<h2>1. Introduction</h2> <p>La notion de soi, quoique cruciale dans la psychologie g&eacute;n&eacute;rale, n&#39;a qu&#39;assez r&eacute;cemment acquis quelque importance dans la recherche en acquisition des langues &eacute;trang&egrave;res (RAL). V&eacute;hicule privil&eacute;gi&eacute; de la subjectivit&eacute; d&#39;une personne, structure cognitive et affective centrale qui lui permet d&#39;organiser ses exp&eacute;riences d&#39;une mani&egrave;re efficace, le soi est d&eacute;fini comme</p> <blockquote> <p>syst&egrave;me au centre de notre vie, qui nous permet de donner du sens &agrave; notre situation dans le monde et qui guide notre comportement &agrave; travers notre r&eacute;alit&eacute; quotidienne et nos rencontres interpersonnelles. [&hellip;] Il se trouve au centre de notre psychologie, unissant ce que nous croyons &ecirc;tre, ce que nous sentons, pensons, voulons et nos strat&eacute;gies d&#39;action (Mercer, 2011a&nbsp;: 57-58)<a href="#sdfootnote1sym">[1]</a>.</p> </blockquote> <p>Son apparition dans la RAL s&#39;inscrit dans un tournant psychologique, effectu&eacute; surtout (mais pas uniquement) dans le cadre des &eacute;tudes sur la motivation, &laquo;&nbsp;caract&eacute;ris&eacute; par l&#39;approche cognitive qui met l&#39;accent sur les connaissances, les pens&eacute;es, les r&eacute;flexions des individus et leur mani&egrave;re d&#39;interpr&eacute;ter l&#39;exp&eacute;rience&nbsp;&raquo; (Raby et Narcy-Combes, 2009&nbsp;: <span style="font-family:Times New Roman,serif">&sect;</span> 7). Un tournant, donc, vers l&#39;&eacute;tude des conceptualisations que les individus ont d&#39;eux-m&ecirc;mes en tant qu&#39;apprenants de langues, de leurs interactions avec le contexte de leur apprentissage et les changements dynamiques de leur motivation (Lyons, 2014&nbsp;: 110). L&#39;int&eacute;r&ecirc;t de cet article est de pr&eacute;senter bri&egrave;vement les th&eacute;ories relatives &agrave; la notion de soi dans la RAL, sur l&#39;exemple de deux th&eacute;orisations tr&egrave;s influentes et repr&eacute;sentatives de deux approches m&eacute;thodologiques distinctes, qui seront analys&eacute;es respectivement.</p> <h2>2. Th&eacute;orie du &laquo;&nbsp;syst&egrave;me motivationnel du soi li&eacute; &agrave; la L2&nbsp;&raquo; (<em>L2 Motivational Self System</em>) de Zolt<span style="font-family:Times New Roman,serif">&aacute;</span>n D&ouml;rnyei</h2> <p>L&#39;importance de la notion de soi en psychologie g&eacute;n&eacute;rale est ind&eacute;niable, l&#39;existence de cette structure est parfois trait&eacute;e comme l&#39;un des traits d&eacute;finissant la nature m&ecirc;me de l&#39;&ecirc;tre humain&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Les humains sont des animaux sociaux, mais ils sont notables aussi particuli&egrave;rement pour leur conscience de soi. [&hellip;] La recherche portant sur ce trait unique de la psychologie humaine a d&eacute;montr&eacute; que le soi est plus qu&#39;un &eacute;piph&eacute;nom&egrave;ne, il fonctionne plut&ocirc;t comme une plateforme importante pour r&eacute;guler les pens&eacute;es, les &eacute;motions, les relations interpersonnelles (Nowak, Vallacher et Zochowski, 2005&nbsp;: 368).</p> </blockquote> <p>L&#39;une des premi&egrave;res th&eacute;ories en RAL &agrave; mettre au centre de ses pr&eacute;occupations la notion du soi, et notamment son potentiel pour l&#39;autor&eacute;gulation, est la th&eacute;orie du &laquo;&nbsp;syst&egrave;me motivationnel du soi li&eacute; &agrave; la L2&nbsp;&raquo; (<em>L2 Motivational Self System</em>) de Zolt<span style="font-family:Times New Roman,serif">&aacute;</span>n D&ouml;rnyei. Elle s&#39;inscrit dans la tradition des recherches sur la motivation &agrave; apprendre les langues &eacute;trang&egrave;res, ayant pour ant&eacute;c&eacute;dent dans son domaine les recherches c&eacute;l&egrave;bres de Robert C. Gardner et de ses collaborateurs, focalis&eacute;es sur les motifs instrumentaux et int&eacute;gratifs pour apprendre une langue (utilit&eacute; vs. d&eacute;sir de rejoindre la communaut&eacute; de la langue cible, cf. Gardner, 1985). Les r&eacute;sultats des recherches hongroises de D&ouml;rnyei et de ses collaborateurs sur la motivation des &eacute;l&egrave;ves &agrave; apprendre les langues &eacute;trang&egrave;res ont &eacute;t&eacute; expliqu&eacute;s avec l&#39;aide de deux th&eacute;ories psychologiques&nbsp;: celle des &laquo;&nbsp;sois possibles&nbsp;&raquo; (<em>possible selves</em>, Markus et Nurius, 1986) et celles des &laquo;&nbsp;divergences de repr&eacute;sentations de soi&nbsp;&raquo; (<em>self-dicrepancy</em>, Higgins, 1987). La premi&egrave;re postule l&#39;existence d&#39;un nombre potentiellement infini des visions du soi futur, dans lesquelles se refl&egrave;tent les d&eacute;sirs, les objectifs, les attentes, les devoirs, mais aussi les craintes de l&#39;individu, qui accompagnent et dynamisent tout comportement motiv&eacute;. La deuxi&egrave;me distingue trois domaines principaux du soi&nbsp;: le soi actuel, id&eacute;al et oblig&eacute; (<em>actual, ideal and ought-to self</em>), chacun pouvant &ecirc;tre contempl&eacute; de la perspective