<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Introduction</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le <em>Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence pour les Langues </em>(CECR) est un document de politique linguistique et &eacute;ducative &eacute;labor&eacute; par le Conseil de l&rsquo;Europe, en 2001. Depuis, cet ouvrage est devenu une r&eacute;f&eacute;rence incontournable dans l&rsquo;enseignement-apprentissage des langues, non seulement en Europe, mais &eacute;galement ailleurs dans le monde<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></a>. En 2018, une version augment&eacute;e du CECR (<em>Volume compl&eacute;mentaire</em> <em>avec de nouveaux descripteurs</em>) a &eacute;t&eacute; publi&eacute;e, non sans susciter de nouvelles interrogations relatives &agrave; son id&eacute;ologie sous-jacente et &agrave; son aspect rigide, uniformisant et dogmatique<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Selon nous le CECR n&rsquo;appelle pas une lecture didactique ou didactologique mais une lecture philosophique et politique parce qu&rsquo;il se constitue comme une &laquo;&nbsp;technologie politique&nbsp;&raquo; de l&rsquo;enseignement des langues. En effet, &laquo; le cadre&nbsp;&raquo; est d&rsquo;abord un instrument technique et id&eacute;ologique d&rsquo;action publique, qui vise &agrave; orienter et contr&ocirc;ler les pratiques p&eacute;dagogiques, &agrave; &nbsp;uniformiser les textes et les discours qui les accompagnent et &agrave; standarsiser le march&eacute; des certifications en langues. Il vise &agrave; &eacute;tablir une repr&eacute;sentation de l&rsquo;enseignement et de l&rsquo;apprentissage des langues qui soit totalement normalis&eacute;e et rationalis&eacute;e par un &laquo;&nbsp;savoir expert&nbsp;&raquo; et &agrave; constituer ce champ en une totalit&eacute; organis&eacute;e. La &laquo;&nbsp;rupture&nbsp;&raquo; que repr&eacute;sente le&nbsp;CECR dans l&rsquo;histoire de l&rsquo;enseignement des langues tient au fait que le mod&egrave;le id&eacute;ologique qui l&rsquo;informe et informe les &laquo;&nbsp;approches actionnelles&nbsp;&raquo;, n&rsquo;est plus seulement un mod&egrave;le utilitariste et fonctionnaliste (comme l&rsquo;a &eacute;t&eacute; celui des approches communicatives) mais &eacute;galement un mod&egrave;le manag&eacute;rial, c&rsquo;est &agrave; dire un mod&egrave;le o&ugrave; l&rsquo;efficacit&eacute; et la performance(la r&eacute;alisation de la t&acirc;che avec succ&egrave;s) sont &eacute;rig&eacute;es en valeurs de r&eacute;f&eacute;rence (comme dans l&rsquo;univers de la comp&eacute;tition &eacute;conomique). Nous verrons en quoi &laquo;&nbsp;le cadre&nbsp;&raquo; se construit comme un discours total qui avance sous le double masque de l&rsquo;expertise et de la transparence alors qu&rsquo;il n&rsquo;est qu&rsquo;un instrument de pouvoir&nbsp;dont la vis&eacute;e n&rsquo;est pas de l&rsquo;ordre du savoir ou du faire-savoir mais de l&rsquo;ordre du faire-croire. Il s&rsquo;agit en effet d&rsquo;un discours qui vise &agrave; susciter de la croyance, &agrave; &eacute;tendre son emprise, &agrave; imposer sa force d&rsquo;interpr&eacute;tation&nbsp;: son interpr&eacute;tation contraignante, r&eacute;ductrice, mortif&egrave;re de la vie, de la subjectivit&eacute;, du langage, des langues, du temps, de la relation &agrave; autrui, de la socialit&eacute;. Interpr&eacute;tation &agrave; travers laquelle la langue &agrave; apprendre n&rsquo;est plus qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;code&nbsp;&raquo; communicatif et comportemental et le sujet apprenant une machine &agrave; traiter de l&rsquo;information et un sujet auto-entrepreneur de lui-m&ecirc;me, sujet auto-construit, auto-suffisant et qui ne se pose que par r&eacute;f&eacute;rence &agrave; lui-m&ecirc;me. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le volet m&eacute;thodologique de notre contribution sera bas&eacute; sur une enqu&ecirc;te par questionnaire &agrave; grande &eacute;chelle (environ mille r&eacute;ponses) men&eacute;e aupr&egrave;s de professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues par les &eacute;quipes de recherche ATILF (Universit&eacute; de Lorraine) et DIPRALANG (Universit&eacute; de Montpellier 3), intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Le CECR et vous&nbsp;&raquo;, et en particulier sur la lecture et l&rsquo;analyse de la question ouverte qui cl&ocirc;turait le questionnaire. Nous montrerons ici que cette enqu&ecirc;te indique deux tendances oppos&eacute;es&nbsp;: d&rsquo;une part, les professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues qui ont trouv&eacute; dans le CECR un outil et un cadre utiles et n&eacute;cessaires pour enseigner et &eacute;valuer, d&rsquo;autre part, celles et ceux qui se sentent comme pris(es) au pi&egrave;ge entre les cadres stricts pos&eacute;s par les nouveaux mod&egrave;les didactiques de r&eacute;f&eacute;rence et la libert&eacute; d&rsquo;enseigner, qui devrait en principe permettre &agrave; chacun(e) de construire son propre rapport aux langues. La deuxi&egrave;me tendance l&rsquo;emporte clairement sur la premi&egrave;re. Ces donn&eacute;es de premi&egrave;re main nous semblent pertinentes pour une analyse critique des discours didactiques et des pratiques p&eacute;dagogiques tels qu&rsquo;ils se pr&eacute;sentent aujourd&rsquo;hui&nbsp;: malheureusement, de plus en plus enferm&eacute;s dans des grilles de gouvernance n&eacute;olib&eacute;rale<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></a> qui d&eacute;shumanisent l&rsquo;enseignement et &eacute;liminent toute imagination cr&eacute;ative par laquelle pourrait s&rsquo;&eacute;tablir le lien des sujets &agrave; la langue &eacute;trang&egrave;re.