<p>Introduction</p> <p>Dans le cadre de la mobilit&eacute; &eacute;tudiante, l&rsquo;universit&eacute; de Caen Normandie accueille annuellement environ 2500 &eacute;tudiants &eacute;trangers, majoritairement hors UE[1].Le Carr&eacute; International[2]constitue le point central pour les &eacute;tudiants et chercheurs internationaux inscrits &agrave; Unicaen, gr&acirc;ce &agrave; ses dispositifs&nbsp;: le DUEF (Dipl&ocirc;me Universitaire d&rsquo;Etudes Fran&ccedil;aises), le SLF (soutien linguistique en langue fran&ccedil;aise) et le LANSAD (&eacute;tude du fran&ccedil;ais pour sp&eacute;cialistes d&rsquo;autres disciplines).</p> <p>Cet article pr&eacute;sente une exp&eacute;rience d&rsquo;enseignement-apprentissage du Fran&ccedil;ais sur Objectifs Universitaires (FOU) d&eacute;velopp&eacute;e depuis 2013 dans le cadre du DUEF, aux niveaux B2, C1 et C2. En prenant pour t&eacute;moin des &eacute;crits d&rsquo;&eacute;tudiants en fin de parcours FOU, nous t&acirc;cherons d&rsquo;illustrer le processus d&rsquo;acculturation et &agrave; la fois la construction d&rsquo;un &laquo;&nbsp;m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant&nbsp;&raquo; que ces &eacute;tudiants ont v&eacute;cu durant leur immersion dans des cours universitaires de sp&eacute;cialit&eacute;.</p> <p>L&rsquo;acculturation est con&ccedil;ue ici au sens de Glorieux (2016), comme une appropriation culturelle et linguistique des savoir-faire n&eacute;cessaires durant les &eacute;tudes universitaires en France. Nous l&rsquo;entendons comme une familiarisation graduelle et non comme une assimilation[3]. D&rsquo;une fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, l&rsquo;acculturation universitaire comprend ce que Mangiante et Parpette (2011) r&eacute;unissent sous l&rsquo;&eacute;tiquette des comp&eacute;tences pour &laquo;&nbsp;s&rsquo;int&eacute;grer &agrave; l&rsquo;universit&eacute;&nbsp;&raquo;, &agrave; savoir comprendre un cours magistral, se rep&eacute;rer dans l&rsquo;espace et le temps universitaire, identifier des personnes ressources, r&eacute;aliser diff&eacute;rents types d&rsquo;op&eacute;rations langagi&egrave;res (&agrave; caract&egrave;re administratif, pour &eacute;changer avec les natifs) etc. Pour Coulon (1997&nbsp;: 2) ce processus rel&egrave;ve d&rsquo;une v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;affiliation institutionnelle et intellectuelle&nbsp;&raquo; et s&rsquo;inscrit dans la construction du &laquo;&nbsp;m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant&nbsp;&raquo;. Si pour un &eacute;tudiant natif, apprendre le m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant signifie passer[4] du statut d&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; celui d&rsquo;&eacute;tudiant et apprendre les codes, les savoirs et les savoir-faire universitaires, pour les &eacute;tudiants &eacute;trangers cette dimension est tout aussi indispensable, mais n&rsquo;est pas suffisante&nbsp;: en effet, l&rsquo;&eacute;tudiant &eacute;tranger doit &eacute;galement s&rsquo;adapter rapidement &agrave; un syst&egrave;me diff&eacute;rent de celui de son pays d&rsquo;origine, &agrave; des normes et des codes nouveaux, &nbsp;&agrave; une langue et une culture d&rsquo;&eacute;tude et de communication diff&eacute;rentes. Afin de d&eacute;passer le choc culturel[5] ressenti (que ce soit au niveau du langage verbal ou non verbal, &agrave; tout ce qui rel&egrave;ve des normes, rituels et codes universitaires), de v&eacute;ritables strat&eacute;gies de m&eacute;diation doivent &ecirc;tre mises en place. Nous concevons la m&eacute;diation comme toute activit&eacute; langagi&egrave;re (relier des informations &agrave; un savoir ant&eacute;rieur, adapter son langage etc., dans la perspective du CECRL 2018), mais aussi extra-langagi&egrave;re (se faire un r&eacute;seau de coll&egrave;gues, un groupe de travail, par exemple) permettant l&rsquo;acc&egrave;s au sens et une meilleure compr&eacute;hension de l&rsquo;environnement universitaire. Ces strat&eacute;gies de m&eacute;diation sont adapt&eacute;es de fa&ccedil;on implicite par les &eacute;tudiants &eacute;trangers et nous allons les identifier dans la partie d&rsquo;analyse de notre corpus, &agrave; travers un &eacute;tat de lieu des t&eacute;moignages &eacute;crits de nos &eacute;tudiants.</p> <p>Le dispositif FOU d&eacute;velopp&eacute; &agrave; Caen permet aux &eacute;tudiants du DUEF d&rsquo;assister &agrave; des cours universitaires de leur choix dans les diff&eacute;rentes UFR de l&rsquo;universit&eacute; de Caen. Cette exp&eacute;rience d&rsquo;observation participative et analytique est sanctionn&eacute;e &agrave; la fin de chaque semestre par la r&eacute;daction d&rsquo;un &laquo;&nbsp;dossier d&rsquo;observation universitaire&nbsp;&raquo; (pr&eacute;sent&eacute; en 1.2.2). Ce sont ces dossiers qui constituent notre corpus d&rsquo;analyse. Ils nous permettent d&rsquo;interroger de fa&ccedil;on indirecte la notion d&rsquo;acculturation gr&acirc;ce aux t&eacute;moignages des &eacute;tudiants concernant leur v&eacute;cu pendant ces moments d&rsquo;immersion en situation authentique d&rsquo;enseignement de sp&eacute;cialit&eacute;. Les &eacute;tudiants sont amen&eacute;s &agrave; exprimer &agrave; l&rsquo;&eacute;crit leur exp&eacute;rience d&rsquo;observation des cours, &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; leurs facilit&eacute;s et/ou difficult&eacute;s en mati&egrave;re de participation active &agrave; ces cours, de contact avec les enseignants et les &eacute;tudiants francophones et de faire &eacute;galement une analyse personnelle de cette exp&eacute;rience, en comparaison avec les cours suivis dans leur universit&eacute; d&rsquo;origine.</p> <p>Notre exp&eacute;rience de coordination de ce dispositif et de suivi des &eacute;tudiants, nous a amen&eacute;es &agrave; nous interroger sur l&rsquo;&eacute;laboration de ce processus complexe d&rsquo;acculturation universitaire ainsi que sur la fa&ccedil;on dont le m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant se construit. Les principes constitutifs et m&eacute;thodologiques de ce parcours d&rsquo;apprentissage ainsi que le public d&rsquo;&eacute;tudiants seront pr&eacute;sent&eacute;s dans la premi&egrave;re partie de cet article. Afin d&rsquo;illustrer le processus d&rsquo;acculturation en &oelig;uvre pour la construction du &laquo;&nbsp;m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant&nbsp;&raquo;, notre attention se portera, dans les deuxi&egrave;me et troisi&egrave;me parties de cet article, sur l&rsquo;analyse de quarante-deux dossiers d&rsquo;observation universitaires, de niveaux B2, C1 et C2, retenus dans la p&eacute;riode 2013- 2020.