquo;arriv&eacute;e de l&rsquo;apprentissage.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; des adultes, d&rsquo;un point de vue institutionnel, op&eacute;rationnel et didactique, est &eacute;parpill&eacute;e entre de multiples micro-actions, sans v&eacute;ritable boussole p&eacute;dagogique. Il est symptomatique d&rsquo;ailleurs de constater, sur le site de l&rsquo;ANLCI dont l&rsquo;une des missions est de fournir des ressources aux acteurs de terrain, que les propositions didactiques concr&egrave;tes sont quasiment absentes. L&rsquo;ANLCI propose en effet un inventaire de ce qu&rsquo;elle appelle &laquo;&nbsp;les bonnes pratiques&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></a> mais qui, &agrave; de tr&egrave;s rares exceptions pr&egrave;s et de fa&ccedil;on tr&egrave;s ponctuelle, n&rsquo;apporte pas d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments concrets d&rsquo;intervention aux formateurs (supports, documents, exercices, activit&eacute;s, etc.). Les documents recens&eacute;s faisant &eacute;tat des &laquo;&nbsp;bonnes pratiques&nbsp;&raquo;, abordent en fait les questions relatives &agrave; la sensibilisation au probl&egrave;me de l&rsquo;illettrisme, &agrave; son rep&eacute;rage, &agrave; l&rsquo;organisation de manifestations, &agrave; la mise en place de formations, etc. mais rien ou presque n&rsquo;est consacr&eacute; aux &laquo;&nbsp;bonnes pratiques&nbsp;&raquo; didactiques, c&rsquo;est &agrave; la dire aux contenus des formations elles-m&ecirc;mes. L&rsquo;objectif affich&eacute; de cette intense activit&eacute; est, <i>in fine</i>, l&rsquo;accueil en formation des adultes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;: or, ce sont pr&eacute;cis&eacute;ment les contenus de ces formations qui constituent le trou noir de la &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo;. Si l&rsquo;on examine d&rsquo;ailleurs la production &eacute;ditoriale centr&eacute;e autour de la question de l&rsquo;illettrisme, le constat est aussi &eacute;loquent&nbsp;: les manuels explicitement consacr&eacute;s aux adultes francophones en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit sont peu nombreux. Les acteurs n&rsquo;ont &agrave; leur disposition qu&rsquo;un nombre tr&egrave;s restreint de ressources. L&rsquo;illettrisme est une pr&eacute;occupation publique depuis le milieu des ann&eacute;es deux-mille, mais trente ans apr&egrave;s, les outils font toujours d&eacute;faut, au moins dans le domaine de l&rsquo;&eacute;dition. Les b&eacute;n&eacute;voles, qui interviennent ponctuellement dans les associations, sans formation et sans v&eacute;ritable cadrage p&eacute;dagogique, sont encore plus d&eacute;munis en mati&egrave;re d&rsquo;outils. Et il arrive ce qui doit arriver avec des personnes qui n&rsquo;ont comme seule r&eacute;f&eacute;rence p&eacute;dagogique que leur propre parcours &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;: ils ont recours &agrave; des manuels scolaires. J&rsquo;ai engag&eacute; le d&eacute;bat, lors de plusieurs formations de formateurs b&eacute;n&eacute;voles que j&rsquo;ai assur&eacute;es, quand je demandais, comme pr&eacute;alable, quels outils et supports ils utilisaient. Une partie d&rsquo;entre eux ont recours aux supports scolaires en ayant conscience que &ccedil;a n&rsquo;est pas adapt&eacute; aux adultes et ils les utilisent faute d&rsquo;autre chose&nbsp;; d&rsquo;autres au contraire, les utilisent de fa&ccedil;on &laquo;&nbsp;d&eacute;complex&eacute;e&nbsp;&raquo; en arguant que ce sont des m&eacute;thodes qui ont fait leurs preuves.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On l&rsquo;a vu, le champ de l&rsquo;intervention de la &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; est morcel&eacute; entre de multiples actions, dispositifs, structures et financements. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pourquoi existe l&rsquo;ANLCI au niveau national et les centres de ressources au niveau local. Ces structures n&rsquo;ont cependant pas un r&ocirc;le de pilotage et encore moins de contrainte&nbsp;en mati&egrave;re didactique : les structures associatives et les organismes de formation agissent de fa&ccedil;on ind&eacute;pendante, au gr&eacute; des financements. Les acteurs de terrain sont donc eux-m&ecirc;mes difficiles &agrave; rep&eacute;rer en tant que tels parce qu&rsquo;ils ne sont jamais sp&eacute;cialis&eacute;s sur les questions d&rsquo;illettrisme&nbsp;: ils interviennent sur d&rsquo;autres types d&rsquo;actions (insertion, culturel, etc.) et la part de la formation linguistique dans leurs missions est rarement exclusive. Cet &eacute;parpillement op&eacute;rationnel et humain n&rsquo;est &eacute;videmment pas un facteur facilitant ou structurant pour mettre en place un cadrage, des d&eacute;marches et des outils didactiques.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>1.2. Le pathos au d&eacute;triment de la technique. </b></span></span></p> <p class="CxSpLast"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Comme l&rsquo;a d&eacute;j&agrave; analys&eacute; Lahire (1999), l&rsquo;illettrisme est depuis le d&eacute;but de son &laquo;&nbsp;invention&nbsp;&raquo; l&rsquo;objet d&rsquo;un important investissement m&eacute;diatique et social et il est m&ecirc;me d&eacute;clar&eacute; &laquo;&nbsp;Grande cause nationale&nbsp;&raquo; en 2013. Mais cet investissement social, paradoxalement, brouille les pistes de recherche et d&rsquo;intervention didactique. Je l&rsquo;ai dit plus haut, le champ s&eacute;mantique utilis&eacute; dans ce domaine est celui de la guerre&nbsp;: &laquo;&nbsp;lutter contre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;combattre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;vaincre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;pr&eacute;venir&nbsp;&raquo;, etc. Le recours aux hyperboles entend signaler un probl&egrave;me grave, massif, facteur de d&eacute;s&eacute;quilibres, voire de d&eacute;sordres sociaux, comme l&rsquo;affirme Bentolila (2016). Face &agrave; ce &laquo;&nbsp;fl&eacute;au&nbsp;&raquo;, l&rsquo;heure est &agrave; la &laquo;&nbsp;mobilisation&nbsp;&raquo;, selon des expressions abondamment utilis&eacute;es par les m&eacute;dias et les acteurs du champ. Dans le champ de la &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo;, le pathos est dominant&nbsp;mais il existe une oscillation permanente entre ce que Grignon et Passeron (1989) appelaient le &laquo;&nbsp;mis&eacute;rabilisme&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;populisme&nbsp;&raquo;. Le mis&eacute;rabilisme, dans ce domaine, met en avant la pauvret&eacute; culturelle r&eacute;elle ou suppos&eacute;e des personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, les carences, voire les handicaps, li&eacute;es &agrave; ce probl&egrave;me de comp&eacute;tences &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, les difficult&eacute;s qu&rsquo;elles engendrent dans la vie sociale et personnelle, les sentiments de honte, les strat&eacute;gies de repli, etc. Ces difficult&eacute;s sont bien r&eacute;elles mais elles sont amplifi&eacute;es et dramatis&eacute;es par le discours m&eacute;diatique et par une partie des acteurs du champ qui ont peut-&ecirc;tre int&eacute;r&ecirc;t &agrave; cette dramatisation pour justifier leur travail et leurs missions. De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;, le populisme dans ce domaine consiste &agrave; affirmer au contraire que les personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit ne sont pas moins &laquo;&nbsp;sachantes&nbsp;&raquo; que les autres mais savent autre chose, qu&rsquo;elles poss&egrave;dent des comp&eacute;tences qui seraient sous-estim&eacute;es, y compris des comp&eacute;tences langagi&egrave;res. Les tenants de cette position affirment que ce qui est consid&eacute;r&eacute; comme un d&eacute;ficit de comp&eacute;tences &agrave; l&rsquo;&eacute;crit n&rsquo;est en fait qu&rsquo;une position d&eacute;termin&eacute;e par une surestimation de la culture &eacute;crite et une sous-estimation correspondante des comp&eacute;tences verbales orales. Selon cette approche, les manques suppos&eacute;s des personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit ne seraient que le reflet d&rsquo;une certaine vision de l&rsquo;&eacute;crit, et de la langue de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, d&eacute;form&eacute;e par le prisme de la norme toute puissante qui gouvernerait les repr&eacute;sentations et les pratiques de la culture dominante. Cette forme de relativisme culturel ne va pas jusqu&rsquo;&agrave; nier le probl&egrave;me de l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit mais elle le temp&egrave;re fortement. Ce sont par exemple les arguments de Terrail (2013) qui tente de montrer le potentiel de l&rsquo;oralit&eacute; face &agrave; la surpuissance de l&rsquo;&eacute;crit. Mais les deux &laquo;&nbsp;camps&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;mis&eacute;rabilistes&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;populistes&nbsp;&raquo;) n&rsquo;existent pas en tant que tels. De fait, il s&rsquo;agit d&rsquo;une oscillation, d&rsquo;un continuum, entre les deux. Ce ne sont pas des camps aux positions bien &eacute;tablies mais des p&ocirc;les entre lesquels balancent les positions des uns et des autres. Le fait par exemple, dans le discours institutionnel, de dramatiser le probl&egrave;me tout en essayant de donner le change et de temp&eacute;rer ressemble parfois &agrave; un exercice d&rsquo;&eacute;quilibriste&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">&laquo;&nbsp;On a beaucoup trop d&rsquo;id&eacute;es re&ccedil;ues</span><span cambria="" style="font-family:"> sur les personnes en situation d&rsquo;illettrisme, dans une soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; la reconnaissance se fonde trop souvent sur la seule r&eacute;ussite scolaire et sans tenir compte des comp&eacute;tences acquises tout au long de la vie. Il ne faut pas stigmatiser ceux qui sont confront&eacute;s &agrave; cette situation, mais trouver le moyen de leur redonner confiance en s&rsquo;appuyant sur les comp&eacute;tences qu&rsquo;ils ont su constituer sans avoir recours &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, pour qu&rsquo;ils osent prendre le risque de r&eacute;apprendre. Si les personnes en situation d&#39;illettrisme&nbsp;cachent leurs difficult&eacute;s,&nbsp;si elles&nbsp;en ont honte c&rsquo;est aussi parce que souvent les regards que nous portons sur&nbsp;elles se r&eacute;v&egrave;lent &ecirc;tre encore trop stigmatisants.