<h2>Introduction</h2> <p>Dans toute soci&eacute;t&eacute;, il existe&nbsp; des langues maternelles que l&rsquo;enfant acquiert passivement d&egrave;s son jeune &acirc;ge, et d&rsquo;autres qui sont &eacute;trang&egrave;res. Celles-ci sont apprises &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, tel le cas de la langue fran&ccedil;aise et de la langue anglaise en Alg&eacute;rie. L&rsquo;apprentissage de la langue &eacute;trang&egrave;re est g&eacute;n&eacute;ralement conditionn&eacute; par l&rsquo;amour de la langue ou au contraire par son rejet. De fait, le d&eacute;sir, la fascination, l&rsquo;attirance, la r&eacute;ticence sont autant de facteurs qui modifient &nbsp;l&rsquo;apprentissage de la langue.</p> <h2>1. Cadre de l&rsquo;&eacute;tude</h2> <p>Notre contribution se situe dans le prolongement des &eacute;tudes qui s&rsquo;inscrivent en psychologie sociale et cognitive. Nous ambitionnons de d&eacute;crire les repr&eacute;sentations langagi&egrave;res et la dimension subjective de l&rsquo;apprentissage du FLE chez les locuteurs alg&eacute;riens qui ont certains rapports &agrave; la langue &eacute;trang&egrave;re (le fran&ccedil;ais). Pour ce faire, nous devons d&rsquo;abord d&eacute;finir les concepts cl&eacute;s de notre recherche et qui sont en relation avec notre&nbsp; partie analytique.</p> <p>L&rsquo;Alg&eacute;rie est un pays plurilingue o&ugrave; cohabitent plusieurs langues avec diff&eacute;rents statuts.&nbsp; G. Grandguillaume d&eacute;crit la situation plurilingue alg&eacute;rienne en affirmant que&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Dans le Maghreb actuel trois langues sont utilis&eacute;es&nbsp;: la langue arabe, la langue fran&ccedil;aise et la langue maternelle, les deux premi&egrave;res sont des langues de cultures, de statut &eacute;crit. Le fran&ccedil;ais est aussi utilis&eacute; comme langue de conversations. Toutefois, la langue maternelle v&eacute;ritablement parl&eacute;e dans la vie quotidienne est toujours un dialecte arabe ou berb&egrave;re&nbsp;; cette langue maternelle, sauf de tr&egrave;s rares exceptions, n&rsquo;est jamais &eacute;crite. (1983&nbsp;: 11)</p> </blockquote> <p>Il est d&rsquo;autre part essentiel de rappeler que les langues alg&eacute;riennes ont des statuts diff&eacute;rents. Le fran&ccedil;ais h&eacute;rit&eacute; du colonisateur fran&ccedil;ais, faisait l&rsquo;unique langue d&rsquo;usage dans la gestion et l&rsquo;administration du pays. En effet, le fran&ccedil;ais qui est un&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <blockquote> <p>h&eacute;ritage de plus d&rsquo;un si&egrave;cle de colonisation, est officiellement reconnu comme premi&egrave;re langue &eacute;trang&egrave;re. Une langue &eacute;trang&egrave;re au statut particulier (Derradji Y., 2006) car encore aujourd&rsquo;hui cette langue conserve un r&ocirc;le privil&eacute;gi&eacute;&nbsp; sur la seine officielle et sociale du pays. C&rsquo;est une langue qui a gard&eacute; une importance certaine dans l&rsquo;&eacute;ducation (l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais dans les &eacute;coles), la politique, l&rsquo;administration et les m&eacute;dias du pays. (Abbes Kara, Kebbas, Oulebsir, 2013&nbsp;: 14).