<h2 style="margin-left: 0in; margin-right: 0in; text-align: justify;">Introduction</h2> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous n&rsquo;habitons plus un univers, mais un &laquo;&nbsp;multivers&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression de Henry Adams (Adams, 1907&nbsp;: 229). Cet auteur et historien am&eacute;ricain d&eacute;veloppe dans son roman autobiographique <em>The Education of Henry Adams, </em>un questionnement sur l&rsquo;&eacute;volution de la culture contemporaine au d&eacute;but du XX&egrave;me si&egrave;cle o&ugrave; il critique, d&rsquo;un point de vue plut&ocirc;t conservateur, une soci&eacute;t&eacute; qui &eacute;voluerait &laquo;&nbsp;mal&nbsp;&raquo; et un syst&egrave;me &eacute;ducatif qui ne nous pr&eacute;parerait pas &agrave; vivre dans un monde sans unit&eacute;, sans un syst&egrave;me de valeurs digne de ce nom, un monde qui serait noy&eacute; dans l&rsquo;anonymat de sa multiplicit&eacute; et qui exploserait &agrave; l&rsquo;&egrave;re moderne dans l&rsquo;incertitude de son avenir. Cet appel au secours et le panorama obscur peint par Adams &ndash; confront&eacute; comme beaucoup &agrave; une mutation sociale qui le d&eacute;passe &ndash; pose une question int&eacute;ressante un si&egrave;cle plus tard&nbsp;: comment nos syst&egrave;mes &eacute;ducatifs int&egrave;grent-ils une formation consciemment et explicitement pens&eacute;e vers l&rsquo;avenir&nbsp;? D&rsquo;ailleurs, sont-ils cens&eacute;s le faire&nbsp;? Quel est pr&eacute;cis&eacute;ment le r&ocirc;le que l&rsquo;on attribue &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole&nbsp;? Quelles attentes pla&ccedil;ons-nous en elle&nbsp;? &Agrave; quoi (ou &agrave; qui) sert-elle&nbsp;? </span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La question de l&rsquo;utilit&eacute; de l&rsquo;apprentissage est au c&oelig;ur m&ecirc;me de la conception du syst&egrave;me &eacute;ducatif. Tiraill&eacute; entre sa mission humaniste de partage du savoir &ndash; celle pens&eacute;e comme h&eacute;riti&egrave;re de l&rsquo;esprit des Lumi&egrave;res &ndash;, et celle utilitariste de contr&ocirc;le, d&rsquo;uniformisation et de formation de main d&rsquo;&oelig;uvre en vue de son int&eacute;gration au march&eacute; du travail, le syst&egrave;me &eacute;ducatif peine toujours &agrave; concilier ces deux versants. Quelle est &laquo;&nbsp;l&rsquo;utilit&eacute;&nbsp;&raquo; de ce qui est &laquo;&nbsp;&agrave; (ap)prendre&nbsp;&raquo;&nbsp;? Quelle est sa &laquo;&nbsp;valeur&nbsp;&raquo;&nbsp;? Sur quels crit&egrave;res d&eacute;termine-t-on ce qui doit &ecirc;tre enseign&eacute; et appris dans les programmes scolaires&nbsp;? Pourquoi apprend-on&nbsp;? &Agrave; quoi &ccedil;a sert&nbsp;? Tant de questions qui sont souvent pass&eacute;es sous silence comme des &eacute;vidences ou des tabous trop dangereux pour &ecirc;tre &eacute;nonc&eacute;s, et qui touchent directement au domaine de la didactique des langues-cultures.</span></span></p> <h2 style="margin-left: 0in; margin-right: 0in; text-align: justify;">1. L&#39;&eacute;cole et la DLE dans le march&eacute; &eacute;ducatif global</h2> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; l&rsquo;&egrave;re de la globalisation et sous la pression montante d&rsquo;acteurs (parents, autorit&eacute;s, employeurs, corps enseignant, &eacute;l&egrave;ves) dont les besoins et attentes &eacute;voluent &agrave; un rythme effr&eacute;n&eacute; et souvent chaotique, l&rsquo;&Eacute;cole moderne essaye de s&rsquo;adapter sans toutefois remettre en cause dans son essence un mod&egrave;le vieux de plus de deux si&egrave;cles et soumis &agrave; des pressions et des exigences de rentabilit&eacute;.