&nbsp;&raquo; (site de l&rsquo;ANLCI, consult&eacute; le 06/07/19)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">Le domaine de la &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; se situe au carrefour de trois terrains d&rsquo;intervention&nbsp;: la formation d&rsquo;adultes, l&rsquo;action sociale et l&rsquo;action caritative. En effet, la formation linguistique pour ces adultes n&rsquo;est pas une fin en soi&nbsp;: elle est li&eacute;e &agrave; un objectif d&rsquo;insertion sociale et/ou professionnelle. Mais ces difficult&eacute;s sociales et professionnelles engendrent, ou sont la cause, de difficult&eacute;s plus personnelles concernant les parcours de vie. La formation linguistique ne peut donc pas &ecirc;tre seulement une intervention &laquo;&nbsp;technique&nbsp;&raquo; uniquement bas&eacute;e sur les aspects p&eacute;dagogiques ou didactiques. La dimension sociale et humaine de la formation linguistique est ainsi d&eacute;terminante et elle doit n&eacute;cessairement &ecirc;tre int&eacute;gr&eacute;e &agrave; la d&eacute;marche. Mais toute la question est de savoir quelle place et quelles formes peut-elle, ou doit-elle, prendre dans la formation linguistique. Or, justement, la prise en compte des &eacute;l&eacute;ments qui ont trait aux parcours de vie des personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit qui suivent des formations, de leurs caract&eacute;ristiques sociales r&eacute;elles ou suppos&eacute;es, prime souvent sur les aspects plus &laquo;&nbsp;techniques&nbsp;&raquo; de la formation. Les d&eacute;marches sont souvent construites autour d&rsquo;objectifs de valorisation des personnes ou de remise en confiance ce qui explique des initiatives et des actions o&ugrave; la question du travail autour des comp&eacute;tences en lecture et en &eacute;criture, pourtant central avec ce type de publics, est devenue presque secondaire. C&rsquo;est par exemple le cas que j&rsquo;ai analys&eacute; (Adami 2004) &agrave; propos d&rsquo;une action, qui existe toujours d&rsquo;ailleurs, autour d&rsquo;un concours d&rsquo;&eacute;criture. Les b&eacute;n&eacute;fices p&eacute;dagogiques de ce type d&rsquo;initiatives sont quasiment inexistants mais l&rsquo;essentiel n&rsquo;est pas l&agrave;&nbsp;: il s&rsquo;agit de valoriser les personnes et, au passage, les structures associatives qui sont impliqu&eacute;es. Par ailleurs, comme je l&rsquo;ai montr&eacute;, les discours produits par les acteurs associatifs et institutionnels autour de ce type d&rsquo;initiative, v&eacute;hiculent une id&eacute;ologie linguistique qui met l&rsquo;accent sur le &laquo;&nbsp;plaisir&nbsp;&raquo; d&rsquo;&eacute;crire, la cr&eacute;ation, l&rsquo;esth&eacute;tique, ce qui renvoie clairement au mod&egrave;le litt&eacute;raire dominant. Ces dimensions ne sont pas inutiles en soi et peuvent permettre de sortir du contremod&egrave;le de l&rsquo;&eacute;crit utilitaire auquel on aurait parfois tendance &agrave; assigner les personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, mais cela pose un probl&egrave;me quand la d&eacute;marche didactique est &agrave; ce point n&eacute;glig&eacute;e. Il existe &eacute;galement de nombreuses initiatives bas&eacute;es autour de la lecture, avec notamment l&rsquo;appui des biblioth&egrave;ques publiques et l&agrave; encore, les objectifs ne sont pas pens&eacute;s en termes de formation linguistique mais dans une optique de d&eacute;couverte, de mise en contact avec le monde de l&rsquo;&eacute;crit et/ou de la culture, sans contenus ni objectifs didactiques pr&eacute;cis.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">Les personnes concern&eacute;es par la &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; sont souvent &eacute;galement en ins&eacute;curit&eacute; sociale, professionnelle, voire personnelle, cause ou cons&eacute;quence de leur ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Mais l&rsquo;illettrisme est d&rsquo;abord un probl&egrave;me de comp&eacute;tences en lecture et en &eacute;criture et ce probl&egrave;me doit surtout, mais pas seulement, &ecirc;tre r&eacute;solu par une intervention didactique. Il ne s&rsquo;agit pas ici de pr&ocirc;ner une approche purement technicienne de la question mais de remettre l&rsquo;&eacute;crit et son apprentissage au centre des d&eacute;marches qui, quelle que soit la fa&ccedil;on dont on aborde le probl&egrave;me, sont incontournables. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-bottom:16px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b>2. </b><b>Quelles propositions didactiques&nbsp;?</b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>2.1. L&rsquo;illettrisme dans l&rsquo;angle mort de la didactique du fran&ccedil;ais.</b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les formations dispens&eacute;es aupr&egrave;s des personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, quel que soit le dispositif et quelle que soit la structure dans laquelle elles seront dispens&eacute;es, ont pour objectif principal de parvenir &agrave; &eacute;lever le niveau de comp&eacute;tences en lecture et en &eacute;criture des apprenants. La question de l&rsquo;acquisition de comp&eacute;tences &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, en r&eacute;ception et en production, est donc centrale dans les formations relevant de l&rsquo;illettrisme. Dans le cadre des dispositifs Comp&eacute;tences Cl&eacute;s, l&rsquo;&eacute;ventail des comp&eacute;tences de base vis&eacute;es par les formations a &eacute;t&eacute; consid&eacute;rablement &eacute;largi mais les comp&eacute;tences langagi&egrave;res sont toujours pr&eacute;sentes explicitement et de fa&ccedil;on sous-jacente dans les r&eacute;f&eacute;rentiels. Les publics concern&eacute;s &eacute;tant des adultes francophones, les formations visant les comp&eacute;tences en production et en r&eacute;ception &eacute;crite rel&egrave;vent donc de la didactique du fran&ccedil;ais langue maternelle ou du fran&ccedil;ais langue premi&egrave;re. Mais l&rsquo;appartenance de ce champ didactique &agrave; celui de la didactique du fran&ccedil;ais, s&rsquo;il est &eacute;pist&eacute;mologiquement justifi&eacute;, n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; effectif ni m&ecirc;me d&rsquo;ailleurs s&eacute;rieusement envisag&eacute; par la discipline.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Au moment o&ugrave; &eacute;merge la question de l&rsquo;illettrisme, &agrave; partir du milieu des ann&eacute;es quatre-vingt, la didactique du fran&ccedil;ais se construit autour de trois p&ocirc;les&nbsp;: le Fran&ccedil;ais Langue Etrang&egrave;re (FLE), le Fran&ccedil;ais Langue Maternelle (FLM) et le Fran&ccedil;ais Langue Seconde (FLS). Le FLE est d&eacute;j&agrave; stabilis&eacute; et concerne les apprenants de fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, dans des pays o&ugrave; il n&rsquo;a pas de position officielle ou dans les usages. Le FLM quant &agrave; lui concerne l&rsquo;enseignement/apprentissage du fran&ccedil;ais en milieu scolaire. Le FLS, enfin, (Cuq 1991), concerne les apprenants de fran&ccedil;ais dans des pays o&ugrave; le fran&ccedil;ais a une position officielle mais o&ugrave; il n&rsquo;est pas langue d&rsquo;usage, essentiellement en Afrique. Ces trois didactiques d&eacute;limitent progressivement leurs champs d&rsquo;intervention, leurs bases &eacute;pist&eacute;mologiques et pratiques mais aucune n&rsquo;int&egrave;gre la probl&eacute;matique de l&rsquo;illettrisme qui reste, encore aujourd&rsquo;hui, dans un angle mort. Il est bien s&ucirc;r &eacute;voqu&eacute; au passage, ponctuellement, mais toujours de fa&ccedil;on marginale, par une d&eacute;finition dans un dictionnaire de r&eacute;f&eacute;rence (Cuq 2003) par exemple ou dans le cadre de travaux ou de r&eacute;flexions qui porte sur sa pr&eacute;vention, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Mais il ne fait pas partie des pr&eacute;occupations des chercheurs en didactique du fran&ccedil;ais, langue &eacute;trang&egrave;re ou langue premi&egrave;re. Or, ce sont pr&eacute;cis&eacute;ment les didactiques qui s&rsquo;interrogent sur les contenus, les outils, les modes d&rsquo;intervention, les pratiques enseignantes et les voies d&rsquo;appropriation des savoirs. Comme l&rsquo;&eacute;crit Halt&eacute; (1992), la didactique est une &laquo;&nbsp;discipline d&rsquo;articulation&nbsp;&raquo; de trois p&ocirc;les&nbsp;: le p&ocirc;le savoirs, le p&ocirc;le &eacute;l&egrave;ves et le p&ocirc;le enseignant. Orient&eacute;e vers les pratiques d&rsquo;enseignement, la didactique poss&egrave;de, selon Halt&eacute;, une &laquo;&nbsp;dimension prax&eacute;ologique&nbsp;&raquo; et c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment cette dimension de r&eacute;flexion th&eacute;orique et d&rsquo;intervention pratique sur les contenus qui fait d&eacute;faut dans les formations avec des personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Dab&egrave;ne (1987) a &eacute;crit un ouvrage pionnier sur la question des rapports entre les adultes et l&rsquo;&eacute;criture mais le champ didactique auquel il pense concernant les implications de ses recherches n&rsquo;est pas la formation linguistique des adultes, mais l&rsquo;&eacute;cole. Il en est de m&ecirc;me de Bentolila (1996) qui concentre son attention sur l&rsquo;&eacute;cole qu&rsquo;il consid&egrave;re, &agrave; juste titre, comme le point nodal de la question mais qui ne s&rsquo;int&eacute;resse pas lui non plus &agrave; la formation linguistique des adultes en situation d&rsquo;illettrisme. Quelles que soient les raisons de ce d&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t des didacticiens, que je n&rsquo;essaierai pas d&rsquo;analyser ici, c&rsquo;est un fait que la didactique du fran&ccedil;ais s&rsquo;est tr&egrave;s peu int&eacute;ress&eacute;e &agrave; la question de l&rsquo;illettrisme et que cette absence scientifique et pratique est une des causes du d&eacute;ficit de r&eacute;flexion et de propositions concr&egrave;tes sur les outils. Ceci ne signifie pas que rien n&rsquo;ait &eacute;t&eacute; publi&eacute; sur les aspects didactiques concernant l&rsquo;illettrisme. Besse par exemple, un psychologue, propose une d&eacute;marche et un outil d&rsquo;&eacute;valuation (Besse <i>et alii</i>, 2003 et 2004) tandis que Leclercq, en Sciences de l&rsquo;Education, propose tr&egrave;s t&ocirc;t des pistes de travail concr&egrave;tes pour l&rsquo;intervention en formation (Leclercq 1999). Mais ces contributions importantes &eacute;manent de chercheurs qui ne sont pas didacticiens. </span></span>Leclercq justement, pionni&egrave;re, actrice et t&eacute;moin, &agrave; la fois de la formation linguistique des migrants et de la question de l&rsquo;illettrisme, nous fournit de tr&egrave;s pr&eacute;cieux jalons pour suivre l&rsquo;&eacute;volution de la recherche dans ces deux domaines. Le premier &eacute;tat des lieux qu&rsquo;elle propose (Leclercq 1995) montre bien d&eacute;j&agrave; que si la didactique des langues explore assez t&ocirc;t le champ de la formation linguistique des migrants, elle n&rsquo;investit pas