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">1. Un ordre manag&eacute;rial du discours</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Nous aurions souhait&eacute; n&rsquo;avoir plus &agrave; parler du CECR, et pouvoir dire &agrave; la mani&egrave;re de Mallarm&eacute; &laquo;&nbsp;le CECR a eu lieu, on n&rsquo;y reviendra pas&nbsp;&raquo;, mais malheureusement ce serait m&eacute;conna&icirc;tre que le CECR, tout comme l&rsquo;approche par comp&eacute;tences (APC) dont il participe, proc&egrave;de d&rsquo;un &laquo;&nbsp;ordre manag&eacute;rial du discours&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[4]</span></span></a> auquel, aujourd&rsquo;hui, peu d&rsquo;univers professionnels &eacute;chappent et qui ne cesse d&rsquo;&eacute;tendre son emprise et d&rsquo;exercer ses effets, jusque dans cette universit&eacute; qui nous rassemble et dont on peut se demander si elle est encore, et pour combien de temps, un lieu inconditionnel de recherche et de r&eacute;flexion. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Cet ordre du discours se construit &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un nombre limit&eacute; de ma&icirc;tres-mots (ou de mots-cl&eacute;s) &ndash; comp&eacute;tence, objectif, projet, r&eacute;sultat, efficacit&eacute;, savoir-faire, savoir &ecirc;tre, excellence, gestion, &eacute;valuation&hellip; &ndash; qui impr&egrave;gnent et &laquo;&nbsp;intoxiquent&nbsp;&raquo; des r&eacute;alit&eacute;s sociales tr&egrave;s diverses, s&rsquo;imposent &agrave; presque tous les secteurs de la soci&eacute;t&eacute; et s&rsquo;insinuent en nous pour se donner &agrave; appr&eacute;hender comme le seul langage autoris&eacute; et l&eacute;gitime.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Cet ordre du discours peut bien comporter des propos l&eacute;nifiants (ceux-l&agrave; m&ecirc;mes que l&rsquo;on trouve dans les cadres de r&eacute;f&eacute;rence europ&eacute;ens) sur le dialogue, la r&eacute;ciprocit&eacute;, la transparence, le respect de l&rsquo;autre, l&rsquo;ouverture &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, ces propos n&rsquo;ont d&rsquo;autre finalit&eacute; que de masquer les logiques de dressage, d&rsquo;humiliation et de domestication auxquelles les &ecirc;tres de parole sont aujourd&rsquo;hui expos&eacute;s. C&rsquo;est dire que cette rationalit&eacute; manag&eacute;riale (dont l&rsquo;APC et le CECR ne sont que la mat&eacute;rialisation dans le champ &eacute;ducatif) op&egrave;re comme un mode de gouvernement et de contr&ocirc;le des individus, une &laquo;&nbsp;technologie politique&nbsp;&raquo; au sens de M. Foucault.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Pourquoi tant de cadres&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Si l&rsquo;on entend r&eacute;sonner les signifiants cadre / cadrer l&rsquo;on est orient&eacute; &agrave; la fois vers l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un dispositif normatif, d&rsquo;une machine &agrave; fabriquer de la norme (la bonne mani&egrave;re d&rsquo;enseigner, la bonne mani&egrave;re d&rsquo;apprendre) et l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une technique de cadrage (de dressage) des comportements individuels. Le pouvoir aujourd&rsquo;hui se diffuse, entre autres, &agrave; travers des r&eacute;f&eacute;rentiels, s&rsquo;exerce &agrave; travers des cadres de r&eacute;f&eacute;rence qui sont autant de cadres de pens&eacute;e contraignants et peu enclins &agrave; solliciter le libre exercice de la r&eacute;flexion.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le CECR exige des individus cr&eacute;dules sans lesquels il ne pourrait exercer son emprise, des individus auxquels il donne &agrave; croire qu&rsquo;il est le lieu d&rsquo;un &laquo;&nbsp;sur-savoir&nbsp;&raquo;, celui de l&rsquo;expertise et de l&rsquo;&eacute;valuation, qu&rsquo;il d&eacute;tient en mati&egrave;re d&rsquo;enseignement des langues, une sorte de v&eacute;rit&eacute; ultime, qu&rsquo;il pr&eacute;sente &agrave; ceux qu&rsquo;il attire et assujettit, la &laquo;&nbsp;voie droite&nbsp;&raquo;, la seule voie praticable.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le cadre s&rsquo;adresse &agrave; des individus qui sont dans le souci permanent d&rsquo;&ecirc;tre ad&eacute;quats &agrave; des normes, &agrave; des individus qui aspirent &agrave; la totalit&eacute;&nbsp;; et parce qu&rsquo;il constitue le champ de l&rsquo;enseignement et de l&rsquo;apprentissage en une &laquo;&nbsp;totalit&eacute; organis&eacute;e&nbsp;&raquo; il ne peut qu&rsquo;&eacute;veiller, susciter en eux ce d&eacute;sir de totalit&eacute;, et prendre appui sur l&rsquo;exigence totalitaire qui peut trouver &agrave; vivre en chacun de nous.Simultan&eacute;ment il promeut une subjectivit&eacute; de calcul ou de gestion,puisque selon lui la parole et l&rsquo;action sont toujours l&rsquo;aboutissement d&rsquo;un &laquo;&nbsp;calcul strat&eacute;gique&nbsp;&raquo; qui vise un r&eacute;sultat.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le CECR se construit comme un discours total parce qu&rsquo;il est anim&eacute; par une vis&eacute;e de compl&eacute;tude, parce qu&rsquo;il pr&eacute;tend tout pouvoir dire, tout expliquer et entend englober &laquo;&nbsp;<u>tous</u> les aspects de l&rsquo;apprentissage et de l&rsquo;enseignement des langues&nbsp;&raquo; (p. 10), pr&eacute;senter &laquo;&nbsp;les caract&eacute;ristiques&nbsp;de <u>toute</u> forme d&rsquo;usage et d&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue&nbsp;&raquo; (p. 15). Ce discours total est un discours sans parole, un discours technique, impersonnel, fond&eacute; sur l&rsquo;effacement de toute &eacute;nonciation. Il est la voie anonyme de l&rsquo;expertise qui affirme, puisque ses &eacute;nonc&eacute;s y ont le plus souvent une forme assertive&nbsp;: &laquo;&nbsp;les comp&eacute;tences g&eacute;n&eacute;rales du sujet apprenant&nbsp;(&hellip;) reposent (&hellip;) sur les savoirs, savoir-faire et savoir &ecirc;tre qu&rsquo;il poss&egrave;de&nbsp;&raquo; (p. 16), il est la voie anonyme de l&rsquo;expertise qui enjoint, prescrit &laquo;&nbsp;ce que les apprenants d&rsquo;une langue doivent apprendre (&hellip;), doivent acqu&eacute;rir&nbsp;&raquo; (p. 9)&nbsp;; il est enfin la voie anonyme de l&rsquo;expertise qui r&eacute;p&egrave;te et se r&eacute;p&egrave;te par la reprise de termes et de formules construits &agrave; l&rsquo;identique qui ponctuent les diff&eacute;rents chapitres du cadre et y cr&eacute;ent en effet d&rsquo;&eacute;vidence, marquent le caract&egrave;re &laquo;&nbsp;indiscutable&nbsp;&raquo; de ce qu&rsquo;il &eacute;nonce.