&nbsp;</p> </blockquote> <p>Cependant, juste apr&egrave;s l&rsquo;ind&eacute;pendance, le gouvernement alg&eacute;rien proclama que l&rsquo;unique langue nationale et officielle du pays est bien l&rsquo;arabe standard tout en octroyant au fran&ccedil;ais le statut de langue &eacute;trang&egrave;re au m&ecirc;me titre que l&rsquo;anglais. Selon Claudet : &nbsp;</p> <blockquote> <p>Le fran&ccedil;ais en tant que langue du colonisateur a un statut tr&egrave;s ambigu&nbsp;; d&rsquo;une part il attire le m&eacute;pris officiel (il est officiellement consid&eacute;r&eacute; comme langue &eacute;trang&egrave;re au m&ecirc;me titre que l&rsquo;anglais, mais d&rsquo;autre part, il est synonyme de r&eacute;ussite sociale et d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la culture et/ou modernisme.&nbsp; (Asselah Rehal, 2001&nbsp;: 46).</p> </blockquote> <p>Ce que l&rsquo;on essaie de montrer ici est que&nbsp; le statut du fran&ccedil;ais en Alg&eacute;rie est tr&egrave;s &eacute;quivoque dans la mesure o&ugrave; il est celui de &laquo;&nbsp;langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo; qui est par d&eacute;finition une langue apprise pour une utilisation hors des fronti&egrave;res. Mais l&rsquo;on voit bien que le statut social du fran&ccedil;ais fait de cette langue, une langue de communication interne et externe&nbsp;: c&rsquo;est en effet la langue de l&rsquo;administration, des&nbsp; &eacute;changes&nbsp; sociaux, la langue des enseignements universitaires et quelque peu scolaire. Nous pr&eacute;cisons tout de suite que les pratiques sociales du fran&ccedil;ais font de cette langue une&nbsp; langue seconde &eacute;tant par d&eacute;finition une langue &eacute;trang&egrave;re privil&eacute;gi&eacute;e <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>ou une langue envisag&eacute;e comme moyen et objet d&rsquo;apprentissage (un enseignement en langue et un enseignement de la langue).&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p>Cependant, ce statut non prononc&eacute; politiquement rivalise le statut de l&rsquo;arabe standard qui a &eacute;t&eacute; pour longtemps, de 1962 &agrave; 2002, reconnu comme &laquo;&nbsp;unique langue nationale et officielle du pays&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>. Cette langue permet donc &agrave; son tour un enseignement de la langue et un enseignement en langue, et qui est la deuxi&egrave;me langue apprise en Alg&eacute;rie apr&egrave;s la langue maternelle (ce qui renvoie &agrave; la d&eacute;finition de la langue seconde). Rappelons que la langue maternelle est la premi&egrave;re langue acquise par l&rsquo;enfant dans son environnement familial et qui renvoie en Alg&eacute;rie &agrave; l&rsquo;arabe dialectal et au berb&egrave;re. C&rsquo;est donc sur ce constat (complexit&eacute; de la situation sociolinguistique de l&rsquo;Alg&eacute;rie) que nous &laquo;&nbsp;grefferons&nbsp;&raquo; notre enqu&ecirc;te.</p> <p>Toutes les langues, maternelles qu&rsquo;elles soient, &eacute;trang&egrave;res ou secondes laissent transparaitre des repr&eacute;sentations langagi&egrave;res chez les locuteurs alg&eacute;riens. Ces repr&eacute;sentations varient selon que ces locuteurs (ou apprenants) s&rsquo;identifient &agrave; l&rsquo;autre, selon qu&rsquo;ils rejettent l&rsquo;autre et sa langue ou selon qu&rsquo;ils le consid&egrave;rent comme &laquo;&nbsp;ennemi-colonisateur&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;homme civilis&eacute;&nbsp;&raquo;. Toutes ces repr&eacute;sentations et bien d&rsquo;autres nous permettent de poser les questions : Comment le sujet alg&eacute;rien (celui de notre &eacute;chantillon) &nbsp;se repr&eacute;sente-t-il le fran&ccedil;ais ? Ces repr&eacute;sentations conditionnent-elles l&rsquo;apprentissage et l&rsquo;expression en langue &eacute;trang&egrave;re ?