<h2>1. Une voix &agrave; trouver</h2> <blockquote> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le terrain d&eacute;note pour les chercheurs&nbsp; l&rsquo;originalit&eacute; d&rsquo;une d&eacute;marche et la singularit&eacute; d&rsquo;un sujet du discours<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>.</p> </blockquote> <p>Comment aborder, en tant qu&rsquo;enseignante, le paradoxe du silence en classe de langue&nbsp;? Comment comprendre et d&eacute;crire en tant que chercheuse en didactique de langues ce qui est insaisissable et pourtant bien r&eacute;el&nbsp;?</p> <p>Entre l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue et le silence, entre la recherche didactique et la r&eacute;alit&eacute; qui inclut le vide, se situe un espace qui reste &agrave; cartographier, mais aussi un regard et une voix &agrave; chercher.</p> <h2>2. Le silence comme appel</h2> <p>Nous nous r&eacute;f&eacute;rons, dans le cadre de ce travail, au silence persistant, durant le cours, d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves d&eacute;butants de fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire grecque (&acirc;g&eacute;s de 10 &agrave; 12 ans), consid&eacute;r&eacute;s comme &eacute;tant &laquo;&nbsp;en &eacute;chec scolaire&nbsp;&raquo; dans leur vie d&rsquo;apprenants. Longs silences, prolong&eacute;s, qui, parfois, s&rsquo;instituent comme absence de parole tout au long de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire. Absence de questions pos&eacute;es &agrave; l&rsquo;enseignant(e) sur le contenu du cours, silence face aux sollicitations de l&rsquo;enseignant(e), renoncement lors de travaux en groupe. Silence, en d&rsquo;autres termes, en tant que r&eacute;ponse au devenir apprenant. Parfois, de ce silence &eacute;merge un mot, une phrase erron&eacute;e, une parole d&eacute;viante par rapport aux attentes de l&rsquo;enseignant(e). Cette parole provoque une discontinuit&eacute; entre l&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage. La r&eacute;action d&rsquo;autres apprenants, voire m&ecirc;me leur d&eacute;rision, suscitant bien souvent de longues digressions.</p> <p>Le corps de ces apprenants est le seul indice parlant et, surtout, leur visage. Visage angoiss&eacute;, intimid&eacute;, un regard qui bien souvent se d&eacute;robe-les yeux fix&eacute;s au sol- image d&rsquo;une parole silencieuse.</p> <p>Visage au sens l&eacute;vinasien du terme qui appelle une r&eacute;ponse. Que dire aux &eacute;l&egrave;ves silencieux&nbsp;? En quelle langue&nbsp;? Leur enseigner&nbsp;quoi ?</p> <p>Les points de vue th&eacute;oriques &agrave; partir desquels nous avons envisag&eacute; ce d&eacute;fi sont l&rsquo;anthropologie du langage (&eacute;quipe LACIS - Universit&eacute; Montpellier 3) et la didactique des langues anthropo-logique (Menouti, 2013). Cette d&eacute;marche nous permet d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; l&rsquo;&eacute;coute et de comprendre l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve r&eacute;el, consid&eacute;r&eacute; comme sujet qui prend des positions subjectives au sein du langage. Ou, dans le cadre de ce travail, au sein du silence. Nous avons, donc, essay&eacute; d&rsquo;&eacute;couter le silence des apprenants pour y r&eacute;pondre. Et nous sommes partie des hypoth&egrave;ses selon lesquelles le silence des apprenants appelle une r&eacute;ponse. Et une mani&egrave;re de r&eacute;pondre &agrave; cet appel muet serait de saisir la brisure du silence d&rsquo;o&ugrave; &eacute;merge la parole de ces &eacute;l&egrave;ves, consid&eacute;r&eacute;s comme des sujets parlants. Notre d&eacute;marche&nbsp;: nous situer aux marges du silence et de la parole.</p> <p>Il s&rsquo;agit, plus particuli&egrave;rement, d&rsquo;un chemin &agrave; prendre dans l&rsquo;entre-deux qui, selon l&rsquo;anthropologue Fran&ccedil;ois Laplantine est une exp&eacute;rience de rencontre, d&rsquo;articulation d&rsquo;espaces s&eacute;par&eacute;s mais contigus, c&rsquo;est un travail de &laquo;&nbsp;l&rsquo;intersticiel&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire un &laquo; [&hellip;] travail sur les charni&egrave;res, les carrefours, les intersections, les &eacute;changeurs, un travail, enfin, sur les mots pour les d&eacute;signer&nbsp;&raquo; (Laplantine, 2010&nbsp;: 52). Il s&rsquo;agit d&rsquo;essayer de se situer au carrefour du silence et de la parole et de comprendre leur rapport. Il s&rsquo;agit, autrement dit, de parler le silence des &eacute;l&egrave;ves silencieux.