int&eacute;rieure du sujet ou de celle des autres, qui dynamisent son action en cr&eacute;ant des tensions &eacute;motionnelles, surtout entre l&#39;&eacute;tat actuel et celui auquel le sujet aspire. Dans son mod&egrave;le de la motivation de l&#39;apprenant, D&ouml;rnyei a gard&eacute; les deux &laquo;&nbsp;standards de soi&nbsp;&raquo; de Higgins en postulant l&#39;existence d&#39;une facette sp&eacute;cifique pour l&#39;apprentissage des langues&nbsp;: le &laquo;&nbsp;soi id&eacute;al li&eacute; &agrave; la L2&nbsp;&raquo; (<em>ideal L2 self</em>) et le &laquo;&nbsp;soi oblig&eacute; li&eacute; &agrave; la L2&nbsp;&raquo; (<em>ought-to L2 self</em>). Ces deux visions du soi futur de l&#39;apprenant, un soi ma&icirc;trisant la langue &eacute;trang&egrave;re, l&#39;utilisant pour le loisir ou au travail, traduisent l&#39;importance personnelle que la langue &eacute;trang&egrave;re rev&ecirc;t pour l&#39;avenir de l&#39;apprenant. L&#39;auteur y a ajout&eacute; un troisi&egrave;me facteur, l&#39;exp&eacute;rience de l&#39;apprentissage de la langue, permettant de tenir compte du pr&eacute;sent de l&#39;apprentissage, de son d&eacute;veloppement contextuel. La motivation s&#39;ensuit de ces trois facteurs, m&ecirc;me si les m&eacute;canismes qui y m&egrave;nent ne sont pas toujours explicites. Le soi id&eacute;al ou oblig&eacute; li&eacute; &agrave; la L2 est cens&eacute; motiver au moyen d&#39;une tension &eacute;motionnelle d&eacute;sagr&eacute;able, caus&eacute;e par la distance qui le s&eacute;pare de l&#39;&eacute;tat actuel, mais ce dernier n&#39;est jamais conceptualis&eacute; ou diagnostiqu&eacute; chez les apprenants (cf. Taylor <i>et al</i>., 2013&nbsp;: 4). La seule pr&eacute;sence d&#39;une vision encourageante d&#39;un soi futur ma&icirc;trisant la L2 semble suffire pour motiver l&#39;apprenant &agrave; l&#39;effort, pour peu que cette vision remplisse certaines conditions de base. Elle doit &ecirc;tre vive, &eacute;labor&eacute;e, d&eacute;taill&eacute;e, et assez vraisemblable pour qu&#39;il soit rationnel de la poursuivre. Elle doit &ecirc;tre pr&eacute;sente dans la m&eacute;moire op&eacute;rationnelle (activ&eacute;e) et accompagn&eacute;e de la connaissance des strat&eacute;gies proc&eacute;durales permettant de s&#39;en approcher. Les sois id&eacute;al et oblig&eacute; doivent &ecirc;tre en harmonie, et, de pr&eacute;f&eacute;rence, contrebalanc&eacute;s par une vision contraire d&#39;un soi redout&eacute;, qui a failli &agrave; l&#39;apprentissage de la L2 (D&ouml;rnyei, 2009 : 18-22).</p> <p>Le mod&egrave;le, compos&eacute; de trois facteurs principaux, concentr&eacute; pourtant surtout sur le soi id&eacute;al li&eacute; &agrave; la L2, prend certainement en charge certains aspects de la subjectivit&eacute; de l&#39;apprenant. Les sois possibles &eacute;taient parfois confondus avec de simples objectifs personnels, vu que les deux v&eacute;hiculent la repr&eacute;sentation d&#39;un &eacute;tat final d&eacute;sir&eacute; (cf. Miller et Brickman, 2004&nbsp;: 14). Pourtant, le soi possible est comme un objectif incarn&eacute;, projet&eacute; sur la personne m&ecirc;me de l&#39;individu engag&eacute; dans un comportement motiv&eacute;, et v&eacute;cu par la personne comme une r&eacute;alit&eacute; (cf. D&ouml;rnyei, 2009&nbsp;: 15-16).</p> <p>Le mod&egrave;le a &eacute;t&eacute; valid&eacute; empiriquement dans de nombreuses recherches (cf. D&ouml;rnyei et Ushioda, 2009). Certaines relations int&eacute;ressantes ont pu &ecirc;tre &eacute;tablies &eacute;galement entre le soi id&eacute;al li&eacute; &agrave; la L2 et d&#39;autres caract&eacute;ristiques des apprenants des langues. Par exemple, Csiz&eacute;r et Kormos (2014&nbsp;: 83-84) ont trouv&eacute; une corr&eacute;lation mod&eacute;r&eacute;e, mais significative entre le soi id&eacute;al des apprenants et certains d&eacute;terminants de l&#39;autor&eacute;gulation (contr&ocirc;le de l&#39;engagement et gestion de l&#39;ennui). Iwaniec (2014&nbsp;: 200-201) a trouv&eacute; des corr&eacute;lations assez fortes entre le soi id&eacute;al li&eacute; &agrave; la L2 et l&#39;auto-efficacit&eacute;, l&#39;autor&eacute;gulation et le concept de soi en L2 (dans l&#39;ordre de la force de la corr&eacute;lation). Le soi id&eacute;al li&eacute; &agrave; la L2 s&#39;est av&eacute;r&eacute; le meilleur pr&eacute;dicteur du comportement r&eacute;gulateur de l&#39;apprenant. Lyons (2014) a d&eacute;couvert, lors d&#39;une recherche qualitative longitudinale (entretiens en groupe, puis individuels men&eacute;s aupr&egrave;s de 33 &eacute;tudiants cor&eacute;ens), que &laquo;&nbsp;la capacit&eacute; de l&#39;&eacute;tudiant &agrave; cr&eacute;er un soi possible vif est un composant important dans l&#39;apprentissage motiv&eacute; et auto-dirig&eacute;&nbsp;&raquo; (Lyons, 2014&nbsp;: 123). L&#39;auteur distingue un soi id&eacute;al (vision d&eacute;taill&eacute;e et r&eacute;aliste d&#39;un soi futur ma&icirc;trisant la L2) d&#39;un soi &laquo;&nbsp;idyllique&nbsp;&raquo; (vague d&eacute;sir de parler comme un locuteur natif), dont seulement le premier est en fait li&eacute; au comportement motiv&eacute; effectif (Lyons, 2014&nbsp;: 117-118).