celui de l&rsquo;illettrisme ou de la formation linguistique des adultes francophones natifs de fa&ccedil;on plus g&eacute;n&eacute;rale. Leclercq (ibid) montre que de nombreuses &eacute;tudes sont men&eacute;es pour analyser les rapports &agrave; l&rsquo;&eacute;crit de ces adultes, leurs pratiques de lecture et d&rsquo;&eacute;criture, leurs repr&eacute;sentations de l&rsquo;&eacute;crit ou les modes d&rsquo;acquisition d&rsquo;un point de vue psycholinguistique, mais que les aspects didactiques proprement dits, c&rsquo;est-&agrave;-dire les questions de m&eacute;thodologie d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage, les d&eacute;marches ou les outils, sont laiss&eacute;s aux praticiens, aux acteurs de terrain qui produisent leurs outils en tentant de s&rsquo;appuyer sur les recherches. C&rsquo;est une sorte d&rsquo;applicationnisme un peu empirique plut&ocirc;t qu&rsquo;une r&eacute;flexion coh&eacute;rente de fond qui articulerait les r&eacute;sultats de recherche avec les pratiques de terrain. Pr&egrave;s de deux d&eacute;cennies plus tard, Leclercq (2017 et Tiberghien-Leclercq 2018), nous fournit de nouveaux &eacute;tats des lieux particuli&egrave;rement int&eacute;ressants. Elle constate (Leclercq 2017) &laquo;&nbsp;la faible convocation des didactiques&nbsp;&raquo; en formation d&rsquo;adultes, et des &laquo;&nbsp;formes de r&eacute;sistance aux questionnements sp&eacute;cifiquement didactiques&nbsp;&raquo;. Elle apporte une s&eacute;rie d&rsquo;explications tr&egrave;s pertinentes mais le constat est bien l&agrave;. Leclercq (ibid) montre par ailleurs que les domaines de la formation d&rsquo;adultes ont &eacute;t&eacute; &laquo;&nbsp;fertilis&eacute;s&nbsp;&raquo;, selon son expression, par la didactique des langues et qu&rsquo;ils ont &eacute;t&eacute; particuli&egrave;rement &laquo;&nbsp;perm&eacute;ables&nbsp;&raquo; &agrave; ses apports th&eacute;oriques, mais elle explique en m&ecirc;me temps que la didactique a &laquo;&nbsp;influenc&eacute; les pratiques par le biais des &laquo;&nbsp;passeurs&nbsp;&raquo; qu&rsquo;ont &eacute;t&eacute; les formateurs de formateurs, les coordinateurs ou ing&eacute;nieurs p&eacute;dagogiques, les consultants&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;articulation entre les diff&eacute;rents domaines de la recherche, et surtout celui de la didactique des langues, et celui de la formation linguistique des adultes francophones natifs, reste donc encore largement &agrave; construire pour d&eacute;passer l&rsquo;applicationnisme empirique, le &laquo;&nbsp;braconnage&nbsp;&raquo; pratique de la recherche.</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span cambria="" style="font-family:">2.2. Qui est concern&eacute; par l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;?</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">Cette question renvoie, en partie, aux chiffres qui sont produits par diverses enqu&ecirc;tes<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></a>, Ces chiffres nous donnent un certain nombre d&rsquo;informations int&eacute;ressantes concernant les personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit (&acirc;ge, sexe, origine g&eacute;ographique, situation d&rsquo;emploi, etc.) mais aucune en revanche ne nous informe directement sur la position sociale ou sociologique, et encore moins sur l&rsquo;origine sociale, des personnes. Or, cette information est capitale quand on sait l&rsquo;importance de l&rsquo;origine sociale sur les destins des individus. Il est d&rsquo;ailleurs tout &agrave; fait &eacute;trange que malgr&eacute; l&rsquo;abondance de chiffres sur l&rsquo;illettrisme, cette donn&eacute;e soit occult&eacute;e. Pour avoir cette information, il faut en croiser d&rsquo;autres, &eacute;tablir des correspondances et faire des hypoth&egrave;ses. La premi&egrave;re donn&eacute;e, incontestable puisque mesur&eacute;e de fa&ccedil;on r&eacute;currente et convergente (Peugny 2013), est le taux d&rsquo;&eacute;chec tr&egrave;s important des &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;origine populaire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole et cet &eacute;chec, comme l&rsquo;a montr&eacute; Lahire (1993a), est &eacute;troitement li&eacute; aux comp&eacute;tences des &eacute;l&egrave;ves &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. On retrouvera sans doute ces enfants les plus en difficult&eacute;s dans les chiffres des Journ&eacute;es D&eacute;fense Citoyennet&eacute; (JDC), qui, l&agrave; non plus, ne donnent pas d&rsquo;informations quant &agrave; l&rsquo;origine sociale. D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, les adultes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, du fait m&ecirc;me de cette ins&eacute;curit&eacute;, ne peuvent occuper des emplois n&eacute;cessitant un recours quotidien &agrave; l&rsquo;&eacute;crit.<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></a> Les personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit se retrouveront donc presque exclusivement dans des m&eacute;tiers ou des postes de travail o&ugrave; le recours &agrave; l&rsquo;&eacute;crit est limit&eacute; ou ponctuel, voire inexistant, si tant est que cela reste encore possible tant l&rsquo;&eacute;crit s&rsquo;insinue dans les tous les interstices du travail (Adami&nbsp;2008). Or, il s&rsquo;agira de m&eacute;tiers manuels ou d&rsquo;ex&eacute;cution. Ceci n&rsquo;exclut pas, au contraire, un tr&egrave;s haut niveau de technicit&eacute;, d&rsquo;habilet&eacute; ou de savoir-faire&nbsp;: ceci indique seulement l&rsquo;appartenance &agrave; des cat&eacute;gories socio-professionnelles qui sont class&eacute;es par les sociologues dans les cat&eacute;gories populaires (Schwartz 2011). Un sondage effectu&eacute; aupr&egrave;s des entreprises<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></a> confirme que les secteurs professionnels les plus concern&eacute;s sont ceux du B&acirc;timent et Travaux Publics (BTP), ceux des m&eacute;tiers de la propret&eacute;, de l&rsquo;agriculture ou encore des services &agrave; la personne. Tous ces secteurs emploient massivement des ouvriers ou des employ&eacute;s d&rsquo;ex&eacute;cution ce qui confirme l&rsquo;appartenance des personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit aux classes populaires. Mais cette donn&eacute;e est soigneusement contourn&eacute;e, comme si l&rsquo;on craignait de &laquo;&nbsp;stigmatiser&nbsp;&raquo; une cat&eacute;gorie sociale. Or, le fait de ne pas le dire clairement contribue &agrave; renforcer ce que l&rsquo;on veut &eacute;viter en laissant penser que l&rsquo;appartenance aux classes populaires serait &laquo;&nbsp;stigmatisante&nbsp;&raquo; en soi. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">C&rsquo;est pourtant une donn&eacute;e fondamentale si l&rsquo;on veut mieux comprendre les rapports &agrave; l&rsquo;&eacute;crit des personnes dites &laquo;&nbsp;en situation d&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span cambria="" style="font-family:">2.3. Les rapports &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et &agrave; la langue.</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">Le rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit des classes populaires s&rsquo;inscrit dans une tr&egrave;s longue histoire d&rsquo;appropriation lente et difficile. C&rsquo;est l&rsquo;histoire de l&rsquo;alphab&eacute;tisation g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e qui n&rsquo;est toujours pas termin&eacute;e, cinq-mille ans apr&egrave;s l&rsquo;apparition des premi&egrave;res formes d&rsquo;&eacute;criture en M&eacute;sopotamie. Cette appropriation n&rsquo;est pas achev&eacute;e parce que le monde connait encore un taux d&rsquo;analphab&eacute;tisme important dans les pays &eacute;mergents comme le montrent les chiffres de l&rsquo;UNESCO<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></a> et un taux d&rsquo;analphab&eacute;tisme fonctionnel (ce que la France appelle <i>illettrisme</i>) lui aussi tr&egrave;s important dans les pays d&eacute;velopp&eacute;s. L&rsquo;illettrisme est la preuve de l&rsquo;inach&egrave;vement du processus d&rsquo;alphab&eacute;tisation, davantage que le signe d&rsquo;un recul ou d&rsquo;un retour en arri&egrave;re. Historiquement, l&rsquo;&eacute;criture est l&rsquo;apanage d&rsquo;une &eacute;lite et elle le reste de longs si&egrave;cles. En France par exemple, l&rsquo;alphab&eacute;tisation de masse ne commence &agrave; progresser r&eacute;ellement qu&rsquo;&agrave; partir du 16<sup>i&egrave;me</sup> si&egrave;cle pour d&eacute;coller au 19<sup>i&egrave;me</sup> si&egrave;cle avec l&rsquo;instauration de l&rsquo;&eacute;cole publique (Furet et Ozouf 1980). Les rapports des classes populaires avec l&rsquo;&eacute;crit sont complexes, souvent ambigus, faits d&rsquo;un m&eacute;lange contradictoire d&rsquo;attraction/r&eacute;pulsion ou d&rsquo;attraction/indiff&eacute;rence. De nombreux historiens ont analys&eacute; ces rapports (Chartier&nbsp;1993 ; Cavallo et Chartier 1997; Thiesse&nbsp;2000 ; Vigna 2016) ou des sociologues (Verret&nbsp;1996 ; Lahire&nbsp;1993a, 1993b, 1995, 2008). Lahire a pouss&eacute; tr&egrave;s loin cette analyse en affinant l&rsquo;&eacute;tude des rapports des classes populaires &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Ses recherches ont commenc&eacute; par un double constat&nbsp;: les &eacute;l&egrave;ves qui sont en &eacute;chec scolaire sont tr&egrave;s majoritairement d&rsquo;origine populaire et cet &eacute;chec est en grande partie li&eacute; aux difficult&eacute;s que ceux-ci rencontrent &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. La question qu&rsquo;il se pose est donc la suivante&nbsp;: quelles sont les causes des difficult&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;crit des enfants d&rsquo;origine populaire en contexte scolaire&nbsp;? Ce faisant, il a &eacute;largi son champ de recherche au-del&agrave; de la sph&egrave;re scolaire pour s&rsquo;int&eacute;resser aux familles populaires et donc aux milieux sociaux auxquels elles appartiennent, tout en maintenant son attention sur la question des rapports &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Les r&eacute;sultats de ses recherches ont alors une importance capitale pour comprendre les rapports au langage des enfants et des adultes des classes populaires et donc pour comprendre le probl&egrave;me de l&rsquo;illettrisme. Concernant ces rapports, il &eacute;crit par exemple&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">&laquo;&nbsp;On sait que dans des univers sociaux &agrave; faible objectivation o&ugrave; le savoir n&rsquo;est pas s&eacute;par&eacute; des pratiques sociales mais se transmet au sein de la pratique, par <i>mimesis</i>, les individus sont pris dans le langage et sont sans prise sur lui. Happ&eacute;s par les choses &agrave; dire (les fonctions pratiques de la communication) et &agrave; faire, ils ne s&eacute;parent pas aussi ais&eacute;ment l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re diff&eacute;renciante et classifiante de ce qu&rsquo;elle diff&eacute;rencie et classifie. Sans parler de science du langage, c&rsquo;est un retour r&eacute;flexif sur le langage qui est rendu plus difficile du fait de son imbrication dans chaque situation, chaque action sur le monde et sur les autres.