</p> <h2>3. Le visage du silence</h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">Quatre visages diff&eacute;rents, &Eacute;milie, Lisa, Nicoletta et Anne (les pr&eacute;noms ont &eacute;t&eacute; modifi&eacute;s) ont constitu&eacute; le &laquo;&nbsp;corpus&nbsp;&raquo; de notre recherche. Ce &laquo;&nbsp;corpus&nbsp;&raquo; fut un outil de travail, plus parce qu&rsquo;il comprend des cas singuliers que parce qu&rsquo;il est repr&eacute;sentatif des &eacute;l&egrave;ves silencieux. Les deux premi&egrave;res filles sont &eacute;l&egrave;ves &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire du village de K&eacute;rami&egrave;s, situ&eacute; sur l&rsquo;&icirc;le de C&eacute;phalonie, dans l&rsquo;ouest de la Gr&egrave;ce, et les deux autres vont &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire de Poros, petite communaut&eacute; situ&eacute;e, &eacute;galement, &agrave; C&eacute;phalonie.</p> <p>&Acirc;g&eacute;es de 11 &agrave; 12 ans, en derni&egrave;re classe de l&rsquo;&eacute;cole primaire, elles apprennent le fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re depuis deux ans. Leurs parents exercent des m&eacute;tiers manuels. Elles sont issues de classes sociales d&eacute;favoris&eacute;es et leur rapport au savoir et &agrave; la langue semble &ecirc;tre nourri par des pratiques issues d&rsquo;une culture &laquo;&nbsp;orale&nbsp;&raquo; (conceptualis&eacute;e par le sociologue Bernard Lahire<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>), &eacute;loign&eacute;e des pratiques scolaires scripturales de syst&eacute;matisation, formalisation, g&eacute;n&eacute;ralisation et th&eacute;orisation (Lahire, 2000&nbsp;: 37). Selon les travaux de Lahire, cette culture s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre un obstacle &agrave; leur r&eacute;ussite scolaire.</p> <h2>4. Le silence en classe&nbsp;: une parole marginalis&eacute;e</h2> <blockquote> <p>&Kappa;. Quand je te pose une question et que les autres l&egrave;vent le doigt, quels sont tes sentiments &agrave; ce moment-l&agrave;&nbsp;?&nbsp;</p> <p>&Eacute;m. ( ) euhh disons que c&rsquo;est l&rsquo;autre eeet ce n&rsquo;est pas moi qui le dit. c&rsquo;est l&rsquo;autre qui me l&rsquo;a enlev&eacute;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>.</p> </blockquote> <p>Par le biais d&rsquo;une recherche socio-anthropologique qualitative, d&rsquo;une approche ethnographique de la classe de langue, de la mise en place de l&rsquo;entretien compr&eacute;hensif (Kaufmann, 2004) (avec les apprenants silencieux et leurs ma&icirc;tres/ma&icirc;tresses), ainsi qu&rsquo;au moyen de l&rsquo;observation des interactions de quatre &eacute;l&egrave;ves avec leurs enseignants, camarades, parents, et d&rsquo;un journal de bord, nous avons essay&eacute; d&rsquo;&eacute;couter le silence des apprenants &agrave; l&rsquo;&eacute;cole.</p> <p>Dans quel contexte parlent-elles ou, plut&ocirc;t, restent-elles silencieuses&nbsp;? Il s&rsquo;av&egrave;re que le processus d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage se d&eacute;roule dans le cadre d&rsquo;un &laquo;&nbsp;contrat de parole&nbsp;&raquo; (Cambra-Gin&eacute;, 2003&nbsp;: 85) et d&rsquo;un &laquo;&nbsp;contrat didactique&nbsp;&raquo; (Cambra-Gin&eacute;, 2003&nbsp;: 84) pr&eacute;cis qui contraignent l&rsquo;&eacute;nonciation de ces apprenantes. Ces contraintes ont &agrave; voir avec une culture &eacute;ducative dite &laquo;&nbsp;m&eacute;lancolique&nbsp;&raquo; (Peter McLaren, dans Katsikas et Therianos, 2008&nbsp;: 21 et Menouti, 2013&nbsp;: 28 et 296)&nbsp;: ses composantes essentielles sont la course &agrave; la &laquo;&nbsp;r&eacute;ussite scolaire&nbsp;&raquo;, &agrave; la certification et &agrave; l&rsquo;accumulation de dipl&ocirc;mes et, donc, de connaissances formalis&eacute;es qui servent de techniques de survie aux examens. Culture qui touche, aussi, le primaire. C&rsquo;est une culture &laquo;&nbsp;&eacute;troitement li&eacute;e &agrave; des rivalit&eacute;s et des distinctions relatives aux notions de r&eacute;ussite et