<h2>Résumé</h2>
<p>A l’heure actuelle pour beaucoup d’êtres en exil, le désir de vie se substitue au désir de langue. Et pourtant cette langue étrangère est bien là, à maîtriser quoiqu’il arrive pour obtenir le sésame que constitue pour eux le titre de séjour. Mais comment apprendre une langue que l’on n’a pas forcément choisie, qui n’a finalement que peu de valeur et à laquelle se rattache de prime abord peu d’affect ? En effet, si la langue maternelle est là, prégnante, inexorablement liée au pays maternel, elle doit laisser la place à un nouveau canal d’expression aux reflets culturels inconnus. Le processus d’acquisition se décline en autant de variations que de locuteurs car chacun vient d’un ailleurs qui lui est propre et va colorer un apprentissage aux multiples dimensions. « Langue des oiseaux » pour l’un, car synonyme de liberté, elle sera pour l’autre un non-choix imposé par le démantèlement de Calais et des brumes britanniques qui resteront inaccessibles. Or si les voies sociolangagières d’acquisition (Adami, Leclerq) ont été clairement définies, elles ne prennent pas en compte le sentiment d’acquisition de l’apprenant qui peut ainsi considérablement varier selon le contexte.<br />
Nous nous pencherons sur le cas d’adultes migrants possédant un diplôme d’études secondaires, ayant pour projet de débuter leurs études universitaires ou de les poursuivre en France. Débutants en français pour la plupart, c’est à travers leurs témoignages et leurs pratiques de classe au sein de l’IEFE (Université Paul Valéry) que nous tenterons de cerner leurs processus d’acquisition, les imaginaires liés à leur apprentissage du français entre motivation et résignation. De quelle place le sujet, basculant entre deux cultures, deux visions du monde peut–il acquérir la stabilité et apprendre à désirer cette nouvelle voie d’expression qui est désormais la sienne ?</p>
<p>Patricia GARDIES<br />
EA 739 Dipralang<br />
Université Paul Valéry Montpellier 3</p>