<h1>Lire autrement les pratiques des illettr&eacute;s&nbsp;: le cas de l&rsquo;orthographe</h1> <p>&nbsp;</p> <p>Jeanne CONSEIL - Universit&eacute; Paris Nanterre - Laboratoire Modyco</p> <p><a href="mailto:jeanne-conseil@orange.fr">jeanne-conseil@orange.fr</a></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>R&eacute;sum&eacute;</strong> :&nbsp;</p> <p>L&rsquo;article propose de &laquo;&nbsp;lire autrement &raquo; qu&rsquo;en termes normatifs les pratiques orthographiques de personnes en situation d&rsquo;illettrisme. &Agrave; partir des r&eacute;sultats d&rsquo;une analyse linguistique r&eacute;alis&eacute;e sur un corpus de pr&egrave;s de 2&nbsp;000 &laquo;&nbsp;dict&eacute;es&nbsp;&raquo; produites par des adultes en difficult&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit dans le cadre d&rsquo;une enqu&ecirc;te de l&rsquo;INSEE de 2011 sur l&rsquo;usage de l&rsquo;Information dans la vie quotidienne &ndash; l&rsquo;enqu&ecirc;te IVQ &ndash;, nous montrons que, pour l&rsquo;essentiel, &ecirc;tre illettr&eacute; n&rsquo;emp&ecirc;che pas de savoir faire des choses &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, y compris du point de vue de l&rsquo;orthographe. L&rsquo;article insiste sur la n&eacute;cessit&eacute; de comprendre la logique de l&rsquo;&eacute;cart, accessible notamment par le biais d&rsquo;entretiens m&eacute;tagraphiques, en mettant en relation les &eacute;carts produits avec&nbsp;les conceptions du scripteur du syst&egrave;me orthographique. Les analyses permettent ainsi de d&eacute;gager des pistes de r&eacute;flexion didactiques et de proposer des points sur lesquels peut se porter l&rsquo;attention du formateur pour interpr&eacute;ter les pratiques orthographiques qui s&rsquo;&eacute;cartent de la norme.</p> <p><strong>Mots-cl&eacute;s</strong>&nbsp;:&nbsp;illettrisme, pratiques orthographiques, variation, rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, didactique.</p> <p><strong>Abstract</strong> :</p> <p>We propose a linguistic analysis of the spelling practices of adults designated as illiterate at the end of the 2011 INSEE survey measuring the illiteracy rate in France, the Information and Daily Life survey (IVQ survey). The analysis presented in this article will focus, on the one hand, on some 900 dictations produced by people designated as illiterate at the end of the 2011 IVQ survey and, on the other hand, on metagraphic interviews carried out with ten illiterate learners during a field survey in a training organization in Haute-Normandie.</p> <p>First, the description of the orthographic productions allows us to take a new snapshot of the orthographic practices of illiterate people, which encourages us to modify the very uniform representations of this population and allows us to nourish our reflections on adult literacy training. The analysis of variation shows the heterogeneity of the knowledge of the spelling system among the so-called illiterate people as well as the impressive diversity of spellings proposed for the same word.</p> <p>Secondly, the interest of our analysis lies in taking into account the orthographic representations and conceptions of the writers, accessible in particular through metagraphic interviews (Cogis &amp; Ros, 2003; Jaffr&eacute;, 2003). Indeed, we show that the gaps produced by the writers are not random and that it is usually possible to identify what caused the writer problems and/or to identify the logic of the gap.</p> <p>Finally, the analysis makes it possible to identify points, on the basis of the corpus studied, on which a trainer&#39;s attention can be focused in the context of remedial writing, to &quot;read differently&quot; than in normative terms (correct spelling vs. incorrect spelling), spelling practices that deviate from the norm. We have thus defined categories such as phonetic, phonographic, calligraphic, &quot;contextual&quot; deviations, types of phonemes/graphemes and types of syllable to which the deviation relates, etc.</p> <p>The article will therefore propose tools for trainers, in particular a &quot;reading grid&quot; of the spelling practices of illiterate adults to describe the gaps in greater detail and better understand what is at the root of the difficulties in order to propose an appropriate solution.</p> <p><strong>Keywords</strong> : illiteracy, spelling practices, norm, variation, phonography, semiography.</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>Introduction</h2> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p>Selon la derni&egrave;re &eacute;dition de l&rsquo;enqu&ecirc;te de l&rsquo;INSEE sur l&rsquo;usage de l&rsquo;Information dans la Vie Quotidienne (enqu&ecirc;te IVQ), il y aurait aujourd&rsquo;hui en France 2,5 millions d&rsquo;illettr&eacute;s<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>, soit 7 % de la population adulte r&eacute;sidant en France m&eacute;tropolitaine. La question de l&rsquo;orthographe peut sembler secondaire, voire illusoire, avec un public d&rsquo;adultes illettr&eacute;s. Comme le notent Adami et Andr&eacute; (2014&nbsp;: 82), &laquo;&nbsp;l&rsquo;objectif ultime [des] dispositifs de formation est le plus souvent l&rsquo;emploi, qui est la cl&eacute; de tout processus d&rsquo;int&eacute;gration et d&rsquo;insertion&nbsp;&raquo;. Pour autant, la part langagi&egrave;re du travail a consid&eacute;rablement augment&eacute; (Boutet, 2001), y compris dans des m&eacute;tiers traditionnellement r&eacute;serv&eacute;s aux salari&eacute;s les moins dot&eacute;s en capital scolaire (Adami &amp; Andr&eacute; 2014). La question de l&rsquo;orthographe, parce qu&rsquo;elle est &eacute;troitement li&eacute;e &agrave; la question de la maitrise de l&rsquo;&eacute;crit et qu&rsquo;elle est soumise &agrave; de fortes repr&eacute;sentations sociales, ne peut alors &ecirc;tre occult&eacute;e et r&eacute;pond aussi &agrave; une demande de reconnaissance de ces adultes. Pr&eacute;cisons qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas, bien entendu, dans ce travail, de r&eacute;duire l&rsquo;illettrisme &agrave; la maitrise de l&rsquo;orthographe : non seulement les difficult&eacute;s en orthographe sont loin d&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;serv&eacute;es aux illettr&eacute;s, mais la seule maitrise de l&rsquo;orthographe ne garantit pas une autonomie avec l&rsquo;&eacute;crit, et ne recouvre pas, en particulier, la compr&eacute;hension et la production d&rsquo;&eacute;crit.</p> <p>La nouvelle photographie des pratiques orthographiques des illettr&eacute;s que donne notre analyse linguistique, incite &agrave; modifier les repr&eacute;sentations tr&egrave;s uniformisantes sur cette population et permet d&rsquo;envisager leurs pratiques comme un support de formation. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de notre analyse des pratiques orthographiques des adultes illettr&eacute;s repose sur la prise en compte du rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et des conceptions orthographiques des scripteurs. Nous avons effectu&eacute; une analyse des &eacute;carts produits par les adultes illettr&eacute;s, en les interpr&eacute;tant au regard des discours de dix apprenants en situation d&rsquo;illettrisme avec lesquels nous avons men&eacute; un entretien m&eacute;tagraphique lors d&rsquo;une enqu&ecirc;te de terrain dans un organisme de formation normand. Cela permet de d&eacute;passer la simple opposition &quot;orthographiquement correct&quot; vs &quot;incorrect&quot; voire &quot;phonographiquement correct&quot; vs &quot;incorrect&quot;. Sur la base du corpus &eacute;tudi&eacute;, nous avons identifi&eacute; un certain nombre de points sur lesquels peut se porter l&rsquo;attention d&rsquo;un formateur pour rendre compte des comp&eacute;tences du scripteur et pour mieux identifier la logique de l&rsquo;&eacute;cart orthographique.