</p> <p>1. Pr&eacute;sentation du dispositif FOU, du public et de la m&eacute;thodologie</p> <p>1.1. Le module Fran&ccedil;ais sur Objectifs Universitaires</p> <p>Fortes des exp&eacute;riences men&eacute;es en fran&ccedil;ais langue de scolarisation (d&eacute;sormais FLS) dans le cadre des classes d&rsquo;accueil, aujourd&rsquo;hui UPE2A[6], consistant en une acculturation par inclusion et en un dispositif d&rsquo;accompagnement, nous avons envisag&eacute; un parcours FOU qui s&rsquo;int&egrave;gre &agrave; un dispositif sp&eacute;cifique d&rsquo;accueil des &eacute;tudiants &eacute;trangers, les DUEF, et qui propose une ouverture sur le monde universitaire in vivo&nbsp;: l&rsquo;inclusion dans un cours choisi parmi l&rsquo;ensemble des fili&egrave;res de l&rsquo;universit&eacute; pluridisciplinaire qu&rsquo;est Unicaen. C&rsquo;est cette notion d&rsquo;articulation entre les p&ocirc;les d&rsquo;accompagnement et d&rsquo;inclusion qui a guid&eacute; l&rsquo;&eacute;laboration de nos maquettes (2013, renouvel&eacute;es en 2018).</p> <p>1.1.1. Un dispositif qui pr&eacute;sente des analogies avec le dispositif des UPE2A</p> <p>Le dispositif des UPE2A comporte des analogies avec&nbsp; notre dispositif. En effet, nous avons repris le principe du &laquo;&nbsp;choc culturel&nbsp;&raquo; induit par la fr&eacute;quentation de certains cours dans la classe de rattachement.&nbsp; Int&eacute;gr&eacute; dans une classe avec ses pairs,&nbsp;l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve allophone ne b&eacute;n&eacute;ficie pas d&rsquo;&eacute;tayage particulier&nbsp;; il est donc confront&eacute; &agrave; ce que sera dans un avenir proche son quotidien. Parall&egrave;lement &agrave; cette int&eacute;gration, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve d&rsquo;UPE2A suit des cours de FLS qui vont pr&eacute;parer cette int&eacute;gration par un apprentissage du fran&ccedil;ais orient&eacute; vers les besoins d&rsquo;un &eacute;l&egrave;ve. Ainsi, l&rsquo;enseignant en charge de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en UPE2A &eacute;value &agrave; quel moment de l&rsquo;ann&eacute;e scolaire chaque &eacute;l&egrave;ve peut &agrave; profit commencer &agrave; suivre chaque enseignement dans sa classe de rattachement. Si elle commence par l&rsquo;exp&eacute;rience du &laquo;&nbsp;choc culturel&nbsp;&raquo; pouvant &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme brutale, l&rsquo;acculturation de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve en UPE2A est le fruit d&rsquo;un subtil dosage entre cours de FLS dans la structure d&eacute;di&eacute;e aux &eacute;l&egrave;ves allophones et la classe de rattachement, toujours &agrave; reconsid&eacute;rer au fur et &agrave; mesure que l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve s&rsquo;acculture et que l&rsquo;ann&eacute;e progresse, car ce dispositif existe sur le temps d&rsquo;une ann&eacute;e scolaire.</p> <p>1.1.2. Un dispositif qui prend en compte la notion de vuln&eacute;rabilit&eacute;</p> <p>La vuln&eacute;rabilit&eacute; est l&rsquo;un des points communs aux deux publics (au sens donn&eacute; par Moro&nbsp;: 2002, 2012). Dans cette optique, nous avons retenu trois crit&egrave;res en nous fondant sur les travaux men&eacute;s sur les notions de vuln&eacute;rabilit&eacute; et d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; examin&eacute;es dans le cadre de l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue&nbsp;: la pr&eacute;carit&eacute; juridique et sociale, le degr&eacute; d&rsquo;&eacute;loignement de la langue-culture d&rsquo;origine avec la langue-culture cible, et le degr&eacute; de ma&icirc;trise des litt&eacute;racies. Le premier crit&egrave;re est un &eacute;l&eacute;ment de vuln&eacute;rabilit&eacute; mesur&eacute; par les travaux permettant de montrer que des apprenants en situation de pr&eacute;carit&eacute; juridique mettent en moyenne deux fois plus de temps qu&rsquo;un apprenant en situation juridique stable pour atteindre un niveau du CECRL (Ahmad Yar et Jourdain&nbsp;: 2018). Rappelons que si certains de nos &eacute;tudiants choisissent leur mobilit&eacute;, d&rsquo;autres ont le statut de r&eacute;fugi&eacute; ou de demandeur d&rsquo;asile sous protection judiciaire. Le deuxi&egrave;me crit&egrave;re r&eacute;side dans le degr&eacute; d&rsquo;&eacute;loignement entre la langue d&rsquo;origine et la langue cible, entre la culture scolaire et universitaire d&rsquo;origine et la culture scolaire cible (Berthelot&nbsp;: 2014, Salinas&nbsp;: 2001). En outre, le degr&eacute; de ma&icirc;trise des litt&eacute;racies scolaires et universitaires est un &eacute;l&eacute;ment d&eacute;terminant qui peut faire la diff&eacute;rence entre un &eacute;tudiant allophone et un autre. Un &eacute;tudiant de niveau master sera en moyenne moins vuln&eacute;rable qu&rsquo;un &eacute;tudiant qui n&rsquo;a pas encore commenc&eacute; d&rsquo;&eacute;tudes sup&eacute;rieures (Coulon&nbsp;: 1997). Deux constats s&rsquo;imposent donc&nbsp;: notre public d&rsquo;&eacute;tudiants allophones n&rsquo;a pas l&rsquo;exclusivit&eacute; de la vuln&eacute;rabilit&eacute;. En effet, deux des crit&egrave;res cit&eacute;s peuvent &eacute;galement concerner les &eacute;tudiants francophones natifs. C&rsquo;est la combinaison des crit&egrave;res qui rend un &eacute;tudiant particuli&egrave;rement vuln&eacute;rable et pour lequel l&rsquo;acculturation sera la plus importante.</p> <p>1.1.3. Un dispositif articul&eacute; entre accompagnement sp&eacute;cifique et inclusion</p> <p>Notre dispositif sp&eacute;cifique se donne pour but de travailler les besoins sp&eacute;cifiques aux &eacute;tudiants allophones tout en les pr&eacute;parant &agrave; suivre un cours avec des &eacute;tudiants francophones. Ainsi avons-nous cr&eacute;&eacute; un cours d&rsquo;&laquo;&nbsp;Analyse des discours universitaires&nbsp;&raquo;&nbsp;fond&eacute; sur des documents authentiques utilis&eacute;s par des enseignants &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, r&eacute;pondant aux besoins de formation soulign&eacute;s par Mangiante et Parpette (2011) en FOU, d&eacute;j&agrave; point&eacute;s par Vignier (2009) dans sa distinction entre FLE, FLS et FLsco[7].