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Ce discours total est donc affirmatif, prescriptif, r&eacute;p&eacute;titif&nbsp;; c&rsquo;est aussi un discours circulaire et autor&eacute;f&eacute;rentiel en raison du jeu de renvois internes qui caract&eacute;risent son &eacute;conomie discursive. Le cadre ne renvoie ou ne r&eacute;f&egrave;re qu&rsquo;au cadre, le cadre est cause de lui-m&ecirc;me, puisque les r&eacute;f&eacute;rences th&eacute;oriques y sont effac&eacute;es, puisque les termes et notions utilis&eacute;s ne sont pas inscrits dans une discursivit&eacute; disciplinaire attest&eacute;e. Ce discours cause de lui-m&ecirc;me&nbsp;s&rsquo;efforce donc d&rsquo;abolir m&eacute;moire, g&eacute;n&eacute;alogie, interdiscursivit&eacute;, toute trace en lui d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Enfin le cadre oscille entre le truisme, le lieu commun &ndash; ainsi pour parler, &eacute;crire, interagir, l&rsquo;apprenant doit mettre en &oelig;uvre &laquo;&nbsp;des op&eacute;rations de communication langagi&egrave;re&nbsp;&raquo; (p. 73), pour parler, il doit &laquo;&nbsp;formuler&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;prononcer&nbsp;&raquo; un &eacute;nonc&eacute; &ndash; le lieu commun donc, et la formule abstraite, g&eacute;n&eacute;ralisante, opaque qui s&rsquo;apparente &agrave; des slogans ou des mots d&rsquo;ordre (cf. chapitre 1)&nbsp;: &laquo;&nbsp;intercompr&eacute;hension mutuelle dans une Europe interactive&nbsp;; l&rsquo;exp&eacute;rience enrichissante de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;; d&eacute;velopper une personnalit&eacute; interculturelle&nbsp;; un comportement langagier efficace&nbsp;; outiller les Europ&eacute;ens&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Ce discours total, cause de lui-m&ecirc;me, qui oscille entre le lieu commun et la formule opaque ne peut qu&rsquo;ignorer la probl&eacute;matisation, l&rsquo;analyse, la d&eacute;monstration, le faire savoir, parce que son r&eacute;gime discursif n&rsquo;est pas celui de la question ou de la contradiction mais celui de l&rsquo;incantation. Ce discours incantatoire qui &laquo;&nbsp;fait croire&nbsp;&raquo; &agrave; un sur-savoir, celui de l&rsquo;expertise (et derri&egrave;re celui de l&rsquo;expertise, celui de la science) peut alors &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute; comme une figure de progr&egrave;s en mati&egrave;re d&rsquo;enseignement des langues, une figure d&rsquo;Autre bienfaiteur, d&rsquo;Autre qui nous veut du bien. C&rsquo;est ainsi que les pouvoirs, de tout temps, se sont attach&eacute; le consentement et la servitude de leurs sujets.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Nous allons voir maintenant, dans la pr&eacute;sentation de l&rsquo;enqu&ecirc;te qui va suivre que la majorit&eacute; des praticiens de terrain interrog&eacute;s dans le cadre de l&rsquo;enqu&ecirc;te &laquo;&nbsp;Le CECR et vous&nbsp;&raquo; sont loin de se laisser prendre &agrave; ce discours incantatoire et loin de consid&eacute;rer le cadre comme un progr&egrave;s de la pens&eacute;e didactique.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">2. Enqu&ecirc;te aupr&egrave;s de professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">2.1 La gen&egrave;se du projet &laquo;&nbsp;Le CECR et vous&nbsp;&raquo;</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;id&eacute;e de ce projet est n&eacute;e d&rsquo;une r&eacute;flexion commune men&eacute;e depuis 2017 au sein de deux &eacute;quipes de recherche, Dipralang de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier 3 et Atilf de l&rsquo;Universit&eacute; de Lorraine<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[6]</span></span></a>. Son objectif &eacute;tait de questionner, une quinzaine d&rsquo;ann&eacute;es apr&egrave;s la cr&eacute;ation du CECR, les attentes de professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues (enseignants, responsables p&eacute;dagogiques, formateurs, inspecteurs, concepteurs de manuels, directeurs d&rsquo;&eacute;tablissement&hellip;) par rapport &agrave; cet outil. Le questionnaire &eacute;tait organis&eacute; autour de quatre grandes parties&nbsp;: a) identification (formation, fonction, structure, exp&eacute;rience, langue enseign&eacute;e, public), b) connaissance du CECR (connaissance de l&rsquo;outil principal et de ses d&eacute;riv&eacute;s, notamment <em>Portfolio</em>, </span></span><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration des curriculums et pour la formation des enseignants </span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">et<em> Guide pour le d&eacute;veloppement et la mise en &oelig;uvre de curriculums pour une &eacute;ducation plurilingue et interculturelle</em></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">), c) pratique du CECR (fr&eacute;quence de l&rsquo;utilisation et les raisons de celle-ci) et d) repr&eacute;sentation du CECR (notamment quant &agrave; l&rsquo;utilit&eacute;, la lisibilit&eacute;, la clart&eacute; et l&rsquo;applicabilit&eacute; de l&rsquo;outil). Au total, 1176 personnes ont r&eacute;pondu aux questions pos&eacute;es dans le cadre de cette enqu&ecirc;te, qui a &eacute;t&eacute; diffus&eacute;e par l&rsquo;interm&eacute;diaire de diff&eacute;rents r&eacute;seaux&nbsp;: FIPF, AUF, r&eacute;seau des Instituts fran&ccedil;ais, r&eacute;seau de formateurs pour migrants, syndicat SNES, etc. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">M&ecirc;me si la France est le pays dans lequel exercent la plupart des r&eacute;pondants (64,63%), plusieurs dizaines de pays sont repr&eacute;sent&eacute;es (cf. figure 1, ci-dessous). Parmi les enqu&ecirc;t&eacute;(e)s, la plupart sont des enseignant(e)s (73,02%), le plus souvent titulaires d&rsquo;un CAPES ou d&rsquo;un Master, et travaillent, pour un tiers environ, dans les coll&egrave;ges, les lyc&eacute;es et l&rsquo;universit&eacute; respectivement. Elles/ils enseignent principalement le fran&ccedil;ais (42,99%), l&rsquo;anglais (19,29%), l&rsquo;espagnol (16,06%), l&rsquo;allemand (9,43%) et l&rsquo;italien (8,92%), mais bien d&rsquo;autres langues &eacute;galement, comme le turc, le japonais, l&rsquo;arabe, les langues r&eacute;gionales, etc. (cf. figure 2, ci-dessous). Elles/ils connaissent l&rsquo;outil, et l&rsquo;utilisent, plus ou moins librement, et plus ou moins souvent, dans leur pratique professionnelle.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <table border="1" cellspacing="0" class="MsoTableGrid" style="border-collapse:collapse; border:solid windowtext 1.0pt"> <tbody> <tr> <td style="vertical-align:top; width:226.55pt"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><img id="Espace_x0020_réservé_x0020_du_x0020_contenu_x0020_6" src="file:///C:/Users/kdjordje/AppData/Local/Temp/msohtmlclip1/01/clip_image001.png" style="height:147pt; width:220.2pt" /> </span></span></span></span></p> </td> <td style="vertical-align:top; width:226.55pt"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><img id="Image_x0020_6" src="file:///C:/Users/kdjordje/AppData/Local/Temp/msohtmlclip1/01/clip_image002.png" style="height:117.6pt; width:210pt" /> </span></span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="vertical-align:top; width:226.55pt"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Figure 1</span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;: pays d&rsquo;origine des enqu&ecirc;t&eacute;(e)s</span></span></span></span></p> </td> <td style="vertical-align:top; width:226.55pt"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Figure 2</span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;: langue enseign&eacute;e (par les enqu&ecirc;t&eacute;(e) enseignant(e)s)</span></span></span></span></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;ensemble du questionnaire m&eacute;rite une analyse approfondie, sous forme de tableaux crois&eacute;s<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[7]</span></span></a>, mais ce n&rsquo;est pas notre objectif ici. Nous souhaitons nous concentrer sur la derni&egrave;re question &ndash; question ouverte &ndash; qui &eacute;tait formul&eacute;e de la mani&egrave;re suivante&nbsp;: &laquo;&nbsp;Si vous avez encore un peu de temps, inscrivez librement votre opinion g&eacute;n&eacute;rale sur le CECR...&nbsp;&raquo;. Les r&eacute;ponses anonymes collect&eacute;es repr&eacute;sentent notre corpus pour la pr&eacute;sente &eacute;tude&nbsp;: 24 pages de texte, librement &eacute;crit, dans lequel une premi&egrave;re lecture qualitative permet de distinguer les &laquo;&nbsp;pour&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;contre&nbsp;&raquo;, avec, on le verra, une nette pr&eacute;pond&eacute;rance des seconds sur les premiers. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">2.2 Analyse de la question ouverte</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Les r&eacute;ponses collect&eacute;es dans le cadre de l&rsquo;enqu&ecirc;te &laquo;&nbsp;Le CECR et vous&nbsp;&raquo; traitent d&rsquo;un sujet d&rsquo;actualit&eacute;&nbsp;: la didactique des langues face &agrave; la mondialisation. En effet, de nombreux acteurs du monde &eacute;ducatif et de la recherche s&rsquo;interrogent aujourd&rsquo;hui sur les effets de la mondialisation sur les pratiques, les outils et les concepts op&eacute;ratoires mis en &oelig;uvre, d&rsquo;une part dans les politiques linguistiques et &eacute;ducatives, d&rsquo;autre part en classe &ndash; c&rsquo;est pour cela que nous avons souhait&eacute; leur laisser ici la parole. Leurs r&eacute;ponses constituent un apport important dans la mesure o&ugrave; elles questionnent l&rsquo;influence de plus en plus forte du n&eacute;olib&eacute;ralisme et de la terminologie qu&rsquo;il v&eacute;hicule sur les discours didactiques. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;adh&eacute;sion sans r&eacute;serves au cadre commun de r&eacute;f&eacute;rence semble &ecirc;tre le cas de figure le plus rare. Les commentaires positifs restent assez g&eacute;n&eacute;raux&nbsp;: un <em>bon document</em>, un <em>outil pratique, fondamental pour enseigner, &eacute;valuer et former</em>, une <em>aide</em>, une <em>boussole</em>, une <em>feuille de route</em> qui <em>rend la vie du professeur plus facile</em>, un <em>outil indispensable </em>qui<em> a r&eacute;volutionn&eacute; l&rsquo;enseignement des langues</em>.<em> </em>Ce qui caract&eacute;rise le plus souvent les avis positifs, c&rsquo;est l&rsquo;absence d&rsquo;une argumentation approfondie&nbsp;: on n&rsquo;apprend rien sur la fa&ccedil;on dont le CECR rend la vie la plus facile, ou en quoi il s&rsquo;agit d&rsquo;un outil fondamental pour enseigner. Certains des avis positifs expriment cependant quelques r&eacute;serves&nbsp;: <em>int&eacute;ressant</em> mais <em>trop d&eacute;taill&eacute;&nbsp;</em>; <em>plein de bon sens,</em> mais <em>les &eacute;diteurs proposent des documents beaucoup trop compliqu&eacute;s&nbsp;</em>; <em>incontournable </em>mais <em>extr&ecirc;mement difficile &agrave; vulgariser</em>&nbsp;; <em>le CECR n&rsquo;est pas ma bible</em> mais <em>me fait r&eacute;fl&eacute;chir sur l&rsquo;apprentissage et l&rsquo;enseignement des langues</em>&nbsp;; ou encore, une <em>construction th&eacute;orique int&eacute;ressante</em> mais <em>extr&ecirc;mement touffue et complexe</em>. On notera la tendance &agrave; contraster l&rsquo;avis positif g&eacute;n&eacute;rique par des hyperboles concernant &ndash; et ce n&rsquo;est en rien anodin &ndash; la mise en pratique du dispositif, autrement dit, la faisabilit&eacute; d&rsquo;une didactique fond&eacute;e sur ses pr&eacute;misses. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La grande majorit&eacute; des professionnel(le)s semblent se positionner de mani&egrave;re franchement critique face au CECR, et se situent d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on &agrave; contre-courant des id&eacute;es qui d&eacute;fendent sans r&eacute;serves les nouveaux cadres m&eacute;thodologiques sans les questionner et sans les situer dans l&rsquo;histoire des id&eacute;es qui les ont pr&eacute;c&eacute;d&eacute;s (on apprend ainsi que cet outil est <em>bien compliqu&eacute; pour donner l&rsquo;impression de changer par rapport &agrave; des choses qui se faisaient d&eacute;j&agrave; avant</em>). Ceci est d&rsquo;autant plus int&eacute;ressant que ces discours n&eacute;gatifs s&rsquo;inspirent des pratiques p&eacute;dagogiques issues de contextes diff&eacute;rents et, &agrave; la diff&eacute;rence des &eacute;loges g&eacute;n&eacute;riques, font preuve d&rsquo;une plus grande pr&eacute;cision, et d&eacute;ploient des argumentaires plut&ocirc;t coh&eacute;rents. L&agrave; encore, le dispositif CECR est critiqu&eacute; pour ce qui devrait, en principe, faire sa force, &agrave; savoir sa faisabilit&eacute; et son adaptation aux conditions d&rsquo;apprentissage et de pratique de la langue enseign&eacute;e, mais aussi sur la question de son caract&egrave;re innovant qui, loin de convaincre les praticiens, est plut&ocirc;t consid&eacute;r&eacute; comme un v&oelig;u pieux.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Il faut aussi compter avec un rejet non d&eacute;nu&eacute; d&rsquo;implications &eacute;motives, face &agrave; nombre de contradictions du dispositif qui semblent g&eacute;n&eacute;rer une certaine frustration, et qui &eacute;veillent une m&eacute;fiance du point de vue intellectuel, mais aussi d&eacute;ontologique (promesses non tenues de cette m&eacute;thodologie annonc&eacute;e comme innovante et incontournable ou n&eacute;cessaire, faisant table rase des pratiques alternatives ou qui l&rsquo;ont pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e). Ce que les professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues interrog&eacute;(e)s d&eacute;noncent avec v&eacute;h&eacute;mence, ce sont, d&rsquo;une part, une certaine vision utilitariste, dogmatique et id&eacute;ologique de la langue, une <em>pens&eacute;e p&eacute;dagogique unique</em>,<em>&nbsp;</em>mise en valeur dans les options th&eacute;orico-m&eacute;thodologiques v&eacute;hicul&eacute;es par le CECR, et d&rsquo;autre part, une approche de la langue peu structur&eacute;e, aboutissant &agrave; une baisse du niveau g&eacute;n&eacute;ral, &eacute;liminant au passage toute imagination cr&eacute;ative qui pourrait faciliter la rencontre du sujet apprenant avec la langue&nbsp;: <em>avec le CECR, nous n&rsquo;amenons plus nos &eacute;l&egrave;ves &agrave; imaginer, nous les formatons pour le march&eacute; du travail</em>, &eacute;crit un/une enseignant(e)<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[8]</span></span></a>&nbsp;; <em>c&rsquo;est l&rsquo;application aux &eacute;l&egrave;ves des descripteurs destin&eacute;s &agrave; l&rsquo;origine au monde professionnel, les comp&eacute;tences ne sont pas adapt&eacute;es &agrave; un public scolaire, am&egrave;nent &agrave; un morcellement de l&rsquo;&eacute;valuation qui cache les lacunes et force l&rsquo;&eacute;valuateur &agrave; survaloriser les productions des &eacute;l&egrave;ves</em>, pr&eacute;cise un/une autre, <em>c&rsquo;est bien ce qu&rsquo;on veut &agrave; l&rsquo;&eacute;poque actuelle, du rendement</em> <em>au d&eacute;triment de l&rsquo;humain</em>. Pour un/une troisi&egrave;me, <em>le CECR semble fonctionner comme une machine... o&ugrave; est pass&eacute;e la po&eacute;sie de la langue, l&rsquo;humour</em>, se demande-t-elle.il, avant de pr&eacute;ciser&nbsp;: <em>la langue n&rsquo;est pas que &laquo;&nbsp;fonctions &agrave; remplir&nbsp;&raquo;</em>. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, d&rsquo;autres posent la question de savoir&nbsp;<em>que fait-on de l&rsquo;&eacute;criture cr&eacute;ative, du plaisir d&rsquo;apprendre&nbsp;</em>? ou regrettent&nbsp;: <em>l&rsquo;enseignement des langues, pour les professeurs dignes de ce nom, est aussi un enseignement de la litt&eacute;rature, de l&rsquo;histoire de l&rsquo;art, de la soci&eacute;t&eacute;, etc.</em> Dans ce contexte, la libert&eacute; p&eacute;dagogique finit par p&acirc;tir&nbsp;: <em>j&rsquo;ai l&rsquo;impression de ne plus &ecirc;tre ma&icirc;tre de la fa&ccedil;on dont j&rsquo;ai envie de travailler.</em></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Selon les professionnel(le)s, dont la plupart sont des enseignant(e)s, en faisant basculer l&rsquo;apprenant dans le r&ocirc;le d&rsquo;un <em>acteur social </em>(ce qui par ailleurs <em>n&rsquo;est pas toujours pertinent dans le secondaire</em>), on se retrouve &agrave; vouloir faire appliquer dans le syst&egrave;me scolaire un outil fait <em>pour l&rsquo;entreprise et par des entreprises de l&rsquo;enseignement des langues</em>, dans le cadre d&rsquo;une <em>approche &laquo;&nbsp;n&eacute;o-lib&eacute;rale&nbsp;&raquo; de l&rsquo;enseignement des langues, bas&eacute; sur un malentendu de la notion de &laquo;&nbsp;comp&eacute;tence&nbsp;&raquo;</em>. Le CECR semble &ecirc;tre, aux yeux des professionnel(le)s interrog&eacute;(e)s, un document dont <em>les vis&eacute;es sont politiques, manag&eacute;riales et &eacute;conomiques avant d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;ducatives</em>, menant &agrave; un <em>appauvrissement de la didactique</em>.