</span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;apprentissage des langues nous est souvent &laquo;&nbsp;vendu&nbsp;&raquo; comme une potion magique pour le d&eacute;veloppement cognitif des enfants, comme un rem&egrave;de miracle pour la pr&eacute;vention de maladies mentales li&eacute;es au vieillissement, comme une garantie d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; des revenus &eacute;lev&eacute;s. Il nous est aussi pr&eacute;sent&eacute; comme un gage de curiosit&eacute;, d&rsquo;adaptabilit&eacute;, de mobilit&eacute; internationale. Certains diront m&ecirc;me qu&rsquo;il s&rsquo;agit de la voie d&rsquo;acc&egrave;s privil&eacute;gi&eacute;e &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, au respect de l&rsquo;autre, &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration, &agrave; la construction europ&eacute;enne, au <em>vivre ensemble</em>&nbsp;harmonieux dans le meilleur des mondes possibles. &nbsp;</span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aujourd&rsquo;hui, la bilingualit&eacute; en tant que comp&eacute;tence se r&eacute;actualise dans le march&eacute; &eacute;ducatif global et (re)devient une denr&eacute;e rare qui se commercialise fort bien. En effet, les langues &eacute;trang&egrave;res b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;un int&eacute;r&ecirc;t renouvel&eacute;, pla&ccedil;ant cette &laquo;&nbsp;discipline&nbsp;&raquo; parmi d&rsquo;autres r&eacute;put&eacute;es prestigieuses, comme les sciences (STEM, Acronyme anglais de Science, Technologie, Ing&eacute;nierie et Math&eacute;matiques) ou plus r&eacute;cemment, le codage ou la programmation.</span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce ph&eacute;nom&egrave;ne est d&rsquo;autant plus apparent dans l&rsquo;enseignement priv&eacute; am&eacute;ricain o&ugrave; les comp&eacute;tences et les acquis se monnayent au prix fort. Dans ce march&eacute; des langues (Calvet, 2002), la ma&icirc;trise d&rsquo;une ou de plusieurs langues &laquo;&nbsp;&eacute;trang&egrave;res&nbsp;&raquo; constitue aujourd&rsquo;hui un atout, un bien, un capital d&rsquo;une valeur non-n&eacute;gligeable.</span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&#39;un point de vue sociolinguistique, le mod&egrave;le gravitationnel propos&eacute; par L.-J. Calvet (1999) nous permet d&#39;illustrer les enjeux et tensions pr&eacute;sents dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif :</span></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size:small"><strong><span style="font-family:Times New Roman,serif"><img alt="" src="/img/6/images/baidal_1.jpg" style="height:340px; width:800px" /></span></strong></span></p> <p style="text-align: center;">Figure&nbsp;: Mod&egrave;le Gravitationnel (Calvet, 1999)</p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;autres mod&egrave;les, comme la classification gnos&eacute;ologique de Pierre Frath (2018), permettraient &eacute;galement d&rsquo;appr&eacute;cier ce ph&eacute;nom&egrave;ne. Or, la mod&eacute;lisation de Calvet, aussi r&eacute;ductrice soit-elle, a tout de m&ecirc;me le m&eacute;rite de signifier l&rsquo;attrait qu&rsquo;exercent les langues dominantes au niveau local, national ou international sur les langues domin&eacute;es ou minoritaires dans le syst&egrave;me diglossique, et donne une id&eacute;e des enjeux et des rapports de force in&eacute;gaux qu&rsquo;affrontent les communaut&eacute;s correspondantes repr&eacute;sent&eacute;es en milieu scolaire. Con&ccedil;ue dans une logique de march&eacute;, la mod&eacute;lisation de Calvet se pr&eacute;sente sous la forme d&rsquo;une constellation de cat&eacute;gories de langues o&ugrave; les usagers des langues p&eacute;riph&eacute;riques sont soumis &agrave; la gravit&eacute; qu&rsquo;exercent les langues centrales, et particuli&egrave;rement une langue hypercentrale qui, comme un trou noir, aspirerait tout autour d&rsquo;elle. On y trouve repr&eacute;sent&eacute;es quatre cat&eacute;gories de langues :&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></p> <blockquote> <ul> <li>1. Hypercentrale : anglais.</li> <li>2. Supercentrales : espagnol, fran&ccedil;ais, portugais, chinois, arabe...