</p> <p>L&rsquo;autre int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;un dispositif sp&eacute;cifique d&rsquo;accompagnement r&eacute;side en un contexte s&eacute;curisant qu&rsquo;il apporte sur le plan psycho-affectif (Dat et Spanghero-Gaillard, 2009 cit&eacute; par Guedat Bittighoffer, 2015). Le cadre plut&ocirc;t rassurant du DUEF ne saurait pourtant pr&eacute;parer les &eacute;tudiants de mani&egrave;re efficace &agrave; une poursuite d&rsquo;&eacute;tudes dans les fili&egrave;res de l&rsquo;universit&eacute; fran&ccedil;aise, de m&ecirc;me que la seule classe de FLS en UPE2A ne permet pas non plus de pr&eacute;parer les &eacute;l&egrave;ves &agrave; leur int&eacute;gration dans une classe de rattachement. Le dispositif choisi est donc ouvert, pour permettre l&rsquo;acculturation &agrave; la situation &agrave; venir des &eacute;tudiants&nbsp;: le suivi d&rsquo;un cursus en UFR dans une fili&egrave;re de LMD permettant une familiarisation graduelle. Le dispositif choisi est souple, car chaque &eacute;tudiant peut choisir le cours qui lui convient. L&rsquo;autre niveau de souplesse rel&egrave;ve du nombre de cours suivi en UFR (1 en B2, 2 en C1 et 3 en C2). C&rsquo;est donc par un dispositif alliant accompagnement et inclusion que les &eacute;tudiants sont mis en situation d&rsquo;apprendre leur &laquo; m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant&nbsp;&raquo;. En ce sens, ce dispositif est bien une forme d&rsquo;adaptation de la structure d&rsquo;UPE2A au public d&rsquo;&eacute;tudiant et au contexte universitaire.</p> <p>1.2. Le cours d&rsquo;observation universitaire</p> <p>1.2.1. Un cours &agrave; multiples facettes</p> <p>Le &laquo;&nbsp;Cours d&rsquo;observation universitaire&nbsp;&raquo; vise &agrave; la fois une observation r&eacute;flexive dans les diff&eacute;rentes fili&egrave;res, la comparaison des syst&egrave;mes universitaires en termes de sp&eacute;cificit&eacute; disciplinaire et de fa&ccedil;on de faire de l&rsquo;enseignant et de l&rsquo;&eacute;tudiant, la compr&eacute;hension d&rsquo;un cours fran&ccedil;ais et la prise de notes, la formation &agrave; la r&eacute;daction d&rsquo;un dossier d&rsquo;observation et, de fa&ccedil;on transversale, l&rsquo;acquisition de la langue en contexte acad&eacute;mique. Ce cours est constitu&eacute; en plusieurs &eacute;tapes et alterne formation en groupe-classe et suivi individuel tout au long des 12 semaines qui constituent le semestre. Tout d&rsquo;abord, l&rsquo;enseignant guide les &eacute;tudiants vers la d&eacute;couverte de l&rsquo;ensemble des formations disciplinaires disponibles &agrave; Unicaen et essaie d&rsquo;&eacute;tablir ensuite le profil des &eacute;tudiants et d&rsquo;identifier la discipline vers laquelle ils se dirigent.</p> <p>Dans une deuxi&egrave;me &eacute;tape, les &eacute;tudiants sont invit&eacute;s &agrave; identifier les sp&eacute;cialit&eacute;s et les cours de leur choix. Afin de guider les &eacute;tudiants durant cette observation de cours et d&rsquo;assurer une certaine homog&eacute;n&eacute;it&eacute; des points de rep&eacute;rage, une grille d&rsquo;observation est con&ccedil;ue avec l&rsquo;ensemble du groupe-classe. Les &eacute;tudiants du Carr&eacute; sont invit&eacute;s &agrave; observer le cours choisi de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, &agrave; prendre des notes et &agrave; se comporter comme les &eacute;tudiants francophones malgr&eacute; l&rsquo;absence d&rsquo;examen disciplinaire &agrave; la fin du semestre. Le suivi des &eacute;tudiants prend la forme de rendez-vous individuels ou en petits groupes hebdomadaires. D&rsquo;une part, l&rsquo;enseignant r&eacute;pond aux interrogations de l&rsquo;&eacute;tudiant et t&acirc;che d&rsquo;identifier et de rem&eacute;dier &agrave; ses difficult&eacute;s, d&rsquo;autre part, il guide l&rsquo;&eacute;tudiant dans la constitution et la r&eacute;daction du dossier d&rsquo;observation.</p> <p>1.2.2. Un genre textuel h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne</p> <p>Le dossier d&rsquo;observation, de sept &agrave; dix pages selon le niveau, doit se pr&eacute;senter sous la forme d&rsquo;un texte structur&eacute;, suivant la m&eacute;thodologie classique de r&eacute;daction d&rsquo;un m&eacute;moire universitaire en France. Les diff&eacute;rentes sous-parties du dossier s&rsquo;inscrivent souvent dans des sc&eacute;narios similaires, mettant en exergue la pr&eacute;sentation g&eacute;n&eacute;rale et formelle du cours observ&eacute;, des remarques sur&nbsp; les activit&eacute;s ou les fa&ccedil;ons de faire de l&rsquo;enseignant et celle des &eacute;tudiants, la comparaison avec le syst&egrave;me universitaire d&rsquo;origine et l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue durant les semaines d&rsquo;observation.</p> <p>L&rsquo;objectif du dossier est la pr&eacute;sentation probl&eacute;matis&eacute;e de l&rsquo;exp&eacute;rience en UFR. Malgr&eacute; ses dimensions r&eacute;duites et des objectifs moins ambitieux qu&rsquo;un m&eacute;moire de fin d&rsquo;&eacute;tudes, le dossier d&rsquo;observation universitaire vise aussi une initiation &agrave; l&rsquo;&eacute;crit et &agrave; la m&eacute;thodologie universitaire. Ce dossier s&rsquo;inscrit dans une d&eacute;marche d&rsquo;enseignement concernant une situation de communication sp&eacute;cifique, &agrave; partir des besoins langagiers du public cible (Pollet, 2001) et se situe au croisement de plusieurs genres de discours &eacute;crit&nbsp;: argumentatif d&rsquo;une part, car les &eacute;tudiants sont amen&eacute;s &agrave; justifier leur choix, sp&eacute;cifier leur d&eacute;marche et pr&eacute;ciser leur affiliation universitaire&nbsp;; expositif et descriptif d&rsquo;autre part, car une grande partie du dossier rel&egrave;ve de la description des cours suivis&nbsp;; narratif &eacute;galement car, souvent, les &eacute;tudiants relatent leur exp&eacute;rience ant&eacute;rieure, dans leur pays d&rsquo;origine.