<h2 style="text-align: justify;">Introduction</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cet article porte sur le contexte particulier de l&rsquo;enseignement de langues menac&eacute;es de disparition. Il est bas&eacute; sur des observations de terrain, en France, au Nicaragua et en Oregon, de langues en danger (LED), et plus particuli&egrave;rement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es. Dans les cas les plus favorables, il reste aujourd&rsquo;hui quelques locuteurs &acirc;g&eacute;s, mais le panel des situations sociolinguistiques prises en compte s&rsquo;&eacute;tend jusqu&rsquo;aux cas de langues qui ne sont plus parl&eacute;es, langues qualifi&eacute;es de &laquo;&nbsp;dormantes&nbsp;&raquo; (<i>dormant</i> or <i>sleeping languages</i> dans la litt&eacute;rature en anglais). Sur chacun de ces terrains, des projets de revitalisation sont en cours, et ils int&egrave;grent un volet sur l&rsquo;enseignement de ces langues. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le propos de cet article est de montrer, &agrave; travers l&rsquo;analyse contrastive de ces diff&eacute;rents contextes sociolinguistiques, que l&rsquo;enseignement de LED pr&eacute;sente d&rsquo;importantes sp&eacute;cificit&eacute;s par rapport aux situations d&rsquo;enseignement de langue plus classiques, sp&eacute;cificit&eacute;s encore accrues pour les langues tr&egrave;s menac&eacute;es ou dormantes. L&rsquo;analyse de ces situations interroge n&eacute;cessairement la figure et le r&ocirc;le du sujet, apprenant ou enseignant, acteurs engag&eacute;s dans un projet collectif pour revitaliser la langue ancestrale, et attach&eacute;s &agrave; elle par des liens affectifs et identitaires puissants et par un sentiment de responsabilit&eacute; envers son avenir. Alors que l&rsquo;usage quotidien de la langue a disparu, rendant quasiment impossible le recours &agrave; l&rsquo;immersion pour l&rsquo;apprentissage, l&rsquo;observation des pratiques didactiques attest&eacute;es localement am&egrave;nent &agrave; questionner aussi la finalit&eacute; de l&rsquo;enseignement, les types de comp&eacute;tences &agrave; transmettre/apprendre ou le sens m&ecirc;me de ce que signifie &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo; la langue pour les diff&eacute;rents acteurs. Ces observations montrent que les hypoth&egrave;ses implicites sur lesquelles reposent les<i> </i>m&eacute;thodes et les mod&egrave;les didactiques dominants se r&eacute;v&egrave;lent peu appropri&eacute;es pour ce type de contextes d&rsquo;enseignement<i>.</i> Ces r&eacute;flexions s&rsquo;inscrivent dans la th&eacute;matique g&eacute;n&eacute;rale des langues en danger, qui a pris une importance grandissante dans la sph&egrave;re acad&eacute;mique comme du point de vue soci&eacute;tal, depuis plus de deux d&eacute;cennies (Hinton et Roche, 2018). La prise de conscience par la communaut&eacute; scientifique de la menace pesant sur la diversit&eacute; linguistique dans le monde s&rsquo;est g&eacute;n&eacute;ralis&eacute; &agrave; partir des ann&eacute;es 1990 (Craig, 1992; Hale, 1992; Tsunoda, 2006). Depuis, l&rsquo;ampleur du ph&eacute;nom&egrave;ne de disparition des langues a pu &ecirc;tre &eacute;valu&eacute;, et il s&rsquo;av&egrave;re extr&ecirc;mement important, puisqu&rsquo;on consid&egrave;re que plus de la moiti&eacute; des langues parl&eacute;es aujourd&rsquo;hui risque de s&rsquo;&eacute;teindre au cours de ce si&egrave;cle car ces langues ne sont plus apprises et parl&eacute;es par les enfants de nos jours. Dans certaines r&eacute;gions du monde, c&rsquo;est m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; 90% des langues qui semble vou&eacute;es &agrave; dispara&icirc;tre, comme en Am&eacute;rique du Nord par exemple (Delancey, 2010&nbsp;; Hinton, Huss, et Roche 2018; Krauss, 1992; Nettle et Romaine, 2000; UNESCO, 2003). Face &agrave; ce constat, un champ de la linguistique d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des Langues En Danger s&rsquo;est peu &agrave; peu construit et institutionnalis&eacute; (Grinevald et Costa, 2010) . Il s&rsquo;est constitu&eacute; autour des domaines de la description de LED, de leur documentation et de l&rsquo;archivage des corpus collect&eacute;s, puis ensuite seulement, et apr&egrave;s quelques r&eacute;ticences institutionnelles et acad&eacute;miques, il a pris en compte la question de la revitalisation de LED (Austin et Sallabank, 2011; Hinton <i>et al</i>. 2018). Parall&egrave;lement, de nombreux projets de revitalisation ont d&eacute;marr&eacute; durant ces d&eacute;cennies, des mod&egrave;les et m&eacute;thodes de transmission de LED ont &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute;s, et une r&eacute;flexion plus critique sur la notion m&ecirc;me de revitalisation a &eacute;merg&eacute; (Cameron, 2007; Costa, 2010, 2013, 2016; Duch&ecirc;ne et Heller, 2008).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le terme &laquo;&nbsp;revitalisation&nbsp;&raquo; sera employ&eacute; dans cet article pour d&eacute;signer les diff&eacute;rents types de projets visant &agrave; favoriser le maintien ou le d&eacute;veloppement d&rsquo;une langue per&ccedil;ue comme menac&eacute;e par les membres de la communaut&eacute; linguistique. Cet emploi du terme &laquo;&nbsp;revitalisation&nbsp;&raquo; dans un sens g&eacute;n&eacute;ral englobe non seulement les projets destin&eacute;s &agrave; favoriser l&rsquo;augmentation de l&rsquo;usage de cette langue et l&rsquo;accroissement du nombre de ses locuteurs, mais aussi toutes les tentatives portant sur l&rsquo;am&eacute;lioration de son statut, de sa reconnaissance ou de sa visibilit&eacute;. Nous ne restreignons pas la revitalisation &agrave; un processus linguistique mais nous la consid&eacute;rons comme un ph&eacute;nom&egrave;ne social (voir&nbsp;Costa, 2010; Pivot, 2014b). En France, le terme &laquo;&nbsp;revitalisation&nbsp;&raquo; &eacute;tait, jusqu&rsquo;&agrave; r&eacute;cemment, rarement utilis&eacute; pour d&eacute;signer les efforts en faveur de la reconnaissance et de l&rsquo;enseignement des langues minoritaires, car ces mouvements de promotion des &laquo;&nbsp;langues r&eacute;gionales&nbsp;&raquo;, d&eacute;but&eacute;s beaucoup plus t&ocirc;t, rel&egrave;vent d&rsquo;une autre tradition de recherche et de militantisme que celle qui s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;e plus r&eacute;cemment autour de la th&eacute;matique des LED. En ce sens, la revitalisation de LED recouvre donc &eacute;galement les efforts conduits en faveur des langues r&eacute;gionales en France.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;enseignement joue un r&ocirc;le tr&egrave;s important pour un grand nombre de projets de revitalisation. En effet, l&rsquo;&eacute;cole est tr&egrave;s souvent per&ccedil;ue comme le moyen de pallier l&rsquo;abandon progressif de la transmission interg&eacute;n&eacute;rationnelle de la langue</span></span><sup><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. La litt&eacute;rature scientifique dans le domaine de l&rsquo;enseignement de LED a d&eacute;j&agrave; montr&eacute; qu&rsquo;il pr&eacute;sentait des caract&eacute;ristiques particuli&egrave;res (Costa, 2014; Hinton, 2008, 2011; Hornberger, 2010), mais il existe peu de publications portant sp&eacute;cifiquement sur les contextes de langues tr&egrave;s menac&eacute;es ou m&ecirc;me &laquo;&nbsp;dormantes&nbsp;&raquo; (Baldwin et Costa, 2018; Hinton, 2001), sur leurs diff&eacute;rences par rapport aux contextes d&#39;apprentissage de langues secondes ou de langues d&#39;origine, ou sur l&rsquo;importance de la dimension identitaire et affective pour les acteurs (enseignants ou apprenants) de l&rsquo;enseignement de LED. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces deux th&egrave;mes, &eacute;troitement li&eacute;s, sont trait&eacute;s dans cet article selon une approche contrastive des situations de LED d&eacute;velopp&eacute;e au laboratoire Dynamique Du Langage (DDL), puis poursuivie et approfondie au sein d&rsquo;un r&eacute;seau de recherche international nomm&eacute; <i>Language Revitalization Network</i> (LRN)</span></span><sup><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Cet article repose sur une approche interdisciplinaire entre linguiste (M. Bert), sociolinguiste (B. Pivot) et didacticienne de langue (K. Yerian). Il est le fruit des r&eacute;flexions collectives entre les partenaires fran&ccedil;ais et d&rsquo;Oregon du r&eacute;seau LRN, aliment&eacute;es par les acteurs locaux avec lesquels nous sommes en dialogue en France, au Nicaragua et en Oregon</span></span><sup><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le texte qui suit propose d&rsquo;abord 1) une pr&eacute;sentation contrastive des trois situations sociolinguistiques de LED envisag&eacute;es pour cette contribution, qui mettra en &eacute;vidence les similarit&eacute;s qu&rsquo;elles partagent malgr&eacute; des contextes socio-historiques tr&egrave;s diff&eacute;rents. Sur cette base, il pr&eacute;sente 2) les particularit&eacute;s de l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es, en soulignant en premier lieu l&rsquo;importance de la dimension affective et identitaire pour les diff&eacute;rents acteurs de l&rsquo;enseignement. Il aborde ensuite la question des ressources pour l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es puis il d&eacute;crit ensuite les pratiques et les contenus de l&rsquo;enseignement de LED attest&eacute;es sur les trois terrains d&rsquo;&eacute;tude. Enfin 3) la derni&egrave;re partie pointe les limites des mod&egrave;les d&rsquo;enseignement de langues pour la revitalisation des langues tr&egrave;s menac&eacute;es. Nous concluons en proposant quelques pistes &agrave; envisager pour concevoir une didactique plus adapt&eacute;e &agrave; ces contextes d&rsquo;enseignement particuliers.</span></span></p> <h2>1. Pr&eacute;sentation contrastive des terrains d&rsquo;&eacute;tude</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les r&eacute;flexions conduites au sein de l&rsquo;&eacute;quipe LED TDR se basent sur des situations de LED nombreuses et tr&egrave;s diversifi&eacute;es. La pr&eacute;sente discussion s&rsquo;appuie principalement sur trois cas d&rsquo;&eacute;tude, le francoproven&ccedil;al en France, le rama au Nicaragua et certaines des langues indig&egrave;nes du Nord-ouest des &Eacute;tats-Unis. Sur ces trois terrains, des chercheurs du r&eacute;seau LRN d&eacute;crivent et accompagnent depuis au moins deux d&eacute;cennies des projets de revitalisation engag&eacute;s pour soutenir des langues tr&egrave;s menac&eacute;es.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans une perspective contrastive, nous pr&eacute;sentons pour chacun des cas d&eacute;crits ci-dessous, la localisation et l&rsquo;extension des langues, les populations et leurs histoires, la vitalit&eacute; et le statut des langues, les enjeux sociopolitiques &agrave; l&rsquo;origine des projets de revitalisation, et nous terminons par de br&egrave;ves indications sur le contact linguistique entre les langues menac&eacute;es et la ou les langue(s) dominante(s).</span></span></p> <h3>1.1 Le francoproven&ccedil;al</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le francoproven&ccedil;al est l&rsquo;une des langues r&eacute;gionales parl&eacute;es en France m&eacute;tropolitaine. D&eacute;couverte tardivement (Ascoli, 1873), maladroitement nomm&eacute;e puisque son nom &eacute;voque le m&eacute;lange de deux langues, c&rsquo;est une langue m&eacute;connue du grand public mais aussi de ses locuteurs eux-m&ecirc;mes. En effet, parmi ces derniers, beaucoup ignorent le nom utilis&eacute; par les scientifiques pour d&eacute;signer leur langue, et que leur parler local, qu&rsquo;ils nomment <i>patois</i>, appartient &agrave; ce qui est consid&eacute;r&eacute; comme un m&ecirc;me ensemble linguistique s&rsquo;&eacute;tendant en France, en Suisse et en Italie. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En France, situation que nous consid&eacute;rons ici, la vitalit&eacute; du francoproven&ccedil;al est tr&egrave;s faible. La langue n&rsquo;est plus parl&eacute;e dans les villes depuis un si&egrave;cle au moins. Les locuteurs pour qui le francoproven&ccedil;al a &eacute;t&eacute; la langue de premi&egrave;re socialisation sont aujourd&rsquo;hui tr&egrave;s peu nombreux, et ils sont tr&egrave;s &acirc;g&eacute;s. Les locuteurs ayant encore des connaissances dans la langue sont majoritairement des personnes &acirc;g&eacute;es de plus de 60 ans, qui ont entendu la langue surtout durant leur enfance mais qui l&rsquo;ont peu utilis&eacute;e eux-m&ecirc;mes. L&rsquo;usage du francoproven&ccedil;al en tant que langue du quotidien a pratiquement disparu (voir Bert et Costa, 2009, pour la situation au d&eacute;but de XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle). Si la honte li&eacute;e &agrave; la langue est devenue moins fr&eacute;quente, les souvenirs des punitions subies &agrave; l&rsquo;&eacute;cole par les parents ou les grands-parents sont encore vivaces parmi les g&eacute;n&eacute;rations les plus &acirc;g&eacute;es.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le statut officiel du francoproven&ccedil;al est ambigu. L&rsquo;Etat fran&ccedil;ais a lutt&eacute; pour imposer le fran&ccedil;ais sur l&rsquo;ensemble de son territoire, en cherchant &agrave; rel&eacute;guer les diff&eacute;rentes langues r&eacute;gionales &agrave; la sph&egrave;re du priv&eacute;, et ces langues ont cess&eacute; peu &agrave; peu d&rsquo;&ecirc;tre transmises aux enfants. Aujourd&rsquo;hui, la reconnaissance et l&rsquo;enseignement des langues r&eacute;gionales restent tr&egrave;s limit&eacute;s (Alen-Garabato et Cellier, 2009). Dans le cas du francoproven&ccedil;al, la langue est reconnue comme une &laquo;&nbsp;langue de France</span></span><sup><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&raquo; par le Minist&egrave;re de la Culture, mais celui de l&rsquo;&Eacute;ducation nationale refuse toujours son enseignement &agrave; l&rsquo;&eacute;cole.