<h1 style="text-align: center;"><strong>Un &laquo; choc en retour &raquo; des enseignements en fran&ccedil;ais (EMILE/CLIL) sur les enseignements de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re (FLE) ?</strong></h1> <p>&nbsp;</p> <p>Th&eacute;matiser les relations entre enseignements du fran&ccedil;ais comme langue &eacute;trang&egrave;re et enseignements de contenus disciplinaires en fran&ccedil;ais, comme le fait la pr&eacute;sente livraison de TDFLE, a le tr&egrave;s grand m&eacute;rite d&rsquo;ouvrir &agrave; nouveau le dossier des m&eacute;thodologies d&rsquo;enseignement, domaine somnolent que la diffusion du CECR avait un tant soit peu agit&eacute;. Cet ensemble de probl&eacute;matiques n&rsquo;est gu&egrave;re plus tr&egrave;s pr&eacute;sent dans le discours des didacticiens, car s&rsquo;y est install&eacute;e une sorte de <i>doxa</i> anesth&eacute;siante. Celle-ci, pour l&rsquo;enseignement &laquo;&nbsp;classique&nbsp;&raquo; du fran&ccedil;ais comme langue &eacute;trang&egrave;re, repr&eacute;sente <i>l&rsquo;approche actionnelle</i> comme constituant la r&eacute;ponse totalisante aux questions relatives &agrave; la nature et &agrave; l&rsquo;organisation des activit&eacute;s d&rsquo;enseignement. Mais cette <i>doxa</i>, dans un m&ecirc;me mouvement, tend &agrave; pr&eacute;senter l&rsquo;enseignement de contenus et de comp&eacute;tences disciplinaires en fran&ccedil;ais (g&eacute;n&eacute;ralement nomm&eacute;&nbsp;: <i>enseignement d&rsquo;une mati&egrave;re par l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re</i> EMILE) comme la solution alternative susceptible de susciter de la motivation chez les apprenants, antidote r&eacute;solutive &agrave; l&rsquo;essoufflement des enseignements en fran&ccedil;ais. Il est donc bienvenu d&rsquo;interroger ces croyances communes qu&rsquo;a cr&eacute;&eacute;es l&rsquo;enseignement de la didactique de FLE, car elles ne sont pas exemptes d&rsquo;approximations qui masquent les relations r&eacute;elles entre enseignements du FLE et enseignements en FLE. Ceux-ci seront caract&eacute;ris&eacute;s au moyen de quelques observations limit&eacute;es effectu&eacute;es dans des manuels de FLE publi&eacute;s en France.&nbsp;</p> <p>Cette opposition volontiers soulign&eacute;e (surtout par les tenants d&rsquo;EMILE) entre les pratiques d&rsquo;enseignement du FLE, pourtant en principe renouvel&eacute;es par <i>l&rsquo;actionnel</i>, et les pratiques EMILE renvoie comme dos &agrave; dos ces deux strat&eacute;gies pos&eacute;es l&rsquo;une et l&rsquo;autre comme innovantes. Elles sont, en principe, cantonn&eacute;es dans des espaces institutionnels bien distincts dans les syst&egrave;mes &eacute;ducatifs (cours de fran&ccedil;ais, enseignement bilingue ou cours EMILE), m&ecirc;me si les porosit&eacute;s sont nombreuses&nbsp;: en t&eacute;moigne, par exemple, l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;une coll&egrave;gue enseignant dans le primaire grec, qui introduit de l&rsquo;EMILE dans une s&eacute;quence d&rsquo;enseignement de g&eacute;ographie en fran&ccedil;ais et qui y voit la r&eacute;ponse aux probl&egrave;mes d&rsquo;enseignement du FLE (Iasonidou 2019) comme aux d&eacute;pens, en quelque sorte de l&rsquo;approche actionnelle ! Cette dichotomie, si elle s&rsquo;av&eacute;rait fond&eacute;e dans les faits, serait plus que paradoxale dans le cadre d&rsquo;une &eacute;ducation plurilingue&nbsp;: la didactique des langues comme mati&egrave;re constitue l&rsquo;espace d&rsquo;intervention permettant de cr&eacute;er des transversalit&eacute;s entre les enseignements des diverses langues &eacute;trang&egrave;res, mais aussi avec l&rsquo;enseignement de la langue de scolarisation principale et avec les enseignements de mati&egrave;res scolaires dans ce qu&rsquo;elles ont toutes de langagier (ce qu&rsquo;on d&eacute;signe souvent par litt&eacute;racie sp&eacute;cifique/<i>subject literacy).</i> Si se d&eacute;noue la relation historique entre pratiques FLE et pratiques EMILE, la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue n&rsquo;est pas pour demain&nbsp;!