<p>Le colloque qui a r&eacute;uni, les 14 et 15 f&eacute;vrier 2019, les contributeurs de ce num&eacute;ro sp&eacute;cial de la revue <em>Travaux de didactique du FLE</em>, avait pour objectif de probl&eacute;matiser et de donner quelques rep&egrave;res pour penser les notions de sujet et de subjectivit&eacute; en didactique des langues, notions certes d&eacute;j&agrave; approch&eacute;es de multiples mani&egrave;res, mais de ce fait encore explor&eacute;es de fa&ccedil;on tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, du point de vue des th&eacute;ories de r&eacute;f&eacute;rence notamment. Notre ambition &eacute;tait de les aborder &agrave; partir d&#39;une double d&eacute;marche&nbsp;: d&#39;une part, en repartant des travaux historiques du laboratoire Dipralang dans le domaine des appropriations langagi&egrave;res, con&ccedil;ues dans le cadre d&#39;une anthropologie des pratiques langagi&egrave;res fond&eacute;e sur la psychanalyse davantage que sur la psychologie, la sociologie ou la s&eacute;miotique&nbsp;; d&#39;autre part en construisant un contraste entre ce qui se donne pour les conditions d&#39;exercice de la parole et de la transmission &agrave; l&#39;&egrave;re n&eacute;olib&eacute;rale, et les conditions d&#39;existence de la subjectivit&eacute; par et au travers du langage, des &eacute;nonciations singuli&egrave;res et du d&eacute;sir de savoir. Le postulat unissant ces deux d&eacute;marches &eacute;tant le suivant&nbsp;: nous acc&eacute;dons au langage et nous y construisons comme sujets &agrave; partir du moment o&ugrave; nous nous trouvons institu&eacute;s par lui, et divis&eacute;s par cet ordre du langage m&ecirc;me, qui &agrave; la fois nous s&eacute;pare du monde et nous relie &agrave; lui par les mots. Non co&iuml;ncidence du dire au monde, non co&iuml;ncidence du sujet &agrave; son dire, rapport au langage marqu&eacute; par le clivage, la perte et le r&ecirc;ve (ou fantasme) de se dire mieux et autrement avec des mots &eacute;trangers, avec les mots des autres&nbsp;; telles &eacute;taient quelques-unes des directions que l&#39;on se proposait de suivre<a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a>.</p> <p>Pour amorcer la r&eacute;flexion vers de telles vues, nous avons choisi de pr&eacute;ciser le questionnement par quelques termes pouvant servir de portes d&#39;entr&eacute;e plus &eacute;videntes vers des situations didactiques&nbsp;: <em>d&eacute;sir </em>(d&#39;apprendre une langue &eacute;trang&egrave;re, d&#39;apprendre telle langue et non une autre), et <em>rapport au savoir</em>, en contraste avec les arguments fonctionnels (utilit&eacute;, projet, rentabilit&eacute;...) habituellement invoqu&eacute;s dans le choix ou dans la politique de diffusion des langues. D&#39;autres termes comme <em>affect</em>, <em>expression</em>, <em>esth&eacute;tique</em>, <em>identification </em>ou <em>imaginaire </em>ont &eacute;galement &eacute;t&eacute; propos&eacute;s dans l&#39;appel &agrave; communications/ contributions, afin d&#39;&eacute;voquer ce qui rel&egrave;ve du passage d&#39;une langue &agrave; une autre, dans une compr&eacute;hension non &ndash; ou non strictement &ndash; fonctionnelle, donc. Des termes d&#39;ailleurs souvent employ&eacute;s, dans la litt&eacute;rature didactique, lorsqu&#39;il s&#39;agit de m&eacute;nager un contrepoint aux compr&eacute;hensions relevant de ce qu&#39;on peut appeler, &agrave; la suite de Rastier<a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a> (2013) ou de Prieur<a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a> (2017) un ordre <em>manag&eacute;rial </em>du discours, forme de rationalit&eacute; n&#39;envisageant pas le sujet autrement que comme un &laquo;&nbsp;usager&nbsp;&raquo; des langues (ou plut&ocirc;t des codes), visant la ma&icirc;trise de ces langues et de leurs apprentissages, et comme un &ecirc;tre dont les aspirations linguistiques seraient &agrave; concevoir sous les auspices du &laquo;&nbsp;besoin&nbsp;&raquo;. Des besoins qu&#39;il lui serait ais&eacute; de d&eacute;couvrir en confrontant son &laquo;&nbsp;projet&nbsp;&raquo; au &laquo;&nbsp;monde&nbsp;&raquo;, et aux adaptations que ce dernier attendrait de lui. Le pr&eacute;sent num&eacute;ro invitait donc &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir sur les nouvelles compr&eacute;hensions utilitaristes des apprentissages langagiers, ainsi que sur les d&eacute;finitions de la comp&eacute;tence, souvent restreinte &agrave; l&rsquo;action rentable et supposant une approche non relationnelle de l&rsquo;apprenant. Il importait aussi de s&#39;interroger sur le devenir du savoir dans un tel r&eacute;gime de discours, et sur le positionnement th&eacute;orique et prax&eacute;ologique des approches d&#39;orientation biographique en didactique&nbsp;: simples &laquo;&nbsp;suppl&eacute;ments d&rsquo;&acirc;me&nbsp;&raquo; aux conceptions manag&eacute;riales de la comp&eacute;tence&nbsp;? Compensations opposant les &laquo;&nbsp;valeurs chaudes&nbsp;&raquo; de l&#39;humanisme aux &laquo;&nbsp;valeurs froides&nbsp;&raquo; de la concurrence et du march&eacute;<a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a>&nbsp;? Ou possibilit&eacute; d&#39;une v&eacute;ritable r&eacute;flexion alternative &agrave; propos des sujets et de leurs apprentissages&nbsp;? En d&#39;autres mots, il s&#39;agissait de se demander si finalement, la didactique des langues s&#39;&eacute;tait v&eacute;ritablement donn&eacute;, jusqu&#39;ici, les moyens de penser la subjectivit&eacute;, et l&rsquo;apprenant sur lequel elle pr&eacute;tend &ecirc;tre centr&eacute;e depuis... une quarantaine d&#39;ann&eacute;es.</p> <p>On per&ccedil;oit d&egrave;s lors que le programme d&#39;une telle recherche exc&egrave;de le simple examen des repr&eacute;sentations linguistiques, des &laquo;&nbsp;analyses de besoins&nbsp;&raquo; ou des approches biographiques des enseignements et des apprentissages&nbsp;; le propos serait plut&ocirc;t de mettre en &eacute;vidence que ce qui rel&egrave;ve du d&eacute;sir (d&#39;apprendre) &ndash; et non de la motivation &ndash; n&#39;est pas ce qui rel&egrave;ve du besoin, autrement dit que d&eacute;sirer ne signifie pas tendre vers un objet du monde, identifiable en dehors de toute prise dans les mots du sujet, et de toute prise du sujet dans les mots&nbsp;; ou pire, identifiable dans des cadres de r&eacute;f&eacute;rence qui les pr&eacute;-d&eacute;finissent pour lui. D&eacute;sirer, c&#39;est plut&ocirc;t, comme l&#39;&eacute;crit Patrick Anderson dans le pr&eacute;sent recueil, un mouvement singulier qui nous porte vers l&#39;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;le d&eacute;sir de l&rsquo;homme trouve son sens dans le d&eacute;sir de l&rsquo;autre, non pas parce que l&rsquo;autre d&eacute;tient les clefs de l&rsquo;objet d&eacute;sir&eacute;, mais parce que sous ces objets, c&rsquo;est le d&eacute;sir d&rsquo;&ecirc;tre reconnu par l&rsquo;autre. Je d&eacute;sire parce qu&rsquo;il me manque quelque chose&nbsp;&raquo;. Et, de la m&ecirc;me fa&ccedil;on, apprendre est &agrave; entendre comme &laquo;&nbsp;apprendre quelque chose de quelqu&#39;un, pour le transmettre &agrave; quelqu&#39;un d&#39;autre&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.). Ce qui implique de repenser, de repeser v&eacute;ritablement ce que la didactique des langues peut concevoir sous le nom de <em>sujet </em>(et non <em>individu</em>, <em>personne</em>, <em>humain</em>, ou autres notions avec lesquelles la confusion