d&rsquo;&eacute;chec scolaire et social&nbsp;&raquo; (Menouti, 2013&nbsp;: 28). En suivant les r&egrave;gles tacites d&rsquo;un &laquo;&nbsp;contrat de parole&nbsp;&raquo; (Cambra-Gin&eacute;, 2003&nbsp;: 85) impr&eacute;gn&eacute; de cette tradition scolaire, selon lequel la prise de parole en classe est une marque de distinction, les apprenants des &eacute;coles o&ugrave; nous enseignons envisagent l&rsquo;&eacute;nonciation de l&rsquo;autre de mani&egrave;re antagoniste. Ainsi, ceux-ci mesurent le temps durant lequel un apprenant r&eacute;fl&eacute;chit avant de r&eacute;pondre &agrave; une question ou attend en h&eacute;sitant de parler, selon les crit&egrave;res inspir&eacute;s de cette culture. Ni l&rsquo;enseignant, aussi indulgent soit-il, ni le groupe d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves ne sont envisag&eacute;s par les &eacute;l&egrave;ves silencieux comme des allocutaires, quelle que soit la forme d&rsquo;interaction en classe. Car, bien souvent, l&rsquo;interaction est simul&eacute;e &agrave; des fins &eacute;valuatives. Le silence ne proc&egrave;de pas de carences linguistiques ou de l&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;chec scolaire&nbsp;&raquo;&nbsp; (d&rsquo;ailleurs, Nicolette et Anne, tout particuli&egrave;rement, n&rsquo;osent pas prendre la parole apr&egrave;s une sollicitation, m&ecirc;me si elles connaissent la r&eacute;ponse) mais de la prise en compte du manque d&rsquo;allocutaire qui puisse contenir leur &eacute;nonciation qui, de par leur appartenance &agrave; une culture non scolaire, v&eacute;hicule, la plupart du temps, la faille, l&rsquo;incompl&eacute;tude, l&rsquo;erreur.&nbsp;</p> <p>Selon Fred Poch&eacute;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a> (1996&nbsp;: 45), et dans le cadre d&rsquo;un principe dialogique o&ugrave; la signifiance est partag&eacute;e entre les interlocuteurs, le manque de reconnaissance allocutive produit des &laquo;&nbsp;exclus de la parole&nbsp;&raquo;. Les quatre &eacute;l&egrave;ves habitent cette classe comme exclues. Leur silence semble &ecirc;tre une parole sans allocutaire, parole qui erre, erratique, marginalis&eacute;e. Il y a un &eacute;cart ressenti entre leur &eacute;nonciation qui, selon Lebrun (2009&nbsp;: 227), &laquo;&nbsp;trahit le sujet&nbsp;&raquo; et sa dimension allocutive.</p> <p>Or, si &laquo;&nbsp;le langage, &agrave; travers les langues, est s&eacute;paration, et ne dit que la s&eacute;paration, la perte de l&rsquo;objet, d&egrave;s l&rsquo;instant o&ugrave; les mots s&rsquo;engagent et &agrave; l&rsquo;instant o&ugrave; ils s&rsquo;enfouissent dans le silence &raquo; (Prieur, 2004&nbsp;: 141), la perte de l&rsquo;autre en tant qu&rsquo;allocutaire est, dans le cadre de cette culture &laquo;&nbsp;m&eacute;lancolique&nbsp;&raquo;, davantage &eacute;prouv&eacute;e.</p> <p>Dans une classe de la course aux &eacute;nonc&eacute;s, la parole d&rsquo;un sujet &laquo;&nbsp;toujours dans l&rsquo;incertitude quant &agrave; son &ecirc;tre&nbsp;&raquo; (Lebrun, 2009&nbsp;: 227) qui se cherche &agrave; la marge de la parole et de l&rsquo;apprentissage de mani&egrave;re silencieuse et si-lente, s&rsquo;av&egrave;re caduque.</p> <p>Il y a, aussi, en classe, des &laquo;&nbsp;actes silencieux&nbsp;&raquo; dans le sens o&ugrave; ils taisent une incompl&eacute;tude caduque. Aussit&ocirc;t qu&rsquo;un/une enseignant(e) distribue les contr&ocirc;les corrig&eacute;s, Lisa, avec des mouvements prestes et habiles, cache rapidement le sien de peur que ses camarades ne voient la note attribu&eacute;e. Si je dis &laquo;&nbsp;allez &agrave; telle page de votre livre&nbsp;&raquo;, les quatre apprenantes jettent un coup d&rsquo;&oelig;il au livre de leur voisin, sans bouger la t&ecirc;te, en cachette, en silence. Chaque apprenante manifeste son silence de mani&egrave;re diff&eacute;rente, de mani&egrave;re radicale ou par intermittence. Il y a aussi un &eacute;ventail d&rsquo;actes &laquo;&nbsp;silencieux&nbsp;&raquo;. Mais il semble qu&rsquo;ils sont ind&eacute;pendants du type d&rsquo;interaction en classe, surtout si celle-ci se r&eacute;alise dans le cadre du &laquo;&nbsp;contrat de parole&nbsp;&raquo; mentionn&eacute;.&nbsp;</p> <p>Nos apprenantes d&eacute;voilent un devenir apprenant aux marges de l&rsquo;&ecirc;tre apprenant.