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La R&eacute;gion Rh&ocirc;ne-Alpes, dans laquelle se situe l&rsquo;essentiel du domaine francoproven&ccedil;al fran&ccedil;ais, a officiellement reconnu la langue en 2009 (Conseil R&eacute;gional Rh&ocirc;ne-Alpes, 2009), et elle a lanc&eacute; une politique linguistique en sa faveur (Bert et Martin, 2012. La motivation principale de la R&eacute;gion &eacute;tait la promotion du plurilinguisme, &agrave; travers les langues r&eacute;gionales, mais aussi les langues d&rsquo;immigration. Mais en 20<span style="color:black">16</span> la R&eacute;gion a &eacute;t&eacute; &eacute;tendue, englobant dor&eacute;navant l&rsquo;Auvergne</span></span><sup><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Le gouvernement r&eacute;gional a alors chang&eacute;, et depuis, la politique linguistique r&eacute;gionale est beaucoup moins ambitieuse.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Au niveau local, il n&rsquo;existe pas de tradition militante ancienne en faveur de la langue, contrairement &agrave; l&rsquo;occitan ou au breton par exemple, faute de sentiment d&rsquo;appartenance &agrave; un m&ecirc;me ensemble linguistique et culturel. Les premiers chercheurs qui ont travaill&eacute; sur le francoproven&ccedil;al &eacute;taient majoritairement des non-locuteurs, et ils travaillaient essentiellement en linguistique. Sur le terrain, les premiers mouvements organis&eacute;s autour de la langue sont apparus en Savoie dans les ann&eacute;es 1970. &Agrave; cette &eacute;poque l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais a cr&eacute;&eacute; les diff&eacute;rentes R&eacute;gions, et certains savoyards, soutenant l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une R&eacute;gion Savoie, ont lutt&eacute; pour que les deux d&eacute;partements savoyards ne soient pas englob&eacute;s dans ce qui allait devenir la R&eacute;gion Rh&ocirc;ne-Alpes (Auzias <i>et al</i>., 1983). Le francoproven&ccedil;al de cette r&eacute;gion, parfois appel&eacute; <i>savoyard</i>, a &eacute;t&eacute; mis en avant comme un particularisme culturel susceptible d&rsquo;aider &agrave; la reconnaissance de cette r&eacute;gion. Finalement, ils ne purent obtenir gain de cause, mais depuis, les groupes francoproven&ccedil;aux locaux se sont multipli&eacute;s, avoisinant aujourd&rsquo;hui la cinquantaine sur l&rsquo;ensemble du territoire francoproven&ccedil;al fran&ccedil;ais. Ces associations sont tr&egrave;s actives au plan local mais souvent peu revendicatives (Bert et Pivot, 2015).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La langue est g&eacute;n&eacute;tiquement et typologiquement proche du fran&ccedil;ais, mais sa prosodie paroxytonique la rapproche des autres langues romanes. Contrairement &agrave; ce qui peut se passer dans la moiti&eacute; nord de la France pour les diff&eacute;rentes langues d&rsquo;o&iuml;l, pratiquement aucun locuteur ne d&eacute;crit le francoproven&ccedil;al comme du fran&ccedil;ais &laquo;&nbsp;d&eacute;form&eacute;&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&eacute;corch&eacute;&nbsp;&raquo; ou comme de l&rsquo;&laquo;&nbsp;ancien fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;. M&ecirc;me s&rsquo;ils peuvent encore h&eacute;siter &agrave; consid&eacute;rer le francoproven&ccedil;al comme une &laquo;&nbsp;vraie langue&nbsp;&raquo;, les locuteurs ne pensent pas qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;une vari&eacute;t&eacute; de fran&ccedil;ais. Le francoproven&ccedil;al est une langue &agrave; tradition orale, et s&rsquo;il existe quelques &eacute;crits anciens dans cette langue, ils ne sont en g&eacute;n&eacute;ral pas connus des locuteurs. Pr&eacute;sentant une tr&egrave;s grande diversit&eacute; dialectale, le francoproven&ccedil;al n&rsquo;a jamais connu de graphie commune. Les propositions actuelles (graphie de Stich (Stich, 2001) ou de Conflan) sont ignor&eacute;es des locuteurs et elles ne font pas consensus au sein des groupes locaux&nbsp;: chacun d&rsquo;eux tend &agrave; utiliser un syst&egrave;me se voulant le reflet de la prononciation locale (Bichurina <i>et al</i>., 2018; Pivot et Bert, 2016).</span></span></p> <h3>1.2 Le rama</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le rama est une langue parl&eacute;e au Nicaragua. Il fait partie des langues indig&egrave;nes qui ont r&eacute;ussi &agrave; perdurer dans la partie est du pays, sur la c&ocirc;te Atlantique. Parmi ces langues, le rama est celle qui est situ&eacute;e la plus au sud. Le rama est la langue de l&rsquo;ethnie du m&ecirc;me nom qui vit sur le littoral ou dans la jungle &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des terres. Le groupe ethnique des Rama a longtemps souffert d&rsquo;une tr&egrave;s forte discrimination, y compris de la part des autres groupes indig&egrave;nes, et cela reste encore le cas aujourd&rsquo;hui. Sous l&rsquo;influence de missionnaires moraves arriv&eacute;s &agrave; la fin du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle, les Rama ont peu &agrave; peu abandonn&eacute; leur langue au profit de la langue dominante de la r&eacute;gion, le <i>miskitu coast creol</i> (MCC). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De nos jours, seules une douzaine de personnes, en g&eacute;n&eacute;ral &acirc;g&eacute;es, maitrisent encore le rama au sein de cette population de 3000 personnes environ. Si la langue officielle du Nicaragua est l&rsquo;espagnol, la langue usuelle des Ramas est aujourd&rsquo;hui le MCC, un cr&eacute;ole &agrave; base anglaise parl&eacute; sur la c&ocirc;te atlantique. La population est encore peu alphab&eacute;tis&eacute;e, et si la langue d&rsquo;enseignement est officiellement l&rsquo;espagnol, c&rsquo;est tr&egrave;s souvent le <i>MCC </i>qui est employ&eacute; en classe.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Constitutionnellement, les langues indig&egrave;nes sont reconnues par l&rsquo;&Eacute;tat du Nicaragua. Au niveau r&eacute;gional, la C&ocirc;te Atlantique b&eacute;n&eacute;ficie d&rsquo;un statut d&rsquo;autonomie qui pr&eacute;voit que les langues et les langues indig&egrave;nes soient enseign&eacute;es, et fassent partie de programmes d&rsquo;enseignement interculturel bilingue (EIB) (Freeland, 2003). Cependant, le rama n&rsquo;&eacute;tant pas la langue de premi&egrave;re socialisation des enfants, ils ne b&eacute;n&eacute;ficient pas de ce programme (Grinevald et Pivot, 2013). Les cours de rama dispens&eacute;s b&eacute;n&eacute;volement et sporadiquement aux enfants au cours des trente derni&egrave;res ann&eacute;es sont le fait d&rsquo;engagements individuels pour &laquo;&nbsp;sauver&nbsp;&raquo; la langue.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Depuis les ann&eacute;es 1980, des efforts en faveur de la revitalisation de la langue ont &eacute;t&eacute; soutenus ou organis&eacute;s par C. Grinevald, auteure de la premi&egrave;re description linguistique de la langue, au sein du <i>Rama Language Project </i>(RLP) (Craig, 1992c, 1992b; Grinevald <i>et al</i>., 2009). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Quand la R&eacute;gion Atlantique a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e, les communaut&eacute;s indig&egrave;nes ont pu obtenir des droits sur leurs territoires ancestraux. Dans le cas des Rama, la langue rama a pris une soudaine importance, car avec le soutien du RLP, l&rsquo;identification des toponymes ramas a permis la d&eacute;marcation du domaine ancestral et sa reconnaissance comme territoire rama. Mais ce territoire subit actuellement diff&eacute;rentes menaces, comme le projet du Canal Sec, cens&eacute; doubler le Canal de Panama, ou l&rsquo;invasion par des colons venus de l&rsquo;Ouest qui d&eacute;frichent la for&ecirc;t pour implanter une agriculture intensive d&eacute;truisant les terres et les rivi&egrave;res. Dans ce contexte, la langue est un argument pouvant &ecirc;tre utilis&eacute; dans la lutte pour la protection du territoire (Grinevald et Kauffmann, 2006; Pivot, 2014a) Le rama est une langue dont l&rsquo;inventaire phonologique n&#39;est pas tr&egrave;s &eacute;loign&eacute; de celui de l&rsquo;espagnol ou du MCC (cr&eacute;ole &agrave; bas anglaise). M&ecirc;me si la structure SOV du rama le distingue de l&rsquo;anglais et de l&rsquo;espagnol, ces trois langues ne pr&eacute;sentent pas entre elles de diff&eacute;rences typologiques aussi importantes que la plupart des langues d&rsquo;Oregon avec l&rsquo;anglais (voir ci-dessous). De tradition orale, le rama ne dispose pas d&rsquo;&eacute;crits anciens. Une graphie a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e par C. Grinevald. Elle sert de base pour l&rsquo;enseignement de la langue, m&ecirc;me si elle n&rsquo;est pas toujours respect&eacute;e par les enseignants qui ne maitrisent pas les principes graphiques de la langue. </span></span></p> <h3>1.3 Les langues am&eacute;rindiennes d&rsquo;Oregon et du Nord Ouest des &Eacute;tats-Unis</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;Oregon est un &Eacute;tat des &Eacute;tats-Unis situ&eacute; sur la c&ocirc;te Pacifique, entre celui de Washington au Nord et celui de Californie au Sud. Cette r&eacute;gion du Nord Ouest des &Eacute;tats-Unis &eacute;tait une des plus riches du monde du point de vue de la diversit&eacute; linguistique (Delancey, 2010). Avant les premiers contacts avec les colons, de nombreux peuples am&eacute;rindiens vivaient dans cette r&eacute;gion, et ils parlaient des langues tr&egrave;s diverses, appartenant &agrave; des familles linguistiques diff&eacute;rentes (Berg, 2007).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La population am&eacute;rindienne repr&eacute;sente aujourd&rsquo;hui environ 1% de la population g&eacute;n&eacute;rale d&rsquo;Oregon. Il s&rsquo;agit des descendants de peuples qui ont &eacute;t&eacute; d&eacute;cim&eacute;s suite &agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e des premiers colons, il y a moins de deux cents ans. Les &eacute;pid&eacute;mies ont &eacute;t&eacute; l&rsquo;origine du d&eacute;c&egrave;s d&rsquo;une part tr&egrave;s importante de la population, parfois jusqu&rsquo;&agrave; 90%, et d&rsquo;autres d&eacute;c&egrave;s ont suivi suite aux guerres avec l&rsquo;arm&eacute;e f&eacute;d&eacute;rale, aux tueries parfois organis&eacute;es par certains colons ou &agrave; la malnutrition. Durant la deuxi&egrave;me moiti&eacute; du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle, les populations am&eacute;rindiennes de cette r&eacute;gion des &Eacute;tats-Unis ont &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute;es vers des R&eacute;serves, le plus souvent hors de leurs territoires d&rsquo;origine, r&eacute;unies arbitrairement entre elles, sur des espaces souvent restreints. Aucun des Trait&eacute;s cr&eacute;ant ces R&eacute;serves n&rsquo;a ensuite &eacute;t&eacute; respect&eacute;</span></span><sup><a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, et les R&eacute;serves ont vu peu &agrave; peu leur taille diminuer, jusqu&rsquo;&agrave; la politique conduite apr&egrave;s la Seconde Guerre mondiale, appel&eacute;e &laquo;&nbsp;Termination&nbsp;&raquo;, tr&egrave;s virulente en Oregon, durant laquelle des R&eacute;serves ont m&ecirc;me &eacute;t&eacute; dissoutes</span></span><sup><a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. L&rsquo;existence des langues ancestrales est un argument important pour soutenir les diverses d&eacute;marches de revendication de territoires ou de droits sp&eacute;cifiques. Elles sont un des &eacute;l&eacute;ments servant &agrave; prouver l&rsquo;authenticit&eacute; des groupes ethniques et la l&eacute;gitimit&eacute; de leurs demandes. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette histoire violente d&rsquo;expropriation et de d&eacute;portation, consid&eacute;r&eacute;e comme un g&eacute;nocide par certains Am&eacute;rindiens ou par des chercheurs, a engendr&eacute; un traumatisme qui perdure de nos jours&nbsp;: ce <i>trauma</i>, terme courant servant &agrave; le d&eacute;signer, est consid&eacute;r&eacute; comme &eacute;tant &agrave; l&rsquo;origine des nombreux probl&egrave;mes sociaux (addiction, d&eacute;linquance, ch&ocirc;mage&hellip;) ou du taux &eacute;lev&eacute; de suicide que connaissent certaines communaut&eacute;s.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;&Eacute;tat f&eacute;d&eacute;ral est l&rsquo;instance qui reconnait officiellement les R&eacute;serves am&eacute;rindiennes, consid&eacute;r&eacute;es comme des territoire autonomes, disposant chacune de leur propre gouvernement. Le <i>Tribal governement</i>, &eacute;lu par les membres adultes de la R&eacute;serve, g&egrave;re les domaines qui rel&egrave;vent de ses pr&eacute;rogatives. Celles-ci diff&egrave;rent selon les R&eacute;serves, des r&eacute;clamations aupr&egrave;s de la Cour Supr&ecirc;me ayant par exemple permis &agrave; certaines d&rsquo;obtenir r&eacute;cemment des droits suppl&eacute;mentaires</span></span><sup><a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Les pr&eacute;rogatives habituelles portent entre autres sur les crit&egrave;res d&rsquo;appartenance &agrave; la R&eacute;serve (avoir une ascendance venant de la tribu, selon un pourcentage d&rsquo;ascendants qui diff&egrave;rent selon les cas), et elles concernent aussi la gestion du territoire, celle des casinos</span></span><sup><a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> ou les affaires culturelles. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;enseignement dans les R&eacute;serves est organis&eacute; de la m&ecirc;me mani&egrave;re que le reste du territoire am&eacute;ricain, mais le gouvernement local peut d&eacute;cider de soutenir l&rsquo;enseignement d&rsquo;une ou plusieurs langues. En Oregon, une tribu peut parrainer une personne pour qu&#39;elle re&ccedil;oive une &quot;licence d&#39;enseignement des langues des Indiens d&#39;Am&eacute;rique&quot; et, &agrave; condition que cette personne satisfasse &agrave; d&#39;autres exigences l&eacute;gales, telles qu&#39;un examen d&rsquo;<i>ethic</i>, elle peut alors enseigner la langue en question sans avoir besoin d&#39;obtenir la <i>regular teaching license</i>.