&nbsp;&raquo; (Lahire 2008&nbsp;: 49-50)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span cambria="" style="font-family:">Cette difficult&eacute; de mettre la langue &agrave; distance est accentu&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, qui objective la langue et contraint le lecteur/scripteur &agrave; une r&eacute;flexivit&eacute; m&eacute;talinguistique permanente. Les rapports des milieux populaires au langage se caract&eacute;risent par ce qu&rsquo;il appelle un &laquo;&nbsp;rapport oral/pratique&nbsp;&raquo; au langage et au monde (Lahire 1993a). Il &eacute;crit &agrave; propos de la lecture des personnes appartenant aux classes populaires : </span></span></span></p> <p class="CxSpFirst"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;L&rsquo;invariant des diff&eacute;rents modes d&rsquo;appropriation des textes (journaux, revues, livres divers) mis en &oelig;uvre par ceux-ci, c&rsquo;est la volont&eacute; objective d&rsquo;ancrage des textes dans une autre r&eacute;alit&eacute; que la seule r&eacute;alit&eacute; textuelle&nbsp;: dans une configuration pratique, dans un espace connu, v&eacute;cu, dans les cadres, les sch&eacute;mas d&rsquo;une exp&eacute;rience pass&eacute;e ou pr&eacute;sente ou dans le r&eacute;el.&nbsp;&raquo; </span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La grande difficult&eacute; des personnes illettr&eacute;es &agrave; prendre de la distance par rapport &agrave; la langue, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; d&eacute;velopper les comp&eacute;tences m&eacute;talinguistiques n&eacute;cessaires &agrave; la maitrise de l&rsquo;&eacute;crit, est autant la cause que la cons&eacute;quence de leur ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. La remarque de Lahire sur le mode d&rsquo;appropriation des textes est &eacute;galement confirm&eacute;e par des &eacute;tudes sur des adultes en formation (Adami 2001) et en milieu professionnel (Adami 2008).</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce type de rapport &agrave; la langue et &agrave; l&rsquo;&eacute;crit en particulier est une donn&eacute;e centrale &agrave; comprendre pour l&rsquo;int&eacute;grer &agrave; une d&eacute;marche didactique. Ceci en effet d&eacute;termine pour une large part, &agrave; la fois la fa&ccedil;on dont les adultes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit aborderont et s&rsquo;impliqueront dans les formations qu&rsquo;ils suivent, mais &eacute;galement la fa&ccedil;on de concevoir une approche didactique adapt&eacute;e et bien s&ucirc;r les outils qui l&rsquo;accompagnent.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>2.4. Que sait-on des proc&eacute;dures d&rsquo;apprentissage de la lecture et de l&rsquo;&eacute;criture chez les adultes ?</b></span></span></p> <p class="CxSpLast"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Que ce soit dans le domaine de l&rsquo;apprentissage de la lecture avec des enfants ou des adultes, la querelle des m&eacute;thodes a &eacute;t&eacute; interminablement remise en sc&egrave;ne. Les partisans des m&eacute;thodes dites &laquo;&nbsp;globales&nbsp;&raquo; ou des m&eacute;thodes dites &laquo;&nbsp;syllabiques&nbsp;&raquo; n&rsquo;ont cess&eacute; d&rsquo;alimenter un d&eacute;bat qui, par bien des aspects, &eacute;tait davantage id&eacute;ologique que scientifique<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></a>. Si la recherche s&rsquo;est essentiellement focalis&eacute;e sur les enfants, on ne savait en revanche pas grand-chose des adultes. Mais, ces derni&egrave;res ann&eacute;es, de nombreuses &eacute;tudes ont &eacute;t&eacute; men&eacute;es en psychologie du d&eacute;veloppement et de l&rsquo;&eacute;ducation pour d&eacute;crire les comp&eacute;tences cognitives et les processus d&rsquo;apprentissage des adultes illettr&eacute;s et beaucoup de r&eacute;sultats sont d&eacute;sormais &agrave; notre disposition. Em&eacute;, Nantes et Delliaux (2011) en font une synth&egrave;se tr&egrave;s int&eacute;ressante et tr&egrave;s utile. Ce qui ressort de cette synth&egrave;se sur les recherches men&eacute;es aupr&egrave;s de personnes illettr&eacute;es, ce sont des points saillants, confirm&eacute;s par des r&eacute;sultats convergents d&rsquo;&eacute;tudes diff&eacute;rentes. Ces points saillants relev&eacute;s par Em&eacute; <i>et alii </i>sont les suivants&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Ils pr&eacute;sentent un d&eacute;ficit dans le traitement phonologique des mots &eacute;crits<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></a>. Ceci signifie qu&rsquo;ils peinent &agrave; d&eacute;coder les graph&egrave;mes pour les associer aux phon&egrave;mes.</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Ils pr&eacute;sentent des d&eacute;ficits &eacute;galement dans le domaine m&eacute;ta-phonologique, ce qui signifie qu&rsquo;ils ont du mal &agrave; reconnaitre des phon&egrave;mes et &agrave; les distinguer.</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Ils &eacute;prouvent des difficult&eacute;s en compr&eacute;hension syntaxique et morphologique, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;ils ont du mal &agrave; comprendre des phrases et des constructions de mots plus complexes (en identifiant les infixes, les racines, les terminaisons, etc.)&nbsp;; de la m&ecirc;me fa&ccedil;on, ils &eacute;prouvent des difficult&eacute;s &agrave; r&eacute;tablir le sens d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s &agrave; partir des marqueurs de relation, des connecteurs, etc.</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Ils ont des difficult&eacute;s &agrave; comprendre les formes de langage non litt&eacute;ral (ironie, demandes indirectes, inf&eacute;rences, etc.)</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-bottom:16px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Enfin, les &eacute;tudes d&eacute;montrent que les personnes illettr&eacute;es &eacute;prouvent &eacute;galement des difficult&eacute;s &agrave; l&rsquo;oral, en expression et en compr&eacute;hension.</span></span></p> <p class="CxSpFirst"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour pallier ces difficult&eacute;s, les personnes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit s&rsquo;appuient sur la proc&eacute;dure orthographique en mobilisant les repr&eacute;sentations des mots &laquo;&nbsp;enregistr&eacute;s&nbsp;&raquo; dans leur m&eacute;moire &agrave; long terme, ceux qu&rsquo;ils ont d&eacute;j&agrave; vus et d&eacute;j&agrave; lus et qu&rsquo;ils parviennent &agrave; reconnaitre sans d&eacute;codage. Mais justement, en raison de leurs difficult&eacute;s &agrave; d&eacute;chiffrer, ils lisent mal et peu et ne sont pas parvenus &agrave; constituer en m&eacute;moire un &laquo;&nbsp;stock&nbsp;&raquo; suffisant de mots &eacute;crits. Ils &eacute;laborent &eacute;galement des strat&eacute;gies pour acc&eacute;der au sens du texte sans passer par le d&eacute;codage et la reconnaissance des mots, en s&rsquo;appuyant sur toutes les informations que donnent les textes (iconographiques, chromatiques, paratextuelles, etc.) ainsi que sur leur exp&eacute;rience du sujet trait&eacute;, sur leurs opinions, leurs souvenirs (Adami 2008&nbsp;; Eme <i>et alii</i> 2011). Ils mobilisent ainsi toutes leurs ressources non textuelles pour acc&eacute;der au sens des &eacute;nonc&eacute;s &eacute;crits mais cette strat&eacute;gie, si elle d&eacute;montre de v&eacute;ritables comp&eacute;tences, est al&eacute;atoire, couteuse d&rsquo;un point de vue cognitif et rarement couronn&eacute;e de succ&egrave;s. Les personnes illettr&eacute;es ne sont pas inertes face &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et savent &eacute;laborer des strat&eacute;gies parfois complexes mais leurs efforts sont disproportionn&eacute;s au regard des r&eacute;sultats obtenus. </span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;autres &eacute;tudes, l&agrave; encore toutes convergentes et qui viennent cette fois du c&ocirc;t&eacute; de la neurologie et de l&rsquo;imagerie c&eacute;r&eacute;brale, montrent l&rsquo;impact de l&rsquo;apprentissage de la lecture sur le d&eacute;veloppement du cerveau (Dehaene <i>et alii</i> 2011&nbsp;; Kolinski <i>et alii</i> 2014 et 2018). Une aire du cerveau, destin&eacute;e &agrave; la reconnaissance des visages notamment, est &laquo;&nbsp;recycl&eacute;e&nbsp;&raquo; pour servir &agrave; la reconnaissance des graph&egrave;mes. Les &eacute;tudes effectu&eacute;es avec trois groupes t&eacute;moins de personnes lettr&eacute;es, analphab&egrave;tes et alphab&eacute;tis&eacute;es &agrave; l&rsquo;&acirc;ge adulte, montrent que plus les personnes sont comp&eacute;tentes en lecture, et depuis longtemps, plus cette zone s&rsquo;active. Les &eacute;tudes montrent deux choses importantes par ailleurs&nbsp;: d&rsquo;une part, la plasticit&eacute; du cerveau chez les adultes reste suffisante pour commencer &agrave; apprendre &agrave; lire de fa&ccedil;on efficace (&agrave; condition de lire r&eacute;guli&egrave;rement apr&egrave;s les premiers apprentissages)&nbsp;; d&rsquo;autre part, le d&eacute;veloppement de la zone du cerveau correspondant &agrave; la lecture entraine une modification de l&rsquo;aire de la parole, en ce sens que la litt&eacute;ratie permet de mieux distinguer les phon&egrave;mes &agrave; l&rsquo;oral. Le d&eacute;veloppement d&rsquo;une comp&eacute;tence peut donc entrainer le d&eacute;veloppement de l&rsquo;autre. Enfin, ces &eacute;tudes indiquent &eacute;galement que la pratique de l&rsquo;&eacute;criture favorise le d&eacute;veloppement de l&rsquo;aire c&eacute;r&eacute;brale de la lecture. Les fonctions c&eacute;r&eacute;brales fonctionnent donc en interaction dans une sorte de spirale positive mettant en mouvement celles de la parole, de la lecture et de l&rsquo;&eacute;criture. Ces &eacute;tudes convergent pour tirer la conclusion que l&rsquo;apprentissage de la lecture doit n&eacute;cessairement passer par une approche utilisant la proc&eacute;dure phonologique, c&rsquo;est-&agrave;-dire les m&eacute;thodes de d&eacute;codage des graph&egrave;mes. Ces recherches sont d&rsquo;une importance capitale pour l&rsquo;intervention didactique&nbsp;: elles peuvent permettre d&rsquo;orienter le travail sp&eacute;cifique de l&rsquo;apprentissage de la lecture dans une direction pr&eacute;cise et de construire des outils adapt&eacute;s.