<p><span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">Introduction</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">J&rsquo;aborderai la question du d&eacute;sir de langues et de la motivation pour l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue </span><span style="font-size:12.0pt">&ndash;</span><span style="font-size:12.0pt"> en r&eacute;alit&eacute;, de trois langues, tr&egrave;s diff&eacute;rentes les unes des autres, parl&eacute;es dans des continents diff&eacute;rents&nbsp;: estonien, mazatec, g&eacute;orgien </span><span style="font-size:12.0pt">&ndash;</span><span style="font-size:12.0pt"> &agrave; travers mon exp&eacute;rience personnelle, li&eacute;e &agrave; ma <em>praxis</em> de linguiste dialectologue et typologue. Je tenterai, sur la base de cette introspection, de tirer des conclusions utiles pour la probl&eacute;matique de ce volume collectif. La finalit&eacute; de l&rsquo;apprentissage ou, du moins, de l&rsquo;approche de ces trois langues n&rsquo;est pas seulement li&eacute;e au m&eacute;tier&nbsp;: les situations de terrain, les liens sociaux nou&eacute;s au cours des s&eacute;jours sur place, ma perception de la situation glottopolitique mais aussi g&eacute;ostrat&eacute;gique de ces langues, ont jou&eacute; un r&ocirc;le tout aussi important. Mais au-del&agrave; de cette <em>praxis</em>, qui associe des contraintes professionnelles (la recherche) aussi bien qu&rsquo;&eacute;thiques et sociales (la valorisation, le travail social)<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[1]</span></a>, la motivation plus profonde tient &agrave; d&rsquo;autres facteurs, intimement li&eacute;s &agrave; des dimensions comme les affects interpersonnels avec les locuteurs de ces langues, les projections et l&rsquo;imaginaire sur ces langues, et un double sentiment &agrave; la fois d&rsquo;empathie avec les soci&eacute;t&eacute;s concern&eacute;es, et de fascination pour ce qu&rsquo;on peut appeler la &laquo;&nbsp;magie de la langue&nbsp;&raquo;. Ces trois langues correspondent &agrave; trois cycles de vie intellectuelle et personnelle du chercheur, et constituent une pierre de touche dans un &laquo;&nbsp;parcours de vie&nbsp;&raquo; &eacute;clair&eacute; par l&rsquo;amour des langues, cristallis&eacute; notamment sur ces trois idiomes. Pourquoi, et comment&nbsp;? Quelles g&eacute;n&eacute;ralit&eacute;s peut-on en tirer au sujet du &laquo;&nbsp;d&eacute;sir de langues&nbsp;&raquo; comme motivation pour l&rsquo;apprentissage et l&rsquo;ouverture interculturelle&nbsp;? </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p><strong>1</strong>. <span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">Trois tropismes </span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">La premi&egrave;re de ces langues, l&rsquo;estonien, s&rsquo;est impos&eacute;e non pas imm&eacute;diatement, mais par le truchement d&rsquo;une pr&eacute;c&eacute;dente fascination pour une autre langue de la m&ecirc;me famille&nbsp;: le finnois. C&rsquo;est apr&egrave;s avoir appris le finnois et apr&egrave;s plusieurs ann&eacute;es de vie et de s&eacute;jours longs en Finlande, que la d&eacute;couverte de l&rsquo;Estonie et de l&rsquo;estonien, en 1982, ont chang&eacute; le cours de mon existence mais aussi ma praxis de linguiste. Sur le plan linguistique, cette langue me fascinait car elle repr&eacute;sentait une &laquo;&nbsp;version&nbsp;&raquo; en quelque sorte compact&eacute;e du finnois&nbsp;: toutes les voyelles hors du sch&egrave;me CVCV &eacute;tant tomb&eacute;es par syncope et apocope, l&rsquo;estonien et ses dialectes repr&eacute;sentaient l&rsquo;un des plus beaux cas d&rsquo;&eacute;cole de complexification d&rsquo;un lexique et d&rsquo;une grammaire par r&eacute;duction syllabique, et son apprentissage m&rsquo;&eacute;tait facilit&eacute; par mes &eacute;tudes de dialectologie finnoise &nbsp;&ndash; l&rsquo;estonien standard &eacute;tait assez proche des dialectes du sud-ouest de la Finlande (r&eacute;gion de Pori, chef-lieu de la Satakunta, de Turku et Rauma). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">La deuxi&egrave;me de ces langues, le mazatec (otomangue, Mexique), &eacute;tait une langue &agrave; tons, de type CVCV strict, mais dont la morphologie verbale s&rsquo;av&eacute;rait extr&ecirc;mement complexe, et encore quasiment enti&egrave;rement &agrave; d&eacute;crire, pour ses sept dialectes, lorsque je m&rsquo;y lan&ccedil;ais, en 2010. La premi&egrave;re fois que j&rsquo;entendis du mazatec, je fus saisi par la beaut&eacute; de son architecture prosodique&nbsp;: il me semblait entendre chanter dans une cath&eacute;drale quand les locuteurs parlaient entre eux. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">La troisi&egrave;me de ces langues est le g&eacute;orgien, en relation avec les langues zan et le svan&nbsp;: c&rsquo;est en 2017 que je commen&ccedil;ais l&rsquo;&eacute;tude et la collecte de vari&eacute;t&eacute;s dialectales dans ces langues. Comme pour l&rsquo;estonien et le mazatec, la complexit&eacute; grammaticale des langues kartv&eacute;liennes et la situation g&eacute;opolitique de la G&eacute;orgie, ont &eacute;t&eacute; deux facteurs non seulement de ce &laquo;&nbsp;d&eacute;sir de langues&nbsp;&raquo; mais aussi de ce &laquo;&nbsp;d&eacute;sir d&rsquo;agir&nbsp;&raquo; non seulement du linguiste, mais, de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, de l&rsquo;intellectuel face &agrave; son temps, le &laquo;&nbsp;d&eacute;sir d&rsquo;Europe&nbsp;&raquo; de la G&eacute;orgie postsovi&eacute;tique suscitant la m&ecirc;me attraction que lorsque je rencontrais le d&eacute;sir d&rsquo;&eacute;mancipation des pays baltes &agrave; la fin de l&rsquo;&egrave;re sovi&eacute;tique. Mais rien ne peut se substituer &agrave; la &laquo;&nbsp;magie de la langue&nbsp;&raquo; ressentie, hautement subjective, dont il sera surtout question, lorsque j&rsquo;&eacute;voquerai le &laquo;&nbsp;charme&nbsp;&raquo; de la langue, non seulement &agrave; travers son syst&egrave;me de sons et sa musicalit&eacute;, mais aussi &agrave; travers l&rsquo;exploration de l&rsquo;architecture de son lexique et de sa grammaire &ndash; une attirance qui, sans &ecirc;tre r&eacute;serv&eacute;e au linguiste, peut para&icirc;tre moins &eacute;vidente au profane<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[2]</span></a>. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p><strong>2</strong>. <span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">Une praxis d&rsquo;autodidacte</span></strong></span></p> <p style="margin-left:36pt; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Dans le cas de l&rsquo;auteur de ces lignes, toute la dynamique du d&eacute;sir de langues s&rsquo;est inscrite dans une praxis d&rsquo;autodidacte. S&rsquo;il m&rsquo;est arriv&eacute; d&rsquo;&eacute;tudier formellement les langues, c&rsquo;est durant la seule p&eacute;riode de mon existence o&ugrave; il m&rsquo;&eacute;tait donn&eacute; de mener une vie d&rsquo;&eacute;tudiant. J&rsquo;ai donc pu &eacute;tudier de mani&egrave;re formelle et acad&eacute;mique le finnois, de 1982 &agrave; 1986, en obtenant un Dipl&ocirc;me d&rsquo;Etudes et de Recherches Approfondies (DREA) de l&rsquo;Inalco en 1986, &eacute;quivalent d&rsquo;un M1 dans le syst&egrave;me actuel. Parall&egrave;lement, je suivais des cours d&rsquo;estonien dans cette m&ecirc;me institution avec comme enseignant l&rsquo;inoubliable Vahur Linnuste, qui &eacute;tait alors un Estonien r&eacute;fugi&eacute; en France, issu de la diaspora estonienne de Su&egrave;de, f&eacute;ru de sciences politiques, qui fut probablement l&rsquo;enseignant le plus humain et cr&eacute;atif que j&rsquo;ai eu l&rsquo;occasion de conna&icirc;tre. Outre ses cours, tr&egrave;s pratiques, dans la petite biblioth&egrave;que de langues finno-ougriennes de l&rsquo;Inalco, situ&eacute;e dans une pi&egrave;ce de Censier, &agrave; Paris 3, qui fut ensuite malheureusement d&eacute;mantel&eacute;e en 2001 afin d&rsquo;augmenter la surface de locaux administratifs, Vahur Linnuste nous invitait &agrave; passer des soir&eacute;es litt&eacute;raires dans son appartement en r&eacute;novation permanente dans un vieil immeuble de la Rue Charlot, dans le Marais, o&ugrave; il nous faisait lire &agrave; voix haute ses traductions de po&egrave;tes estoniens surr&eacute;alistes. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Malgr&eacute; le glacis sovi&eacute;tique, quelques ressortissants estoniens ou baltes, artistes ou intellectuels de grand talent, parvenaient &agrave; venir s&eacute;journer quelques temps en France, et ne manquaient pas de passer des soir&eacute;es dans ce lieu magique. C&rsquo;&eacute;tait alors pour nous, &eacute;l&egrave;ves de l&rsquo;Inalco, l&rsquo;occasion de communiquer avec des Estoniens de souche, et je me souviens que d&egrave;s le d&eacute;but, nous avons parl&eacute; en estonien, car la ma&icirc;trise de l&rsquo;anglais n&rsquo;&eacute;tait gu&egrave;re r&eacute;pandue en URSS. Dans mon cas, ces &eacute;changes &eacute;taient facilit&eacute;s par ma bonne ma&icirc;trise du finnois, que j&rsquo;&eacute;tudiais d&rsquo;abord en autodidacte depuis l&rsquo;&acirc;ge de 17 ans (depuis 1977), puis en tant qu&rsquo;&eacute;tudiant &agrave; l&rsquo;Inalco. Je pus voyager en Estonie par le biais d&rsquo;un s&eacute;jour touristique depuis Helsinki lors d&rsquo;un de mes s&eacute;jours linguistiques d&rsquo;&eacute;tudiant en Finlande durant l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1982, et l&agrave; encore, le finnois fut ma <em>lingua franca</em> avec les artistes et intellectuels estoniens que Vahur Linniste m&rsquo;avait recommand&eacute;s &ndash; Andres Ehin, Ott Ojamaa, et tant d&rsquo;autres. Mes souvenirs de ces quatre jours pass&eacute;s en faux touriste &agrave; Tallinn, pour venir avidement apprendre et pratiquer l&rsquo;estonien en contact avec les amis et connaissances de mon mentor d&rsquo;estonien rappellent l&rsquo;ambiance d&rsquo;une nouvelle surr&eacute;aliste tint&eacute;e de roman d&rsquo;espionage &ndash; car en situation d&rsquo;oppression g&eacute;opolitique, comme c&rsquo;&eacute;tait le cas dans les pays baltes annex&eacute;s de force durant la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, aller vers le secteur social opprim&eacute; avec empathie, et avide de d&eacute;couvertes, rel&egrave;ve d&rsquo;une forme d&rsquo;activisme. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Le pr&eacute;sent article rev&ecirc;t une dimension &agrave; la fois artisanale et exp&eacute;rimentale&nbsp;: artisanale par le jeu de taquets du &laquo;&nbsp;mod&egrave;le&nbsp;&raquo; des figures 1 &agrave; 5, qui servent de trame &agrave; la description des faits ou des &eacute;tats v&eacute;cus et ressentis li&eacute;s au d&eacute;sir de langue &agrave; travers la diversit&eacute; des langues, dans une optique tr&egrave;s sp&eacute;cifique, car li&eacute;e &agrave; une certaine conception du m&eacute;tier de linguiste<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[3]</span></a>, exp&eacute;rimentale dans la mesure o&ugrave;, &agrave; ma connaissance, il existe encore peu d&rsquo;&eacute;tudes sur la forme de polyglottisme que je vais d&eacute;crire ici. On trouve certes des &eacute;l&eacute;ments dans Tournadre (2014&nbsp;: 13-24, sur &laquo;&nbsp;linguistes et polyglottes&nbsp;: deux approches du langage&nbsp;&raquo;), Hag&egrave;ge (1985&nbsp;: 285-294&nbsp;sur &laquo;&nbsp;l&rsquo;amour des langues&nbsp;&raquo; ; ou 2009&nbsp;: 55-65, 442-448 sur des aspects li &agrave; ce que j&rsquo;appelle ici le &laquo;&nbsp;charme&nbsp;&raquo;). De multiples pistes se trouvent &ccedil;&agrave; et l&agrave; dans les ouvrages d&rsquo;introduction &agrave; la linguistique de terrain, comme Dixon (1983), correspondant &agrave; ce que j&rsquo;appelle ici &laquo;&nbsp;empathie&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;d&eacute;couverte&nbsp;&raquo;. Mais le corpus concernant cette forme de &laquo;&nbsp;d&eacute;sir de langue&nbsp;&raquo; et sur les motivations et les m&eacute;thodes d&rsquo;exploration de langues &agrave; des fins &agrave; la fois de d&eacute;veloppement personnel (le &laquo;&nbsp;d&eacute;doublement&nbsp;&raquo;) et scientifiques (la &laquo;&nbsp;d&eacute;couverte de phase 2&nbsp;&raquo;) me semble encore tr&egrave;s dispers&eacute; et h&eacute;t&eacute;roclite, probablement en raison du caract&egrave;re marginal du ph&eacute;nom&egrave;ne, et de sa difficile g&eacute;n&eacute;ralisation. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p><span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">3. Mod&egrave;le du d&eacute;sir de langue autodidacte</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p><strong>3.1. </strong><span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">L&rsquo;estonien dans le contexte balte</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Cette entr&eacute;e en mati&egrave;re nous m&egrave;ne droit &agrave; notre mod&egrave;le du d&eacute;sir de langue (figure 1). Apprendre une langue seconde est moins une <em>acculturation</em> (au sens anthropologique et non psychologique du terme) ou une <em>ali&eacute;nation</em> qu&rsquo;un <em>d&eacute;doublement</em> de la personnalit&eacute;, au-del&agrave; de l&rsquo;amplification et de la complrexification du r&eacute;pertoire de la comp&eacute;tence linguistique du sujet plurilingue ou polyglotte. J&rsquo;entends par ce terme une expansion &agrave; la fois des qualit&eacute;s du sujet apprenant qu&rsquo;une appropriation de la culture de l&rsquo;autre. Un mouvement altruiste, fond&eacute; sur des formes tr&egrave;s variables d&rsquo;empathie, qui peuvent &ecirc;tre li&eacute;es, comme dans le sch&eacute;ma, aussi bien au <em>charme</em> exerc&eacute; par la langue et ses locuteurs que par la <em>curiosit&eacute;</em>. Ces deux termes convergent vers la <em>d&eacute;couverte</em>&nbsp;: d&eacute;couverte des structures d&rsquo;une langue mais aussi, bien &eacute;videmment, d&rsquo;une culture, d&eacute;finie par la g&eacute;ographie, l&rsquo;histoire, les fa&ccedil;ons d&rsquo;&ecirc;tre ou <em>habitus</em>, qui vont depuis l&rsquo;ordre des interactions (plus ou moins prox&eacute;miques et tactiles, plus ou moins extroverties, aux habitudes alimentaires ce qui, dans ce dernier cas, &eacute;tait neutralis&eacute; par les p&eacute;nuries qui caract&eacute;risaient la vie quotidienne sous le r&eacute;gime sovi&eacute;tique). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Nous verrons plus loin que, dans le cas du linguiste typologue, comme de tout chercheur (philologue, arch&eacute;ologue, g&eacute;n&eacute;ticien, etc.), la d&eacute;couverte est magnifi&eacute;e et d&eacute;cupl&eacute;e par l&rsquo;incidence des savoirs acquis sur le champ de connaissances. Je prendrai soin de r&eacute;sumer &agrave; chaque fois, pour les trois langues de mon &laquo;&nbsp;parcours&nbsp;&raquo;, ces d&eacute;couvertes du second type, que sont les r&eacute;sultats de la recherche, nourris de la pratique active de la langue, aussi bien orale qu&rsquo;&eacute;crite et, dans mon cas pr&eacute;cis, les dialectes et langues voisines. Je parlerai donc de d&eacute;couvertes existentielles (degr&eacute; 1) et de d&eacute;couvertes &eacute;pist&eacute;mologiques (degr&eacute; 2). J&rsquo;&eacute;voquerai aussi succinctement que possible cette dimension (d&eacute;couvertes de degr&eacute; 2), afin de faire ressortir l&rsquo;apport sur le plan collectif de l&rsquo;exp&eacute;rience personnelle d&rsquo;acquisition d&rsquo;une langue. Le d&eacute;sir de langues dans le cas du linguiste &nbsp;&ndash; en l&rsquo;occurrence typologue &nbsp;&ndash; construit ainsi une trajectoire qui va de soi &agrave; autrui, et alimente une r&eacute;flexion d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral. Une approche plus centr&eacute;e sur la seule exp&eacute;rience du sujet apprenant risquerait vite de tourner au monologue et au r&eacute;cit d&rsquo;une exp&eacute;rience personnelle, de moindre valeur &eacute;pist&eacute;mologique. A cet effet, j&rsquo;indiquerai &eacute;galement en quoi ces d&eacute;couvertes de rang 2 r&eacute;pondent &agrave; des questions centrales dans le champ de recherches envisag&eacute;. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt"><img src="/img/6/images/image%201%282%29.png" style="height:155px; width:294px" /></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Figure 1. Mod&egrave;le du d&eacute;sir de langue autodidacte</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Le parcours diff&egrave;re selon les moments de la vie du chercheur/apprenant et au gr&eacute; des circonstances. La premi&egrave;re de ces langues, l&rsquo;estonien, s&rsquo;est impos&eacute;e par le truchement d&rsquo;une pr&eacute;c&eacute;dente fascination pour une autre langue de la m&ecirc;me famille&nbsp;: le finnois. Sur le plan linguistique, cette langue me fascinait car elle repr&eacute;sentait une &laquo;&nbsp;version&nbsp;&raquo; en quelque sorte compact&eacute;e du finnois. L&rsquo;estonien standard &eacute;tait assez proche du dialecte du sud-ouest de la Finlande (r&eacute;gion de Turku et de Pori), sur lequel je pr&eacute;parais un m&eacute;moire de DREA, suite au bonheur des rencontres avec des locutrices &acirc;g&eacute;es dans cette r&eacute;gion. Dans ce cas pr&eacute;cis, l&rsquo;itin&eacute;raire au sein du diagramme peut se repr&eacute;senter comme dans la figure 2&nbsp;: une curiosit&eacute; de linguiste envers les propri&eacute;t&eacute;s structurales d&rsquo;une langue proche de la langue principale d&rsquo;apprentissage, &agrave; travers le prisme d&rsquo;un segment du r&eacute;seau dialectal de cette langue, a conduit au d&eacute;doublement de la tentative d&rsquo;appropriation de la langue, menant &agrave; une forte empathie &agrave; travers la figure d&rsquo;un mentor privil&eacute;gi&eacute; (Vahur Linnuste, figure id&eacute;ale de l&rsquo;enseignant et du &laquo;&nbsp;t&eacute;moin&nbsp;&raquo; de sa langue, de sa culture et de son histoire) sur le lieu de r&eacute;sidence, puis &agrave; travers le r&eacute;seau de connaissances de ce &laquo;&nbsp;passeur&nbsp;&raquo; p&eacute;dagogue, aussi bien lors des s&eacute;ances de lecture de po&eacute;sie surr&eacute;aliste estonienne que lors d&rsquo;un s&eacute;jour de faux touriste &agrave; Tallinn, durant l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1982. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt"><img src="/img/6/images/image%202%282%29.png" style="height:162px; width:283px" /></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Figure 2. Itin&eacute;raire initial du &laquo;&nbsp;parcours estonien&nbsp;&raquo; de l&rsquo;auteur</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Par la suite, l&rsquo;Estonie et sa langue ne cess&egrave;rent d&rsquo;exercer un puissant charme sur ma personnalit&eacute;, et transform&egrave;rent profond&eacute;ment ma vision du monde. Mon empathie allait croissante pour ce petit pays et ses compagnons d&rsquo;infortune (les Pays baltes, mais aussi d&rsquo;autres nations captives de l&rsquo;URSS, comme la G&eacute;orgie)&nbsp;: de petites nations dot&eacute;es d&rsquo;une histoire faite de p&eacute;riodes de dominations &eacute;trang&egrave;res suivant de multiples tropismes (h&eacute;g&eacute;monie su&eacute;doise, polonaise, allemande, russe, en ce qui concerne l&rsquo;Estonie et la Lettonie, h&eacute;g&eacute;monie lituano-polonaise puis russe en ce qui concerne la Lituanie, h&eacute;g&eacute;monie endog&egrave;ne puis turque, perse et russe, dans le cas de la G&eacute;orgie). Je pouvais aussi constater les diff&eacute;rences de r&eacute;action face &agrave; l&rsquo;Histoire&nbsp;: le chemin belliqueux de la G&eacute;orgie postsovi&eacute;tique m&rsquo;a toujours paru absurde, compar&eacute; aux options pacifiques et diplomatiques des Etats baltes&nbsp;; le souverainisme lituanien d&eacute;passait de loin en intensit&eacute; celui de la Lettonie et de l&rsquo;Estonie, dans les derni&egrave;res ann&eacute;es de la p&eacute;riode sovi&eacute;tique. Le pacifisme et le l&eacute;galisme balte contribuaient au &laquo;&nbsp;charme&nbsp;&raquo; g&eacute;opolitique des ces pays, que j&rsquo;eus l&rsquo;occasion de visiter intens&eacute;ment lors d&rsquo;un s&eacute;jour de six mois durant l&rsquo;hiver et le printemps 1991, o&ugrave; je me mis &agrave; apprendre &eacute;galement le lettton et le lituanien, comme j&rsquo;avais jadis appris le finnois et l&rsquo;estonien cons&eacute;cutivement </span>&ndash;<span style="font-size:12.0pt"> dans le cas des deux langues baltes, je dois dire que je m&rsquo;&eacute;tais tromp&eacute; dans l&rsquo;ordre d&rsquo;apprentissage, puisque les structures morphologiques du letton sont plus compact&eacute;es et opaques que celles du lituanien, que je n&rsquo;ai pu apprendre qu&rsquo;en dernier lieu. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Le charme de ces pays s&rsquo;intensifiait avec le contraste de leurs situations g&eacute;opolitiques, et je ne cessais de d&eacute;couvrir la diversit&eacute; interne de ces pays et de ces langues, notamment &agrave; travers les dialectes. La dynamique de la figure 3 se d&eacute;multipliait donc </span>&ndash;<span style="font-size:12.0pt"> elle se triplait, sous l&rsquo;effet de mon tropisme balte, s&rsquo;appliquant successivement &agrave; l&rsquo;estonien (que je ma&icirc;trisais de mani&egrave;re tr&egrave;s satisfaisante &agrave; l&rsquo;&eacute;crit comme &agrave; l&rsquo;oral d&egrave;s 1991), puis au letton et au lituanien, langues baltes, indo-europ&eacute;ennes, &eacute;galement tr&egrave;s diversifi&eacute;es sur le plan dialectal. Je vivais &agrave; Tartu, o&ugrave; j&rsquo;enseignais le FLE et o&ugrave; je dispensais pour les &eacute;tudiants de toutes les facult&eacute;s un cours d&rsquo;intercompr&eacute;hension des langues romanes (espagnol, portugais, italien (cf. L&eacute;onard 2011a). De l&agrave;, je me rendais fr&eacute;quemment &agrave; Riga et en Courlande (Lettonie) et &agrave; Vilnius (Lituanie), o&ugrave; je rencontrais des po&egrave;tes et des linguistes baltes. Li&eacute; encore &agrave; la d&eacute;couverte, l&rsquo;un de mes principaux amis &eacute;tait Lembit Vaba, sp&eacute;cialiste des contacts de langue letton-estonien, avec qui j&rsquo;apprenais beaucoup sur les aires culturelles baltes. Tout cela nous m&egrave;ne de la d&eacute;couverte de phase 1 (celle de l&rsquo;appropriation individuelle de connaissances g&eacute;n&eacute;rales en langues et cultures) &agrave; celle de phase 2 (lorsque l&rsquo;apprenant-chercheur finit par devenir lui-m&ecirc;me passeur de connaissances, avec apport &eacute;pist&eacute;mologique &agrave; un champ de connaissances). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp;<img src="/img/6/images/image%203%281%29.png" style="height:155px; width:316px" /></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Figure 3. Cons&eacute;quences du &laquo;&nbsp;parcours estonien&nbsp;&raquo; de l&rsquo;auteur</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les d&eacute;couvertes de rang 2 (&eacute;pist&eacute;mologiques) furent donc, &agrave; terme, la notion de <em>Mundartbund</em> concernant le r&eacute;seau dialectal estonien (cf. L&eacute;onard, 2006, 2012a)<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[4]</span></a>, et une taxinomie minimaliste des classes flexionnelles dans les langues fenniques et en particulier, dans le diasyst&egrave;me estonien (L&eacute;onard, 2018a, b), proposant de r&eacute;duire par exemple le nombre de mod&egrave;les de d&eacute;clinaison de l&rsquo;estonien de 26 &agrave; 10, valables pour tous les dialectes, en fonction d&rsquo;une hi&eacute;rarchie implicationnelle. J&rsquo;eus aussi r&eacute;cemment le plaisir d&rsquo;appliquer la m&eacute;thode des ateliers de production de mat&eacute;riaux didactiques en vari&eacute;t&eacute;s dialectales lors d&rsquo;une session de deux jours que j&rsquo;ai r&eacute;alis&eacute;s &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Tartu en juin 2018<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[5]</span></a>.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p><strong>3.2. </strong><span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">Le mazatec, dans son contexte m&eacute;so-am&eacute;ricain</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Le mazatec &eacute;tait pour moi de longue date une v&eacute;ritable vedette de la linguistique th&eacute;orique et descriptive, depuis les premiers travaux de Kenneth Pike et de sa s&oelig;ur Eunice, parus &agrave; la fin des ann&eacute;es 1940 (Pike &amp; Pike, 1947). Je savais que les donn&eacute;es de cette langue &eacute;taient &agrave; l&rsquo;origine des th&eacute;ories de la constituance syllabique (attaque <em>vs.</em> rime, analysable en noyau et coda), notamment pour la complexit&eacute; de ses attaques (consonnes initiales de syllabe) et sa totale absence de coda (consonne finale de syllabe ou consonne entravante). La principale vari&eacute;t&eacute;&nbsp; de mazatec, celle des hautes terres centrales, &agrave; Huautla de Jim&eacute;nez, &eacute;tait connue pour avoir &eacute;t&eacute; un haut lieu de l&rsquo;&egrave;re psych&eacute;d&eacute;lique, autour de la figure l&eacute;gendaire de la shamane Maria Sabina, qui avait initi&eacute; aux champignons hallucinog&egrave;nes R. Gordon Wasson, banquier et ethnobotaniste, fondateur de l&rsquo;ethnomycologie, et attir&eacute; des grandes figures de la culture Pop des ann&eacute;es 1960. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Le sch&eacute;ma op&eacute;ratoire ici rel&egrave;ve donc de la dynamique sugg&eacute;r&eacute;e dans la figure 4&nbsp;: charme et curiosit&eacute; ont men&eacute; &agrave; la d&eacute;couverte, dans ses deux phases. La premi&egrave;re phase de d&eacute;couverte a commenc&eacute; par un terrain de dix jours dans une zone qui avait subi un cataclysme technocratique&nbsp;: les basses terres inond&eacute;es par la construction du barrage hydro-&eacute;lectrique Miguel Aleman, achev&eacute;e en 1955, qui a d&eacute;plac&eacute; 20&nbsp;000 paysans mazat&egrave;ques qui vivaient dans une zone de microfundios dans la moyanne vall&eacute;e du Papaloapan, dans l&rsquo;Etat de Oaxaca. La population indig&egrave;ne locale a massivement migr&eacute; vers les grands centres urbains proches (Puebla, Tuxtepec) ou la capitale (la ville de&nbsp;Mexico, D.F) et dans des villages nouveaux, construits de bric et de broc, sans eau courante, dans un bassin d&rsquo;emploi centr&eacute; sur la production de canne &agrave; sucre et d&rsquo;agro-alimentaire industriel (dont la bi&egrave;re). Le sentiment de spoliation &eacute;tait g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;. J&rsquo;eus l&rsquo;occasion de passer plusieurs jours dans l&rsquo;&icirc;le du Vieux Soyaltepec, o&ugrave; est rest&eacute;e une population qui a refus&eacute; co&ucirc;te que co&ucirc;te de quitter les lieux en d&eacute;pit de l&rsquo;envoi des troupes afin de forcer &agrave; la relocalisation. J&rsquo;y enregistrai durant des heures les t&eacute;moignages d&rsquo;anciens d&rsquo;un grand &acirc;ge, qui &eacute;taient monolingues, et je ressentis un coup de c&oelig;ur pour cette population et sa langue (orientant les fl&egrave;ches du diagramme vers l&rsquo;empathie). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">De l&agrave;, je me rendis pour une semaine dans le gros bourg des terres moyennes de San Felipe Jalapa de Diaz, o&ugrave; je r&eacute;alisais un atelier de cr&eacute;ation de mat&eacute;riaux p&eacute;dagogiques dans le dialecte local<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[6]</span></a>. L&rsquo;atelier fut difficile. La chaleur &eacute;tait accablante, dans cette r&eacute;gion, et la m&eacute;fiance des instituteurs bilingues &eacute;tait am&egrave;re, mais je fus d&eacute;fendu par un ma&icirc;tre d&rsquo;&eacute;cole qui rencontrait alors des difficult&eacute;s sociales, et sut convaincre ses coll&egrave;gues de travailer avec moi pour leur langue. Il en r&eacute;sultat un travail social de grande qualit&eacute;, dont j&rsquo;ai d&eacute;crit les mat&eacute;riaux (cf. L&eacute;onard, 2014). Je suis alors entr&eacute; au terme de deux semaines &eacute;prouvantes dans les basses terres dans ce pays magique que sont les hautes terres centrales, dans le lieu l&eacute;gendaire qu&rsquo;est Huautla de Jim&eacute;nez, o&ugrave; je pus r&eacute;aliser un atelier de linguistique mazat&egrave;que dans la Maison de la Culture Maria Sabina. L&agrave;, je rencontrai un groupe de jeunes activistes culturels, passionn&eacute;s et tr&egrave;s engag&eacute;s pour le d&eacute;veloppement culturel de leur r&eacute;gion, notamment le hameau de San Andr&eacute;s Hidalgo, &agrave; quelques kilom&egrave;tres de Huautla. Empathie et charme se multipli&egrave;rent de nouveau, tout comme le d&eacute;doublement de tous les participants de ce processus, qui dura plusieurs &eacute;t&eacute;s. Inlassablement, je revenais &agrave; Huautla de Jim&eacute;nez &ndash; je n&rsquo;osais gu&egrave;re retourner dans les basses terres, o&ugrave; les conditions climatiques devenaient plus &eacute;touffantes d&rsquo;ann&eacute;e en ann&eacute;e, et o&ugrave; je faisais souvent face &agrave; une certaine m&eacute;fiance, li&eacute;e aux conditions conflictuelles d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; en crise. Mais la crise politique, qui &eacute;tait d&eacute;j&agrave; latente &agrave; Huautla, se durcit &eacute;galement au fil des ans. J&rsquo;ajouterai que lors de mon premier s&eacute;jour, j&rsquo;eus &eacute;galement la chance de rester deux semaines dans le bourg de San Jeronimo Tecoatl, log&eacute; dans une organisation rurale de femmes mazat&egrave;ques qui avaient fond&eacute; une coop&eacute;rative agricole. Je pus travailler sur la vari&eacute;t&eacute; dialectale locale, o&ugrave; j&rsquo;enregistrai une grande quantit&eacute; de donn&eacute;es sur cette vari&eacute;t&eacute; peu &eacute;tudi&eacute;e en dehors des travaux de Brian Bull<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[7]</span></a>, qui me furent d&rsquo;une grande utilit&eacute; pour &laquo;&nbsp;craquer&nbsp;&raquo; le code du syst&egrave;me verbal. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Mais sur le plan de l&rsquo;apprentisssage, la principale &laquo; d&eacute;couverte de rang 1&nbsp;&raquo; (celle de l&rsquo;aprenant) a &eacute;t&eacute; pour moi le syst&egrave;me tonal de la langue. Le mazatec de Huautla a quatre tons ponctuels (haut, mi-haut, moyen et bas) et quatre &agrave; six tons de contours, qui combinent ces &eacute;l&eacute;ments tonaux (ou primitives tonales), avec une incidence si forte sur la flexion, notamment verbale, que l&rsquo;on peut dire que le mazatec marque presque autant le verbe sur le plan suprasegmental (ton&egrave;mes) que segmental (morph&egrave;mes). Mais comment faire pour d&eacute;crire un tel syst&egrave;me quand, &acirc;g&eacute; de d&eacute;j&agrave; 50 ans, on n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; expos&eacute; &agrave; un tel syst&egrave;me&nbsp;? J&rsquo;&eacute;tais certes sensibilis&eacute; au marquage prosodique dans la flexion par les tons inton&eacute;s du lituanien, et j&rsquo;avais eu l&rsquo;occasion d&rsquo;apprendre plus ou moins intuitivement ce syst&egrave;me, bien plus simple, en m&rsquo;appropriant la langue dans sa pratique orale. Mais l&agrave;, le d&eacute;fi consistait &agrave; apprendre suffisamment pour non seulement d&eacute;crire un dialecte particulier, mais n&rsquo;importe quel dialecte mazatec, dans le cadre de mon projet d&rsquo;atlas linguistique mazatec. C&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;intervint une &laquo;&nbsp;d&eacute;couverte de rang 2&nbsp;&raquo; qui m&rsquo;avait pr&eacute;c&eacute;d&eacute;&nbsp;: le chapitre 8 de l&rsquo;essai fondateur de Kenneth Pike sur la tonologie, paru en 1948, d&eacute;ployait tous les paradigmes verbaux et nominaux (le marquage de la possession, dans un secteur du lexique de substantifs inali&eacute;nables, comme les parties du corps et les termes de parent&eacute;, qui utilise le marquage tonal et des s&eacute;ries de pr&eacute;fixes). J&rsquo;entrepris de v&eacute;rifier syst&eacute;matiquement la cinquantaine de tableaux exhaustifs de ces deux paradigmes chez des locuteurs modernes, entre 2011 et 2014, ce qui me permit d&rsquo;oberver les structures d&eacute;crites un demi-si&egrave;cle plus t&ocirc;t par K. Pike. Or, la description de Pike &eacute;tait impeccable. Parfaite. Un v&eacute;ritable joyau, une m&eacute;canique de pr&eacute;cision. Faire mes gammes par &eacute;licitation de ce syst&egrave;me &agrave; travers un retour sur ces donn&eacute;es fut la cl&eacute; qui me permit de me former &agrave; la tonologie, et de proposer des d&eacute;couvertes de rang 2 &agrave; mon tour&nbsp;: bien qu&rsquo;exemplaire pour le raffinement de sa complexit&eacute; tonale, le riche inventaire tonal de Huautla n&rsquo;&eacute;tait qu&rsquo;une des multiples facettes d&rsquo;un syst&egrave;me prosodique tr&egrave;s diversifi&eacute;, entre les dialectes. Ce syst&egrave;me devait s&rsquo;accommoder d&rsquo;une concurrence avec une tendance accentuelle, d&eacute;j&agrave; signal&eacute;e par Paul L. Kirk dans sa th&egrave;se comparative. Un dialecte comme celui de Huehuetla, tendait typologiquement vers un syst&egrave;me &agrave; accent inton&eacute; (pitch accent, comme le lituanien), d&rsquo;autres, comme Mazatl&aacute;n Villa de Flores, rappelaient les syst&egrave;mes tonaux &agrave; plateaux de certaines langues niger-congo. En somme, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle interdialectale, le concept heuristique &eacute;tait celui d&rsquo;un &eacute;ventail, ou d&rsquo;une <em>gamme</em>, de syst&egrave;mes prosodiques en comp&eacute;tition. En outre, m&ecirc;me le syst&egrave;me de Huautla d&eacute;crit par Pike avait &eacute;t&eacute; r&eacute;gularis&eacute;, en creusant les contrastes, par ce linguiste, durant sa phase de d&eacute;couverte, mais la r&eacute;alit&eacute; &eacute;tait bien plus simple, avec beaucoup de ph&eacute;nom&egrave;nes de nivellement tonal (L&eacute;onard &amp; Kihm, 2012), que ce qui avait &eacute;t&eacute; fix&eacute; sur le papier dans son c&eacute;l&egrave;bre essai de 1948. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt"><img src="/img/6/images/image%204%281%29.png" style="height:180px; width:299px" /></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Figure 4. Itin&eacute;raire initial du &laquo;&nbsp;parcours mazatec&nbsp;&raquo; de l&rsquo;auteur</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Il d&eacute;coula de l&rsquo;exploration de 25 vari&eacute;t&eacute;s dans le r&eacute;seau dialectal de nombreuses d&eacute;couvertes de niveau 2&nbsp;: une syst&eacute;matisation des classes flexionnelles du verbe mazatec (le syst&egrave;me de conjugaison), expos&eacute;e dans de nombreuses publications (L&eacute;onard, 2012b, L&eacute;onard &amp; Kihm, 2012, puis surtout L&eacute;onard &amp; Fulcrand, 2015, 2018). La taxinomie propos&eacute;e dans ces travaux se fonde sur une dizaine de conjugaisons, au lieu des 18 propos&eacute;es initialement par Jamieson (1988). Gr&acirc;ce au financement obtenu par le biais d&rsquo;un projet IUF<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[8]</span></a>, je pus r&eacute;aliser avec une &eacute;quipe interdisciplinaire de jeunes chercheurs mexicains (Karla Janir&eacute; Aviles Gonz&aacute;lez, Jaime Calder&oacute;n) et europ&eacute;ens (Antonia Colazo-Simon, Fabio Pettirino) une tr&egrave;s grande quantit&eacute; d&rsquo;ateliers th&eacute;matiques participatifs (cf. L&eacute;onard, 2019a), dont des ateliers de grammaire mazat&egrave;que<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[9]</span></a>. </span><span style="font-size:12.0pt">Gr&acirc;ce au travail acharn&eacute; d&rsquo;un instituteur qui avait ses entr&eacute;es dans l&rsquo;administration scolaire de Huautla, je pus co-organiser un&nbsp;forum de glottopolitique &eacute;ducative</span> <span style="font-size:12.0pt">&nbsp;&agrave; Huautla de Jim&eacute;nez &agrave; l&rsquo;automne 2011, r&eacute;unissant des intervenants de toute la r&eacute;gion, sur des exp&eacute;riences &eacute;ducatives en cours<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[10]</span></a>. Mes liens d&rsquo;amiti&eacute; et de travail b&eacute;n&eacute;vole avec de multiples intervenants et activistes culturels mazatecs m&rsquo;ouvrirent d&rsquo;abord toutes les portes, avant que beaucoup d&rsquo;autres ne se referment, en fonction des al&eacute;as tr&egrave;s fluctuants des tensions politiques internes &agrave; cette capitale des hautes terres mazat&egrave;ques. Ce n&rsquo;est plus seulement moi qui me d&eacute;doublais &agrave; travers ma plong&eacute;e dans le monde mazatec et ses institutions, en tant que travailleur social b&eacute;n&eacute;vole autant que linguiste. C&rsquo;est aussi toute la ville de Huautla qui changeait, de s&eacute;jour en s&eacute;jour, au gr&eacute; des &eacute;lections locales et des jeux de chaises musicales des autorit&eacute;s locales, dans toutes les institutions d&rsquo;enseignament et les organisations de la soci&eacute;t&eacute; civile. En 2012, toutes les portes s&rsquo;ouvrirent dans le bourg de San Mateo Yoloxochitl&aacute;n, dont la vari&eacute;t&eacute; diff&egrave;re peu de celle de Huautla de Jim&eacute;nez, et qui se trouve &agrave; mi-chemin avec San Jeronimo Tecoatl. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un village d&rsquo;artisans travaillant le bois et d&rsquo;agriculteurs, fragilis&eacute; par l&rsquo;&eacute;migration, subissant des conditions d&rsquo;acculturation sensiblement plus fortes qu&rsquo;ailleurs dans la r&eacute;gion. &nbsp;Je pus y coordonner deux ateliers th&eacute;matiques et r&eacute;aliser de pr&eacute;cieuses enqu&ecirc;tes d&rsquo;histore orale aupr&egrave;s d&rsquo;anciens, en compagnie de deux fid&egrave;les amis, un couple d&rsquo;instituteurs. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Mais l&agrave; encore, cette porte se referma l&rsquo;ann&eacute;e d&rsquo;apr&egrave;s et s&rsquo;il me fut facile d&rsquo;y retourner, il me fut impossible d&rsquo;y organiser de nouveau du travail social sur la langue. J&rsquo;adoptais peu &agrave; peu une tactique qui consistait &agrave; &ecirc;tre tr&egrave;s mobile dans tout l&rsquo;espace des hautes terres mazat&egrave;ques, y compris dans les villages recul&eacute;s de Santa Ana Ateixtlahuaca et de San Lorenzo Cuauneucuiltitla (cf&nbsp;. L&eacute;onard, 2013), afin de me faufiler entre les al&eacute;as des changements politiques. Je m&rsquo;en fus m&ecirc;me, une ann&eacute;e o&ugrave; tout travail social &eacute;tait rendu impossible par le conflit profond et violent qui opposait les enseignants au gouvernement central qui avait promulgu&eacute; une r&eacute;forme &eacute;ducative fonci&egrave;rement n&eacute;olib&eacute;rale, fond&eacute;e sur une &eacute;valuation draconienne visant &agrave; r&eacute;duire massivement le personnel enseignant dans les zones rurales, &agrave; passer en 2014 une semaine dans un hameau recul&eacute; dans les montagnes de Santa Maria Chilchotla, dans une r&eacute;gion difficile d&rsquo;acc&egrave;s qui surplombait le lac Miguel Alem&aacute;n, l&agrave; o&ugrave; pour moi, tout avait commenc&eacute;. Il me fut m&ecirc;me difficile de revenir, en raison de pluies torrentielles qui avaient coup&eacute; les routes de terre battue durant mon s&eacute;jour. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Je consacrais ce s&eacute;jour au recueil de t&eacute;moignages sur les interactions et les &eacute;changes entre villages dans la r&eacute;gion, d&rsquo;o&ugrave; sortit un travail cons&eacute;quent sur ce que j&rsquo;ai appel&eacute;, suivant le terme qu&rsquo;utilisait jadis John Victor Murra pour la zone andine (Murra 1956), l&rsquo;<em>archipel vertical </em>mazatec (L&eacute;onard, 2015). Outre la d&eacute;multiplication du temps et des lieux de vie, de m&eacute;moire et de tensions politiques, les travaux qui ont mat&eacute;rialis&eacute; cette perspective ont intens&eacute;ment utilis&eacute; la th&eacute;orie des syst&egrave;mes complexes (L&eacute;onard <em>et al.</em>, 2017). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p><strong>1.3.</strong> <span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">Le g&eacute;orgien, dans son contexte kartv&eacute;lien</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">La troisi&egrave;me de ces langues apprises par d&eacute;sir, dans cette dynamique de curiosit&eacute;, charme, empathie et d&eacute;douverte, est le g&eacute;orgien, en relation avec les autres langues de la famille kartv&eacute;lienne&nbsp;: langues zan (mingr&eacute;lien et laze) et svan. Tout a commenc&eacute; en 1993, par la rencontre avec Kevin Tuite, au Canada, alors que je cherchais, une fois soutenu ma th&egrave;se en France, &agrave; obtenir un poste dans une universit&eacute; canadienne. Ce jeune chercheur, qui venait d&rsquo;&ecirc;tre nomm&eacute; professeur associ&eacute; en anthropologie &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;al, avait soutenu une th&egrave;se en morphosyntaxe sur la variation du pluriel dans le diasyst&egrave;me g&eacute;orgien, et il pr&eacute;parait d&eacute;j&agrave; une monographie sur le svan, qui reste encore l&rsquo;une des seules sources en anglais sur cette langue difficile d&rsquo;acc&egrave;s (Tuite, 1997). Tout ce que racontait Kevin Tuite sur son terrain en Svan&eacute;tie et sa vie en G&eacute;orgie, me fascinait d&rsquo;autant plus que je pouvais faire le lien avec ma propre exp&eacute;rience de petits pays sortis r&eacute;cemment de l&rsquo;URSS, comme les trois pays Baltes, mentionn&eacute;s plus haut. J&rsquo;avais aussi eu l&rsquo;occasion de rencontrer des artistes g&eacute;orgiens en Estonie, o&ugrave; l&rsquo;intelligentsia &eacute;tait tr&egrave;s ouverte aux apports de cr&eacute;ateurs et intellectuels issus des r&eacute;publiques sovi&eacute;tiques du Caucase (Arm&eacute;nie, G&eacute;orgie, Azerba&iuml;djan). Ayant lu la th&egrave;se et les travaux de Kevin Tuite, et ceux d&rsquo;un de ses mentors, Howard I. Aronson, de l&rsquo;Universit&eacute; de Chicago, o&ugrave; j&rsquo;&eacute;tais intervenu en 1995 &agrave; un colloque sur les langues non-slaves de l&rsquo;ex-URSS<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[11]</span></a> (sur une comparaison entre live et vepse comme antipodes typologiques au sein de la sous-famille fennique, cf. L&eacute;onard, 1997), la G&eacute;orgie et sa langue devinrent d&egrave;s lors, et durant pas moins de 20 ans une sorte de &laquo;&nbsp;Belle au Bois Dormant&nbsp;&raquo; dans mon esprit. Je ne cessai de m&rsquo;int&eacute;resser aux langues du Caucase, notamment aux langues kartv&eacute;liennes, mais sans jamais trouver de temps ni une opportunit&eacute; pour les aborder&hellip; jusqu&rsquo;&agrave; ce que, au hasard d&rsquo;une rencontre avec une linguiste g&eacute;orgienne, Tamar Makharoblidze, de l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Etat Ilia &agrave; Tbilissi, recommand&eacute;e par Kevin Tuite, je lan&ccedil;ai comme une bouteille &agrave; la mer un projet IDEX Emergence, en r&eacute;ponse &agrave; un appel d&rsquo;offre en Sorbonne, en 2017. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Le projet IDEX, intitul&eacute; Language Dynamics in the Caucasus (LaDyCa<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[12]</span></a>) int&eacute;grait une &laquo;&nbsp;prise de risque&nbsp;&raquo; </span>&ndash;<span style="font-size:12.0pt"> et le moins qu&rsquo;on puisse dire est que prise de risque il y avait, &eacute;tant donn&eacute; mon manque de familiarit&eacute; avec ces langues, au-del&agrave; de la simple documentation livresque, de mani&egrave;re sporadique. Mais ce qui permit au projet d&rsquo;&ecirc;tre cr&eacute;dible et de passer la barre de l&rsquo;&eacute;valuation fut son ancrage dans une m&eacute;thode solide d&rsquo;investigation de la variation dialectale, que j&rsquo;avais &eacute;labor&eacute;e dans le contexte m&eacute;so-am&eacute;ricain (le projet IUF MAmP, mentionn&eacute; <em>supra</em>), centr&eacute;e sur la notion d&rsquo;archipel vertical ou de verticalit&eacute; &eacute;cologique, dont la pertinence m&rsquo;avait &eacute;t&eacute; confirm&eacute;e par un article de Johanna Nichols (2004), qui eut sur moi une influence d&eacute;cisive. J&rsquo;avais lu cet article en 2013, et il avait enti&egrave;rement conditionn&eacute; le tournant d&rsquo;&eacute;cologie diasyst&eacute;mique de mes recherches sur le mazatec et d&rsquo;autres langues m&eacute;so-am&eacute;ricaines. Voil&agrave; qu&rsquo;en rebond, la vision verticale andine de John Victor Murra, qui avait f&eacute;cond&eacute; la vision caucasienne de Johanna Nichols (sur les langues nakh-daghestaniennes), puis rejailli sur ma vision de la diversit&eacute; des langues m&eacute;so-am&eacute;ricaines, venait ricocher sur la partie m&eacute;ridionale du contrefort montagneux de la Transcaucasie. La d&eacute;couverte sur un terrain lointain se traduisait par un d&eacute;doublement m&eacute;thodologique, pour assouvir une curiosit&eacute; &agrave; la fois exp&eacute;rimentale, du point de vue &eacute;pist&eacute;mologique, tout en h&eacute;ritant de l&rsquo;empathie et du charme des &eacute;changes avec divers coll&egrave;gues au fil des ans, dont Kevin Tuite, le cercle <em>NSL</em> de Chicago et Tamar Makharoblidze, sp&eacute;cialiste de grammaire g&eacute;orgienne et de langue des signes g&eacute;orgienne (cf. figure 5). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt"><img src="/img/6/images/image%205%281%29.png" style="height:213px; width:410px" /></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Figure 5. Itin&eacute;raire diff&eacute;r&eacute; du d&eacute;sir de langues caucasiques</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Voil&agrave; que nous nous retrouvons avec une configuration nouvelle et inattendue&nbsp;: c&rsquo;est le stade de la d&eacute;couverte de rang 2 d&rsquo;une initiative pr&eacute;c&eacute;dente, sur un tout autre terrain (la M&eacute;so-Am&eacute;rique), qui va se d&eacute;doubler (autrement dit, cette fois, c&rsquo;est la m&eacute;thodologie, et non pas le linguiste qui se d&eacute;double), pour renforcer une <em>curiosit&eacute;</em> d&eacute;j&agrave; latente. Mais les autres sommets du graphe ne sont pas en reste&nbsp;: l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment d&eacute;clencheur de cette kartv&eacute;lomanie prend racine dans un voyage en G&eacute;orgie vingt ans apr&egrave;s la rencontre avec K. Tuite au Canada, et la beaut&eacute; de l&rsquo;alphabet g&eacute;orgien, d&eacute;ploy&eacute;e de partout dans le paysage linguistique de la ville de Tbilissi, a &eacute;galement jou&eacute; un r&ocirc;le subliminal. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">La sensation de cosmopolitisme oriental de Tbilissi, capitale d&rsquo;un pays multiculturel entre Europe et Asie, et la situation g&eacute;opolitique de la G&eacute;orgie ainsi que, comme pour l&rsquo;estonien et le mazatec, la complexit&eacute; grammaticale des langues kartv&eacute;liennes, sont autant de facteurs qui se sont convertis en charme et empathie sous la d&eacute;pendance directe du d&eacute;doublement de la m&eacute;thode et de la d&eacute;couverte. Car le sch&eacute;ma active, comme les rouages d&rsquo;un m&eacute;canisme d&rsquo;horloge, des transitions de phase. Au terme d&rsquo;un tel parcours, le d&eacute;doublement devient une seconde nature et se substitue &agrave; l&rsquo;empathie </span>&ndash; <span style="font-size:12.0pt">car le linguiste ne peut qu&rsquo;&eacute;prouver de l&rsquo;empathie pour toute langue, &agrave; d&eacute;faut de pouvoir en &eacute;prouver pour toute culture </span>&ndash;<span style="font-size:12.0pt">, aboutissant au graphe de la figure 6, qui reconfigure les sommets&nbsp;: l&rsquo;empathie est cette fois au centre, tandis que le d&eacute;doublement devient l&rsquo;entr&eacute;e du parcours, induisant in&eacute;manquablement la curiosit&eacute;, menant &agrave; la d&eacute;couverte, qui se nourrit en flux continu du charme. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">C&rsquo;est ainsi que le projet IDEX nous mena, avec Rajesh Khatiwada (charg&eacute; de cours &agrave; Paris 3) et Anastasia Loskot (&eacute;tudiante de Master &agrave; Sorbonne Universit&eacute;), collaborateurs inattendus du projet IDEX au gr&eacute; des circonstances, &agrave; &eacute;galement documenter des vari&eacute;t&eacute;s de svan (kartv&eacute;lien) et d&rsquo;abkhaz (caucasique nord-ouest)<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[13]</span></a> avec le concours de locuteurs de la diaspora r&eacute;sidant &agrave; Tbilisi, d&rsquo;une part, et de dargi (langue nakh-daghestanienne), lors d&rsquo;un s&eacute;jour &agrave; Paris d&rsquo;un locuteur qui nous a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute; par Gilles Authier, directeur de recherches &agrave; l&rsquo;EPHE. Les d&eacute;couvertes de rang 2 du projet ont &eacute;t&eacute; d&eacute;crites dans le d&eacute;tail dans L&eacute;onard (2019b)&nbsp;: en r&eacute;sum&eacute;, une &eacute;tude dialectom&eacute;trique de la variation g&eacute;olinguistique du g&eacute;orgien, et une mod&eacute;lisation enti&egrave;rement nouvelle du syst&egrave;me verbal g&eacute;orgien, avec des perspectives pour une approche diasyst&eacute;mique du svan (L&eacute;onard, 2019c). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt"><img src="/img/6/images/image%206%281%29.png" style="height:218px; width:470px" /></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Figure 6. Jeu de chaises musicales autour du cadran du &laquo;&nbsp;d&eacute;sir de langues&nbsp;&raquo; pour le linguiste</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">On voit se d&eacute;ployer ici la fonction transcendantale de la linguistique th&eacute;orique et descriptive, qui fait de chaque langue nouvelle un monde enchant&eacute; et un enchantement du monde en puissance, r&eacute;v&eacute;l&eacute;s par la praxis de l&rsquo;&eacute;licitation </span>&ndash;<span style="font-size:12.0pt"> ce mantra du linguiste de terrain. Le projet LaDyCa a ainsi &eacute;t&eacute; un catalyseur, qui a repris, transform&eacute;, transpos&eacute; et dynamis&eacute; les exp&eacute;riences pr&eacute;c&eacute;dentes. Chaque sommet du graphe est sensisif et ob&eacute;it &agrave; une fonction croissante, &agrave; diff&eacute;rentes vitesses selon les domaines de recherche, les contacts humains (entre coll&egrave;gues et avec les locuteurs et/ou les &laquo;&nbsp;incormateurs&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;consultants&nbsp;&raquo; de ces langues), et le nombre de langues abord&eacute;es ne fait que cro&icirc;tre, dans cette centifugeuse.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Cette fois, l&rsquo;apprentissage des langues kartv&eacute;liennes se faisait &agrave; travers des s&eacute;ances d&rsquo;&eacute;licitation, r&eacute;alis&eacute;es par notre coll&egrave;gue g&eacute;orgienne Tamar Makharoblidze, sur la base des paradigmes de la flexion verbale du g&eacute;orgien standard, dans un bain linguistique de g&eacute;orgien, de mingr&eacute;lien et de svan, aupr&egrave;s de coll&egrave;gues locutrices de diverses vari&eacute;t&eacute;s de ces langues. Quiconque a eu l&rsquo;occasion de s&rsquo;initier &agrave; la magie (ou au <em>charme</em>) des principes de morphos&eacute;mantique qui pr&eacute;sident &agrave; la construction des quatre conjugaisons g&eacute;orgiennes (respectivement, des verbes transitifs directs ou t&eacute;liques, intransitifs, transitifs at&eacute;liques et positionnels et d&rsquo;affect) devinera l&rsquo;effet de plonger dans l&rsquo;exploration des &eacute;quivalents dans les trois langues mentionn&eacute;es, aupr&egrave;s de locuteurs natifs de diverses vari&eacute;t&eacute;s dialectales. L&agrave; encore, une praxis soutenait et enrichissait l&rsquo;autre&nbsp;: la <em>curiosit&eacute;</em> me tirait comme un fort courant dans une rivi&egrave;re, d&rsquo;une conjugaison &agrave; l&rsquo;autre, d&rsquo;une langue kartv&eacute;lienne &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;: un effet de courroie qui avait commenc&eacute; dans le monde mazatec en M&eacute;so-Am&eacute;rique, pour transposer la praxis dialectologique dans les langues caucasiques m&eacute;ridionales.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p><span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">Conclusion et perspectives</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Le d&eacute;sir de langues du linguiste, notamment du typologue, est insatiable et, pourtant, il ne cesse d&rsquo;&ecirc;tre exhauc&eacute; et satisfait &agrave; des degr&eacute;s divers. Certes, le linguiste n&rsquo;apprend pas n&eacute;cessairement &agrave; parler, lire et &eacute;crire toutes ces langues (celles qui restent au fond de la centrifugeuse cognitive de mon r&eacute;pertoire multilingue sont surtout le finnois et l&rsquo;estonien, en termes de pratique courante &eacute;crite et orale), mais en tous cas il apprend non seulement &agrave; les analyser, les gloser et les manipuler, mais aussi &agrave; en conna&icirc;tre les principaux dialectes, ou les langues proches (mes connaissances des langues fenniques d&eacute;bordent l&rsquo;estonien et le finnois, pour embrasser &eacute;galement le vote, le live, le vepse<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[14]</span></a> et le car&eacute;lien). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Quoiqu&rsquo;il en soit, le &laquo;&nbsp;d&eacute;sir de langue&nbsp;&raquo; est non pas le nerf de la guerre, mais le sel de la connaissance, pour approcher les soci&eacute;t&eacute;s humaines et la complexit&eacute; des soci&eacute;t&eacute;s et des cultures. L&rsquo;utilitarisme n&rsquo;est qu&rsquo;un miroir aux alouettes. Il ne motive m&ecirc;me pas la carri&egrave;re universitaire, tant elle est faite d&rsquo;abn&eacute;gation et de service &agrave; autrui. J&rsquo;esp&egrave;re avoir contribu&eacute;, par ce bref rapport sur une existence consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;apprentissage et &agrave; l&rsquo;amour des langues et de la diff&eacute;rence culturelle, &agrave; d&eacute;mystifier la baudruche de l&rsquo;utilitarisme. D&rsquo;ailleurs, toute ma carri&egrave;re universitaire a commenc&eacute; par ce choix d&rsquo;apprendre, encore assez jeune, une langue bien moins &laquo;&nbsp;utile&nbsp;&raquo; et attractive, selon les crit&egrave;res de l&rsquo;utilitarisme, que l&rsquo;anglais ou le chinois&nbsp;: le finnois. Tout a d&eacute;coul&eacute; de ce fil d&rsquo;Ariane, bien loin des poncifs du &laquo;&nbsp;choix utile&nbsp;&raquo; qui, en raison de son imp&eacute;ratif pragmatique, finit par se dissoudre dans l&rsquo;al&eacute;atoire des grands nombres. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Moralit&eacute;&nbsp;: la &laquo;&nbsp;langue utile&nbsp;&raquo; sera celle qui exercera sur vous le plus de charme, vous fera ressentir le plus d&rsquo;empathie envers autrui, &eacute;veillera votre curiosit&eacute; et vous permettra de d&eacute;couvrir de nouveaux mondes, pour vous et autrui. Celle qui vous permettra de vous d&eacute;doubler plut&ocirc;t que de vous ali&eacute;ner, et m&ecirc;me, de vous d&eacute;multiplier, pour le b&eacute;n&eacute;fice d&rsquo;autrui et votre propre bonheur.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">R&eacute;f&eacute;rences</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Dixon, Bob 1983. </span><em><span style="font-size:12.0pt">Searching for Aboriginal Languages: Memoirs of a Field Worker</span></em><span style="font-size:12.0pt">, </span><span style="font-size:12.0pt">Brisbane, The University Of Queensland Press.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Epps</span><span style="font-size:12.0pt"> Patience, John Huehnergard &amp; Na&rsquo;ama Pat-El 2013. Contact Among Genetically Related Languages, <em>Journal of Language Contact </em>6, pp. 209&ndash;219.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Hag&egrave;ge, Claude 1985. <em>L&rsquo;homme de paroles. Contribution linguistique aux sciences humaines</em>, Paris, Fayard. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Hag&egrave;ge, Claude 2009. <em>Dictionnaire amoureux des langues</em>, Paris, Plon/Odile Jacob.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Jamieson Carole Ann, 1982. </span><span style="font-size:12.0pt">Conflated subsystems marking person and aspect in Chiquihuitl&aacute;n Mazatec verb, </span><em><span style="font-size:12.0pt">International Journal of American Linguistics</span></em><span style="font-size:12.0pt"> 48 (2), </span><span style="font-size:12.0pt">pp.&nbsp;</span><span style="font-size:12.0pt">139-167.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Khatiwada, Rajesh, L&eacute;onard Jean L&eacute;o &amp; Leila Avidzba&nbsp;2018.