</li> <li>3. Centrales : 100-200 langues.</li> <li>4. P&eacute;riph&eacute;riques : 4000-5000 langues.</li> </ul> </blockquote> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Certes, cette vision mercantile de la configuration linguistique mondiale simplifie au maximum les rapports entre les communaut&eacute;s linguistiques en les subordonnant &agrave; des imp&eacute;ratifs purement &eacute;conomiques, concevant la mondialisation&nbsp;linguistique comme un effet, comme un d&eacute;riv&eacute; de la globalisation&nbsp;tout court. Ici, les normes industrielles et les r&eacute;seaux de distribution d&eacute;termineraient la valeur ajout&eacute;e d&rsquo;une langue, variable selon les b&eacute;n&eacute;fices qu&rsquo;elles rapportent en fonction d&rsquo;une logique de l&rsquo;offre et de la demande, de la concurrence. On pourra ais&eacute;ment reprocher &agrave; Calvet&nbsp;de faire un amalgame sous pr&eacute;texte que certains produits culturels sont soumis &agrave; la loi du march&eacute;, et d&rsquo;appliquer ce principe aux langues. </span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Toujours est-il que ce mod&egrave;le, per&ccedil;u dans sa dimension dynamique et adaptative, nous semble op&eacute;rationnel en milieu scolaire notamment pour d&eacute;crire les enjeux qui affectent l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res du point de vue institutionnel (par exemple, les pressions et l&rsquo;attrait qu&rsquo;exerce l&rsquo;espagnol comme langue hypercentrale dans le contexte &eacute;ducatif de la DLE aux &Eacute;tats-Unis, ce qui nous force, h&eacute;las, jusqu&rsquo;&agrave; fermer des programmes de fran&ccedil;ais langue vivante). Ce mod&egrave;le pose aussi une probl&eacute;matique &agrave; ne pas perdre de vue&nbsp;: les forces &eacute;conomiques et sociales et les syst&egrave;mes de repr&eacute;sentations li&eacute;s &agrave; la valeur ajout&eacute;e et &agrave; la notion <em>d&rsquo;utilit&eacute;</em> d&rsquo;une langue d&eacute;terminent en grande partie l&rsquo;offre &eacute;ducative de nos &eacute;tablissements. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne est surtout visible dans le march&eacute; &eacute;ducatif aux &Eacute;tats-Unis mais nous ne pouvons pas l&rsquo;exclure ou l&rsquo;ignorer dans d&rsquo;autres contextes, comme celui de la France ou du public.</span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par ailleurs, le mod&egrave;le gravitationnel&nbsp;offre une application int&eacute;ressante &agrave; la sph&egrave;re individuelle dans le cadre de l&rsquo;&eacute;cole :</span></span></p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Chaque individu&nbsp;se [trouve] au centre de diff&eacute;rents r&eacute;seaux que nous pourrions repr&eacute;senter par une s&eacute;rie de cercles concentriques correspondant diachroniquement &agrave; l&rsquo;acquisition&nbsp;de diff&eacute;rents registres, vari&eacute;t&eacute;s ou langues, et synchroniquement &agrave; l&rsquo;usage de ces vari&eacute;t&eacute;s en fonction du contexte.&nbsp;Le premier cercle est celui de la communication la plus intime, la plus gr&eacute;gaire, la communication de type familial. Puis l&rsquo;on passe &agrave; la communication de voisinage, de quartier. Un troisi&egrave;me cercle pourrait correspondre &agrave; la communication plus formelle dans le milieu scolaire ou du travail, un quatri&egrave;me &agrave; la communication publique &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle nationale, etc.&nbsp;&raquo; (Calvet, 2002&nbsp;: 96-97).</p> </blockquote> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans cette optique de mondialisation, Calvet va m&ecirc;me plus loin et, tout en critiquant l&rsquo;interventionnisme, il propose un mod&egrave;le individuel moyen et trifonctionnel dans lequel chaque citoyen devrait pratiquer au moins trois types de langues :</span></span></p> <blockquote> <ul> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une langue internationale pour ses rapports ext&eacute;rieurs.