<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Les deux expériences didactiques dont il sera question dans cet article se déroulent sur le terrain de l’enseignement du Français Langue Étrangère à l’université où nous intervenons en tant qu’enseignante-chercheuse auprès d’étudiants<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[1]</span></span></a> internationaux de toutes catégories, dont celle d’étudiants en exil. Ces expériences sont distinctes mais reliées car leur orientation émerge du cheminement réflexif de la recherche, qui vient encourager des prises de risques exploratoires sur le terrain, lesquelles nourrissent récursivement la réflexion. La recherche-intervention s’appuie sur des données d’observation qualitatives de type ethnographique, collectées en documentant l’action, avec une analyse revendiquée comme interprétative. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Le point de convergence de ces deux engagements didactiques est la notion de résonance, telle qu’elle est développée par le philosophe et sociologue Hartmut Rosa.</span></span></p>
<ol>
<li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Calibri Light",sans-serif">Le sujet et sa relation au monde </span></span></li>
</ol>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Rosa thématise le sujet et sa relation au monde ainsi :</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La sociologie de la relation au monde […] postule que le sujet et le monde ne se constituent l’un l’autre que dans et par leur interrelation. Ce qu’est un sujet ne se laisse déterminer que dans le contexte du monde où il est placé […] le rapport au monde et à soi sont inséparables […] les sujets ne se tiennent pas face au monde mais dans le monde – un monde auquel ils sont inextricablement liés […] un monde qu’ils craignent ou qu’ils aiment, dans lequel ils se sentent jetés ou portés […](Rosa, 2018 : 42).</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Il définit la <em>résonance</em> et les <em>rapports de résonance</em> entre les sujets et le monde comme étant les axes sur lesquels chercher les remèdes à l’<em>accélération,</em> laquelle caractérise selon lui l’époque contemporaine moderne avancée, comme un avatar cristallisant l’<em>aliénation</em> que son maitre Alex Honneth, après d’autres, avait travaillé. Rosa fait même de la résonance une condition de la qualité de la vie humaine : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La qualité d’une vie humaine dépend du rapport au monde, pour peu qu’il permette une <em>résonance</em>. Celle-ci accroît notre puissance d’agir et, en retour, notre aptitude à nous laisser « prendre », toucher et transformer par le monde. Soit l’exact inverse d’une relation instrumentale, réifiante et « muette », à quoi nous soumet la société moderne. Car si nous les recherchons, nous éprouvons de plus en plus rarement des relations de résonance, en raison de la logique de croissance et d’accélération de la modernité, qui bouleverse en profondeur notre rapport au monde sur le plan individuel et collectif (Rosa, 2018 : 4<sup>ème</sup> couv.).</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Loin d’épuiser cette théorie, nous y cherchons matière à articuler la réflexion et à étayer l’action, qui s’appuie d’abord sur un cadre théorique de didactique des langues. </span></span></p>
<ol start="2">
<li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Calibri Light",sans-serif">Didactique du plurilinguisme, intervention située, démarches sensibles, appropriation </span></span></li>
</ol>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Les mots choisis dans cette mise en discours des interventions de terrain renseignent sur l’orientation épistémologique et les chemins que nous nous proposons d’emprunter au bord un peu escarpé du paradigme d’une didactique des langues engagée, critique, sensible et située, à savoir constamment dans la prise en compte dynamique du hors-champ socio-politico-culturel de la classe.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Nous parlons de <em>dépaysement</em>, pour évoquer l’expérience générique commune et partagée de toute personne qui quitterait un espace connu pour un autre, étranger. Le passage d’une frontière de nation ou de langue ne caractérise qu’un type de déplacement-dépaysement dans un ensemble (terme pris ici au sens mathématique), le changement de région et de classe sociale constituant d’autres éléments de cet ensemble. Le <em>repaysement</em> est dans la continuité un néologisme commode pour évoquer une arrivée dans un autre espace, un terme générique lui aussi qui permet d’éviter intégration ou même inclusion, afin de laisser ce phénomène dans la sphère de l’expérience singulière des individus, en dehors des connotations que l’usage politique ou social a conféré aux autres termes évoqués. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Notre recherche s’inscrit dans le courant de la didactique du plurilinguisme, qui considère les objets à enseigner (les langues) comme <em>en contact</em> les unes avec les autres, s’apprenant les unes <em>avec</em> les autres. Le développement de la littératie et des habiletés langagières est pluriel et holistique à la fois (Coste, De Pietro & Moore, 2012). Les compétences ne sont pas juxtaposées mais bien liées. Le sujet-apprenant est un acteur social subjectif, dont le rapport à la nouvelle langue dépend de comment elle s’inscrit dans son répertoire <em>déjà-là</em> en fonction de son histoire et de l’ensemble de son expérience. Il est aussi en position d’auteur de son parcours, sans que cela ne signifie qu’il en est le seul responsable, contraint à l’autonomie, mais plutôt qu’il est en relation avec un environnement, qui l’encourage ou pas à s’approprier les moyens de dire et de comprendre. Ainsi le chemin dans la langue est pensé comme étant surtout une question de relation(s), fortement lié à l’insertion sociale des individus, dans un contexte donné, dans un espace donné, dans une temporalité donnée, dans un réseau d’histoires individuelles et collectives données. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Nous cherchons à montrer comment des <em>démarches sensibles</em> participent à l’appropriation de la langue, étant entendu avec Castellotti (2017) que l’appropriation recouvre « ce qui advient en propre » et qui va peut-être justement dépasser ou outrepasser ce que le dispositif visait. L’expression <em>démarches sensibles</em> permet d’inclure le plan de la réception (esthétique et linguistique) au même niveau que celui de la création. Il s’agit donc de mobiliser une dimension artistique dans des projets didactiques qui sollicitent, subtilement et dans une logique du <em>détour</em> plutôt que directement adressée, une « narration du déplacement », une mise en mots, en images, en mouvement de l’expérience intime des sujets, expérience avec la langue et expérience avec le lieu de vie. Cette notion de détour (didactique du) renvoie à des démarches qui vont s’appuyer sur l’expérience de vie des sujets apprenants et la narration qu’ils peuvent en faire à travers divers type de médiation, notamment artistique (<em>cf.</em> Dompmartin et Thamin, 2018).</span></span></p>
<ol start="3">
<li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Calibri Light",sans-serif">Nouveaux éléments de contexte, nouveaux cheminements </span></span></li>
</ol>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La dimension « narration du déplacement » prend une coloration spécifique en raison des réalités de la « migration », en tant qu’elles sont devenues, sans être pour autant nouvelles, des questions sociales (plus) vives, amenant des remises en question sur le terrain de la didactique du Français Langue Étrangère. Parmi les étudiants de FLE en effet, ceux qu’on appelle « migrants ». Par définition tout étudiant « en mobilité » (géographique) pourrait être nommé migrant, mais le terme s’est fixé sur ceux et celles qui sont en mobilité non choisie, qu’on appelle aussi étudiants exilés. S’intéressant à ce public-là d’un peu plus près<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[2]</span></span></a>, les notions d’espace à s’approprier et de langue à s’approprier dans le nouvel espace nous sont apparues comme encore plus évidemment liées. Pour les étudiants exilés, l’<em>utilité</em> de la langue est mise en avant par le contexte d’accueil, des institutions aux représentations sociales. Elle serait à la fois indispensable, obligatoire et à acquérir rapidement. Elle est aussi vécue de cette façon par les apprenants avec une forte pression hétéro- et auto-administrée. Cette pression nuit peut-être pour certains à leur progression. Cette pression est-elle responsable dans certains cas de « blocages » pour l’apprentissage ? Dans cette situation de contrainte, où le désir de la langue du lieu de vie n’a pas précédé le déplacement, l’action didactique peut précisément se proposer d’activer (renforcer) ce désir de langue, si l’on admet qu’il participe au succès de l’appropriation.