<p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229262"><b>1. Liminaire</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cet article constitue &agrave; la fois le point d&rsquo;entr&eacute;e et de sortie d&rsquo;un ensemble d&rsquo;articles r&eacute;dig&eacute;s suite &agrave; un panel intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<i>Utilitarisme et subjectivit&eacute; en didactique des langues : proximit&eacute; et/ou divergence des interpr&eacute;tations&nbsp;?</i>&nbsp;&raquo;. Comme le titre de ce panel l&rsquo;indique, cet ensemble d&rsquo;articles (constitu&eacute; de celui-ci, puis de ceux de M. Debono, I. Pierozak et V.&nbsp;Castellotti) vise &agrave; mettre en &eacute;vidence et &agrave; interroger diff&eacute;rents positionnements actuellement pr&eacute;valents en didactologie - didactique des langues (DDdL) et &agrave; proposer une interpr&eacute;tation des relations (d&rsquo;opposition&nbsp;? de compl&eacute;mentarit&eacute;&nbsp;? de prolongement&nbsp;? d&rsquo;indiff&eacute;rence&nbsp;? etc.) entre ces orientations, sous l&rsquo;angle de leurs soubassements &eacute;pist&eacute;mologiques plus particuli&egrave;rement. Le pr&eacute;sent num&eacute;ro portant sur la notion de subjectivit&eacute;, c&rsquo;est &agrave; celle-ci que nous nous sommes int&eacute;ress&eacute;.e.s, d&rsquo;une part pour mettre en perspective l&rsquo;opposition &eacute;tablie dans l&rsquo;argumentaire avec la notion d&rsquo;utilitarisme et, d&rsquo;autre part, pour mettre en discussion certaines de ses pr&eacute;misses &eacute;pist&eacute;mologiques. </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Mon article sert d&rsquo;introduction aux autres articles pr&eacute;cit&eacute;s et cherche donc, &agrave; ce titre, &agrave; poser les enjeux de notre r&eacute;flexion collective. Pour ce faire, je partirai d&rsquo;un inventaire des critiques du <i>Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues</i> (Conseil de l&rsquo;Europe, 2001 &ndash; d&eacute;sormais CECRL). &laquo;&nbsp;Inventaire&nbsp;&raquo; est sans doute un terme bien pr&eacute;somptueux&nbsp;: &eacute;tant donn&eacute; les limites de cet article, il ne saurait s&rsquo;agir de fournir une vision panoramique, et encore moins exhaustive, de ces critiques. Il ne s&rsquo;agira pas non plus de d&eacute;velopper une nouvelle critique du CECRL (ou de sa r&eacute;cente amplification). Je chercherai plut&ocirc;t &agrave; comprendre ce sur quoi portent les critiques, ce qui semble faire consensus entre elles (ou non), et ce dont proc&egrave;dent les arguments convoqu&eacute;s. Ainsi, nous verrons que la critique de l&rsquo;utilit&eacute; et de l&rsquo;utilitarisme est tr&egrave;s r&eacute;guli&egrave;rement conjugu&eacute;e &agrave; une critique du capitalisme et du n&eacute;o-lib&eacute;ralisme, alors que, paradoxalement (en apparence en tout cas), la critique politicienne (i.e. du n&eacute;olib&eacute;ralisme et du capitalisme) est &eacute;galement convoqu&eacute;e pour d&eacute;fendre la mise en &oelig;uvre des approches communicatives et/ou actionnelles. Plus largement, il s&rsquo;agira de mettre en &eacute;vidence le fait que certains accords dans la critique ne portent manifestement que sur les d&eacute;saccords et rel&egrave;vent simultan&eacute;ment de profonds diff&eacute;rends en termes de positionnement &laquo;&nbsp;de fond&nbsp;&raquo;. Ceci me permettra, dans un dernier temps, d&rsquo;ouvrir un chemin vers une critique &laquo;&nbsp;&agrave; c&oelig;ur&nbsp;&raquo; de la rationalit&eacute; manag&eacute;riale, chemin qui sera parcouru dans les autres contributions. </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Les critiques du CECRL &eacute;tant nombreuses et tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, a fortiori depuis quelques ann&eacute;es (o&ugrave; elles se multiplient et, de ce fait, se diversifient), j&rsquo;ai choisi de m&rsquo;appuyer plus particuli&egrave;rement sur un r&eacute;cent num&eacute;ro de la revue TDFLE, coordonn&eacute; par B. Maurer et J.-M. Prieur, et intitul&eacute; <i>La pens&eacute;e CECR</i>. Notre ensemble d&rsquo;articles &eacute;tant publi&eacute; dans la m&ecirc;me revue, il peut &ecirc;tre envisag&eacute; comme un &eacute;cho, un prolongement critique de la r&eacute;flexion d&eacute;velopp&eacute;e dans ce num&eacute;ro, le dialogue agonistique avec ces discours &eacute;tant en effet une des vis&eacute;es de nos articles. Mais surtout, les articles r&eacute;unis dans le n&deg;70 de TDFLE me semblent couvrir un spectre relativement large et repr&eacute;sentatif, non seulement des critiques usuellement formul&eacute;es contre le CECRL, mais aussi de leurs ambig&uuml;it&eacute;s et de leurs contradictions. Pr&eacute;cisons &agrave; ce propos que la pr&eacute;sence d&rsquo;articles contradictoires au sein d&rsquo;un m&ecirc;me num&eacute;ro th&eacute;matique n&rsquo;est en soi pas un probl&egrave;me (c&rsquo;est m&ecirc;me extr&ecirc;mement fr&eacute;quent). Cependant, ne pas situer ces critiques les unes par rapport aux autres induit une compr&eacute;hension singuli&egrave;rement brouill&eacute;e, voire confuse, du domaine, qu&rsquo;une lecture essentiellement politicienne ne peut que tr&egrave;s partiellement contribuer &agrave; clarifier (cf. &eacute;galement, &agrave; ce propos, l&rsquo;introduction de la partie 3 du pr&eacute;sent article). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229263"><b>2. Critiques du CECRL&nbsp;: accords sur les d&eacute;saccords&hellip;</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Quelles sont les critiques d&eacute;velopp&eacute;es &agrave; l&rsquo;encontre du CECRL dans ce num&eacute;ro de TDFLE&nbsp;? ou, plus pr&eacute;cis&eacute;ment, quels sont les arguments qui semblent faire consensus et ceux qui semblent moins unanimement partag&eacute;s<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></a>&nbsp;?</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229264"><b>1.1. Des consensus partag&eacute;s&nbsp;?</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Le CECRL est d&rsquo;abord, et assez unanimement, pr&eacute;sent&eacute; comme l&rsquo;instrument et le vecteur d&rsquo;une politique n&eacute;olib&eacute;rale. Diff&eacute;rents contributeurs &eacute;voquent ainsi&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. une &laquo;&nbsp;<i>politique europ&eacute;enne d&#39;inspiration lib&eacute;rale</i>&nbsp;&raquo; (Gohard Radenkovic et al.), </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. l&rsquo;omnipr&eacute;sence des logiques du march&eacute;, de l&rsquo;entreprise, de la comp&eacute;tition (Prieur)</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. le &laquo;&nbsp;<i>dogme du lib&eacute;ralisme, de la concurrence sans entrave et de la libre circulation des capitaux, des biens et des personnes</i>&nbsp;&raquo; (Adami)</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. l&rsquo;&laquo;&nbsp;<i>encadre[ment du] sujet et l&rsquo;assujetti[ssement] au march&eacute; du travail</i>&nbsp;&raquo; (Migeot).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Un certain nombre d&rsquo;entre eux d&eacute;nonce &eacute;galement un glissement terminologique et une convergence grandissante entre le monde de l&rsquo;entreprise (et donc l&rsquo;univers du &laquo;&nbsp;management&nbsp;&raquo;) et celui de l&rsquo;&eacute;ducation (Prieur, Gohard Radenkovic et al., Migeot).