</p> <p>Pour r&eacute;pondre &agrave; ces questions, nous partons de l&rsquo;hypoth&egrave;se que les repr&eacute;sentations qu&rsquo;ont les locuteurs alg&eacute;riens quant &agrave; la langue fran&ccedil;aise, leur amour ou le rejet de cette langue &nbsp;influencent et conditionnent l&rsquo;apprentissage du FLE.</p> <h2>2. V&eacute;rification des hypoth&egrave;ses</h2> <h3>2.1. Lieu&nbsp; de l&rsquo;enqu&ecirc;te</h3> <p>Situ&eacute; au centre ville de la commune de Boghni, le lyc&eacute;e Zamoum Mohamed est l&rsquo;un des plus anciens &eacute;tablissements du secondaire de la willaya de Tizi-Ouzou, o&ugrave; l&rsquo;on enseigne plusieurs fili&egrave;res dont la fili&egrave;re des langues &eacute;trang&egrave;res. Ce lyc&eacute;e constituera notre terrain d&rsquo;enqu&ecirc;te. &nbsp;</p> <h3>2.1. Outil d&rsquo;&eacute;valuation et d&eacute;roulement de l&rsquo;enqu&ecirc;te &nbsp;</h3> <p>Pour atteindre notre objectif et&nbsp; r&eacute;pondre aux questions que nous avons pos&eacute;es au d&eacute;but de cette recherche, nous avons r&eacute;alis&eacute; une enqu&ecirc;te le 07, le 08 et le 10 janvier 2019 au niveau du lyc&eacute;e Zamoum Mohamed de Boghni o&ugrave; nous avons soumis un questionnaire &agrave; soixante apprenants de la premi&egrave;re ann&eacute;e du secondaire, distribu&eacute; sur deux classes. Cette technique nous a permis de &nbsp;comprendre les repr&eacute;sentations des apprenants sur &nbsp;la langue fran&ccedil;aise ainsi que leurs rapports avec l&rsquo;apprentissage du FLE. &nbsp;Notre questionnaire se r&eacute;partit en trois items que nous r&eacute;sumons dans le tableau suivant&nbsp;:</p> <table border="1" cellspacing="0" class="MsoTableGrid" style="border-collapse:collapse; border:solid black 1.0pt"> <tbody> <tr> <td> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;items</p> </td> <td> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; objectif</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>1/ Repr&eacute;sentation de la langue fran&ccedil;aise par les apprenants.</p> </td> <td> <p>Savoir comment les apprenants se repr&eacute;sentent-ils &nbsp;la langue fran&ccedil;aise.</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>&nbsp;</p> <p>2/ Les pratiques de classe.</p> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>Voir comment les repr&eacute;sentations se r&eacute;percutent sur les pratiques langagi&egrave;res en classe.</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p>Nous avons &eacute;galement effectu&eacute; plusieurs observations participantes aupr&egrave;s des apprenants &eacute;tant dans un cours de FLE, et ce, dans le but de&nbsp; compl&eacute;ter les r&eacute;sultats du questionnaire. Pour ce faire, nous avons r&eacute;alis&eacute; une grille d&rsquo;observation des apprenants, propos&eacute;e ci-dessous&nbsp;:</p> <table cellspacing="0" class="MsoTableGrid" style="border-collapse:collapse; border:none"> <tbody> <tr> <td> <p>Ph&eacute;nom&egrave;nes observ&eacute;s</p> </td> <td> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Oui</p> </td> <td> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Non</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Sont calmes et attentifs</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Participent</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>R&eacute;pondent correctement</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Ont de bons r&eacute;sultats</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Bavardent durant le cours</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Ils se montrent int&eacute;ress&eacute;s</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Ils se montrent d&eacute;missionnaires.