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Rosa décrit la dynamique entre « le monde qui vient à la rencontre du sujet qui l’éprouve » (et qui le subit) et le sujet qui « par son action, pénètre dans le monde ». Ainsi sont en rapport dialectique un « caractère pathique » du monde, où le sujet est « réagissant » face à son destin, et la « relation intentionnaliste » où le sujet évolue en explorateur, acteur, maitrisant la situation voire la dominant (Rosa, 2018, p. 141). Si les étudiants exilés ne sont pas essentiellement différents des étudiants allophones « ordinaires », l’enjeu de « repaysement » se pose en tous cas de façon différente au plan de cette dialectique agissant/subissant. D’où la nécessité de relier encore mieux les deux pans de notre intervention didactique : utilité et besoins pragmatiques d’une part et subjectivité, affects, relations, appropriation et <em>poïesis</em> d’autre part. Nous défendons avec Huver et Lorilleux : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">l’idée que le fait d’envisager le langage et les langues prioritairement comme <em>poïesis</em>, c’est-à-dire comme expérience nécessairement créative du monde, bouleverse les priorités de la didactique, en orientant ses questionnements vers la réception et la compréhension […] plutôt que vers la production ; vers la relation qui peut s’y nouer plutôt que vers l’efficacité des dispositifs à mettre en place ; vers une appréhension culturelle et historiale de l’humain […] (Huver et Lorilleux, 2018).</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Cette réflexion en cours a orienté les deux expériences de terrain qui donneront lieu à exposition ici. Nous évoquerons d’abord l’atelier d’écriture PÆSTEL, qui accueillait des étudiants internationaux dans une classe de FLE « ordinaire » (donc par définition hétérogène<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[3]</span></span></a>). Deux séances se sont tenues à l’automne 2018 hors les murs de l’université, à savoir dans un quartier de la ville de Toulouse et dans un musée. La question de comment les étudiants ont reçu les propositions est en focale. Les données sont des propos recueillis par un questionnaire (Q18) et un extrait de texte écrit en fin d’atelier, à l’occasion de la 8<sup>ème</sup> proposition dite « proposition de bouclage ». </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Puis nous nous intéresserons au programme DILAMI (<em>cf</em>. note <em>supra</em>), destiné aux étudiants exilés<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[4]</span></span></a>. Les enseignantes de ce programme ont imaginé des activités multiples hors les murs de la classe, construisant un démarche à partir de leur inconfort de départ vis à vis de ce public nouveau pour elles. Les données recueillies sont leurs propos en cours d’expérience lors de conversations informelles, d’un groupe focalisé en 2018 et de diverses réunion de service et bilan. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ces traces très partielles des dispositifs observés seront le prétexte à une mise en perspective.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
<ol start="4">
<li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Calibri Light",sans-serif">L’atelier Pæstel </span></span></li>
</ol>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Le cadre est celui d’un atelier d’écriture, qui revient une fois par an à raison de 50 heures sur un semestre, avec des étudiants allophones inscrits dans un cursus de FLE à l’université. Nous y avons creusé précédemment différentes démarches impliquant à la fois la créativité (avec tout le répertoire plurilingue à disposition), la réflexivité (sur les langues et l’identité ou ce qu’elles permettent d’exprimer de soi), la dimension expérientielle personnelle en miroir étant mobilisée en écho d’auteurs et autrices plurilingues (Dompmartin, 2019, 2018, 2016ab).</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">En 2018, l’atelier s’est appelé PÆSTEL<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[5]</span></span></sup></sup></a>, pour « Poser l’Ancre/l’Encre sur Toulouse – Expériences et Langues ». Il s’est déroulé de septembre à décembre 2018, sur un cycle de 11 semaines à raison de 4 heures tous les mercredis après-midi. Il était porteur d’une ambition d’ancrage spatial, de découverte sensible de l’environnement et de production créative à partir de ce matériau. La dimension spatiale et celle de l’imaginaire interviennent : il s’agit de lier et délier passé, présent, futur dans l’ici et l’ailleurs ; l’endroit d’où l’on vient, celui où l’on est, plus ou moins provisoirement, celui où on ira peut-être ensuite, en socialisant ainsi la langue à apprendre et ses néo-locuteurs <em>in vivo</em>. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Il s’est déroulé avec deux sorties « hors les murs », la séance Pæstel-EV (En Ville) et Pæstel-AM (au musée). Pæstel-EV a eu lieu en novembre 2018 quelque temps après que la ville ait organisé avec la compagnie « La Machine » un grand défilé qui a drainé une foule de spectateurs dans tous les quartiers centraux comme savent le faire maintenant ces grandes manifestations spectaculaires et médiatisées. Ainsi le Minotaure avait déambulé : </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><img id="Image_x0020_6" src="file:////Users/proprietaire2/Library/Group%20Containers/UBF8T346G9.Office/TemporaryItems/msohtmlclip/clip_image001.png" style="height:235pt; width:254pt" /> </span></span></p>