</p> <p>En fait, dans les repr&eacute;sentations circulantes, ces deux ensembles de pratiques ne sont pas si distantes qu&rsquo;on veut bien le dire, m&ecirc;me si elles ne se confondent pas. On montrera d&rsquo;abord qu&rsquo;elles sont repr&eacute;sent&eacute;es, l&rsquo;une et l&rsquo;autre, comme des d&eacute;marches apportant des solutions d&eacute;finitives ou, &agrave; tout le moins, radicales aux questions de m&eacute;thodologies de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais comme langue &eacute;trang&egrave;re et qu&rsquo;elles partagent certains traits, ceux de la m&eacute;thodologie globaliste (pour cette notion, voir 5).</p> <p>&nbsp;</p> <h2><b>1. La <i>doxa</i> en didactique du FLE&nbsp;: actionnel et EMILE.</b></h2> <p>En effet, la didactique des langues et du fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas &agrave; l&rsquo;abri des repr&eacute;sentations sociales ordinaires, car tout sujet social a fait l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;apprentissage des langues et a adopt&eacute; des &laquo;&nbsp;id&eacute;es&nbsp;&raquo; sur &laquo;&nbsp;comment apprendre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;comment enseigner&nbsp;&raquo;... Les &eacute;l&egrave;ves professeurs n&rsquo;en sont pas exempts, qui ont une longue exp&eacute;rience de l&rsquo;enseignement des langues comme apprenants. Et le discours didactique lui-m&ecirc;me met en circulation des id&eacute;es &laquo;&nbsp;simples&nbsp;&raquo; qui rel&egrave;vent d&rsquo;une sorte d&rsquo;&eacute;vidence consensuelle, sans grand recul critique. Cela est particuli&egrave;rement visible dans la plupart les &laquo;&nbsp;fiches p&eacute;dagogiques&nbsp;&raquo;, genre FLE tr&egrave;s pris&eacute;, disponibles sur bien des sites ou dans des p&eacute;riodiques et qui ont pour fonction de permettre &laquo;&nbsp;l&rsquo;exploitation&nbsp; de documents authentiques&nbsp;&raquo; (termes tr&egrave;s pr&eacute;sents dans la <i>doxa</i> didactique). Les repr&eacute;sentations ordinaires qui sont attach&eacute;es &agrave; l&rsquo;actionnel et &agrave; EMILE pr&eacute;sentent ceux-ci comme dot&eacute;s des m&ecirc;mes vertus.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><strong>1.1 Des id&eacute;es re&ccedil;ues sur l&rsquo;approche actionnelle</strong></h3> <p>Ainsi, pr&eacute;senter &laquo;&nbsp;l&rsquo;approche actionnelle&nbsp;&raquo; de l&rsquo;enseignement des langues comme nouvelle rel&egrave;ve d&rsquo;une vision historique des m&eacute;thodologies d&rsquo;enseignement des langues p&eacute;riodis&eacute;e en &laquo;&nbsp;&eacute;poques&raquo;, dont chacune serait caract&eacute;ris&eacute;e par une approche m&eacute;thodologique particuli&egrave;re, ce qui revient &agrave; opposer celles-ci les unes aux autres dans une sorte d&rsquo;histoire ph&eacute;nom&eacute;nologique h&eacute;g&eacute;lienne. Or, on se saurait caract&eacute;riser l&rsquo;audience des m&eacute;thodologies d&rsquo;enseignement et leurs utilisations effectives sans prendre en consid&eacute;ration leurs formes concr&egrave;tes de diffusion et d&rsquo;influence sur les programmes de langues, les manuels, les pratiques d&rsquo;enseignement... L&rsquo;histoire des m&eacute;thodologies, telle qu&rsquo;elle se pratique en France, se r&eacute;duit &agrave; celle des formes successives et concomitantes que celles-ci prennent dans le foisonnant discours des didacticiens. Elle est souvent justifi&eacute;e par une forme primitive d&rsquo;analyse de discours qui se r&eacute;duit &agrave; des commentaires de citations choisies. Elle est rarement ancr&eacute;e dans une analyse de donn&eacute;es quantitativement fiables et repr&eacute;sentatives des pratiques effectives d&rsquo;enseignement du FLE dans les contextes nationaux et r&eacute;gionaux d&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais.</p> <p>Pour interpr&eacute;ter et mettre en &oelig;uvre l&rsquo;approche actionnelle, il importe donc de ne pas perdre de vue qu&rsquo;elle est le dernier avatar des p&eacute;dagogies actives (et aujourd&rsquo;hui <i>collaboratives</i>) du mouvement de l&rsquo;Ecole moderne (fin du XIX&egrave;me si&egrave;cle) et de la P&eacute;dagogie Freinet. Elle renoue aussi, plus r&eacute;cemment, avec le <i>Task Based Language Teaching, </i>qui est une des interpr&eacute;tations possibles de l&rsquo;approche communicative des<i> </i>ann&eacute;es 80. Mais il semble que certains th&eacute;oriciens, qui voient dans l&rsquo;approche actionnelle une rupture, ont la m&eacute;moire courte (ou des lectures &agrave; compl&eacute;ter). En effet, contrairement &agrave; des st&eacute;r&eacute;otypes didactiques en vogue, le <i>Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues</i> ne pr&eacute;conise aucune m&eacute;thodologie d&rsquo;enseignement particuli&egrave;re. Comme on peut s&rsquo;y attendre pour un document &agrave; valence internationale, il est explicitement pr&eacute;cis&eacute; dans son chapitre 6 et en particulier dans sa section 6.4 (<i>Quelques options m&eacute;thodologiques pour l&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage des langues</i>) que: &laquo;&nbsp;<b>Le Conseil de l&rsquo;Europe a pour principe m&eacute;thodologique fondamental </b>[en gras dans l&rsquo;original] de consid&eacute;rer que les m&eacute;thodes &agrave; mettre en &oelig;uvre pour l&rsquo;apprentissage, l&rsquo;enseignement et la recherche, sont celles que l&rsquo;on consid&egrave;re comme les plus efficaces pour atteindre des objectifs convenus en fonction des apprenants concern&eacute;s dans leur environnement social&nbsp;&raquo; (CECR 6.4). Il n&rsquo;y a donc pas d&rsquo;&laquo;&nbsp;enseignement selon le CECR&nbsp;&raquo;. Tout ceci explique le flou de l&rsquo;approche actionnelle et de ses utilisations concr&egrave;tes, car celle-ci se fonde de mani&egrave;re quasi exclusive sur la notion de t&acirc;che, notion m&eacute;thodologique plut&ocirc;t probl&eacute;matique et trop limit&eacute;e pour permettre d&rsquo;organiser des pratiques d&rsquo;enseignement. Nous y reviendrons.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>1.2 Des id&eacute;es re&ccedil;ues sur les pratiques EMILE</b></h3> <p>De m&ecirc;me, les pratiques EMILE font l&rsquo;objet de quelques id&eacute;es re&ccedil;ues qui les rapprochent de l&rsquo;actionnel. La premi&egrave;re est la croyance toujours proclam&eacute;e de leur efficacit&eacute;. Les effets des activit&eacute;s EMILE sur l&rsquo;implication des apprenants dans des activit&eacute;s linguistiques semblent d&eacute;montr&eacute;s. En fait, cette conviction semble surtout se fonder sur le fait que les activit&eacute;s EMILE s&rsquo;effectuent en anglais dans la majorit&eacute; des cas, langue consid&eacute;r&eacute;e a priori comme la cl&eacute; de la r&eacute;ussite personnelle. Dans certains contextes, les pratiques EMILE sont caract&eacute;ristiques de fili&egrave;res ou d&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;excellence, ce qui leur donne un certain prestige social et garantirait leur efficacit&eacute; accrue. Leurs acquis&nbsp;suppl&eacute;mentaires, qu&rsquo;ils soient linguistiques ou cognitifs, par rapport &agrave; des enseignements &laquo;&nbsp;classiques&nbsp;&raquo;/monolingues des mati&egrave;res ou aux enseignements de langue &eacute;trang&egrave;re, ne sont pas aussi nettement &eacute;tablis et l&rsquo;on admet par consensus que les enseignements EMILE des mati&egrave;res n&rsquo;ont pas d&rsquo;effets n&eacute;gatifs sur l&rsquo;acquisition des contenus disciplinaires. On dispose de bien peu d&rsquo;&eacute;tudes comparatives (apprentissage avec ou sans EMILE), &agrave; volume d&rsquo;exposition &eacute;gal &agrave; la langue cible. Les b&eacute;n&eacute;fices pourraient simplement &ecirc;tre m&eacute;caniques&nbsp;: les apprenants EMILE qui suivent aussi des cours de FLE sont expos&eacute;s plus longtemps &agrave; la langue cible et c&rsquo;est cette diff&eacute;rence dans la dur&eacute;e de l&rsquo;exposition qui pourrait rendre compte &agrave; elle seule des diff&eacute;rences dans les acquisitions.</p> <p>Les rares &eacute;tudes r&eacute;alis&eacute;es portent &agrave; des conclusions tr&egrave;s nuanc&eacute;es&nbsp;: dans une enqu&ecirc;te comparative tr&egrave;s contr&ocirc;l&eacute;e du point de vue m&eacute;thodologique (Dallinger <i>et al.