</p> <h2 style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify;">5. La parole aux marges du silence<span style="font-size:12px"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><strong> </strong></span></span></h2> <blockquote> <p>K. Tu as dit &agrave; tes parents que tu veux &ecirc;tre v&eacute;t&eacute;rinaire&nbsp;?&nbsp;</p> <p>N. (h&eacute;sitante, &agrave; voix basse) Oui.</p> <p>K. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;ils te disent&nbsp;par rapport &agrave; &ccedil;a?</p> <p>N. (- -) (Ses yeux se remplissent de larmes, elle se plaint)</p> <p>N. (-) Que tu ne le seras pas et que (sa voix se casse) si tu continues comme &ccedil;a tu deviendras une femme de m&eacute;nage<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a></p> </blockquote> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">Chacune de nos interlocutrices constitue un sujet parlant travers&eacute; par une histoire singuli&egrave;re, une langue et un inconscient (Poch&eacute;, 1996&nbsp;: 164). De quelles formes et de quelles significations se dote le silence dans leur vie&nbsp;? Sans doute le silence, en r&eacute;pondant &agrave; des exigences diverses, n&rsquo;a pas de signification univoque (Cremerius, cit&eacute; par Maffei, 2005&nbsp;: 17).</p> <p>Les entretiens que nous avons eus avec les apprenantes nous ont permis de rep&eacute;rer, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, le besoin d&rsquo;un examen transversal de la question du silence en classe&nbsp;: psychanalytique, sociologique, linguistique, cognitif, etc., et de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; la singularit&eacute; de chaque cas.&nbsp;</p> <p>Dans les quatre cas, nous avons pourtant constat&eacute; la pr&eacute;sence d&rsquo;un univers parental qui ne r&eacute;pond pas de mani&egrave;re suffisante &agrave; la subjectivation des apprenantes. Si l&rsquo;on suit la voie psychanalytique,</p> <p>L&rsquo;une des fonctions importantes du silence est de prot&eacute;ger le v&eacute;ritable soi de la destruction. Lorsque le soi n&rsquo;a pas rencontr&eacute; ce r&eacute;pondant maternel suffisant et n&eacute;cessaire pour confirmer sa r&eacute;alit&eacute; subjective, celui-ci peut se scinder du reste de l&rsquo;appareil psychique pour se donner et poursuivre une vie embryonnaire et cach&eacute;e qui lui est propre. Il se met ainsi &agrave; l&rsquo;abri d&rsquo;&eacute;ventuelles frustrations et destructions ult&eacute;rieures<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a>.</p> <p>Or, les paroles de nos &eacute;l&egrave;ves probl&eacute;matisent, entre autres, la relation entre leur silence et une subjectivation pas suffisamment contenue dans le milieu parental.</p> <blockquote> <p>K&nbsp;: Vous discutez &agrave; la maison&nbsp;?</p> <p>&Eacute;m&nbsp;: (elle fait non de la t&ecirc;te)&nbsp;</p> <p>K&nbsp;: S&rsquo;il t&rsquo;arrive de discuter avec maman ou papa de quoi parlez-vous&nbsp;?&nbsp;</p> <p>&Eacute;m&nbsp;: On se dispute (elle sourit)<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a>.</p> </blockquote> <p>Qui plus est, l&rsquo;analyse de discours et le rep&eacute;rage des traces &eacute;nonciatives du sujet sur ses paroles nous ont amen&eacute;e au constat que ces apprenantes sont des sujets-parlants &eacute;branl&eacute;s par les &eacute;nonc&eacute;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, par une dissonance ressentie entre les &eacute;nonc&eacute;s des autres et leurs propres &eacute;nonc&eacute;s. Ce qui soul&egrave;ve la question de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; discursive montr&eacute;e ou constitu&eacute;e (Authier-Revuz, 1982) dans leurs discours, autrement dit, la question du comment elles se situent en tant que sujets d&rsquo;&eacute;nonciation &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du discours des autres. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p>Ainsi, dans l&rsquo;exemple mentionn&eacute; ci-dessus, le &laquo;&nbsp;halo s&eacute;mantique&nbsp;&raquo; (Maffei, 2005&nbsp;: 16) du silence des &eacute;l&egrave;ves est pluridimensionnel, se pr&ecirc;tant &agrave; une analyse psychanalytique et linguistique se r&eacute;sumant &agrave; la recherche de leur propre voix&nbsp;dans le cadre d&rsquo;une relation opaque, fragilis&eacute;e, que ces &eacute;l&egrave;ves, elles-m&ecirc;mes en proie &agrave; une subjectivation malais&eacute;e, entretiennent avec l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;objet&nbsp;&raquo;, au sens psychanalytique du terme, que ce soit l&rsquo;autre ou son &eacute;nonciation.