<p style="margin-left:35.4pt; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Le minotaure, Toulouse, Toulouse, le 4 novembre 2018</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La consigne d’écriture s’est appuyée sur cette manifestation et ce personnage gigantesque pour inviter à observer la ville autrement, à hauteur des yeux de la Machine.</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La visite à Esquirol était très enrichissant surtout pour moi qui connaissait peu de ce quartier. J’ai découvert les petits rues, les magasins, les restaurants, le bar anglais etc. (J.)<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[6]</span></span></a></span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">C'était intéressant et amusant. On a regardé Toulouse d’un différent point de vue (P.)</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">J'ai bien aimé la sortie en ville car on a fait parler chaque objet comme chaque coin j'ai beaucoup appris sur cette ville à partir d'un seul rue (A.).</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">A mon avis cette idée de sortir c'était géniale car on a cassé la routine de l'université (A.)</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">PæstelAM a eu lieu quelque temps plus tard avec une visite à la fondation Bemberg et une proposition d’écriture invitant à regarder à travers les yeux des personnages des tableaux. </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><img id="Image_x0020_4" src="file:////Users/proprietaire2/Library/Group%20Containers/UBF8T346G9.Office/TemporaryItems/msohtmlclip/clip_image002.png" style="height:180pt; width:237pt" /> </span></span></p>
<p style="margin-left:35.4pt; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Photo de groupe, Fondation Bemberg, Novembre 2018, avec l’aimable autorisation des intéressés</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ce qui frappe, c’est comment l’expérience est mentionnée comme première à différents niveaux, ce qui n’est pas sans renvoyer à Bourdieu et aux notions de culture légitime, l’accès à celle-ci étant peut-être, y compris en milieu universitaire et dans le milieu hétérogène du FLE, encore et toujours à impulser dans le cadre du lien enseignant-enseigné. </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">C'était ma meilleure expérience j'ai enfin comprendre comment faire pour analyser et comprendre une histoire d'un tableau (A.)</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ce musée est le premier musée où j’ai visité, c’est un souvenir trésor. J’ai beaucoup d’inspirations après cette visite (X.)</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">C’est la première fois que je vais dans un musée de peinture (Y.)</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Lors de la séance de clôture, les étudiants ont été invités à écrire de façon métaphorique à propos de leur expérience de l’atelier et P. produit une métaphore filée qui atteste de la qualité de l’expérience et de ce qui s’est transformé pour elle dans le rapport à la langue : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">L’année 2018 était très difficile pour moi. Même si j’aimais le français, quelques fois, j’ai pensé que j’allais être noyée dans cette langue et je n’allais jamais y arriver. Pendant ces études, je me sentais comme si j’étais dans la mer qui était assez calme mais parfois méchante. Moi, quelquefois je nageais contre les vagues, quelquefois avec les vagues, quelquefois je pensais que j’arrivais sur le rivage mais après, une grande vague venait, qui me ramenait encore au fond de la mer et je recommençais à me battre pour survivre. Parmi tous les cours, il y avait seulement un seul cours qui me donnait un espace pour respirer ; c’était « l’atelier d’écriture ». Ce cours pour moi, était une grande bulle dans la mer, remplie d’oxygène, qui m’isolait de toutes les vagues. Moi, je m’y sentais très calme et détendue. Il était le seul moment où je pouvais profiter du français (P., 2018, Pæstel8)</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">D’autres textes pourraient témoigner ici de ce qui a été vécu dans l’atelier, mais celui-ci exprime bien la parenthèse et le lieu singulier de l’apprentissage de la langue qu’il a pu représenter dans un cadre curriculaire plus formel : un îlot peut-être, un lieu quasi-matriciel et protecteur, où l’expérience positive et négative du processus d’appropriation de la langue, non dénué d’angoisse et de souffrance, a pu se réfléchir et se diluer. Dans ce processus, le sujet a subi : « la vague me ramène au fond de la mer ». Il a réagi : « je recommençais à me battre pour survivre », puis a reçu un « espace pour respirer », se sentant dès lors « calme et détendu(e) » et pouvant « profiter » et jouir de la langue.