</p> <p>Au niveau textuel &eacute;galement, le dossier d&rsquo;observation universitaire s&rsquo;inscrit dans le champ des litt&eacute;racies universitaires, au croisement des caract&eacute;ristiques de diff&eacute;rents types d&rsquo;&eacute;crit. Il emprunte &agrave; la fois les sp&eacute;cificit&eacute;s d&rsquo;un &eacute;crit acad&eacute;mique visant &agrave; valider un cursus (Gettlife, 2018) car il cautionne la note finale obtenue dans le module FOU ou bien d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&eacute;crit de recherche en formation&nbsp;&raquo; (Reuter, 2004) car sa r&eacute;daction constitue une premi&egrave;re &eacute;bauche de la formation au travail de chercheur. C&rsquo;est &eacute;galement, dans une certaine mesure, un journal de formation (Causa, 2007) car il retrace le parcours d&rsquo;un apprentissage m&eacute;thodologique, linguistique et disciplinaire.</p> <p>Les difficult&eacute;s de r&eacute;daction de ce type d&rsquo;&eacute;crit universitaire sont multiples et nous rejoignons dans ce sens Cavalla (2010) qui identifie trois types de lacunes/ difficult&eacute;s&nbsp;: une difficult&eacute; culturelle, car il est demand&eacute; aux &eacute;tudiants internationaux de s&rsquo;adapter assez rapidement au syst&egrave;me universitaire fran&ccedil;ais et &agrave; ses exigences surtout au niveau de la sp&eacute;cificit&eacute; du cours magistral mais &eacute;galement &agrave; un type d&rsquo;&eacute;crit inconnu ; une difficult&eacute; scientifique, car ils suivent des cours dans des disciplines pour lesquelles ils ne sont pas form&eacute;s ou bien pour lesquelles ils sont form&eacute;s en langue maternelle&nbsp;et ils doivent rendre compte dans ce dossier d&rsquo;un vocabulaire souvent difficile et sp&eacute;cialis&eacute; ; une difficult&eacute; linguistique et m&eacute;thodologique, car ils doivent r&eacute;diger un dossier en fran&ccedil;ais, avec toutes les contraintes langagi&egrave;res et formelles que cela implique. Une difficult&eacute; d&rsquo;ordre temporel et logistique s&rsquo;ajoute &agrave; tout cela car les semaines de cours en UFR et au Carr&eacute; sont souvent en d&eacute;calage et nos &eacute;tudiants int&egrave;grent les cours en UFR avec 3 ou 4 semaines de retard ce qui nuit &agrave; la compr&eacute;hension optimale de l&rsquo;ensemble et cr&eacute;&eacute; un sentiment d&rsquo;inconfort. Toutes ces difficult&eacute;s contribuent de fa&ccedil;on constructive au processus d&rsquo;acculturation pluridisciplinaire en FOU.&nbsp;</p> <p>2. Le corpus</p> <p>Afin d&rsquo;illustrer les modalit&eacute;s de manifestation du processus d&rsquo;acculturation, notre attention se portera sur l&rsquo;analyse de quarante-deux dossiers d&rsquo;observations de cours universitaires, de niveaux B2, C1 et C2 entre 2013 et 2020.</p> <p>309 &eacute;tudiants ont &eacute;t&eacute; inscrits dans le cadre du cours &laquo;&nbsp;observation de cours universitaires&nbsp;&raquo; au Carr&eacute; International entre 2013 et 2020. Le premier crit&egrave;re distinguant ces &eacute;tudiants est le projet de poursuite d&rsquo;&eacute;tudes en France. On peut distinguer trois cas : souhait de poursuivre ses &eacute;tudes dans son pays d&rsquo;origine&nbsp;- &eacute;tudiants participant &agrave; un programme de mobilit&eacute; (G1)&nbsp;; projet d&rsquo;&eacute;tudes en France et un retour dans le pays d&rsquo;origine[8] o&ugrave; un dipl&ocirc;me fran&ccedil;ais est valoris&eacute; (G2)&nbsp;; projet d&rsquo;&eacute;tude et de vie en France&nbsp;(rapprochement familial, &eacute;tudiants r&eacute;fugi&eacute;s ou assimil&eacute;s[9])(G3). C&rsquo;est dans cette troisi&egrave;me cat&eacute;gorie qu&rsquo;on observe le plus de reprise d&rsquo;&eacute;tudes et que les &eacute;tudiants sont donc logiquement plus &acirc;g&eacute;s. Si on se r&eacute;f&egrave;re aux travaux de Moro (2002 et 2012), c&rsquo;est la cat&eacute;gorie la plus vuln&eacute;rable. Cette vuln&eacute;rabilit&eacute; est d&rsquo;ailleurs explicitement exprim&eacute;e par l&rsquo;un de ces &eacute;tudiants&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;Le choc culturel rattrape t&ocirc;t ou tard presque tous les &eacute;tudiants &eacute;trangers. En premier arrivent les d&eacute;marches administratives, les difficult&eacute;s li&eacute;es &agrave; la langue et &agrave; l&rsquo;insertion dans la vie sociale. Puis viennent l&rsquo;&eacute;loignement avec les proches et le manque de soutien social et affectif&nbsp;&raquo; (37).[10]</p> <p>Un autre &eacute;l&eacute;ment de vuln&eacute;rabilit&eacute; consiste en la langue maternelle de l&rsquo;&eacute;tudiant et son origine g&eacute;ographique. Dans le DUEF, deux nationalit&eacute;s dominent, les Etats-Unis et la Chine. Les &eacute;tudiants les plus nombreux viennent d&rsquo;Asie (46% des effectifs) et l&rsquo;Europe est assez faiblement repr&eacute;sent&eacute;e (8%) car les &eacute;tudiants europ&eacute;ens privil&eacute;gient souvent les dispositifs d&rsquo;&eacute;changes interuniversitaires ou Erasmus. Enfin, la culture universitaire et scolaire comme la langue maternelle a &eacute;galement une influence sur notre public qui se trouve &ecirc;tre majoritairement un public extra-europ&eacute;en et dont l&rsquo;acculturation est donc plus difficile que pour un public issu de l&rsquo;UE. Notre cohorte d&rsquo;&eacute;tudiants est donc tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne au plan des motivations et des objectifs d&rsquo;insertion en France et dans un cursus universitaire, tout comme au niveau des langues et des origines culturelles.</p> <p>Parmi les 309 dossiers &agrave; notre disposition, 42 ont retenu notre attention pour cet article. Le tableau en annexe 4 pr&eacute;sentant les donn&eacute;es sur les 42 dossiers et leurs auteurs r&eacute;v&egrave;le une assez bonne repr&eacute;sentativit&eacute; des diff&eacute;rents facteurs caract&eacute;risant notre cohorte&nbsp;: les trois niveaux de langue fran&ccedil;aise&nbsp;: B2 (14 dossiers), C1 (27 dossiers), C2 (1 dossier)&nbsp;;&nbsp; les 4 aires g&eacute;ographiques, les 10 pays les plus repr&eacute;sent&eacute;s, les 10 langues les plus repr&eacute;sent&eacute;es, et les diff&eacute;rents niveaux d&rsquo;&eacute;tudes des &eacute;tudiants (Licence, Master, Doctorat) et des diff&eacute;rents champs disciplinaires&nbsp;les plus repr&eacute;sent&eacute;es&nbsp;: sciences humaines, sciences &eacute;conomiques, sciences, droit. Les trois profils G1, G2, G3, concernant les projets d&rsquo;&eacute;tudes, figurent &eacute;galement. Quatre &eacute;tudiants (26) (34) (37) et (39) se consid&egrave;rent explicitement en reprise d&rsquo;&eacute;tudes.