</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Ils interagissent avec l&rsquo;enseignante.</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> <td> <p>&nbsp;</p> </td> </tr> </tbody> </table> <h2>3. L&rsquo;analyse&nbsp; et le croisement des r&eacute;sultats</h2> <p>Cette section est r&eacute;serv&eacute;e aux r&eacute;sultats de notre enqu&ecirc;te. En effet, plusieurs constats se d&eacute;gagent de l&rsquo;analyse du questionnaire qui a montr&eacute; que les apprenants de la premi&egrave;re ann&eacute;e secondaire se font des repr&eacute;sentations sur la langue fran&ccedil;aise. Il est vrai que 35% de notre &eacute;chantillon n&rsquo;aime pas le fran&ccedil;ais. Mais il est aussi vrai que 65% des apprenants, qui sont majoritairement du sexe f&eacute;minin, aiment cette langue. Selon ce dernier groupe, le fran&ccedil;ais n&rsquo;est plus &laquo;&nbsp;un butin de guerre&nbsp;&raquo; comme l&rsquo;a consid&eacute;r&eacute; le gouvernement alg&eacute;rien de 1962, mais plut&ocirc;t &laquo;&nbsp;la langue de Moli&egrave;re&nbsp;&raquo; qui refl&egrave;te &laquo;&nbsp;les belles lettres&nbsp;&raquo;. Les apprenants ont &eacute;galement justifi&eacute; leur amour envers le fran&ccedil;ais, par le fait qu&rsquo;il est la langue de la modernit&eacute; et de l&rsquo;ouverture sur le monde. Pour quelques-uns, elle est &laquo;&nbsp;la meilleure langue du monde&nbsp;&raquo; pour reprendre leurs propos. Pour justifier leur amour, nos sujets ont utilis&eacute; des qualificatifs tels que&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;&nbsp;Langue de classe&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;Langue prestigieuse&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;De prestige&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;Haute gamme&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;Langue d&rsquo;&eacute;l&eacute;gance&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;Elle refl&egrave;te la bourgeoisie&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;Une mode et une tendance&raquo;&hellip;</p> <p>Toutes ces repr&eacute;sentations influencent positivement l&rsquo;apprentissage du FLE. Il semble cependant int&eacute;ressant de souligner que ce sont ces m&ecirc;mes sujets qui se sont montr&eacute;s int&eacute;ress&eacute;s en classe de FLE. Ils sont en effet calmes et attentifs lors du cours. Ils participent et n&rsquo;h&eacute;sitent pas &agrave; poser des questions; ils n&rsquo;ont pas de difficult&eacute; &agrave; assimiler les cours et r&eacute;pondent positivement aux s&eacute;ries d&rsquo;exercices. L&rsquo;on peut &eacute;galement consid&eacute;rer qu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas de difficult&eacute;s &agrave; s&rsquo;exprimer en langue fran&ccedil;aise.</p> <p>Contrairement &agrave; cette tranche d&rsquo;apprenants qui n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; s&rsquo;approprier la langue fran&ccedil;aise, il y a bien ceux qui fuient et rejettent cette langue car&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;Elle&nbsp;n&rsquo;est pas la n&ocirc;tre&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo; Elle est&nbsp;la langue de ceux qui aiment se faire voir&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;Et se montrer&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;se vanter&nbsp;&raquo; pour reprendre leurs propos.