est entretenue), mais aussi ce qu&#39;elle peut entendre dans les rapports aux langues et aux apprentissages, ainsi que dans les notions de <em>besoin </em>et de <em>motivation</em>. Vaste programme, tant des notions comme ces deux derni&egrave;res sont circulantes depuis plusieurs d&eacute;cennies d&eacute;j&agrave;, et toujours structurantes dans les discours didactiques contemporains. Nous n&#39;aurons certes pas la pr&eacute;tention, dans le pr&eacute;sent num&eacute;ro, de satisfaire une telle ambition&nbsp;; cela m&eacute;riterait bien d&#39;autres travaux&nbsp;! Nous esp&eacute;rons simplement proposer quelques &eacute;l&eacute;ments de r&eacute;flexion, en lien avec la diversit&eacute; des situations didactiques explor&eacute;es par les 52 auteurs &ndash; venant d&#39;une douzaine de pays diff&eacute;rents &ndash; des 44 articles ici rassembl&eacute;s.</p> <p>Le cadrage conceptuel et l&#39;orientation intellectuelle du colloque ayant maintenant &eacute;t&eacute; rappel&eacute;s, revenons vers les trois axes de r&eacute;flexion qui avaient &eacute;t&eacute; propos&eacute;s aux participants&nbsp;:</p> <h2><span style="font-style:normal"><span style="font-weight:normal"><font face="Cambria, serif"><font color="#000000"><font size="3"><font style="font-size:12pt">1. D&eacute;sir de langues et subjectivit&eacute;&nbsp;: comment probl&eacute;matiser le </font></font></font><font color="#000000"><font size="3"><font style="font-size:12pt"><i>sujet</i></font></font></font><font color="#000000"><font size="3"><font style="font-size:12pt"> en didactique des langues&nbsp;?</font></font></font></font></span></span></h2> <p>Il s&#39;agissait de se demander en quoi le d&eacute;sir d&#39;apprendre une langue nouvelle pouvait croiser la recherche d&rsquo;une &eacute;nonciation singuli&egrave;re et de nouvelles formes d&rsquo;expression, ainsi que des mouvements d&rsquo;appropriation ou de &laquo;&nbsp;d&eacute;sappropriation&nbsp;&raquo;, qui engagent &agrave; chaque fois des histoires personnelles. Comment s&#39;&nbsp;&laquo;&nbsp;approprie&nbsp;&raquo;-t-on une langue au d&eacute;part &eacute;trang&egrave;re, comment la fait-on &laquo;&nbsp;sienne&nbsp;&raquo;&nbsp;? D&rsquo;apr&egrave;s quelles relations &agrave; autrui, quelles identifications&nbsp;? Quels r&ocirc;les jouent les enseignants et les divers &laquo;&nbsp;passeurs&nbsp;&raquo; de langues&nbsp;? Le fait qu&#39;une langue apprise, qu&#39;elle soit &eacute;trang&egrave;re, seconde ou r&eacute;gionale, se distingue d&rsquo;abord, parmi les diff&eacute;rents objets &agrave; apprendre, comme objet &ndash; ou pluralit&eacute; d&rsquo;objets &ndash; de d&eacute;sir, s&#39;appr&eacute;hende &agrave; partir de <em>l&#39;autre </em>qui vient la repr&eacute;senter, et de la part d&rsquo;inconnu sur laquelle elle ouvre. Ces deux dimensions (part de savoir insu et d&eacute;sir de l&#39;autre) se soutiennent, le d&eacute;sir se d&eacute;ployant dans un univers de possibles et dans des adresses &agrave; autrui, voire dans un <em>d&eacute;sir du d&eacute;sir de l&#39;autre</em>, et non dans un monde ma&icirc;tris&eacute;, tel que se pr&eacute;sente habituellement celui r&eacute;gi par l&#39;id&eacute;e de <em>comp&eacute;tence </em>ou par celle de <em>strat&eacute;gie</em>. Et de fait, comment &ecirc;tre strat&eacute;gique quand nos rep&egrave;res sont modifi&eacute;s, et quand les mots qui nous arrivent viennent forc&eacute;ment des autres&nbsp;? Lorsqu&#39;une langue nouvelle remet en cause nos r&eacute;flexes et nos habitudes, en m&ecirc;me temps que l&rsquo;&eacute;vidence de notre parole en langue(s) premi&egrave;re(s), elle nous reconduit vers un rapport de non co&iuml;ncidence et de non &eacute;vidence &ndash; entre les mots et les