<em> </em>Cet appauvrissement de la didactique, les professionnel(le)s le voient aussi dans le fait que certaines comp&eacute;tences sont moins bien enseign&eacute;es qu&rsquo;auparavant&nbsp;: pour certaines personnes, <em>la grammaire est laiss&eacute;e pour compte</em>, et <em>la qualit&eacute; syntaxique de la langue</em> a &eacute;t&eacute; <em>affaiblie</em>, pour d&rsquo;autres, c&rsquo;est la <em>dimension culturelle </em>de l&rsquo;apprentissage qui <em>a &eacute;t&eacute; n&eacute;glig&eacute;e et est</em> <em>pass&eacute;e au deuxi&egrave;me plan</em>, tout cela conduisant <em>&agrave; un niveau linguistique d&eacute;plorable de la part des &eacute;l&egrave;ves et &eacute;tudiants</em>. Au final donc, <em>les &eacute;l&egrave;ves &laquo;&nbsp;se d&eacute;brouillent&nbsp;&raquo; &agrave; peu pr&egrave;s mais &laquo;&nbsp;ma&icirc;trisent&nbsp;&raquo; moins de choses que leurs ain&eacute;s</em>. L&rsquo;approche actionnelle pr&ocirc;n&eacute;e par le CECR est tenue pour responsable&nbsp;de cette baisse g&eacute;n&eacute;rale du niveau&nbsp;: <em>qu&rsquo;on oublie l&rsquo;approche actionnelle par piti&eacute;, car elle a fait une g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves incapables de s&rsquo;exprimer [&hellip;], non autonomes et incapables d&rsquo;&eacute;crire</em>, demande un/une enseignant(e). Une autre personne insiste sur le fait que <em>&ccedil;a tire le niveau vers le bas en positivant tout toujours.</em></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">On voit &agrave; travers ces quelques exemples comment les r&eacute;ponses des professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues d&eacute;noncent la &laquo;&nbsp;pens&eacute;e unique&nbsp;&raquo; du CECRL, dispositif r&eacute;solument pro-europ&eacute;en (<em>trop renferm&eacute; sur l&rsquo;Europe</em>, ou encore <em>trop fran&ccedil;ais de France&nbsp;</em>; <em>nous avons un grand travail &agrave; faire l&agrave;-dessus pour adapter cet outil &agrave; notre r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;enseignement/apprentissage qui n&rsquo;a rien &agrave; voir avec la r&eacute;alit&eacute; europ&eacute;enne&nbsp;</em>; plus encore, il <em>enferme alors qu&rsquo;il cherchait justement &agrave; la base &agrave; ouvrir et &agrave; prendre en compte la diversit&eacute;</em>), et d&eacute;cortiquent les options et les notions mises en &oelig;uvre dans cette &laquo;&nbsp;machinerie&nbsp;&raquo; issue du Conseil de l&rsquo;Europe, accus&eacute;e d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;connect&eacute;e du terrain&nbsp;: le CECR est donc, pour les professionnel(le)s, <em>coup&eacute; de la r&eacute;alit&eacute; et totalement inefficace, pire il fait des ravages d&egrave;s le d&eacute;but de l&rsquo;apprentissage</em>, c&rsquo;est une <em>usine &agrave; gaz inutile et fruit d&rsquo;un travail de technocrates coup&eacute;s du terrain</em>, et d&rsquo;ailleurs<em> d&egrave;s qu&rsquo;on se trouve confront&eacute; au terrain, il devient compl&egrave;tement inadapt&eacute; ou mal utilis&eacute;</em>. Par ailleurs, il nuit &agrave; la didactique en tant que discipline&nbsp;: <em>la didactique est tr&egrave;s enrichissante quand elle s&rsquo;adapte au terrain&nbsp;; dans le cas contraire, elle condamne les enseignants de bonne volont&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;chec</em>. Ainsi, d&eacute;noncent-elles/ils les postures n&eacute;olib&eacute;rales et l&rsquo;assujettissement de la didactique &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie, dont elle h&eacute;rite jusqu&rsquo;&agrave; la terminologie&nbsp;: le r&ocirc;le ambigu des institutions europ&eacute;ennes dans les syst&egrave;mes &eacute;ducatifs, o&ugrave; les pr&eacute;occupations financi&egrave;res priment sur les pr&eacute;occupations sociales et humanistes, et o&ugrave; <em>la notion de comp&eacute;tence a remplac&eacute; la notion de culture</em>. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le CECR est &eacute;galement consid&eacute;r&eacute; comme un outil complexe et lourd, rigide, difficile &agrave; comprendre&nbsp;: <em>ardu dans la forme </em>et <em>jargonnant</em>, sa<em> lecture</em> <em>n&rsquo;est pas ais&eacute;e</em>, ses <em>tableaux sont indigestes</em>, il <em>gagnerait &agrave; &ecirc;tre &eacute;pur&eacute;, simplifi&eacute; pour le rendre plus accessible</em>. Mais c&rsquo;est &eacute;galement un outil qui n&rsquo;a pas pris le soin de bien d&eacute;finir les concepts qu&rsquo;il v&eacute;hicule et impose&nbsp;: <em>les descripteurs ne sont pas assez pr&eacute;cis</em>, diront plusieurs enseignant(e)s&nbsp;;<em> c&rsquo;est que c&rsquo;est flou comme la notion de comp&eacute;tence</em>, pr&eacute;cisera l&rsquo;un/une d&rsquo;eux. Pour une autre personne, on assiste &agrave; un <em>saucissonnage de concepts au mieux flous, au pire faux</em>, rendant le CECR <em>incompr&eacute;hensible pour le commun des mortels.</em></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Enfin, le dernier grief des enseignant(e)s porte sur l&rsquo;alourdissement du travail au quotidien depuis la mise en place du CECR, pour un r&eacute;sultat, au final, peu satisfaisant. Si elles/ils admettent que pour un usage optimal de l&rsquo;outil, il faudrait davantage de formation (<em>la formation initiale et continue font d&eacute;faut&nbsp;</em>; <em>il y a un grand manque de formation pour les enseignants sur la th&eacute;orie et la pratique&nbsp;</em>; <em>ils ne l&rsquo;ont pas</em> <em>vraiment compris parce qu&rsquo;on ne leur a pas vraiment expliqu&eacute; non plus, tout en le leur imposant&nbsp;</em>; <em>la d&eacute;marche actionnelle, pr&ocirc;n&eacute;e par tou.te.s les IPR n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; clairement d&eacute;finie</em>), les enseignant(e)s insistent beaucoup sur le c&ocirc;t&eacute; chronophage dans l&rsquo;application du CECR, sans que cet investissement suppl&eacute;mentaire soit suivi par de meilleurs r&eacute;sultats des &eacute;l&egrave;ves&nbsp;: <em>ma pratique professionnelle s&rsquo;est alourdie sans autant permettre &agrave; mes &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;aller plus en avant &ndash; au contraire</em>, &eacute;crit un/une enqu&ecirc;t&eacute;(e) tout en pr&eacute;cisant que <em>la seule partie vraiment abordable par un enseignant lambda est celle reprenant les tableaux de comp&eacute;tence</em>.