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Enfin, est &eacute;galement d&eacute;velopp&eacute;e l&rsquo;id&eacute;e que cette logique n&eacute;o-lib&eacute;rale est &eacute;galement &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans la minoration, voire l&rsquo;occultation, des enjeux de pouvoir, des in&eacute;galit&eacute;s et des conflits&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. Berchoud parle d&rsquo;un outil qui &laquo;&nbsp;<i>estomp[e] les dimensions de pouvoir et de march&eacute; pr&eacute;sentes dans la diffusion des langues, leur enseignement, leur apprentissage</i>&nbsp;&raquo;&nbsp;; </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. Gohard Radenkovic et al. ainsi qu&rsquo;Antier d&eacute;noncent une survalorisation de l&rsquo;empathie, de la tol&eacute;rance et du consensus, donnant ainsi une image &laquo;&nbsp;<i>ir&eacute;nique [du monde], sans d&eacute;saccord ni malentendu&nbsp;</i>&raquo; (Prieur)&nbsp;;</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. Adami estime que le CECRL <i>&laquo;&nbsp;g&ecirc;ne ou emp&ecirc;che de voir les conflits sociaux &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre au sein de ces cultures</i>&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. Enfin, selon Migeot, il place </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;les notions d&rsquo;in&eacute;galit&eacute;s, de statut, de classes sociales, de rapports de forces, d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts antagonistes ou contraires, de manipulation, et m&ecirc;me de ruse ou de calcul, (&hellip;) hors sujet. On pr&eacute;sente la soci&eacute;t&eacute; comme un monde de &laquo;&nbsp;partenaires&nbsp;&raquo; qui ont les m&ecirc;mes int&eacute;r&ecirc;ts et les m&ecirc;mes centres d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts&nbsp;&raquo;</span>.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ces arguments focalisent ainsi essentiellement sur la logique &eacute;conomique qui sous-tend(rait) le CECRL. Cette critique, &eacute;conomiciste, traverse la DDdL depuis longtemps d&eacute;j&agrave; (Debono, 2014). Dans ce cadre, le propos est en partie politique, mais en partie seulement. Il s&rsquo;agit en effet certes de <i>d&eacute;noncer</i> un certain mod&egrave;le &eacute;conomique (et donc une certaine politique), mais ces critiques d&eacute;bouchent rarement sur des propositions d&rsquo;ordre politique (et, par cons&eacute;quent, pour ce qui concerne la recherche, d&rsquo;ordre &eacute;pist&eacute;mologique<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></a>). Adami fait ici exception&nbsp;: il revendique clairement un positionnement marxiste et universaliste et r&eacute;fl&eacute;chit aux &laquo;&nbsp;<i>projets de soci&eacute;t&eacute;</i>&nbsp;&raquo; (Adami) sous-tendant les diff&eacute;rents &laquo;&nbsp;mod&egrave;les&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il &eacute;voque. En outre, ses critiques sont reli&eacute;es non seulement &agrave; une politique (un &laquo;&nbsp;projet de soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;) mais aussi &agrave; une &eacute;pist&eacute;mologie (qu&rsquo;il nomme lui-m&ecirc;me &laquo;&nbsp;mat&eacute;rialiste&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></span></span></a>).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ainsi, pour ce qui concerne l&rsquo;argument &eacute;conomiciste, au-del&agrave; de l&rsquo;unanimit&eacute; de la critique, il est finalement assez difficile de savoir si et en quoi les diff&eacute;rents contributeurs se rejoignent / se rejoindraient sur des projets politiques et &eacute;pist&eacute;mologiques communs.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229265"><b>1.2. Des argumentations en tension</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Des ambigu&iuml;t&eacute;s se font plus nettement jour, pour ce qui concerne les arguments convoquant l&rsquo;humanisme, motif assez r&eacute;current des critiques d&eacute;velopp&eacute;es contre le CECRL.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ainsi, pour J.-M. Prieur, le CECRL rel&egrave;ve d&rsquo;un discours </span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;</span><span style="font-size:11.0pt">non seulement prescriptif, r&eacute;p&eacute;titif, auto-r&eacute;f&eacute;rentiel, [mais] aussi [d&rsquo;]un discours &quot;d&eacute;m&eacute;taphoris&eacute;&quot; dans lequel l&rsquo;absence de cr&eacute;ation m&eacute;taphorique indique la puissance de mort qui est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre, la d&eacute;shumanisation ou la d&eacute;subjectivation par laquelle la pens&eacute;e se r&eacute;sout en technique&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Dans cette argumentation, c&rsquo;est la nature m&ecirc;me du discours, en tant que discours technique, qui efface toute &eacute;nonciation en propre et donc le caract&egrave;re proprement humain de la langue.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Un deuxi&egrave;me type d&rsquo;argument proc&egrave;de plut&ocirc;t par une mise en opposition entre id&eacute;aux humanistes et logique gestionnaire, g&eacute;n&eacute;ratrice de tensions au sein du CECRL m&ecirc;me et/ou dans les mani&egrave;res de l&rsquo;utiliser, comme l&rsquo;illustrent par exemple les quelques citations suivantes&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;Aux finalit&eacute;s technocratiques de gestionnaires s&rsquo;opposent les finalit&eacute;s humanistes des p&eacute;dagogues, des linguistes...&nbsp;&raquo; (Gohard Radenkovic, citant Rop&eacute;)</span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;Il ne s&rsquo;agit pas de marchandiser l&rsquo;exp&eacute;rience selon cette id&eacute;ologie o&ugrave; l&rsquo;apprenant doit, devrait devenir &quot;entrepreneur de lui-m&ecirc;me&quot;. Les finalit&eacute;s humanistes de l&rsquo;&eacute;ducation au plurilinguisme et au pluriculturalisme sont plut&ocirc;t d&rsquo;accompagner et de promouvoir le processus de structuration des personnes dans une d&eacute;marche dialogique et relationnelle&hellip;&nbsp;&raquo; (Anquetil et al.)</span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;Cet article d&eacute;veloppe donc l&rsquo;hypoth&egrave;se que la conception humaniste de la comp&eacute;tence &eacute;labor&eacute;e par le monde du travail &agrave; partir des ann&eacute;es 80 (&hellip;) a influenc&eacute; le nouveau paradigme m&eacute;thodologique, d&eacute;nomm&eacute; Perspective actionnelle, figurant &agrave; l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;esquisse dans Le Cadre.&nbsp;&raquo; (Richer)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Dans ces articles, et <i>a contrario</i> de l&rsquo;argumentation de Prieur, le CECRL n&rsquo;est pas en soi consid&eacute;r&eacute; comme n&eacute;cessairement d&eacute;shumanisant, voire, il peut constituer un outil de transmission de valeurs et d&rsquo;une &eacute;ducation humanistes, par les notions de comp&eacute;tence (Richer) ou de plurilinguisme / pluriculturalisme (Anquetil et al.). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Un troisi&egrave;me groupe d&rsquo;articles enfin d&eacute;nonce l&rsquo;instrumentalisation de l&rsquo;humanisme par le Conseil de l&rsquo;Europe, au motif que cette id&eacute;e (voire cet id&eacute;al) serait difficilement attaquable et r&eacute;futable. Migeot qualifie ce proc&eacute;d&eacute; de &laquo;&nbsp;<i>langue de coton</i>&nbsp;&raquo;, pour d&eacute;signer un mode d&rsquo;argumentation qui &laquo;&nbsp;<i>n&rsquo;offre q</i><i>ue peu de prise &agrave; une r&eacute;futation directe</i>&nbsp;&raquo; parce que ses &laquo;&nbsp;<i>arguments (&hellip;) sonnent simples et surtout g&eacute;n&eacute;reux &agrave; l&rsquo;oreille</i>&nbsp;&raquo;. Ainsi consid&egrave;re-t-il le CECRL comme une &laquo;&nbsp;<i>vulgate noy&eacute;e dans l&rsquo;eau du bain humaniste</i>&nbsp;&raquo;. Dans une perspective similaire, Adami &eacute;voque un discours qui &laquo;&nbsp;<i>s&rsquo;appu[ie] sur l&rsquo;id&eacute;ologie inattaquable des droits de l&rsquo;Homme</i>&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">On voit donc ici que, si les argumentations mobilis&eacute;es portent toutes d&rsquo;une mani&egrave;re ou d&rsquo;une autre sur la question de l&rsquo;humanisme, elles restent n&eacute;anmoins assez h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, tant dans le statut accord&eacute; &agrave; la notion que dans la port&eacute;e de l&rsquo;argumentation. Le consensus, (pour peu qu&rsquo;il existe), semble plut&ocirc;t porter sur un d&eacute;saccord commun, contre diverses formes de &laquo;&nbsp;d&eacute;shumanisation&nbsp;&raquo; que le CECRL (ou certaines de ses utilisations) pourrait v&eacute;hiculer, voire qu&rsquo;il pourrait g&eacute;n&eacute;rer (et dont il pourrait donc &ecirc;tre responsable). On peut imaginer qu&rsquo;un autre point d&rsquo;accord r&eacute;side peut-&ecirc;tre dans une conception rationaliste de l&rsquo;humanisme &ndash; mais on ne peut que l&rsquo;imaginer, dans la mesure o&ugrave; <i>le terme n&rsquo;est jamais d&eacute;fini</i>, malgr&eacute; sa tr&egrave;s forte polys&eacute;mie et son inscription dans des courants philosophiques fort disparates (cf. par exemple Vergnioux dir. 2002 ou encore Morandi 2000). Signe, l&agrave; encore, d&rsquo;une r&eacute;flexion coup&eacute;e de ses bases &eacute;pist&eacute;mologiques. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229266"><b>1.3. Des positionnements oppos&eacute;s</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Certaines des argumentations d&eacute;velopp&eacute;es apparaissent &eacute;galement parfois, non pas seulement en tension, mais nettement contradictoires entre elles. On peut prendre ici deux exemples parlants&nbsp;: la question de la m&eacute;thodologie d&rsquo;une part et celle de la diversit&eacute; d&rsquo;autre part. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ainsi, si la PA constitue pour certains un rempart contre le n&eacute;o-lib&eacute;ralisme, elle en constitue au contraire pour d&rsquo;autres le bras arm&eacute;. Certains des articles d&eacute;fendent en effet la perspective actionnelle (PA) d&eacute;velopp&eacute;e par le CECRL. C&rsquo;est le cas de Richer notamment, qui articule PA et notion de comp&eacute;tence. Sa critique du CECRL r&eacute;side alors dans le fait que la perspective actionnelle y serait rest&eacute;e essentiellement &agrave; l&rsquo;&eacute;tat &laquo;&nbsp;programmatique&nbsp;&raquo;. Or, et toujours selon Richer, </span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;une perspective actionnelle </span><span style="font-size:11.0pt">enrichie des notions v&eacute;hicul&eacute;es par la version humaniste de la comp&eacute;tence d&eacute;velopp&eacute;e par le monde du travail&nbsp;(&hellip;) s&rsquo;oppos[e] nettement &agrave; une conception n&eacute;o-lib&eacute;rale de l&rsquo;enseignement plus pr&eacute;occup&eacute;e des r&eacute;sultats &agrave; atteindre (restreints &agrave; ceux qu&rsquo;elle juge pertinents pour les march&eacute;s du travail) que de la mani&egrave;re de les atteindre&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Migeot, Prieur, Berchoud et Dagues d&eacute;fendent quant &agrave; eux un point de vue radicalement inverse. En effet, selon eux, la langue n&rsquo;est pas seulement ni prioritairement un outil (a fortiori un outil de communication), et c&rsquo;est alors la PA promue par le CECRL qui est responsable de la conception utilitariste de l&rsquo;enseignement/apprentissage des langues dans le CECR. Les recherches et les pr&eacute;conisations d&rsquo;ordre prioritairement m&eacute;thodologique (dont rel&egrave;vent les travaux sur la PA) sont d&rsquo;ailleurs, et non sans ironie, &eacute;pingl&eacute;es par Prieur en ce qu&rsquo;elles rel&egrave;vent d&rsquo;&laquo;&nbsp;<i>une histoire lin&eacute;aire, cumulative (et sans aucun doute radieuse) des progr&egrave;s de la pens&eacute;e didactique</i>&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">On retrouve le m&ecirc;me type d&rsquo;oppositions concernant la question de la diversit&eacute;, notamment linguistique et culturelle. Dans une majorit&eacute; de textes, le CECRL est critiqu&eacute; sur ce point sous deux angles, en partie en tension (et possiblement en contradiction)&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. l&rsquo;id&eacute;e que le CECRL, malgr&eacute; des discours visant &agrave; la promouvoir, estomperait, dans les faits, la diversit&eacute; (Berchoud) et/ou contribuerait &agrave; son homog&eacute;n&eacute;isation, &agrave; sa standardisation, par le biais des grilles et des &eacute;chelles notamment (Gohard Radenkovic, Anquetil). Dans ces articles, ce qui est regrett&eacute;, c&rsquo;est la conception &laquo;&nbsp;na&iuml;ve&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;enchant&eacute;e&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;ir&eacute;nique&nbsp;&raquo;, voire europ&eacute;ocentriste de la diversit&eacute; (et non la diversit&eacute; elle-m&ecirc;me)&nbsp;;</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. l&rsquo;id&eacute;e que la didactique du plurilinguisme, en tant que didactique constitu&eacute;e (et non la pluralit&eacute; linguistique elle-m&ecirc;me), </span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;[ne permet] pas le d&eacute;veloppement de comp&eacute;tences linguistiques, au sens classique du terme en didactique des langues, mais des comp&eacute;tences de gestion de la communication interculturelle et des comp&eacute;tences m&eacute;tacommunicatives et m&eacute;tacognitives (&hellip;) comme si l&rsquo;on pouvait aller directement au pluri- sans passer par le 1+1+1&nbsp;&raquo; (Maurer). </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ici, ce sont surtout les partis-pris didactiques du CECRL (et du CARAP) qui sont critiqu&eacute;s, en ce qu&rsquo;ils impliquent une forme de dilution des vis&eacute;es et des contenus d&rsquo;enseignement (vers la sensibilisation, l&rsquo;&eacute;ducation aux langues, les savoir-&ecirc;tre, etc.), au d&eacute;triment de l&rsquo;enseignement et des &laquo;&nbsp;<i>langues-cultures en tant que syst&egrave;mes coh&eacute;rents aux plans grammatical, lexical, culturel</i>&nbsp;&raquo; (ibid.). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Une ligne de d&eacute;marcation plus forte est ici figur&eacute;e par l&rsquo;article d&rsquo;Adami. Celui-ci critique en effet tr&egrave;s vigoureusement la notion m&ecirc;me de diversit&eacute;, en tant que principe politique et projet de soci&eacute;t&eacute; (ce qui est coh&eacute;rent avec le positionnement explicitement politique &ndash; et &eacute;pist&eacute;mologique &ndash; que je relevais plus haut). Selon lui, la promotion de la diversit&eacute; par le CECRL (et, plus largement par l&rsquo;Europe) &laquo;&nbsp;<i>sert de justification au grand march&eacute; &eacute;conomique</i>&nbsp;&raquo; et conduit &agrave; une &laquo;&nbsp;<i>r&eacute;&eacute;criture de l&rsquo;histoire (&hellip;) [qui] risque de provoquer des r&eacute;actions en cha&icirc;ne</i>&nbsp;&raquo;. Mais surtout, elle a pour cons&eacute;quence une fragmentation sociale (une &laquo;&nbsp;<i>d&eacute;s-int&eacute;gration g&eacute;n&eacute;rale</i>&nbsp;&raquo; (ibid.), parce qu&rsquo;elle minorise les Etats-Nations (au motif qu&rsquo;ils seraient &laquo;&nbsp;<i>homog&eacute;n&eacute;isateurs et ennemis de la diversit&eacute;</i>&nbsp;&raquo;) au profit des identit&eacute;s culturelles, engendrant une culturalisation, une ethnicisation et une confessionnalisation de la soci&eacute;t&eacute;. Ses propos, tout en se voulant volontairement provocateurs, sont en m&ecirc;me temps sans ambigu&iuml;t&eacute;&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.0pt">&laquo;&nbsp;des migrants ou des &quot;minorit&eacute;s&quot;, devenus les nouveaux &quot;damn&eacute;s de la Terre&quot;, pour paraphraser l&rsquo;Internationale, en lieu et place du prol&eacute;taire, infr&eacute;quentable pour avoir trop longtemps soutenu le Parti Communiste et d&eacute;sormais accus&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre raciste, &eacute;triqu&eacute;, ringard, &agrave; la remorque de l&rsquo;histoire. C&rsquo;est la contre-figure embl&eacute;matique du &quot;beauf&quot;, t&ecirc;te de turc de la nouvelle &eacute;lite autoproclam&eacute;e, urbaine, cosmopolite et si politiquement s&ucirc;re d&rsquo;elle-m&ecirc;me&nbsp;&raquo; (ibid.) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">On reconnait bien ici un motif r&eacute;current de la vie politique fran&ccedil;aise&nbsp;: &laquo;&nbsp;la diversit&eacute; contre l&rsquo;&eacute;galit&eacute;&nbsp;&raquo;, pour paraphraser Michaels (2006), d&rsquo;ailleurs cit&eacute; par Adami&nbsp;; l&rsquo;identit&eacute; culturelle contre la classe sociale&nbsp;; le relativisme contre l&rsquo;universalisme, etc.<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[4]</span></span></span></span></a>. Si je ne partage pas ce positionnement (ni au plan politique, ni au plan &eacute;pist&eacute;mologique), je pense pour autant que l&rsquo;on ne devrait pas &eacute;carter ces objections d&rsquo;un revers de main<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></a>, dans la mesure o&ugrave; elles constituent un projet social et un mod&egrave;le de soci&eacute;t&eacute; permettant d&rsquo;interroger d&rsquo;autres projets et d&rsquo;autres mod&egrave;les. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229267"><b>2. &hellip; mais des projets divergents</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">D&rsquo;autres motifs de dissensus pourraient &eacute;galement &ecirc;tre mis en &eacute;vidence, tels que les conceptions sous-jacentes de la recherche par exemple, qui renvoient d&rsquo;une part &agrave; des proc&eacute;dures assez fortement m&eacute;thodologis&eacute;es visant &agrave; fournir des &laquo;&nbsp;<i>preuves</i>&nbsp;&raquo; (Gohard Radenkovic) et des &laquo;&nbsp;<i>donn&eacute;es scientifiques incontestables</i>&nbsp;&raquo; (Adami) et, d&rsquo;autre part, &agrave; des d&eacute;marches beaucoup plus souples, comme &laquo;&nbsp;<i>la lecture flottante</i>&nbsp;&raquo; revendiqu&eacute;e par Migeot. Mais je ne peux d&eacute;velopper ces points plus en d&eacute;tails, d&rsquo;autant plus que ma vis&eacute;e, ici, n&rsquo;est pas de l&rsquo;ordre de l&rsquo;inventaire exhaustif.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Pourquoi, alors, chercher &agrave; identifier ce qui ferait (ou non) consensus dans les critiques du CECRL&nbsp;? Ne peut-on pas consid&eacute;rer que l&rsquo;objectif, dans la p&eacute;riode actuelle, serait prioritairement de d&eacute;noncer un certain nombre de vis&eacute;es et/ou d&rsquo;effets jug&eacute;s d&eacute;l&eacute;t&egrave;res&nbsp;? Je pense pour ma part que proc&eacute;der ainsi est une strat&eacute;gie de court terme et rel&egrave;ve en outre d&rsquo;une forme de c&eacute;cit&eacute; quant aux projets (&eacute;pist&eacute;mologiques et/ou politiques &ndash; cf. note de bas de page 2 ici-m&ecirc;me) qui fondent ces argumentaires, ce qui ne me semble gu&egrave;re souhaitable. Au-del&agrave; m&ecirc;me de possibles enjeux propositionnels (sur lesquels je reviendrai plus loin), il me semble en effet que cette c&eacute;cit&eacute; t&eacute;moigne du faible &laquo;&nbsp;souci de soi&nbsp;&raquo; collectif de notre domaine de recherche envers lui-m&ecirc;me, <i>souci de soi</i> qui, a contrario, &laquo;&nbsp;<i>implique une certaine mani&egrave;re de veiller &agrave; ce qu&rsquo;on pense et &agrave; ce qui se passe dans la pens&eacute;e</i>&nbsp;&raquo; (Foucault, 2001&nbsp;: 12).</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Je tenterai ici de proposer une interpr&eacute;tation de ce qui se joue actuellement en DDdL, dont l&rsquo;argumentaire de ce volume et du colloque qui l&rsquo;a pr&eacute;c&eacute;d&eacute; me semble repr&eacute;sentatif. Il s&rsquo;agit bien d&rsquo;une interpr&eacute;tation, qui se nourrit d&rsquo;une exp&eacute;rience et d&rsquo;une compr&eacute;hension (personnelles et donc situ&eacute;es) de ce domaine. Cette interpr&eacute;tation peut, par d&eacute;finition, &ecirc;tre contredite par d&rsquo;autres interpr&eacute;tations, li&eacute;es &agrave; d&rsquo;autres exp&eacute;riences et d&rsquo;autres compr&eacute;hensions, qu&rsquo;il s&rsquo;agirait alors d&rsquo;expliciter pour qu&rsquo;elles puissent &ecirc;tre mises en d&eacute;bat &ndash; puisque c&rsquo;est bien la mise en d&eacute;bat qui est ici vis&eacute;e. Pr&eacute;cisons &eacute;galement que les p&ocirc;les que je vais proposer ci-apr&egrave;s sont volontairement tranch&eacute;s, principalement parce qu&rsquo;ils sont d&eacute;finis l&rsquo;un relativement &agrave; l&rsquo;autre, de mani&egrave;re dialectique. Ils sont en outre &agrave; consid&eacute;rer comme des id&eacute;aux-types (au sens weberien), et m&rsquo;int&eacute;ressent donc en ce qu&rsquo;ils renvoient &agrave; des choix conceptuels, et non en ce qu&rsquo;ils pr&eacute;sument de ce que l&rsquo;on peut observer dans les pratiques et les repr&eacute;sentations, qui sont de fait bien plus entrem&ecirc;l&eacute;es et donc non binaires. De m&ecirc;me, je ne pr&eacute;tends pas classer dans une et une seule de ces cat&eacute;gories, ni chaque contribution du num&eacute;ro de TDFLE cit&eacute;, ni <i>a fortiori</i> chaque critique du CECR.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229268"><b>2.1. La DDdL entre deux p&ocirc;les</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Deux p&ocirc;les donc, qui me semblent sous-tendre les critiques &eacute;mises &agrave; l&rsquo;encontre du CECRL.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, <b>un p&ocirc;le centr&eacute; sur le sujet</b>. Dans ce cadre, le primat est accord&eacute; au d&eacute;sir, &agrave; l&rsquo;imaginaire, &agrave; la subjectivit&eacute; des personnes (notamment des apprenants), voire &agrave; leur &laquo;&nbsp;<i>&ecirc;tre-au-monde o&ugrave; se loge toute parole humaine, m&ecirc;me d&eacute;butante et imparfaite, irr&eacute;ductible &agrave; un langage v&eacute;hicule-moyen de communication</i>&nbsp;&raquo; (Dagues). La critique du CECRL est ici d&rsquo;abord une critique &eacute;pist&eacute;mologique&nbsp;: critique de la conception de la langue (cf. notamment l&rsquo;article de J.-M. Prieur), de l&rsquo;enseignement / apprentissage (probl&eacute;matisation des implications de la centration sur l&rsquo;apprenant &ndash; Dagues 2018) et, plus largement, de la pens&eacute;e technique (et, plus exactement, la pens&eacute;e manag&eacute;riale) au fondement de l&rsquo;ouvrage (Prieur, Prieur et Volle 2016). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Il est d&rsquo;ailleurs significatif que les propositions pour la DDdL puisent ici dans la psychanalyse d&rsquo;une part (Prieur, Dagues&nbsp;; mais aussi Anderson 2016) et dans la litt&eacute;rature d&rsquo;autre part (et notamment celle des &laquo;&nbsp;<i>&eacute;crivains en contact de langues</i>&nbsp;&raquo; Prieur, 2006)&nbsp;: dans les deux cas, ce qui est mis en avant, c&rsquo;est le &laquo; <i>nouage intime, affectif et subjectif</i> &raquo; (Prieur, 2006 : 487) des locuteurs &agrave; la langue, autrement dit, leurs relations aux langues et &agrave; l&rsquo;entre-langues. Chez Prieur, cette r&eacute;flexion se double d&rsquo;ailleurs d&rsquo;une virulente critique contre la linguistique positiviste, (s&eacute;mantique cognitive et grammaire universelle notamment)&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;Du multilinguisme et du sujet multilingue, les s&eacute;mantiques cognitives et les grammaires universelles n&rsquo;ont rien &agrave; dire. (&hellip;) Demeure alors le soup&ccedil;on, &agrave; travers ce silence, d&rsquo;une &quot;haine froide&quot; du langage &raquo; (Pontalis 1986&nbsp;: 27). L&rsquo;obstacle que repr&eacute;sente la pluralit&eacute; au prisme de la linguistique et des sciences cognitives n&rsquo;est ni un fait accidentel, ni un ph&eacute;nom&egrave;ne marginal par rapport au langage, mais une dimensions constitutive essentielle, dans leur &ecirc;tre m&ecirc;me et dans leur nouage, du langage et de la subjectivit&eacute;&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ce qui est donc critiqu&eacute;, <i>in fine</i>, au plan &eacute;pist&eacute;mologique, c&rsquo;est le statut de la diversit&eacute; et de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, occult&eacute;es, effac&eacute;es &ndash; au profit d&rsquo;une langue &laquo;&nbsp;<i>sans malentendu, sans m&eacute;taphore, sans mot d&rsquo;esprit, et donc dans un langage sans autre, sans inconscient</i>&nbsp;&raquo; (Prieur).