</p> <p>3. Analyse du corpus et r&eacute;sultats. &laquo;&nbsp;Le m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant&nbsp;&raquo;&nbsp;: langue, ressenti, strat&eacute;gies</p> <p>Le m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant se manifeste concr&egrave;tement chez les apprenants allophones par une attention port&eacute;e &agrave; la langue, n&eacute;cessaire &agrave; la compr&eacute;hension du cours, &agrave; sa prise en notes, et donne lieu &agrave; un d&eacute;veloppement de diff&eacute;rentes strat&eacute;gies de m&eacute;diation.</p> <p>3.1. Cours en g&eacute;n&eacute;ral&nbsp;: organisation, m&eacute;thode d&rsquo;enseignement, prise de notes</p> <p>La priorit&eacute; d&rsquo;observation est accord&eacute;e aux CM pour des raisons logistiques (l&rsquo;organisation est plus facile en espace et temps pour les enseignants qui dispensent le CM) et m&eacute;thodologiques, car le CM est g&eacute;n&eacute;ralement le cours qui pose le plus de probl&egrave;mes aux &eacute;tudiants &eacute;trangers. En effet, le CM est un discours long qui demande un effort de concentration, des capacit&eacute;s d&rsquo;&eacute;coute et de s&eacute;lection de l&rsquo;information, ainsi que l&rsquo;apprentissage de la prise de notes.</p> <p>Parmi les 42 dossiers analys&eacute;s, nous remarquons que la plupart des &eacute;tudiants &eacute;prouvent les m&ecirc;mes difficult&eacute;s quant &agrave; la compr&eacute;hension : &laquo; Dans le cours du droit commercial, il semble impossible de comprendre ce que le professeur dit&nbsp;&raquo; (2), &laquo;&nbsp;A cet instant l&agrave; sans support concret le contenu du cours reste un peu abstrait pour moi&nbsp;&raquo; (6), &laquo;&nbsp;c&rsquo;&eacute;tait vraiment difficile pour moi de suivre le professeur quand il parle&nbsp;&raquo; (9). Les difficult&eacute;s &eacute;prouv&eacute;es rel&egrave;vent autant du contenu du cours et de la m&eacute;thode d&rsquo;enseignement, que de l&rsquo;organisation classique d&rsquo;un CM (&laquo;&nbsp;On trouve que les cours de CM soutiennent encore la vieille tradition d&rsquo;enseignement dans laquelle la relation entre le professeur et l&rsquo;&eacute;tudiant n&rsquo;est pas appropri&eacute;e&nbsp;&raquo; (17)) et de l&rsquo;absence d&rsquo;interaction professeur-&eacute;tudiant. Ainsi, l&rsquo;&eacute;tudiant (27) t&eacute;moigne&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;En outre, un des points n&eacute;gatifs a &eacute;t&eacute; le fait que cette classe appartient au programme de deuxi&egrave;me ann&eacute;e de licence, ce qui a entra&icirc;n&eacute; une difficult&eacute; additionnelle pour nous &agrave; cause d&rsquo;un manque de connaissances pr&eacute;alables que nous acquerrions pendant la premi&egrave;re ann&eacute;e [&hellip;]. L&rsquo;autre serait peut-&ecirc;tre avoir choisi un cours magistral de droit, qui est assez th&eacute;orique et qui nous a emp&ecirc;ch&eacute; exp&eacute;rimenter des m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement plus pratiques, l&rsquo;utilisation des mat&eacute;riaux p&eacute;dagogiques diff&eacute;rents et une interaction plus active entre le professeur et les &eacute;tudiants et entre camarades eux-m&ecirc;mes&nbsp;&raquo;.</p> <p>La prise de notes occupe une place centrale dans le cours magistral en France (Parpette et Bouchard, 2003) et les &eacute;tudiants &eacute;trangers remarquent tr&egrave;s rapidement la place qu&rsquo;elle occupe dans le CM, ainsi que son importance&nbsp;: &laquo;&nbsp;En histoire il y a beaucoup d&rsquo;informations et &agrave; mon avis la r&eacute;ussite d&eacute;pend surtout de la prise de notes&nbsp;&raquo; (8).</p> <p>La prise de notes est l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment le plus saillant d&rsquo;ailleurs dans la plupart des dossiers consult&eacute;s. Voici un seul t&eacute;moignage, repr&eacute;sentatif de tous les autres&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;j&rsquo;ai pr&eacute;f&eacute;r&eacute; de prendre des notes &agrave; la main parce que trouve que cela peut aider l&rsquo;&eacute;tudiant &agrave; int&eacute;rioriser l&rsquo;information donn&eacute;e en cours. Par contre, c&rsquo;est vraiment mon opinion personnelle, parce que les &eacute;tudiants d&rsquo;histoire m&rsquo;ont expliqu&eacute; que pour eux c&rsquo;est mieux de prendre des notes avec l&rsquo;ordinateur pour ensuite faire des fiches pour r&eacute;viser pour les examens. Ce n&rsquo;&eacute;tait pas le cas pour moi parce que je ne devais pas pr&eacute;senter des examens mais rendre un dossier&nbsp;&raquo; (8).&nbsp;&raquo;</p> <p>3.2. De l&rsquo;expression d&rsquo;une difficult&eacute; linguistique &agrave; la conscientisation de l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue</p> <p>L&rsquo;un des &eacute;l&eacute;ments point&eacute;s par les &eacute;tudiants allophones est la difficult&eacute; d&rsquo;ordre linguistique : &laquo;&nbsp;La langue peut &ecirc;tre une barri&egrave;re importante pour la transmission d&rsquo;id&eacute;es&nbsp;&raquo; (2). La nature de ces difficult&eacute;s est analys&eacute;e&nbsp;: tant&ocirc;t morpho-syntaxique, &laquo;&nbsp;il y avait des conjugaisons que je n&rsquo;ai jamais entendu (sic) ou sur lesquelles je ne me suis pas encore entrain&eacute;e&nbsp;&raquo; (4), tant&ocirc;t lexicale, &laquo;&nbsp;nous trouvons que la chose la plus difficile &agrave; comprendre comme &eacute;tudiant &eacute;tait la diff&eacute;rence parmi les noms des choses en fran&ccedil;ais par rapport &agrave; la langue maternelle&nbsp;&raquo; (25). Les &eacute;tudiants soulignent &eacute;galement deux types de difficult&eacute;s lexicales de l&rsquo;ordre de l&rsquo;&eacute;tendue &laquo; il y a beaucoup de mots nouveaux&nbsp;&raquo; (2), mais aussi de la ma&icirc;trise&nbsp;: &laquo; des mots qui ont des sens diff&eacute;rents qu&rsquo;on pense (par exemple, assiette)&nbsp;&raquo;[11] (2). L&rsquo;&eacute;tendue du lexique est &eacute;galement associ&eacute;e &agrave; une prise de conscience de la variation &laquo;&nbsp;il y a beaucoup de jargons qu&rsquo;on n&rsquo;a jamais entendu (sic)&nbsp;&raquo; (2) et le fait que l&rsquo;&eacute;tudiant utilise ici le terme de &laquo;&nbsp;jargon&nbsp;&raquo; est &eacute;clairant quant &agrave; sa prise de conscience d&rsquo;une langue non standard dans le cours suivi, ce qui nous permet de mettre en avant l&rsquo;acculturation n&eacute;cessaire &ndash; y compris pour des francophones natifs &ndash; &agrave; une forme de litt&eacute;racie universitaire.