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La vitalit&eacute; des langues d&rsquo;Oregon diff&egrave;re selon les cas consid&eacute;r&eacute;s, mais toutes ces langues sont actuellement tr&egrave;s menac&eacute;es. Ceci s&rsquo;explique par l&rsquo;histoire &eacute;voqu&eacute;e plus haut des populations qui parlaient ces langues, ainsi que par la politique f&eacute;d&eacute;rale des internats (<i>boarding schools</i></span></span><sup><a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">). Parmi la douzaine de langues pour lesquelles il existe des collaborations avec NILI, seules quelques-unes ont encore des locuteurs natifs, et tous sont des personnes &acirc;g&eacute;es (par ex. la langue Ichishki&iacute;n, R&eacute;serve de Warm Springs). Dans d&rsquo;autres cas, la langue subsiste sous la forme de phrases fig&eacute;es et de mots rest&eacute;s dans la m&eacute;moire des plus anciens. Enfin, la langue a pu dispara&icirc;tre &agrave; date plus ou moins r&eacute;cente (cas des &laquo;&nbsp;sleeping languages&nbsp;&raquo;). La demande sociale de revitalisation est souvent soutenue par le gouvernement de la R&eacute;serve (exemple de la R&eacute;serve <i>Confederated Tribes of Coos, Lower Umpqua and Siuslaw Indians</i>, Oregon) ou par la tribu quand celle-ci ne dispose pas/plus de R&eacute;serve officielle. Dans certains cas, de nouveaux locuteurs, aux comp&eacute;tences plus ou moins &eacute;tendues, ont pu appara&icirc;tre.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Du point de vue linguistique, la distance entre les langues d&rsquo;Oregon et l&rsquo;anglais est en g&eacute;n&eacute;ral tr&egrave;s importante&nbsp;: l&rsquo;inventaire phonologique de ces langues est beaucoup plus riche, et la morphosyntaxe tr&egrave;s diff&eacute;rente et tr&egrave;s complexe</span></span><sup><a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Les langues des communaut&eacute;s indig&egrave;nes sont des langues &agrave; tradition orale. Pour certaines d&rsquo;entre elles, des analyses linguistiques et des dictionnaires ont &eacute;t&eacute; r&eacute;dig&eacute;s durant ces derni&egrave;res d&eacute;cennies, mais pour d&rsquo;autres, les descriptions sont tr&egrave;s lacunaires. Les graphies standardis&eacute;es, quand elles existent, sont tr&egrave;s r&eacute;centes. Les donn&eacute;es anciennes (&eacute;crits de missionnaires ou d&rsquo;anthropologues par exemple) et d&rsquo;&eacute;ventuels enregistrements anciens sont donc des sources tr&egrave;s pr&eacute;cieuses pour les communaut&eacute;s. Le programme <i>Recovering Voices</i> dirig&eacute; par G. P&eacute;rez B&aacute;ez (voir la note <span style="color:black">2</span> d&eacute;crivant le r&eacute;seau LRN) peut fournir une aide pour les localiser et les exploiter.</span></span></p> <h3>1.4 Similarit&eacute;s entre les trois cas d&rsquo;&eacute;tude</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les trois situations de LED envisag&eacute;es ici s&rsquo;inscrivent dans des contextes sociopolitiques tr&egrave;s diff&eacute;rents, mais elles partagent des traits communs, caract&eacute;ristiques des situations de langues tr&egrave;s menac&eacute;es.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le niveau de vitalit&eacute; des langues est dans les trois cas tr&egrave;s faible aujourd&rsquo;hui (consid&eacute;r&eacute; au mieux comme &laquo;&nbsp;s&eacute;rieusement en danger&nbsp;&raquo; par l&rsquo;UNESCO</span></span><sup><a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">). S&rsquo;il reste encore des locuteurs pour qui la LED &eacute;tait langue maternelle ou co-maternelle, ils sont tr&egrave;s peu nombreux et &acirc;g&eacute;s, et m&ecirc;me parmi eux, tr&egrave;s peu parlent encore la langue de mani&egrave;re quotidienne. Souvent, les derni&egrave;res personnes connaissant la langue n&rsquo;en ont qu&rsquo;une connaissance partielle. Parfois, seuls quelques mots subsistent dans la m&eacute;moire de certains membres &acirc;g&eacute;s de la communaut&eacute;, et s&rsquo;ils les emploient, c&rsquo;est en les ins&eacute;rant dans la langue dominante. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans les trois cas, ces LED sont en contact avec une langue officielle, standardis&eacute;e et d&rsquo;usage international (fran&ccedil;ais, espagnol ou anglais). Toutefois, le rama illustre le cas d&rsquo;un double contact, puisque la langue d&rsquo;usage de la communaut&eacute; est un cr&eacute;ole, l&rsquo;espagnol &eacute;tant r&eacute;serv&eacute; aux domaines les plus formels, comme l&rsquo;&eacute;cole ou l&rsquo;administration. La distance linguistique entre LED et langue(s) dominante(s) varie selon les cas, ce qui peut influer sur l&rsquo;enseignement de la langue (voir ci-dessous). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les langues repr&eacute;sent&eacute;es ici sont toujours des langues minoris&eacute;es&nbsp;: m&ecirc;me si elles sont plus ou moins reconnues officiellement, leur statut l&eacute;gal est syst&eacute;matiquement inf&eacute;rieur &agrave; la langue dominante. Au mieux, elles b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;une certaine reconnaissance au niveau r&eacute;gional ou local. Dans les trois cas, les populations, dont ces langues sont les langues ancestrales, sont des populations minoris&eacute;es. Le niveau de minorisation d&eacute;pend &eacute;videmment des contextes socio-politiques. La discrimination est tr&egrave;s forte dans le cas de la communaut&eacute; rama et pour la population am&eacute;rindienne des &Eacute;tats-Unis. Mais une certaine inf&eacute;riorisation existe aussi dans le cas du francoproven&ccedil;al en France, o&ugrave; il existe une promotion tr&egrave;s pr&eacute;sente d&rsquo;une forme de culture &eacute;litiste, apanage d&rsquo;une population tr&egrave;s scolaris&eacute;e et plut&ocirc;t urbaine. La population rurale de culture populaire est m&ecirc;me parfois r&eacute;put&eacute;e &laquo;&nbsp;sans culture&nbsp;&raquo;&nbsp;! Nombre de personnes appartenant aux groupes locaux francoproven&ccedil;aux ressentent un sentiment de m&eacute;pris de la part de ceux qu&rsquo;ils identifient comme appartenant &agrave; une &eacute;lite</span></span><sup><a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[13]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans les trois situations d&eacute;crites ici, des efforts en faveur des LED ont &eacute;t&eacute; entrepris, car la conscience d&rsquo;une disparition possible s&rsquo;est g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e et ces langues ont acquis une importance particuli&egrave;re comme soutien possible dans une lutte pour la reconnaissance et la valorisation de groupes minoris&eacute;s. L&agrave; encore, les enjeux sont plus ou moins cruciaux selon les communaut&eacute;s&nbsp;: les revendications sont principalement d&rsquo;ordre culturel en France, alors qu&rsquo;elles concernent des droits politiques ou territoriaux vitaux dans les deux autres cas.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Des soutiens institutionnels, nationaux et/ou r&eacute;gionaux sont pr&eacute;sents, mais ces soutiens restent toujours relativement timides, g&eacute;n&eacute;ralement limit&eacute;s dans le temps et sur le plan des moyens accord&eacute;s. Les projets de revitalisation prennent des formes diff&eacute;rentes selon les pays, mais dans les trois cas l&rsquo;&eacute;cole est cens&eacute;e jouer un r&ocirc;le important dans le maintien et la perp&eacute;tuation des langues. Pourtant, l&rsquo;enseignement de ces langues reste assez marginal et touche relativement peu d&rsquo;enfants. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Parmi les sp&eacute;cificit&eacute;s de l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es par rapport aux enseignements de langues plus classiques, objet de la section suivante, la pr&eacute;sentation des trois terrains d&rsquo;&eacute;tudes qui pr&eacute;c&egrave;de laisse d&eacute;j&agrave; envisager l&rsquo;importance de la dimension affective et identitaires pour les personnes impliqu&eacute;es.</span></span></p> <h2>2. Particularit&eacute;s de l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les enjeux sociaux de la revitalisation de LED se situent dans le retour de la transmission des savoirs linguistiques et des pratiques langagi&egrave;res. Cette transmission, si elle est clairement identifi&eacute;e comme la cl&eacute; de la revitalisation dans les discours &eacute;pilinguistiques des acteurs de la revitalisation, devient probl&eacute;matique au moment de sa concr&eacute;tisation, de sa mise en actes. D&rsquo;une part, la transmission est envisag&eacute;e comme relevant essentiellement de l&rsquo;enseignement et non d&rsquo;autres pratiques de socialisation, d&rsquo;autre part, les efforts poursuivis dans le cadre de la revitalisation sont pens&eacute;s comme devant aboutir &agrave; la &laquo;&nbsp;cr&eacute;ation&nbsp;&raquo; de locuteurs fluants</span></span><sup><a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[14]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Dans ces deux perspectives, les attentes et les repr&eacute;sentations, calqu&eacute;es sur les mod&egrave;les sociaux de ce que sont les langues, de leur enseignement et de l&rsquo;&eacute;valuation de leur maitrise, conditionnent les projets et les discours de la revitalisation. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans le cas des langues tr&egrave;s menac&eacute;es, comme ceux que nous &eacute;tudions ici, la situation est rendue encore plus complexe en raison d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments sp&eacute;cifiques, que nous d&eacute;veloppons ci-dessous.</span></span></p> <h3>2.1 L&rsquo;importance de la dimension affective et identitaire</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La d&eacute;marche des enseignants et apprenants de langues tr&egrave;s menac&eacute;es s&rsquo;inscrit dans un projet commun de sauvegarde qui n&rsquo;est pas pr&eacute;sent dans les autres situations d&rsquo;enseignement de langue. En effet, il s&rsquo;agit d&rsquo;assurer une perp&eacute;tuation &agrave; ces langues qui ne sont pas ou presque plus parl&eacute;es. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans les situations &eacute;tudi&eacute;es ici, cet objectif est formul&eacute; diff&eacute;remment selon les cas&nbsp;: </span></span></p> <ul> <li style="text-align: justify;">pour le francoproven&ccedil;al, l&rsquo;expression la plus souvent employ&eacute;e au sein des groupes locaux est &laquo;&nbsp;faire vivre la langue&nbsp;&raquo;,</li> <li>pour le rama, l&rsquo;objectif est de &laquo;&nbsp;rescatar la lengua&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;sauver la langue&nbsp;&raquo;),</li> <li>et pour les langues d&rsquo;Oregon, il s&rsquo;agit de &laquo; revitalize the language &raquo; ou, dans le cas des langues dormantes, de &laquo;&nbsp;awaken the language &raquo; (&laquo;&nbsp;r&eacute;veiller la langue&nbsp;&raquo;).</li> </ul> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les apprenants et les enseignants sont donc &laquo;&nbsp;acteurs&nbsp;&raquo; de la revitalisation&nbsp;: par leurs efforts, ils envisagent de devenir les futurs membres d&rsquo;une communaut&eacute; linguistique qu&rsquo;il s&rsquo;agit de renforcer ou parfois de recr&eacute;er. Souvent militants ou activistes, au minimum membres engag&eacute;s dans un projet social commun, ils endossent la responsabilit&eacute; d&rsquo;apprendre et de transmettre la langue pour lui assurer un avenir. Le texte ci-dessous, issu du site des Confederated Tribes of Coos &ndash; Lower Umpqua &ndash; Siuslaw est repr&eacute;sentatif de cette d&eacute;marche&nbsp;:</span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:11.0pt">We are the living descendants of the Milluk, Hanis, Siuslaw and Lower Umpqua people. It is our duty to know, teach, promote and perpetuate our native languages to our children. For thousands of years we have spoken our own, unique language. It has only been in the last 150 years that the majority of us have lost it. Not of our choosing, though. Today we are still rebuilding what was lost. We are relearning our languages. We are fortunate to have tribal members who are dedicating so much of their time to teach themselves our languages that were lost to all of us. We are collectively bringing back our native languages that were taken from us not too long ago. Please join us in relearning the languages that belonged to your ancestors, and belong to you</span><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="EN-US" style="font-size:11.0pt"> </span></span></span></span><sup><a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[15]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le sentiment de responsabilit&eacute;, de devoir parfois, accentue fortement les effets d&rsquo;&eacute;ventuels sentiments d&rsquo;&eacute;chec &eacute;prouv&eacute;s lors de l&rsquo;apprentissage ou de l&rsquo;enseignement. Ce poids particulier se ressent tr&egrave;s nettement dans la formule employ&eacute;e lors d&rsquo;un cours aupr&egrave;s d&rsquo;&eacute;tudiants de l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Oregon, pour la plupart d&rsquo;origine indig&egrave;nes, par une enseignante d&rsquo;une langue dormante. Pour r&eacute;sumer le d&eacute;fi qu&rsquo;elle s&rsquo;est donn&eacute; dans la revitalisation, elle expliquait : &laquo;&nbsp;I have to learn, I have to teach, I have to speak&nbsp;&raquo; (mars 2019).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les motivations des acteurs de la revitalisation s&rsquo;expliquent parfois par un engagement politique, une lutte pour la reconnaissance de la langue et de la communaut&eacute; ressenties comme stigmatis&eacute;es. Cette lutte prend la forme d&rsquo;une revendication de &laquo;&nbsp;d&eacute;colonisation&nbsp;&raquo; dans le cas de l&rsquo;Oregon et au-del&agrave; de l&rsquo;ensemble des &Eacute;tats-Unis, o&ugrave; certains membres des tribus indig&egrave;nes ne se consid&egrave;rent pas comme faisant partie d&rsquo;une communaut&eacute; minoritaire, comme celle des afro-am&eacute;ricains par exemple, mais comme <i>first Americans</i>.