<em> </em></span><em><span style="font-size:12.0pt">Dynamique allophonique du vocalisme &laquo;&nbsp;vertical&nbsp;&raquo; en abkhaze (apʰswa bɨzʃʷa&nbsp;: caucasien nord-occidental</span></em><span style="font-size:12.0pt"> Colloque annuel du R&eacute;seau Fran&ccedil;ais de Phonologie (juin 2018, Paris) </span><a href="http://www.sfl.cnrs.fr/rfp-2018-workshop-1" style="text-decoration:underline" target="_blank"><span style="font-size:12.0pt">Workshop 1</span></a><span style="font-size:12.0pt">. <em>La phonologie des langues peu d&eacute;crites et des langues en danger. Approches descriptives et th&eacute;oriques</em> (communication orale, non publi&eacute;e)<em>. </em></span>&nbsp;</span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o. </span><span style="font-size:12.0pt">1997. </span><span style="font-size:12.0pt">Comparing Livonian and Vepsian Morphology, <em>International Conference on Non Slavic Languages of the former USSR</em>, The University of Chicago. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o </span><span style="font-size:12.0pt">2006. &laquo;&nbsp;Variation, diversit&eacute;, classes &eacute;quipollentes et DIAMCA dans le r&eacute;seau dialectal estonien, ou introduction aux dialectes estoniens par le fa&icirc;te de l&rsquo;arbre&nbsp;&raquo;, Paris, <em>Etudes Finno-Ougriennes</em>, tome 38, pp. 119-158.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2001a. &laquo;&nbsp;M&eacute;thodes d&rsquo;intercompr&eacute;hension des langues romanes, herm&eacute;neutique d&rsquo;un dilemme&nbsp;: une &eacute;tude de cas didactique&nbsp;&raquo;, in Yasri-Labrique, El&eacute;onore, Gardies, Patricia et Djordjevic L&eacute;onard, Ksenija, <em>Didactique contrastive: questionnements et applications</em>, colloque du r&eacute;seau Latinus, Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier III &agrave; B&eacute;ziers, Montpellier, Cladole, pp. 195-208.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2011b. &laquo;&nbsp;Diasyst&egrave;me, table de Jamieson&nbsp;et r&egrave;gles de Bull : qualification et requalification des donn&eacute;es de la flexion verbale mazat&egrave;que&nbsp;&raquo;, in M&eacute;langes offerts &agrave; Nicolae Saramandu&nbsp;; Manuela Nevaci (ed.)&nbsp;: <em>Studia Linguistica et Philologica, Omagiu Profesorului Nicolae Saramandu</em>, Editura Universitatii din Bucuresti, pp. 455-482.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2012a. <em>El&eacute;ments de dialectologie g&eacute;n&eacute;rale</em>, Paris, Michel Houdiard.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2012b. &laquo;&nbsp;Le verbe mazatec&nbsp;: typologie et diasyst&egrave;me&nbsp;&raquo;, <em>Amerindia </em>&nbsp;37(1), SeDyl-CELIA, CNRS, pp. 211-251.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o &amp; Alain Kihm. 2012. &laquo;&nbsp;Classes flexionnelles du mazatec et diasyst&egrave;me. Empirisme critique et formalisation&nbsp;&raquo;, <em>Bulletin de la Soci&eacute;t&eacute; de Linguistique de Paris</em> 56</span><span style="font-size:12.0pt">, pp. 379 - 446.</span> </span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2013. &laquo;&nbsp;<em>An xo&rsquo;boo</em>&nbsp;(mazatec de Puebla) : un fil d&rsquo;Ariane &eacute;colinguistique dans le labyrinthe dialectal mazatec&nbsp;&raquo;, in Djordjevic L&eacute;onard,&nbsp; Ksenija (&eacute;d.) <em>Les minorit&eacute;s invisibles&nbsp;: diversit&eacute; et complexit&eacute; (ethno)sociolinguistiques</em>, Paris, Michel Houdiard Editeur, pp. 290-304. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2014</span><span style="font-size:12.0pt">. &laquo;&nbsp;Les <em>communaut&eacute;s invisibles</em>&nbsp;: praxis r&eacute;flexive de l&rsquo;imaginaire pour la construction de contenus didactiques endog&egrave;nes&nbsp;&raquo;, <em>Dialogues et culture,</em> Revue de la F&eacute;d&eacute;ration internationale des professeurs de fran&ccedil;ais, 60, num&eacute;ro sp&eacute;cial&nbsp;: <em>La scolarisation dans des langues sans tradition scolaire</em>, pp. 71-86.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o &amp; </span><span style="font-size:12.0pt">Ksenija Djordjević&nbsp;L&eacute;onard&nbsp;2014. &laquo;&nbsp;Un terrain vepse&nbsp;&raquo;, </span><em><span style="font-size:12.0pt">Etudes Finno-Ougrienne</span></em><span style="font-size:12.0pt">, tome 46, pp. 303-324&nbsp;; accessible sur http://efo.revues.org/4376.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2015</span><span style="font-size:12.0pt">. &laquo;&nbsp;A la recherche du temps d&eacute;multipli&eacute;&nbsp;: l&#39;archipel vertical mazatec&nbsp;&raquo;, in <em>M&eacute;langes offerts &agrave; Henri Boyer</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, pp. 121-134.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard Jean L&eacute;o, </span><span style="font-size:12.0pt">Els Heinsalu, Marco Patriarca, Kiran Sharma, and Anirban Chakraborti 2017. Patterns of Linguistic Diffusion in Space and Time: The Case of Mazatec in Abergel F. &amp; al. (eds.) <em>Econophysics and Sociophysics: Recent Progress and Future Directions</em>,&nbsp;Chap. 17, New Economic Windows, Springer.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o </span><span style="font-size:12.0pt">2018a. &ldquo;<em>PFM</em> s&otilde;namuutmismudel rakendatud l&otilde;una (ja ida) l&auml;&auml;nemeresoomlaste keelde&rdquo;, exemplier, conf&eacute;rence &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Tartu, chaire d&rsquo;estonien, 13 juin 2018. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o </span><span style="font-size:12.0pt">2018b. A Survey of the SFEL (Southern Finnish, Estonian and Livonian) Dialect Continuum According To Implicational Parameter Networks. </span><span style="font-size:12.0pt">Nominal Inflection, exemplier in&eacute;dit, communication &agrave; la journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tudes internationale du 16 novembre 2018 <em>Nouvelles approches de la typologie des syst&egrave;mes</em>, University of Chicago Center in Paris, organis&eacute;e par Sebastian Fedden dans le cadre de la f&eacute;d&eacute;ration <em>Typologie et Universaux Linguistique</em> (FR2559). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o </span><span style="font-size:12.0pt">2019a. &laquo;&nbsp;Optimisme et&nbsp;pessimisme gramscien appliqu&eacute;s &agrave; la praxis de la dialectologie sociale &agrave;&nbsp;Oaxaca&nbsp;: vers, autour et&nbsp;hors de l&rsquo;ALMaz (Atlas Linguistique mazatec)&nbsp;&raquo;, <em>&Eacute;tudes finno-ougriennes</em> [En ligne], 49-50&nbsp;|&nbsp;2018, mis en ligne le 23 janvier 2019, URL&nbsp;: http://journals.openedition.org/efo/10687&nbsp;; DOI&nbsp;: 10.4000/efo.10687.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2019b. &laquo;&nbsp;Le </span><span style="font-size:12.0pt">projet LaDyCa (<em>Language Dynamics in the Caucasus</em>, IDEX Emergence 2017-18)&nbsp;: avanc&eacute;es et r&eacute;sultats&nbsp;&raquo;, <em>Kadmos</em>, 9, Tbilisi, ILIAUNI, pp. 42-77. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o 2019c. &laquo;&nbsp;<em>M&eacute;thodes pour l&rsquo;analyse et la documentation des langues et dialectes kartv&egrave;les, &agrave; la lumi&egrave;re de la Th&eacute;orie des Dynamiques Langagi&egrave;res / Th&eacute;orie de la Complexit&eacute;</em>, Actes du V&egrave;me Congr&egrave;s international de Langues et Cultures, Kuta&iuml;ssi, G&eacute;orgie, 28 mai-1<sup>er</sup> Juin 2019.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp;L&eacute;onard, Jean L&eacute;o &amp; Julien Fulcrand 2015. </span><span style="font-size:12.0pt">Tonal Inflection and dialectal variation in Mazatec, in Palancar, E. &amp; L&eacute;onard, J. L. (eds) <em>Tone &amp; Inflection</em>, Trends in Linguistics. </span><span style="font-size:12.0pt">Studies and Monographs, 296, </span><span style="font-size:12.0pt">Mouton de Gruyter, pp. 165-195.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">L&eacute;onard, Jean L&eacute;o &amp; </span><span style="font-size:12.0pt">Julien Fulcrand </span><span style="font-size:12.0pt">2018. </span><span style="font-size:12.0pt">Inflectional Class Shifts in the Mazatec diasystem: innovation, contact and metatypy, <em>STUF</em> 71-3, 2018, Mouton de Gruyer, pp. 429-473.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Murra, John Victor 1956. <em>The Economic Organization of the Inca State</em>, Ph.D. diss., Department of Anthropology, University of Chicago.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Nichols Johanna, 2004. &ldquo;The Origin of the Chechen and Ingush: A Study in Alpine Linguistic and Ethnic Geography&rdquo;, <em>Anthropological Linguistics, </em>46- 2, 2004, 129-155. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Pike </span><span style="font-size:12.0pt">Kenneth L. &amp; Eunice </span><span style="font-size:12.0pt">Pike</span><span style="font-size:12.0pt">, 1947. </span><span style="font-size:12.0pt">Immediate constituents of Mazatec Syllables, </span><em><span style="font-size:12.0pt">International Journal of American Linguistics</span></em><span style="font-size:12.0pt"> 13, pp.&nbsp;78-91.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Pike </span><span style="font-size:12.0pt">Kenneth 1948. <em>Tone Languages. A Technique for Determining the Number and Types of Pitch Contrasts in a Language, with Studies in Tonemic Substitution and Fusion</em>, Ann Arbor, University of Michingan Press (r&eacute;&eacute;ditions : 1949, 56, 57, 61).</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Rodriguez Ruedas, Sergio Andr&eacute;s. 2017. <em>Perspectives M&eacute;thodologiques pour la Documentation et la Didactique des Langues en Danger : Elicitations Crois&eacute;es</em>.