</p> <p>Les &eacute;tudiants pointent donc une difficult&eacute; linguistique qu&rsquo;ils identifient au plan morpho-syntaxique (c&rsquo;est la dimension toutefois la moins pr&eacute;sente), au plan lexical et au plan de la variation, r&eacute;v&eacute;lant une prise de conscience de la dimension pragmatique de la langue. &Agrave; cette identification de difficult&eacute;s et &agrave; cette prise de conscience sont corr&eacute;l&eacute;es des strat&eacute;gies de m&eacute;diation diverses selon les situations personnelles des &eacute;tudiants&nbsp;(langue maternelle, bagage universitaire, culture &eacute;ducatives unique ou multiples).</p> <p>3.2.1. Strat&eacute;gies d&eacute;ploy&eacute;es pour pallier les difficult&eacute;s linguistiques</p> <p>Certaines strat&eacute;gies sont propos&eacute;es, comme intensifier ses efforts pour apprendre les langues&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cette id&eacute;e m&rsquo;a permis d&rsquo;avoir la volont&eacute; plus forte de travailler le fran&ccedil;ais et l&rsquo;anglais &raquo; (19). Le facteur temps est aussi souvent mentionn&eacute;&nbsp;: ainsi en (37), &laquo;&nbsp;Ce probl&egrave;me sera r&eacute;solu petit &agrave; petit avec le temps.&nbsp;&raquo;. D&rsquo;autres disent se concentrer et chercher les d&eacute;finitions des mots incompris, &laquo;&nbsp;ce qui nous a encourag&eacute;e &agrave; nous concentrer, faire beaucoup attention avec ce que les professeurs &eacute;taient en train de dire et chercher les d&eacute;finitions de tous les mots compliqu&eacute;s&nbsp;&raquo; (32). La mise &agrave; contribution des interlocuteurs et des pairs&nbsp;est &eacute;galement &eacute;voqu&eacute;e, &laquo; j&rsquo;ai r&eacute;ussi &agrave; continuer soit avec l&rsquo;aide de mes amis qui &eacute;tudient le m&ecirc;me domaine soit avec l&rsquo;orientation de notre enseignant &raquo; (37), ou encore la fr&eacute;quentation d&rsquo;&eacute;tudiants fran&ccedil;ais dans le but de mieux int&eacute;grer la culture universitaire fran&ccedil;aise&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pour conna&icirc;tre davantage le syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;ducatif &agrave; tous les niveaux, j&rsquo;ai d&eacute;cid&eacute; de travailler avec Speak 14 o&ugrave; je suis assistante d&rsquo;anglais &agrave; un coll&egrave;ge&nbsp;&raquo; (36). On peut noter que ces trois derni&egrave;res strat&eacute;gies correspondent &agrave; des &eacute;l&eacute;ments mentionn&eacute;s dans son sch&eacute;ma de la &laquo;&nbsp;tension communicative th&eacute;orique selon les comp&eacute;tences&nbsp;&raquo; (Beacco, 2010). En effet le facteur de temps et le fait de s&rsquo;adjoindre un outil (que ce soit un interlocuteur, ou un document de r&eacute;f&eacute;rence) permettent de faciliter la compr&eacute;hension.</p> <p>D&rsquo;autres strat&eacute;gies reposant sur les notions de transparence lexicale, de r&eacute;flexivit&eacute; &agrave; partir de sa propre langue, et de r&eacute;pertoire plurilingue sont int&eacute;ressantes &agrave; exposer, et rejoignent les travaux en didactique des langues. Certains &eacute;tudiants engagent une r&eacute;flexion autour de la transparence lexicale favorisant l&rsquo;intercompr&eacute;hension&nbsp;(Tyveart 2018, Caure 2011)&nbsp;: &laquo; le syst&egrave;me roi-cliente s&rsquo;appelle &laquo;&nbsp;patron client system&nbsp;&raquo; en anglais&nbsp;; la traduction exacte &eacute;tait un peu diff&eacute;rente, mais on peut comprendre facilement que cela parle de la m&ecirc;me chose&nbsp;&raquo;. (25) Les limites de la transparence lexicales sont &eacute;galement mentionn&eacute;es&nbsp;:</p> <p>&laquo;&nbsp;Quand j&rsquo;ai commenc&eacute; &agrave; parler fran&ccedil;ais parfois j&rsquo; &lsquo;inventais&rsquo; des mots seulement parce qu&rsquo;elles se ressemblent en espagnol, je disais &lsquo;Je vais enfermer&rsquo; (je voulais dire que j&rsquo;allais tomber malade mais je disais enfermer parce que ce mot ressemble &agrave; enfermar que signifie tomber malade en espagnol) (23).</p> <p>On peut enfin &eacute;voquer le cas de non transparence et de non ad&eacute;quation entre deux langues&nbsp;: &laquo;&nbsp;En Indon&eacute;sie, nous avons un probl&egrave;me avec les conjugaisons du fait qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas une conjugaison dans la langue Indon&eacute;sienne. [&hellip;] Par exemple, en indon&eacute;sien, au lieu de changer le verbe [&hellip;] nous ajouter le compliment du temps pour ajouter le sens de pass&eacute;.&nbsp;&raquo; (33). En comprenant que cette &eacute;quivalence n&rsquo;existe pas, l&rsquo;&eacute;tudiant se sert de sa langue maternelle comme auxiliaire &agrave; la compr&eacute;hension de la langue cible. &nbsp;</p> <p>La notion de r&eacute;pertoire plurilingue (Coste, Moore &amp; Zarate, 1997), abord&eacute;e par plusieurs &eacute;tudiants (32), (37) et (38) est per&ccedil;ue comme un atout mais aussi une difficult&eacute;. L&rsquo;&eacute;tudiant (38), arabophone de Syrie ayant fait une partie de ses &eacute;tudes en langue anglaise en Jordanie souligne la plus-value d&rsquo;un bon niveau d&rsquo;anglais pour aborder des &eacute;tudes en fran&ccedil;ais : &laquo;&nbsp;c&rsquo;&eacute;tait un grand avantage pour moi d&rsquo;avoir fait mes &eacute;tudes en anglais, parce que m&ecirc;me si j&rsquo;&eacute;tudie en fran&ccedil;ais, les mots techniques sont les m&ecirc;mes en anglais &raquo;. Ce m&ecirc;me &eacute;tudiant aborde un autre point : &laquo;&nbsp;M&ecirc;me si nous &eacute;tudions en fran&ccedil;ais, l&rsquo;informatique est une langue mondiale, la base de programmation a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e en anglais, alors c&rsquo;est pareil dans toutes les langues. [&hellip;] Il y a la m&ecirc;me fa&ccedil;on d&rsquo;enseigner la programmation, la part logique et la part pratique&nbsp;&raquo;. (38). Par ce constat, il d&eacute;montre sa capacit&eacute; &agrave; se poser la question des variations ou des invariants dans l&rsquo;enseignement d&rsquo;une discipline selon les syst&egrave;mes universitaires.