</p> <h2>3. M&eacute;thodologies quantitatives</h2> <p>Ce sont les approches quantitatives qui ont engendr&eacute; la th&eacute;orie du syst&egrave;me motivationnel du soi li&eacute; &agrave; la L2 de Zolt<span style="font-family:Times New Roman,serif">&aacute;</span>n D&ouml;rnyei et de ses collaborateurs. Les recherches qui ont donn&eacute; lieu &agrave; cette th&eacute;orie portaient sur la motivation &agrave; apprendre les langues &eacute;trang&egrave;res des &eacute;coliers hongrois. Il s&#39;agit de deux enqu&ecirc;tes men&eacute;es en Hongrie en 1993 et 1999, respectivement aupr&egrave;s de 4,765 et 3,828 participants &acirc;g&eacute;s de 13/14 ans, en derni&egrave;re classe de l&#39;&eacute;cole primaire. Tous ont re&ccedil;u le m&ecirc;me questionnaire compos&eacute; de 37 questions, &eacute;labor&eacute; &agrave; la base de questionnaires existants sur la motivation &agrave; apprendre des langues &eacute;trang&egrave;res. Il contenait des questions sur l&#39;attitude des &eacute;l&egrave;ves envers cinq langues &eacute;trang&egrave;res les plus populaires en Hongrie ainsi qu&#39;envers six communaut&eacute;s de locuteurs natifs de ces langues et quelques questions suppl&eacute;mentaires (cf. D&ouml;rnyei et Csiz&eacute;r, 2002&nbsp;: 428-430). Le but principal a &eacute;t&eacute; de mesurer les facteurs responsables pour la motivation des apprenants, conceptualis&eacute;e comme le choix d&#39;une langue donn&eacute;e et l&#39;effort que l&#39;apprenant se d&eacute;clare pr&ecirc;t &agrave; investir dans l&#39;apprentissage. L&#39;analyse factorielle des r&eacute;sultats a fait surgir les facteurs principaux suivants&nbsp;: int&eacute;grativit&eacute;, instrumentalit&eacute;, contact direct avec les locuteurs de la L2, int&eacute;r&ecirc;t culturel (contact indirect) et vitalit&eacute; de la communaut&eacute; de la L2 (D&ouml;rnyei et Csiz&eacute;r, 2002&nbsp;: 432). Apr&egrave;s une nouvelle analyse de ces donn&eacute;es &agrave; l&#39;aide d&#39;une proc&eacute;dure statistique plus complexe (mod&egrave;le d&#39;&eacute;quations structurelles), des relations int&eacute;ressantes entre les variables ont pu &ecirc;tre &eacute;tablies. Il a &eacute;t&eacute; d&eacute;termin&eacute; que seule l&#39;int&eacute;grativit&eacute; affecte directement la motivation (par rapport &agrave; ses deux crit&egrave;res). A son tour, elle s&#39;appuie sur deux facteurs ant&eacute;c&eacute;dents qui m&eacute;dient entre elle et toutes les autres variables&nbsp;: l&#39;instrumentalit&eacute; et l&#39;attitude envers les locuteurs de la L2 (Csiz&eacute;r et D&ouml;rnyei, 2005&nbsp;: 26-30). Les auteurs y ont vu la confirmation empirique de leur mod&egrave;le &eacute;mergent de la motivation de l&#39;apprenant de langue&nbsp;: l&#39;int&eacute;grativit&eacute; ne pouvait pas &ecirc;tre per&ccedil;ue, en effet, comme d&eacute;sir de rejoindre un autre groupe &eacute;thnique ou linguistique, inexistant dans le contexte hongrois. Elle est donc interpr&eacute;t&eacute;e comme le &laquo;&nbsp;soi id&eacute;al&nbsp;&raquo; li&eacute; &agrave; la L2, ce qui explique aussi son lien direct avec l&#39;instrumentalit&eacute;&nbsp;: les motifs personnels, curiosit&eacute;, d&eacute;sir participent &agrave; l&#39;image id&eacute;ale du soi &agrave; l&#39;&eacute;gal des aspirations professionnelles, associ&eacute;es aux motifs instrumentaux.</p> <p>Des m&eacute;thodologies analogues &ndash; enqu&ecirc;tes &agrave; questions ferm&eacute;es ou &agrave; l&#39;&eacute;chelle de Likert distribu&eacute;es &agrave; un grand nombre de participants, trait&eacute;es ensuite &agrave; l&#39;aide de programmes statistiques complexes pour interpr&eacute;ter les r&eacute;sultats &ndash; ont &eacute;t&eacute; utilis&eacute;es dans d&#39;innombrables recherches visant &agrave; valider le Syst&egrave;me motivationnel du soi li&eacute; &agrave; la L2 (pour de nombreux exemples, cf. les &eacute;tudes recueillies dans le volume &laquo;&nbsp;Motivation, Language Identity and the L2 Self&nbsp;&raquo;, 2009, dir. Z. D&ouml;rnyei et E. Ushioda). Il semble int&eacute;ressant d&#39;observer que le questionnaire original de la recherche hongroise ne contenait &eacute;videmment pas d&#39;items ciblant directement le soi id&eacute;al li&eacute; &agrave; la L2, puisque ce concept a &eacute;t&eacute; propos&eacute; ult&eacute;rieurement, pour donner du sens aux r&eacute;sultats obtenus. Dans les recherches post&eacute;rieures, cette variable est mesur&eacute;e directement &agrave; l&#39;aide d&#39;un certain nombre d&#39;items, par exemple six des 100 questions dans l&#39;enqu&ecirc;te de Ryan&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;(39) Les choses que je veux faire dans l&#39;avenir exigent que je parle anglais&nbsp;; (45) A chaque fois que je pense &agrave; ma carri&egrave;re future, je m&#39;imagine comme &eacute;tant capable de parler anglais, (59) Je m&#39;imagine souvent comme quelqu&#39;un capable de parler anglais, (83) Si mes r&ecirc;ves se r&eacute;alisent, j&#39;utiliserai l&#39;anglais effectivement dans l&#39;avenir, (93) Je peux m&#39;imaginer parlant anglais avec des amis internationaux, (100) Quand je pense &agrave; mon avenir, il est important que je parle anglais&nbsp;&raquo; (Ryan, 2009&nbsp;: 143).