&nbsp;M&eacute;moire de master 2 Litt&eacute;rature, Philologie, Linguistique, Sorbonne Universit&eacute;, sous la direction de Jean L&eacute;o L&eacute;onard. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Tournadre, Nicolas 2014. <em>Le prisme des langues</em>, Paris, L&rsquo;Asiath&egrave;que. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Tuite, Kevin 1997. <em>Svan</em>, Munich, Lincom Europa.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-size:12.0pt">Viks, &Uuml;lle 1992. <em>V&auml;ike vormis&otilde;nastik</em>, 2 vol., Tallinn, Keele ja Kirjanduse Instituut. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[1]</span></a> Les recherches mentionn&eacute;es ici ont b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une aide de l&rsquo;&Eacute;tat g&eacute;r&eacute;e par l&rsquo;ANR au titre du programme &laquo;&nbsp;Investissements d&rsquo;Avenir&nbsp;&raquo; portant la r&eacute;f&eacute;rence ANR-10-LABX-0083 dans le cadre de deux op&eacute;rations du LabEx efl (PPC11&nbsp;: Complexit&eacute; et diffusion des syst&egrave;mes phonologiques et em2, axe 7&nbsp;: &eacute;licitations crois&eacute;es). Elle a &eacute;galement &eacute;t&eacute; rendue possible par un projet quinquennal financ&eacute; par l&rsquo;IUF (Institut universitaire de France), de 2009 &agrave; 2014, et par un projet IDEX Emergence (LaDyCa, 2017-18) &agrave; Sorbonne Universit&eacute;. </span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-size:10.0pt">[2]</span></span></a><span style="font-size:10.0pt"> Voir Minaudier (2017) pour un bel exemple d&rsquo;amour des langues y compris &agrave; travers leurs aspects les plus &laquo;&nbsp;formels&nbsp;&raquo;, chez un non linguiste, mais connaisseur averti de la structure des langues.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[3]</span></a> Je tiens &agrave; pr&eacute;ciser qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit que d&rsquo;une d&eacute;marche parmi d&rsquo;autres&nbsp;: on peut tr&egrave;s bien &ecirc;tre linguiste sans &ecirc;tre polyglotte et sans s&rsquo;approprier de langues, de m&ecirc;me qu&rsquo;un polyglotte ne fait pas n&eacute;cessairement un bon linguiste, sur le plan des comp&eacute;tences. L&agrave; comme ailleurs, il faut de tout pour faire un monde&nbsp;: ce qui fait d&rsquo;un chercheur un linguiste comp&eacute;tent et pertinent, c&rsquo;est davantage un profil cognitif orient&eacute; vers la compr&eacute;hension du mode de fonctionnement du langage, que l&rsquo;appropriation et la ma&icirc;trise des langues en soi. </span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-size:10.0pt">[4]</span></span></a><span style="font-size:10.0pt"> De m&ecirc;me qu&rsquo;un <em>Sprachbund</em>, ou aire de convergence structurale, d&eacute;signe, comme dans les Balkans, des langues de (sous-)familles diff&eacute;rentes qui convergent dans un bassin de contact, un <em>Mundartbund</em> voit converger des dialectes de diff&eacute;rentes (sous-familles), ou en fonction de langues exog&egrave;nes en contact. Cette notion se distingue du <em>continuum dialectal</em>, cens&eacute; &ecirc;tre bien plus unitaire et continu, sur le plan structural, qu&rsquo;un <em>Mundartbund</em>. Par exemple, toute la fa&ccedil;ade orientale du r&eacute;seau dialectal estonien d&eacute;ploie une intense fragmentation, par effets de substrat vote (au centre-est, dialecte I pour <em>ida</em> &laquo;&nbsp;est&nbsp;&raquo;) et finnois (nord-est, dialecte R pour <em>[Kirde-eesti]Rannikumurre</em> ou &laquo;&nbsp;dialecte littoral [nord-oriental]&nbsp;&raquo;), ainsi que par contact de proches en proche d&rsquo;une cha&icirc;ne de dialectes. Les dialectes m&eacute;ridionaux (T = Tartu, M = Mulgi et V = V&otilde;ro) sont bien plus endog&egrave;nes, quoique la vari&eacute;t&eacute; M (Mulgi) a subi l&rsquo;influence du letton, tandis que, &agrave; sa pointe sud, le dialecte L (L&auml;&auml;nemurre) &agrave; l&rsquo;ouest a subi l&rsquo;influence du live oriental (disparu depuis le 17<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle), et le dialecte S (Saartemurre) de l&rsquo;archipel baltique a subi une forte influence du su&eacute;dois. Seul le dialecte K (Keskmurre) est davantage neutre, en termes de contact de dialectes fenniques et de langues allog&egrave;nes, quoique tr&egrave;s conditionn&eacute; par le contact avec le bas et le haut allemand depuis le Moyen-&acirc;ge.</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-size:10.0pt">[5]</span></span></a><span style="font-size:10.0pt"> C</span><span style="font-size:10.0pt">f. </span><a href="http://axe7.labex-efl.org/node/449" style="text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt">http://axe7.labex-efl.org/node/449</span></a><span style="font-size:10.0pt">.&nbsp; </span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[6]</span></a> Mat&eacute;riaux accessibles sur la page du site EM2 de l&rsquo;axe 7 du LabEx EFL&nbsp;: <a href="http://axe7.labex-efl.org/node/279" style="text-decoration:underline">http://axe7.labex-efl.org/node/279</a>. Au sujet de la m&eacute;thodologie, voir le m&eacute;moire de Rodriguez Ruedas (2017), t&eacute;l&eacute;chargeable sur le lien&nbsp; <a href="http://axe7.labex-efl.org/node/396" style="text-decoration:underline">http://axe7.labex-efl.org/node/396</a>. </span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[7]</span></a> Cf. L&eacute;onard (2011b), accessible sur <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00649327v2" style="text-decoration:underline">https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00649327v2</a>. </span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[8]</span></a> Voir <a href="http://jll.smallcodes.com/home.page" style="text-decoration:underline">http://jll.smallcodes.com/home.page</a>, o&ugrave; on trouvera &eacute;galement un&nbsp;rapport r&eacute;dig&eacute; en anglais, sur les r&eacute;sultats du projet IUF&nbsp;MAmP 2009‑2014, et&nbsp;listes de publications.</span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[9]</span></a> En&nbsp;2012, &agrave; Huautla&nbsp;: <a href="http://axe7.labex-efl.org/node/171" style="text-decoration:underline">http://axe7.labex-efl.org/node/171</a>&nbsp;; &Agrave; San&nbsp;Mateo&nbsp;Yoloxochitl&aacute;n&nbsp;: <a href="http://axe7.labex-efl.org/node/87" style="text-decoration:underline">http://axe7.labex-efl.org/node/87</a>&nbsp;; en&nbsp;2013 &agrave; San&nbsp;Miguel Soyaltepec&nbsp;: <a href="http://axe7.labex-efl.org/node/123" style="text-decoration:underline">http://axe7.labex-efl.org/node/123</a>.</span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[10]</span></a> De ce premier&nbsp;forum est issu le&nbsp;suivant, en&nbsp;2012, dont on trouvera les donn&eacute;es sur la page <a href="http://axe7.labex-efl.org/node/152" style="text-decoration:underline">http://axe7.labex-efl.org/node/152</a> (Foro interdisciplinario, participativo&nbsp;y comunitario&nbsp;En la Diversidad ling&uuml;&iacute;stica, cultural y ambiental del V&eacute;rtice Tehuacano, 8‑10&nbsp;octobre&nbsp;2012, Universidad Tecnol&oacute;gica de Tehuac&aacute;n (Puebla, M&eacute;xico). Voir aussi, pour une&nbsp;pr&eacute;sentation de la th&eacute;matique et&nbsp;de la m&eacute;thodologie, la page <a href="http://www.univ-paris3.fr/foro-interdisciplinario-participativo-y-comunitario-en-la-diversidad-linguistica-cultural-y-ambiental-del-vertice-tehuacano-universite-populaire-forum-universite-technologique-de-tehuacan-247243.kjsp" style="text-decoration:underline">http://www.univ-paris3.fr/foro-interdisciplinario-participativo-y-comunitario-en-la-diversidad-linguistica-cultural-y-ambiental-del-vertice-tehuacano-universite-populaire-forum-universite-technologique-de-tehuacan-247243.kjsp</a>.</span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[11]</span></a> La s&eacute;rie de colloques qu&rsquo;organisait H. I. Aronson s&rsquo;intitulait en effet <em>Linguistics Studies in the Non-Slavic Languages of the Commonwealth of Independent States and the Baltic Republics</em> &ndash; titre laconiquement abr&eacute;g&eacute; en <em>NSL</em> Elle &eacute;tait &eacute;dit&eacute;e par la <em>Chicago Linguistic Society</em> de l&rsquo;Universit&eacute; de Chicago, et r&eacute;unissait les contributions les plus diverses aussi bien sur les langues des r&eacute;publiques baltes que du Caucase ou les langues tatares de la Volga ou encore, les langues de Sib&eacute;rie centrale et orientale. L&rsquo;apport de cette s&eacute;rie restera, &agrave; mon sens, un acquis pr&eacute;cieux pour la recherche, notamment en raison de la diversit&eacute; des th&egrave;mes abord&eacute;s, et du caract&egrave;re interdisciplinaire des initiatives. Nombre de participants sont actuellement connus comme d&rsquo;&eacute;minents typologues, comme Donald Dyer, Johanna Nichols, Bernard Comrie, etc. </span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-size:10.0pt">[12]</span></span></a><span style="font-size:10.0pt"> Cf. </span><a href="http://www.stih.paris-sorbonne.fr/?p=1203" style="text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt">http://www.stih.paris-sorbonne.fr/?p=1203</span></a><span style="font-size:10.0pt">, o&ugrave; la version initiale du projet est t&eacute;l&eacute;chargeable en pdf, en bas de la page.</span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[13]</span></a> Cf. Khatiwada <em>et al</em>., 2018. </span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[14]</span></a> Cf. L&eacute;onard &amp; Djordjević&nbsp;L&eacute;onard&nbsp;(2014). </span></p> </div> </div>