</span></span></li> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une langue d&rsquo;&Eacute;tat, norm&eacute;e et standardis&eacute;e qui lui permettrait de s&rsquo;ins&eacute;rer dans la vie publique de son pays.</span></span></li> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une langue gr&eacute;gaire ou communautaire qui peut &ecirc;tre une forme locale de la langue nationale (fran&ccedil;ais de Marseille, espagnol de R&eacute;publique Dominicaine, un sociolecte, etc.) ou une langue diff&eacute;rente (catalan, h&eacute;breu, alsacien, corse, basque...).</span></span></li> </ul> </blockquote> <h2 style="margin-left: 0in; margin-right: 0in; text-align: justify;">2. Et le sujet-apprenant dans tout cela&nbsp;?<span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> </span></span></h2> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;objectivation tant des acteurs (apprenants, enseignants) comme de la langue elle-m&ecirc;me s&rsquo;aggrave dans ce contexte de globalisation o&ugrave; l&rsquo;utilitaire l&rsquo;emporte. En DLE, le dogme fonctionnel du tout-communicationnel et l&rsquo;instrumentalisation de la langue-culture (pr&ocirc;n&eacute;e dans le cadre de l&rsquo;approche communicative et la perspective actionnelle centr&eacute;e sur l&rsquo;apprenant) op&egrave;rent comme &laquo;&nbsp;une sorte de glissement en direction du sujet qui apprend&nbsp;&raquo; (Holtzer, 1995&nbsp;: 37). Ce &laquo;&nbsp;glissement&nbsp;&raquo; refl&egrave;te une &eacute;volution soci&eacute;tale et culturelle qui doit se lire sous le prisme du contexte social, politique, voire &eacute;conomique dans le cadre de la mondialisation et, dans nos soci&eacute;t&eacute;s de consommation, en fonction d&rsquo;un client&eacute;lisme et d&rsquo;un individualisme qui touchent &agrave; m&ecirc;me le c&oelig;ur de l&rsquo;institution &eacute;ducative. Mais, &agrave; la fois, cette centration sur l&rsquo;apprenant l&rsquo;objectivise, l&rsquo;anonymise, le r&eacute;duit &agrave; une donn&eacute;e quantifiable.</span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aux &Eacute;tats-Unis en particulier, l&rsquo;approche actionnelle en DLE ne passe pas par les autorit&eacute;s mais plut&ocirc;t par l&rsquo;id&eacute;ologique. Il faut rappeler que dans ce pays les politiques &eacute;ducatives, les programmes, les contenus et les approches ne sont pas dict&eacute;s par une entit&eacute; gouvernementale&nbsp;; ils ne sont pas centralis&eacute;s au niveau f&eacute;d&eacute;ral. Chaque &eacute;tat de l&rsquo;Union d&eacute;cide de ses propres pr&eacute;rogatives en mati&egrave;re &eacute;ducative, le Secr&eacute;tariat d&rsquo;&Eacute;ducation (Secretary of Education, tr&egrave;s diff&eacute;rent du Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale fran&ccedil;ais) se limitant uniquement &agrave; d&eacute;finir et &agrave; superviser le respect d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;exigences au niveau du fonctionnement administratif des &eacute;tablissements &eacute;ducatifs. Les &eacute;tablissements priv&eacute;s ou ind&eacute;pendants, eux, b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;une libert&eacute; et d&rsquo;une autonomie presque totales pour d&eacute;finir leurs programmes, les standards &eacute;tant d&eacute;finis souvent dans le cadre de chartes, d&rsquo;accords ou d&rsquo;associations, comme c&rsquo;est le cas des &eacute;tablissements affili&eacute;s &agrave; la NAIS&nbsp;(National Association of Independent Schools) qui regroupe un grand nombre d&rsquo;&eacute;tablissements de ce type qui s&rsquo;engagent &agrave; suivre un certain nombre de lignes directrices. </span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En mati&egrave;re d&rsquo;enseignement de langues &eacute;trang&egrave;res, chaque &eacute;tat d&eacute;finit donc les programmes &agrave; mettre en place de la maternelle &agrave; la Terminale (PreK-12th