</p> <p>Conclusion&nbsp;</p> <p>L&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;avancement actuel de notre travail nous permet de conclure que le processus d&rsquo;acculturation implique une dimension individuelle et collective &agrave; la fois, et que l&rsquo;apprentissage du m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant suppose une comparaison avec le syst&egrave;me universitaire d&rsquo;origine, un rapprochement et une mise &agrave; distance qui permettent une analyse r&eacute;fl&eacute;chie ainsi que la construction de diff&eacute;rentes strat&eacute;gies de m&eacute;diation. Ces strat&eacute;gies sont multiples et on constate qu&rsquo;elles sont parfois li&eacute;es au profil des &eacute;tudiants&nbsp;: ainsi avons-nous pu constater qu&rsquo;un locuteur d&rsquo;une langue proche&nbsp;du fran&ccedil;ais aura tendance &agrave; privil&eacute;gier des strat&eacute;gies reposant sur la transparence lexicale&nbsp;alors qu&rsquo;un locuteur d&rsquo;une langue &eacute;loign&eacute;e&nbsp;tendrait &agrave; faire de cette diff&eacute;rence un outil pour appr&eacute;hender la construction de nouvelles cat&eacute;gories de pens&eacute;es (au plan de la langue ou de la discipline).</p> <p>L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des donn&eacute;es produites par la r&eacute;daction du dossier d&rsquo;observation r&eacute;side dans l&rsquo;exposition par les &eacute;tudiants de leurs processus d&rsquo;acculturation au m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant&nbsp;: difficult&eacute;s langagi&egrave;res, difficult&eacute;s de compr&eacute;hension d&eacute;taill&eacute;e d&rsquo;un CM, apprentissage des strat&eacute;gies pour la prise de notes. Les donn&eacute;es gagneraient toutefois &agrave; &ecirc;tre compl&eacute;t&eacute;es par des enqu&ecirc;tes permettant de cibler les &eacute;l&eacute;ments sur lesquels on souhaite obtenir des informations plus pr&eacute;cises concernant l&rsquo;autor&eacute;flexion autour du processus d&rsquo;acculturation. &nbsp;Les limites du dispositif mis en place sont intrins&egrave;ques &agrave; ses avantages&nbsp;: le fait d&rsquo;osciller entre deux dispositifs (cours de langue et immersion dans les cours disciplinaires) apporte de la souplesse, mais &eacute;galement une forme suppl&eacute;mentaire de complexit&eacute;, car l&rsquo;&eacute;tudiant doit suivre les deux dispositifs &agrave; la fois. Ensuite, il faut &eacute;galement mentionner les limites du statut d&rsquo;observateur de l&rsquo;&eacute;tudiant car par son statut d&rsquo;auditeur libre, sans implication dans le cours et sans &eacute;valuation &agrave; la fin, l&rsquo;&eacute;tudiant risque de manquer parfois de motivation. &nbsp;</p> <p>Nos perspectives&nbsp;r&eacute;sident donc dans le d&eacute;veloppement des ressources et dispositifs &eacute;voqu&eacute;s&nbsp;: questionnaires, une plus forte implication des &eacute;tudiants allophones dans les cours suivis et une participation active, voire &eacute;valu&eacute;e par les enseignants en UFR. Les notions d&rsquo;intercompr&eacute;hension, de strat&eacute;gies r&eacute;flexives d&rsquo;apprentissage et de co-construction du savoir sont &eacute;galement des pistes que nous souhaitons d&eacute;velopper pour y contribuer.</p> <p>Bibliographie</p> <p>Ahmad Yar, Ahmad Wali, et Jourdain, Morgane, &laquo;&nbsp;L&rsquo;enseignement des langues en Belgique : Une enqu&ecirc;te aupr&egrave;s de diff&eacute;rentes cat&eacute;gories de Migrants&nbsp;&raquo;. Le Langage et l&rsquo;Homme, vol. 53, no 2, d&eacute;cembre 2018, p. 19-34. lirias.kuleuven.be, https://lirias.kuleuven.be/2363646.</p> <p>Beacco, Jean-Claude, &laquo;&nbsp;T&acirc;ches, comp&eacute;tences de communication et comp&eacute;tences formelles&nbsp;&raquo;,&nbsp;Synergies Br&eacute;sil, 2010, p.97-105 http://gerflint.fr/Base/BresilSPECIAL1/beacco.pdf</p> <p>Berthelot, Reine, &laquo;&nbsp;Accueil et Migration. Pour une prise de compte des langues et cultures d&rsquo;origine dans l&rsquo;enseignement/apprentissage du fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;. Synergies Europe, vol. 9, 2014, p. 17-90.</p> <p>Camilleri, Carmel (1989), &laquo;&nbsp;La culture et l&rsquo;identit&eacute; culturelle&nbsp;: champ notionnel et devenir&nbsp;&raquo; dans Camilleri, Carmel, Cohen-Emerique, Margalit (dir.), Choc de cultures&nbsp;: Concepts et enjeux pratiques de l&rsquo;interculturel, Paris, L&rsquo;Harmattan, p.21-73.</p> <p>Caure, M&eacute;lisandre, &laquo;&nbsp;Renforcer la famille des langues romanes par la pratique de l&rsquo;intercompr&eacute;hension&nbsp;: le r&ocirc;le des mots transparents&nbsp;&raquo;,&nbsp;dans&nbsp;Dolores &Aacute;lvarez, Patrick Chardenet, Manuel Tost (dir.),&nbsp;L&rsquo;intercompr&eacute;hension et les nouveaux d&eacute;fis pour les langues romanes, Paris, Publications de l&rsquo;Union latine, 2011, p.387-401.</p> <p>Causa, Mariella, &laquo;&nbsp;Un outil pour apprendre &agrave; se former : le Journal de formation&nbsp;&raquo;, Le Fran&ccedil;ais dans le Monde/ Recherches et Applications n&deg;41, 2007, p.169-179.</p> <p>Cavalla, Cristelle, &laquo;&nbsp;La m&eacute;thodologie universitaire&nbsp;: forme et contenu&nbsp;&raquo;, Le Fran&ccedil;ais dans le Monde/ Recherches et Applications, p.153-161, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00699918/file/Cavalla_2010_methodologieFOU.pdf</p> <p>Cohen-&Eacute;merique, Margalit, 1984, Chocs culturels et relations interculturelles dans la pratique des travailleurs sociaux. Formation par la m&eacute;thode des incidents critiques, Cahiers de sociologie &eacute;conomique et&nbsp; culturelle, n&deg;2, 1er semestre, p.183-218.</p> <p>Coste, Daniel, Moore, Danielle et Zarate, Geneviève, Comp&eacute;tence plurilingue et pluriculturelle. Strasbourg, Conseil de l&#39;Europe, 1997.</p> <p>Coulon A. Le m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;tudiant. L&rsquo;entr&eacute;e dans la vie universitaire. Paris : PUF, 1997.</p> <p>Dat, Marie-Ange et Spanghero-Gaillard, Nathalie, &laquo;&nbsp;Les dispositifs d&rsquo;accueil pour les ENAF dans les &eacute;coles publiques&nbsp;&raquo;,&nbsp;Le Fran&ccedil;ais aujourd&rsquo;hui n&deg;&nbsp;164, 2009, p.9-19.</p> <p>Delcambres, Isabelle et Lahanier- Reuter, Dominique, &laquo; Les litt&eacute;racies universitaires : influence des disciplines et du niveau d&rsquo;&eacute;tude dans les pratiques de l&rsquo;&eacute;crit &raquo;, dans Christiane Blaser, Marie-Christine Pollet (dir.), L&#39;appropriation des &eacute;crits universitaires, Namur, Presses universitaires de Namur, 2010, p.11-42.