</p> </blockquote> <p>Il est incontestable que les m&eacute;thodologies quantitatives ont contribu&eacute; et contribuent largement au d&eacute;veloppement de la RAL et de la didactique des langues et des cultures (DLC)&nbsp;; elles &laquo;&nbsp;permettent de faire des liens, d&rsquo;observer des relations que les approches qualitatives ne peuvent mettre en &eacute;vidence, ni m&ecirc;me d&eacute;celer&nbsp;&raquo; (Derivry-Plard, 2014&nbsp;: &sect; 37). Il est possible de faire des recherches de ce type &agrave; grande &eacute;chelle et de g&eacute;n&eacute;raliser leurs r&eacute;sultats, dont la validit&eacute; est garantie par l&#39;&eacute;chantillon repr&eacute;sentatif et le traitement statistique correct. En cherchant des r&eacute;gularit&eacute;s syst&eacute;matiques, pr&eacute;sentes dans la population, il est en effet indispensable d&#39;y avoir recours. Cependant, l&#39;utilisation des m&eacute;thodologies quantitatives pr&eacute;sente aussi certaines limitations, surtout du point de vue de la recherche sur la subjectivit&eacute;. Si la signification statistique des relations entre les variables est facile &agrave; calculer, comment s&#39;assurer de la validit&eacute; conceptuelle de ces variables, parfois tr&egrave;s complexes, mesur&eacute;es &agrave; l&#39;aide de trois ou quatre questions ferm&eacute;es&nbsp;? Cela peut donner lieu &agrave; des complications surtout si pour la variable en question, il n&#39;existe aucun correspondant plus tangible, qui pourrait servir de crit&egrave;re de validit&eacute; (comme pour le soi id&eacute;al). On ne peut pas, non plus, en s&#39;appuyant uniquement sur des donn&eacute;es introspectives, &ecirc;tre s&ucirc;r que les r&eacute;ponses fournies le sont de bonne foi ou que les contenus sollicit&eacute;s auraient quelque poids pour les participants, si le questionnaire ne les avait pas amen&eacute;s &agrave; leur attention (cf. Ryan et Mercer, 2012&nbsp;: 80). Les &eacute;tudes quantitatives d&eacute;pendent donc largement de l&#39;interpr&eacute;tation qui est fournie de leurs r&eacute;sultats, qui n&#39;est pas directement mesurable &agrave; son tour.</p> <p>Le paradoxe des &eacute;tudes quantitatives est aussi de traiter &agrave; une tr&egrave;s grande &eacute;chelle des variables par nature aussi individuelles, subjectives et uniques que les croyances, d&eacute;sirs, attitudes, r&ecirc;ves etc. Tout comme la recherche en diff&eacute;rences individuelles, qui &laquo;&nbsp;se pr&eacute;occuppe non pas de caract&eacute;ristiques individuelles d&#39;individus uniques, mais de caract&eacute;ristiques partag&eacute;es de certains types d&#39;individus&nbsp;&raquo; (Ushioda, 2011&nbsp;: 12), la recherche quantitative am&egrave;ne in&eacute;luctablement le chercheur &agrave; traiter l&#39;apprenant comme un &laquo;&nbsp;paquet th&eacute;orique de variables&nbsp;&raquo; (Ushioda, 2011&nbsp;: 18) plut&ocirc;t que comme individu unique, avec sa propre biographie, ses exp&eacute;riences, caract&eacute;ristiques uniques. Les r&eacute;sultats de ces recherches permettent de pr&eacute;dire la distribution de certaines variables ou les relations entre elles dans la population, mais ne disent rien sur le v&eacute;cu d&#39;un apprenant concret, qui se perd dans la foule des apprenants-types.</p> <h2>4. Concept de soi de l&#39;apprenant de langues</h2> <p>En psychologie g&eacute;n&eacute;rale, il existe de tr&egrave;s nombreuses notions qui se rapportent plus ou moins directement &agrave; la notion du soi de l&rsquo;individu, en traduisant d&rsquo;une certaine mani&egrave;re un ou plusieurs aspects de son rapport envers lui-m&ecirc;me. L&rsquo;estime de soi (<em>self-esteem</em>), traduisant l&rsquo;attitude affective g&eacute;n&eacute;rale du sujet envers lui-m&ecirc;me, est l&rsquo;un des concepts les plus importants et les plus recherch&eacute;s en psychologie, pr&eacute;sum&eacute; avoir une influence majeure sur diff&eacute;rents aspects de la sant&eacute; mentale et de l&rsquo;activit&eacute; du sujet (Mercer, 2012&nbsp;: 11). L&rsquo;auto-efficacit&eacute; (<em>self-efficacy</em>) est le sentiment de l&rsquo;agentivit&eacute;, la croyance du sujet en sa capacit&eacute; d&rsquo;accomplir une t&acirc;che (Bandura, 1997). Elle est parfois consid&eacute;r&eacute;e comme un &eacute;l&eacute;ment essentiel du concept de soi, qui est une notion plus g&eacute;n&eacute;rale (Bong et Skaalvik, 2003&nbsp;: 10-11) L&rsquo;identit&eacute;, au sens psychologique du sentiment de l&rsquo;identit&eacute;, &eacute;tablit un rapport entre l&rsquo;individu et ses communaut&eacute;s de r&eacute;f&eacute;rence telles que la famille, la religion ou la nation (Morita, 2012&nbsp;: 27). Tous ces concepts ont eu de nombreuses applications tout au long de leur existence, parmi lesquelles aussi, &agrave; diff&eacute;rents degr&eacute;s, la probl&eacute;matique de l&rsquo;acquisition et apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res.