</p> <p>Selon ces apprenants, le fran&ccedil;ais est la langue de &laquo;&nbsp;la classe aristocratique&nbsp;&raquo; et non pas la langue de &laquo;&nbsp;l&rsquo;enfant du peuple&nbsp;&raquo;. Pour d&rsquo;autres apprenants, la langue fran&ccedil;aise est une langue difficile &agrave; assimiler ou elle est moins int&eacute;ressante la comparant aux disciplines&nbsp;: math&eacute;matiques et physique. D&rsquo;apr&egrave;s leurs r&eacute;ponses, la langue&nbsp; fran&ccedil;aise est rejet&eacute;e car&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;Elle est une langue difficile&nbsp;car elle a beaucoup de r&egrave;gles &raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;Elle n&rsquo;est pas int&eacute;ressante&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo; C&rsquo;est une langue sans avenir&nbsp;&raquo;,</p> <p>&laquo;&nbsp;On maitrise l&rsquo;anglais&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ce rejet est &eacute;galement d&ucirc; &agrave; des facteurs psychologiques tels que la honte, la timidit&eacute;, le complexe du colonis&eacute;, le fait qu&rsquo;ils n&rsquo;aiment pas leurs enseignants du FLE ou le rejet de ces derniers&hellip; Ces m&ecirc;mes apprenants expliquent qu&rsquo;ils ne peuvent pas faire appel au fran&ccedil;ais lors de&nbsp; leurs conversations m&ecirc;me s&rsquo;ils sont en plein cours de fran&ccedil;ais. Et c&rsquo;est bien ce que nous avons constat&eacute; lors de nos observations. Toutes ces repr&eacute;sentations n&eacute;gatives influencent n&eacute;gativement l&rsquo;apprentissage du FLE. Les r&eacute;sultats de l&rsquo;observation ont montr&eacute; que la majorit&eacute; de ces apprenants ne participent pas en classe de FLE&nbsp;; ils sont moins attentifs, ils bavardent et ils ne r&eacute;pondent pas correctement aux s&eacute;ries d&rsquo;exercices. Selon leurs r&eacute;ponses, le cours de fran&ccedil;ais est tr&egrave;s lourd et la s&eacute;ance ne s&rsquo;ach&egrave;ve pas rapidement&nbsp;: ce qui les ennuie.</p> <p>Selon les enseignants du FLE, les apprenants qui aiment la langue fran&ccedil;aise ont obtenu de tr&egrave;s bons r&eacute;sultats et sont meilleurs que ceux qui rejettent cette langue. Nous proposons dans ce qui suit un tableau r&eacute;capitulatif des cons&eacute;quences et de l&rsquo;influence des repr&eacute;sentations (de l&rsquo;amour ou du rejet de la langue fran&ccedil;aise) sur l&rsquo;apprentissage du FLE.&nbsp; &nbsp;</p> <table cellspacing="0" class="MsoTableGrid" style="border-collapse:collapse; border:none"> <tbody> <tr> <td> <p>Apprenants ayant des repr&eacute;sentations positives</p> </td> <td> <p>Apprenants ayant&nbsp; des repr&eacute;sentations n&eacute;gatives</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Aiment et s&rsquo;approprient la langue fran&ccedil;aise</p> </td> <td> <p>N&rsquo;aiment pas et rejettent la langue fran&ccedil;aise</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Sont attentifs lors du cours du FLE</p> </td> <td> <p>Ne sont pas attentifs</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Sont calmes</p> </td> <td> <p>Sont calmes</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Participent toujours</p> </td> <td> <p>Sauf quelques exceptions, ils ne participent pas</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>R&eacute;pondent correctement aux exercices</p> </td> <td> <p>Ne r&eacute;pondent pas correctement aux exercices</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Ont obtenu de bons r&eacute;sultats</p> </td> <td> <p>Sauf des cas rares, ils ont de mauvais r&eacute;sultats</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Ont la volont&eacute; d&rsquo;apprendre le FLE</p> </td> <td> <p>N&rsquo;ont aucune volont&eacute; d&rsquo;apprendre le