<em> </em>Tout cela m&egrave;ne vers <em>un &eacute;c&oelig;urement et un d&eacute;couragement </em>pour certain(e)s, qui se demandent si<em> le cahier des charges </em>[ne serait]<em> pas en train d&rsquo;&eacute;touffer l&rsquo;utilisateur</em>. D&rsquo;autres sont plus s&eacute;v&egrave;res encore, et s&rsquo;interrogent si le fait de <em>faire perdre du temps &agrave; un enseignant de cocher des cases de ce genre est non seulement se moquer du monde, mais g&acirc;cher de l&rsquo;argent</em>.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Il nous semble que les r&eacute;ponses donn&eacute;es par les professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues dans le cadre de l&rsquo;enqu&ecirc;te &laquo;&nbsp;Le CECR et vous&nbsp;&raquo; reposent sur des donn&eacute;es pertinentes et utiles pour une analyse critique des discours et des pratiques didactiques. Malgr&eacute; un certain d&eacute;s&eacute;quilibre entre r&eacute;ponses, l&rsquo;ensemble n&rsquo;en reste pas moins coh&eacute;rent&nbsp;: on trouve dans une grande majorit&eacute; des r&eacute;ponses la d&eacute;nonciation de toute forme de pens&eacute;e unique, de l&rsquo;instrumentalisation du savoir, de l&rsquo;assujettissement aux autorit&eacute;s et aux mod&egrave;les dogmatiques &agrave; suivre, du manque de libert&eacute; p&eacute;dagogique, la seule garantie d&rsquo;un enseignement r&eacute;ussi<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[9]</span></span></a>. Autrement dit, on trouve tous les &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;un d&eacute;bat d&eacute;mocratique, avec des critiques solidement argument&eacute;es remontant de la &laquo;&nbsp;base&nbsp;&raquo;. Mais surtout, on constate l&rsquo;&eacute;cart inqui&eacute;tant entre les intentions affich&eacute;es du dispositif et la r&eacute;alit&eacute; de sa mise en pratique, ce qui remet d&rsquo;autant plus en cause le discours de l&eacute;gitimation. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Conclusion</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Il est remarquable que dans la majorit&eacute; des r&eacute;ponses apport&eacute;es se dessine une forme de r&eacute;sistance argument&eacute;e et r&eacute;fl&eacute;chie &agrave; la dogmatique manag&eacute;riale du cadre, alors qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;inverse les rares commentaires positifs ont quelques difficult&eacute;s &agrave; d&eacute;passer la &laquo;&nbsp;formule promotionnelle&nbsp;&raquo; et &agrave; expliquer de fa&ccedil;on &eacute;tay&eacute;e l&rsquo;apport du cadre aux pratiques d&rsquo;enseignement.&nbsp;&nbsp; &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Notre lecture de la question ouverte montre une situation paradoxale qui se manifeste &agrave; travers une s&eacute;rie de constats dialectiques&nbsp;: loin d&rsquo;&ecirc;tre une innovation, le CECR est ressenti comme une r&eacute;gression, plut&ocirc;t qu&rsquo;un outil pratique, il &eacute;choue &agrave; faire en sorte que les apprenants ma&icirc;trisent les langues enseign&eacute;es de mani&egrave;re v&eacute;ritablement efficace et formellement correcte. En somme, ces t&eacute;moignages dessinent un panorama plut&ocirc;t n&eacute;gatif du CECR, &agrave; la fois comme m&eacute;thodologie et comme fa&ccedil;on de penser et d&rsquo;enseigner les langues&nbsp;: un outil r&eacute;ducteur au service de soci&eacute;t&eacute;s asservies, coup&eacute; des r&eacute;alit&eacute;s du terrain et de la praxis didactique <em>in situ</em> et <em>in vivo</em>&nbsp;; un dispositif en porte-&agrave;-faux avec ses propres id&eacute;aux et intentions d&eacute;clar&eacute;s. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bibliographie</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Abdelgaber,</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> Sylvie et M&eacute;dioni, Maria-Alice (coord.), &laquo;&nbsp;Enseigner les langues vivantes avec le cadre europ&eacute;en&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers p&eacute;dagogiques</em> HSN n&deg;18, avril 2010.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Boufoy-Bastick</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, B&eacute;atrice, &laquo;&nbsp;Empreinte ou emprise n&eacute;olib&eacute;rale sur les politiques &eacute;ducatives europ&eacute;ennes : regard et &eacute;clairage culturometrique sur le cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues (CECRL)&nbsp;&raquo;, in <em>Verbum</em> n&deg;5, Vilnius, Vilniaus universiteto leidykla, 2014, p. 205-215.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Actes du colloque international de l&rsquo;enseignement-apprentissage du FLE dans la perspective du CECRL dans des contextes non europ&eacute;ens, </span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Universit&eacute; de Lorraine, </span></span><a href="https://ajccrem.hypotheses.org/494" style="text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">https://ajccrem.hypotheses.org/494</span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, 2018.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence pour les Langues&nbsp;: apprendre, enseigner, &eacute;valuer</span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, Paris, Didier, 2001.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence pour les Langues&nbsp;: apprendre, enseigner, &eacute;valuer. Volume compl&eacute;mentaire avec de nouveaux descripteurs</span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, Strasbourg, Conseil de l&rsquo;Europe, 2018.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Djordjevic L&eacute;onard</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, Ksenija et Yasri-Labrique, El&eacute;onore, &agrave; para&icirc;tre, &laquo;&nbsp;La part de l&rsquo;Autre&nbsp;: la diversit&eacute; culturelle et linguistique dans les manuels scolaires&nbsp;&raquo;, dans Actes du colloque <em>Le manuel scolaire, objet d&rsquo;&eacute;tude et de recherche&nbsp;: enjeux actuels et perspectives</em> (Montpellier, FDE, 18-19 mai 2017), Bern, Peter Lang.