</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;<b>, un p&ocirc;le centr&eacute; sur l&rsquo;objet</b>. Ce p&ocirc;le est sans doute plus disparate et h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, tant au plan des th&eacute;matiques abord&eacute;es que des th&eacute;ories et des &eacute;pist&eacute;mologies de r&eacute;f&eacute;rence. Je choisis n&eacute;anmoins de les regrouper dans la mesure o&ugrave;, dans ces travaux, la primaut&eacute; est accord&eacute;e aux m&eacute;thodologies, aux dispositifs, aux outils et/ou aux pratiques des enseignants, en d&rsquo;autres termes &agrave; des dimensions objectivables ou, &agrave; tout le moins, descriptibles. S&rsquo;ils int&egrave;grent, &eacute;ventuellement, les repr&eacute;sentations, celles-ci sont abord&eacute;es de mani&egrave;re &laquo;&nbsp;obejctivante&nbsp;&raquo; (en s&rsquo;appuyant sur les th&eacute;ories relevant de la psychologie sociale notamment, ce qui est tout autre chose qu&rsquo;une appr&eacute;hension des ph&eacute;nom&egrave;nes repr&eacute;sentationnels sous l&rsquo;angle des imaginaires ou de la psychanalyse.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">En outre, les critiques d&eacute;velopp&eacute;es &agrave; l&rsquo;encontre du CECRL ne sont pas d&rsquo;abord &eacute;pist&eacute;mologiques, comme dans la perspective pr&eacute;c&eacute;dente, mais&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. politiques et, dans ce cas, ce qui est questionn&eacute; prioritairement c&rsquo;est le projet politique (et notamment le projet politique europ&eacute;en) auquel contribue le CECRL, projet politique n&eacute;olib&eacute;ral (Maurer, Adami), mais sans que ces &eacute;l&eacute;ments politiques soient adoss&eacute;s &agrave; des enjeux &eacute;pist&eacute;mologiques (a contrario, cf. le texte d&rsquo;I. Pierozak, ici-m&ecirc;me, notamment la conclusion de sa 2<sup>&egrave;me</sup> partie)&nbsp;;</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">et/ou </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. m&eacute;thodologiques. Ainsi, dans un certain nombre de ces travaux, la perspective actionnelle n&rsquo;est pas remise en question (Adami estime ainsi qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une &laquo;&nbsp;<i>grande orientation didactique qui f[ai]t &agrave; peu pr&egrave;s consensus en didactique des langues</i>&nbsp;&raquo;), voire est jug&eacute;e &laquo;&nbsp;<i>insuffisamment d&eacute;velopp&eacute;e dans le CECR</i>&nbsp;&raquo; (Richer). Dans d&rsquo;autres, la didactique du plurilinguisme est critiqu&eacute;e en tant que m&eacute;thodologie &ndash; favorisant l&rsquo;&eacute;ducation par les langues plus que l&rsquo;enseignement des langues -, au contraire d&rsquo;autres m&eacute;thodologies int&eacute;grant la pluralit&eacute;, comme la didactique int&eacute;gr&eacute;e par exemple (Maurer).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cette option est g&eacute;n&eacute;ralement pr&eacute;sent&eacute;e comme compatible (ou en tout cas non-incompatible) avec une logique de d&eacute;coupage, de niveau, voire de standardisation&nbsp;: ainsi, selon Richer, &laquo;&nbsp;la comp&eacute;tence est &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;antith&egrave;se de l&rsquo;improvisation et [est] donc <b>r&eacute;it&eacute;rable</b></i>&nbsp;&raquo; (je souligne). De m&ecirc;me, dans ce cadre, le projet didactique n&rsquo;est pas fond&eacute;, &agrave; c&oelig;ur, sur la pluralit&eacute; linguistique, soit que celle-ci reste une sorte d&rsquo;angle mort (Richer), soit parce que les m&eacute;thodologies d&rsquo;enseignement qui en rel&egrave;vent contribueraient, dans le cadre europ&eacute;en en tout cas, &agrave; diluer la langue et son enseignement (Maurer), ou encore le fait national (Adami).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Enfin, certains de ces travaux renvoient &agrave; des conceptions de la recherche comme, sinon objective, du moins objectivante&nbsp;: c&rsquo;est par exemple le cas d&rsquo;Adami, d&eacute;j&agrave; cit&eacute; sur ce point lorsqu&rsquo;il &eacute;voque la n&eacute;cessit&eacute; de &laquo;&nbsp;<i>donn&eacute;es scientifiques incontestables</i>&nbsp;&raquo; et d&eacute;fend explicitement un ancrage mat&eacute;rialiste, contre &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;id&eacute;alisme philosophique</i>&nbsp;&raquo;, dont d&eacute;coulent &laquo;&nbsp;le &quot;clich&eacute; constructiviste&quot; et les conceptions faibles ou molles de l&rsquo;identit&eacute;&nbsp;&raquo;. De m&ecirc;me, Maurer laisse paraitre en creux une certaine conception de la recherche lorsqu&rsquo;il argumente que&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;la </span><span style="font-size:11.0pt">construction [du CARAP] <b>s&#39;&eacute;loigne des exigences d&#39;une d&eacute;marche scientifique</b> pour laisser la place &agrave; une d&eacute;marche de compilation <b>o&ugrave; r&egrave;gne la</b> <b>subjectivit&eacute;</b> des auteurs&nbsp;&raquo; (je souligne).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229269"><b>2.2. Critique contre critique</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ce qui est int&eacute;ressant ici, ce n&rsquo;est pas seulement que ces deux options existent et cohabitent (parall&egrave;lement). C&rsquo;est que, dans les faits, les arguments mobilis&eacute;s par l&rsquo;une constituent des critiques fortes port&eacute;es (et d&rsquo;ailleurs parfois explicitement port&eacute;es) &agrave; l&rsquo;autre (et vice versa).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ainsi, par exemple, sur la question de l&rsquo;humanisme&nbsp;: Anquetil et al. d&eacute;fendent l&rsquo;id&eacute;e que c&rsquo;est la didactique du plurilinguisme (ou, plus exactement, l&rsquo;&eacute;ducation au plurilinguisme et au pluriculturalisme) qui constitue une vision humaniste de l&rsquo;enseignement&nbsp;; Richer consid&egrave;re quant &agrave; lui que c&rsquo;est une approche par comp&eacute;tences disons &laquo;&nbsp;bien comprise&nbsp;&raquo; (i.e., selon lui, telle que d&eacute;velopp&eacute;e dans le monde du travail &agrave; partir des ann&eacute;es 80) qui en constitue le fondement&nbsp;; et dans d&rsquo;autres enfin, c&#39;est la didactique du plurilinguisme qui accompagne un &laquo;&nbsp;<i>changement de paradigme qui a tout d&rsquo;une rupture assez radicale (&hellip;)&nbsp;: le passage de l&rsquo;enseignement des langues &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation aux langues</i>&nbsp;&raquo; (Maurer), cette &eacute;volution &eacute;tant jug&eacute;e d&eacute;l&eacute;t&egrave;re et <i>in fine</i> comme contraire aux vis&eacute;es &eacute;ducatives de l&rsquo;&eacute;cole (cf. Maurer 2011).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">De m&ecirc;me, dans le p&ocirc;le &laquo;&nbsp;objet&nbsp;&raquo;, ou tout du moins dans certains travaux qui en rel&egrave;vent, la perspective actionnelle n&rsquo;est pas critiqu&eacute;e, voire est revendiqu&eacute;e comme une voie &agrave; explorer (cf. respectivement Adami et Richer, ci-dessus), alors que dans le p&ocirc;le centr&eacute; sur le sujet, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment la perspective actionnelle qui est vis&eacute;e par les critiques, dans la mesure o&ugrave;&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">- </span>Elle repose sur une vision ir&eacute;nique de la langue et de la communication&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;&Agrave; une t&acirc;che &agrave; effectuer ou &agrave; un probl&egrave;me &agrave; r&eacute;soudre, il y a toujours une solution. Dans cette perspective actionnelle, donc, aucun conflit, aucun antagonisme ne peut s&rsquo;exprimer dans une langue-outil orient&eacute;e vers le consensus de la solution &agrave; trouver, forc&eacute;ment bonne pour tous.