&nbsp;</p> <p>Selon Mosconi,&nbsp; la relation d&rsquo;objet pourrait s&rsquo;entendre&nbsp;comme</p> <blockquote> <p>le mode de relation du sujet avec autrui, en tant que ce mode est marqu&eacute; par les mouvements pulsionnels, par la structure de la personnalit&eacute;, par la vie fantasmatique et par les m&eacute;canismes de d&eacute;fense qui lui sont li&eacute;s<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a>.</p> </blockquote> <p>Cette relation &laquo;&nbsp;opaque&nbsp;&raquo; et complexe est v&eacute;hicul&eacute;e par diff&eacute;rents comportements linguistiques. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une parole aux marges du silence. Parole qui inclut cette relation malais&eacute;e avec l&rsquo;objet, ce malaise erratique. C&rsquo;est une parole qui trouve des moyens indirects pour (se) dire&nbsp;: le mensonge, les secrets, la demande aux autres de parler &agrave; sa place, ou bien l&rsquo;utilisation de la deuxi&egrave;me personne du singulier pour parler de soi &ndash; &laquo;&nbsp;tu t&rsquo;attristes quand tes parents t&rsquo;enferment dans ta chambre&nbsp;&raquo;. Et Nicolette, quand on r&eacute;cite en ch&oelig;ur l&rsquo;alphabet fran&ccedil;ais secoue les l&egrave;vres en faisant semblant de parler. Par ce comportement, elle tait la perte d&rsquo;un allocutaire avec qui elle pourrait partager &laquo;&nbsp;son &eacute;chec&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est un signifiant de silence.&nbsp;</p> <p>Mais le silence est rompu par la parole lorsqu&rsquo;il y a quelqu&rsquo;un qui assume la responsabilit&eacute; d&rsquo;une parole allocutive, intersubjective. Au moment o&ugrave; l&rsquo;&eacute;cart entre la parole &laquo;&nbsp;sans reconnaissance allocutive&nbsp;&raquo; (Poch&eacute;, 1996&nbsp;: 13), la subjectivation erratique et leur contenance acquiert la distance d&rsquo;une dyade et se transforme en &laquo;&nbsp;signifiance partag&eacute;e&nbsp;&raquo; (Poch&eacute;, 1996&nbsp;: 232).</p> <p>En effet, lors de nos entretiens, les r&eacute;serves, les longues pauses, les r&eacute;ponses en un seul mot ou par signe de t&ecirc;te, les faux-fuyants, les g&eacute;n&eacute;ralisations, les ambigu&iuml;t&eacute;s, (&laquo;&nbsp;l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; dit l&rsquo;&ecirc;tre en tant que dissimul&eacute;&nbsp;&raquo; (Blanchot, 2014&nbsp;: 355), les &eacute;nonc&eacute;s des autres rapport&eacute;s pour r&eacute;pondre &agrave; une question ont c&eacute;d&eacute; la place &agrave; une parole qui v&eacute;hiculait leur d&eacute;sir et leur incompl&eacute;tude mais aussi leur d&eacute;sir de parole quand nos interlocutrices se sont rendu compte que nous &eacute;tions disponible pour &eacute;couter leurs d&eacute;sirs, leurs angoisses, leur peurs, leurs mensonges&hellip; et leur donner sens dans le cadre d&rsquo;une intersubjectivit&eacute;. M&ecirc;me le rythme de la parole, le ton et le volume de leur voix ont chang&eacute;. C&rsquo;&eacute;tait le moment o&ugrave; le silence s&rsquo;est bris&eacute;.</p> <p>La deuxi&egrave;me fois que nous nous sommes retrouv&eacute;es &agrave; la biblioth&egrave;que de l&rsquo;&eacute;cole pour notre entretien, &Eacute;milie nous a offert des dessins qu&rsquo;elle avait faits entre-temps. Lors du premier entretien, elle nous avait beaucoup parl&eacute; de son d&eacute;sir de dessiner.