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Maurer</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, Bruno, <em>Enseignement des langues et construction europ&eacute;enne &ndash; Le plurilinguisme, nouvelle id&eacute;ologie dominante</em>, Paris, Editions des Archives Contemporaines, 2011.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Maurer</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, Bruno et Prieur, Jean-Marie, &laquo;&nbsp;La pens&eacute;e CECR&nbsp;&raquo;, <em>Travaux de didactique du FLE</em>, n&deg;70, </span></span><a href="http://revue-tdfle.fr/les-numeros/numero-70" style="text-decoration:underline"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">http://revue-tdfle.fr/les-numeros/numero-70</span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, 2017.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Prieur, Jean-Marie, &laquo;&nbsp;L&rsquo;empire des mots morts. Lisons le CECR comme un cauchemar&nbsp;&raquo;, in &laquo;&nbsp;La pens&eacute;e CECR&nbsp;&raquo;, <em>Travaux de didactique du FLE</em>, n&deg;70, <u>http://revue-tdfle.fr/les-numeros/numero-70/21-l-empire-des-mots-morts-lisons-le-cecr-comme-un-cauchemar</u>, 2017.</span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <h1 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:24pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><strong><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></strong></span></a> <span style="font-size:10.0pt">Cf. par exemple, pour l&rsquo;enseignement du FLE, les<em> Actes du colloque international de l&rsquo;enseignement-apprentissage du FLE dans la perspective du CECRL dans des contextes non europ&eacute;ens,</em> qui a eu lieu les 28 et 29 septembre 2017 &agrave; Metz, Universit&eacute; de Lorraine </span><a href="https://ajccrem.hypotheses.org/494" style="text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt">https://ajccrem.hypotheses.org/494</span></a><span style="font-size:10.0pt">; pour les langues vivantes, cf. </span><span style="font-size:10.0pt">Abdelgaber et M&eacute;dioni (coord.), 2010.</span></span></span></h1> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"> Nous pensons ici notamment &agrave; la Tribune sur le projet d&rsquo;amplification du CECR, lanc&eacute;e par Emmanuelle Huver, en 2017, qui a recueilli</span><span style="font-size:10.0pt"> de nombreuses signatures, collectives et individuelles, motiv&eacute;es par l&rsquo;engagement des signataires, un &laquo;&nbsp;engagement pour une didactique des langues </span><span style="font-size:10.0pt">plurielle, &eacute;thique et responsable&nbsp;&raquo;. La Tribune a &eacute;t&eacute; envoy&eacute;e au Conseil de l&rsquo;Europe, mais n&rsquo;a pas trouv&eacute; l&rsquo;&eacute;cho attendu. Cf. </span><a href="https://asdifle.com/content/veille-cecrl" style="text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt">https://asdifle.com/content/veille-cecrl</span></a><span style="font-size:10.0pt">. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></a> <em>N&eacute;olib&eacute;ral</em> est &agrave; entendre ici comme une technique de gouvernement qui privil&eacute;gie les normes du march&eacute;, de l&rsquo;entreprise, de la concurrence et de la comp&eacute;tition. </span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[4]</span></span></a> Cf. Prieur, 2017, pour une premi&egrave;re critique de la rationalit&eacute; manag&eacute;riale &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans les documents de r&eacute;f&eacute;rence du Conseil de l&rsquo;Europe qui traitent de l&rsquo;enseignement et de l&rsquo;apprentissage des langues.</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></a> N&rsquo;est-ce pas l&agrave; la particularit&eacute; des langages totalitaires&nbsp;? Le langage totalitaire est un langage ferm&eacute; sur lui-m&ecirc;me, sans alt&eacute;rit&eacute;, et qui entend s&rsquo;imposer comme le seul langage possible.</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[6]</span></span></a> En ce qui concerne l&rsquo;&eacute;quipe de recherche montpelli&eacute;raine, ce travail se situe dans le prolongement d&rsquo;un num&eacute;ro th&eacute;matique de la revue <em>Travaux de Didactique du Fran&ccedil;ais Langue Etrang&egrave;re </em>(<em>TDFLE</em>)<em> </em>coordonn&eacute; par Bruno Maurer et Jean-Marie Prieur en 2017 sur &laquo;&nbsp;La pens&eacute;e CECR&nbsp;&raquo;. Cf. <a href="http://revue-tdfle.fr/les-numeros/numero-70" style="text-decoration:underline">http://revue-tdfle.fr/les-numeros/numero-70</a>. </span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[7]</span></span></a> Une analyse de la premi&egrave;re partie du questionnaire (hors question ouverte) a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; propos&eacute;e, de mani&egrave;re informelle, par les coll&egrave;gues de l&rsquo;Universit&eacute; de Lorraine qui participent au projet &laquo;&nbsp;Le CECR et vous&nbsp;&raquo;. Elle se base sur une lecture crois&eacute;e et propose des pistes d&rsquo;analyse, en vue d&rsquo;obtenir une image proche de la r&eacute;alit&eacute; des pratiques du CECR par des professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement. </span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[8]</span></span></a> Nous faisons le choix de traiter les r&eacute;ponses de mani&egrave;re anonyme, et par cons&eacute;quent de ne pas sp&eacute;cifier le genre de la personne&nbsp;: le r&eacute;pondant peut &ecirc;tre <em>un</em> ou <em>une</em> enseignant(e) ou professionnel(le) de l&rsquo;enseignement.</span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[9]</span></span></a> De nombreuses voix s&rsquo;&eacute;l&egrave;vent aujourd&rsquo;hui pour critiquer l&rsquo;emprise n&eacute;olib&eacute;rale ou celle des principes n&eacute;olib&eacute;raux sur nos soci&eacute;t&eacute;s, mais aussi sur leurs politiques &eacute;ducatives. On peut consulter &agrave; ce sujet Maurer (2011), Boufoy-Bastick (2014), puis, &agrave; partir d&rsquo;un exemple concret (manuels scolaires), Djordjevic L&eacute;onard et Yasri-Labrique (&agrave; para&icirc;tre). </span></span></p> </div> </div>