</p> <p>Le &laquo;&nbsp;concept de soi&nbsp;&raquo; (<em>self-concept</em>) semble &ecirc;tre le plus g&eacute;n&eacute;ral et le plus neutre parmi ces notions. Il englobe toutes les repr&eacute;sentations, croyances et conceptualisations que l&rsquo;individu cr&eacute;e au sujet de ses propres caract&eacute;ristiques, capacit&eacute;s, relations etc., ainsi que son attitude &eacute;motionnelle envers celles-l&agrave; et donc, envers lui-m&ecirc;me (Mercer, 2011a&nbsp;: 57-58). Il est d&#39;habitude conceptualis&eacute; comme fragment&eacute;, pluriel, ayant une facette diff&eacute;rente pour chaque domaine de l&#39;activit&eacute; de l&#39;individu. Dans les mod&egrave;les plus anciens, ces concepts de soi &eacute;taient organis&eacute;s en une structure strictement hi&eacute;rarchique, dans laquelle les notions plus g&eacute;n&eacute;rales englobaient les plus d&eacute;taill&eacute;es. Par exemple, chez Marsh et Shavelson (1985), le concept de soi g&eacute;n&eacute;ral se divise en soi acad&eacute;mique et non-acad&eacute;mique. Le premier est subdivis&eacute; en soi math&eacute;matique et verbal et ensuite, selon les domaines du savoir acad&eacute;miques, tandis que le deuxi&egrave;me se compose de soi &eacute;motionnel, social et physique. Cette nature plurielle du concept de soi a naturellement facilit&eacute; l&#39;application de la notion aux &eacute;tudes sur l&#39;apprentissage des langues. D&#39;un c&ocirc;t&eacute;, il para&icirc;t &eacute;vident que le concept de soi (g&eacute;n&eacute;ral ou relatif aux langues) doit influencer le processus de l&#39;acquisition langagi&egrave;re, au m&ecirc;me titre que d&#39;autres notions relatives au soi, jug&eacute;es importantes en RAL ou en DLC, comme estime de soi ou auto-efficacit&eacute; (cf. le volume intitul&eacute; &laquo;&nbsp;The impact of self-concept on language learning&nbsp;&raquo;, dir. K. Csiz&eacute;r et M. Magid, 2014). D&#39;autre part, il semble int&eacute;ressant d&#39;explorer les facettes sp&eacute;cifiques du concept de soi qui peuvent se rapporter, respectivement, aux langues en g&eacute;n&eacute;ral, &agrave; la langue maternelle, aux langues &eacute;trang&egrave;res, puis &agrave; chacune s&eacute;par&eacute;ment.</p> <p>Au cours des recherches sur le concept de soi en L2, quelques-unes de ses caract&eacute;ristiques ont pu &ecirc;tre &eacute;tablies. D&#39;apr&egrave;s les recherches de Sarah Mercer (2011a), il existe chez une personne des &eacute;l&eacute;ments de son image de soi qui restent stables &agrave; travers les diff&eacute;rentes facettes du concept de soi. Il s&#39;agit de croyances cl&eacute;s, centrales pour la repr&eacute;sentation de soi qu&#39;une personne construit&nbsp;: par exemple, une participante se croit une personne sociable, extravertie et active, motif qui revient cons&eacute;quemment dans tous les entretiens avec cette personne (Mercer, 2001a&nbsp;: 39-41). De telles convictions ne sont pas faciles &agrave; modifier, m&ecirc;me si, en fonction d&#39;exp&eacute;riences d&#39;apprentissage concr&egrave;tes, elles peuvent devenir plus nuanc&eacute;es. Une autre observation int&eacute;ressante concerne le d&eacute;coupage de &laquo;&nbsp;domaines&nbsp;&raquo; qui peuvent &ecirc;tre &agrave; la base de concepts de soi autonomes, et qui parfois sont des unit&eacute;s tr&egrave;s petites, comme une comp&eacute;tence langagi&egrave;re particuli&egrave;re dans une langue donn&eacute;e (par exemple, un concept de soi relativement diff&eacute;rent li&eacute; &agrave; l&#39;anglais &eacute;crit et parl&eacute; chez la participante de l&#39;&eacute;tude de Mercer, 2011a&nbsp;: 55-56). Les diff&eacute;rentes langues apprises par l&#39;individu donnent lieu &agrave; diff&eacute;rents concepts de soi li&eacute;s &agrave; ces langues, tout comme les langues elles-m&ecirc;mes, ainsi que les communaut&eacute;s de leurs utilisateurs natifs, engendrent des repr&eacute;sentations et des attitudes distinctes, voire parfois contraires. Ainsi, par exemple, la participante d&#39;une recherche de Mercer se croit excellente en anglais, se sent confortable dans cette langue qui ne l&#39;angoisse pas ni ne pr&eacute;sente de menace &agrave; son estime de soi, tandis qu&#39;elle se sent incomp&eacute;tente, peu s&ucirc;re d&#39;elle et peu dou&eacute;e pour l&#39;italien, la deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re apprise dans son cursus universitaire (Mercer, 2011a&nbsp;: 54-59). En analysant ce cas particulier, on pourrait &ecirc;tre tent&eacute; de croire que le concept de soi devient plus positif au fur et &agrave; mesure que l&#39;apprentissage avance&nbsp;: il semble en effet difficile d&#39;&ecirc;tre tr&egrave;s s&ucirc;r de soi, persuad&eacute; de son talent dans un domaine auquel on vient d&#39;&ecirc;tre initi&eacute;. Pourtant, une telle conclusion serait h&acirc;tive, et d&#39;autres exemples montrent que m&ecirc;me deux langues ma&icirc;tris&eacute;es &agrave; un niveau comparable peuvent donner lieu &agrave; deux concepts de soi diam&eacute;tralement diff&eacute;rents, d&eacute;pendant en partie des attitudes envers les langues et les communaut&eacute;s qui les parlent, des exp&eacute;riences d&#39;apprentissage et des projets ou d&eacute;sirs personnels, qui peuvent y &ecirc;tre rattach&eacute;s avant m&ecirc;me que l&#39;apprentissage effectif commence (Mercer, 2014&nbsp;: 59-63). Ce qui semble n&eacute;anmoins aquis, c&#39;est qu&#39;avec le niveau de ma&icirc;trise croissant d&#39;une langue, le concept de soi qui y est li&eacute; devient, sinon obligatoirement plus positif, d&eacute;cidemment plus complexe, nuanc&eacute; et stable (Mercer, 2011a&nbsp;: 61).