</i> 2016), on montre que des &eacute;tudiants CLIL en histoire acqui&egrave;rent des comp&eacute;tences sup&eacute;rieures en r&eacute;ception de l&rsquo;oral, mais non dans les autres comp&eacute;tences, par rapport &agrave; ceux qui ne suivent pas l&rsquo;enseignement de la mati&egrave;re en anglais ; les connaissances en histoire sont identiques dans les deux groupes observ&eacute;s (avec ou sans CLIL histoire), bien que les &eacute;tudiants CLIL aient b&eacute;n&eacute;fici&eacute; de trois heures de cours d&rsquo;enseignement de cette mati&egrave;re (au lieu de deux pour le groupe non CLIL). Ces r&eacute;sultats sont conformes au bon sens&nbsp;: davantage de temps est consacr&eacute; &agrave; l&rsquo;exposition &agrave; de l&rsquo;oral &agrave; comprendre et, dans la mesure o&ugrave; CLIL/EMILE porte surtout sur les discours sp&eacute;cialis&eacute;s des mati&egrave;res scolaires, les acquis qu&rsquo;il permet ne sont pas n&eacute;cessairement transf&eacute;rables aux &eacute;changes verbaux ordinaires, sauf peut-&ecirc;tre en termes de fluidit&eacute;. Mais d&rsquo;autres enqu&ecirc;tes mettent en lumi&egrave;re des r&eacute;sultats diff&eacute;rents, qui tiennent peut-&ecirc;tre aux comp&eacute;tences disciplinaires concern&eacute;es (&eacute;tude sur l&rsquo;apprentissage des math&eacute;matiques, Gajo &amp; Serra, 2002) et au point de vue adopt&eacute; : ici, l&rsquo;&eacute;tude de la flexibilit&eacute; cognitive des apprenants qui se trouverait d&eacute;velopp&eacute;e par EMILE. En tout &eacute;tat de cause, on ne dispose d&rsquo;aucune d&eacute;monstration massive ou incontestable en mesure de fonder la croyance sur des b&eacute;n&eacute;fices acquisitionnels &eacute;minents d&rsquo;EMILE.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><strong>1.3&nbsp;</strong><b><strong>L</strong>a (vaine) recherche de la m&eacute;thodologie parfaite</b></h3> <p>Ces deux ensembles de repr&eacute;sentations ordinaires reposent sur la conception na&iuml;ve qu&rsquo;il existerait une r&eacute;ponse standard ou universelle aux questions que pose l&rsquo;enseignement des langues et du fran&ccedil;ais, en particulier partout o&ugrave; ses positions sont fragiles ou menac&eacute;es. Or, les difficult&eacute;s peuvent tenir tout simplement au caract&egrave;re extensif de l&rsquo;enseignement (par exemple, trois heures par semaine sur neuf mois), dont le format est align&eacute; sur celui des autres mati&egrave;res scolaires. Ou bien elles peuvent relever de la p&eacute;dagogie et d&eacute;pendre de facteurs comme : la mise en confiance des &eacute;tudiants, la bienveillance, des activit&eacute;s impliquant les apprenants ou collaboratives, la p&eacute;dagogie de projet&hellip;, autant de ressources &eacute;ducatives qui, par ailleurs, peuvent faire partie de quelque m&eacute;thodologie d&rsquo;enseignement des langues que ce soit. Valoriser CLIL/EMILE (malgr&eacute; leurs diff&eacute;rences de d&eacute;nomination, car il y a <i>mati&egrave;re (scolaire)</i> dans EMILE et, g&eacute;n&eacute;riquement, <i>contenus</i> dans CLIL) et inviter &agrave; le g&eacute;n&eacute;raliser revient trop souvent &agrave; le pr&eacute;senter comme ayant recours &agrave; des m&eacute;thodes actives, alors que rien ne les y rattache de mani&egrave;re substantielle. Et l&rsquo;on ne sait pas v&eacute;ritablement si les pratiques EMILE sont aussi actives qu&rsquo;on le dit, quand on peut assez ais&eacute;ment constater qu&rsquo;une grande partie des cours des mati&egrave;res scolaires sont encore &laquo;&nbsp;frontaux&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire constitu&eacute;s par un expos&eacute; suivi de l&rsquo;enseignant (en langue cible), avec peu de place laiss&eacute;e &agrave; des activit&eacute;s des apprenants.</p> <p>Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;approche actionnelle ou de pratiques EMILE, il me semble qu&rsquo;il est illusoire de rechercher une r&eacute;ponse unique et pr&ecirc;te &agrave; l&rsquo;emploi, surtout parmi les derni&egrave;res en date, comme si la nouveaut&eacute;/modernit&eacute; en la mati&egrave;re &eacute;tait une garantie de progr&egrave;s. Il n&rsquo;est d&rsquo;ailleurs pas certain que la notion m&ecirc;me de progr&egrave;s ait une quelconque validit&eacute; en didactique des langues.