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Quel que soit leur degr&eacute; d&rsquo;engagement politique, les acteurs de la revitalisation &eacute;prouvent tous un lien particulier &agrave; la langue, avec une dimension affective et identitaire tr&egrave;s forte. Ceci s&rsquo;accompagne souvent d&rsquo;un d&eacute;sir de r&eacute;paration du pr&eacute;judice, li&eacute; &agrave; la minorisation, parfois la prohibition, de la langue, subi par leurs ascendants. Cette langue dont ils se sentent priv&eacute;s les relie &agrave; leurs ascendants, &agrave; leur territoire et &agrave; la culture ancestrale, traditionnelle. Elle sert &agrave; conforter leur appartenance &agrave; un lieu, &agrave; des savoir-faire et un mode de vie, et leur attachement &agrave; un groupe de pairs. Ce lien tr&egrave;s puissant &agrave; la langue peut exister aussi chez les personnes impliqu&eacute;es dans l&rsquo;enseignement des &laquo;&nbsp;langues d&rsquo;origine&nbsp;&raquo;, ou des &laquo;&nbsp;<i>heritage languages</i>&nbsp;&raquo;, mais dans ces derniers cas, la langue reste bien vivante sur le territoire d&rsquo;origine. Pour les membres des langues tr&egrave;s menac&eacute;es, le d&eacute;sir de langue se double d&rsquo;une responsabilit&eacute;, parfois v&eacute;cue ou per&ccedil;ue comme un devoir, de &laquo;&nbsp;faire vivre&nbsp;&raquo; la langue, de la revitaliser, de la sauver. Dans ces contextes o&ugrave; la conscience de la disparition de la langue s&rsquo;est g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e, les vieux locuteurs natifs se sentent souvent les derniers d&rsquo;une longue lign&eacute;e d&rsquo;usagers de la langue, et l&rsquo;id&eacute;e que la langue s&rsquo;&eacute;teindra apr&egrave;s eux, qu&rsquo;elle ne sera plus jamais parl&eacute;e, g&eacute;n&egrave;re chez eux comme parmi certains de leurs descendants un sentiment de tristesse difficile &agrave; partager aupr&egrave;s des personnes non concern&eacute;es</span></span><sup><a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title="">[16]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette dimension affective et identitaire et le sentiment de responsabilit&eacute; vis-&agrave;-vis de l&rsquo;avenir de la langue expliquent l&rsquo;engagement pour la revitalisation de la langue. Mais cet engagement se heurte au manque chronique de ressources, en particulier pour l&rsquo;enseignement de la langue.</span></span></p> <h3>2.2 La question des ressources pour l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les LED sont en g&eacute;n&eacute;ral des langues minoritaires et minoris&eacute;es sur leurs territoires d&rsquo;origine. De ce fait, elles ne disposent pas des m&ecirc;mes soutiens et moyens que les langues dominantes. Les langues tr&egrave;s menac&eacute;es ou dormantes sont de plus confront&eacute;es &agrave; des besoins sp&eacute;cifiques li&eacute;es &agrave; leur fragilit&eacute; encore plus importante. Cette section abordera les questions des mat&eacute;riaux didactiques disponibles, des syst&egrave;mes graphiques et de la formation des enseignants.</span></span></p> <h4>2.2.1 Le manque de mat&eacute;riaux didactiques et didactisables</h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les LED, qui sont presque syst&eacute;matiquement des langues &agrave; tradition orale, sont souvent peu d&eacute;crites et peu document&eacute;es. Certaines des langues consid&eacute;r&eacute;es ici pourraient sembler au premier abord &ecirc;tre mieux dot&eacute;es, comme le francoproven&ccedil;al. Toutefois, bien qu&rsquo;&eacute;tudi&eacute; depuis plus d&rsquo;un si&egrave;cle, et proche de langues tr&egrave;s bien d&eacute;crites, comme le fran&ccedil;ais ou l&rsquo;occitan, la majorit&eacute; des travaux ont port&eacute;, &agrave; partir d&rsquo;atlas linguistiques ou de monographies, sur le lexique et la phonologie, et souvent pour d&eacute;crire la variation dialectale. Les &eacute;crits anciens sont beaucoup moins nombreux qu&rsquo;en occitan par exemple, et ils ont &eacute;t&eacute; r&eacute;dig&eacute;s dans des graphies diff&eacute;rentes selon les auteurs. Les enregistrements sont relativement peu nombreux, en particulier les enregistrements de conversations spontan&eacute;es, lesquelles sont devenues tr&egrave;s rares aujourd&rsquo;hui. Il existe donc peu de ressources pouvant servir &agrave; d&eacute;velopper des mat&eacute;riaux p&eacute;dagogiques, mat&eacute;riaux qui aujourd&rsquo;hui sont, pour le francoproven&ccedil;al en France, presque inexistants. Certains groupes ont parfois produit des supports pour &laquo;&nbsp;enseigner&nbsp;&raquo; la langue dans les &eacute;coles lors d&rsquo;ateliers de sensibilisation et il existe quelques initiatives port&eacute;es par d&rsquo;anciens instituteurs qui ont donn&eacute; le jour &agrave; des activit&eacute;s d&rsquo;enseignement formel, mais ces ressources sont isol&eacute;es et inconnues de celles et ceux qui n&rsquo;en sont pas les auteurs.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les ressources sur le rama sont encore moins nombreuses. La langue a fait l&rsquo;objet d&rsquo;une grammaire, mais cet &eacute;crit scientifique n&rsquo;est pas exploitable directement. Le RLP, programme de soutien &agrave; la revitalisation du rama, a d&eacute;velopp&eacute; quelques supports d&rsquo;enseignement, dont des petits manuels d&rsquo;apprentissage de la langue (voir &laquo;<i>&nbsp;let&rsquo;s speak rama</i>&nbsp;&raquo; ou &laquo;<i>&nbsp;Nuunik</i>&nbsp;&raquo; sur le site turkulka</span></span><sup><a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title="">[17]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">), mais les personnes souhaitant enseigner la langue ne les connaissent pas ou n&rsquo;y ont pas acc&egrave;s par manque d&rsquo;infrastructures (internet et ordinateurs). Les cours de langue qui sont sporadiquement donn&eacute;s aux enfants depuis 30 ans, reposent essentiellement sur une liste de mots (couleurs, nombres, animaux du quotidien, lexique de l&rsquo;environnement proche) &eacute;tablie au d&eacute;but du projet, et r&eacute;utilis&eacute;e depuis lors sans perspective de progression.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Certaines langues d&rsquo;Oregon ont &eacute;galement fait l&rsquo;objet r&eacute;cemment de descriptions dans le cadre de masters ou de th&egrave;ses, mais comme pour le rama, ces publications sont pour la plupart des analyses linguistiques peu exploitables directement pour un usage didactique. D&rsquo;autres langues d&rsquo;Oregon sont peu ou ne sont pas encore d&eacute;crites, et dans le cas des langues dormantes, les donn&eacute;es sur lesquelles s&rsquo;appuyer pour mener ces &eacute;tudes sont tr&egrave;s rares et parcellaires. Toutefois, quelques communaut&eacute;s ont r&eacute;ussi &agrave; d&eacute;velopper du mat&eacute;riel d&rsquo;apprentissage de leur langue et &agrave; dispenser un enseignement, limit&eacute;, dans des &eacute;coles, mais aussi &agrave; l&rsquo;universit&eacute; ou dans des contextes d&#39;&eacute;ducation communautaire. Le <i>Northwest Indian Language Institute</i> a &eacute;galement commenc&eacute; &agrave; &eacute;laborer des curriculums pour certaines langues, en collaboration avec des tribus et des &eacute;tudiants de l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Oregon, toutefois les soutiens institutionnels sont souvent de courtes dur&eacute;es et les moyens financiers restent limit&eacute;s.</span></span></p> <h4>2.2.2 Le probl&egrave;me de la norme graphique</h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;&eacute;criture est un m&eacute;dium en g&eacute;n&eacute;ral consid&eacute;r&eacute; comme incontournable pour l&rsquo;enseignement. Dans le cas des langues tr&egrave;s en danger, &agrave; tradition orale et comme on l&rsquo;a dit plus haut souvent tr&egrave;s peu document&eacute;es ou ayant peu de ressources &eacute;crites, l&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;une norme graphique pose un probl&egrave;me de taille au moment de produire les ressources d&rsquo;enseignement&nbsp;: quelle graphie choisir et par extension, quelle forme dialectale privil&eacute;gier&nbsp;? Quand il existe d&eacute;j&agrave; une graphie plus ou moins standardis&eacute;e, ici essentiellement le rama qui n&rsquo;a &eacute;t&eacute; d&eacute;crit et donc graphi&eacute; que par une seule personne, faisant alors de cette graphie la forme de r&eacute;f&eacute;rence, la graphie est r&eacute;cente et tr&egrave;s peu de personnes la ma&icirc;trisent v&eacute;ritablement. Pour le francoproven&ccedil;al, les productions contemporaines des diff&eacute;rents groupes locaux font apparaitre des variations importantes dans les graphies locales ou individuelles, qui sont bien souvent une transposition du syst&egrave;me phonographique du fran&ccedil;ais. Tr&egrave;s peu de membres des groupes ont recours aux syst&egrave;mes propos&eacute;s par des linguistes, et en particulier &agrave; celui bas&eacute; sur une approche pan dialectale (Stich, 2001). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De plus, comme souvent dans les situations de LED, on observe ce que N. Dorian a qualifi&eacute; d&rsquo;obsession de la variation g&eacute;ographique (Dorian 1982)&nbsp;: chacun souhaite &eacute;crire ce qu&rsquo;il prononce, reflet de sa propre variante g&eacute;ographique, mais aussi souvent de l&rsquo;&eacute;tat de langue qu&rsquo;il emploie ou conna&icirc;t (langue archa&iuml;que des derniers locuteurs natifs vs langue relativement &laquo;&nbsp;&eacute;volu&eacute;e&nbsp;&raquo;, plus ou moins influenc&eacute;e par la langue dominante, pour les locuteurs partiels).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La question de la graphie se pose donc au moment de produire des supports didactiques. Les acteurs de la revitalisation ne maitrisent pas toujours les principes linguistiques et sociolinguistiques sous-jacents au choix de la graphie, voire, ils ne maitrisent pas les graphies disponibles. De plus, les personnes maitrisant la langue ne sont parfois pas incluses dans les projets de production de mat&eacute;riel didactique. Si ce sont des locuteurs qui r&eacute;alisent eux-m&ecirc;mes ces supports, ils ne sont pas toujours form&eacute;s aux approches p&eacute;dagogiques.</span></span></p> <h4>2.2.3 L&rsquo;absence de ressources humaines et d&rsquo;usages</h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce qui caract&eacute;rise les situations de langues tr&egrave;s en danger c&rsquo;est la raret&eacute;, si ce n&rsquo;est l&rsquo;absence totale de locuteurs fluants, ou ayant assez de connaissances de la langue pour avoir la capacit&eacute; de produire des interactions dans des contextes tr&egrave;s diversifi&eacute;s, et pour pouvoir transmettre ce savoir. Ce manque de ressources humaines, ajout&eacute; &agrave; celui des ressources documentaires, conditionne les possibles en termes de transmission et d&rsquo;enseignement. En effet, la mise en place d&rsquo;activit&eacute;s et leur diversit&eacute; se trouvent limit&eacute;es, tout comme la formation des personnes susceptibles de les cr&eacute;er et de les animer. Il ne suffit pas de disposer de comp&eacute;tences linguistiques pour &ecirc;tre en mesure de les transmettre, soit pour des raisons administratives (ne peut pas enseigner qui veut en France par exemple, donc un locuteur qui n&rsquo;est pas lui-m&ecirc;me enseignant aura du mal &agrave; franchir les murs d&rsquo;une &eacute;cole et &agrave; transmettre son savoir aux enfants), soit pour des raisons p&eacute;dagogiques, &ecirc;tre locuteur ne garantissant pas le fait de savoir transmettre. Dans des contextes o&ugrave; les personnes ressources sont tr&egrave;s rares et g&eacute;n&eacute;ralement pas en situation de pouvoir former et transmettre, l&rsquo;enseignement devient une gageure. Les acteurs de la revitalisation, qui s&rsquo;engagent dans la transmission, souvent sans &ecirc;tre locuteur, se sentent g&eacute;n&eacute;ralement d&eacute;munis. Ils ressentent &agrave; la fois une ins&eacute;curit&eacute; linguistique plus ou moins importante, et une ins&eacute;curit&eacute; p&eacute;dagogique. <span style="color:black">En Oregon par exemple, le fait que certains enseignants, qui se qualifient d&rsquo;ailleurs parfois de <i>teacher-learners</i>, &eacute;prouvent ces sentiments d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; m&ecirc;me s&rsquo;ils enseignent leur langue ancestrale depuis plusieurs ann&eacute;es.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;absence d&rsquo;usage de la langue au quotidien et par un nombre significatif de personnes fluantes a comme cons&eacute;quence de ne pouvoir avoir recours &agrave; un enseignement immersif, comme cela peut &ecirc;tre le cas pour les exp&eacute;riences de <i>language nests</i> ou de <i>master-apprentice</i> par exemple (voir ci-dessous pour plus de d&eacute;tails). Comment envisager cette immersion si les enseignants ne sont pas eux-m&ecirc;mes locuteurs, ou &agrave; d&eacute;faut comp&eacute;tents dans les domaines requis par le contexte scolaire, et si le contact avec des locuteurs n&rsquo;est pas envisageable (Hinton, 2003)&nbsp;? Les tentatives d&rsquo;immersion, comme &agrave; Grande Ronde en Oregon ou dans le village de Bangkukuk Taik chez les Ramas, sont des exceptions qui en elles-m&ecirc;mes soulignent les limites de ces initiatives. Dans le premier cas, l&rsquo;immersion est en fait un temps de pratique linguistique limit&eacute; &agrave; certaines interactions et activit&eacute;s en classe de maternelle avec quelques enseignants ou assistants, mais qui n&rsquo;a pas de prolongement structurel dans les classes sup&eacute;rieures. Dans le deuxi&egrave;me cas, il s&rsquo;agit d&rsquo;une visite faite par les &eacute;l&egrave;ves de l&rsquo;&eacute;cole au domicile de la locutrice native du village pour qu&rsquo;elle leur parle en rama tout en effectuant ses t&acirc;ches domestiques quotidiennes. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A ces difficult&eacute;s s&rsquo;ajoute une autre particularit&eacute; de l&rsquo;enseignement de ces langues&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;enseigner une langue alors que l&rsquo;ensemble des acteurs, enseignants, apprenants ou locuteurs partagent tous une m&ecirc;me langue commune, la langue dominante, qu&rsquo;ils maitrisent mieux que la langue menac&eacute;e. Ces personnes ambitionnent donc de communiquer dans une langue dans laquelle ils se sentent souvent peu &agrave; l&rsquo;aise, en essayant d&rsquo;avoir recours le moins possible &agrave; la langue qu&rsquo;ils partagent et connaissent le mieux.