</p> <h2>1. L&rsquo;enqu&ecirc;te Information et Vie Quotidienne (IVQ)</h2> <p>L&rsquo;enqu&ecirc;te IVQ vise &agrave; &eacute;valuer le niveau de comp&eacute;tences des adultes &agrave; l&rsquo;&eacute;crit dans les t&acirc;ches de la vie courante ainsi qu&rsquo;&agrave; mesurer la proportion d&rsquo;adultes qui se trouveraient en situation de grande difficult&eacute; face &agrave; l&rsquo;&eacute;crit dans leur vie quotidienne, et notamment les personnes dites en situation d&rsquo;illettrisme. Les apports principaux de cette enqu&ecirc;te r&eacute;sident dans le fait, d&rsquo;une part, qu&rsquo;elle ne se r&eacute;f&egrave;re pas &agrave; des situations d&rsquo;apprentissage scolaire mais &agrave; des &laquo;&nbsp;conduites de communication relationnelle et sociale de la vie courante&nbsp;&raquo; (Besse <em>et al.,</em> 2009)&nbsp;: elle propose notamment de mesurer les comp&eacute;tences des adultes non pas &agrave; partir d&rsquo;exercices d&eacute;contextualis&eacute;s mais de t&acirc;ches se rapportant &agrave; des situations et &agrave; des supports issus de la vie quotidienne (page de programme de t&eacute;l&eacute;vision, pochette d&rsquo;album CD, bulletins d&rsquo;information, liste de courses, etc.). Les tests scolaires sont en effet souvent &eacute;loign&eacute;s des situations faisant appel aux usages r&eacute;els et aux fonctions de l&rsquo;&eacute;crit &agrave; l&rsquo;&acirc;ge adulte. Cette enqu&ecirc;te comprend, d&rsquo;autre part, une &eacute;preuve dite de &laquo;&nbsp;production &eacute;crite&nbsp;&raquo;, dont est extrait notre corpus. Elle est la premi&egrave;re &agrave; proposer de mesurer les capacit&eacute;s des adultes &agrave; produire des mots &eacute;crits (Jeantheau, 2015). De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, seules la compr&eacute;hension &eacute;crite et la lecture sont mesur&eacute;es dans les enqu&ecirc;tes qui &eacute;valuent les comp&eacute;tences litt&eacute;raciques des adultes. L&rsquo;enqu&ecirc;te IVQ pr&eacute;sente enfin l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de tester d&rsquo;autres comp&eacute;tences telles que le niveau de compr&eacute;hension orale et la num&eacute;ratie, des comp&eacute;tences qui, selon diff&eacute;rents travaux de recherche en linguistique de l&rsquo;&eacute;crit et en psycholinguistique, sont li&eacute;es &agrave; la r&eacute;ussite en lecture et en &eacute;criture (Besse <em>et al.</em>, 2009). Le protocole de l&rsquo;enqu&ecirc;te comprend aussi un &laquo;&nbsp;module biographique&nbsp;&raquo; cons&eacute;quent qui permet de recueillir des informations sur les parcours personnel, scolaire et professionnel des personnes interrog&eacute;es, leur(s) origine(s), la ou les langue(s) parl&eacute;e(s) &agrave; la maison et dans l&rsquo;enfance, leur rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, leurs pratiques de l&rsquo;&eacute;crit, leurs loisirs, etc. Ces donn&eacute;es permettent notamment de dresser un portrait pr&eacute;cis des publics interrog&eacute;s (n&eacute;es/scolaris&eacute;es en France ou &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, monolingue/plurilingue, pratiques litt&eacute;raciques, etc.).</p> <h3><strong>L&rsquo;&eacute;preuve de &laquo;&nbsp;production &eacute;crite&nbsp;&raquo;</strong></h3> <p>Seule &eacute;preuve de l&rsquo;enqu&ecirc;te qui mesure les comp&eacute;tences &agrave; produire des mots &eacute;crits, cette t&acirc;che fait partie d&rsquo;un ensemble d&rsquo;exercices visant &agrave; rep&eacute;rer les personnes pr&eacute;sentant des difficult&eacute;s dans les domaines fondamentaux de l&rsquo;&eacute;crit, le module dit &laquo;&nbsp;ANLCI&nbsp;&raquo;. Con&ccedil;u par l&rsquo;&eacute;quipe PsyEF de l&rsquo;Universit&eacute; de Lyon (sous la direction de J-M.&nbsp;Besse) avec la collaboration de l&rsquo;Agence Nationale de Lutte contre l&rsquo;Illettrisme (ANLCI), ce module &eacute;value aussi les comp&eacute;tences en lecture et en compr&eacute;hension &eacute;crite.</p> <p>La mesure des comp&eacute;tences d&rsquo;&eacute;criture se pr&eacute;sente sous la forme d&rsquo;une liste de courses, &agrave; produire sous la dict&eacute;e, &agrave; l&rsquo;attention d&rsquo;un livreur. Ce scenario a &eacute;t&eacute; mis en place pour r&eacute;pondre &agrave; deux principes fondamentaux de l&rsquo;enqu&ecirc;te&nbsp;: proposer des exercices proches de situations de la vie quotidienne qui ne sont pas connot&eacute;s scolairement. En effet, &agrave; aucun moment n&rsquo;a &eacute;t&eacute; prononc&eacute; le terme de &laquo;&nbsp;dict&eacute;e&nbsp;&raquo; lors de la passation (m&ecirc;me si cette activit&eacute; a probablement &eacute;t&eacute; souvent reconnue comme telle). D&egrave;s lors, nous parlerons ici de &laquo;&nbsp;dict&eacute;e&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer cette &eacute;preuve de &laquo;&nbsp;production &eacute;crite&nbsp;&raquo;. La liste de courses comprend des mots et des pseudo-mots, invent&eacute;s pour l&rsquo;exercice, que l&rsquo;enqu&ecirc;t&eacute; doit &eacute;crire sur papier libre. La version propos&eacute;e dans l&rsquo;enqu&ecirc;te de 2011 se pr&eacute;sente sous la forme suivante (les pseudo-mots sont ici indiqu&eacute;s en italiques)&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <p>Pharmacie</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Anti-rhume <em>Micatol </em>ou<em> Sirape</em></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alcool &agrave; 90&deg; Dux</p> <p>&Eacute;picerie</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tomates de pays</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Confiture</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cerises</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Sel <em>Gobar</em></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Trois fromages qui ne sentent pas fort</p> <p>Librairie</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le fianc&eacute; solennel de <em>Joc P&eacute;vanor</em></p> <p class="CxSpMiddle" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt">&nbsp;</p> <p>Les pseudo-mots, qui requi&egrave;rent un traitement phonographique de la forme entendue, permettent de mesurer le niveau de conscience phonographique sur 19 phon&egrave;mes propos&eacute;s (5 phon&egrave;mes vocaliques et 14 consonantiques). Les mots, plus ou moins complexes (longueur, structure syllabique, r&eacute;gularit&eacute; sur le plan orthographique, etc.) permettent d&#39;&eacute;valuer les comp&eacute;tences orthographiques. Pour &eacute;valuer les comp&eacute;tences &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et permettre une analyse quantitative des donn&eacute;es, l&rsquo;&eacute;quipe PsyEF, l&rsquo;ANLCI et l&rsquo;INSEE ont d&eacute;fini des scores de r&eacute;ussite &agrave; certains items de la dict&eacute;e&nbsp;: 12 mots, 6 pseudo-mots et 2 marques morphologiques ont &eacute;t&eacute; not&eacute;s<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>. Un point est accord&eacute; si la forme orthographique du mot est respect&eacute;e (pour les mots) ou si la forme sonore du mot est correctement transcrite (pour les pseudo-mots). Deux points ont &eacute;t&eacute; attribu&eacute;s &agrave; fromages et sentent, seulement pour les marques obligatoires de pluriel&nbsp;: quand un scripteur &eacute;crit par exemple formages, les 2 points sont quand m&ecirc;me accord&eacute;s. Le taux de r&eacute;ussite, calcul&eacute; sur un score total de 22 points, a ensuite permis de d&eacute;terminer des &laquo;&nbsp;profils de scripteur&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>0 Personnes n&rsquo;ayant pas pu faire les exercices du fait de trop grandes difficult&eacute;s en lecture ou en fran&ccedil;ais</p> <p>1 Moins de 40&nbsp;% de r&eacute;ussite &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de production &eacute;crite (score inf&eacute;rieur &agrave; 9/22)</p> <p>2 Entre 40 et 60&nbsp;% de r&eacute;ussite (score compris entre 9 et 13/22)</p> <p>3 Entre 60 et 80&nbsp;% de r&eacute;ussite (score compris entre 14 et 17/22)</p> <p>4 Plus de 80&nbsp;% de r&eacute;ussite (score sup&eacute;rieur &agrave; 17/22)</p> <p>5 Pas de difficult&eacute; dans les trois domaines fondamentaux de l&rsquo;&eacute;crit. Cette derni&egrave;re cat&eacute;gorie correspond aux personnes qui ont obtenu plus de 80&nbsp;% de r&eacute;ussite dans les trois &eacute;preuves du module ANLCI (production &eacute;crite, lecture et compr&eacute;hension d&rsquo;un texte &eacute;crit)</p> </blockquote> <p>Enfin, ces profils sont associ&eacute;s &agrave; ceux &eacute;tablis en lecture et en compr&eacute;hension &eacute;crite, pour &eacute;tablir le &laquo;&nbsp;degr&eacute;&nbsp;&raquo; g&eacute;n&eacute;ral de difficult&eacute; des enqu&ecirc;t&eacute;s&nbsp;:</p> <blockquote> <p>- <em>difficult&eacute;s graves</em> (moins de 40&nbsp;% de r&eacute;ussite &agrave; l&rsquo;un des trois tests du module de l&rsquo;ANLCI),</p> <p>- <em>difficult&eacute;s fortes</em> (entre 40&nbsp;% &agrave; 60&nbsp;% de r&eacute;ussite),</p> <p>- <em>difficult&eacute;s partielles</em> (entre 60&nbsp;% &agrave; 80&nbsp;% de r&eacute;ussite).