</p> <p>Le principe de pr&eacute;caution invite &agrave; examiner toutes les approches disponibles, qui devraient &ecirc;tre choisies et utilis&eacute;es en alternance, en fonction des caract&eacute;ristiques des apprenants, des contextes &eacute;ducatifs, des langues en pr&eacute;sence et, en particulier, des cultures et traditions &eacute;ducatives. D&rsquo;ailleurs le CECR invite &agrave; cette prudence qui liste non des m&eacute;thodologies constitu&eacute;es mais des <i>modalit&eacute;s</i> des approches g&eacute;n&eacute;rales de l&rsquo;enseignement (CECR 6.4.1)&nbsp;: celles-ci vont de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;coute de conversation auxquelles on ne participe pas&nbsp;&raquo; &agrave; des &laquo;&nbsp;combinaisons de pr&eacute;sentations, d&rsquo;explications, d&rsquo;exercices (m&eacute;caniques et d&rsquo;activit&eacute;s d&rsquo;expression&nbsp;&raquo;. Quoi qu&rsquo;il en soit, EMILE et l&rsquo;actionnel sont pos&eacute;s comme ayant en commun la m&ecirc;me efficience pour les apprentissages.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>2. La d&eacute;marche actionnelle et EMILE sont-ils des m&eacute;thodologies et des m&eacute;thodologies&nbsp;distinctes ?</h2> <p>Ceci pos&eacute;, la question est de savoir si ces deux modalit&eacute;s d&rsquo;enseignement constituent des m&eacute;thodologies et des m&eacute;thodologies distinctes, non pas pour les &eacute;valuer mais pour d&eacute;terminer en quoi elles sont en mesure de structurer les enseignements de mani&egrave;re coh&eacute;rente et en quoi elles sont susceptibles de se nourrir de leurs diff&eacute;rences.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>2.1 Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;une m&eacute;thodologie d&rsquo;enseignement des langues&nbsp;?</b></h3> <p>A cette fin, il semble n&eacute;cessaire de se fonder sur une d&eacute;finition de ce que l&rsquo;on entend par ce terme. H. Besse (1985&nbsp;: 14) d&eacute;finit ce que nous nommons m&eacute;thodologie comme &laquo;&nbsp;[un] ensemble raisonn&eacute; de propositions et de proc&eacute;d&eacute;s (d&rsquo;ordre linguistique, psychologique, socio p&eacute;dagogique) destin&eacute; &agrave; organiser et &agrave; favoriser l&rsquo;enseignement/apprentissage d&rsquo;une langue&nbsp;&raquo;. En paraphrasant, on dira que les m&eacute;thodologies d&rsquo;enseignement sont &agrave; consid&eacute;rer comme des ensembles solidaires de principes et d&rsquo;activit&eacute;s d&#39;enseignement, organis&eacute;es en strat&eacute;gies, fond&eacute;es en th&eacute;orie (c&#39;est-&agrave;-dire qui s&#39;appuient sur des concepts ou des connaissances &eacute;labor&eacute;s au sein d&#39;autres disciplines impliqu&eacute;es dans l&#39;enseignement des langues) et/ou par la pratique (par son efficacit&eacute; constat&eacute;e, par exemple) et dont la finalit&eacute; est d&rsquo;accompagner les apprentissages. La coh&eacute;rence interne des m&eacute;thodologies est centrale, puisqu&rsquo;elle en d&eacute;finit les contours, alors que leurs &eacute;l&eacute;ments constitutifs ne leur sont pas n&eacute;cessairement propres. Chacune doit apporter des &eacute;l&eacute;ments de r&eacute;ponse &agrave; des choix m&eacute;thodologiques incontournables. Il n&rsquo;est pas possible de les &eacute;num&eacute;rer tous&nbsp;; nous ne retiendrons pour notre propos que :</p> <ul> <li> <p>la possibilit&eacute; de d&eacute;finir de mani&egrave;re explicite des objectifs linguistiques communicationnels, strat&eacute;giques, culturels, interculturels&hellip; et de permettre d&rsquo;y amener les apprenants&nbsp;;</p> </li> <li> <p>celle de d&eacute;finir la progressivit&eacute; de l&rsquo;apprentissage&nbsp;;</p> </li> <li> <p>celle de relier de mani&egrave;re coh&eacute;rente les diff&eacute;rentes activit&eacute;s, de mani&egrave;re &agrave; ce qu&rsquo;elles constituent une <i>s&eacute;quence</i> (ou <i>unit&eacute;</i>) d&#39;enseignement claire et non une succession d&rsquo;activit&eacute;s juxtapos&eacute;es ; celle-ci n&rsquo;est pas ais&eacute;e &agrave; d&eacute;finir, car il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;une <i>le&ccedil;on</i>, qui est en fait une unit&eacute; de temps, ni de<i> modules</i> ou <i>dossiers</i>, comme dans les manuels, qui regroupent des s&eacute;quences. Cela est indispensable pour permettre &agrave; l&rsquo;apprenant de savoir, &agrave; chaque moment, pourquoi il fait ce qu&rsquo;il fait, conscience qui est de nature &agrave; favoriser les processus d&rsquo;apprentissage.