grade). Comme la plupart des &eacute;tats de l&rsquo;Union, les &eacute;tats de New York, Massachusetts et Californie &ndash; o&ugrave; nous avons men&eacute; nos recherches &ndash; d&eacute;finissent d&rsquo;eux-m&ecirc;mes un certain nombre de crit&egrave;res, un <em>cadre</em> pour l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res. Ce cadre, dat&eacute; de 1996, est connu sous le nom de &laquo;&nbsp;Learning Standards for Languages Other Than English&nbsp;&raquo;. Il se d&eacute;cline dans une s&eacute;rie de standards ou niveaux seuils pour les langues modernes, le latin et les langues am&eacute;rindiennes. Il est int&eacute;gr&eacute; dans un document cadre plus r&eacute;cent appel&eacute; &laquo;&nbsp;National World Readiness Standards&nbsp;for Learning Languages&nbsp;&raquo;, cr&eacute;&eacute; par l&rsquo;ACTFL. L&rsquo;ACTFL, the American Council on the Teaching of Foreign Languages, ou Conseil Am&eacute;ricain pour l&rsquo;Enseignement des Langues &Eacute;trang&egrave;res est un organisme ind&eacute;pendant financ&eacute; par des fonds priv&eacute;s. </span></span></p> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Voici la traduction int&eacute;grale de la transcription d&rsquo;une vid&eacute;o institutionnelle de l&rsquo;ACTFL pr&eacute;sent&eacute;e dans la page principale de leur site internet officiel. &Agrave; noter que m&ecirc;me si l&rsquo;ensemble des produits et mat&eacute;riels publi&eacute;s par l&rsquo;ACTFL sont surtout destin&eacute;s &agrave; des enseignants de langue &eacute;trang&egrave;re, ils sont tous publi&eacute;s uniquement en anglais&nbsp;:</span></span></p> <blockquote> <p>Apprendre des langues nous pr&eacute;pare &agrave; nous connecter dans le monde multilingue et multiculturel que nous partageons. ACTFL&nbsp;et seize autres organisations ont collabor&eacute; pour cr&eacute;er le World Readiness Standards&nbsp;for Learning Languages. R&eacute;cemment, ces standards ont &eacute;t&eacute; modifi&eacute;s pour se focaliser sur le lettrisme ou le maniement des structures de la langue, les applications des langues dans le monde r&eacute;el et les savoir-faire ou comp&eacute;tences du XXI&egrave;me si&egrave;cle. Ces standards servent comme une feuille de route pour guider les apprenants &agrave; communiquer de mani&egrave;re efficace et interagir avec une comp&eacute;tence globale tout en participant dans les communaut&eacute;s au niveau local et international. &Agrave; l&rsquo;appui de cette vision il y a cinq domaines principaux, aussi connus comme les 5C&nbsp;: communication, cultures, connexions, comparaisons et communaut&eacute;s. Int&eacute;grer ces 5 domaines dans les programmes d&rsquo;instruction permet aux &eacute;l&egrave;ves de se pr&eacute;parer au monde et de devenir des citoyens &eacute;duqu&eacute;s. Dans chaque cat&eacute;gorie des &nbsp;5C on trouve les 11 standards de contenu qui d&eacute;crivent les savoirs et les comp&eacute;tences que les &eacute;l&egrave;ves devront avoir acquis &agrave; la fin de leur processus d&rsquo;apprentissage de la langue.</p> </blockquote> <blockquote> <p>Regardons les domaines des contenus et les standards. L&rsquo;objectif communicationnel est divis&eacute; en 3 standards de contenu d&eacute;crivant les trois modes ou fonctions de la communication&nbsp;: le mode interpersonnel pour interagir avec autrui et n&eacute;gocier le sens, le mode interpr&eacute;tatif pour comprendre et analyser ce qui entendu, lu ou regard&eacute;, et le mode de pr&eacute;sentation pour formuler des messages, pour informer, expliquer, persuader ou raconter des faits (narration). Chaque mode adresse la fa&ccedil;on dont chaque apprenant parle, &eacute;crit, &eacute;coute, regarde et utilise les m&eacute;dias n&rsquo;importe quand, n&rsquo;importe o&ugrave;, avec n&rsquo;importe qui.