choses, entre le sujet et son dire. &Agrave; partir de ces hypoth&egrave;ses, il devient possible de probl&eacute;matiser ce qui peut se concevoir comme un sujet entre les langues et travers&eacute; par le langage, autrement dit un &ecirc;tre n&eacute;cessairement divis&eacute; et travers&eacute; par l&#39;inconscient, linguistiquement pr&eacute;caire et non pleinement conscient de ses besoins, motivations ou projets. Reste &agrave; se demander&nbsp;: &agrave; partir de l&agrave;, quelles approches de la &laquo;&nbsp;motivation&nbsp;&raquo; construire, quelles approches de l&rsquo;affectivit&eacute;, et quelles approches de l&#39;amour des langues, de leurs univers de sons, de formes, de sens&nbsp;? Finalement, qu&#39;est-ce que se forger une parole avec les mots d&#39;autrui, et que devient le rapport &agrave; l&rsquo;<em>impossible &agrave; dire</em>, et &agrave; la construction inachev&eacute;e de la parole&nbsp;?</p> <p>2. Rapports subjectifs au(x) savoir(s)</p> <p>La mise en place de cadres communs de r&eacute;f&eacute;rence tend &agrave; une standardisation des comp&eacute;tences en langues qui r&eacute;pond &agrave; une vision manag&eacute;riale, teint&eacute;e de marketing, de ce que savoir ou parler une langue serait suppos&eacute; &ecirc;tre. Sous l&#39;effet de la diffusion de la notion de comp&eacute;tence dans les discours didactiques et politiques, la didactique des langues peine &agrave; concevoir l&rsquo;apprenant autrement que comme un &ecirc;tre socialement d&eacute;termin&eacute;, dont le langage est pr&eacute;vu par des situations-cibles o&ugrave; s&#39;inscrivent ses &laquo;&nbsp;besoins&nbsp;&raquo;, et dont les actes s&rsquo;int&egrave;grent &agrave; un dispositif de type syst&eacute;mique. Cette logique d&rsquo;adaptation de la production langagi&egrave;re aux circonstances de la communication laisse peu de place aux actes d&rsquo;adoption des langues et aux investissements imaginaires et affectifs du savoir, qui contribuent pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; transformer les situations et les discours qui s&rsquo;y tiennent. L&rsquo;acception r&eacute;ductrice de la notion de comp&eacute;tence, instrumentale et normative, index&eacute;e aux t&acirc;ches dans lesquelles elle se mat&eacute;rialise &ndash; quand ce n&rsquo;est pas &agrave; une &laquo;&nbsp;efficacit&eacute;&nbsp;&raquo; ou &agrave; une &laquo;&nbsp;rentabilit&eacute;&nbsp;&raquo; encore non questionn&eacute;es &ndash; rend n&eacute;cessaire une r&eacute;flexion sur le devenir des savoirs (linguistiques, textuels culturels), dont la valeur semble ne plus r&eacute;sider que dans leur &laquo;&nbsp;utilit&eacute;&nbsp;&raquo; ou dans leur caract&egrave;re routinis&eacute;. Dans un tel contexte, quel peut &ecirc;tre le sens de l&#39;&nbsp;&laquo;&nbsp;action&nbsp;&raquo; en classe de langue, et comment les approches didactiques actuelles permettent-elles de construire ce sens, autrement que dans une vision utilitariste et &eacute;conomiciste&nbsp;? Et qu&#39;est-ce que les rapports subjectifs aux langues induisent de v&eacute;cu relationnel, de projections sur d&rsquo;autres &ecirc;tres de langage que soi, qui invitent &agrave; s&rsquo;inventer sans cesse et &agrave; reconstruire des images de soi-m&ecirc;me possiblement alt&eacute;r&eacute;es par la perte&nbsp;?</p> <p>3. La didactique des langues &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la mondialisation</p> <p>De nombreux acteurs du monde &eacute;ducatif et de la recherche s&rsquo;interrogent aujourd&rsquo;hui sur les effets de la mondialisation &ndash; ou du type particulier de mondialisation &eacute;conomique que constitue le n&eacute;olib&eacute;ralisme &ndash; sur les pratiques, les outils et les concepts op&eacute;ratoires en &oelig;uvre, d&rsquo;une part dans les politiques linguistiques et &eacute;ducatives, d&rsquo;autre part en classe. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, la mondialisation et l&rsquo;ouverture &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; permise par les nouveaux moyens de communication a affermi les langues dans leurs r&ocirc;les de m&eacute;diums de communication, et les a rendues plus visibles et pr&eacute;sentes, tant&ocirc;t utiles, tant&ocirc;t n&eacute;cessaires, tant&ocirc;t simplement attrayantes&nbsp;; de l&rsquo;autre, le mod&egrave;le n&eacute;olib&eacute;ral a d&eacute;velopp&eacute; un march&eacute; des langues qui r&eacute;pond plus que jamais &agrave; des exigences de rentabilit&eacute;, que ce soit sous l&rsquo;angle individuel ou collectif, imaginaire ou effectif. Le sujet semble se trouver aujourd&rsquo;hui, encore plus que par le pass&eacute;, pris entre deux feux&nbsp;: entre les nouveaux cadres normatifs pos&eacute;s par les mod&egrave;les didactiques de r&eacute;f&eacute;rence, et les rapports aux langues qu&rsquo;il construit, et qui lui permettent de se construire lui-m&ecirc;me. La didactique contemporaine adopte-t-elle une posture dogmatique, en imposant des mod&egrave;les &agrave; suivre, davantage fond&eacute;s sur l&rsquo;utilit&eacute; et l&rsquo;ergonomie pragmatique d&rsquo;acquis pr&eacute;-calibr&eacute;s, que sur les v&eacute;cus subjectifs des apprenants&nbsp;? S&rsquo;il est l&eacute;gitime de penser qu&rsquo;une langue peut &ecirc;tre utile, doit-elle pour autant &ecirc;tre saisie dans une conception utilitariste&nbsp;? Quelle place reste-t-il pour la libert&eacute; p&eacute;dagogique, &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la mondialisation, si les finalit&eacute;s d&rsquo;acquisition restent trop externes au sujet&nbsp;?</p> <p>La diversit&eacute; des questionnements soulev&eacute;s sera rejointe par celle des contributions, aussi bien du point de vue des domaines th&eacute;oriques de r&eacute;f&eacute;rence, que des terrains ou des &oelig;uvres &eacute;tudi&eacute;s. La fonction d&#39;un colloque est de rassembler, et de pr&eacute;senter un &eacute;tat de la r&eacute;flexion telle qu&#39;elle peut &ecirc;tre inspir&eacute;e &agrave; un moment donn&eacute;. Nous pensons en tout cas que le moment choisi est bien marqu&eacute; par la n&eacute;cessit&eacute; de se positionner vis-&agrave;-vis des nouvelles formes d&#39;instrumentalisme et de normativit&eacute; qui touchent les rapports aux langues, les savoirs et les transmissions&nbsp;; en se positionnant, non de fa&ccedil;on id&eacute;ologique, bien s&ucirc;r, mais par l&#39;exercice d&#39;une pens&eacute;e, soucieuse du devenir de la parole et de la subjectivit&eacute; dans le monde contemporain.</p> <h2>SOMMAIRE</h2> <h4>Penser le sujet&nbsp;: manque, silence, parole</h4> <p>&ndash; P. Anderson &amp; R-M. Volle, Rapport du sujet au savoir : penser le manque ?</p> <p>&ndash; K. Menouti, Cours de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re et silence des apprenants : de l&rsquo;attente d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s &agrave; l&rsquo;attente d&rsquo;&eacute;nonciation</p> <p>&ndash; A. Denimal, &laquo;&nbsp;Il a d&eacute;truit, mais de mani&egrave;re constructive&nbsp;&raquo;. Entrer dans la langue fran&ccedil;aise avec Claude Debussy</p> <p>&ndash; M. Derycke, Jacotot, Louvain 1818 : Le &laquo; ma&icirc;tre ignorant &raquo;, enseignant de F.L.E.</p> <p>&ndash; M. Totozani, Un &laquo;&nbsp;ma&icirc;tre ignorant&nbsp;&raquo; pour faire &eacute;merger le sujet en classe de langue&nbsp;?