&nbsp;</p> </li> </ul> <p>&nbsp;</p> <h3><b>2.2 Les dimensions m&eacute;thodologiques de l&rsquo;approche actionnelle</b></h3> <p>L&rsquo;approche actionnelle n&rsquo;est pas d&eacute;crite dans un texte fondateur. On la relie au CECR, alors que celui-ci met clairement en garde contre une &laquo;&nbsp;interpr&eacute;tation m&eacute;thodologique&nbsp;&raquo; de sa description prototypique et raisonn&eacute;e de l&rsquo;enseignement/apprentissage des langues. De facto, l&rsquo;approche actionnelle semble se confondre avec celle du recours &agrave; des activit&eacute;s et &agrave; des t&acirc;ches, ces derni&egrave;res &eacute;tant, s&eacute;mantiquement, des activit&eacute;s impos&eacute;es (&agrave; faire). La difficult&eacute; est que l&rsquo;enseignement, quelles qu&rsquo;en soient les modalit&eacute;s, est largement fond&eacute; sur des t&acirc;ches que les apprenants doivent r&eacute;aliser. La question &agrave; r&eacute;soudre est donc, en fait, celle de la nature de ces t&acirc;ches. La dimension sociale revendiqu&eacute;e par l&rsquo;actionnel tendrait &agrave; privil&eacute;gier des t&acirc;ches r&eacute;alistes et vraisemblables, qu&rsquo;on pourrait nommer <i>authentiques</i>, m&ecirc;me si elles sont simul&eacute;es, au sens de&nbsp;: permettant aux apprenants de g&eacute;rer des pratiques sociales &eacute;tablies qui comportent le recours &agrave; une/des langue/s.</p> <p>Les crit&egrave;res de choix de ces t&acirc;ches linguistiques-sociales &agrave; enseigner ne sont pas explicit&eacute;s davantage, ce qui laisse une grande marge d&rsquo;incertitude, laquelle n&rsquo;emp&ecirc;che donc pas le recours &agrave; des t&acirc;ches qui sont en fait strictement formelles (vocabulaire, grammaire&nbsp;; voir les pseudo-t&acirc;ches dans Beacco 2008). F. Goullier (2006&nbsp;: 21), dans son commentaire du CECR, souligne la n&eacute;cessit&eacute; de la &laquo;&nbsp;non-gratuit&eacute;&nbsp;&raquo; des t&acirc;ches destin&eacute;es aux apprenants&nbsp;:&nbsp; &laquo; [...], il n&rsquo;y a t&acirc;che que si l&rsquo;action est motiv&eacute;e par un objectif ou un besoin personnel ou suscit&eacute;e par la situation d&rsquo;apprentissage, si les &eacute;l&egrave;ves per&ccedil;oivent clairement l&rsquo;objectif poursuivi et si cette action donne lieu &agrave; un r&eacute;sultat identifiable&nbsp;&raquo;. La justification principale du choix des t&acirc;ches est la notion classique de <i>besoin langagier</i> qui &eacute;tablit ainsi une forte corr&eacute;lation historique et conceptuelle avec l&rsquo;enseignement fonctionnel du fran&ccedil;ais des ann&eacute;es 1975 (voir, en particulier, Porcher 1976). Les t&acirc;ches p&eacute;dagogiques r&eacute;alis&eacute;es en classe doivent pr&eacute;senter de forts apparentements avec les t&acirc;ches linguistiques-sociales pour lesquelles on cherche &agrave; doter les apprenants des connaissances et des comp&eacute;tences n&eacute;cessaires. Ce crit&egrave;re permettant de d&eacute;finir des objectifs pertinents pour des publics diff&eacute;rents est particuli&egrave;rement adapt&eacute; aux apprenants adultes, pour lesquels une anticipation des situations d&rsquo;emploi de la langue-cible est possible. La d&eacute;termination d&rsquo;objectifs sur cette base est peu ais&eacute;e pour des publics jeunes ou scolaires Quant &agrave; des actions en classe &laquo;&nbsp;suscit&eacute;es par la situation d&rsquo;apprentissage&nbsp;&raquo; (selon la formulation de F. Goullier, supra), on conviendra qu&rsquo;elle n&rsquo;est gu&egrave;re op&eacute;rationnelle ni bien discriminante.