FLE</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Parlent couramment et font appel &agrave; la langue fran&ccedil;aise lors de leurs interactions de classe</p> </td> <td> <p>Ne font pas appel &agrave; la langue fran&ccedil;aise lors de leurs interactions de classe</p> </td> </tr> </tbody> </table> <h2>Conclusion</h2> <p>A travers cette &eacute;tude, nous avons voulu mettre l&rsquo;accent sur les repr&eacute;sentations langagi&egrave;res et la dimension subjective de l&rsquo;apprentissage du FLE chez les locuteurs alg&eacute;riens, plus pr&eacute;cis&eacute;ment chez les apprenants alg&eacute;riens de la premi&egrave;re ann&eacute;e secondaire (ceux de notre terrain d&rsquo;enqu&ecirc;te). Tout en mettant l&rsquo;accent sur l&rsquo;influence des repr&eacute;sentations sur l&rsquo;apprentissage du FLE, nous avons conclu que l&rsquo;appropriation et la volont&eacute; d&rsquo;apprendre une langue repose sur l&rsquo;amour ou le rejet de cette langue. Ces quelques constats am&egrave;nent cependant &agrave; consid&eacute;rer que les repr&eacute;sentations positives et n&eacute;gatives &nbsp;des apprenants&nbsp; conditionnent l&rsquo;apprentissage et l&rsquo;expression en langue fran&ccedil;aise, ce qui fait de&nbsp; l&rsquo;apprentissage, un acte subjectif.</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p>ABBES KARA, Atika, &nbsp;KEBBAS, Malika, &nbsp;OULEBSIR, Kamilia, <i>Contacts de langues et communication &nbsp;m&eacute;diatis&eacute;e par ordinateur (CMO)</i>, Alger, Socles, 2013.&nbsp;</p> <p>ASSELAH- RAHAL, Safia, <i>Plurilinguisme et migration</i>, Paris, l&rsquo;Harmattan, 2004.</p> <p>BENRABAH, Mohamed, <i>Langues et pouvoir en Alg&eacute;rie- Histoire d&rsquo;un traumatisme linguistique</i>, &nbsp;Paris, Edition S&eacute;guier, 1999.</p> <p>BERGHOUT, Noujoud, R&eacute;flexions sur les pratiques linguistiques et l&rsquo;alternance codique dans le &nbsp;discours de locuteurs chaoui&nbsp;: Repr&eacute;sentations spatiales et communication urbaine. Th&egrave;se de doctorat en sociolinguistique, sous la direction de&nbsp; Kara, Atika et de Bulot, Thiery, Ecole Nationale Sup&eacute;rieure des Lettres et Sciences, Alger, 2009.</p> <p>CHIBANE, Rachid, Culture, jeunes et plurilinguisme &agrave; Tizi-Ouzou&nbsp;: pratiques francophones d&rsquo;un micro-r&eacute;seau social. &nbsp;Th&egrave;se de doctorat en sociolinguistique, sous la direction de Haddadou, Mohamed-Akli et Bulot, Thiery, Universit&eacute; de Tizi-Ouzou, Volume 1. Tizi-Ouzou, 2015.</p> <p>DERRADJI, Yacine, &laquo; Vous avez dit Langue &Eacute;trang&egrave;re, le fran&ccedil;ais en Alg&eacute;rie? &raquo;, in Castellotti V. (dir.) &amp; Chalabi H. (dir.), <i>Le fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re et seconde: des paysages didactiques en contexte</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2006.</p> <p>GRANDGUILLAUME, Gilbert, &laquo; Le maghreb confront&eacute; &agrave; l&rsquo;islamisme&nbsp;: Arabisation et d&eacute;magogie en Alg&eacute;rie &raquo;, Paris, Le monde diplomatique,&nbsp; 1997.</p> <p>GRANDGUILLAUME, Gilbert, <i>Arabisation et politique linguistique au Maghreb</i>, Paris, &eacute;d. Gp Maisonneuve et Larose, 1983.</p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><small><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Selon Cuq et Gruca, 2002.</span></span></span></span></small></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><small><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Article 3 de la Constitution de 1962, cit&eacute; par Chibane, 2015.</span></span></span></small></p> </div> </div>