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En revanche, en ce qui concerne la production &eacute;crite des adultes francophones en difficult&eacute;s, les travaux scientifiques sont plus rares. Cette raret&eacute; est encore plus manifeste quand on connait l&rsquo;abondance et la qualit&eacute; des travaux men&eacute;s dans le domaine de la production &eacute;crite et de l&rsquo;entr&eacute;e en &eacute;criture des enfants scolaris&eacute;s. Les mod&egrave;les psycholinguistiques du processus r&eacute;dactionnel sont bas&eacute;s sur l&rsquo;observation de ces enfants, &agrave; diff&eacute;rentes &eacute;tapes de leur parcours d&rsquo;apprentissage, mais jamais sur des adultes, &agrave; l&rsquo;exception peut-&ecirc;tre de quelques travaux de Ferreiro (2002). Certains travaux portent sp&eacute;cifiquement sur des adultes en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit (Torunczyk 2000&nbsp;; Balas&nbsp;2010 ; Balslev 2008) mais ils analysent &agrave; la fois des allophones, analphab&egrave;tes ou non, et des francophones. Or, l&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;&eacute;crit en fran&ccedil;ais, selon qu&rsquo;il s&rsquo;agit de la langue premi&egrave;re ou de la langue seconde, est tr&egrave;s diff&eacute;rente. Les travaux de Torunczyk, qui est une praticienne-chercheure, sont particuli&egrave;rement int&eacute;ressants&nbsp;: elle observe, d&eacute;crit et analyse de fa&ccedil;on fine de nombreuses situations concr&egrave;tes en formation o&ugrave; ses apprenants se trouvent confront&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, leur fa&ccedil;on de l&rsquo;aborder, d&rsquo;essayer d&rsquo;en comprendre le fonctionnement et de s&rsquo;en approprier les codes, linguistiques, sociaux et pragmatiques. Ce qu&rsquo;elle constate, c&rsquo;est une grande h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; dans les rapports &agrave; l&rsquo;&eacute;crit de ces apprenants, qui peut en partie s&rsquo;expliquer justement par le fait que certains soient allophones et d&rsquo;autres natifs. D&rsquo;autres &eacute;tudes analysent sp&eacute;cifiquement les productions de francophones natifs en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit (Adami 1994 et 1998&nbsp;; Bernard <i>et alii</i> 1997&nbsp;; Leclercq 1994 et 1999). Ces &eacute;tudes convergent pour montrer qu&rsquo;il existe deux types principaux de difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par les scripteurs natifs en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;: des probl&egrave;mes pragmatiques et des probl&egrave;mes de coh&eacute;rence textuelle. Les probl&egrave;mes pragmatiques sont li&eacute;s au fait que ces scripteurs ne parviennent pas &agrave; g&eacute;rer les contraintes de la communication &eacute;crite, qui est une interaction diff&eacute;r&eacute;e dans le temps et dans l&rsquo;espace. Le scripteur doit en effet compter avec l&rsquo;absence de son interlocuteur, c&rsquo;est-&agrave;-dire du lecteur. Il doit &eacute;galement tenir compte du fait que cette distance, dans le temps et dans l&rsquo;espace, produit un d&eacute;calage contextuel qui doit &ecirc;tre compens&eacute; par des explicitations, l&rsquo;apport d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments d&rsquo;information n&eacute;cessaires au lecteur. Le scripteur doit s&rsquo;adapter &agrave; la situation de communication &eacute;crite et &agrave; ce que cela implique pour la r&eacute;daction. Les scripteurs en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit ont tendance &agrave; laisser des informations dans l&rsquo;ordre de l&rsquo;implicite et &agrave; &eacute;crire comme si leurs interlocuteurs se trouvaient face &agrave; eux et, surtout, comme s&rsquo;ils poss&eacute;daient d&eacute;j&agrave; un certain nombre d&rsquo;informations. Les probl&egrave;mes de coh&eacute;rence textuelle, quant &agrave; eux, montrent des difficult&eacute;s &agrave; organiser les &eacute;nonc&eacute;s &eacute;crits en utilisant les connecteurs logiques (la conjonction <i>et</i> se substituant souvent &agrave; toutes les autres), &agrave; maitriser les reprises anaphoriques, fr&eacute;quemment al&eacute;atoires, ou &agrave; utiliser les inf&eacute;rences et les reprises d&rsquo;inf&eacute;rences. Le processus de construction des discours &eacute;crits chez les scripteurs en ins&eacute;curit&eacute; est de type exo-textuel (Adami 1998), c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il ne se d&eacute;veloppe pas selon la logique propre du texte et ses principes de coh&eacute;rence, mais en s&rsquo;appuyant sur des r&eacute;f&eacute;rences ext&eacute;rieures, sur des pr&eacute;suppos&eacute;s bas&eacute;s sur des exp&eacute;riences qui ne sont pas explicit&eacute;s pour le lecteur. Les scripteurs en ins&eacute;curit&eacute;, quand ils &eacute;crivent, se placent en fait dans une situation d&rsquo;oralit&eacute; (Adami 2001)&nbsp;: ils &eacute;crivent comme s&rsquo;ils se trouvaient en situation de face &agrave; face oral avec un interlocuteur qu&rsquo;ils connaissent, dans une interaction de connivence.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces scripteurs, pourtant, parviennent &agrave; produire des &eacute;nonc&eacute;s &eacute;crits, ce qui n&rsquo;est pas le cas de ceux dont l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit est plus importante encore. Bernard <i>et alii</i> (1997) &eacute;tablissent ainsi des profils de producteurs de textes qui s&rsquo;&eacute;chelonnent le long d&rsquo;un continuum. Certains scripteurs ne parviennent qu&rsquo;avec difficult&eacute; &agrave; appliquer les principes d&rsquo;encodage phono-graphiques ou &agrave; segmenter les mots. Pour tous, la ponctuation est inexistante ou al&eacute;atoire et l&rsquo;orthographe pose &eacute;videmment des probl&egrave;mes majeurs. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs dans ce domaine que sont men&eacute;es des recherches r&eacute;centes et prometteuses (Blondel <i>et alii</i> 2016) et Conseil dans ce m&ecirc;me num&eacute;ro.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">S&rsquo;appuyant sur ces recherches, et sur les acquis de la psycholinguistique des processus r&eacute;dactionnels, des pistes didactiques peuvent &ecirc;tre d&eacute;gag&eacute;es. Chaque &eacute;tape de ce processus (planification, mise en texte et r&eacute;vision), dont les bases ont &eacute;t&eacute; jet&eacute;es par Flower et Hayes (1981) puis discut&eacute;, compl&eacute;t&eacute; et enrichi (Garcia-Debanc et Fayol 2002) peut &ecirc;tre rep&eacute;r&eacute;e et travaill&eacute;e de fa&ccedil;on sp&eacute;cifique. L&rsquo;aide &agrave; la planification travaillant les aspects pragmatiques, la mise en texte s&rsquo;int&eacute;ressant aux questions de coh&eacute;rence textuelle et la r&eacute;vision &agrave; ces deux aspects. De nombreux travaux et exp&eacute;riences<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></a> existent sur ces approches dans le domaine scolaire et il est possible de s&rsquo;y r&eacute;f&eacute;rer en les adaptant aux particularit&eacute;s de la situation et des caract&eacute;ristiques des adultes.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>2.5. Une analyse n&eacute;cessairement multifactorielle.</b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La question de l&rsquo;illettrisme n&rsquo;est pas circonscrite &agrave; celle de la maitrise de l&rsquo;&eacute;crit. Les adultes qui se trouvent dans cette situation, en raison de parcours scolaires et/ou de parcours de vie compliqu&eacute;s, sont souvent confront&eacute;s &agrave; d&rsquo;autres probl&egrave;mes que ceux engendr&eacute;s directement par une maitrise insuffisante de l&rsquo;&eacute;crit. La plupart ont une vie professionnelle et sociale qui ne les marginalise pas forc&eacute;ment mais leurs difficult&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;crit engendrent d&rsquo;autres probl&egrave;mes sans doute moins rep&eacute;rables. En effet, la maitrise tr&egrave;s partielle ou incertaine de l&rsquo;&eacute;crit est li&eacute;e &agrave; des probl&egrave;mes d&rsquo;ordre cognitif, de raisonnement, d&rsquo;abstraction, qui ne sont pas identifiables facilement. Or, ce ne sont pas ces probl&egrave;mes qui engendrent ceux de l&rsquo;&eacute;crit mais souvent l&rsquo;inverse (Eme <i>et alii</i> 2011). En effet, sauf en cas de pathologies identifi&eacute;es (comme la dyslexie par exemple), ce sont les probl&egrave;mes li&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;crit qui engendrent les difficult&eacute;s cognitives. Comme l&rsquo;a d&eacute;montr&eacute; Goody (1979&nbsp;; 1994), l&rsquo;&eacute;crit est une &laquo;&nbsp;technologie de l&rsquo;intellect&nbsp;&raquo;, un outil conceptuel qui permet de d&eacute;velopper des facult&eacute;s de raisonnement sp&eacute;cifiques. La manipulation de l&rsquo;outil symbolique qu&rsquo;est l&rsquo;&eacute;crit permet de d&eacute;velopper des capacit&eacute;s cognitives utiles dans d&rsquo;autres domaines et d&rsquo;autres t&acirc;ches. L&rsquo;analyse de la question de l&rsquo;illettrisme n&eacute;cessite, comme le disait d&eacute;j&agrave; Leclercq (1999), de poser les probl&egrave;mes de fa&ccedil;on interdisciplinaire. Sciences du langage, sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, sociologie, psychologie, sciences cognitives, de nombreuses disciplines apportent des &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;analyse indispensables. Les causes de l&rsquo;illettrisme sont multifactorielles, m&ecirc;me si l&rsquo;origine sociale repr&eacute;sente sans doute un facteur surd&eacute;terminant dans la majorit&eacute; des cas. Les parcours et les profils des personnes illettr&eacute;es sont &agrave; la fois tr&egrave;s diff&eacute;rents et tr&egrave;s semblables. Comme le montre Lahire (1993b&nbsp;; 1995), les rapports &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, cependant, ne sont pas syst&eacute;matiquement pr&eacute;visibles selon l&rsquo;origine sociale. Les illettr&eacute;s ne sont pas tous dans un rapport de distance, voire de conflit, avec la culture &eacute;crite. Les parcours et les profils sont diff&eacute;rents parce qu&rsquo;une vie n&rsquo;est jamais exactement la m&ecirc;me qu&rsquo;une autre, mais ils sont en m&ecirc;me temps tr&egrave;s semblables dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;on retrouve souvent les m&ecirc;mes &eacute;l&eacute;ments&nbsp;: pr&eacute;carit&eacute; sociale et &eacute;conomique plus ou moins importante, situations sociales et/ou familiales difficiles, d&eacute;crochage scolaire, etc. Si on ne peut pas dresser le portrait type d&rsquo;une personne illettr&eacute;e, on peut en revanche esquisser une silhouette sociale.