</p> <p>La progressivit&eacute; des apprentissages et la r&eacute;partition dans la dur&eacute;e de t&acirc;ches de plus en plus complexes du point de vue linguistique ne fait pas l&rsquo;objet d&rsquo;observations particuli&egrave;res dans le discours sur l&rsquo;actionnel et il n&rsquo;est donc d&rsquo;autre ressource programmatique que de recourir aux descripteurs du CERC et aux<i> Descriptions des niveaux de r&eacute;f&eacute;rence du CECR par langue</i> (les DNR) pour calibrer les objectifs linguistiques (fonctions, notions g&eacute;n&eacute;rales, grammaire&hellip;).</p> <p>En termes de coh&eacute;rence, on accepte commun&eacute;ment de consid&eacute;rer que la t&acirc;che sociale-linguistique constitue l&rsquo;unit&eacute; minimale au niveau des objectifs. Les activit&eacute;s d&rsquo;enseignement s&rsquo;analysent en t&acirc;ches p&eacute;dagogiques locales et une t&acirc;che sociale-linguistique se distribue en diff&eacute;rents moments et situations de communication qui requi&egrave;rent la mise en place d&rsquo;activit&eacute;s p&eacute;dagogiques sp&eacute;cifiques. La coh&eacute;rence de ces activit&eacute;s leur est donc donn&eacute;e par celle de la t&acirc;che sociale-linguistique.</p> <p>Sur la base de ces trois crit&egrave;res, on est en droit de consid&eacute;rer que l&rsquo;approche actionnelle ne r&eacute;pond qu&rsquo;en partie aux caract&eacute;ristiques attendues d&rsquo;une m&eacute;thodologie constitu&eacute;e&nbsp;: elle fournit un principe pour la coh&eacute;rence des activit&eacute;s, permet d&rsquo;identifier des objectifs avec cependant une ample marge d&rsquo;incertitude mais elle ne propose pas de crit&egrave;res sp&eacute;cifiques pour la progression et la nature exacte des activit&eacute;s.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>2.3 Les dimensions m&eacute;thodologiques d&rsquo;EMILE</b></h3> <p>La perspective EMILE semble plus vague encore en ce qui concerne ses caract&eacute;ristiques comme m&eacute;thodologie permettant de cadrer des enseignements. Son point fort serait de permettre de d&eacute;finir des objectifs, &agrave; savoir la ma&icirc;trise de comp&eacute;tences en fran&ccedil;ais/langue &eacute;trang&egrave;re permettant l&rsquo;appropriation de connaissances et comp&eacute;tences propres aux mati&egrave;res scolaires. Mais celles-ci n&rsquo;ont pas fait l&rsquo;objet d&rsquo;un ou de plusieurs r&eacute;f&eacute;rentiels sp&eacute;cifiques (par mati&egrave;re) et les indications qui concernent ce point sont rares dans la litt&eacute;rature didactique correspondante.</p> <p>L&rsquo;autre objectif linguistique fr&eacute;quemment observable est de nature lexicale et il concerne le vocabulaire relatif au sujet, lequel ne rel&egrave;ve pas toujours de la terminologie sp&eacute;cialis&eacute;e de la mati&egrave;re Dans l&rsquo;exemple cit&eacute; plus haut (Iasonidou), l&rsquo;accent est mis sur le vocabulaire du syst&egrave;me solaire, avec des &eacute;l&eacute;ments tels que<i> &eacute;toile</i>, <i>satellite</i>. Cette tendance &agrave; privil&eacute;gier le lexique est observable aussi bien chez les enseignants qui organisent des activit&eacute;s en fran&ccedil;ais dans le cycle primaire que chez les enseignants des mati&egrave;res dans les cycles scolaires successifs. La s&eacute;lection du vocabulaire &agrave; enseigner reste largement d&eacute;pendante des contenus abord&eacute;s et elle varie aussi pour un m&ecirc;me sujet, puisqu&rsquo;elle n&rsquo;est cadr&eacute;e par aucun r&eacute;f&eacute;rentiel par mati&egrave;re.</p> <p>Un sch&eacute;ma de s&eacute;quence r&eacute;pandu est celui qui consiste en&nbsp;: l&rsquo;activation de connaissances acquises et du vocabulaire requis, l&rsquo;exposition &agrave; des textes ou vid&eacute;os contenant les connaissances vis&eacute;es (souvent de transposition didactique), la sollicitation de r&eacute;actions de la part des &eacute;tudiants (sous forme de &laquo;&nbsp;discussion&nbsp;&raquo;) ou des activit&eacute;s pratiques v&eacute;rifiant la compr&eacute;hension des concepts et enfin un bilan (Bentley 2010). Rien de tr&egrave;s caract&eacute;ris&eacute;, d&rsquo;autant que l&rsquo;on ne voit pas comment sont g&eacute;r&eacute;es les strat&eacute;gies de compr&eacute;hension et les activit&eacute;s linguistiques, qui portent sur le vocabulaire, la syntaxe et les fonctions.