</p> <p>S&#39;il a &eacute;t&eacute; dit que les exp&eacute;riences r&eacute;elles qui informent le processus de l&#39;apprentissage (ou plut&ocirc;t leur v&eacute;cu subjectif) ont un r&ocirc;le majeur dans la formation d&#39;un concept de soi li&eacute; &agrave; l&#39;apprentissage d&#39;une langue, l&#39;inverse n&#39;est pas moins vrai&nbsp;: chaque circonstance particuli&egrave;re, aussi objective et ext&eacute;rieure qu&#39;elle puisse para&icirc;tre, est aussi interpr&eacute;t&eacute;e &agrave; la lumi&egrave;re d&#39;un concept de soi d&eacute;j&agrave; bien form&eacute; ou &eacute;mergent. On peut &eacute;voquer, encore une fois, l&#39;exemple de la participante de l&#39;&eacute;tude de Mercer, qui obtient une tr&egrave;s bonne note (A) &agrave; la fin du cursus aussi bien en anglais qu&#39;en italien, mais n&#39;arr&ecirc;te pas de se croire meilleure en anglais (Mercer, 2011a&nbsp;: 58). A un moment, elle re&ccedil;oit une tr&egrave;s mauvaise note &agrave; un examen &eacute;crit en anglais (D), mais est capable de se l&#39;expliquer en disant qu&#39;elle n&#39;a pas vraiment commis d&#39;erreurs de langue, mais juste des fautes de style et qu&#39;elle a trait&eacute; la mati&egrave;re d&#39;une mani&egrave;re trop d&eacute;taill&eacute;e, ce qui permet de sauvegarder son concept de soi tr&egrave;s positif par rapport &agrave; l&#39;anglais (Mercer 2011a&nbsp;: 39). Approximativement en m&ecirc;me temps, elle re&ccedil;oit un A &agrave; un test en italien, mais une telle diff&eacute;rence de notes n&#39;abolit pas la diff&eacute;rence entre les concepts de soi, celui en italien restant beaucoup plus n&eacute;gatif. De m&ecirc;me, la perception de la motivation &agrave; apprendre les deux langues semble interpr&eacute;t&eacute;e &agrave; la lumi&egrave;re des concepts de soi respectifs&nbsp;: la participante affirme &ecirc;tre beaucoup plus motiv&eacute;e pour l&#39;apprentissage de l&#39;anglais, tandis qu&#39;en r&eacute;alit&eacute; elle consacre bien plus de temps &agrave; l&#39;&eacute;tude de l&#39;italien, se limitant aux usages informels dans le cas de l&#39;anglais (Mercer, 2011a&nbsp;: 59).</p> <p>Depuis quelque temps, de nouveaux mod&egrave;les du concept de soi li&eacute; &agrave; la L2 sont propos&eacute;s, surtout dans la veine du &laquo;&nbsp;tournant complexit&eacute;&nbsp;&raquo; (<em>complexity turn</em>, Mercer, 2011b&nbsp;: 61) observable dans de nombreuses sciences humaines et sociales, entre autres la RAL et la DLC. Les mod&egrave;les hi&eacute;rarchiques, compos&eacute;s de diff&eacute;rents domaines de soi englob&eacute;s d&#39;une mani&egrave;re parfaitement ordonn&eacute;e les uns dans les autres, sont d&eacute;sactualis&eacute;s en raison de leur simplicit&eacute; excessive et de leur incapacit&eacute; &agrave; rendre compte de certains traits des concepts de soi, bien &eacute;tablis empiriquement, tels que les fluctuations au sein du concept de soi ou les connexions entre les diff&eacute;rents domaines. Mercer (2011a&nbsp;: 67-70) propose un mod&egrave;le dynamique, ouvert et tridimensionnel qui repr&eacute;sente le concept de soi en tant qu&#39;un r&eacute;seau de relations. Les diff&eacute;rentes facettes du concept de soi y sont repr&eacute;sent&eacute;es par des n&oelig;uds de diff&eacute;rentes dimensions selon leur importance relative pour l&#39;individu, qui sont reli&eacute;s entre eux par des sentiers de diff&eacute;rente &eacute;paisseur, pouvant aller dans plusieurs sens. Le mod&egrave;le est ouvert, c&#39;est-&agrave;-dire que d&#39;autres domaines du concept de soi, ainsi que de nouveaux liens entre ceux qui existent d&eacute;j&agrave; ou d&#39;autres, peuvent venir s&#39;y ajouter &agrave; n&#39;importe quel moment. A part la th&eacute;orie des r&eacute;seaux, celle des syst&egrave;mes dynamiques complexes semble se pr&ecirc;ter bien &agrave; saisir les particularit&eacute;s du concept de soi (cf. Mercer, 2011b). Celui-ci est certainement complexe, c&#39;est-&agrave;-dire qu&#39;il est compos&eacute; de plusieurs &eacute;l&eacute;ments interconnect&eacute;s entre eux d&#39;une mani&egrave;re excluant des relations simples et pr&eacute;visibles de cause &agrave; effet. Le contexte dans lequel il &eacute;volue est tellement crucial qu&#39;il peut &ecirc;tre trait&eacute; comme faisant partie int&eacute;grante du syst&egrave;me. Il est dynamique, ouvert au changement, fluctuant, il peut acueillir &agrave; tout moment des &eacute;l&eacute;ments nouveaux, mais en m&ecirc;me temps il poss&egrave;de une certaine stabilit&eacute; propre, ce qui garantit &agrave; l&#39;individu un sentiment de continuit&eacute; psychologique, un &eacute;quilibre propre ou hom&eacute;ostase (Nowa<span style="font-size:medium">k, Vallacher