&nbsp;&raquo; (Migeot)&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">- </span>Elle participe au d&eacute;veloppement d&rsquo;une pens&eacute;e manag&eacute;riale et n&eacute;o-lib&eacute;rale en &laquo;&nbsp;<i>rabat[tant] les connaissances vers un utilitarisme born&eacute;</i>&nbsp;&raquo; (Migeot)&nbsp;;</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">- </span>Elle uniformise la DDdL sous pr&eacute;texte de &laquo;&nbsp;modernisation&nbsp;&raquo;, laquelle n&rsquo;est en r&eacute;alit&eacute; rien d&rsquo;autre qu&rsquo;une croyance en une &laquo;&nbsp;<i>histoire lin&eacute;aire, cumulative (et sans aucun doute radieuse) des progr&egrave;s de la pens&eacute;e didactique</i>&nbsp;&raquo; (Prieur).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Il n&rsquo;y a donc ici pas seulement deux projets diff&eacute;rents, mais bien deux projets antagonistes et contradictoires / contradicteurs l&rsquo;un de l&rsquo;autre, si bien que l&rsquo;on peut se demander dans quelle mesure une alliance de ces deux options contre le CECR ne rel&egrave;verait pas essentiellement d&rsquo;une alliance &laquo;&nbsp;objective&nbsp;&raquo;, donc d&rsquo;un accord somme toute assez superficiel &ndash; un mariage de la carpe et du lapin, en somme.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229270"><b>3. Vers une critique &agrave; c&oelig;ur de la rationalit&eacute; manag&eacute;riale</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cette derni&egrave;re partie n&rsquo;est pas tant &agrave; lire comme une conclusion que comme un &laquo;&nbsp;passage de t&eacute;moin&nbsp;&raquo; vers les autres textes, dont il est solidaire. Ainsi, mon objectif ici n&rsquo;est pas de d&eacute;velopper &agrave; moi seule une autre critique de la rationalit&eacute; manag&eacute;riale, mais plut&ocirc;t d&rsquo;amener le lecteur vers l&rsquo;orientation que nous essayons d&rsquo;explorer, en en explicitant les principes directeurs.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229271"><b>3.1. A partir de l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie</b></a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">D&eacute;velopper un point de vue critique sur le CECRL est sans doute salutaire pour la DDdL, a fortiori dans la conjoncture europ&eacute;enne actuelle, tant au plan politique (fragilisation de la construction europ&eacute;enne) qu&rsquo;au plan plus sp&eacute;cifiquement didactique (extension extra-europ&eacute;enne du CECRL et parution r&eacute;cente de sa version &laquo;&nbsp;amplifi&eacute;e&nbsp;&raquo;). Au-del&agrave; de ce num&eacute;ro de TDFLE, d&rsquo;autres critiques ont d&rsquo;ailleurs &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute;es, que ce soit pour alerter sur les usages erron&eacute;s, voire les instrumentalisations du CECRL et/ou de sa version amplifi&eacute;e (Coste 2009, Candelier 2017), pour mettre en &eacute;vidence les impens&eacute;s, les tensions, voire les incoh&eacute;rences qui le traversent (Castellotti et Nishiyama 2011, Huver 2014), ou pour des critiques plus frontales (cf. le num&eacute;ro de TDFLE dont il est question ici, ainsi que la Tribune initi&eacute;e par un collectif inter-associatif en 2017 (Acedle et al. 2017), ou encore Huver, 2018).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Dans la grande majorit&eacute; de ces travaux, la critique &eacute;conomiciste (sur la probl&eacute;matique du rapport entre CECRL, n&eacute;olib&eacute;ralisme et technocratie manag&eacute;riale) est r&eacute;currente, mais, l&agrave; aussi, avec des arguments fortement divergents, voire contradictoires, ce qui non seulement brouille tr&egrave;s largement la compr&eacute;hension de l&rsquo;agencement des positionnements au sein de notre domaine, mais surtout, emp&ecirc;che la construction d&rsquo;alternatives coh&eacute;rentes, donc convaincantes. Cet article, conjugu&eacute; aux suivants, vise justement &agrave; &laquo;&nbsp;d&eacute;sembrouiller&nbsp;&raquo;, au moins en partie, ces diff&eacute;rents fils, selon trois axes compl&eacute;mentaires&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">- </span><b>mettre en &eacute;vidence les d&eacute;saccords</b> se cachant derri&egrave;re les accords (le pr&eacute;sent texte)&nbsp;;</span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">- </span><b>revenir sur certaines pr&eacute;misses &eacute;pist&eacute;mologiques non questionn&eacute;es</b> dans les deux options pr&eacute;sent&eacute;es ici, &agrave; savoir&nbsp;: 1. la pr&eacute;misse de la pr&eacute;s&eacute;ance de la pens&eacute;e technique et, in fine, de la rationalit&eacute; (M. Debono)&nbsp;; 2. la pr&eacute;misse de la partition sujet / objet (I. Pierozak). Ne pas remonter &agrave; ces pr&eacute;misses revient en effet selon nous &agrave; maintenir les critiques du CECRL dans une &laquo;&nbsp;aporie&nbsp;&raquo;&nbsp;: en effet, les d&eacute;rives constat&eacute;es de la DDdL (utilitarisme, efficacit&eacute;, technocratisme, etc.) </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;</span><span style="font-size:11.0pt">ne viennent pas <i>que</i> de l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;infusion&nbsp;&raquo; de politiques &eacute;conomiques (n&eacute;o-lib&eacute;rales en l&rsquo;occurrence) dans le champ didactique [(&hellip;) mais sont] plut&ocirc;t &agrave; chercher dans une fa&ccedil;on d&rsquo;appr&eacute;hender le monde&nbsp;&raquo; (Debono, ici-m&ecirc;me).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">En d&rsquo;autres termes, la th&egrave;se qui traverse ce double retour &eacute;pist&eacute;mologique est que&nbsp;: </span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">&laquo;&nbsp;remettre du &quot;sujet&quot; </span><span style="font-size:11.0pt">ne peut suffire &agrave; d&eacute;-n&eacute;olib&eacute;raliser un univers socio-&eacute;conomique ou, en l&rsquo;occurrence, &agrave; d&eacute;-techniciser un univers didactique,</span><span style="font-size:11.0pt"> objectualisant / technicisant &agrave; c&oelig;ur&nbsp;&raquo; (Pierozak ici-m&ecirc;me).</span></span></span></p> <p style="text-indent:-18pt; text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">- </span><b>envisager une orientation alternative</b> pour la DDdL, &agrave; partir de la remise en question de ces pr&eacute;misses, en accordant &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience et &agrave; la compr&eacute;hension un statut premier (V. Castellotti&nbsp;; Cf. &eacute;galement Castellotti 2017).</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229272"><b>3.2. D&eacute;tour par l&rsquo;agro-&eacute;cologie</b></a><b>&nbsp;: verdissement de la didactique et didactique douce</b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Je terminerai mon propos avec une exp&eacute;rience personnelle, qui me semble bien illustrer &agrave; la fois les constats que j&rsquo;ai effectu&eacute;s ici et la d&eacute;marche que nous tentons de mettre en &oelig;uvre, au sein de mon &eacute;quipe de recherche en g&eacute;n&eacute;ral, et au sein de cet ensemble articul&eacute; de textes en particulier.