</p> </blockquote> <p>Les personnes qui ont obtenu plus de 80&nbsp;% de r&eacute;ussite &agrave; chacune des trois &eacute;preuves sont finalement consid&eacute;r&eacute;es comme ne pr&eacute;sentant <em>pas de difficult&eacute;</em> dans les domaines fondamentaux de l&rsquo;&eacute;crit. Les personnes qui pr&eacute;sentent des <em>difficult&eacute;s graves</em> ou <em>fortes </em>&agrave; l&rsquo;une des trois &eacute;preuves du module ANLCI, rel&egrave;vent pour l&rsquo;INSEE de &laquo;&nbsp;situations pr&eacute;occupantes&nbsp;&raquo;. Parmi elles, celles qui r&eacute;pondent aux crit&egrave;res d&eacute;finis par l&rsquo;ANLCI (&acirc;g&eacute;s de plus de 16 ans et scolaris&eacute;s en France) sont dites &laquo;&nbsp;en situation d&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;au terme de l&rsquo;enqu&ecirc;te de l&rsquo;INSEE de 2011, 7&nbsp;% des Fran&ccedil;ais sont consid&eacute;r&eacute;s &laquo;&nbsp;en situation d&rsquo;illettrisme&nbsp;&raquo; (INSEE, 2013).</p> <h2>2. Une analyse quantitative de r&eacute;ussite &agrave; la dict&eacute;e&nbsp;: quelques r&eacute;sultats</h2> <p>Nous avons r&eacute;alis&eacute; une analyse linguistique quantitative de pr&egrave;s de 2&nbsp;000 dict&eacute;es produites par des adultes, parmi lesquels 900 personnes ont &eacute;t&eacute; d&eacute;sign&eacute;es <em>illettr&eacute;es </em>au terme de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Des analyses de ce corpus de dict&eacute;es ont &eacute;t&eacute; collaborativement r&eacute;alis&eacute;es par le laboratoire <em>Lidilem</em> (Universit&eacute; de Grenoble), le laboratoire <em>Dylis </em>(Universit&eacute; de Rouen) et ANLCI. Plusieurs publications, auxquelles nous renvoyons ici, pr&eacute;sentent ainsi les r&eacute;sultats en d&eacute;tails&nbsp;(Blondel, Brissaud, Conseil, Jeantheau, Mortamet, 2016&nbsp;; Blondel, Brissaud, Rinck, 2016&nbsp;; Blondel &amp; Conseil, 2015&nbsp;; Conseil, 2016 et 2017&nbsp;; Conseil &amp; Mortamet, 2015). Nous revenons bri&egrave;vement, pour cet article, sur quelques-uns des principaux r&eacute;sultats.&nbsp;</p> <h3><strong>Un effet de la scolarisation sur la r&eacute;ussite orthographique</strong></h3> <p>Au-del&agrave; du fait que nos r&eacute;sultats confirment que les enqu&ecirc;t&eacute;s <em>sans difficult&eacute;</em> ainsi que les enqu&ecirc;t&eacute;s aux difficult&eacute;s partielles ont, en moyenne, mieux r&eacute;ussi &agrave; orthographier les 15 mots analys&eacute;s de la dict&eacute;e que les enqu&ecirc;t&eacute;s <em>en difficult&eacute;</em>, cette analyse pr&eacute;sente l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de mettre en &eacute;vidence que ce sont les enqu&ecirc;t&eacute;s scolaris&eacute;s en France qui ont le mieux r&eacute;ussi parmi les enqu&ecirc;t&eacute;s en difficult&eacute;. Ce sont les enqu&ecirc;t&eacute;s scolaris&eacute;s hors de France et non scolaris&eacute;s qui ont eu le plus de difficult&eacute;s &agrave; orthographier correctement les mots. Il y a donc un net impact de la scolarisation et en particulier de la scolarisation en France sur la r&eacute;ussite orthographique. Par ailleurs, l&rsquo;analyse des dict&eacute;es produites par les enqu&ecirc;t&eacute;s <em>sans difficult&eacute;</em> montre que m&ecirc;me les personnes les plus &agrave; l&rsquo;aise &agrave; l&rsquo;&eacute;crit dans ce test n&rsquo;atteignent pas les 100 % de r&eacute;ussite.</p> <h3><strong>Des difficult&eacute;s li&eacute;es au syst&egrave;me graphique lui-m&ecirc;me</strong></h3> <p>L&rsquo;analyse de la r&eacute;ussite &agrave; la dict&eacute;e a permis de montrer que, quel que soit leur niveau de difficult&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;crit (<em>graves, fortes, partielles, sans difficult&eacute;</em>) et quel que soit le lieu de scolarisation (en France ou hors de France), on ne constate qu&rsquo;une diff&eacute;rence de degr&eacute;s de difficult&eacute;s entre les scripteurs mais pas une diff&eacute;rence de nature des difficult&eacute;s. Il se d&eacute;gage une sorte de hi&eacute;rarchie de ce qui pose et ne pose pas probl&egrave;me aux scripteurs, qui tient sans doute davantage au syst&egrave;me graphique du fran&ccedil;ais lui-m&ecirc;me (longueur du mot, degr&eacute; de consistance, fr&eacute;quence, etc.) plut&ocirc;t qu&rsquo;aux fonctionnements cognitifs des scripteurs, &agrave; leur parcours de socialisations, d&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais &eacute;crit, &agrave; leurs pratiques litt&eacute;raciques, etc. Autrement dit, il y a des mots compliqu&eacute;s pour tout le monde (<em>solennel</em>, <em>fianc&eacute; </em>notamment) et des mots que la majorit&eacute; des scripteurs parvient &agrave; produire correctement (Blondel, Brissaud, Conseil, Jeantheau, Mortamet, 2016&nbsp;; Conseil, 2017).</p> <p>En d&eacute;finitive, cette analyse de la r&eacute;ussite sur les mots a permis d&rsquo;identifier des populations quelque peu diff&eacute;rentes face &agrave; l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;: des minorit&eacute;s qui ont des difficult&eacute;s avec le syst&egrave;me lui-m&ecirc;me, mais qui parviennent &agrave; produire des mots &agrave; l&rsquo;&eacute;crit parce qu&rsquo;elles les voient souvent &eacute;crits <em>versus </em>des minorit&eacute;s qui sont aussi en difficult&eacute; pour produire les mots les plus fr&eacute;quents. Ces derni&egrave;res paraissent plus probl&eacute;matiques dans une perspective de rem&eacute;diation car elles signalent probablement, en plus de difficult&eacute;s en orthographe, une faible fr&eacute;quentation de l&rsquo;&eacute;crit.</p> <h3><strong>Une grande diversit&eacute; des graphies recueillies</strong></h3> <p>Le dernier point qu&rsquo;il est important de souligner dans cet article est l&rsquo;impressionnante diversit&eacute; des graphies propos&eacute;es dans notre corpus, pour un m&ecirc;me mot. Comme il n&rsquo;existe pas de forme norm&eacute;e pour les pseudo-mots, on pourrait s&rsquo;attendre &agrave; ce que ce soit sur ces m&ecirc;mes pseudo-mots que soit produite une plus grande variation. Mais le corpus de dict&eacute;es montre que m&ecirc;me les mots sont source d&rsquo;une variation extr&ecirc;mement importante et cela aussi, dans une moindre mesure, chez les enqu&ecirc;t&eacute;s identifi&eacute;s <em>sans difficult&eacute;</em> au terme de l&rsquo;enqu&ecirc;te IVQ. &Agrave; titre d&rsquo;exemple, on peut citer le mot <em>pharmacie </em>pour lequel nous avons recueilli 192 graphies diff&eacute;rentes.</p> <p>La forte vari&eacute;t&eacute; des graphies non norm&eacute;es de notre corpus invite &agrave; regarder les graphies autrement qu&rsquo;en terme de &laquo; faute &raquo; et &agrave; essayer de comprendre cette variation. Il apparait que le crit&egrave;re de l&rsquo;orthographe ne suffit pas &agrave; d&eacute;terminer finement les r&eacute;elles comp&eacute;tences d&rsquo;un scripteur &agrave; communiquer par &eacute;crit et &agrave; se faire comprendre. Dans le prolongement de travaux existants (Besse <em>et al.</em>, 2009), nous avons donc proc&eacute;d&eacute; &agrave; un premier classement des graphies selon leur rapport &agrave; la phonographie&nbsp;: graphies &quot;phonographiquement correctes&quot; <em>vs</em> &quot;incorrectes&quot;. Et pour mesurer pleinement la comp&eacute;tence &agrave; respecter la phonographie, nous avons observ&eacute;, outre les 6 pseudo-mots, les 15 mots analys&eacute;s de la dict&eacute;e. Cela permet de rep&eacute;rer les scripteurs capables de communiquer par &eacute;crit en parvenant &agrave; proposer des graph&egrave;mes plausibles pour transcrire un mot &agrave; l&rsquo;&eacute;crit lorsqu&rsquo;ils n&rsquo;en connaissent pas l&rsquo;orthographe.