</p> <p>Comment pouvons-nous mesurer les progr&egrave;s des &eacute;l&egrave;ves&nbsp;pour atteindre ces objectifs&nbsp;? Le World Readiness Standards&nbsp;inclut des exemples d&rsquo;indicateurs de la performance qui permettent aux apprenants et aux enseignants de r&eacute;fl&eacute;chir et suivre leurs progr&egrave;s dans les trois modes de communication en utilisant des &eacute;nonc&eacute;s de style &laquo;&nbsp;Je peux&nbsp;!&nbsp;&raquo;. Ces &eacute;nonc&eacute;s d&eacute;crivent des applications de la langue dans le monde r&eacute;el, montrant ce que les apprenants peuvent faire dans chaque niveau, d&eacute;butant (je peux r&eacute;pondre &agrave; des questions par oui ou non), interm&eacute;diaire (je peux demander de l&rsquo;aide &agrave; l&rsquo;&eacute;cole) et avanc&eacute; (je peux interviewer quelqu&rsquo;un).</p> <p>Parlons maintenant des autres 4C. Elles montrent ce que les &eacute;l&egrave;ves font avec la langue et comment ils s&rsquo;en servent dans une grande vari&eacute;t&eacute; de contextes. Dans les domaines culturels et de comparaisons, les &eacute;l&egrave;ves utilisent la langue cible&nbsp;pour chercher des informations, expliquer et r&eacute;fl&eacute;chir sur des aspects de la langue et r&eacute;fl&eacute;chir sur comment les perspectives culturelles influent sur nos pratiques et productions. Dans le domaine des connexions, les &eacute;l&egrave;ves construisent et d&eacute;veloppent des comp&eacute;tences li&eacute;es &agrave; la pens&eacute;e critique et &agrave; la r&eacute;solution de probl&egrave;mes, et aussi ont acc&egrave;s et &eacute;valuent des perspectives diverses. Dans le domaine des communaut&eacute;s, les &eacute;l&egrave;ves emploient la langue cible dans et &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de la salle de cours. Ils d&eacute;finissent aussi des objectifs et r&eacute;fl&eacute;chissent sur leur progr&egrave;s. Et comment pouvons-nous appr&eacute;cier les progr&egrave;s des &eacute;l&egrave;ves dans ces domaines&nbsp;? Le World Readiness Standards&nbsp;inclut des exemples d&rsquo;indicateurs de progr&egrave;s. Ces indicateurs sont sp&eacute;cifiques en fonction de l&rsquo;&acirc;ge et du niveau des &eacute;l&egrave;ves, reconnaissant que le d&eacute;veloppement cognitif et la maturit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves peuvent ne pas correspondre &agrave; leurs habilet&eacute;s dans le maniement de la langue. Cela veut dire que m&ecirc;me si deux apprenants de m&ecirc;me niveau de ma&icirc;trise peuvent faire preuve de comp&eacute;tences similaires, les t&acirc;ches qu&rsquo;ils effectuent changent en fonction de leur &acirc;ge, exp&eacute;rience et int&eacute;r&ecirc;ts.</p> <p>En r&eacute;sum&eacute;, les World Readiness Standards&nbsp;sont organis&eacute;s autour des 5C, avec des exemples d&rsquo;indicateurs de performance pour pouvoir identifier ce que les apprenants peuvent faire en termes de communication, et des exemples d&rsquo;indicateurs de progr&egrave;s d&eacute;montrant une grande vari&eacute;t&eacute; d&rsquo;applications de la langue. La combinaison de ces &eacute;l&eacute;ments nous montre ce que les apprenants doivent savoir, ce qu&rsquo;ils sont capables de faire et comment ils le font. Ces standards aident les apprenants &agrave; comprendre le d&eacute;veloppement de leurs habilet&eacute;s pour communiquer de mani&egrave;re efficace et interagir avec comp&eacute;tence globale. Aussi, ils offrent aux enseignants de langue de tout niveau une feuille de route ou plan d&rsquo;action &agrave; suivre pour pouvoir guider leurs &eacute;l&egrave;ves &agrave; se pr&eacute;parer au monde. &raquo; (ACTFL&nbsp;: <a href="https://www.actfl.org/publications/all/world-readiness-standards-learning-languages">https://www.actfl.org/publications/all/world-readiness-standards-learning-languages</a>)</p> </blockquote> <p style="margin-left:0in; margin-right:0in; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les points de convergence entre l&rsquo;ACTFL et le CECRL sont &eacute;vidents&nbsp;: tous deux sont fond&eacute;s sur la m&ecirc;me