</p> <p>&ndash; M. C. Bertrand, Subjectivit&eacute; et d&eacute;sir de langue&nbsp;: &eacute;l&eacute;ments pour la (r&eacute;)appropriation du yiddish</p> <h4>Exp&eacute;rience de l&#39;autre, exp&eacute;rience du langage</h4> <p>&ndash; Y. Erard, La subjectivit&eacute; de la voix</p> <p>&ndash; C. Ly, Mes langues n&#39;ont pas de prix</p> <p>&ndash; E. Caron, &laquo;&nbsp;Le th&eacute;&acirc;tre &ccedil;a change la vie&nbsp;&raquo;&nbsp;: du sujet spectateur au sujet acteur en langue &eacute;trang&egrave;re</p> <p>&ndash; J. Durandin, La d&eacute;marche de cr&eacute;ation collective pour une p&eacute;dagogie intersubjective-cr&eacute;ative en FLE au niveau sup&eacute;rieur. Quels enseignements tirer de la non-correspondance des repr&eacute;sentations sociales de leurs cr&eacute;ativit&eacute;s chez des &eacute;tudiants-acteurs lettons ?</p> <p>&ndash; C. Dompmartin, Du d&eacute;paysement au repaysement : exp&eacute;riences r&eacute;sonantes et d&eacute;marches sensibles pour l&rsquo;appropriation en FLE</p> <p>&ndash; J.L. L&eacute;onard, Comment le d&eacute;sir de langues vient aux linguistes : t&eacute;moignage d&rsquo;un typologue</p> <h4>Id&eacute;ologies linguistiques et &eacute;ducatives&nbsp;: interroger le devenir des langues et des sujets</h4> <p>&ndash; J-L. Chiss, Didactique des langues, id&eacute;ologies linguistiques et d&eacute;sir de fran&ccedil;ais</p> <p>&ndash; M. Gonzalez, Processus de subjectivation langagi&egrave;re et plurilinguisme europ&eacute;en</p> <p>&ndash; P. Anderson, Entendre dans l&rsquo;enseignement un espace d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, c&rsquo;est le risque de la praxis et ce sera une place laiss&eacute;e pour la rencontre avec l&rsquo;autre sujet du d&eacute;sir</p> <h4>Critiques de l&#39;utilitarisme et de la rationalit&eacute; manag&eacute;riale</h4> <p>- J-M. Prieur &amp; K. Djordjevic L&eacute;onard, Les professionnel(le)s de l&rsquo;enseignement des langues face au CECR</p> <p>- C. Pradeau, Contextualisation et hypersp&eacute;cialisation en didactique des langues</p> <p>- D. Meunier &amp; J-M. Defays, Pour une didactique des langues et des cultures humaniste, &eacute;cologique et durable</p> <p>- D. Soleil, La didactique du grec et du latin &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la mondialisation : refonder les enseignements par le d&eacute;sir de langues</p> <p>- C. Baidal, L&rsquo;apprenant-sujet &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la globalisation</p> <h4>Repenser la dualit&eacute; sujet/ objet en didactique des langues</h4> <p>- E. Huver, Les critiques du CECRL. Sous les accords de surface, quels enjeux &agrave; expliciter les d&eacute;saccords ?</p> <p>- M. Debono, L&rsquo;utilitarisme et sa critique en didactique des langues : les fronti&egrave;res du rationnel</p> <p>- I. Pierozak, Pour une critique autre de l&rsquo;utilitarisme en didactique et didactologie des langues, &agrave; partir d&rsquo;une approche &laquo; hors sujet &raquo;</p> <p>- V. Castellotti, Un questionnement alternatif &agrave; la dichotomie utilit&eacute;/ subjectivit&eacute; en didactologie-didactique des langues ?</p> <h4>D&eacute;sirs et apprentissages&nbsp;: questionner l&#39;&laquo;&nbsp;utilit&eacute;&nbsp;&raquo; des langues</h4> <p>- P. Frath, Le sujet anthropologique dans le choix des langues</p> <p>- M-F. Pungier, A propos de l&rsquo;appropriation d&rsquo;un objet de d&eacute;sir : des &eacute;tudiants japonais et la langue fran&ccedil;aise</p> <p>- C. Adam &amp; G. Larvol, Scolarisation bilingue et appropriation d&rsquo;une langue (minoritaire)</p> <p>- M. Bert, B. Pivot &amp; K. Yerian, D&eacute;sir de langue, subjectivit&eacute;, rapport au savoir : le cas de la revitalisation des langues tr&egrave;s en danger</p> <p>- P. Gardies, D&eacute;sir de vie, d&eacute;sir de langue, quand le fran&ccedil;ais s&rsquo;emm&ecirc;le</p> <p>- B. Villa, Marchandisation du fran&ccedil;ais en milieu rural en Colombie</p> <h4>D&eacute;sir d&#39;enseigner, d&eacute;sirs d&#39;enseignants</h4> <p>- F. Cicurel, L&#39;obscur objet du d&eacute;sir d&#39;enseigner</p> <p>- L. Vignes, Voyage dans la langue de l&rsquo;autre. Analyse discursive de t&eacute;moignages de professeurs de fran&ccedil;ais &eacute;gyptiens</p> <p>- M-J. Verny, Enseigner l&rsquo;occitan : de l&rsquo;opprobre au d&eacute;sir ?