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Que le sujet soit « second » ou « premier diapason », selon qu’il initie la vibration ou la renvoie (Rosa, 2018 :142) importe finalement peu. En tout état de cause, l’expérience s’est produite dans la chambre d’échos du monde, à la faveur de l’îlot de résonance, installé au nom du désir et du plaisir dans l’espace didactique. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Les « temps forts »s du DILAMI semblent avoir joué un rôle similaire. </span></span></p>
<ol start="5">
<li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Calibri Light",sans-serif">Les « temps forts » du DILAMI </span></span></li>
</ol>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Dans la première édition du DILAMI durant l’année 2017-18, dispositif que nous<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[7]</span></span></a> avions inventé à l’automne 2017, très vite les commentaires des enseignantes<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[8]</span></span></a> poussent à la réflexion. Elles disent la difficulté à enseigner inhérente à ce public, en raison de composantes affectives et émotionnelles prégnantes : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">C’est lourd ! […] Il y a de la souffrance ! […] Ce n’est pas pareil ! […] » <em>(ndlr : que les cours de FLE ordinaires)</em> (C., conversation informelle, nov.2017).</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ils doivent raconter quelque chose et ils racontent comment ils ont perdu un ami dans un bombardement, et moi je dois corriger la langue ?! C’est très difficile. Difficile de les aider en tant que prof de FLE (T. <em>ef18</em><a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[9]</span></span></a>)</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Elles ont le sentiment que l’espace clos de la classe est rapidement étouffant car les histoires de tous les étudiants sont très chargées émotionnellement, donc <em>a priori</em> moins facilement mobilisables que dans une classe de langue ordinaire. Le matériau didactique le plus anodin, <em>i.e.</em> l’image de la famille, typique des manuels de FLE, pour apprendre les adjectifs possessifs (mon père, ma mère, mon frère…) achoppe sur l’écueil des sensibilités quand la famille ou ce qu’il en reste est ce dont on ne peut/veut pas parler. Comment se situer en tant qu’enseignant ? </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">J’ai eu des périodes de cauchemars ; c’est difficile. Je veux en savoir le moins possible sur ce qu’ils ont vécu car ça m’empêche de travailler. Maintenant je mets un peu plus de barrières car ça me touche trop. J’essaie de ne pas entendre trop ce qu’ils ont vécu (C.<em> ef18</em>). </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Il ne faut pas partir dans le pathos, car ça va jamais en finir. Il y a de la surenchère (C.<em> ef18</em>).</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">A un moment, j’ai secoué les deux frères, qui ne faisaient jamais leurs devoirs […] ils sont venus me voir […] m’ont expliqué que pour eux, c’était important d’avoir trouvé cette ‘famille’ [le Dilami] solidarité entre eux […] j’ai laissé tomber (<em>ndlr : mes exigences à propos des devoirs à faire à la maison )</em> (C. <em>ef18</em>).</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ils sont censés être présents <em>[ont été sélectionnés /nombre de places restreint/se sont engagés]</em>, mais ils ont toujours une bonne excuse car ils ont plein de problèmes (C., <em>ef0918</em>). </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Une des caractéristique est l’intensité de l’investissement affectif : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">C’est une expérience très très différente des autres situations de FLE. Le niveau d’implication affective est impressionnant […] c’est comme une famille […] l’objectivité est difficile (T., <em>ef18)</em></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Par ailleurs, des thématiques sont « délicates » et une pédagogie de l’interculturel est plus difficile à mener :</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Certains sujets sont tabous. […] on peut pas prononcer le mot pilule, contraception, homosexuel… (T. <em>ef18)</em></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Elles mentionnent aussi des questionnements, concernant ce que semble leur demander l’institution vis à vis de ce public et qui leur pose problème :</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Au niveau politique, on est censées leur apprendre des « valeurs »… l’interculturel est vu dans un seul sens […] ce sont nos « valeurs », on prend pas en compte les leurs (C.