et Zochowski, 2005&nbsp;: 354). </span></p> <p><span style="font-size:medium">Le</span>s mod&egrave;les bas&eacute;s sur les th&eacute;ories de complexit&eacute; ont un potentiel descriptif consid&eacute;rable, parce qu&#39;ils permettent de rendre compte de la mani&egrave;re unique dont chaque individu conceptualise et vit les diff&eacute;rents aspects de son soi et les relations entre ceux-ci. L&#39;apprentissage d&#39;une ou plusieurs langues &eacute;trang&egrave;res n&#39;est qu&#39;un &eacute;l&eacute;ment dans tout le syst&egrave;me des opinions, croyances, attitudes du sujet envers lui-m&ecirc;me par rapport &agrave; ses diff&eacute;rents domaines d&#39;activit&eacute;, relations, r&ocirc;les sociaux ou professionnels. Si certains motifs pour apprendre les langues sont largement reconnus comme valables (leur utilit&eacute; pour l&#39;emploi, l&#39;acc&egrave;s &agrave; des cultures attrayantes), leur place dans le syst&egrave;me individuel de motivations d&#39;une personne r&eacute;elle est impr&eacute;visible. Apr&egrave;s tout, on peut aussi apprendre une langue pour prouver &agrave; ses parents qu&#39;on n&#39;est pas moins dou&eacute; qu&#39;un fr&egrave;re ain&eacute; qui l&#39;a ma&icirc;tris&eacute;e avant. De toute &eacute;vidence, cette singularit&eacute; m&ecirc;me du v&eacute;cu subjectif individuel et des innombrables facteurs qui contribuent aux choix personnels fait que les mod&egrave;les bas&eacute;s sur la th&eacute;orie de la complexit&eacute;, bien que plus aptes &agrave; saisir une r&eacute;alit&eacute; complexe et unique, sont difficilement g&eacute;n&eacute;ralisables et leurs implications pour la pratique didactique paraissent limit&eacute;es (Mercer, 2011b&nbsp;: 74-75).</p> <h2>5. M&eacute;thodologies qualitatives</h2> <p>Dans les recherches sur le concept de soi de l&#39;apprenant, les chercheurs ont souvent fait appel aux m&eacute;thodologies qualitatives, qui d&#39;ailleurs paraissent mieux &eacute;quip&eacute;es pour saisir l&#39;essentiel des concepts v&eacute;hiculant ce qui est personnel, individuel dans l&#39;apprentissage d&#39;une langue. Dans ses recherches sur le concept de soi de l&#39;apprenant, Mercer s&#39;est appuy&eacute;e surtout sur des entretiens approfondis, r&eacute;currents, &eacute;tal&eacute;s sur une p&eacute;riode de temps consid&eacute;rable avec un seul participant (Mercer, 2011a). Ces entretiens de structure libre ou semi-guid&eacute;e permettent de laisser l&#39;initiative au participant, de lui laisser la libert&eacute; de choisir les &eacute;l&eacute;ments qui lui paraissent importants, de toucher les th&egrave;mes qui surgissent spontan&eacute;ment plut&ocirc;t que de lui en imposer avec des questions ferm&eacute;es, qui le forcent &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir sur des aspects peut-&ecirc;tre anodins pour lui et en omettent d&#39;autres, subjectivement peut-&ecirc;tre plus cruciaux (cf. Ryan et Mercer, 2012&nbsp;: 80). C&#39;est la raison pour laquelle ces m&eacute;thodes sont tellement utiles pour des recherches exploratives, visant &agrave; &eacute;tablir des directions g&eacute;n&eacute;rales de recherche future ou des caract&eacute;ristiques de base d&#39;un concept th&eacute;orique &eacute;mergent. Dans le cas de Mercer, les entretiens ont men&eacute; &agrave; &eacute;laborer un mod&egrave;le du syst&egrave;me des concepts de soi de la participante en tant que r&eacute;seau de relations (Mercer, 2011a), conceptuellement tr&egrave;s diff&eacute;rent des syst&egrave;mes hi&eacute;rarchis&eacute;s dominant auparavant (Marsh et Shavelson, 1985). L&#39;analyse de ces entretiens est surtout th&eacute;matique&nbsp;: les th&egrave;mes r&eacute;currents fournissent les rep&egrave;res de base &agrave; l&#39;interpr&eacute;tation, mais on peut analyser aussi bien des aspects structurels ou discursifs, comme le pr&eacute;conise Riessmann dans son ouvrage sur l&#39;analyse des narrations &eacute;crites et orales (2008). Il semble imp&eacute;ratif de contr&ocirc;ler la part des id&eacute;es pr&eacute;con&ccedil;ues et des orientations th&eacute;oriques du chercheur dans l&#39;intepr&eacute;tation finale.</p> <p>Pourtant, malgr&eacute; la richesse des donn&eacute;es que cette technique permet de cueillir, elle a aussi ses propres limitations. Mercer avoue&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Ayant conduit de nombreux entretiens profonds avec les participants dans le pass&eacute; afin d&#39;explorer le concept de soi, je sentais que, malgr&eacute; leurs nombreux points forts, j&#39;acc&eacute;dais toujours seulement &agrave; des aspects plus superficiels et moins complexes du concept de soi. (Mercer, 2014&nbsp;: 57).