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;ensemble des particularit&eacute;s de l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es conditionne les exp&eacute;riences d&rsquo;enseignement d&eacute;crites dans la section suivante. </span></span></p> <h3>2.3 Pratiques typiques et contenus de l&rsquo;enseignement</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les exp&eacute;riences d&rsquo;enseignement attest&eacute;es sur les trois terrains d&rsquo;&eacute;tudes pr&eacute;sentent de nombreuses similitudes.</span></span></p> <h4 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.3.1 Enseignement de la prononciation et pratiques de l&rsquo;&eacute;crit</span></span></h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans tous les cas, la prononciation de la langue est une des premi&egrave;res &eacute;tapes de l&rsquo;apprentissage, en association avec l&rsquo;acquisition de vocabulaire. Une attention particuli&egrave;re est en g&eacute;n&eacute;ral port&eacute;e &agrave; certains phones ou traits prosodiques (accentuation, syst&egrave;me tonal&hellip;) qui n&rsquo;existent pas dans la langue dominante et qui prennent alors une valeur symbolique et embl&eacute;matique de la langue. Alors m&ecirc;me que ce sont des langues &agrave; tradition orale et que l&rsquo;&eacute;crit est probl&eacute;matique pour la majorit&eacute; des locuteurs et des acteurs de la revitalisation, l&rsquo;apprentissage de la prononciation de la langue est fr&eacute;quemment associ&eacute; &agrave; la pratique scripturale. Ce recours &agrave; l&rsquo;&eacute;crit a lieu dans un contexte o&ugrave;, comme &eacute;voqu&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment, il y a tr&egrave;s souvent concurrence entre diff&eacute;rentes propositions de graphie, ce qui est parfois v&eacute;cu comme un probl&egrave;me car l&rsquo;id&eacute;ologie ambiante pr&ocirc;ne souvent la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une graphie unique, standardis&eacute;e, sur le mod&egrave;le de la langue dominante. L&rsquo;acceptation d&rsquo;une possible vari&eacute;t&eacute; de graphies, qui pourrait inclure la variation dialectale &agrave; laquelle beaucoup de personnes sont tr&egrave;s sensibles, n&rsquo;est pas toujours envisag&eacute;e. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La transmission de la phonologie comme son apprentissage rel&egrave;ve bien souvent d&rsquo;une pratique reconstitu&eacute;e, quand elle n&rsquo;est pas tout simplement r&eacute;invent&eacute;e par ceux qui enseignent la langue. En effet, en l&rsquo;absence d&rsquo;usage g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;, de rencontre possible avec des locuteurs natifs qui produisent les phon&egrave;mes permettant ainsi &agrave; l&rsquo;apprenant d&rsquo;entendre ceux qui sont diff&eacute;rents de son r&eacute;pertoire, la r&eacute;alisation phonologique de la langue tr&egrave;s menac&eacute;e d&eacute;pend g&eacute;n&eacute;ralement d&rsquo;une interpr&eacute;tation de la part de l&rsquo;enseignant, pouvant conduire &agrave; des &eacute;volutions notables.. Les Rama par exemple ont dans leur langue le phon&egrave;me pr&eacute;sent &agrave; la fin du mot <i>parking</i>. Mais ce phon&egrave;me peut se situer en d&eacute;but de mot, contrairement &agrave; l&rsquo;anglais. Les enseignants, qui ne sont pas form&eacute;es &agrave; la linguistique et qui n&rsquo;ont jamais entendu ce son en initial d&rsquo;un mot, &eacute;crivent bien le mot <i>ngaliis</i> (alligator) mais ils le prononcent [naliis] (Pivot et Chevrier 2015). Dans le cas de l&rsquo;Oregon, nombre de langues ont un syst&egrave;me phonologique tr&egrave;s complexe, dont certains sont totalement inconnus en anglais, comme les stops &eacute;jectifs ou les nombreuses vari&eacute;t&eacute;s de fricatives</span></span><sup><a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title="">[18]</a></sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Il est parfois difficile pour des <i>teacher-learners</i> de prononcer ces sons inconnus et de les distinguer &agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Dans le cas du francoproven&ccedil;al, la prosodie paroxytonique peut &eacute;galement poser probl&egrave;me &agrave; des enseignants habitu&eacute;s &agrave; ce que l&rsquo;accent soit toujours sur la syllabe finale.</span></span></p> <h4>2.3.2. Enseignement du vocabulaire et de la grammaire</h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;acquisition de la phon&eacute;tique de la langue repose sur l&rsquo;apprentissage de mots. Le vocabulaire appris est souvent constitu&eacute; de s&eacute;ries de mots de domaines s&eacute;mantiques comme les parties du corps, les animaux, les couleurs, les chiffres, ou relevant d&rsquo;actions sp&eacute;cifiques comme cuisiner. Le vocabulaire est en g&eacute;n&eacute;ral en relation avec certaines pratiques culturelles, des savoir-faire traditionnels comme, selon les contextes, p&ecirc;cher, construire un bateau, moissonner, battre le bl&eacute;, r&eacute;colter des plantes sauvages, tresser des paniers, etc&hellip;</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;enseignement de la &laquo;&nbsp;grammaire&nbsp;&raquo; tend lui-aussi &agrave; se focaliser sur certains aspects linguistiques particuliers consid&eacute;r&eacute;s comme embl&eacute;matiques, comme par exemple la conjugaison pour les groupes locaux francoproven&ccedil;aux, ou la construction du verbe dans certaines langues d&rsquo;Oregon. D&rsquo;autres aspects du syst&egrave;me linguistique tels que les caract&eacute;ristiques du discours, la pragmatique interactionnelle ou les fonctions sociales de la prosodie sont peu, ou ne sont jamais abord&eacute;es, ce qui n&rsquo;assure pas une acquisition permettant de s&rsquo;exprimer dans toutes les situations de communication. Comme rare contre-exemple, on peut toutefois citer le Chinuk Wawa mentionn&eacute; ci-dessus, qui est bien document&eacute;, et soutenu financi&egrave;rement gr&acirc;ce &agrave; divers fonds et acad&eacute;miquement par NILI. Cette langue parfois d&eacute;crite comme un cr&eacute;ole, poss&eacute;dant une morphosyntaxe peu complexe, dispose de classes monolingues qui ont permis l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de n&eacute;o-locuteurs capables d&rsquo;interagir dans la langue dans plusieurs domaines d&rsquo;usage. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans presque tous les cas, les apprenants, enfants ou adultes, acqui&egrave;rent un certain nombre de mots, de routines, de formules fig&eacute;es comme les salutations, qui sont utilis&eacute;es dans les interactions en langue dominante pour marquer l&rsquo;entre-soi, la connivence, les liens communautaires. Les chansons peuvent servir aussi aux m&ecirc;mes fins, qu&rsquo;elles soient profanes ou sacr&eacute;es comme parfois en Oregon, o&ugrave; existent aussi un apprentissage de textes oraux religieux employ&eacute;s lors des c&eacute;r&eacute;monies comme le PowWows.</span></span></p> <h4>2.3.3. Rapport &agrave; la langue et &agrave; la culture</h4> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si dans la plupart des cas, l&rsquo;enseignement ne permet pas aux apprenants de devenir des locuteurs totalement fluants, beaucoup consid&egrave;rent malgr&eacute; tout qu&rsquo;ils savent parler la langue. En effet, leur d&eacute;finition de &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo; ne renvoie pas &agrave; des comp&eacute;tences d&rsquo;interactions compl&egrave;tes, mais signifie qu&rsquo;ils &laquo;&nbsp;connaissent&nbsp;&raquo; la langue (ainsi &laquo;&nbsp;to know it&nbsp;&raquo; relev&eacute; aux Etats-Unis), qu&rsquo;ils peuvent parler &laquo;&nbsp;one-one word&nbsp;&raquo; (relev&eacute; chez les Rama). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En plus des connaissances linguistiques, l&rsquo;enseignement de langue permet, sur les trois terrains, de transmettre des &eacute;l&eacute;ments culturels, identitaires, comme la litt&eacute;rature orale ou les traditions ancestrales, et d&rsquo;aider &agrave; maintenir des savoir-faire et pratiques traditionnelles. Ces &eacute;l&eacute;ments sont consid&eacute;r&eacute;s comme une part essentielle de l&rsquo;enseignement. S&rsquo;y ajoutent l&rsquo;histoire de la langue, de son oppression. Ainsi par exemple, transmettre l&rsquo;histoire de l&rsquo;interdiction de la langue &agrave; l&rsquo;&eacute;cole est un des buts revendiqu&eacute;s par certains groupes francoproven&ccedil;aux, ou rappeler le traumatisme des <i>boarding-schools </i>est essentiel pour les Indiens. Au-del&agrave;, c&rsquo;est l&rsquo;histoire de la stigmatisation ou de l&rsquo;oppression des communaut&eacute;s, la colonisation, les d&eacute;portations, qui sont enseign&eacute;es avec et par la langue.</span></span></p> <h2>3. Les limites des mod&egrave;les d&rsquo;enseignement de langues pour la revitalisation des langues tr&egrave;s menac&eacute;es</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Au regard des caract&eacute;ristiques des langues tr&egrave;s en danger expos&eacute;es pr&eacute;c&eacute;demment, il apparait que la revitalisation pens&eacute;e comme devant se faire au travers d&rsquo;un enseignement de la langue fait &eacute;merger un certain nombre de questions quant &agrave; sa mise en pratique et &agrave; sa finalit&eacute;. L&rsquo;enseignement de ces langues, qu&rsquo;il soit ou non organis&eacute; dans un cadre scolaire, repose toujours sur des mod&egrave;les et des m&eacute;thodes qui ont &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute;s soit pour l&rsquo;enseignement des langues en g&eacute;n&eacute;ral, en fonction de leur statut (langue maternelle, langue seconde, langue &eacute;trang&egrave;re, langue de scolarisation, langue d&rsquo;origine), soit pour des contextes de revitalisation de langues dont la vitalit&eacute; permet encore certaines pratiques. Dans tous les cas, ces mod&egrave;les visent avant toute chose un usage communicationnel et interactionnel de la langue en situation usuelle. Ces mod&egrave;les et ces m&eacute;thodes sont inadapt&eacute;s aux situations de langues tr&egrave;s en danger puisqu&rsquo;ils ne prennent pas en compte leurs caract&eacute;ristiques sp&eacute;cifiques qui font une place importante aux valeurs embl&eacute;matiques et aux fonctions symboliques de ces langues. Pourtant, ils sont tellement pr&eacute;gnants qu&rsquo;ils ont fa&ccedil;onn&eacute; les repr&eacute;sentations des locuteurs et des acteurs, qui envisagent difficilement de pouvoir faire autrement. </span></span></p> <h3>3.1. Ce que &laquo;&nbsp;parler une langue&nbsp;&raquo; peut signifier en contexte de revitalisation</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un des points sur lesquels les m&eacute;thodes et les mod&egrave;les d&rsquo;enseignement existants viennent achopper, c&rsquo;est sur la notion de &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo; la langue, donc finalement sur leur finalit&eacute;. La revitalisation des langues en danger est en g&eacute;n&eacute;ral pens&eacute;e comme une action visant &agrave; &laquo;&nbsp;reparler&nbsp;&raquo; la langue et pose l&rsquo;enseignement comme le moyen d&rsquo;y parvenir. Les mod&egrave;les et les approches didactiques associent &agrave; la notion de parler une langue des comp&eacute;tences communicatives et pragmatiques qui s&rsquo;acqui&egrave;rent selon des logiques de progression et qui sont &eacute;valu&eacute;es &agrave; l&rsquo;aune de niveaux attest&eacute;s dans la r&eacute;alisation de t&acirc;ches communicatives &eacute;chelonn&eacute;es en fonction du but &agrave; atteindre, c&rsquo;est-&agrave;-dire les comp&eacute;tences d&rsquo;un locuteur natif id&eacute;alis&eacute;. Dans le cas des langues tr&egrave;s en danger, bien qu&rsquo;il soit envisageable dans certains cas et pour certains apprenants de devenir un locuteur fluant, il s&rsquo;agit plus g&eacute;n&eacute;ralement d&rsquo;apprendre des &laquo;&nbsp;blocs&nbsp;&raquo; de connaissances linguistiques, qui, outre le fait qu&rsquo;ils sont souvent le reflet de l&rsquo;&eacute;tat des connaissances disponibles sur la langue, renvoient aux usages symboliques de cette langue, afin par exemple de pouvoir montrer que la langue est encore pr&eacute;sente. Ce sont des &eacute;l&eacute;ments essentiels pour les apprenants, qui reposent sur le lien affectif qu&rsquo;ils ont avec la langue, sur leur d&eacute;sir de sauver la langue. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans le cas de langues tr&egrave;s menac&eacute;es, l&rsquo;objectif d&rsquo;apprendre &agrave; &laquo;&nbsp;parler la langue&nbsp;&raquo; prend un sens diff&eacute;rent. Les contextes d&#39;utilisation de la langue sont souvent tr&egrave;s limit&eacute;s et se r&eacute;sument parfois &agrave; des moments organis&eacute;s et d&eacute;di&eacute;s &agrave; cela. Ils ont parfois la forme assez traditionnelle de cours, avec plus ou moins d&rsquo;heures hebdomadaires, mais plus g&eacute;n&eacute;ralement, les pratiques langagi&egrave;res dans la langue ou &agrave; propos de la langue s&rsquo;effectuent lors de r&eacute;unions sociales entre acteurs de la revitalisation, ou de manifestations publiques organis&eacute;es par ces acteurs qui sont l&rsquo;occasion de mettre en sc&egrave;ne la langue, de la faire entendre (Bert et Pivot, 2015). Dans ces contextes, &ecirc;tre locuteur (ou parler la langue) rev&ecirc;t une signification qui peut aller de connaitre quelques mots isol&eacute;s &agrave; du lexique relevant de certaines th&eacute;matiques, de conna&icirc;tre quelques formules fig&eacute;es &agrave; &ecirc;tre capable de construire des phrases simples, voire bien entendu, poss&eacute;der des comp&eacute;tences plus d&eacute;velopp&eacute;es. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Contrairement aux cours de langues &eacute;trang&egrave;res classiques, il n&rsquo;existe pas de communaut&eacute; langagi&egrave;re cible plus large qui motiverait les apprenants &agrave; s&rsquo;investir dans l&rsquo;apprentissage pour un but communicatif. Dans les cas des langues tr&egrave;s menac&eacute;es, il n&rsquo;y a en effet aucun autre endroit o&ugrave; se rendre pour rencontrer quelqu&rsquo;un avec qui parler, il n&rsquo;y a aucun contexte naturel et spontan&eacute;, aucune raison ordinaire pour parler la langue.