<em> ef18)</em></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Selon elles : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ce qui est le plus important, c’est qu’ils se reconstruisent une dignité en ayant la possibilité de s’exprimer et de s’insérer socialement (C. <em>ef18</em>)</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ainsi la situation est déstabilisante pour ces enseignantes pourtant expérimentées : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La classe le cours de français, ça suffit pas ! Et puis c’est trop lourd, ils ont trop de problèmes à côté (C., conversation informelle, nov. 2017)</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ça nous met en difficulté côté autorité (T. <em>ef18</em>).</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Comment faire alors ? Pour ne pas être trop empathique, empêché·e de travailler, déstabilisé·e ? Quel geste enseignant inaugurer ? Quel lâcher-prise installer ? </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">« Aller voir dehors » semble une réponse possible à leur sentiment de vase-clos étouffant, à la surcharge émotionnelle. A partir d’artefacts extérieurs au groupe, aux individus, au « programme académique » d’enseignement du FLE, au cercle affectif ainsi construit, il y aura un moyen de s’ajuster professionnellement. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Nous avons encouragé au cours de l’année 2017-18 les enseignantes à aller voir « hors les murs » de l’université, à rentrer dans un démarche en lien avec les musées et autres lieux culturels. Ce n’est certes pas une innovation en soi, les sorties de classes étant largement usitées dans de nombreux contextes avec des objectifs multiples. Ici néanmoins, elles sont apparues comme une réponse pertinente à la spécificité du public, pour précisément constituer le détour, rendu nécessaire par le vécu immédiat. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Elles ont donc organisé et planifié des activités, qu’elles ont nommé « les temps forts ». </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><img id="Espace_x0020_réservé_x0020_du_x0020_contenu_x0020_7" src="file:////Users/proprietaire2/Library/Group%20Containers/UBF8T346G9.Office/TemporaryItems/msohtmlclip/clip_image003.png" style="height:235pt; width:359pt" /> </span></span></p>
<p style="margin-left:35.4pt; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Document travail enseignantes Dilami, printemps 2018</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Lors de la réunion bilan à l’issue de la première année (juin 2018, codée <em>rb18</em>), elles ont pu rendre compte de leur satisfaction à elles et de celle des étudiants suite à ces « temps forts », qui ont, selon elles, permis de les valoriser, de sortir de l’entre-soi de la « famille Dilami », de parler d’eux et de leur culture et de remobiliser de la joie : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[après la sortie au musée] Ils étaient très reconnaissants […] la présence du guide était importante […] se sont sentis valorisés […] un groupe de l’université, attendu, accueilli (C. <em>rb18</em>) </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Au musée, à l’atelier de création artistique, ils étaient obligés de parler français avec les intervenantes […] avec le guide […] (T., <em>rb18</em>) </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">C’est un biais privilégié pour faire de l’interculturel[…] (M.<em> rb18</em>)</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Après la visite au musée St Raymond sur les rituels grecs […] <em>[expo qui faisait appel au sensible/les 5 sens…] </em>En classe, ils devaient présenter un rituel de chez eux […] Les deux étudiants turcs ont présenté une cérémonie de mariage […] Ils ont tout apporté […] très beau […] très joyeux […] (M.<em> rb18</em>) </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Les rituels grecs leur ont permis de faire quelque chose sur leur culture (M.<em> rb18</em>) </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Ils étaient heureux. C’était très vivant ! (M.<em> rb18</em>) </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La sortie à Carcassonne puis plage […] ils ont dansé […] beaucoup de joie (M.<em> rb18</em>).</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La deuxième promotion qui vient de terminer son périple au cours de 2018-2019, a connu de plus grandes et ambitieuses aventures encore. Temps forts : une sortie cinémathèque pour voir « Le hérisson » (film d’après le roman « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery, histoire d’une femme dont la culture est invisibilisée par le contexte social où elle évolue), puis un travail d’écriture d’une lettre d’amour collective, mise en voix avec l’aide d’un comédien dans un théâtre toulousain (la Cave Poésie) et enregistrée pour la radio le 14 février 2019 dans le cadre d’un 24 h de radio.