</p> <p>La prise en consid&eacute;ration du crit&egrave;re phonographique, en plus du crit&egrave;re orthographique, fait nettement augmenter la moyenne du score &agrave; la dict&eacute;e pour chacune des cat&eacute;gories d&rsquo;enqu&ecirc;t&eacute;s (Blondel, Brissaud, Conseil, Jeantheau, Mortamet, 2016). Cela montre cette fois l&rsquo;impact de la scolarisation (en France ou ailleurs) sur la capacit&eacute; &agrave; encoder un mot sur le plan phonographique. Ainsi, le fait qu&rsquo;une personne ait &eacute;t&eacute; scolaris&eacute;e ou non conduit &agrave; consid&eacute;rer diff&eacute;remment les maniements de l&rsquo;&eacute;crit existants chez les personnes en difficult&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Ces personnes ont fr&eacute;quent&eacute; l&rsquo;&eacute;cole et par cons&eacute;quent l&rsquo;&eacute;crit (que ce soit en langue fran&ccedil;aise ou dans une autre langue). Elles ont d&eacute;j&agrave; vu de l&rsquo;&eacute;crit et ont elles-m&ecirc;mes d&eacute;j&agrave; &eacute;crit. Il est donc possible d&rsquo;identifier des comp&eacute;tences &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave;-l&agrave;&nbsp;&raquo; (Penloup, 2007) et de s&rsquo;appuyer dessus lors de la formation.</p> <h2>3. Mieux comprendre la logique de l&rsquo;&eacute;cart et mieux identifier le &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave;-l&agrave;&nbsp;&raquo;</h2> <p>Pour mieux cerner les comp&eacute;tences et les difficult&eacute;s des scripteurs <em>illettr&eacute;s </em>pour produire un mot &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, nous avons constitu&eacute; une grille d&rsquo;analyse qui s&rsquo;appuie sur un principe fonctionnel de classement, autrement dit sur le fonctionnement des unit&eacute;s de l&rsquo;&eacute;crit pour d&eacute;crire la variation. Notre description des pratiques orthographiques d&rsquo;adultes en difficult&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit s&rsquo;est appuy&eacute;e majoritairement sur les travaux de Lucci et Millet (1994) et Gruaz (2006, 2009). En effet, ces deux typologies ont &eacute;t&eacute; construites pour la description de pratiques orthographiques d&rsquo;adultes. La typologie &eacute;labor&eacute;e par Lucci et Millet (1994) tient compte des approches th&eacute;oriques de l&rsquo;orthographe, effectu&eacute;es par Catach <em>et al</em>. (1980, 1995), et pr&eacute;sente l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de permettre une approche de la variation tant qualitative que quantitative. Les travaux de Gruaz (2006, 2009) portent quant &agrave; eux plus sp&eacute;cifiquement sur les productions d&rsquo;adultes en difficult&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et proposent des cat&eacute;gories d&rsquo;analyse sp&eacute;cifiques &agrave; ce public. Nous avons ainsi d&eacute;crit les &eacute;carts en terme de modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;carts (substitution, confusion, ajout, omission, d&eacute;placement, permutation) et d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments touch&eacute;s par la variation (lettre, phon&egrave;me/graph&egrave;me, diacritique, lettre muette, etc.).</p> <p>Nous avons montr&eacute; que les graphies produites par les scripteurs (qu&rsquo;elles soient correctes ou non sur le plan phonographique) ne sont pas de pures cr&eacute;ations <em>ex nihilo</em>. En nous attachant &agrave; comprendre la logique de l&rsquo;&eacute;cart, les repr&eacute;sentations du scripteur et son rapport &agrave; l&rsquo;orthographe, nous avons mis en &eacute;vidence des connaissances et des comp&eacute;tences, construites ou en cours de construction. Par exemple, &eacute;crire <em>farmacie </em>pour <em>pharmacie </em>peut relever d&rsquo;une simplification, dans le sens o&ugrave; le scripteur a choisi le graph&egrave;me le plus simple (un graph&egrave;me unique) mais surtout le plus fr&eacute;quent. Ainsi, la &laquo; simplification &raquo; n&rsquo;a pas une connotation n&eacute;gative, puisqu&rsquo;elle r&eacute;v&egrave;le ici selon nous la connaissance des r&eacute;gularit&eacute;s graphotactiques de notre &eacute;criture&nbsp;(&lsquo;f&rsquo; est plus fr&eacute;quent et plus consistant que &lsquo;ph&rsquo;), ce qui est une comp&eacute;tence en soi, m&ecirc;me si cela ne lui permet pas de produire la forme attendue. Autrement dit, simplifier peut aussi &ecirc;tre r&eacute;gulariser, dans certains cas, en appliquant une r&egrave;gle. Par ailleurs, il apparait que la s&eacute;miographie est tr&egrave;s pr&eacute;sente chez les adultes, ce qui invite &agrave; travailler ces deux rapports &ndash; phonographie et s&eacute;miographie &ndash; ensemble et &agrave; ne pas les consid&eacute;rer, comme cela a pu &ecirc;tre fait avec les productions d&rsquo;enfants, comme des &eacute;tapes successives. On peut &eacute;voquer la r&eacute;ussite sur le mot <em>pharmacie</em>, correctement orthographi&eacute; par 64% des adultes illettr&eacute;s, qui atteste de la prise en compte de la s&eacute;miographie par ces scripteurs. &nbsp;</p> <p>Notons d&egrave;s maintenant que les quelques interpr&eacute;tations pr&eacute;sent&eacute;es ici ne sont que des possibilit&eacute;s, et non des &eacute;vidences ou un verdict de ce que sont les logiques des personnes en situation d&rsquo;illettrisme pour produire un mot. Gruaz (2006&nbsp;: 87) indique ainsi que</p> <blockquote> <p>&laquo; lorsqu&rsquo;on ne dispose que de productions &eacute;crites [...], il est souvent difficile de d&eacute;terminer avec pr&eacute;cision la nature de l&rsquo;&eacute;cart observ&eacute;. Ainsi lorsque l&rsquo;on rencontre le mot &quot;tonate&quot; pour &quot;tomate&quot;, on ne peut dire s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une erreur graphique, c&rsquo;est &agrave; dire de la confusion du n et du m, de l&rsquo;absence de jambage du m, ou si cela est d&ucirc; au fait que le scripteur ne fait pas &agrave; l&rsquo;oral la distinction entre le /m/ et le /n/&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p>De m&ecirc;me, concernant les proc&eacute;dures employ&eacute;es par le scripteur, Besse <em>et al</em>. (2003) expliquent qu&rsquo;il n&rsquo;est pas possible de savoir assur&eacute;ment ce qu&rsquo;il s&rsquo;est pass&eacute; dans la t&ecirc;te du scripteur au moment d&rsquo;&eacute;crire.</p> <p>Nous tentons maintenant de donner des outils pour d&eacute;crire plus finement les &eacute;carts et pour identifier des points sur lesquels l&rsquo;attention du formateur peut se porter pour saisir la logique de l&rsquo;&eacute;cart et en tirer les comp&eacute;tences des scripteurs.</p> <p><strong>- Se faire une id&eacute;e globale de la capacit&eacute; du scripteur &agrave; produire des graphies conformes au principe phonographique</strong></p> <p>Il convient d&rsquo;abord de distinguer les scripteurs qui parviennent globalement &agrave; produire des graphies conformes au principe phonographique, bien qu&rsquo;&eacute;loign&eacute;es de la norme. En ayant un sentiment de non-maitrise de la transcription des sons, le scripteur en <em>difficult&eacute; </em>peut se trouver dans une situation d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; renforc&eacute;e qui peut contribuer &agrave; une appr&eacute;hension dans son rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Gruaz (2009) insiste alors sur l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de faire constater &agrave; l&rsquo;apprenant, lors de la rem&eacute;diation, sa maitrise globale de la transcription des sons et de lui montrer que les confusions ne rel&egrave;vent que de difficult&eacute;s ponctuelles. M&ecirc;me</p> <blockquote> <p>&laquo; si du point de vue du syst&egrave;me de la langue, il pourrait sembler pertinent de prendre comme point de d&eacute;part du travail de rem&eacute;diation les &eacute;carts relev&eacute;s dans ce registre du rapport du graph&egrave;me &agrave; l&rsquo;oral [...], cette priorit&eacute; ne va pas de soi. Dans la mesure o&ugrave; les difficult&eacute;s cern&eacute;es ne font pas obstacles &agrave; l&rsquo;expression &eacute;crite, commencer le travail de rem&eacute;diation par celles-ci pourrait avoir un effet n&eacute;gatif sur la perception que l&rsquo;apprenant a de ses comp&eacute;tences et entamer la dynamique de son apprentissage &raquo; (Gruaz, 2009 : 59).