<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="FR" style="color:black">Dans cette contribution, nous aborderons le </span><i><span style="white-space:pre-wrap">devenir</span></i><span style="white-space:pre-wrap"> des langues en situation de migrations collectives forcées, à partir de trois études de cas basées sur le terrain. Elles s’inscrivent dans le contexte minoritaire européen et portent sur trois micro-communautés : celle des Tabarquins, des Croates du Molise et des vieux-croyants d’Estonie. Le premier de ces terrains a pris la forme d’un séjour au sein de la communauté tabarquine, en mai 2014, sur l’île de San Pietro, au sud-ouest de la Sardaigne. Le deuxième a été réalisé également en Italie, dans le Molise, dans les trois villages habités par la minorité croate, en avril 2016. Le troisième s’est déroulé cette année, en avril 2018, en Estonie orientale, au sein de la communauté russophone des vieux-croyants.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="white-space:pre-wrap"> <span style="white-space:pre-wrap">Ces trois exemples relèvent de situations différentes : sur le plan politique, les minorités et les langues, dont il sera ici question, ne bénéficient pas du même statut ni de la même reconnaissance ; sur le plan sociolinguistique, on est en présence de situations de contact différentes qui font s’enchevêtrer, dans la démarche contrastive qui est la nôtre, les mondes roman, slave et finno-ougrien. Les trois exemples présentent cependant de nombreuses similitudes : sur le plan démographique, chaque communauté compte moins de dix mille locuteurs ; sur le plan historique, il s’agit de migrations anciennes (XVI</span><sup><span style="white-space:pre-wrap">ème</span></sup><span style="white-space:pre-wrap">, XV</span><sup><span style="white-space:pre-wrap">ème</span></sup><span style="white-space:pre-wrap"> et XVII</span><sup><span style="white-space:pre-wrap">ème</span></sup><span style="white-space:pre-wrap"> siècles respectivement) ; du point de vue des raisons qui ont motivé le déplacement, on peut parler de migrations forcées (pour fuir la misère, l’occupation étrangère ou encore l’oppression vis-à-vis de la pratique religieuse). Enfin, ces trois migrations ont pour caractéristique d’être collectives : la traversée de la Méditerranée, de l’Adriatique ou de la frontière terrestre entre la Russie et la Suède, s’est faite massivement, de manière relativement organisée.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="white-space:pre-wrap"> <span style="white-space:pre-wrap">Dans cette communication, après avoir présenté les trois situations de migration, et à travers l’examen de la situation sociolinguistique actuelle de chacune des trois communautés, guidée par nos observations de terrain, nous porterons notre regard sur les trajectoires des langues qui ont accompagné ces migrations, en donnant la parole à ceux qui les font exister : leurs locuteurs.</span></span></span></span></span></p>