</span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Nous avons vécu un grand moment d'émotion ce matin à la Cave Poésie lors de l'enregistrement de la lettre. Les étudiants ont fait une super présentation, très bien rythmée, articulée. Ils ont été EXTRAORDINAIRES et toutes les personnes présentes étaient fort émues de leur intervention suivie de lectures de textes dans leur langue. La Dépêche était là, j'espère qu'ils feront un retour demain. T. a fait un boulot remarquable pour arriver à une telle qualité d'écriture et de motivation pour tous. L'atelier lecture les a bien aidés aussi. Les apprenants étaient rayonnants. (J., mail du 14/02/19)</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Autre temps fort : une lecture de poèmes, à l’occasion du Printemps des poètes, d’abord encore en ville à la Cave Poésie, puis à l’université dans un espace de spectacle à la bibliothèque à deux reprises.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">En juin 2019, les étudiants et leurs enseignantes ont participé à une manifestation organisée par le « Collectif du 20 juin-Toulouse<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[10]</span></span></a> » au Musée des Abattoirs et dans la ville à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés. L’exposition de portraits photographiques (de la photographe Mariana Lara) et des textes de présentation de soi écrits par les étudiants, environ 50 portraits et textes, a déambulé dans les rues de Toulouse le 19 juin. Elle passera dans différents lieux à Toulouse de l’automne 2019 à l’année suivante, avec un premier temps d’exposition à la Fabrique, lieu culturel de notre université.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><img id="Image_x0020_2" src="file:////Users/proprietaire2/Library/Group%20Containers/UBF8T346G9.Office/TemporaryItems/msohtmlclip/clip_image004.jpg" style="height:343pt; width:242pt" /> </span></span></p>
<p style="margin-left:35.4pt; margin-right:0cm; text-align:center"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Affiche de l’exposition, septembre 2019, photo diffusée avec l’aimable autorisation de l’intéressé</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Nul doute que le travail fourni par les étudiants et leurs enseignantes pour ces évènements a été très intense. Le visage joyeux de ce participant serait à lui seul la preuve du succès de l’entreprise. Notons au passage qu’il est admis l’an prochain en Master de formation de… professeur de FLE. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Quant aux enseignantes, en regard des interrogations et doutes exprimés en cours de route, leur montée en compétences est remarquable. L’une d’elles, qui a une expérience professionnelle pourtant assez longue, s’exprime ainsi : </span></span></p>
<p style="margin-left:43.2pt; margin-right:43.2pt; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Je n’ai jamais eu d’expérience de travail aussi satisfaisante (M. réunion bilan 2019). </span></span></p>
<ol start="6">
<li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Calibri Light",sans-serif">Références :</span></span></li>
</ol>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">CASTELLOTTI, Véronique, <em>Pour une didactique de l’appropriation</em>, Paris, Didier, 2017.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">COSTE, Daniel, De PIETRO, Jean-François et Moore, Danièle, Hymes et le palimpseste de la compétence de communication. Tours, détours et retours en didactique des langues. <em>Langage et société</em>, 139(1), 2012, p.103-123.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">DOMPMARTIN, Chantal, Passerelles translinguistiques et progression stylistique dans un atelier d’écriture en FLE, dans J. Lafont-Terranova et M. Niwese (Eds.), <em>(Faire) Écrire dans l’enseignement postobligatoire : enjeux, modèles et pratiques innovantes, </em>Paris, Presses Universitaires du Septentrion, 2019, p. 230-240.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">DOMPMARTIN, Chantal, Un atelier d’écriture expérientielle en FLE comme parcours de sécurisation entre l’ici et l’ailleurs linguistique et culturel, dans M.-F. Narcy-Combes & C. Joeffrion (Eds.), <em>Contributions au développement de perspectives plurilingues en éducation et formation</em>, Rennes, PUR, 2018, p. 160-173.