</p> </blockquote> <p><strong>- Distinguer &eacute;carts phon&eacute;tiques, &eacute;carts phonogrammiques et/ou calligraphiques</strong></p> <p>Si un mot ne semble pas &ecirc;tre correctement encod&eacute; &agrave; premi&egrave;re vue, il convient de v&eacute;rifier d&rsquo;abord, si le scripteur prononce bien le mot &agrave; transcrire. Reprenons l&rsquo;exemple de <em>tonate </em>propos&eacute; par Gruaz et que nous avons cit&eacute; plus haut. Il est important de d&eacute;terminer si le scripteur confond les phon&egrave;mes (/m/ et /n/), ce qui rel&egrave;ve d&rsquo;un probl&egrave;me d&rsquo;extraction phon&eacute;mique, li&eacute; &agrave; la conscience phonologique, ou s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une confusion portant uniquement sur la s&eacute;lection du graph&egrave;me, autrement dit, un probl&egrave;me de conventionalit&eacute;. Il est possible aussi que la proximit&eacute; graphique de certains graph&egrave;mes (notamment m/n, t/l, a/o, e/i qui sont des lettres proches d&rsquo;un point de vue calligraphique en &eacute;criture manuscrite) soit un des motifs d&rsquo;&eacute;cart&nbsp;: omission de jambages, lettre en miroir, d&eacute;calage de trait, etc. Ces difficult&eacute;s d&rsquo;ordre calligraphiques (dessin de la lettre) ont d&rsquo;ailleurs &eacute;t&eacute; soulign&eacute;es chez l&rsquo;adulte en situation d&rsquo;illettrisme par Gruaz (2009). Par ailleurs, l&rsquo;omission d&rsquo;un phon&egrave;me-graph&egrave;me ou sa confusion avec un autre peut aussi provenir du fait que le scripteur ne sait pas produire le graph&egrave;me : il isole bien le phon&egrave;me mais ne connait pas sa correspondance graphique, voire ne sait pas tracer la lettre (Hannouz, 2013). Les entretiens men&eacute;s avec les apprenants en situation d&rsquo;illettrisme attestent de cette m&eacute;connaissance de la graphie de certaines lettres, notamment les majuscules. Notons ici aussi que parmi les graphies qui sont difficilement interpr&eacute;tables, en dehors de toute explication du scripteur lui-m&ecirc;me, il est possible que les graph&egrave;mes inexpliqu&eacute;s soient des lettres &laquo; joker &raquo;, pour reprendre une expression de Hannouz (2013), qui sont utilis&eacute;es pour remplacer un phon&egrave;me per&ccedil;u mais que le scripteur ne sait pas tracer ou encoder. Dans les deux cas, on peut penser que les personnes t&eacute;moignent d&rsquo;une faible fr&eacute;quentation de l&rsquo;&eacute;crit, et que le geste m&ecirc;me de l&rsquo;&eacute;criture n&rsquo;est pas totalement maitris&eacute; ou du moins automatis&eacute;. Les rem&eacute;diations ne seront pas n&eacute;cessairement les m&ecirc;mes : les personnes pour qui il s&rsquo;agit d&rsquo;un probl&egrave;me purement calligraphique auront probablement moins de difficult&eacute;s pour &eacute;crire avec un clavier par exemple. Ces questions nous semblent d&eacute;terminantes, dans le sens o&ugrave; on n&rsquo;envisage pas, la plupart du temps, qu&rsquo;un adulte puisse ne pas avoir automatis&eacute; le geste de l&rsquo;&eacute;criture en consid&eacute;rant que cet apprentissage est acquis &agrave; l&rsquo;&eacute;cole &eacute;l&eacute;mentaire.</p> <p><strong>- Identifier la pr&eacute;sence de lettres muettes, de diacritiques, de doubles consonnes </strong></p> <p>Il convient de distinguer les productions dans lesquelles il y a une absence quasi-totale de lettres muettes, de diacritiques et/ou de doubles consonnes notamment, de celles dans lesquelles ces &eacute;l&eacute;ments apparaissent. Leur pr&eacute;sence atteste en effet d&rsquo;une certaine connaissance du syst&egrave;me orthographique et de ses r&eacute;gularit&eacute;s.</p> <p>Plusieurs graphies dans lesquelles ont &eacute;t&eacute; ajout&eacute;es des lettres muettes, par rapport &agrave; la forme attendue, attestent de la connaissance de la fr&eacute;quence des lettres muettes dans notre syst&egrave;me graphique. Nous relevons notamment&nbsp;:</p> <p>- l&rsquo;ajout d&rsquo;un &lsquo;h&rsquo; muet, en particulier apr&egrave;s le &lsquo;t&rsquo; ou en d&eacute;but de mot : <em>thomate, enthi, anthi, hantie, halcol</em> etc.</p> <p>- l&rsquo;ajout de &lsquo;e&rsquo; muets&nbsp;: <em>entie, antie</em>, etc.</p> <p>- l&rsquo;ajout d&rsquo;un &lsquo;e&rsquo; diacritique&nbsp;: <em>alcole, alcoole, alkole, sele</em>, etc. A l&rsquo;inverse, on trouve des graphies dans lesquelles le &lsquo;e&rsquo; diacritique en finale de mot a &eacute;t&eacute; omis&nbsp;: <em>rhum, tomat, s/ceris, fromag</em>.</p> <p>Notre participation aux ateliers en situation d&rsquo;observation participante avec des apprenants en situation d&rsquo;illettrisme a montr&eacute; que ces scripteurs avaient connaissance du &lsquo;e&rsquo; muet en fran&ccedil;ais, mais que, n&rsquo;en connaissant pas r&eacute;ellement le fonctionnement dans le syst&egrave;me graphique du fran&ccedil;ais et par peur aussi de l&rsquo;oublier, ils avaient tendance &agrave; le produire de mani&egrave;re al&eacute;atoire, sans toujours s&rsquo;apercevoir d&rsquo;ailleurs que son ajout pouvait modifier la forme sonore du mot. Citons un apprenant, Ahmed, qui lors de la correction d&rsquo;un exercice en atelier a dit :</p> <blockquote> <p>&laquo; Oh ce &lsquo;e&rsquo; muet, il serait peut-&ecirc;tre temps qu&rsquo;il se mette &agrave; parler qu&rsquo;on sache quand le mettre&nbsp;! &raquo;.</p> </blockquote> <p>On remarque aussi des cas d&rsquo;ajout de diacritiques (c&eacute;dille, accent aigu/grave, accent circonflexe)&nbsp;: certains qui ne modifient pas la correspondance phonographique (<em>pharma&ccedil;ie, t&ocirc;mate, &ccedil;erise, s&eacute;l, fian&ccedil;&eacute;, rh&ucirc;me</em>) et d&rsquo;autres qui la modifie (<em>c&eacute;rise, &eacute;pic&eacute;rie</em>, etc.). Ces choix d&rsquo;ajout de diacritiques peuvent &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;s comme une &laquo; option &quot;par exc&egrave;s&quot; qui applique la loi du &quot;qui peut le plus peut le moins&quot; &raquo; (Jaffr&eacute;, 2010&nbsp;: 318, &agrave; propos de l&rsquo;accent circonflexe qui souligne l&rsquo;inconsistance de l&rsquo;orthographe dans ce type d&rsquo;exemples). Les scripteurs font le choix de la &laquo; s&ucirc;ret&eacute; &raquo; (Jaffr&eacute;, 2010 : 318) probablement parce qu&rsquo;ils ne connaissent pas toujours le r&ocirc;le de ces diacritiques. Pour Alicia par exemple, la c&eacute;dille n&rsquo;est qu&rsquo;accessoire, qu&rsquo;&laquo; ornementale &raquo; pourrait-on dire, et ne change rien &agrave; la relation phonographique&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; ENQ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &ccedil;a vous parait &agrave; peu pr&egrave;s pareil qu&#39;on mette la c&eacute;dille ou pas&nbsp;?</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; ALI &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; bah oui: bah c&#39;est &eacute;crit pareil alors pour moi c&#39;est: c&#39;est bon</p> </blockquote> <p>Notons toutefois que nous n&rsquo;observons de c&eacute;dilles que sur le graph&egrave;me &lsquo;c&rsquo;, ce qui est d&eacute;j&agrave; une connaissance, bien que partielle, de l&rsquo;usage de la c&eacute;dille. De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, pour l&rsquo;accent circonflexe, nous n&rsquo;avons relev&eacute; que des cas de figure plausibles en fran&ccedil;ais, &agrave; savoir sur les graph&egrave;mes &lsquo;a&rsquo;, &lsquo;e&rsquo;, &lsquo;i&rsquo;, &lsquo;o&rsquo; et &lsquo;u&rsquo;. Nous n&rsquo;avons pas d&rsquo;exemples non plus de graphies sur lequel deux accents circonflexes auraient &eacute;t&eacute; produits sur le m&ecirc;me mot, tels que *<em>t&ocirc;m&acirc;te</em>. Ces constats mettent en &eacute;vidence le fait que les scripteurs ont int&eacute;gr&eacute; les conditions d&rsquo;apparition des accents circonflexes. Un scripteur qui produirait ce type d&rsquo;&eacute;cart pourrait &ecirc;tre alors consid&eacute;r&eacute; comme ayant rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit plus &eacute;loign&eacute;.