</p> </blockquote> <p>Une m&eacute;thodologie cens&eacute;e permettre l&#39;acc&egrave;s aux contenus moins imm&eacute;diatement pr&eacute;sents dans la conscience des participants est l&#39;analyse de leurs cr&eacute;ations imag&eacute;es et multim&eacute;dias&nbsp;: collages ou blogs. Lors de l&#39;analyse, il est possible de se pencher aussi bien sur le contenu et les th&egrave;mes que sur la forme&nbsp;: choix des images, couleurs, agencement, format et positionnement des contenus (cf. Machin, 2007). Mercer coop&egrave;re &agrave; l&#39;analyse du collage avec la participante de son &eacute;tude qu&#39;elle invite &agrave; un entretien pour discuter des travaux pr&eacute;par&eacute;s et voir comment elle comprend ses propres cr&eacute;ations (Mercer, 2014&nbsp;: 57-58). Ainsi inform&eacute;e du sens des &eacute;l&eacute;ments utilis&eacute;s par la participante &agrave; bon escient, elle est libre de chercher dans le collage d&#39;&eacute;ventuels sens cach&eacute;s.</p> <p>Pareillement, des &eacute;crits de toutes sortes peuvent &ecirc;tre des sources riches de donn&eacute;es. Mercer (2001a) utilise des rapports &eacute;crits pour combler les lacunes dans les entretiens caus&eacute;es par les absences de sa participante. Mais on peut tr&egrave;s bien pr&eacute;coniser de solliciter des &eacute;crits des participants comme source de donn&eacute;es autonome, par exemple des compositions sur un sujet li&eacute; au soi et aux langues, des r&eacute;cits autobiographiques, des textes narratifs. L&#39;avantage de la forme &eacute;crite (ouverte) par rapport &agrave; l&#39;entretien oral est qu&#39;elle stimule davantage la r&eacute;flexion, peut &ecirc;tre revue et corrig&eacute;e par le participant jusqu&#39;au moment o&ugrave; il consid&egrave;re l&#39;&eacute;tat final conforme &agrave; ce qu&#39;il pense vraiment, tandis que ses r&eacute;ponses lors d&#39;un entretien peuvent &ecirc;tre influenc&eacute;es par la situation. L&#39;analyse permet de prendre en charge aussi bien le contenu que la langue, le style, la forme et m&ecirc;me jusqu&#39;&agrave; la mise en page et d&#39;autres aspects. Le r&eacute;cit de vie (ou autobiographie) est une m&eacute;thode de recherche pr&eacute;sente de longue date dans la RAL et la DLC, qui semble se pr&ecirc;ter particuli&egrave;rement bien &agrave; la recherche des notions v&eacute;hiculant dans une grande mesure la personnalit&eacute; ou l&#39;individualit&eacute; de l&#39;apprenant, comme le soi, mais aussi, par exemple, la personnalit&eacute; ou le savoir-&ecirc;tre (cf. Smuk, 2016).</p> <p>Les m&eacute;thodologies qualitatives ont l&#39;avantage de pouvoir saisir la subjectivit&eacute; des apprenants, en mettant en vedette leur v&eacute;cu unique et individuel. Bien &eacute;videmment, elles sont inaptes &agrave; informer le chercheur sur les relations entre des variables valables &agrave; grande &eacute;chelle. Pour cette raison, il est difficile aussi de trouver avec leur aide des principes g&eacute;n&eacute;raux pouvant &eacute;clairer directement les pratiques de la classe de langue, chaque cas recherch&eacute; &eacute;tant un individu unique, restreint &agrave; un contexte particulier. Une recherche situ&eacute;e, nuanc&eacute;e, proche de la r&eacute;alit&eacute; est cependant limit&eacute;e quant aux applications &agrave; grande &eacute;chelle.</p> <h2>6. Conclusion</h2> <p>Face &agrave; un tel &eacute;cart entre les m&eacute;thodologies employ&eacute;es pour rechercher les diff&eacute;rents aspects du soi des apprenants des langues, on peut se demander s&#39;il est possible de concilier ces approches de quelque mani&egrave;re. Il semble r&eacute;aliste, voire souhaitable d&#39;envisager des recherches utilisant des techniques de collecte de donn&eacute;es compl&eacute;mentaires afin de garantir &agrave; l&#39;&eacute;tude une validit&eacute; plus grande, selon le principe de la triangulation des m&eacute;thodes. Tel a &eacute;t&eacute; le dessein de deux &eacute;tudes cons&eacute;cutives de Pawlak (2016a et b) sur la motivation des jeunes Polonais en fin de cursus universitaire en philologie anglaise, dans le cadre analytique de la th&eacute;orie du syst&egrave;me motivationnel du soi li&eacute; &agrave; la L2 de D&ouml;rnyei. La premi&egrave;re &eacute;tude, quantitative, s&#39;appuyait sur les donn&eacute;es d&#39;un questionnaire &agrave; questions ferm&eacute;es, distribu&eacute; &agrave; 220 participants, tandis que la deuxi&egrave;me creusait la m&ecirc;me probl&eacute;matique &agrave; l&#39;aide de brefs entretiens individuels, semi-guid&eacute;s, aupr&egrave;s de 38 personnes, ce qui a permis de confirmer certains r&eacute;sultats de la premi&egrave;re &eacute;tude et d&#39;en nuancer, voire remettre en cause d&#39;autres. Ainsi, une recherche qualitative peut donner plus de substance &agrave; certains concepts &eacute;labor&eacute;s dans le cadre de recherches quantitatives. Par exemple, le soi id&eacute;al li&eacute; &agrave; la L2, mesur&eacute; gr&acirc;ce &agrave; quelques questions ferm&eacute;es dans un questionnaire, peut &ecirc;tre superpos&eacute; aux contenus traitant les visions de l&#39;avenir dans les entretiens sur le concept de soi en L2. L&#39;inverse semble possible aussi&nbsp;: une recherche explorative, qualitative et ouverte, peut orienter le chercheur dans l&#39;&eacute;laboration d&#39;un questionnaire destin&eacute; &agrave; mesurer une variable dans une recherche quantitative.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p>BANDURA, Albert, <em>Self-efficacy,</em> New York, W. H. 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