logique transactionnelle de l&rsquo;Approche Par Comp&eacute;tences (APC), celle de l&rsquo;apprentissage fonctionnel et reproductible de la communication. Il est fort ais&eacute; de noter des termes qui nous sont martel&eacute;s et qui sont symptomatiques d&rsquo;une doxa&nbsp;ax&eacute;e sur la m&eacute;canisation du langage (<em>communication, connecter, interagir</em>), l&rsquo;actionnel (<em>savoir-faire, comp&eacute;tence, faire, je peux&nbsp;!, t&acirc;ches, &ecirc;tre capable de faire</em>) et l&rsquo;utilitaire (<em>communiquer de mani&egrave;re efficace, n&eacute;gocier du sens, se servir de la langue, pouvoir faire, &ecirc;tre capable de faire, comment les &eacute;l&egrave;ves le font, applications de la langue</em>). Le tout est bien entendu emball&eacute; dans un &eacute;loge assum&eacute; et sans complexe de la mondialisation (<em>comp&eacute;tence globale, se pr&eacute;parer au monde, le monde r&eacute;el, les m&eacute;dias</em>) plac&eacute;e au c&oelig;ur du dispositif.</span></span></p> <p>Dans cette vid&eacute;o institutionnelle et dans l&rsquo;ensemble des mat&eacute;riaux de l&rsquo;ACTFL consult&eacute;s &agrave; ce jour, nous n&rsquo;avons trouv&eacute; aucune r&eacute;f&eacute;rence au sujet-apprenant ou &agrave; la subjectivit&eacute;, et pour cause&nbsp;: le sujet est express&eacute;ment oubli&eacute;, effac&eacute;. &laquo;&nbsp;L&rsquo;acquisition&nbsp;&raquo; d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re est ici pr&eacute;sent&eacute;e et con&ccedil;ue comme une transaction marchande, la langue &eacute;tant r&eacute;duite &agrave; un code &agrave; ma&icirc;triser, qui peut servir, que l&rsquo;on peut syst&eacute;matiser, emballer, prendre. Pire qu&rsquo;un oubli&nbsp;: on ignore, on refuse dans ce paradigme la complexit&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rience du sujet passant entre les langues, dans le sens d&eacute;fini par J.-M. Prieur, qui qualifie d&rsquo;ailleurs ce genre de mod&egrave;les comme exemples d&rsquo;une &laquo;&nbsp;technologie politique de gouvernement et de contr&ocirc;le des individus&nbsp;&raquo; (Prieur, 2017, en ligne). Nous sommes, comme l&rsquo;ont dit Bruno Maurer et Mohammed Berkaine (Berkaine, 2017) &agrave; propos du CECR, devant des &laquo;&nbsp;mod&egrave;le(s) d&rsquo;uniformisation supranationale&nbsp;&raquo; qui ignorent tout ce que le passage entre les langues implique en termes d&rsquo;intersubjectivit&eacute;, de construction et de d&eacute;construction identitaire. Bref, tout ce que fait d&rsquo;un individu un &ecirc;tre complexe, ses affects, ses peurs, ses r&ecirc;ves, ses diff&eacute;rences, ses d&eacute;sirs. Comment le sujet est ici con&ccedil;u nous rappelle, h&eacute;las, que la praxis en &eacute;ducation et en DLE est trop souvent marqu&eacute;e par la centration sur un apprenant interchangeable parce que pr&eacute;visible, celle de la langue comme bien &agrave; acqu&eacute;rir, &agrave; consommer, &agrave; prendre, de la langue comme produit, celle du faire et de l&rsquo;action, celle de l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute; et de l&rsquo;anonymat.</p> <p style="text-align:left">&nbsp;</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p>ADAMS, Henry, <i>The Education of Henry Adams, Boston</i>, Massachusetts Historical Society, University of Virginia Press, 1907.</p> <p>ANDERSON, Patrick, <i>La didactique des langues &eacute;trang&egrave;res &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du sujet</i>, Besan&ccedil;on, Presses universitaires Franc-Comtoises, 1999.</p> <p>BERKAINE, Mohamed, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&Eacute;cole confront&eacute;e au(x) mod&egrave;le(s) d&rsquo;uniformisation supranationaux&nbsp;: quelle politique &eacute;ducative, quels enjeux, quelle(s) marge(s) et perspective(s)&nbsp;?