</p> <p>Enfin, les scripteurs ont ajout&eacute; des doubles consonnes de mani&egrave;re r&eacute;currente (<em>tomatte, conffiture, cerrise, frommage</em>, etc.). Il apparait qu&rsquo;ils ont bien compris le fait que le fonctionnement des doubles consonnes &eacute;tait en partie al&eacute;atoire et qu&rsquo;elles n&rsquo;avaient plus v&eacute;ritablement de r&ocirc;le dans le syst&egrave;me (Cogis, 2005). Les scripteurs ont connaissance du doublement de consonnes dans certains mots du fran&ccedil;ais et de leur fonctionnement g&eacute;n&eacute;ral, dans le sens o&ugrave; ils savent pour la plupart que seules les consonnes peuvent &ecirc;tre doubl&eacute;es et qu&rsquo;elles le sont &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur ou &agrave; la fin d&rsquo;un mot mais pas &agrave; l&rsquo;initiale (on trouve sserise cas de figure impossible dans le syst&egrave;me graphique du fran&ccedil;ais, mais qui pourrait se justifier ici par la volont&eacute; du scripteur de produire le son /s/, ce qui ne serait pas le cas pour tomate). Aucun ne double la voyelle.</p> <p>Dans une perspective de rem&eacute;diation, Gruaz (2009) note que le doublement des consonnes, aujourd&rsquo;hui hors-syst&egrave;me, ne constitue pas une indication prioritaire de rem&eacute;diation dans le sens o&ugrave; il ne g&egrave;ne pas l&rsquo;intelligibilit&eacute; d&rsquo;une graphie. De plus, il s&rsquo;agit d&rsquo;une zone de fragilit&eacute; du syst&egrave;me qui pose aussi des difficult&eacute;s aux scripteurs &laquo; ordinaires &raquo; (Lucci &amp; Millet, 1994). Cependant, ce qu&rsquo;il est important de regarder, c&rsquo;est la position dans le mot du doublement (au d&eacute;but, au milieu, &agrave; la fin) et le fait que le scripteur ne double que des consonnes. Un scripteur qui &eacute;crirait *<em>ttomate</em>, sera probablement moins sensible aux r&eacute;gularit&eacute;s de l&rsquo;orthographe et plus &eacute;loign&eacute; de l&rsquo;&eacute;crit que celui qui &eacute;crit <em>tommate</em>. La rem&eacute;diation sera par cons&eacute;quent diff&eacute;rente.</p> <p>En d&eacute;finitive, certains graph&egrave;mes (&lsquo;e&rsquo; muet, &lsquo;e&rsquo; diacritique&rsquo;, &lsquo;h&rsquo; muet) ou diacritiques prennent une r&eacute;elle valeur ajout&eacute;e. Ils peuvent traduire la volont&eacute; (consciente ou non) du scripteur de &laquo; faire plus &raquo; de &laquo;&nbsp;faire mieux&nbsp;&raquo; (Mortamet, 2003) pour se rapprocher d&rsquo;une forme plus prestigieuse &agrave; leurs yeux et pallier une ins&eacute;curit&eacute; scripturale. On peut imaginer que les scripteurs ont peur d&rsquo;utiliser des formes trop simples, d&rsquo;oublier des lettres muettes, des accents, et en ajoutent pour indiquer qu&rsquo;ils connaissent l&rsquo;existence de ces particularit&eacute;s du syst&egrave;me graphique fran&ccedil;ais, m&ecirc;me s&rsquo;ils n&rsquo;en ont qu&rsquo;une connaissance partielle.</p> <p><strong>- Identifier le type de phon&egrave;mes concern&eacute;s par la variation</strong></p> <p>Les difficult&eacute;s du scripteur peuvent &ecirc;tre li&eacute;es &agrave; des particularit&eacute;s phonologiques. La proximit&eacute; phonologique de certains phon&egrave;mes &ndash; particuli&egrave;rement dans la zone /o/, /ɔ/, /oe/, /&oslash;/, /a/, /u/ (/o-/a/ dans <em>tomate/tomote</em>&nbsp;; /o/- /oe/ dans <em>tomate/temate,</em> etc.), et entre le /e/ et /i/ &ndash; (<em>ipicerie, libririe</em>), les voyelles nasales (compos&eacute;es de deux lettres) et l&rsquo;opposition sourde-sonore sur les phon&egrave;mes consonantiques (/t/-/d/ dans <em>tomate/tomade</em>&nbsp;; /p/-/b/ dans <em>librairie/liprairie</em>&nbsp;; /j/-/ʃ/ dans <em>fromage/fromache</em>), semblent particuli&egrave;rement poser probl&egrave;me. Ajoutons qu&rsquo;il est possible qu&rsquo;un scripteur ne &laquo;&nbsp;d&eacute;forme &raquo; pas la forme orale du mot et prononce correctement le mot, mais que des confusions apparaissent &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, au moment du passage de l&rsquo;oral &agrave; l&rsquo;&eacute;crit.</p> <p>Identifier le type de phon&egrave;mes concern&eacute;s par la variation permet de voir si les confusions sont li&eacute;es au syst&egrave;me de la langue (et donc partag&eacute;es par les scripteurs) ou si elles sont caract&eacute;ristiques de plus grandes difficult&eacute;s dans la reconnaissance et l&rsquo;encodage des phon&egrave;mes.</p> <p><strong>- Identifier la pr&eacute;sence de digrammes</strong></p> <p>Les digrammes sont des graph&egrave;mes complexes puisqu&rsquo;ils sont compos&eacute;s de deux lettres<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. C&rsquo;est en particulier sur les voyelles nasales que des difficult&eacute;s de transcription se posent. Les cas d&rsquo;omission de lettres participant aux phonogrammes renvoyant &agrave; des voyelles nasales (voire de la transcription tout enti&egrave;re de la voyelle nasale) sont fr&eacute;quents et on trouve des graphies telles que <em>ati, cofiture, fiac&eacute;</em>, etc. Les digrammes &lsquo;ai&rsquo; et &lsquo;ph&rsquo; posent aussi des difficult&eacute;s aux scripteurs&nbsp;: <em>parmacie, librarie, libririe</em>, etc.</p> <p>Ces graphies peuvent ne pas relever d&rsquo;un simple &eacute;cart phon&eacute;tique mais confirmer l&rsquo;importance de la s&eacute;miographie de notre &eacute;criture et le conflit dans lequel peuvent se trouver les scripteurs. Ces derniers ont en m&eacute;moire la pr&eacute;sence d&rsquo;un &lsquo;a&rsquo; ou d&rsquo;un &lsquo;i&rsquo; dans le mot <em>librairie</em>, celle d&rsquo;un &lsquo;p&rsquo; au d&eacute;but du mot <em>pharmacie</em>, d&rsquo;un &lsquo;o&rsquo; dans le mot confiture etc. mais ne l&rsquo;associent pas aux phon&egrave;mes /ɛ/, /f/ ou /ɔ̃/. En cela, ces graphies t&eacute;moignent d&rsquo;une certaine fr&eacute;quentation de l&rsquo;&eacute;crit.</p> <p>A l&rsquo;inverse, on remarque dans notre corpus des cas d&rsquo;ajout de digrammes qui remplacent des graph&egrave;mes simples&nbsp;: <em>taumate, fraumage, fian&ccedil;ais, solanaile</em>, etc. La pr&eacute;sence de ces digrammes peut &ecirc;tre identifi&eacute;e par le formateur parce qu&rsquo;elle atteste de la connaissance de l&rsquo;existence de graph&egrave;mes complexes et t&eacute;moigne de la comp&eacute;tence des scripteurs &agrave; produire ces graph&egrave;mes complexes, m&ecirc;me s&rsquo;ils ne r&eacute;pondent pas &agrave; la norme attendue.</p> <p><strong>- Identifier la pr&eacute;sence de graph&egrave;mes diff&eacute;rents pour transcrire un m&ecirc;me phon&egrave;me </strong></p> <p>La substitution d&rsquo;un phonogramme par un autre, qui renvoie au m&ecirc;me phon&egrave;me (<em>farmacie </em>pour <em>pharmacie</em>) est la modalit&eacute; d&rsquo;&eacute;cart la plus fr&eacute;quente dans notre corpus<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>. La variation relevant de la substitution d&rsquo;un phonogramme porte principalement sur les phonogrammes vocaliques plut&ocirc;t que sur les phonogrammes consonantiques. Ce sont aussi les phonogrammes les plus inconsistants, pour lesquels il existe plusieurs fa&ccedil;ons de les transcrire (&lsquo;ai&rsquo;, &lsquo;&eacute;&rsquo;, &lsquo;&egrave;&rsquo;, &lsquo;o&rsquo;, &lsquo;au&rsquo;, &lsquo;s&rsquo;, &lsquo;c&rsquo;, &lsquo;ss&rsquo;, &lsquo;en, &lsquo;an&rsquo;), qui sont le plus touch&eacute;s par la substitution. On recueille par exemple les graphies suivantes&nbsp;: <em>farmacie, pharmassie, enti, &eacute;pisserie, taumate, libr&eacute;rie, fienc&eacute;, fianss&eacute;</em>, etc.</p> <p>Dans ses productions &eacute;crites, si un scripteur produit diff&eacute;rents graph&egrave;mes pour un m&ecirc;me phon&egrave;me (&lsquo;o&rsquo; et &lsquo;au&rsquo; par exemple pour transcrire le phon&egrave;me /o/), cela rel&egrave;ve d&eacute;j&agrave; d&rsquo;une certaine connaissance du syst&egrave;me graphique du fran&ccedil;ais. Aussi est-il n&eacute;cessaire de comprendre si un scripteur a connaissance de la polyvalence graphique de notre syst&egrave;me pour transcrire certains phon&egrave;mes (Gruaz, 2009) m&ecirc;me si ce n&rsquo;est pas suffisant pour savoir quel phonogramme s&eacute;lectionner. Dans une perspective de rem&eacute;diation, il conviendra de revenir ensuite sur les conditions de distribution de certains de ces graph&egrave;mes.