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par cons&eacute;quent, le fait de &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo; ne prend pas le m&ecirc;me sens que celui qui est donn&eacute; dans le cadre de l&rsquo;enseignement habituel des langues, o&ugrave; personne n&rsquo;imagine en g&eacute;n&eacute;ral, faute de mod&egrave;le alternatif, qu&rsquo;une langue pourrait &ecirc;tre utilis&eacute;e &agrave; d&rsquo;autres fins que comme m&eacute;dia de communication usuelle.</span></span></p> <h3>3.2. Les limites de l&rsquo;immersion pour les langues tr&egrave;s menac&eacute;es</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans cette optique de &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo; la langue, u<span style="color:black">n certain nombre d&rsquo;efforts de revitalisation &agrave; travers le monde se sont concentr&eacute;s sur la cr&eacute;ation de contextes dans lesquels les participants sont expos&eacute;s autant que possible &agrave; la langue cible. Ce sont par exemple les programmes d&rsquo;immersion tels que ceux mis en place &agrave; Hawa&iuml; ou en Nouvelle-Z&eacute;lande pour le Maoris, ou encore les programmes </span>&laquo;&nbsp;<i>master-apprentice</i>&nbsp;&raquo; qui sont d&eacute;velopp&eacute;s en Californie avec certaines tribus indiennes (Hinton, 2002, 2008, 2011; Hinton et Hale, 2001)<span style="color:black">.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Les mod&egrave;les immersifs, </span>souvent pr&eacute;sent&eacute;s comme les plus ad&eacute;quats pour relancer la transmission et former de nouveaux locuteurs, pr&eacute;supposent une exposition intensive &agrave; la langue. En France, ce sont les mod&egrave;les pris&eacute;s par les langues r&eacute;gionales telles que le breton avec les &eacute;coles Diwan ou l&rsquo;occitan avec les &eacute;coles Calendretas. Ils reposent sur le principe que la langue est un moyen de communication usuel et langue de premi&egrave;re socialisation d&rsquo;une communaut&eacute; linguistique significative, qui rend donc pertinent, d&eacute;sirable et utile l&rsquo;apprentissage de cette langue. Ces mod&egrave;les rencontrent leurs limites dans le cas des langues tr&egrave;s en danger, pour les raisons d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute;es de manque de ressources, d&rsquo;absence de communaut&eacute;s linguistique avec laquelle communiquer. Il est toutefois int&eacute;ressant de noter que les discours qui d&eacute;fendent les programmes d&rsquo;immersion s&rsquo;articulent surtout beaucoup des bienfaits cognitifs d&rsquo;une exposition intensive dans l&rsquo;enfance &agrave; une langue autre que la langue maternelle. L&rsquo;argument permet aux &eacute;coles immersives des langues r&eacute;gionales de France de pallier l&rsquo;absence de pratiques langagi&egrave;res hors du cadre scolaire par celui d&rsquo;une utilit&eacute; de l&rsquo;apprentissage de la langue en danger pour favoriser un meilleur apprentissage par la suite d&rsquo;une autre langue, plus usit&eacute;e. Cette d&eacute;sirabilit&eacute; du polyglottisme renforce le c&ocirc;t&eacute; utilitariste de l&rsquo;apprentissage des langues et fait peu de place &agrave; la dimension affective qui lie les apprenants des LED &agrave; leur langue.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les programmes de <i>master-apprentice</i> et <i>language nest</i>, sont tous les deux issus des actions de revitalisation de langues en danger. Le premier est bas&eacute; sur une association entre deux personnes&nbsp;: un locuteur de la langue cible qui consacre un temps important &agrave; un apprenant, pour &eacute;changer avec lui dans la langue durant les diverses activit&eacute;s de la vie quotidienne. Pour le second, ce sont <span style="color:black">des individus, familles ou amis, qui d&eacute;dient des domaines sp&eacute;cifiques de leur domicile et de leur vie quotidienne &agrave; une utilisation si possible exclusive de la langue cible </span>(First Peoples&rsquo; Cultural Council, 2013; Johnston et Johnson, 2002; Reyhner et Lockard, 2009)<span style="color:black">.</span> <span style="color:black">Cependant, la faisabilit&eacute; de ces diff&eacute;rents programmes d&eacute;pend dans une large mesure de la pr&eacute;sence de locuteurs poss&eacute;dant un niveau suffisant de ma&icirc;trise de la langue pour pouvoir proposer aux apprenants des contributions pour diff&eacute;rents domaines et types d&rsquo;interactions, ce qui n&rsquo;est pas le cas des situations de langues tr&egrave;s en danger. </span></span></span></p> <h3>3.3. Le rapport au savoir</h3> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les trois cas de situation sociolinguistiques de langues tr&egrave;s menac&eacute;es analys&eacute;s dans cet article montrent que les motivations qui poussent les acteurs de la revitalisation &agrave; apprendre leur langue et &agrave; vouloir l&rsquo;enseigner s&rsquo;appuient sur un rapport au savoir particulier. Il s&rsquo;agit avant tout de sauver le plus possible de savoirs qui subsistent, dont on a encore la trace, la m&eacute;moire. La langue est ici intrins&egrave;quement li&eacute;e aux savoirs traditionnels &agrave; la fa&ccedil;on dont ils permettent d&rsquo;identifier un groupe, de le distinguer des autres. Elle authentifie l&rsquo;ensemble des savoirs mais aussi les membres de la communaut&eacute;. Ce lien identitaire, ce rapport &agrave; la culture est au c&oelig;ur du d&eacute;sir de langue de l&rsquo;apprenant des langues tr&egrave;s en danger et il conditionne ses pratiques langagi&egrave;res, sa relation particuli&egrave;re au souhait de &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo; la langue. La plupart des mod&egrave;les d&rsquo;enseignement des langues s&rsquo;ils prennent en compte la comp&eacute;tence culturelle, ne sont pour autant pas con&ccedil;us pour s&rsquo;articuler autour de cette comp&eacute;tence en la pla&ccedil;ant au centre de leurs didactiques. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La charge &eacute;motionnelle qui accompagne le d&eacute;sir de parler la langue tr&egrave;s en danger, le d&eacute;sir de l&rsquo;apprendre, est associ&eacute;e &agrave; la prise de conscience de la perte, de la disparition de celle-ci et des savoirs traditionnels, ainsi qu&rsquo;au sentiment de tristesse qui en d&eacute;coule. Mais elle est &eacute;galement li&eacute;e &agrave; un sentiment de responsabilit&eacute;, de devoir envers la langue, envers les anciens, envers sa communaut&eacute;, envers les g&eacute;n&eacute;rations futures. La fiert&eacute;, l&rsquo;engagement, la revendication mais aussi le pr&eacute;judice subi et le d&eacute;sir de r&eacute;paration font partie de la subjectivit&eacute; de l&rsquo;apprenant et construisent son rapport aux savoirs.</span></span></p> <h2>Conclusion</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le tableau ci-dessous propose une synth&egrave;se des mod&egrave;les et des approches sur lesquels s&rsquo;appuient les actions en faveur de la revitalisation des langues tr&egrave;s en danger lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de leur transmission/enseignement, donc de viser &agrave; &laquo;&nbsp;reparler&nbsp;&raquo; la langue. Il en souligne les limites essentiellement techniques et mat&eacute;rielles pour les langues tr&egrave;s menac&eacute;es ce qui permet de questionner la pertinence, ou tout du moins l&rsquo;ad&eacute;quation de ces mod&egrave;les aux situations &eacute;voqu&eacute;es.</span></span></p> <table class="Table" style="margin-left:-1px; border-collapse:collapse" width="0"> <tbody> <tr> <td style="border-bottom:4px solid white; width:188px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#1cade4; border-top:1px solid white; border-right:1px solid white; border-left:1px solid white" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Mod&egrave;les et approches pour l&rsquo;enseignement des langues (et cultures)</b></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:4px solid white; width:194px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#1cade4; border-top:1px solid white; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Ce qu&rsquo;ils pr&eacute;supposent de l&rsquo;usage des langues</b></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:4px solid white; width:284px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#1cade4; border-top:1px solid white; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Ce qui se passe dans le cas des LED ++</b></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid white; width:188px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#cce3f5; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:1px solid white" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Immersif </span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:194px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#cce3f5; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une exposition active et intensive &agrave; la langue </span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:284px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#cce3f5; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pas ou peu de locuteurs, ni de contextes &eacute;tendus et naturellement communicatifs&nbsp; </span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid white; width:188px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:1px solid white" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Communicationnel </span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:194px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un besoin d&rsquo;utilisation de la langue pour communiquer</span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:284px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pas de contextes naturels, spontan&eacute;s de communication usuelle, pas de contextes o&ugrave; il y a besoin de communiquer dans la langue cible</span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid white; width:188px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:1px solid white" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Task-based language learning (apprentissage des langues bas&eacute; sur la r&eacute;alisation de t&acirc;ches )</span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:194px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aptitude &agrave; utiliser la langue comme moyen / support pour accomplir des t&acirc;ches dans la vie r&eacute;elle</span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:284px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La ma&icirc;trise de la langue est limit&eacute;e de sorte que des t&acirc;ches complexes sont difficiles, voire impossibles &agrave; r&eacute;aliser, si on utilise uniquement la langue cible.</span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid white; width:188px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#cce3f5; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:1px solid white" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Evaluation (type CECR)</span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:194px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#cce3f5; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;acquisition de comp&eacute;tences &eacute;quivalentes &agrave; celles d&rsquo;un natif selon une progression par niveaux de savoirs langagiers</span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:284px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#cce3f5; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pas de progression par niveau, mais par &laquo;&nbsp;blocs&nbsp;&raquo; disponibles dans des domaines sp&eacute;cifiques</span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid white; width:188px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:1px solid white" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Standardisation</span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:194px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une graphie normalis&eacute;e</span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid white; width:284px; padding:5px 10px 5px 10px; height:39px; background-color:#e7f1fa; border-top:none; border-right:1px solid white; border-left:none" valign="top"> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Attachement &agrave; une variante particuli&egrave;re ou pas d&rsquo;usages/pratiques de l&rsquo;&eacute;crit </span></span></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Notre propos dans cet article &eacute;tait de montrer en quoi et comment l&rsquo;analyse contrastive de trois situations sociolinguistiques de langues tr&egrave;s en danger permettait de discuter la place et le r&ocirc;le de la subjectivit&eacute;, de l&rsquo;affect ou du d&eacute;sir de langue et du rapport aux savoirs qui sous-tendent la d&eacute;marche d&rsquo;apprentissage et d&rsquo;enseignement de ces langues. Apr&egrave;s avoir expos&eacute; les caract&eacute;ristiques sp&eacute;cifiques de ces contextes particuliers des trois cas d&rsquo;&eacute;tudes, nous avons discut&eacute; les diff&eacute;rents mod&egrave;les qui sont convoqu&eacute;s lors des programmes de revitalisation. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; l&rsquo;aune de cette analyse, se pose alors la question de ce qu&rsquo;est ou peut &ecirc;tre la revitalisation de langues tr&egrave;s menac&eacute;es, et par extension quelle forme peut prendre leur enseignement et/ou leur apprentissage, donc quelles comp&eacute;tences doivent &ecirc;tre prises en compte et valoris&eacute;es parce que relevant de la finalit&eacute; de cette revitalisation. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Hinton, Huss et Roche mettent en avant la possibilit&eacute; que les efforts de la revitalisation conduisent dans certains cas &agrave; produire des locuteurs fluants, toutefois, ils soulignent que cr&eacute;er une communaut&eacute; enti&egrave;re est difficilement envisageable&nbsp;: </span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="EN-US" style="font-size:11.0pt">However, having an entire community become fluent in an endangered language is a more difficult matter&hellip; In most cases, a final outcome where everyone in a community will know and use the Indigenous language may not ever happen. It may well be that language revitalization will remain a minority effort within communities, with a relatively small number of people knowing and using and promulgating their language each generation. Become a fluent speaker may be a specialty like basket-making or singing might be </span><span lang="EN-US" style="font-size:11.0pt">(Hinton, Huss, et Roche, 2018 : 500)</span><span lang="EN-US" style="font-size:11.0pt">. </span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le probl&egrave;me se pose clairement autour des attentes individuelles et collectives de cette revitalisation, &agrave; savoir quelles sp&eacute;cificit&eacute;s aura la communaut&eacute; issue des actions de revitalisation, quelle sera la d&eacute;finition du locuteur. R&eacute;pondre &agrave; ces questions, c&rsquo;est prendre en compte l&rsquo;importance des valeurs embl&eacute;matiques et la fonction symbolique qui priment dans ces langues (L&uuml;pke, 2018) et construire une didactique qui s&rsquo;appuierait sur l&rsquo;affect tout en repositionnant les savoirs dans les cadres des pratiques effectives des groupes et individus engag&eacute;s dans la sauvegarde de leur langue. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une autre voie possible, abord&eacute;e jusqu&#39;&agrave; pr&eacute;sent principalement dans le contexte des langues minoritaires qui ont encore une certaine vitalit&eacute;, consiste &agrave; mettre davantage l&#39;accent sur le soutien aux pratiques bilingues entre les langues minoritaires et dominantes, au lieu de d&eacute;fendre une attitude plus puriste d&rsquo;un enseignement et d&rsquo;un apprentissage monolingues qui sont au c&oelig;ur de certains mod&egrave;les d&#39;immersion qui cherchent &agrave; exclure l&#39;utilisation de la langue dominante (Jones, 2017). Une approche relativement r&eacute;cente de la compr&eacute;hension des pratiques bilingues dans les communaut&eacute;s et les &eacute;coles est le <i>translanguaging </i>(Vogel et Garcia, 2017). Cette approche a des implications &agrave; la fois th&eacute;oriques et pratiques. Th&eacute;oriquement, il postule que les locuteurs utilisent toutes les ressources linguistiques qu&rsquo;ils poss&egrave;dent dans le cadre d&rsquo;un syst&egrave;me, plut&ocirc;t que des syst&egrave;mes additifs et discrets entre lesquels ils basculent. Le &laquo;code switching&nbsp;&raquo; est ainsi reconceptualis&eacute; en tant que pratique tr&egrave;s subjective consistant &agrave; utiliser deux langues ou plus au sein d&rsquo;un m&ecirc;me r&eacute;pertoire. Concr&egrave;tement, cette approche accueille et pr&eacute;conise m&ecirc;me l&rsquo;utilisation de toutes les ressources linguistiques pour la communication sans chercher ni &agrave; les s&eacute;parer, ni &agrave; les hi&eacute;rarchiser. Cette approche a &eacute;t&eacute; utilis&eacute;e par exemple dans des contextes de langues d&rsquo;origine minoris&eacute;es pour les apprenants qui ont pendant longtemps eu l&rsquo;interdiction de parler leurs langues &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Mais ce qu&rsquo;il est important de noter ici, c&rsquo;est que cette approche peut &eacute;galement &ecirc;tre utilis&eacute;e pour plaider en faveur de l&rsquo;utilisation de la langue dominante lorsque cela est n&eacute;cessaire en m&ecirc;me temps que la langue en danger lorsque cela est possible. Avec cette approche, les apprenants n&#39;ont pas besoin d&#39;essayer de reproduire un contexte d&#39;immersion dans lequel l&#39;utilisation exclusive de la langue cible est id&eacute;ale et id&eacute;alis&eacute;e. Cette approche n&rsquo;est cependant pas sans critiques. En ce qui concerne les id&eacute;es th&eacute;oriques concernant le cerveau bilingue, certaines perspectives pourraient faire valoir que cette traduction favorise une approche de l&rsquo;utilisation de la langue &laquo;o&ugrave; tout est permis&raquo;, dans laquelle la langue cible risque de ne pas &ecirc;tre pleinement respect&eacute;e ou prot&eacute;g&eacute;e&hellip;Toutefois, accepter les pratiques et les savoirs partiels dans une langue ouvre la voie &agrave; une conception p&eacute;dagogique plus flexible qui ne rejetterait pas l&rsquo;apprentissage de la langue cible comme objectif mais s&rsquo;autoriserait des chemins respectant les pratiques effectives de l&rsquo;apprentissage des langues.</span></span></p> <p>&nbsp;</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AL&Eacute;N GARABATO, Carmen et Micheline CELLIER, &laquo;&nbsp;L&rsquo;enseignement des langues r&eacute;gionales en France aujourd&rsquo;hui : &eacute;tat des lieux et perspectives&nbsp;&raquo;, <i>Tr&eacute;ma</i> (31) 2009, p. 1<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>4.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ASCOLI, Graziadio Isaia, &laquo;&nbsp;Schizzi franco-provenzali&nbsp;&raquo;, <i>Archivio glottologico italiano</i> III, 1873, p. 60<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>120.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AUSTIN, Peter K. et Julia SALLABANK (&eacute;d), <i>The Cambridge Handbook of Endangered Languages</i>, Cambridge University Press, 2011.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AUZIAS, Jean-Marie, Bernard CHATRON, Philippe DIBILIO <i>et al</i>., <i>Rh&ocirc;ne-Alpes, la naissance d&rsquo;une r&eacute;gion</i>, Lyon, F&eacute;d&eacute;rop, 1983.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BALDWIN, Daryl et David COSTA, &laquo;&nbsp;Myaamiaataweenki: Revitalization of a Sleeping Language&nbsp;&raquo;, dans L. Campbell et K. Regh (&eacute;d.), <i>Oxford Handbook of Endangered Languages</i>, Oxford, Oxford University Press, 2018, p. 553-570.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERG, Laura, <i>The First Oregonians</i>. second [1991], Oregon: Oregon State University Press, 2007.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERT, Michel, &laquo;&nbsp;Qui parle une langue en danger ? Locuteurs du francoproven&ccedil;al et de l&rsquo;occitan en Rh&ocirc;ne-Alpes, France.&nbsp;&raquo;, dans C. Grinevald et M. Bert (&eacute;d.), <i>Linguistique de terrain sur langues en danger. Locuteurs et linguistes</i>. Vol. 35/36, <i>Faits de Langues</i>, Paris: Ophrys, 2010, p. 79-115.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERT, Michel et James COSTA, <i>Etude FORA : francoproven&ccedil;al et occitan en Rh&ocirc;ne-Alpes</i>. <i>Etude scientifique</i>, Lyon, 2009.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERT, Michel, James COSTA, Colette GRINEVALD, et Jean-Baptiste MARTIN (&eacute;d.), <i>Langues de France, langues en danger: am&eacute;nagement et r&ocirc;le des linguistes, Actes de la conf&eacute;rence</i>, Toulouse, Privat, 2012.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERT, Michel, Colette GRINEVALD, et Lucie AMARO, &laquo;&nbsp;Evaluation de la vitalit&eacute; des langues minoritaires: approches quantitatives vs. qualitatives et implications pour la revitalisation&nbsp;&raquo;, <i>Vitalit&agrave; di una lingua minoritaria. Aspetti e proposte metodologiche</i>. Bellinzona, Suisse: Osservatorio Linguistico della Svizzera Italiana, 2011, p. 65<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>92.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERT, Michel et Jean-Baptiste MARTIN, &laquo;&nbsp;Gen&egrave;se d&rsquo;une politique linguistique r&eacute;gionale: le projet FORA&nbsp;&raquo;. <i>Cahiers de L&rsquo;Observatoire des pratiques linguistiques</i> Langues de France, langues en danger : am&eacute;nagement et r&ocirc;le des linguistes (3), 2012, p. 65<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>79.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERT, Michel et B&eacute;n&eacute;dicte PIVOT, &laquo;&nbsp;Faire vivre la langue: pratiques et discours des associations francoproven&ccedil;ales&nbsp;&raquo;, <i>Actes de la conf&eacute;rence annuelle sur l&rsquo;activit&eacute; scientifique du centre d&rsquo;&eacute;tudes francoproven&ccedil;ales Ren&eacute; Willien, 29 novembre 2014</i>. Saint-Nicolas: R&eacute;gion Autonome de la Vall&eacute;e d&rsquo;Aoste, 2015, p. 99<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>110.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BICHURINA, Natalia, Christiane DUNOYER, Marinette MATTHEY et al., &laquo;&nbsp;Le francoproven&ccedil;al entre standardisation et intercompr&eacute;hension spontan&eacute;e&nbsp;&raquo;, dans C. Al&eacute;n Garabato, H. Boyer, K. Djordjevic L&eacute;onard, et B. Pivot (&eacute;d.), <i>Identit&eacute;s, conflits et interventions sociolinguistiques</i>, Limoges, Lambert-Lucas, 2018, p. 109-114.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CAMERON, Deborah, &laquo;&nbsp;Language endangerment and verbal hygiene: History, morality and politics&nbsp;&raquo;, dans A. Duch&ecirc;ne et M. Heller (&eacute;d.), <i>Discourses of Endangerment: Ideology and Interest in the Defence of Languages</i>, Londres/New-York: Continuum, 2007, p. 268-285.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CONSEIL R&Eacute;GIONAL RH&Ocirc;NE-ALPES. 2009. <i>Reconnaitre, valoriser, promouvoir l&rsquo;occitan et le francoproven&ccedil;al, langues r&eacute;gionales de Rh&ocirc;ne-Alpes</i>.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">COSTA, James, &laquo;&nbsp;Revitalisation linguistique : discours, mythes et id&eacute;ologies; approche critique de mouvements de revitalisation en Provence et en Ecosse&nbsp;&raquo;, th&egrave;se de Doctorat, Grenoble 3, 2010.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">COSTA, James, &laquo;&nbsp;Language endangerment and revitalisation as elements of regimes of truth: shifting terminology to shift perspective&nbsp;&raquo;. <i>Journal of Multilingual and Multicultural Development</i> 34(4), 2013, p. 317<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span><span mincho="" ms="" style="font-family:">3</span>31.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">COSTA, James, &laquo;&nbsp;Must we save the language ? Children&rsquo;s discourse on language and community in Proven&ccedil;al and Scottish language revitalisation movements&nbsp;&raquo;, <i>Endangered languages : beliefs and ideologies in language documentation and revitalisation</i>, P. K. Austin et J. Sallabank (&eacute;d.), Oxford: Oxford University Press, Vol. 199, 2014, p. 195-214.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">COSTA, James, <i>Revitalising Language in Provence : A critical approach,</i> Wiley-Blackwell, 2016.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CRAIG, Colette, &laquo;&nbsp;A constitutional response to language endangerment : The case of Nicaragua&nbsp;&raquo;, <i>Language</i> 68(1) 1992a, p. 17<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>24.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CRAIG, Colette, &laquo;&nbsp;Language shift and language death: the case of Rama in Nicaragua&nbsp;&raquo;, <i>International Journal of the Sociology of Language</i> 93(1), 1992b, p. 11<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>26.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CRAIG, Colette, &laquo;&nbsp;Miss Nora, rescuer of the Rama language: A story of power and empowerment&nbsp;&raquo;, dans Hall, M. Bucholtz, et B. Moonwomon (&eacute;d.), <i>Locationg Power, Proceedings of the Second Berkeley Women and Language Conference</i>, Vol. 1, Berkeley, 1992c, p. 80-89.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DELANCEY, Scott, &laquo;&nbsp;Les langues d&rsquo;Oregon : derniers locuteurs et revitalisation&nbsp;&raquo;, dans C. Grinevald et M. Bert (&eacute;d.), <i>Linguistique de terrain sur langues en danger. Locuteurs et linguistes</i>. Vol. 35/36, <i>Faits de Langues</i>, Paris, Ophrys, 2010, p. 223-234.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DORIAN, Nancy C, &laquo;&nbsp;Defining the Speech Community to Include its Working Margins&nbsp;&raquo;, dans S. Romaine (&eacute;d.), <i>Sociolinguistic Variation in Speech Communities</i>, London: Edward Arnold, 1982, p. 25-33.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DUCH&Ecirc;NE, Alexandre et Monica HELLER, <i>Discourses of Endangerment: Ideology and Interest in the Defence of Languages</i>. Continuum, 2008.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FREELAND, Jane, &laquo;&nbsp;Intercultural-Bilingual Education for an Interethnic-Plurilingual Society? 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Hinton, L. Huss, et G. Roche (&eacute;d.), <i>The Routledge Handbook of Language Revitalization</i>, New-York, Routledge, 2018, p.xxi-xxx.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">HORNBERGER, Nancy H.,&laquo;&nbsp;Can Schools Save Indigenous Languages? Policy and Practice on Four Continents: Palgrave Studies in Minority Languages and Communities &raquo;, <i>Palgrave Macmillan</i>, 2010.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">KRAUSS, Michael, &laquo;&nbsp;The world&rsquo;s languages in crisis&nbsp;&raquo;. <i>Language</i> 68(1), 1992, p. 4<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>10.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">P&Eacute;REZ B&Aacute;EZ, Gabriela, Rachel VOGEL, et Eve Okura KOLLER, &laquo;&nbsp;Comparative Analysis in Language Revitalization: Practices Addressing the Challenge&nbsp;&raquo;, dans L. Campbell et K. 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Boissonneault (&eacute;d.), <i>Langue et territoire. &Eacute;tudes en am&eacute;nagement linguistique/Language and Territory. </i><i>Studies in Language Planning</i>, Qu&eacute;bec: Human sciences monograph series 14, 2014a, p. 91-120.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PIVOT, B&eacute;n&eacute;dicte, &laquo;&nbsp;Revitalisation de langues postvernaculaires: le francoproven&ccedil;al en Rh&ocirc;ne-Alpes et le rama au Nicaragua&nbsp;&raquo;, th&egrave;se de Doctorat, Universit&eacute; Lyon 2, 2014b.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PIVOT, B&eacute;n&eacute;dicte, &laquo;&nbsp;Les terrains de langues tr&egrave;s en danger : des observatoires pertinents pour les th&eacute;ories sociolinguistiques&nbsp;&raquo;. <i>Histoire Epist&eacute;mologie Langage</i> 39(1), 2017, p. 87<span mincho="" ms="" style="font-family:">‑</span>105.