</p> <h2 style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify;">6. Parler le silence<span style="font-size:12px"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><strong> &nbsp;&nbsp;&nbsp; </strong></span></span><span style="font-size:12px"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></h2> <p>Parler le silence des apprenants, ce serait donc prendre, en tant qu&rsquo;enseignant, une position dans l&rsquo;entre-deux (Sibony, 2003). Cette position pr&eacute;suppose un &laquo;&nbsp;sujet ouvert &agrave; la reconsid&eacute;ration de son origine car ouvert &agrave; l&rsquo;autre, gr&acirc;ce et avec l&rsquo;autre, sujet dans l&rsquo;entre-deux qui, confront&eacute; &agrave; la diff&eacute;rence, produit un sens nouveau sur l&rsquo;entre-deux, soumis &agrave; son invalidation et &agrave; sa reconsid&eacute;ration r&eacute;it&eacute;r&eacute;e car il est entre-deux&nbsp;&raquo; (Menouti, 2013&nbsp;: 257). Position entre le programme d&rsquo;&eacute;tudes, lui-m&ecirc;me inspir&eacute; du CECR, donc centr&eacute; sur la fonctionnalit&eacute; de la langue et la transparence des pratiques linguistiques, et le silence pluriel, complexe des apprenants. Entre le groupal et le singulier. Entre le contrat de parole et la parole erratique. Ce qui n&eacute;cessite une appr&eacute;hension des effets du silence chez soi, en tant qu&rsquo;enseignant, en mesurant, cette fois, la distance que le silence des apprenants &eacute;tablit entre ses attentes et son &eacute;l&egrave;ve r&eacute;el. &laquo;&nbsp;Quand elle n&rsquo;arrive pas &agrave; r&eacute;pondre &agrave; une question&nbsp;&raquo; dit le ma&icirc;tre de Nicolette, &laquo;&nbsp;je la lui explique tr&egrave;s clairement pour que la pause ne se fasse pas sentir dans la classe&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a>.</p> <p>Parler le silence de l&rsquo;apprenant ce serait sortir du rep&eacute;rage nosographique et des analyses inf&eacute;rentielles (&laquo; elle ne parle pas parce qu&rsquo;elle est timide&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&hellip; parce qu&rsquo;elle est bilingue&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;parce qu&rsquo;elle est impr&eacute;gn&eacute;e de ce qu&rsquo;on appelle &ldquo;l&rsquo;&eacute;chec scolaire&rdquo;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a>&nbsp;&raquo;) se d&eacute;coller des effets d&rsquo;une &eacute;tranget&eacute; d&eacute;finitivement inqui&eacute;tante qui emprisonne le sujet dans un individu, &laquo;&nbsp;dans le spectacle d&rsquo;un comportement, d&rsquo;un sympt&ocirc;me, dans une fermeture identitaire. Il s&rsquo;agit de cr&eacute;er la possibilit&eacute; d&rsquo;une parole qui se d&eacute;colle, se d&eacute;solidarise, de l&rsquo;assignation et de la mise en demeure&nbsp;&raquo; (Bompard, &nbsp;2010&nbsp;: 174).</p> <p>Tenir cette parole en tant qu&rsquo;enseignant d&rsquo;une autre langue pr&eacute;suppose une prise en compte de cette langue comme espace symbolique qui contient la faille et abrite la subjectivit&eacute;. Comme un &laquo;&nbsp;objet transitionnel&nbsp;&raquo; (Winnicott, 2010) qui fera passer du silence &agrave; la parole, de l&rsquo;exclusion et de l&rsquo;&eacute;cart &agrave; un &laquo;&nbsp;ailleurs&nbsp;&raquo; (Hatchuel, 2006) qui inclut non seulement l&rsquo;adresse &agrave; un autre &laquo;&nbsp;qui soit autre que l&rsquo;Autre fantasmatique et dangereux&nbsp;&raquo; (Hatchuel, 2006&nbsp;: 505) mais aussi la r&eacute;ponse de celui-ci.</p> <p>Dans ce dessein, le silence prend la forme d&rsquo;une attente, elle est &laquo;&nbsp;un berceau de parole&nbsp;&raquo; (Maffei, 2005&nbsp;: 15), l&rsquo;envers de tout ce qui fait bruit, l&rsquo;ant&eacute;riorit&eacute; de la parole, elle-m&ecirc;me balbutiante, &agrave; peine n&eacute;e de l&rsquo;opaque. En &eacute;tablissant, par exemple, des r&egrave;gles instituant le silence, l&rsquo;erreur comme passage oblig&eacute; pour le savoir, brisant ce contexte (Poch&eacute;, 1996&nbsp;: 183) institutionnel &laquo;&nbsp;m&eacute;lancolique&nbsp;&raquo; dans lequel l&rsquo;&eacute;nonciation (et le silence) ont &eacute;t&eacute; moul&eacute;s. Non pas en encourageant les apprenantes pour parler en public en disant que ce n&rsquo;est pas grave si l&rsquo;on fait des erreurs mais en instituant le silence et la faille comme conditions pr&eacute;alables &agrave; la parole et &agrave; l&rsquo;apprentissage. En attendant la parole plus en tant qu&rsquo;&eacute;nonciation qu&rsquo;en tant qu&rsquo;&eacute;nonc&eacute; scolaire. En s&rsquo;inspirant de mani&egrave;re para-doxale de la parole fragmentaire, incompl&egrave;te des apprenants - c&rsquo;est &agrave; dire en se situant entre le silence et le discours didactique doxique qui revendique telle ou telle approche didactique- pour en faire un &eacute;v&eacute;nement de l&rsquo;apprentissage, imaginatif, po&eacute;tis&eacute;, en dehors des &laquo;&nbsp;sc&eacute;narios p&eacute;dagogiques&nbsp;&raquo;.