</p> <h2 style="margin-top:13px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span style="font-weight:bold">- Identifier l&rsquo;usage que font les scripteurs des graph&egrave;mes r&eacute;gis par des lois de position et de distribution</span></span></span></span></span></h2> <p>Il est important d&rsquo;identifier l&rsquo;usage que font les scripteurs des graph&egrave;mes r&eacute;gis par des lois de position et de distribution pour identifier ce qui rel&egrave;ve de difficult&eacute;s avec les correspondances phon&egrave;mes-graph&egrave;mes ou uniquement de difficult&eacute;s avec les graph&egrave;mes qui entrent en distribution compl&eacute;mentaire. &Agrave; partir d&rsquo;un article de Sprenger-Charolles (1992 : 52) qui parle de graph&egrave;mes &laquo; contextuels &raquo; pour d&eacute;signer &laquo; des graph&egrave;mes dont la prononciation est fonction de l&rsquo;environnement (&lsquo;c&rsquo;, &lsquo;g&rsquo;, etc.) &raquo;, nous parlons ainsi d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;carts contextuels &raquo; pour d&eacute;signer les &eacute;carts li&eacute;s &agrave; l&rsquo;usage d&rsquo;un graph&egrave;me dont la correspondance phonographique est erron&eacute;e du fait de son environnement proche. Cela revient pour ainsi dire &agrave; un probl&egrave;me de combinatoire. Fabre&nbsp;Cols (2000) parle d&rsquo;une &laquo; g&eacute;n&eacute;ralisation &raquo; de certaines correspondances phonographiques, qui ne tiennent pas compte des restrictions ou des r&egrave;gles de position. Le choix des scripteurs d&rsquo;&eacute;crire <em>pharmasie </em>ou <em>&eacute;piserie </em>par exemple montrent que ces derniers sont sensibles aux r&eacute;gularit&eacute;s graphotactiques du syst&egrave;me puisqu&rsquo;ils optent pour les graph&egrave;mes les plus consistants, bien que cela posent des probl&egrave;mes de lois de position et de distribution. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;un probl&egrave;me de correspondance phon&egrave;me-graph&egrave;me.</p> <p>Par ailleurs, d&egrave;s lors qu&rsquo;on cherche la coh&eacute;rence de l&rsquo;&eacute;cart en interrogeant le scripteur sur les proc&eacute;dures, les m&eacute;thodes qu&rsquo;il a employ&eacute;es pour faire ses choix graphiques, on comprend que certains &eacute;carts, &agrave; premi&egrave;re vue phonographiquement incorrects, reposent en r&eacute;alit&eacute; sur des logiques que l&rsquo;on pourrait consid&eacute;rer comme correctes par rapport &agrave; la phonographie. &Agrave; titre embl&eacute;matique, on peut citer l&rsquo;exemple de la graphie <em>cerisse </em>pour laquelle les explications d&rsquo;un apprenant nous ont conduites vers une autre piste que celle de l&rsquo;&eacute;cart phonographique. Apr&egrave;s nous avoir expliqu&eacute; qu&rsquo;il h&eacute;sitait sur les deux &lsquo;m&rsquo;dans <em>tomate </em>ou les deux &lsquo;f&rsquo; dans <em>confiture</em>, Jimmy nous explique que &laquo; c&rsquo;est pareil &raquo;, il h&eacute;site sur deux &lsquo;s&rsquo; &agrave; la fin de <em>cerisse</em>. Les deux &lsquo;s&rsquo; ont finalement le m&ecirc;me statut que les autres doubles consonnes dans la repr&eacute;sentation que Jimmy se fait du syst&egrave;me graphique. Cet &eacute;clairage confirme le besoin de lire autrement les choix orthographiques des personnes en difficult&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et de ne pas se limiter &agrave; une analyse orthographe correcte vs incorrecte, voire phonographiquement correct vs incorrecte, et de s&rsquo;int&eacute;resser aux repr&eacute;sentations que le scripteur se fait du syst&egrave;me, pour mieux comprendre l&rsquo;&eacute;cart produit. La rem&eacute;diation ne sera pas la m&ecirc;me avec un scripteur comme Jimmy qui &eacute;crit <em>cerisse</em>, parce qu&rsquo;il pense pouvoir mettre des doubles consonnes, au m&ecirc;me titre qu&rsquo;il peut les mettre sur <em>tomate </em>(<em>tomatte </em>par exemple), qu&rsquo;avec un scripteur qui confond les phon&egrave;mes /s/ et /z/ par exemple.</p> <p><strong>- Identifier le type de syllabes concern&eacute;es par la variation </strong></p> <p>La structure syllabique peut poser des difficult&eacute;s aux scripteurs et en particulier la structure de type CCV (Pasa <em>et al</em>., 2006). En effet, la syllabe ouverte de type CCV privil&eacute;gie un traitement syllabique unitaire, dans le sens o&ugrave; elle est difficile &agrave; segmenter en phon&egrave;mes, tandis que la syllabe CVC favorise un traitement phon&eacute;mique. On trouve des cas d&rsquo;inversion tels que <em>formage</em>. La succession de deux phon&egrave;mes consonantiques, d&rsquo;une syllabe &agrave; l&rsquo;autre, semble aussi poser probl&egrave;me. Dans les mots <em>pharmacie </em>et <em>alcool</em>, c&rsquo;est le /r/ de la syllabe &lsquo;phar&rsquo; qui est omis le plus souvent (<em>phamacie</em>, <em>famacie</em>, etc.) et qui est dans la structure CVC-CV, et le premier &lsquo;l&rsquo; de <em>alcool </em>qui est omis de fa&ccedil;on r&eacute;currente (<em>acol</em>, <em>acool</em>, etc.) et qui est dans la structure syllabique VC-CVC. Une syllabe de type CCV &eacute;tant plus difficile &agrave; transcrire qu&rsquo;une syllabe de type CVC, on remarque aussi des cas de transformation de la syllabe CCV en CVCV, par une possible proc&eacute;dure de sur-syllabation mise en place par le scripteur&nbsp;pour faciliter l&rsquo;extraction phon&eacute;mique et l&rsquo;encodage syllabique du mot. Les scripteurs ajoutent ainsi ce qui pourrait &ecirc;tre analys&eacute; comme un &lsquo;e&rsquo; diacritique dans des graphies telles que <em>faremacie</em>, <em>alecol </em>voire un autre phon&egrave;me vocalique&nbsp;(<em>faramacie </em>par exemple).</p> <p>En d&rsquo;autres termes, observer le type de syllabes touch&eacute;es par la variation permet de distinguer des difficult&eacute;s li&eacute;es au syst&egrave;me lui-m&ecirc;me de celles qui peuvent r&eacute;v&eacute;ler des difficult&eacute;s d&rsquo;extraction phon&eacute;mique plus importantes (dans le cas de structures syllabiques de type CVCV notamment).</p> <h2>Conclusion</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">N</span></span></span>ous montrons que les &eacute;carts produits par les scripteurs ne sont pas al&eacute;atoires et qu&rsquo;il est possible le plus souvent de bien identifier ce qui a pos&eacute; probl&egrave;me au scripteur (les obstacles rencontr&eacute;s) et/ou d&rsquo;identifier la logique de l&rsquo;&eacute;cart pour ensuite proposer une solution adapt&eacute;e, en lien avec les conceptions du syst&egrave;me orthographique du scripteur. L&rsquo;analyse que nous avons men&eacute;e a permis d&rsquo;identifier des points, sur la base du corpus &eacute;tudi&eacute;, sur lesquels l&rsquo;attention d&rsquo;un formateur peut se porter dans le cadre d&rsquo;une rem&eacute;diation &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de porter son attention sur ces points, en tant que formateur, est de distinguer les difficult&eacute;s partag&eacute;es par les scripteurs (telles que la succession de consonnes, la proximit&eacute; phon&eacute;tique, les &eacute;carts li&eacute;s &agrave; l&rsquo;instabilit&eacute; du syst&egrave;me, etc.), de celles qui, au contraire, sont caract&eacute;ristiques de plus grandes difficult&eacute;s et d&rsquo;un plus grand &eacute;loignement de l&rsquo;&eacute;crit, voire de pathologies. Cela permet d&rsquo;identifier aussi les difficult&eacute;s sur lesquelles intervenir en priorit&eacute;.