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Il faudrait sans doute commencer &agrave; argumenter ce d&eacute;tour, et ce &agrave; double titre&nbsp;: au plan th&eacute;matique d&rsquo;abord, le parall&egrave;le avec l&rsquo;&eacute;cologie semble de plus en plus fr&eacute;quent en DDdL (le terme de &laquo;&nbsp;formations durables&nbsp;&raquo;, par exemple, devient assez r&eacute;current). En outre, le domaine de l&rsquo;&eacute;cologie pose des questions similaires &agrave; celles de la DDdL autour de l&rsquo;articulation recherche&nbsp;/ intervention, des conceptions d&rsquo;une recherche impliqu&eacute;e, des enjeux &eacute;thiques li&eacute;s &agrave; la recherche et &agrave; l&rsquo;intervention, etc. (cf. &eacute;galement les r&eacute;f&eacute;rences de M. Debono et I. Pierozak aux travaux de J. Ellul). Au plan m&eacute;thodologique ensuite, dans la mesure o&ugrave; ce type de d&eacute;marche peut para&icirc;tre surprenant dans un &eacute;crit de recherche. Disons pour faire vite, et parce que je ne peux d&eacute;velopper plus avant ce point, que cela est coh&eacute;rent avec les orientations d&eacute;fendues au sein de mon &eacute;quipe de recherche (et dont les principes essentiels seront rappel&eacute;s dans les articles suivants). Ces orientations s&rsquo;appuient en effet sur la notion d&rsquo;exp&eacute;rience en tant qu&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;v&egrave;nement&nbsp;&raquo; (au sens ph&eacute;nom&eacute;nologique du terme&nbsp;: cf. sur ce point Romano 2010, ainsi que l&rsquo;article de V. Castellotti) et sur la pertinence (voire la n&eacute;cessit&eacute; &eacute;thique) &agrave; expliciter<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[6]</span></span></span></span></a> ce &agrave; partir de quoi le chercheur comprend ce qu&rsquo;il cherche &agrave; comprendre, ces &eacute;l&eacute;ments de compr&eacute;hension ne provenant pas uniquement de son &laquo;&nbsp;terrain&nbsp;&raquo;, mais d&rsquo;un ensemble d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments professionnels et personnels (cf. &eacute;galement Robillard, 2018). </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cette anecdote me vient d&rsquo;une discussion de vacances, avec des paysans du Cantal tenant une exploitation agricole familiale pour &eacute;lever des vaches, fabriquer des produits laitiers et produire le fourrage et la nourriture pour leurs b&ecirc;tes. Ils racontaient leur conversion au bio, le sens retrouv&eacute; de leur travail depuis ce virage et leur philosophie li&eacute;e &agrave; l&rsquo;agriculture &eacute;cologique paysanne (notamment&nbsp;: utilisation de semences multi-esp&egrave;ces permettant d&rsquo;&eacute;viter les pesticides, les engrais, le d&eacute;sherbage et le labourage). Ils faisaient aussi &eacute;tat des r&eacute;cents &laquo;&nbsp;retours &agrave; la terre&nbsp;&raquo; op&eacute;r&eacute;s par des urbains d&eacute;sireux de d&eacute;velopper une agriculture locale et biologique. Dans cette conversation, ils ont eu cette petite phrase&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les jeunes sont finalement beaucoup plus classiques que nous, ils utilisent des engrais verts&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Il me semble que l&rsquo;on peut utiliser cette anecdote comme une m&eacute;taphore des diff&eacute;rentes mani&egrave;res d&rsquo;envisager l&rsquo;articulation entre diff&eacute;rentes options en DDdL. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Comme en DDdL, on peut dire ici qu&rsquo;il y a une unanimit&eacute; contre&hellip; en l&rsquo;occurrence contre l&rsquo;agriculture intensive, les grosses filiales etc. (avec, de mani&egrave;re sous-jacente, la m&ecirc;me critique du capitalisme et du n&eacute;olib&eacute;ralisme)&nbsp;;</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Comme en DDdL &eacute;galement, plusieurs options s&rsquo;offrent &agrave; l&rsquo;agriculture, sur la base de cette critique&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. On peut tenter de contr&ocirc;ler, de r&eacute;duire l&rsquo;usage des engrais, par de &laquo;&nbsp;nouveaux&nbsp;&raquo; protocoles, de &laquo;&nbsp;nouvelles&nbsp;&raquo; proc&eacute;dures, de nouvelles recherches &laquo;&nbsp;innovantes&nbsp;&raquo;. A mon sens, la r&eacute;cente amplification du CECRL s&rsquo;inscrit dans cette perspective.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">. On peut &eacute;galement &laquo;&nbsp;avoir recours &agrave; des engrais verts&nbsp;&raquo; ou &agrave; toute autre initiative relevant finalement d&rsquo;un &laquo;&nbsp;verdissement&nbsp;&raquo;, plus ou moins superficiel ou profond des usages agricoles. En DDdL, on pourrait dire que la pr&eacute;gnance actuelle de la mobilisation de dimensions jug&eacute;es moins technicistes, plus &laquo;&nbsp;douces&nbsp;&raquo; (&eacute;motions, cr&eacute;ativit&eacute;, litt&eacute;rature, mais aussi sujet ou encore r&eacute;flexivit&eacute;) constitue une mani&egrave;re soit d&rsquo;adoucir les exc&egrave;s technicistes de la DDdL, soit &eacute;ventuellement de tenter de les inverser (en proposant une didactique centr&eacute;e sur le sujet et non sur l&rsquo;objet, par exemple). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Mais dans tous ces cas (renforcement, adoucissement ou inversion du technicisme), les pr&eacute;misses &eacute;pist&eacute;mologiques qui rendent l&rsquo;objet de la critique <i>possible</i> (agriculture intensive ou DDdL techniciste) restent plus ou moins intacts. Remonter aux pr&eacute;misses (aux &laquo;&nbsp;racines&nbsp;&raquo;, <i>&eacute;pist&eacute;mologiques</i>) constitue selon nous une autre voie, qui ne rel&egrave;ve pas du verdissement, mais d&rsquo;une conception <i>autre</i> (de l&rsquo;agriculture / de la didactique), fond&eacute;e sur l&rsquo;id&eacute;e que c&rsquo;est la r&eacute;flexion philosophique, &eacute;pist&eacute;mologique, qui soutient et rend possible la critique politique, plut&ocirc;t que le contraire.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a name="_Toc8229273"><b>Bibliographie</b></a></span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">ACEDLE, ASDIFLE et TRANSIT-LINGUA, &laquo;&nbsp;Le projet d&#39;amplification du CECR : une fausse bonne initiative du Conseil de l&#39;Europe&nbsp;&raquo;, <a href="https://asdifle.wordpress.com/debat-participatif-14-et-15-juin/le-role-des-langues-en-europe/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://asdifle.wordpress.com/debat-participatif-14-et-15-juin/le-role-des-langues-en-europe/</a>, 2017. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">ANDERSON, Patrick, <i>Une langue &agrave; venir. De l&rsquo;entr&eacute;e dans une langue &eacute;trang&egrave;re &agrave; la construction de l&rsquo;&eacute;nonciation</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2016.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">BRIANT de, Vincent et PALAU, Yves, <em>La m&eacute;diation. D&eacute;finitions, pratiques et perspectives</em>, Paris, Nathan, 1999.</span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">CANDELIER, Michel, &laquo;&nbsp;Le CECR, le CARAP et quelques autres &ndash; Rep&egrave;res sur la diffusion du &quot;message plurilingue&quot;, dans Beacco Jean-Claude et Tremblay Christian (dir.), <i>Plurilinguisme et &eacute;ducation</i>, Observatoire europ&eacute;en du plurilinguisme, Collection Plurilinguisme, n&deg;2-1, 2017, pp. 65-79.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">CASTELLOTTI, V&eacute;ronique,<i> Pour une didactique de l&rsquo;appropriation. Diversit&eacute;, compr&eacute;hension, relation,</i> Paris, Didier 2017.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">CASTELLOTTI, V&eacute;ronique et NISHIYAMA, Jean, &laquo;&nbsp;Contextualiser le CECR&nbsp;?&nbsp;&raquo;, Dans V&eacute;ronique Castellotti et Jean Nishiyama (coord.), &laquo;&nbsp;Contextualisations du CECR &ndash; Le cas de l&rsquo;Asie de l&rsquo;Est&nbsp;&raquo;. <i>Recherches et applications &ndash; Le fran&ccedil;ais dans le monde</i>, n&deg;50, 2011, p.11-18.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">COSTE, Daniel, &laquo;&nbsp;Le Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues. Contextualisation et/ou standardisation&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans &laquo;&nbsp;</span>Actes du colloque <span style="color:black">international de la FIPF</span> &quot;<span style="color:black">Le Cadre europ&eacute;en, une r&eacute;f&eacute;rence mondiale&nbsp;?