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">PIVOT, B&eacute;n&eacute;dicte et Michel BERT, &laquo;&nbsp;Is orthography creation unavoidable for postvernacular languages ? Case studies of rama and francoproven&ccedil;al revitalization&nbsp;&raquo;, dans M. Jones et D. Mooney (&eacute;d.), <i>Creating Orthographies for Endangered Languages</i>, &nbsp;Cambridge: Cambridge University Press, 2016, p. 276-290.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">STICH, Dominique, &laquo;&nbsp;Francoproven&ccedil;al : proposition d&rsquo;une orthographe supra-dialectale standardis&eacute;e&nbsp;&raquo;. Th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; Paris Descartes, 2001.</span></span></p> <p class="MsoBibliography"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">TSUNODA, Tasaku, <i>Language Endangerment And Language Revitalization: An Introduction</i>, Walter de Gruyter, 2006.</span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p><small><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Une vaste enqu&ecirc;te internationale r&eacute;cente conduite par G. P&eacute;rez B&aacute;ez, G., R. Vogel et al. confirme qu&rsquo;une forte proportion de projets de revitalisation cible un public d&rsquo;enfants ou d&rsquo;adolescents. A partir de plus de 240 questionnaires d&eacute;crivant des projets de revitalisation de LED partout dans le monde, cette &eacute;tude montre que &laquo; over a quarter of the responses describe objectives centered around language teaching and the use of the language in the schools &raquo; (P&eacute;rez B&aacute;ez, Vogel, et Okura Koller, 2018). L&rsquo;enseignement de langue est le type de projets le plus souvent cit&eacute; par les personnes ayant r&eacute;pondu &agrave; cette enqu&ecirc;te.</small></p> </div> <div id="ftn2"> <p><small><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> Le Language Revitalization Network est compos&eacute; de deux &eacute;quipes fran&ccedil;aises associ&eacute;es &agrave; des partenaires de l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Oregon. Les participants de ce r&eacute;seau sont d&eacute;crits ci-dessous.</small></p> <p><small>Au sein de DDL, l&rsquo;enseignement de LED est progressivement devenu un th&egrave;me de r&eacute;flexion de l&rsquo;&eacute;quipe Langues En Danger&nbsp;: Terrain, Description/Documentation, Revitalisation (LED TDR). Cr&eacute;e en 2009 dans le prolongement d&rsquo;un projet ANR qui portait d&eacute;j&agrave; sur le th&egrave;me des LED, ce groupe de travail assure une formation aux &eacute;tudiants et jeunes chercheurs travaillant en description de langues &agrave; tradition orale, sp&eacute;cialit&eacute; de recherche de DDL, et souvent confront&eacute;s &agrave; des situations de LED. </small></p> <p><small>Les activit&eacute;s de recherche de LED TDR ont d&eacute;but&eacute; par des questionnements de terrain (vitalit&eacute; de la langue, profils de locuteurs et m&eacute;thode de travail avec eux pour la description et la documentation de LED) (Grinevald et Bert, 2010), puis ils ont inclus des r&eacute;flexions d&rsquo;ordre plus sociolinguistique pour aborder la th&eacute;matique de la revitalisation de LED (Costa, 2010; Pivot, 2014b, 2017), de l&rsquo;analyse des discours et des id&eacute;ologies (Bert, 2010; Grinevald et Bert, 2011, 2012, 2014), et des r&eacute;seaux d&rsquo;acteurs impliqu&eacute;s dans la revitalisation et la transmission de LED (Bert et al., 2012; Bert, Grinevald, et Amaro, 2011). Grace &agrave; la diversit&eacute; des terrains de recherche des membres de l&rsquo;&eacute;quipe, et la connaissance pr&eacute;cise de certaines situations par un travail avec la communaut&eacute; concern&eacute;e sur plusieurs d&eacute;cennies, l&rsquo;&eacute;quipe a d&eacute;velopp&eacute; une approche des th&eacute;matiques de LED bas&eacute;e sur des analyses contrastives, permettant de mettre en &eacute;vidence des r&eacute;currences au-del&agrave; des diff&eacute;rences li&eacute;es &agrave; des contextes sociopolitiques tr&egrave;s diff&eacute;rents. Form&eacute;e aupr&egrave;s de cette &eacute;quipe durant son doctorat, B&eacute;n&eacute;dicte Pivot, maintenant chercheure au sein de l&rsquo;&eacute;quipe d&rsquo;accueil DIPRALANG de l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry &agrave; Montpellier, poursuit sa collaboration avec l&rsquo;&eacute;quipe LED-TDR.</small></p> <p><small>L&rsquo;&eacute;quipe fran&ccedil;aise entretient des contacts de longue date avec l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Oregon, et plusieurs institutions de cette universit&eacute; sont devenues partenaires au sein du r&eacute;seau international LRN. </small></p> <p><small>Le Northwest Indian Language Institute (NILI, dirig&eacute; par J. Underriner), fond&eacute; en 1998, est un centre de recherche d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des langues d&rsquo;Oregon et des Etats voisins (une des zones de plus grande diversit&eacute; linguistique dans le monde), en m&ecirc;me temps qu&rsquo;un centre de service pour les communaut&eacute;s indig&egrave;nes qui cherchent &agrave; promouvoir et transmettre leurs langues. Cet institut, sans &eacute;quivalent aux Etats-Unis, d&eacute;veloppe en partenariat avec les communaut&eacute;s indig&egrave;nes, du mat&eacute;riel didactique afin de permettre l&rsquo;enseignement de leurs langues, et il participe &agrave; la formation des enseignants. Pour certaines langues, il existe encore quelques locuteurs qui ont appris ces langues en tant que langues maternelles mais dans d&#39;autres situations, les langues sont r&eacute;activ&eacute;es par les apprenants. La revitalisation de ces langues consid&eacute;r&eacute;es comme &laquo;&nbsp;dormantes&nbsp;&raquo; (sleeping languages) et que des acteurs locaux tente de &laquo;&nbsp;r&eacute;veiller&nbsp;&raquo; (to rewake) repr&eacute;sente alors un d&eacute;fi.</small></p> <p><small>Le programme de master Language Teaching Studies (LTS), dont Keli Yerian, co-autrice de cet article, est la directrice, assure la formation de futurs enseignants de langues. Les &eacute;tudiants de ce programme se destinent en g&eacute;n&eacute;ral &agrave; l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s parl&eacute;es, standardis&eacute;es, reconnues internationalement, comme le fran&ccedil;ais, le japonais ou le chinois, mais d&rsquo;autres se pr&eacute;parent &agrave; l&rsquo;enseignement de langues relevant du champ des heritage languages, correspondant plus ou moins &agrave; la cat&eacute;gorie des &laquo;&nbsp;langues d&rsquo;origine&nbsp;&raquo; en France, des langues parl&eacute;es hors de leur territoire d&rsquo;origine par des communaut&eacute;s immigr&eacute;es, comme par exemple l&rsquo;espagnol aux Etats Unis. Enfin, le programme LTS accueille dor&eacute;navant chaque ann&eacute;e des &eacute;tudiants se formant &agrave; l&rsquo;enseignement de langues indig&egrave;nes des Etats-Unis. Ces &eacute;tudiants, souvent issus de communaut&eacute;s indig&egrave;nes, sont confront&eacute;s &agrave; des besoins en formation tr&egrave;s diff&eacute;rents du reste du public de programme, ce qui a oblig&eacute; LTS &agrave; s&rsquo;interroger sur les sp&eacute;cificit&eacute;s de l&rsquo;enseignement de langues tr&egrave;s menac&eacute;es et des acteurs de cet enseignement.</small></p> <p><small>Enfin, le d&eacute;partement de linguistique a cr&eacute;&eacute; r&eacute;cemment une structure nomm&eacute;e Language Revitalization Lab (RLR), dirig&eacute;e par G. P&eacute;rez B&aacute;ez. Cette chercheure de terrain travaillant sur LED au Mexique est &eacute;galement responsable du programme Breath of Life - Recovering Voices qui accompagne des acteurs locaux de communaut&eacute;s indig&egrave;nes engag&eacute;s dans la revitalisation de leurs langues, pour les guider dans l&rsquo;exploration des fonds du Smithsonian Institute de Washington DC afin de retrouver d&rsquo;&eacute;ventuels mat&eacute;riaux &eacute;crits ou sonores sur leurs langues, et pour les former linguistiquement &agrave; leur exploitation scientifique et didactique.</small></p> </div> <div id="ftn3"> <p><small><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> Nous tenons &agrave; remercier ici &agrave; la fois les diff&eacute;rents membres du r&eacute;seau LRN pour leurs contributions &agrave; nos r&eacute;flexions gr&acirc;ce aux discussions collectives, ainsi que nos interlocuteurs sur les trois terrains d&rsquo;&eacute;tudes.&nbsp; </small></p> </div> <div id="ftn4"> <p><small><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> Les &laquo;&nbsp;langues de France&nbsp;&raquo; sont les 75 langues list&eacute;es par B. Cerquiglini en vue de la signature par la France de Charte europ&eacute;enne des langues r&eacute;gionales et minoritaires en 1999 (https://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/994000719/index.shtml).</small></p> </div> <div id="ftn5"> <p><small><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a> Cette extension a boulevers&eacute; les &eacute;quilibres&nbsp;: l&rsquo;Auvergne est presque totalement occitane, alors que l&rsquo;ex R&eacute;gion Rh&ocirc;ne-Alpes &eacute;tait plus ou moins un quart occitane et trois quarts francoproven&ccedil;ale.</small></p> </div> <div id="ftn6"> <p><small><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a> Voir &laquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;Broken Treaties &raquo;, documentaire sur l&rsquo;histoire des R&eacute;serves en Oregon&nbsp;:&nbsp; <a href="https://www.opb.org/television/programs/oregonexperience/segment/broken-treaties-oregon-native-americans/">https://www.opb.org/television/programs/oregonexperience/segment/broken-treaties-oregon-native-americans/</a></small></p> </div> <div id="ftn7"> <p><small><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title="">[7]</a> Depuis, certaines ont pu &ecirc;tre r&eacute;tablies, mais la liste des communaut&eacute;s am&eacute;rindiennes r&eacute;clamant au moins une parcelle de leur territoire ancestral demeure tr&egrave;s &eacute;lev&eacute;e. </small></p> </div> <div id="ftn8"> <p><small><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title="">[8]</a> Domaine de la d&eacute;linquance juv&eacute;nile par exemple, R&eacute;serve de Yakima, &Eacute;tat de Washington.</small></p> </div> <div id="ftn9"> <p><small><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title="">[9]</a> Depuis 1988, les R&eacute;serves indiennes ont obtenu le droit d&rsquo;ouvrir des casinos. Les produits financiers issus des jeux et des h&ocirc;tels li&eacute;s aux casinos sont redistribu&eacute;s aux membres de la R&eacute;serve, directement ou le plus souvent &agrave; travers des investissements pour l&rsquo;ensemble de la communaut&eacute;s (centres de sant&eacute;, culturels, sportifs, &eacute;coles, industries locales&hellip;). </small></p> </div> <div id="ftn10"> <p><small><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title="">[10]</a> Durant plusieurs g&eacute;n&eacute;rations, les enfants &agrave; partir de 3 ans ont &eacute;t&eacute; enlev&eacute;s &agrave; leur famille et envoy&eacute;s dans des boarding schools (pensionnats), souvent loin de chez eux. Cette politique visait &agrave; les &laquo;&nbsp;civiliser&nbsp;&raquo;. Ils devaient apprendre l&rsquo;anglais et les langues autochtones &eacute;taient interdites. Parmi les nombreux s&eacute;vices subis par les enfants, certains avaient pour origine l&rsquo;usage de la langue ancestrale (Delancey 2010).</small></p> </div> <div id="ftn11"> <p><small><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title="">[11]</a> Il existe toutefois une exception : le Chinuk Wawa, langue v&eacute;hiculaire autrefois entre les diff&eacute;rentes tribus du Nord-Ouest de l&rsquo;Oregon et de la r&eacute;gion voisine de Washington, est souvent d&eacute;crit comme une cr&eacute;ole, plus simple du point de vue phonologique et morphosyntaxique.</small></p> </div> <div id="ftn12"> <p><small><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title="">[12]</a> http://www.unesco.org/new/fr/communication-and-information/access-to-knowledge/linguistic-diversity-and-multilingualism-on-internet/atlas-of-languages-in-danger/</small></p> </div> <div id="ftn13"> <p><small><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title="">[13]</a> En t&eacute;moigne l&rsquo;approbation par nombre de membres de groupes locaux au mouvement des &laquo;&nbsp;Gilets jaunes&nbsp;&raquo; de 2018-19 par exemple.</small></p> </div> <div id="ftn14"> <p><small><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title="">[14]</a> Dans cet article, nous utiliserons l&rsquo;adjectif &laquo;&nbsp;fluant&nbsp;&raquo; au sens de &laquo;&nbsp;fluent&nbsp;&raquo; en anglais, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;capable de s&rsquo;exprimer couramment, de fa&ccedil;on fluide&nbsp;&raquo; (cf TLFi&nbsp; fluant: &laquo;&nbsp;Rem. S&#39;emploie souvent en parlant d&#39;une fa&ccedil;on fluide de s&#39;exprimer&nbsp;&raquo;)</small></p> </div> <div id="ftn15"> <p><small><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title="">[15]</a> https://ctclusi.org/languagepublic</small></p> </div> <div id="ftn16"> <p><small><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title="">[16]</a> Cette affirmation s&rsquo;appuie sur nos observations de terrain, les &eacute;changes avec des membres de communaut&eacute;s, les t&eacute;moignages entendus (par exemple sur la beaut&eacute; d&rsquo;un mot et la tristesse d&rsquo;imaginer qu&rsquo;il ne sera plus jamais prononc&eacute;, la perte esth&eacute;tique qu&rsquo;entraine la traduction dans la langue dominante&hellip;) et un des auteurs de cet article, personnellement impliqu&eacute;, peut &eacute;galement en t&eacute;moigner.</small></p> </div> <div id="ftn17"> <p><small><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title="">[17]</a> L&rsquo;ensemble de la documentation du rama est disponible sur le site Turkulka&nbsp;: http://www.turkulka.net/hablemos-rama</small></p> </div> <div id="ftn18"> <p><small><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title="">[18]</a> Voir par exemple le travail de Joana Jansen, membre de NILI&nbsp;: <a href="https://slideplayer.com/slide/13845744/">https://slideplayer.com/slide/13845744/</a></small></p> <p><small><a href="https://scholarsbank.uoregon.edu/xmlui/handle/1794/10901">https://scholarsbank.uoregon.edu/xmlui/handle/1794/10901</a></small></p> </div> </div>