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On poss&egrave;de donc, par de nombreuses recherches et dans diff&eacute;rents domaines, la possibilit&eacute; d&rsquo;aborder la question de l&rsquo;intervention didactique avec des personnes illettr&eacute;es en s&rsquo;appuyant sur des bases solides. La conception des contenus d&rsquo;apprentissage, des d&eacute;marches et des outils doit pouvoir tenir compte de ces savoirs pour construire des programmes de formation s&eacute;rieux et structur&eacute;s. Il s&rsquo;agit de concevoir et de cr&eacute;er un programme didactique sp&eacute;cifique qui place bien s&ucirc;r la question de la lecture et de l&rsquo;&eacute;criture au c&oelig;ur de sa d&eacute;marche, tout en int&eacute;grant les aspects sociaux, cognitifs ou andragogiques. L&rsquo;empathie que suscite le probl&egrave;me des personnes illettr&eacute;es ne doit pas conduire &agrave; m&eacute;sestimer ou &agrave; &eacute;carter une d&eacute;marche per&ccedil;ue &agrave; tort comme trop technicienne. Au contraire, l&rsquo;&eacute;l&eacute;vation du niveau d&rsquo;expertise des programmes et des interventions est sans doute davantage une marque de respect pour les apprenants qu&rsquo;une marque de distance. Pour concevoir cette d&eacute;marche, il me semble que la didactique du fran&ccedil;ais, comme r&eacute;f&eacute;rence scientifique et comme ing&eacute;nierie, est la mieux plac&eacute;e pour intervenir. Le probl&egrave;me, c&rsquo;est qu&rsquo;il faut encore qu&rsquo;elle s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la question, ce qui n&rsquo;est pas le cas pour l&rsquo;instant. C&rsquo;est aussi pourquoi, dans ce num&eacute;ro, nous tentons, en tant que didacticiens des langues, d&rsquo;apporter notre contribution.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt; text-align:justify; margin-bottom:16px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b>2.6. </b><b>Quelques pistes didactiques</b></span></span></p> <p class="CxSpFirst"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour intervenir efficacement, il convient d&rsquo;abord de poss&eacute;der les bonnes informations sur les comp&eacute;tences des personnes qui suivent les formations. C&rsquo;est la phase fondamentale de l&rsquo;&eacute;valuation sans laquelle toute d&eacute;marche avance dans le brouillard. Cette phase est d&rsquo;autant plus importante que les probl&egrave;mes des personnes illettr&eacute;es ne se limitent pas &agrave; un &laquo;&nbsp;niveau&nbsp;&raquo; insuffisant en lecture et en &eacute;criture. A cet &eacute;gard, les tests effectu&eacute;s pour mesurer l&rsquo;illettrisme<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[11]</span></span></span></span></a> &eacute;tablissent des profils selon les difficult&eacute;s des jeunes adultes (&laquo;&nbsp;difficult&eacute;s s&eacute;v&egrave;res&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;tr&egrave;s faibles capacit&eacute;s de lecture&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;lecteurs m&eacute;diocres&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;lecteurs efficaces&nbsp;&raquo;) mais n&rsquo;indiquent que sommairement les types de difficult&eacute;s rencontr&eacute;es. Les capacit&eacute;s de compr&eacute;hension du lexique sont test&eacute;es ainsi que la fluidit&eacute; de la lecture et le taux de compr&eacute;hension des textes soumis pour l&rsquo;&eacute;valuation, mais nous en apprenons peu sur les modes d&rsquo;appropriation de ces textes et sur les strat&eacute;gies de lecture mises en &oelig;uvre par les jeunes test&eacute;s. Les difficult&eacute;s et les strat&eacute;gies de compensation sont complexes et multiformes. Elles sont li&eacute;es &eacute;galement aux parcours sociaux ou professionnels des personnes illettr&eacute;es qui &eacute;prouvent des difficult&eacute;s importantes face &agrave; certains types de textes tout en &eacute;tant capables de s&rsquo;en approprier d&rsquo;autres, en s&rsquo;appuyant sur leur exp&eacute;rience, comme c&rsquo;est le cas dans le traitement de certains &eacute;crits professionnels par exemple. Les comp&eacute;tences en lecture sont li&eacute;es aux m&eacute;canismes de d&eacute;chiffrage et de compr&eacute;hension du lexique notamment, mais elles sont li&eacute;es &eacute;galement aux th&egrave;mes abord&eacute;s par les diff&eacute;rents textes&nbsp;: plus le th&egrave;me est familier au lecteur et moins il sera en difficult&eacute;s, toutes proportions gard&eacute;es &eacute;videmment puisque l&rsquo;acc&egrave;s au sens n&eacute;cessite de toutes fa&ccedil;ons une aisance dans le processus de d&eacute;codage.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour toutes ces raisons, la phase d&rsquo;&eacute;valuation est capitale parce qu&rsquo;elle doit permettre de mesurer de fa&ccedil;on fine tous ces param&egrave;tres. C&rsquo;est justement cette base de param&egrave;tres qu&rsquo;il s&rsquo;agit de pr&eacute;ciser et d&rsquo;enrichir pour int&eacute;grer des aspects qui ne concernent pas strictement les aspects psycholinguistiques d&rsquo;apprentissage de la lecture. C&rsquo;est un travail qui a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; men&eacute; par Besse <i>et alii</i> (2004) et qui reste &agrave; mon avis une r&eacute;f&eacute;rence tout &agrave; fait utile. La dimension psycholinguistique est centrale mais elle int&egrave;gre &eacute;galement les aspects linguistiques et textuels des &eacute;crits ainsi que la dimension sociale, par le biais notamment d&rsquo;un entretien et d&rsquo;un questionnaire pr&eacute;vus lors de l&rsquo;&eacute;valuation. Le type d&rsquo;&eacute;valuation que proposent Besse <i>et alii</i> tient donc compte de la dimension multifactorielle du probl&egrave;me et propose un mode d&rsquo;&eacute;valuation qui permet d&rsquo;int&eacute;grer ces diff&eacute;rents aspects. Cette forme d&rsquo;&eacute;valuation n&rsquo;est pas seulement un test mais une approche qualitative qui int&egrave;gre les aspects cognitifs, linguistiques et sociaux. Cet outil est sans doute &agrave; parfaire et &agrave; am&eacute;liorer mais il constitue une base de travail int&eacute;ressante. Une &eacute;valuation fine &agrave; la fois des difficult&eacute;s et des acquis permet de construire une d&eacute;marche beaucoup plus adapt&eacute;e. A cet &eacute;gard, l&rsquo;individualisation est un objectif id&eacute;al mais qui, en pratique, n&rsquo;est pas forc&eacute;ment ais&eacute; &agrave; mettre en &oelig;uvre pour des raisons qui tiennent essentiellement aux limites mat&eacute;rielles que j&rsquo;ai &eacute;voqu&eacute;es dans la premi&egrave;re partie. Enfin, de fa&ccedil;on &agrave; rendre un peu plus lisibles les politiques et les actions de &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo;, un outil d&rsquo;&eacute;valuation complet et harmonis&eacute;, pour tous les acteurs du domaine, serait peut-&ecirc;tre n&eacute;cessaire.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les r&eacute;sultats des &eacute;valuations sur les comp&eacute;tences en lecture des jeunes adultes publi&eacute;s par le Minist&egrave;re de l&rsquo;Education Nationale<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[12]</span></span></span></span></a> montrent que 5.2 % d&rsquo;entre eux sont &laquo;&nbsp;en difficult&eacute;s s&eacute;v&egrave;res&nbsp;&raquo;, 6.3% ont de &laquo;&nbsp;tr&egrave;s faibles capacit&eacute;s de lecture&nbsp;&raquo; et que 11.5% sont des &laquo;&nbsp;lecteurs m&eacute;diocres&nbsp;&raquo;. Le total des &laquo;&nbsp;lecteurs efficaces&nbsp;&raquo; est quant &agrave; lui &eacute;valu&eacute; &agrave; 76.9%, c&rsquo;est-&agrave;-dire le reste des autres jeunes. Le total des jeunes ayant une lecture inefficace se monte donc &agrave; 23.1%, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; presque un quart de l&rsquo;ensemble. Mais les probl&egrave;mes des jeunes en difficult&eacute;s ne sont pas tous du m&ecirc;me ordre&nbsp;: les deux premi&egrave;res cat&eacute;gories ne poss&egrave;dent pas une lecture fluide d&rsquo;abord parce qu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas acquis les m&eacute;canismes de base du d&eacute;codage grapho-phonique. Les &laquo;&nbsp;lecteurs m&eacute;diocres&nbsp;&raquo; quant &agrave; eux parviennent &agrave; d&eacute;coder de fa&ccedil;on plus fluide mais ne comprennent pas ce qu&rsquo;ils lisent.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si l&rsquo;on se fie &agrave; ces r&eacute;sultats, ainsi qu&rsquo;aux &eacute;tudes que j&rsquo;ai &eacute;voqu&eacute;es dans les parties pr&eacute;c&eacute;dentes, une d&eacute;marche didactique se profile. Pour cela, la premi&egrave;re &eacute;tape est une &eacute;valuation fine des difficult&eacute;s, je l&rsquo;ai montr&eacute; au-dessus. Pour le reste, une d&eacute;marche didactique devrait pouvoir s&rsquo;&eacute;laborer sur des phases de progression bas&eacute;es sur les difficult&eacute;s des adultes et sur le processus d&rsquo;entr&eacute;e en lecture. </span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Un travail syst&eacute;matique sur le d&eacute;codage et l&rsquo;automatisation des correspondances grapho-phoniques sans lesquels aucune lecture fluide n&rsquo;est possible.</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Un travail sur le lexique parce que le sens et la compr&eacute;hension sont indissociables du d&eacute;codage.</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Un travail sur la construction et la coh&eacute;rence des discours &eacute;crits. Ceux-ci en effet ne sont jamais qu&rsquo;une simple juxtaposition de mots mais une trame, un tissu de significations qui prennent leur sens les unes par rapport aux autres. Il s&rsquo;agit ainsi de travailler la coh&eacute;rence des textes (du simple document &agrave; l&rsquo;article de journal) en fonction des proc&eacute;d&eacute;s qui assurent cette coh&eacute;rence&nbsp;: reprises anaphoriques, connecteurs, implicites, inf&eacute;rences, etc.</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-bottom:16px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span>Un travail sur la fonction sociale des documents &eacute;crits, sur leur nature et leur forme. Il s&rsquo;agit pour les apprenants d&rsquo;identifier le type de document (publicit&eacute;, avertissement de pr&eacute;vention, consigne, etc.) afin d&rsquo;en comprendre la fonction. Il s&rsquo;agit &eacute;galement de d&eacute;couvrir les &eacute;l&eacute;ments para-textuels, typographiques ou chromatiques d&rsquo;un document et d&rsquo;en comprendre la pertinence. Les aspects verbaux, dans un document, ne sont en effet pas dissociables de ces &eacute;l&eacute;ments. Par exemple, ce qui est &eacute;crit en majuscule, surlign&eacute; en gras et/ou en couleur et plac&eacute; en t&ecirc;te du document, indique qu&rsquo;il s&rsquo;agit de l&rsquo;information qui donne du sens &agrave; l&rsquo;ensemble du document, ce qui oriente n&eacute;cessairement l&rsquo;orientation de la lecture et la compr&eacute;hension. Cette approche contextualis&eacute;e de l&rsquo;apprentissage de la lecture exclut donc de fait les m&eacute;thodes ou manuels centr&eacute;s exclusivement sur le code et compl&egrave;tement d&eacute;connect&eacute;s de l&rsquo;&eacute;crit en situation, des sortes de &laquo;&nbsp;m&eacute;thodes Boscher&nbsp;&raquo; pour adultes pourtant encore utilis&eacute;es en formation d&rsquo;adultes<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[13]</span></span></span></span></a>. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais comme nous l&rsquo;avons vu, la lecture elle-m&ecirc;me n&rsquo;est pas dissociable du &laquo;&nbsp;faire social&nbsp;&raquo; comme dirait Lahire (1993). Les apprenants adultes sont engag&eacute;s dans des processus d&rsquo;insertion ou de r&eacute;insertion qui les placent au c&oelig;ur de la vie sociale et de ses contraintes, &agrave; la diff&eacute;rence des enfants &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. L&rsquo;apprentissage ou le r&eacute;apprentissage de la lecture n&rsquo;est pas une fin en soi mais une condition incontournable de la r&eacute;ussite de leur parcours et surtout un imp&eacute;ratif social. C&rsquo;est pourquoi une d&eacute;marche d&rsquo;apprentissage ou de r&eacute;apprentissage de la lecture avec des adultes ne peut s&rsquo;abstraire de la r&eacute;alit&eacute; sociale des apprenants adultes. C&rsquo;est donc pour cette raison que la d&eacute;marche didactique propos&eacute;e ici doit pouvoir s&rsquo;articuler et m&ecirc;me s&rsquo;emboiter tr&egrave;s &eacute;troitement avec la d&eacute;marche des Comp&eacute;tences Cl&eacute;s. Celle-ci en effet inclut explicitement les dimensions verbales et l&rsquo;on retrouve, dans les autres comp&eacute;tences non explicitement verbales, des dimensions langagi&egrave;res qui affleurent. La d&eacute;marche des Comp&eacute;tences Cl&eacute;s peut ainsi donner une orientation sociale concr&egrave;te &agrave; l&rsquo;apprentissage ou au r&eacute;apprentissage de l&rsquo;&eacute;crit, tandis que la d&eacute;marche centr&eacute;e sur les processus d&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;&eacute;crit propos&eacute;e ci-dessus apporte des contenus linguistiques et didactiques aux Comp&eacute;tences Cl&eacute;s. Il est donc possible de sortir de la logique de l&rsquo;&eacute;crit pour l&rsquo;&eacute;crit &agrave; la mani&egrave;re scolaire en articulant une d&eacute;marche d&rsquo;apprentissage ou de r&eacute;apprentissage de la lecture avec une d&eacute;marche d&rsquo;insertion sociale et professionnelle. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Conclusion</b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les dispositifs dit de &laquo;&nbsp;lutte contre l&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; sont des actions de formation qui ont pour objet principal la question de l&rsquo;enseignement/apprentissage du fran&ccedil;ais &eacute;crit avec des adultes francophones natifs. A ce titre, la formation linguistique aupr&egrave;s de ces publics rel&egrave;ve pleinement de la didactique du fran&ccedil;ais et plus largement de la didactique des langues. En l&rsquo;occurrence, il s&rsquo;agit de la didactique du fran&ccedil;ais langue premi&egrave;re puisque les apprenants sont francophones. Mais la didactique du fran&ccedil;ais ne s&rsquo;est jamais vraiment int&eacute;ress&eacute;e &agrave; ce terrain. Elle a pourtant acquis une expertise &eacute;prouv&eacute;e dans le domaine m&eacute;thodologique en s&rsquo;appuyant sur des conceptions modernes de la langue et du langage. J&rsquo;ai tent&eacute; ici de montrer ce potentiel en &eacute;voquant quelques pistes mais l&rsquo;essentiel reste &agrave; faire. A cet &eacute;gard, des implications et des propositions didactiques concr&egrave;tes de cette approche sont mises en ligne par notre &eacute;quipe de recherche <i>Langage, Travail et formation</i> (ATILF, Universit&eacute; de Lorraine &amp; CNRS) sur le site Portail FL2I (<a href="https://fli.atilf.fr/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://fli.atilf.fr/</a><span class="MsoHyperlink" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline">). </span></span></span></span></p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est un chantier important pour la didactique des langues, et du fran&ccedil;ais en particulier, qui peut &eacute;prouver un certain nombre de ses concepts et de ses approches sur un terrain qu&rsquo;elle a peu investi. C&rsquo;est aussi un travail n&eacute;cessaire pour les formateurs qui pourront sans doute trouver l&agrave; quelques pistes de travail et quelques outils. </span></span></p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>BIBLIOGRAPHIE</b></span></span></p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Adami H. 1994. <i>L&rsquo;&eacute;crit occasionnel&nbsp;: coh&eacute;rence pragmatique et coh&eacute;rence textuelle. Analyse d&rsquo;un corpus &eacute;pistolaire</i>. Th&egrave;se de doctorat en sciences du langage, Universit&eacute; Nancy 2.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Adami H. 1998. Qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;objet-texte pour les publics en difficult&eacute;s de lecture-&eacute;criture&nbsp;? <i>In </i>Hilgert J.M. <i>Journ&eacute;es interr&eacute;gionales de Fran&ccedil;ais Langue Etrang&egrave;re</i>, universit&eacute; de Strasbourg.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Adami H. 2001. L&rsquo;oralit&eacute; et la m&eacute;talangue dans les rapports au langage des scripteurs/lecteurs en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. <i>M&eacute;langes </i>n&deg; 25. p. 7-37.</span></span></p> <p class="Biblio" style="text-align:justify; text-indent:-42.55pt; margin-top:4px; margin-left:57px"><span style="font-size:11pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span cambria="" style="font-family:">Adami H. 2004. Repr&eacute;sentations de l&rsquo;&eacute;crit dans le discours des animateurs d&rsquo;un concours d&rsquo;&eacute;criture pour adultes en ins&eacute;curit&eacute; scripturale. <i>M&eacute;langes</i> n&deg; 26. p. 5-40.</span></span></span></span></p> <p class="Biblio" style="text-align:justify; text-indent:-42.55pt; margin-top:4px; margin-left:57px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Adami H. 2008.Tests de s&eacute;curit&eacute; pour salari&eacute;s en ins&eacute;curit&eacute; &agrave; l&#39;&eacute;crit : strat&eacute;gies de lecture en contexte professionnel. <i>TransFormations</i> n&deg;1. p.107-120.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Balas, B. 2010. Les repr&eacute;sentations de l&rsquo;Ecrit par l&rsquo;adulte apprenant lecteur-scripteur. L&rsquo;exemple de la copie d&rsquo;&eacute;crit. La d&eacute;marche visuo-graphique. <i>&Eacute;ducation et didactique</i>, <i>4</i>(1), 79-96.</span></span></p> <p align="left" style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Balslev, K. 2008. Analyser des &eacute;crits d&#39;adultes pour d&eacute;gager des strat&eacute;gies textuelles et scripturales. <i>TransFormations</i>, (1).</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bentolila A. 1996. <i>De l&rsquo;illettrisme en g&eacute;n&eacute;ral et de l&rsquo;&eacute;cole en particulier</i>. Plon.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bentolila A. 2016. <i>Le verbe contre la barbarie. Apprenons &agrave; nos enfants &agrave; vivre ensemble</i>. Odile Jacob.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bernard M, Besse J.M, Petit-Charles E. 1997. Production &eacute;crite et illettrisme. <i>In</i> Andrieux A, Besse J.M, Falaize B. <i>Illettrisme&nbsp;: quel chemin vers l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;?</i> Magnard.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Besse, J. M., &amp; Petiot-Poirson, K. 2003. <i>Qui est illettr&eacute; ? : d&eacute;crire et &eacute;valuer les difficult&eacute;s &agrave; se servir de l&#39;&eacute;crit</i>. Retz.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Besse, J. M., Luis, M. H., &amp; Paire, K. 2004. <i>&Eacute;valuer les illettrismes : diagnostic des modes d&#39;appropriation de l&#39;&eacute;crit : guide pratique</i>. Retz.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Catach N. 1991. <i>L&rsquo;orthographe fran&ccedil;aise</i>. Nathan.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chartier R. (dir.). 1993. <i>Pratiques de la lecture</i>. Payot.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cavallo, G., Chartier, R. 1997. <i>Histoire de la lecture dans le monde occidental</i>. Seuil.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cuq J.P. 1991. <i>Le fran&ccedil;ais langue seconde</i>. <i>Origines d&rsquo;une notion et implications</i>. Hachette.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cuq J.P. <i>et al.</i> 2003. <i>Dictionnaire de didactique du fran&ccedil;ais</i>. Paris : CLE international.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dab&egrave;ne M. 1987. L&#39;adulte et l&#39;&eacute;criture. Contribution &agrave; une didactique de l&#39;&eacute;crit en langue maternelle. De Boeck.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dehaene, S., Pegado, F., Braga, L. W., Ventura, P., Nunes Filho, G., Jobert, A., ... &amp; Cohen, L. (2011). L&rsquo;impact de l&rsquo;apprentissage de la lecture sur le cerveau. <i>m&eacute;decine/sciences</i>, <i>27</i>(3), 236-238. <a href="http://dx.doi.org/10.1051/medsci/2011273236" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://dx.doi.org/10.1051/medsci/2011273236</a> </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;Eme E. Nantes N. Delliaux C. 2011. Analyse cognitive et linguistique de l&rsquo;illettrisme&nbsp;: bilan des &eacute;tudes et implications pour la formation. <i>L&rsquo;orientation scolaire et professionnelle</i>, n&deg;40/3. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Esp&eacute;randieu V. Lion A. B&eacute;nichou J.P. 1984. <i>Des illettr&eacute;s en France</i>. Rapport au Premier Ministre. Paris&nbsp;: La documentation Fran&ccedil;aise.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ferreiro, E. 2002. <i>Culture &eacute;crite et &eacute;ducation</i>. Retz.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Flower, L., &amp; Hayes, J. R. 1981. A cognitive process theory of writing. <i>College composition and communication</i>, <i>32</i>(4), 365-387.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Furet, F., &amp; Ozouf, J. 1980. <i>Lire et &eacute;crire : l&#39;alphab&eacute;tisation des Fran&ccedil;ais de Calvin &agrave; Jules Ferry</i>. &Eacute;ditions de minuit.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Garcia-Debanc, C., &amp; Fayol, M. 2002. Des mod&egrave;les psycholinguistiques du processus r&eacute;dactionnel pour une didactique de la production &eacute;crite. <i>Rep&egrave;res.</i> <i>26</i>(1), 293-315.