</p> <p>Plus concr&egrave;tement, l&rsquo;une des pistes de travail pour intervenir sur l&rsquo;orthographe des apprenants en formation serait, dans un premier temps, de classer les &eacute;carts relev&eacute;s selon les diff&eacute;rents points cit&eacute;s pr&eacute;c&eacute;demment (en &eacute;largissant &agrave; d&rsquo;autres &eacute;carts rencontr&eacute;s dans les textes produits par les apprenants) <a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a> &nbsp;et de mesurer quantitativement le type d&rsquo;&eacute;cart qui pr&eacute;domine. Une fois ce classement r&eacute;alis&eacute; par le formateur, il serait &agrave; compl&eacute;ter et valider lors d&rsquo;un &eacute;change avec l&rsquo;apprenant (par exemple pour v&eacute;rifier que le classement de l&rsquo;&eacute;cart correspond bien &agrave; la conception de l&rsquo;apprenant, cf. cas de Jimmy pour cerisse). Une fois les &laquo;&nbsp;profils&nbsp;&raquo; des diff&eacute;rents scripteurs identifi&eacute;s, il serait notamment int&eacute;ressant de faire travailler ensemble deux apprenants dont les comp&eacute;tences sont &laquo;&nbsp;compl&eacute;mentaires&nbsp;&raquo;, pour que l&rsquo;un et l&rsquo;autre s&rsquo;entraident. A titre d&rsquo;exemple, un apprenant qui a compris la polyvalence graphique pourrait travailler avec un apprenant qui ne voit qu&rsquo;une relation univoque entre les phon&egrave;mes et les graph&egrave;mes (ex. il ne transcrit les phon&egrave;mes /e/-/ɛ/ qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;aide du graph&egrave;me &lsquo;e&rsquo;). Des moments de travail collectifs (telle que la correction collective d&rsquo;une dict&eacute;e) seraient aussi le moyen pour chacun des apprenants de verbaliser ses conceptions de l&rsquo;orthographe, de les confronter &agrave; celles des autres et de les faire &eacute;voluer collectivement. Avec une telle d&eacute;marche qui implique tous les apprenants dans la rem&eacute;diation, le formateur ne serait alors plus plac&eacute; comme le seul d&eacute;tenteur de la connaissance&nbsp;: chaque apprenant prendrait conscience de ses acquis. Il ne faut pas oublier que l&rsquo;acte d&rsquo;&eacute;criture est un v&eacute;cu, souvent marqu&eacute; d&rsquo;exp&eacute;riences n&eacute;gatives voire douloureuses pour un adulte en situation d&rsquo;illettrisme en particulier et que l&rsquo;estime de soi et la prise de confiance constituent des &eacute;l&eacute;ments primordiaux dans le rapport qu&rsquo;entretient un apprenant &agrave; l&rsquo;&eacute;criture (Barr&eacute; De-Miniac, 2000).</p> <p>De fa&ccedil;on plus g&eacute;n&eacute;rale, cette nouvelle lecture des pratiques orthographiques des <em>illettr&eacute;s </em>permet de porter un regard diff&eacute;rent sur leurs difficult&eacute;s et surtout de montrer que ces adultes savent faire des choses &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, y compris du point de vue orthographique. M&ecirc;me s&rsquo;ils ne connaissent pas toujours l&rsquo;orthographe du fran&ccedil;ais, ils ont des connaissances de l&rsquo;orthographe et de ses r&eacute;gularit&eacute;s, connaissances sur lesquelles il est possible de s&rsquo;appuyer en tant que formateur.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p style="text-align:justify; text-indent:-35.45pt"><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ADA&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span>ANDRE, V., (2014), &laquo; Les processus de s&eacute;curisation langagi&egrave;re des adultes : parcours sociaux et cursus d&rsquo;apprentissage &raquo;, <em>Revue fran&ccedil;aise de linguistique appliqu&eacute;e</em>, 2014/2, Vol. 19, 71-83.</p> <p>BARR&Eacute;-DE MINIAC C., (2000), <em>Le rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;criture. Aspects th&eacute;oriques et didactiques</em>, Presses Universitaires du Septentrion.</p> <p>BESSE J-M., PETIOT-POIRSON, K., PETIT CHARLES, E., (2003), <em>Qui est illettr&eacute; ?</em>, Paris : Retz.</p> <p>BESSE, J-M., LUIS, MH., BOUCHUT, AL., MARTINEZ, F., (2009), &laquo; La mesure des comp&eacute;tences en traitement de l&rsquo;&eacute;crit chez les adultes en grande difficult&eacute; &raquo;, <em>&Eacute;conomie et statistiques</em>, n&deg;424-425.</p> <p>BLONDEL, C., BRISSAUD, C., CONSEIL, J., JEANTHEAU, J-P., MORTAMET, C., (2016), &laquo; Les difficult&eacute;s des adultes face &agrave; l&rsquo;&eacute;crit : l&rsquo;apport de l&rsquo;&eacute;preuve de production &eacute;crite de l&rsquo;enqu&ecirc;te Information et Vie Quotidienne&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;conomie et Statistique</em>, n&deg;490, 1-24.</p> <p>BLONDEL, C., BRISSAUD, C., RINCK, F., (2016), &laquo; Description des pratiques orthographiques de scripteurs ordinaires et de scripteurs en difficult&eacute; avec l&rsquo;&eacute;crit &agrave; partir de l&rsquo;analyse d&rsquo;une dict&eacute;e &raquo;, Congr&egrave;s Mondial de Linguistique Fran&ccedil;aise, <a href="https://www.shsconferences.org/articles/shsconf/pdf/2016/05/shsconf_%20cmlf20%2016_07003.pdf">https://www.shsconferences.org/articles/shsconf/pdf/2016/05/shsconf_ cmlf20 16_07003.pdf</a></p> <p>BLONDEL, C., CONSEIL, J., (2015), &laquo; La dict&eacute;e dans l&rsquo;enqu&ecirc;te IVQ : variation et comp&eacute;tences d&rsquo;&eacute;criture des scripteurs en difficult&eacute; avec l&rsquo;&eacute;crit dans les r&eacute;gions Haute-Normandie et Rh&ocirc;ne-Alpes, dans Brissaud, C. &amp; Mortamet, C., La dict&eacute;e, une pratique sociale embl&eacute;matique, <em>Glottopol</em>, n&deg;26, juillet 2015, <a href="http://glottopol.univ-rouen.fr">http://glottopol.univ-rouen.fr</a>, 207-225.</p> <p>BOUTET J., (2001), &laquo; La part langagi&egrave;re du travail : bilan et &eacute;volution &raquo;, <em>Langage et Soci&eacute;t&eacute;</em>, n&deg; 98, 17-42.</p> <p>CATACH, N., GRUAZ, C., DUPREZ, D., (1980, 1995), <em>L&rsquo;orthographe fran&ccedil;aise. L&rsquo;orthographe en le&ccedil;ons : une trait&eacute; th&eacute;orique et pratique</em>, (1&egrave;re et 3&egrave;me &eacute;d. r&eacute;vis&eacute;e), Paris: Nathan.</p> <p>COGIS, D., (2005),<em> Pour enseigner et apprendre l&rsquo;orthographe</em>, Paris : Delagrave.</p> <p>CONSEIL J., (2017), Situations d&rsquo;illettrisme et difficult&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;crit en Haute-Normandie : le cas de l&rsquo;orthographe, Th&egrave;se de doctorat en Sciences du langage, Universit&eacute; de Rouen.</p> <p>CONSEIL J., MORTAMET, C., (2015), &laquo; Illettrisme, difficult&eacute;s &agrave; l&#39;&eacute;crit et emploi en Haute- Normandie &raquo;, <em>&Eacute;tudes Normandes</em>, Bailly, F. 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R&eacute;sultats de l&rsquo;enqu&ecirc;te PIAAC 2012 &raquo;, INSEE Premi&egrave;re, n&deg;1467, octobre 2013.</p> <p>LUCCI V., MILLET A., (1994), <em>L&rsquo;orthographe de tous les jours. Enqu&ecirc;te sur les pratiques orthographiques des Fran&ccedil;ais</em>, Paris : Champion.</p> <p>PASA, L., CREUZET, V., FIJALKOW, J., (2006), &laquo; &Eacute;criture invent&eacute;e : pluralit&eacute; des traitements et variabilit&eacute; selon la structure syllabique &raquo;, <em>&Eacute;ducation et Francophonie</em>, n&deg;34 (2), 149-167.</p> <p>PENLOUP, M-C. 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Quand il s&rsquo;agit de d&eacute;nombrer et de caract&eacute;riser l&rsquo;illettrisme en France, on exclut donc les donn&eacute;es recueillies aupr&egrave;s des personnes non scolaris&eacute;es ou scolaris&eacute;es hors de France.</span></span></span></small></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></a> L&rsquo;INSEE a fait le choix de ne corriger que 20 items sur les 32 dict&eacute;s&nbsp;: <i>pharmacie, anti, rhume, alcool, &eacute;picerie, tomates, pays, confiture, cerises, sel, fianc&eacute;, solennel</i> pour les mots, la totalit&eacute; des 6 pseudo-mots et les deux marques de pluriel (<i>fromage<b>s</b> </i>et <i>sente<b>nt</b></i>). </span></span></small></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></a> Notre corpus ne comprend pas de trigrammes (&lsquo;eau&rsquo;, &lsquo;ein&rsquo; par exemple) mais l&rsquo;analyse propos&eacute;e ici pourrait s&rsquo;appliquer aux trigrammes. </span></span></small></p> </div> <div id="ftn4"> <p><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span garamond="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lucci et Millet (1994) et Gruaz (2009) font aussi le constat de la supr&eacute;matie de cette modalit&eacute; d&rsquo;&eacute;cart sur les autres. Les premiers parlent de &laquo;&nbsp;substitution &raquo; et le second de &laquo; confusion &raquo;.</span></span></span></span></small></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></a> Nous pouvons citer ici la grille d&eacute;j&agrave; existante, &eacute;labor&eacute;e par C. Gruaz (2009) lors la recherche-action men&eacute;e en Haute-Normandie.</span></span></small></p> </div> </div>