&nbsp;</p> <p>Ici, la question se d&eacute;place du quoi enseigner au comment faire &eacute;merger du silence une question, un manque, un point d&rsquo;interrogation. Ce qui fera dire &agrave; &Eacute;milie (en grec)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Madame la ma&icirc;tresse je me suis tromp&eacute;e&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;Madame la ma&icirc;tresse je ne sais pas comment le dire en fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; et &agrave; Nicolette&nbsp;: &laquo;&nbsp;Comment on dit &ldquo;corde &agrave; sauter&rdquo; en fran&ccedil;ais&nbsp;?&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a>.</p> <p>Ce qui signifie trouver sa voix en tant qu&rsquo;enseignant, sa langue subjectiv&eacute;e, aussi, aux marges de la parole et dans le silence des apprenants.</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p>ARENDT, Hannah, <i>La condition de l&rsquo;homme moderne</i>, Paris, Calmann-L&eacute;vy, 1983.</p> <p>AUTHIER-REVUZ, Jacqueline, &laquo;&nbsp;H&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; montr&eacute;e et h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; constitutive&nbsp;: &eacute;l&eacute;ments pour une approche de l&rsquo;autre dans le discours&nbsp;&raquo;, <i>DRLAV</i>, n&deg; 26, 1982, p. 91-151.</p> <p>BLANCHOT, Maurice, <i>L&rsquo;espace litt&eacute;raire</i>, Paris, Gallimard, coll. Folio/Essais, 2014.</p> <p>BOMPARD, Vincent, &laquo;&nbsp;Que faire de la parole&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans Stephane Pawloff (dir.), <i>L&#39;art d&#39;inventer l&#39;existence dans les pratiques medico-sociales</i>, Paris, ERES, coll. Reliance, 2010, p.173-183. Disponible en ligne [http://www.cairn.info/l-art-d&#39;inventer-l-existence-dans-les-pratiques-me---page-173.htm]</p> <p>CAMBRA-GINE, Margarida, <i>Une approche ethnographique de la classe de langue</i>, Paris, Didier, coll.&nbsp;Langues et apprentissage des langues, 2003.</p> <p>HATCHUEL, Fran&ccedil;oise, &laquo;&nbsp;Une autre langue&nbsp;: l&rsquo;ailleurs comme protection de l&rsquo;espace int&eacute;rieur&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>Ela. Etudes de linguistique appliqu&eacute;e</i>, n&deg;144, 2006/4, Paris, Klincksieck, pp. 493-512.</p> <p>KATSIKAS, Christos et THERIANOS, Kostas, &Eta; &epsilon;&kappa;&pi;&alpha;ί&delta;&epsilon;&upsilon;&sigma;&eta; &tau;&eta;&sigmaf; &alpha;&mu;ά&theta;&epsilon;&iota;&alpha;&sigmaf; (L&rsquo;&eacute;ducation de l&rsquo;ignorance), &Alpha;&theta;ή&nu;&alpha;, Gutenberg, 2008.</p> <p>KAUFMANN, Jean-Claude, <i>L&rsquo;entretien compr&eacute;hensif</i>, Paris, Armand Colin, Coll. 128/Sociologie, 2004.</p> <p>KILANI, Mondher, &laquo;&nbsp;Du terrain au texte. Sur l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;anthropologie&nbsp;&raquo;, <i>Communications</i>, n&deg; 58, 1994, p. 45-60.</p> <p>LAHIRE, Bernard, <i>Culture &eacute;crite et in&eacute;galit&eacute;s scolaires. Sociologie de l&rsquo;&eacute;chec scolaire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire</i>, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2000.</p> <p>LAPLANTINE, Fran&ccedil;ois, <i>Transatlantique, entre Europe et Am&eacute;riques latines</i>, Paris, T&eacute;ra&egrave;dre, Coll.&nbsp;R&eacute;&eacute;dition, 2010.&nbsp;</p> <p>LE MEUR, Cyril, &laquo;&nbsp;Le silence du texte. La fondation du langage&nbsp;&raquo;, <i>Po&eacute;tique</i>, n&deg;165, 2011/1, p. 73-89.</p> <p>LEBRUN, Jean-Pierre, <i>Un monde sans limite. Suivi de Malaise dans la subjectivation</i>, Paris, &Eacute;ditions &eacute;r&egrave;s, 2009.</p> <p>LEVINAS, Emmanuel, &Eacute;thique et infini, Paris, Librairie G&eacute;n&eacute;rale Fran&ccedil;aise, 2012.</p> <p>MAFFEI, Giuseppe, &laquo;&nbsp;Le silence&nbsp;&raquo;, Les cahiers jungiens de la psychanalyse, n&deg; 113, 2005, p. 15-28. Disponible en ligne [https://www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de-psychanalyse-2005-1-page-15.htm].</p> <p>MENOUTI, Kanella, Comment conjuguer le pr&eacute;sent du verbe &laquo;&nbsp;&ecirc;tre&nbsp;&raquo;&nbsp;? Approche anthropologique et didactique d&rsquo;une situation p&eacute;dagogique complexe &agrave; travers l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;: le cas d&rsquo;une &eacute;cole insulaire en Gr&egrave;ce, Th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry &ndash; Montpellier 3, 2013.