&nbsp;&nbsp;</p> <p>Gettliffe, Nathalie, &laquo;&nbsp;Accompagner l&rsquo;acculturation aux &eacute;crits universitaires : les cours de m&eacute;thodologie du travail universitaire &raquo;, Revue internationale de p&eacute;dagogie de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur [En ligne], 34 (1) | 2018, mis en ligne le 26 mars 2018, consult&eacute; le 19 mai 2019. URL : http:// journals.openedition.org/ripes/1267.</p> <p>Guedat-Bittighoffer, Delphine, &laquo;&nbsp;La scolarisation des &eacute;l&egrave;ves allophones au coll&egrave;ge&nbsp;: &eacute;tude comparative des modalit&eacute;s d&rsquo;organisation de quatre dispositifs d&rsquo;accueil et des effets potentiels sur l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;,&nbsp;Les Sciences de l&#39;&eacute;ducation - Pour l&#39;&Egrave;re nouvelle vol. 48, no. 3, 2015, p.83-107.</p> <p>Gumperz, John, Engager la conversation : introduction à la sociolinguistique interactionnelle, Paris, Minuit, 1989.</p> <p>Mangiante, Jean-Marc et Parpette, Chantal, Le fran&ccedil;ais sur objectifs universitaire, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2011.</p> <p>Moro, Marie-Rose, Enfants d&rsquo;ici venus d&rsquo;ailleurs, Paris, La D&eacute;couverte, 2002.</p> <p>Moro, Marie-Rose, Enfants de l&#39;immigration, une chance pour l&#39;&eacute;cole, Paris, Bayard, 2012.</p> <p>Parpette, Chantal et Bouchard, Robert, &laquo;&nbsp;Gestion lexicale et prise de notes dans les cours magistraux&nbsp;&raquo;, Arob@se n&deg;1-2, p.69-78.</p> <p>Pollet, Marie-Christine, Pour une didactique des discours universitaires. Etudiants et syst&egrave;mes de communication &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, Bruxelles, De Boeck, 2001.</p> <p>Reuter, Yves, &laquo;&nbsp;Analyser les probl&egrave;mes de l&rsquo;&eacute;criture de recherche en formation&nbsp;&raquo;, Pratiques n&deg;121-122, 2004, p.9-27.</p> <p>Salinas, Agn&egrave;s, &laquo;&nbsp;Traduction automatique des langues et mod&eacute;lisations des interactions langagi&egrave;res&nbsp;&raquo;. Langages, 2001, 144, p.99-123.</p> <p>Tyvaert, Jean-Emmanuel, &laquo;&nbsp;Pour une refondation de la didactique des langues sur la base de l&rsquo;intercompr&eacute;hension&nbsp;&raquo;,&nbsp;dans&nbsp;Virginie Conti, Fran&ccedil;ois Grin (&eacute;ds.),&nbsp;S&rsquo;entendre entre langues voisines&nbsp;: vers l&rsquo;intercompr&eacute;hension, Gen&egrave;ve, Georg, 2008, p.&nbsp;251-276.</p> <p>V&eacute;ronique, Daniel, &laquo;&nbsp;L&rsquo;apport des recherches sur l&rsquo;appropriation des langues &eacute;trang&egrave;res &agrave; l&rsquo;enseignement de la grammaire en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;: autour du syntagme nominal&nbsp;&raquo; dans Pascale Tr&eacute;visiol-Okamura et Greta&nbsp;Komur- Thilloy (dir.).&nbsp;Discours, acquisition et didactique des langues, Paris, Orizons, 2011, p. 103-118.</p> <p>Vigner, G&eacute;rard, Le fran&ccedil;ais langue seconde, Paris, Hachette, 2009.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Annexe 1 : Pr&eacute;sentation du corpus</p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_6_image3.png" style="width: 100%; height: 170%;" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>[1] Selon les diff&eacute;rents documents publi&eacute;s par Campus France, citant les statistiques officielles du MESRI (Minist&egrave;re de l&#39;Enseignement sup&eacute;rieur, de la Recherche et de l&#39;Innovation), les &eacute;tudiants hors UE accueillis &agrave; Caen en 2018 repr&eacute;sentent 87% du total des &eacute;tudiants &eacute;trangers.&nbsp;</p> <p>[2] http://international.unicaen.fr/</p> <p>[3] L&rsquo;assimilation est con&ccedil;ue comme une &laquo;&nbsp;absorption totale&nbsp;&raquo; de l&rsquo;individu dans la culture &eacute;trang&egrave;re (Camilleri, 1989&nbsp;: 30).</p> <p>[4] Dans l&rsquo;introduction de son ouvrage de (1997), Alain Coulon consid&egrave;re que &laquo;&nbsp;l&rsquo;entr&eacute;e &agrave; l&rsquo;universit&eacute; peut &ecirc;tre analys&eacute;e comme un passage, au sens ethnologique du terme&nbsp;&raquo;, en trois &eacute;tapes&nbsp;: &laquo;&nbsp;le temps de l&rsquo;&eacute;tranget&eacute;&nbsp;&raquo; car &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;tudiant entre dans un univers inconnu, dont les institutions rompent avec le monde familier qu&rsquo;il vient de quitter&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;le temps de l&rsquo;apprentissage&nbsp;&raquo; o&ugrave; l&rsquo;&eacute;tudiant s&rsquo;adapte progressivement et &laquo;&nbsp;le temps de l&rsquo;affiliation, celui d&rsquo;une ma&icirc;trise relative, qui se manifeste notamment par la capacit&eacute; d&rsquo;interpr&eacute;tation, voire de transgression, vis-&agrave;-vis des r&egrave;gles&nbsp;&raquo; (Coulon, Introduction, pages 2-3).</p> <p>[5] Le choc culturel est d&eacute;fini par Cohen-Emerique (1999&nbsp;: 304) comme &laquo;&nbsp;une r&eacute;action de d&eacute;paysement, plus encore de frustration ou de rejet, de r&eacute;volte et d&rsquo;anxi&eacute;t&eacute; [&hellip;]&nbsp;; en un mot, une exp&eacute;rience &eacute;motionnelle et intellectuelle, qui appara&icirc;t chez ceux qui, plac&eacute;s par occasion ou profession hors de leur contexte, se trouvent engag&eacute;s dans l&rsquo;approche de l&rsquo;&eacute;tranger&nbsp;[&hellip;]&nbsp;&raquo;.</p> <p>[6] UPE2A&nbsp;: unit&eacute;s p&eacute;dagogiques pour &eacute;l&egrave;ves allophones arrivants. Titre g&eacute;n&eacute;rique d&eacute;signant toutes les structures sp&eacute;cifiques de scolarisation des &eacute;l&egrave;ves primo-arrivants en France, &agrave; tous les niveaux scolaires, favorisant l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais langue de scolarisation et une continuit&eacute; p&eacute;dagogique. Ces dispositifs remplacent les classes d&rsquo;accueil (depuis 2012).</p> <p>[7] FLE&nbsp;: fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;; FLS&nbsp;: fran&ccedil;ais langue seconde&nbsp;; FLsco&nbsp;: fran&ccedil;ais langue de scolarisation</p> <p>[8] Voire parfois dans un pays diff&eacute;rent de leur pays d&rsquo;origine et de la France.</p> <p>[9] Sous protection subsidiaire</p> <p>[10] Toutes les citations extraites du corpus des &eacute;tudiants sont restitu&eacute;es sans aucune modification formelle, en verbatim</p> <p>[11] L&rsquo;&eacute;tudiant suit un cours de droit commercial et le mot assiette qu&rsquo;il prend pour exemple a le sens ici d&rsquo;assiette fiscale.</p>