</p> <p>- C. X. Gutierrez Romero, Place et r&ocirc;les de l&#39;enseignant d&#39;apr&egrave;s le CECRL et le PEPELF</p> <h4>Approches psycho-affectives</h4> <p>- D. Pudo, La dimension subjective du &laquo;&nbsp;soi li&eacute; &agrave; la L2&nbsp;&raquo; (L2 self)&nbsp;: enjeux th&eacute;oriques et m&eacute;thodologiques</p> <p>- E. Yasri-Labrique, Le coaching au service de l&rsquo;enseignement-apprentissage des langues-cultures</p> <p>- R. Kucharczyk, L&rsquo;impact des facteurs affectifs sur le d&eacute;veloppement de la comp&eacute;tence plurilingue. Vers une approche SMART en classe de langue tertiaire</p> <h4>Motivations, repr&eacute;sentations, besoins</h4> <p>- A-C. Zeiter, D&eacute;construire la motivation pour rencontrer le d&eacute;sir (de langue)</p> <p>- N. Decur&eacute; &amp; L. Hartwell, Du mutisme au &ldquo;pouvoir-dire&rdquo;: cheminements subjectifs</p> <p>- S. Djordjevic, &laquo; Moi je sais pas fran&ccedil;ais &raquo; : La langue de l&#39;enfant descendant d&#39;immigr&eacute;s &agrave; l&#39;&eacute;cole</p> <p>- C. Faucompr&eacute; &amp; N. Kulovics, Apprendre et r&eacute;apprendre la langue du partenaire par le tandem linguistique transfrontalier au sein d&rsquo;Eucor &ndash; Le Campus europ&eacute;en : entre motivation professionnelle et d&eacute;sir personnel</p> <p>- N. Douidi, R&eacute;flexions et outils pour une meilleure identification des besoins en didactique du fran&ccedil;ais sur objectif universitaire</p> <p>- L. Riche-Mokrani, Les repr&eacute;sentations langagi&egrave;res et la dimension subjective de l&rsquo;apprentissage du FLE chez les locuteurs alg&eacute;riens</p> <p>- N. Popovic &amp; V. Manic-Matic, &Eacute;l&eacute;ments de r&eacute;flexion sur l&rsquo;enseignement/ apprentissage du FLE en Vo&iuml;vodine : bilan et perspectives</p> <p>&nbsp;</p> <div id="sdfootnote1"> <p><small><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>Dans l&#39;inspiration de travaux pr&eacute;c&eacute;dents, voir par exemple ceux de Jean-Marie Prieur, Patrick Anderson, Victor Allouche ou Gis&egrave;le Pierra, et en linguistique de l&#39;&eacute;nonciation, ceux de Jacqueline Authier-Revuz, bien s&ucirc;r. </small></p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p><small><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a>Rastier, Fran&ccedil;ois, <em>Apprendre pour transmettre. L&#39;&eacute;ducation contre l&#39;id&eacute;ologie manag&eacute;riale</em>. Paris, PUF, coll. &laquo;&nbsp;Souffrance et th&eacute;orie&nbsp;&raquo;, 2013.</small></p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p><small><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>Prieur, Jean-Marie, &laquo;&nbsp;L&#39;empire des mots morts. Lisons le CECR comme un cauchemar&nbsp;&raquo;, <em>Travaux de didactique du FLE</em> n&deg;70, Montpellier, 2017.</small></p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p><small><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a>Sur ce sujet, voir Fabre, Michel, &laquo;&nbsp;G&eacute;n&eacute;alogie de l&#39;ethos n&eacute;olib&eacute;ral. Perspectives foucaldiennes&nbsp;&raquo;, dans Fabre, Michel et Gohier, Christiane (dir.), <em>Les valeurs &eacute;ducatives au risque du n&eacute;olib&eacute;ralisme</em>. Rouen/ Le Havre, Presses universitaires, 2015.</small></p> </div>