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">DOMPMARTIN, Chantal, <a name="_Toc317435942">J</a>ardinages de l’écriture en atelier avec des étudiants de FLE et des écrivains plurilingues, dans <em>EDL</em> n° 26, Toulouse, 2016a, p.125-139. </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">DOMPMARTIN, Chantal, Écrivains plurilingues et étudiants de FLE : rencontres et résonances, <em>Carnets </em>7, Porto, APEF, 2016b.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">DOMPMARTIN, Chantal et THAMIN, Nathalie (Eds.), <em>Démarches créatives, détours artistiques et appropriation des langues</em>, <em>Lidil</em> 57, 2018, URL : http://journals.openedition.org/lidil/4830 </span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:left"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">HUVER, Emmanuelle et LORILLEUX, Joanna, Démarches créatives en DDdL: créativité ou <em>poïesis</em> ? <em>Lidil 57</em>, 2018, URL: http://journals.openedition.org/lidil/4885.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">MOORE, Danièle, Plurilinguisme au musée, <em>Éducation et francophonie</em>, 45/2, 2017, p. 67-84.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">MOORE, Danièle, Pastel au musée. Plurilinguisme, Art, Sciences, Technologie et Littératies. Quelles contributions pour la didactique du plurilinguisme ? <em>Mélanges Crapel : Revue en didactique des langues et sociolinguistique</em> n°38/1, 2017, p. 59-81.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">NORTON, Bonny. <em>Identity and Language Learning: Extending the Conversation</em>, Cleveland: Multilingual matters, 2013.</span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">ROSA, Hartmut, <em>Résonance : une sociologie de la relation au monde, </em>Paris : la Découverte, 2018.</span></span></p>
<div>
<hr />
<div id="ftn1">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[1]</span></span></a> Malgré le goût que nous partageons avec nos contemporains pour l’écriture inclusive, nous y renoncerons ici pour la facilité de lecture.</span></span></p>
</div>
<div id="ftn2">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[2]</span></span></a> Sur les campus toulousains, à l’instar d’autres campus français, nous avons créé depuis 2017 un « programme passerelle » appelé DILAMI (Dispositif Langue Accueil Migrants) dans lequel l’autrice de cet article est partie prenante au plan de l’organisation, de l’ingénierie didactique et des choix didactiques qui seront décrits infra.</span></span></p>
</div>
<div id="ftn3">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[3]</span></span></a> La classe rassemble des étudiants Erasmus (en déplacement court dont la fin est programmée) et des personnes qui vont rester, dans une situation également d’exil, même si elle n’est pas statutaire ni énoncée formellement, ce qui est le cas par exemple de ressortissants vénézuéliens en ce moment. </span></span></p>
</div>
<div id="ftn4">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[4]</span></span></a> Réfugiés, demandeurs d’asile et bénéficiaires de la protection subsidiaire, donc officiellement et statutairement « en exil ». </span></span></p>
</div>
<div id="ftn5">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[5]</span></span></a> Dont le titre fait écho au projet Pastel de Danièle Moore au Canada (Moore, 2017ab).</span></span></p>
</div>
<div id="ftn6">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[6]</span></span></a> L’orthographe et la syntaxe des scripteurs, dans les réponses au questionnaire de fin de semestre, est reproduite ici. </span></span></p>
</div>
<div id="ftn7">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[7]</span></span></a> Ce « nous » renvoie au 3 coordinatrices du programme (J., L. et moi-même). Que mes deux collègues soient remerciées ici. </span></span></p>
</div>
<div id="ftn8">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[8]</span></span></a> Que les trois enseignantes (C., M. et T.) soient également remerciées ici pour leur immense engagement dans l’aventure, leur réceptivité et créativité, leur bon sens et leur sens du rythme (soutenu) !</span></span></p>
</div>
<div id="ftn9">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[9]</span></span></a> Entretien de groupe focalisé du 4 septembre 2018, désormais <em>ef18. </em>Cet entretien a eu lieu alors que le programme a un an d’existence. Il rapporte des propos qui témoignent de ce qui a été vécu et de ce qui est en construction dans la professionnalisation des acteurs. </span></span></p>
</div>
<div id="ftn10">
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:left"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">[10]</span></span></a> <span style="font-family:"Times New Roman",serif"><span style="font-size:10.0pt">Collectif d’une vingtaine d’associations toulousaines de soutien aux exilé-e-s.</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"> </p>
</div>
</div>
<p>Article</p>