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Goody J. 1979. <i>La raison graphique. La domestication de la pens&eacute;e sauvage</i>. Editions de Minuit.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Goody J. 1994. <i>Entre l&rsquo;oralit&eacute; et l&rsquo;&eacute;criture</i>. Presses Universitaires de France.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Grignon, C., &amp; Passeron, J. C. 1989. <i>Le savant et le populaire</i>. Gallimard.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Halt&eacute;, J. F. 1992. <i>La didactique du fran&ccedil;ais</i>. Paris : Presses Universitaires de France.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Kolinsky, R., Morais, J., Cohen, L., Dehaene-Lambertz, G., &amp; Dehaene, S. 2014. L&#39;influence de l&#39;apprentissage du langage &eacute;crit sur les aires du langage. <i>Revue de neuropsychologie</i>, <i>6</i>(3), 173-181.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Kolinsky, R., Morais, J., Cohen, L., &amp; Dehaene, S. 2018. Les bases neurales de l&rsquo;apprentissage de la lecture. <i>Langue fran&ccedil;aise</i>, (3), 17-33. </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lahire, B. 1993a. <i>Culture &eacute;crite et in&eacute;galit&eacute;s scolaires. Sociologie de l&#39;&quot; &eacute;chec scolaire&quot; &agrave; l&#39;&eacute;cole primaire</i>.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lahire, B. 1993b. <i>La raison des plus faibles : rapport au travail, &eacute;critures domestiques et lectures en milieux populaires</i>.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lahire, B. 1995. <i>Tableaux de familles. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires</i>. Le Seuil.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lahire B. 1999. L&rsquo;invention de l&rsquo;&laquo;&nbsp;illettrisme&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lahire B. 2008. <i>La raison scolaire. Ecole et pratiques d&#39;&eacute;criture, entre savoir et pouvoir</i>. Presses Universitaires de Rennes.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leclercq&nbsp;V.1994. Proc&eacute;dures et fonctions des relectures-r&eacute;visions de textes produits par des apprenants de l&rsquo;&eacute;ducation de base&nbsp;&raquo;, <i>in</i> Y. Reuter (dir), <i>Les interactions lecture/&eacute;criture</i>, Berne, P. Lang, pp. 283-317.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leclercq V. 1995. Formation de base des adultes et didactique de l&rsquo;&eacute;crit. <i>Perspectives documentaires en &eacute;ducation</i>, n&deg;36. <a href="https://docplayer.fr/19337144-Fojrmation-de-base-des-adultes-et-didactique-de-l-ecrit-veronique-leclercq.html" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://docplayer.fr/19337144-Fojrmation-de-base-des-adultes-et-didactique-de-l-ecrit-veronique-leclercq.html</a></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leclercq V. 1999. <i>Face &agrave; l&rsquo;illettrisme. Enseigner l&rsquo;&eacute;crit &agrave; des adultes</i>. ESF Editeur.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leclercq V. 2017. Didactique du fran&ccedil;ais et formation de base des adultes&nbsp;: r&eacute;trospective historique. <i>Recherches en didactique</i>, n&deg; 24/2, pp. 61-80.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Peugny C. 2013. <i>Le destin au berceau&nbsp;: in&eacute;galit&eacute;s et reproduction sociale</i>. Paris&nbsp;: Le Seuil.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Schwartz, O. 2011. Peut-on parler des classes populaires&nbsp;? <i>Laviedesidees.fr</i>, <a href="http://www.laviedesidees.fr/IMG/pdf/20110913_schwartz.pdf" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://www.laviedesidees.fr/IMG/pdf/20110913_schwartz.pdf</a>&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Terrail J.P. 2013. <i>Entrer dans l&rsquo;&eacute;crit. Tous capables&nbsp;?</i> La Dispute.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Thiesse A.M. 2000. <i>Le roman du quotidien. Lecteurs et lectures populaires &agrave; la belle &eacute;poque</i>. Le Seuil.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tiberghien-Leclercq V. 2018. Formation linguistique d&rsquo;adultes&nbsp;: un espace scientifique qui reste &agrave; construire. <i>Diversit&eacute;</i> n&deg; 192.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Torunczyk, A. 2000. <i>L&#39;apprentissage de l&#39;&eacute;crit chez les adultes : cheminements du savoir lire-&eacute;crire</i>. L&#39;Harmattan.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Verret, M. 1996. <i>La culture ouvri&egrave;re</i>. L&#39;Harmattan.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:16px"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vigna, X. 2016. <i>L&#39;espoir et l&#39;effroi : Luttes d&#39;&eacute;critures et luttes de classes en France au XXe si&egrave;cle</i>. La D&eacute;couverte.</span></span></p> <p class="CxSpMiddle">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></a> Ce sont les enqu&ecirc;tes men&eacute;es dans le cadre des Journ&eacute;es d&rsquo;Appel de Pr&eacute;paration &agrave; la D&eacute;fense (JAPD) devenues les Journ&eacute;es D&eacute;fense Citoyennet&eacute; (JCD) en 2011&nbsp;; ce sont aussi les r&eacute;sultats publi&eacute;s dans le cadre de l&rsquo;enqu&ecirc;te Information et Vie Quotidienne (IVQ). </span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></a> J&rsquo;utiliserai pour la suite de cet article <i>association</i>&nbsp;pour les petites structures b&eacute;n&eacute;voles ou partiellement professionnalis&eacute;es et <i>organisme de formation (OF)</i> pour les structures enti&egrave;rement professionnalis&eacute;es. </span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p align="left" class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></a> <a href="http://www.anlci.gouv.fr/L-ANLCI/Qui-sommes-nous/Le-Forum-permanent-des-Pratiques" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://www.anlci.gouv.fr/L-ANLCI/Qui-sommes-nous/Le-Forum-permanent-des-Pratiques</a> </span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></a> Il s&rsquo;agit des enqu&ecirc;tes faites lors de la Journ&eacute;e D&eacute;fense Citoyennet&eacute; (JDC) ou de l&rsquo;enqu&ecirc;te Information Vie Quotidienne (IVQ).</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></a> Pour accr&eacute;diter la th&egrave;se que l&rsquo;illettrisme n&rsquo;est pas que le fait des m&eacute;tiers d&rsquo;ex&eacute;cution et qu&rsquo;il peut concerner tout le monde, le journal <i>Le Monde</i> nous raconte par exemple l&rsquo;histoire invraisemblable d&rsquo;un trader ayant suivi des &eacute;tudes dans une &eacute;cole de commerce malgr&eacute; son &laquo;&nbsp;illettrisme&nbsp;&raquo; et qui fait sa carri&egrave;re comme si de rien n&rsquo;&eacute;tait&nbsp;; il nous raconte &eacute;galement le cas de ce cadre dans l&rsquo;h&ocirc;tellerie, qui plus est responsable de formation, et lui aussi &laquo;&nbsp;illettr&eacute;&nbsp;&raquo; bien qu&rsquo;il soit titulaire d&rsquo;un master. Ces fables et ces histoires &agrave; dormir debout n&rsquo;ont d&rsquo;autre int&eacute;r&ecirc;t que de montrer l&rsquo;inflation m&eacute;diatique autour de l&rsquo;illettrisme et la confusion g&eacute;n&eacute;rale qui s&rsquo;ensuit.</span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;<a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/16/l-illettrisme-des-cadres-un-phenomene-meconnu-et-tabou_1833722_3224.html" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/16/l-illettrisme-des-cadres-un-phenomene-meconnu-et-tabou_1833722_3224.html</a> </span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></a><a href="https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piecejointe/2017/10/csa_sondage_illettrise.pdf" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piecejointe/2017/10/csa_sondage_illettrise.pdf</a> </span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></a> <a href="http://uis.unesco.org/fr/topic/alphabetisme" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://uis.unesco.org/fr/topic/alphabetisme</a> </span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></a> <a href="https://laviedesidees.fr/Le-B-A-BA-de-la-lecture.html" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://laviedesidees.fr/Le-B-A-BA-de-la-lecture.html</a> </span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></a> La lecture fait intervenir deux sortes de proc&eacute;dures&nbsp;: la proc&eacute;dure phonologique qui applique les principes de correspondance entre les graph&egrave;mes et les phon&egrave;mes&nbsp;; la proc&eacute;dure orthographique qui permet de reconnaitre globalement les repr&eacute;sentations des mots &eacute;crits et stock&eacute;s en m&eacute;moire. C&rsquo;est cette derni&egrave;re proc&eacute;dure que met en &oelig;uvre un bon lecteur qui ne passe plus par le d&eacute;codage pour lire. En effet, une fois la phase d&rsquo;apprentissage du d&eacute;codage d&eacute;pass&eacute;e, le lecteur lit toujours plus vite et toujours davantage ce qui lui permet d&rsquo;enrichir le stock de mots qu&rsquo;il reconnait imm&eacute;diatement sans les d&eacute;coder. Mais c&rsquo;est justement ce que ne fait pas un lecteur en difficult&eacute;s qui n&rsquo;a pas pass&eacute; le cap du d&eacute;codage fluide.</span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></a> Il convient &agrave; cet &eacute;gard de consulter des num&eacute;ros des revues <i>Rep&egrave;res</i>, <i>Pratiques</i>, <i>Le fran&ccedil;ais aujourd&rsquo;hui</i> ou <i>Le fran&ccedil;ais moderne</i>, entre autres, consacr&eacute;s &agrave; la production &eacute;crite.</span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[11]</span></span></span></span></a> <a href="https://cache.media.education.gouv.fr/file/2019/74/9/depp-ni-2019-19-20-Journee-defense-et-citoyennete-2018-plus-de-un-jeune-Francais-sur-dix-en-difficulte-de-lecture_1135749.pdf" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://cache.media.education.gouv.fr/file/2019/74/9/depp-ni-2019-19-20-Journee-defense-et-citoyennete-2018-plus-de-un-jeune-Francais-sur-dix-en-difficulte-de-lecture_1135749.pdf</a></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[12]</span></span></span></span></a> <a href="https://www.education.gouv.fr/cid58761/journee-defense-et-citoyennete-2015-un-jeune-francais-sur-dix-en-difficulte-de-lecture.html" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.education.gouv.fr/cid58761/journee-defense-et-citoyennete-2015-un-jeune-francais-sur-dix-en-difficulte-de-lecture.html</a> </span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span cambria="" style="font-family:">[13]</span></span></span></span></a> L&rsquo;utilisation de ces m&eacute;thodes archa&iuml;ques sur le fond et sur la forme confirme cependant qu&rsquo;il existe bien un vide didactique en termes de propositions de contenus que ces manuels viennent combler.</span></span></p> </div> </div>