</span>&quot;<i><span style="color:black">,</span></i><span style="color:black"> S&egrave;vres, juin 2007&nbsp;&raquo;</span>, <i>Dialogues et cultures</i>, n&deg;54, <span style="color:black">2009, pp.19-29. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">DAGUES,<strong> V&eacute;ronique</strong>, &laquo;&nbsp;De l&rsquo;obsolescence dans la m&eacute;diation&nbsp;&raquo;, <em>Recherches en didactique des langues et des cultures</em>, n&deg;15-2<strong>, 2018</strong>, <a href="http://journals.openedition.org/rdlc/3001" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://journals.openedition.org/rdlc/3001</a>.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">DEBONO, Marc, &laquo; La <i>contextualisation</i>, une dynamique <i>glocalisante </i>? Tribulations de deux notions, de leurs reprises et d&eacute;tournements &raquo;, dans Sophie Babault, Margaret Bento, Laurence Le Ferrec et Val&eacute;rie Spa&euml;th (coord.), <i>Actes du colloque international : &laquo; Contexte global et contextes locaux. Tensions, convergences et enjeux en didactique des langues&nbsp;&raquo;</i>. Universit&eacute; Paris Sorbonne : FIPF, 2014, pp. 125-139, <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01380081/document" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01380081/document</a>. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">FOUCAULT, Michel, <i>L &#39;herm&eacute;neutique du sujet. Cours au Coll&egrave;ge de France (1981-1982), </i>Paris, Seuil-Gallimard, 2001. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">HUVER, Emmanuelle, &laquo;&nbsp;CECR et &eacute;valuation : interpr&eacute;tations plurielles et logiques contradictoires&nbsp;&raquo;, <i>Les Cahiers du GEPE</i>, 2014, </span><span class="MsoHyperlink" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline">http://www.cahiersdugepe.fr/index2652.php.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">HUVER, Emmanuelle, </span><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Peut-on (encore) penser &agrave; partir du CECR&nbsp;? Perspectives critiques sur la version amplifi&eacute;e&nbsp;&raquo;, <i>M&eacute;langes CRAPEL</i>, &laquo;&nbsp;&Eacute;clectisme en didactique des langues : hommage &agrave; Francis Carton&nbsp;&raquo;, n&deg;38, 2018, pp.28-42, </span><a href="http://www.atilf.fr/spip.php?article4222" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:blue">http://www.atilf.fr/spip.php?article4222</span></a>&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">HUVER, Emmanuelle, </span>&laquo;&nbsp;Penser la m&eacute;diation dans une perspective diversitaire&nbsp;&raquo;, <em>Recherches en didactique des langues et des cultures</em>, n&deg;15-2, 2018b, <a href="http://journals.openedition.org/rdlc/2964" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://journals.openedition.org/rdlc/2964</a>. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">MAURER, Bruno, <i>Enseignement des langues et construction europ&eacute;enne. Le plurilinguisme, nouvelle id&eacute;ologie dominante</i>, Paris, Editions des Archives contemporaines, 2011.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">MICKAELS, Walter Benn, <i>La diversit&eacute; contre l&rsquo;&eacute;galit&eacute;</i>, Paris, Raisons d&rsquo;Agir, 2006.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">MORANDI, Franc, <i>Philosophie de l&#39;&eacute;ducation</i>, Paris, Nathan, 2000. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">PIEROZAK, Isabelle, DEBONO, Marc, FEUSSI, Valentin, HUVER, Emmanuelle, &laquo;&nbsp;Fils rouges &eacute;pist&eacute;mologiques au service d&rsquo;une autre intervention &raquo;, dans Isabelle Pierozak, Marc Debono, Valentin Feussi et Emmanuelle Huver (dir.) (2018), <i>Penser les diversit&eacute;s linguistiques et culturelles. Francophonies, formations &agrave; distance, migrances</i>, Limoges, Lambert-Lucas, pp.&nbsp;9-28.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">PRIEUR, Jean-Marie et VOLLE, Rose-Marie, &laquo;&nbsp;Le CECR : une technologie politique de l&#39;enseignement des langues&nbsp;&raquo;, <i>Educations et soci&eacute;t&eacute;s plurilingues</i>, n&deg;41, 2016, pp.&nbsp;75-87.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">PRIEUR, Jean-Marie, &laquo;&nbsp;Des &eacute;crivains en contact de langues&nbsp;&raquo;, <i>Etudes de linguistique appliqu&eacute;e</i>, n&deg;144, 2006, pp.&nbsp;485-492</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">ROBILLARD de, Didier, &laquo; Apports d&rsquo;une sociolinguistique mauricianiste&nbsp;: &eacute;thique et politique de la r&eacute;ception &raquo;, <i>Cahiers internationaux de sociolinguistique</i>, n&deg;12-2, 2018, pp.&nbsp;15-44. </span></span></p> <p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">ROBILLARD de, Didier, &laquo;&nbsp;Fen&ecirc;tres sur une sociolinguistique de la r&eacute;ception ou ph&eacute;nom&eacute;nologique-herm&eacute;neutique, ou sur des SHS qualitatives &agrave; programme fort&nbsp;&raquo;, Didier de Robillard (&eacute;d.), &laquo;&nbsp;Epist&eacute;mologies et histoires des id&eacute;es sociolinguistiques&nbsp;&raquo;, <i>Glottopol</i>, n&deg; 28, 2016, pp. 121 &ndash; 189, <a href="http://glottopol.univ-rouen.fr/telecharger/numero_28/gpl28_07robillard.pdf" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">http://glottopol.univ-rouen.fr/telecharger/numero_28/gpl28_07robillard.pdf</a>. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">ROMANO, Claude, <i>Au c&oelig;ur de la raison, la ph&eacute;nom&eacute;nologie</i>, Paris, Folio, 2010.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">VERGNIOUX, Alain (dir.), &laquo;&nbsp;Education et humanisme&nbsp;&raquo;, <i>Le T&eacute;l&eacute;maque</i> n&deg;21, 2002, <a href="https://www.cairn.info/revue-le-telemaque-2002-1.htm" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.cairn.info/revue-le-telemaque-2002-1.htm</a>. </span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></span></span></a> Dans l&rsquo;ensemble de l&rsquo;article, les r&eacute;f&eacute;rences cit&eacute;es sans date renvoient &agrave; des articles de ce num&eacute;ro. Les citations sont pr&eacute;sent&eacute;es sans pagination, dans la mesure o&ugrave; la revue est une revue en ligne.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></a> Ces deux dimensions sont plus ou moins li&eacute;es, selon l&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;on se fait de leur (non) articulation. Dans les orientations &eacute;pist&eacute;mologiques d&eacute;fendues dans le pr&eacute;sent article et dans ceux qui lui font suite, la dimension &eacute;pist&eacute;mologique est non seulement ins&eacute;parable de la dimension politique, mais en constitue le fondement (cf. &agrave; ce sujet Pierozak et al. 2018, ainsi que Robillard 2016).</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></span></span></a> Sur le mat&eacute;rialisme comme lien et point de passage entre marxisme et ultralib&eacute;ralisme, cf. la note de bas de page n&deg;14 dans le texte de M. Debono, en r&eacute;f&eacute;rence aux travaux d&rsquo;A. Supiot.</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[4]</span></span></span></span></a> Les r&eacute;f&eacute;rences mobilis&eacute;es par Adami (Todd, Bouvet, Amselle, Bayart, Michaels, etc.) sont &agrave; cet &eacute;gard tout &agrave; fait parlantes et coh&eacute;rentes, et rejoignent assez fortement les r&eacute;flexions pr&eacute;c&eacute;dentes de Maurer (2011).</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></a> J&rsquo;ai d&eacute;j&agrave; d&eacute;velopp&eacute; un raisonnement similaire &agrave; propos des travaux de Briant et Palau (1999), sur la m&eacute;diation juridique (Huver, 2018b).</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[6]</span></span></span></span></a> Dans les limites que le.la chercheur.e veut se donner d&rsquo;une part et de l&rsquo;explicitable d&rsquo;autre part, puisque la compr&eacute;hension y &eacute;chappe toujours d&eacute;j&agrave;, au moins en partie.</span></span></p> </div> </div>