</p> <p>MOSCONI, Nicole, &laquo;&nbsp;Relation d&rsquo;objet et rapport au savoir&nbsp;&raquo;, in <i>Pour une clinique du rapport au savoir</i>, Jacky Beillerot, Claudine Blanchard-Laville et Nicole Mosconi (dir.), Paris, L&rsquo;Harmattan, coll. Savoir et Formation, 1996, p. 75-97.</p> <p>POCH&Eacute;, Fred, <i>Sujet, parole et exclusion. Une philosophie du sujet parlant</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 1996.</p> <p>PRIEUR, Jean-Marie, <i>Linguistique barbare</i>, Montpellier, Publications de l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3, 2004.</p> <p>SIBONY, Daniel, <i>Entre-deux. L&rsquo;origine en partage</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, coll. Points. Essais, 2003.</p> <p>WINNICOTT, Donald,&nbsp;<i>Les objets transitionnels</i>, Paris, Payot, coll. Petite Biblioth&egrave;que Payot, 2010.</p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></a> Kilani Mondher, cit&eacute; par Cambra-Gin&eacute;, 2001&nbsp;: 47.</span></span></small></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><small><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></a> <span style="font-size:10.0pt">Surtout dans son ouvrage <em>Culture &eacute;crite et in&eacute;galit&eacute;s scolaires. Sociologie de l&rsquo;&eacute;chec scolaire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire</em>, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2000.</span></span></span></small></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></a> Corpus d&rsquo;entretiens avec les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;: Entretien avec </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;</span></span><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">milie, C&eacute;phalonie, ann&eacute;e scolaire 2018-2019.</span></span></small></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></a> Lui-m&ecirc;me inspir&eacute; de Hannah Arendt qui, dans son ouvrage <em>La condition de l&rsquo;homme moderne </em>(1983&nbsp;: 64-65) &laquo;&nbsp;rappelle que, dans l&rsquo;antiquit&eacute; grecque, les barbares et les esclaves &eacute;taient ά&nu;&epsilon;&upsilon; &lambda;ό&gamma;&omicron;&upsilon;, ce qui ne signifie pas priv&eacute;s de parole mais exclus &ldquo;d&rsquo;un mode de vivre dans lequel le langage et le langage seul avait r&eacute;ellement sens, d&rsquo;une existence dans laquelle les citoyens avaient tous pour premier souci la conversation&rdquo;&nbsp;&raquo; (Poch&eacute;, 1996&nbsp;: 13). </span></span></small></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></a> Corpus d&rsquo;entretiens avec les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;: Entretien avec Nicolette, C&eacute;phalonie, ann&eacute;e scolaire 2018-2019.</span></span></small></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></a> Maffei, <em>op.cit</em>., p. 17. </span></span></small></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></a> Corpus d&rsquo;entretiens avec les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;: Entretien avec </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Eacute;</span></span><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">milie, C&eacute;phalonie, ann&eacute;e scolaire 2018-2019.</span></span></small></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></a> Mosconi, 1996&nbsp;: 75. </span></span></small></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></a> Corpus d&rsquo;entretiens avec les enseignants&nbsp;: Entretien avec l&rsquo;enseignant de Nicolette, C&eacute;phalonie, ann&eacute;e scolaire 2018-2019.</span></span></small></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></a> Corpus d&rsquo;entretiens avec les enseignants&nbsp;: Entretien avec les enseignants de quatre &eacute;l&egrave;ves, C&eacute;phalonie, ann&eacute;e scolaire 2018-2019.</span></span></small></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><small><span style="font-size:10pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></a> Il s&rsquo;agit des &eacute;nonc&eacute;s des &eacute;l&egrave;ves produits lors du cours de fran&ccedil;ais et enregistr&eacute;s. </span></span></small></p> </div> </div>