&nbsp;&raquo;, conf&eacute;rence dans le cadre du III&egrave;me Congr&egrave;s International du R&eacute;seau Francophone de Sociolinguistique (RFS) intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Identit&eacute;s, Conflits et Interventions Sociolinguistiques&nbsp;&raquo;, 14-16 juin 2017, Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry, Montpellier III.</p> <p>CALVET, Louis-Jean, <i>La guerre des langues et les politiques linguistiques</i>, Paris, Hachette Litt&eacute;ratures, 1999.</p> <p>CALVET, Louis-Jean, <i>Le march&eacute; aux langues : essai de politologie linguistique sur la mondialisation</i>, Paris, Plon, 2002.</p> <p>FISHMAN, Joshua A., &laquo; Bilingualism With and Without Diglossia; Diglossia With and Without Bilingualism &raquo;, <i>Journal of Social Issues</i>, vol. 23 / 2, avril 1967, p. 29-38.</p> <p>FISHMAN, Joshua A., COOPER, Robert Leon et NEWMAN, Roxana Ma, <i>Bilingualism in the barrio</i>, Bloomington, &Eacute;tats-Unis d&rsquo;Am&eacute;rique, Indiana University, 1971.</p> <p>FRATH, Pierre, &laquo;&nbsp;Une classification gnos&eacute;ologique des langues au service de la politique linguistique&nbsp;&raquo;, dans <i>Diversit&eacute; linguistique, progr&egrave;s scientifique et d&eacute;veloppement durable</i>, Rep&egrave;res DoRif n.17, Universit&eacute; de Rome, d&eacute;cembre 2018.</p> <p>HOLTZER, Gis&egrave;le, <i>Autonomie et didactique des langues: le Conseil de l&rsquo;Europe et les langues &eacute;trang&egrave;res (1970-1990)</i>, Paris, Les Belles-Lettres, 1995.</p> <p>&laquo; Is Bilingualism Really an Advantage? &raquo; [En ligne : http://www.newyorker.com/science/maria-konnikova/bilingual-advantage-aging- brain]. Consult&eacute; le 19 mars 2017.</p> <p>LEGENDRE, Jacques et FRANCE, S&Eacute;NAT, COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES, &laquo;&nbsp;Rapport d&rsquo;information fait au nom de la Commission des affaires culturelles sur l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res en France, ISSN 1240-8425&nbsp;&raquo;, Paris, Impressions S&eacute;nat, 2003.</p> <p>MARTINEZ, Pierre, <i>La didactique des langues &eacute;trang&egrave;res</i>, Presses Universitaires de France, 1998.</p> <p>MAURER, Bruno, <i>Enseignement des langues et construction europ&eacute;enne: le plurilinguisme, nouvelle id&eacute;ologie dominante</i>, Paris, &Eacute;d. des Archives Contemporaines, 2011.</p> <p>PIERRA, Gis&egrave;le, <i>Une esth&eacute;tique th&eacute;&acirc;trale en langue &eacute;trang&egrave;re</i>, Editions L&rsquo;Harmattan, 2001. &nbsp;</p> <p>PRIEUR, Jean-Marie, &laquo; L&rsquo;empire des mots morts. Lisons le CECR comme un cauchemar&nbsp;&raquo;, <i>Revue TDFLE</i>, n&deg;70, [En ligne : <a href="http://revue-tdfle.fr/revue_publi.id_publi-31.html">http://revue-tdfle.fr/revue_publi.id_publi-31.html</a>], 2017. Consult&eacute; le 18 juillet 2019.</p> <p><a href="https://medium.com/@TransparentLanguage/sorry-stem-google-just-made-the-case-for-more-foreign-language-education-a4b9e0f0f9c3">https://medium.com/@TransparentLanguage/sorry-stem-google-just-made-the-case-for-more-foreign-language-education-a4b9e0f0f9c3</a>. Cet article fait r&eacute;f&eacute;rence aux conclusions de l&rsquo;&eacute;tude Oxygen effectu&eacute;e par Google en 2013. Voir aussi&nbsp;: The New Education, Cathy N. Davidson, Basic Books, New York, 2017.</p> <p><a href="http://www.nysed.gov/world-languages/schools/languages-other-english-publications">http://www.nysed.gov/world-languages/schools/languages-other-english-publications</a></p> <p><a href="http://www.nysed.gov/common/nysed/files/programs/world-languages/lotelea.pdf">http://www.nysed.gov/common/nysed/files/programs/world-languages/lotelea.pdf</a></p> <p><a href="https://www.actfl.org/publications/all/world-readiness-standards-learning-languages">https://www.actfl.org/publications/all/world-readiness-standards-learning-languages</a>, Vid&eacute;o aussi disponible en version sous-titr&eacute;e fran&ccedil;aise&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=GQq1OT-b9hU">https://www.youtube.com/watch?v=GQq1OT-b9hU</a></p>