</p> <p>L&rsquo;ambig&uuml;it&eacute; fondamentale r&eacute;side dans la question de savoir si une classe EMILE adopte le format des cours de FLE en prenant appui sur des supports d&rsquo;enseignement relatifs &agrave; la langue utilis&eacute;e ou si elle est gouvern&eacute;e par la didactique de chaque mati&egrave;re o&ugrave; il sera n&eacute;cessaire de d&eacute;finir le <i>r&eacute;gime linguistique</i> des cours (forme de pr&eacute;sence et d&rsquo;alternance des langues). Quoiqu&rsquo;il en soit l&rsquo;approche EMILE est relativement claire pour ce qui est des contenus, puisque ce sont ceux des programmes des mati&egrave;res concern&eacute;es. Mais les programmes linguistiques de ces &laquo;&nbsp;r&eacute;visions&nbsp;&raquo; (et, partant, de la progression) sont tr&egrave;s vagues et rien de pr&eacute;cis n&rsquo;est propos&eacute; pour organiser les activit&eacute;s de classe de mani&egrave;re coh&eacute;rente, en particulier, pour ce qui est de la relation entre les activit&eacute;s li&eacute;es &agrave; la mati&egrave;re et les activit&eacute;s linguistiques.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Il appara&icirc;t donc relativement hasardeux de parler de <i>m&eacute;thodologie</i> aussi bien pour EMILE que&nbsp; pour l&rsquo;actionnel. Ce n&rsquo;est pas un probl&egrave;me en soi, mais cela rend compte de la grande variabilit&eacute; et du flou qui s&rsquo;attachent aux pratiques d&rsquo;enseignement qui s&rsquo;en r&eacute;clament. Ainsi est rendue complexe toute mise en regard frontale des enseignements actionnels du fran&ccedil;ais et des pratiques EMILE en fran&ccedil;ais, observ&eacute;s au niveau des pratiques&nbsp;: elles ne peuvent pas &ecirc;tre oppos&eacute;es comme deux m&eacute;thodologies distinctes, car l&rsquo;une et l&rsquo;autre structurent faiblement les enseignements.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><b>3. La d&eacute;marche EMILE&nbsp;: interpr&eacute;tations ordinaires</b></h2> <p>Devant cette relative indiff&eacute;renciation, nous montrerons d&eacute;sormais que la d&eacute;marche EMILE, interpr&eacute;t&eacute;e comme &eacute;tant autre chose qu&rsquo;une extension des cours de fran&ccedil;ais sous une autre forme, pr&eacute;sente des potentialit&eacute;s m&eacute;thodologiques qui ne pourraient que b&eacute;n&eacute;ficier &agrave; la structuration de l&rsquo;approche actionnelle.</p> <p>Pour cela, il est n&eacute;cessaire de retrouver le sens premier des enseignements EMILE, offusqu&eacute; par sa d&eacute;finition &laquo;&nbsp;molle&nbsp;&raquo;&nbsp;: celle-ci donne lieu &agrave; des pratiques assez peu caract&eacute;ris&eacute;es mais, surtout, qui ne permettent pas d&rsquo;atteindre les finalit&eacute;s et les objectifs que se sont fix&eacute;s ces d&eacute;marches. En fait, y est utilis&eacute;e spontan&eacute;ment par les enseignants, une forme de m&eacute;thodologie ordinaire/globaliste, au sens que lui donne Beacco (2007, 2.2, voir 5), m&eacute;thodologie aussi tr&egrave;s pr&eacute;sente dans les enseignements de fran&ccedil;ais &eacute;tiquet&eacute;s <i>approche actionnelle</i>, ce qui contribue &agrave; une forme d&rsquo;indistinction. Ainsi, &agrave; propos de CLIL sp&eacute;cifiquement, on a parl&eacute; d&rsquo;un <i>umbrella term</i> (Coyle (2008) utilis&eacute; indiff&eacute;remment pour d&eacute;signer tout enseignement en deux langues&nbsp;; cette caract&eacute;risation ne donne que de tr&egrave;s vagues indications sur le choix des &eacute;chantillons de langue qui traitent de &laquo;&nbsp;contenus non-linguistiques&nbsp;&raquo;. Car on peut faire lire un texte traitant de l&rsquo;histoire de la France ou de la pollution atmosph&eacute;rique en classe de fran&ccedil;ais&nbsp;; bien des textes/supports utilis&eacute;s dans EMILE pourraient figurer dans des cours de FLE.</p> <p>On d&eacute;finit la d&eacute;marche EMILE par le fait que des contenus des mati&egrave;res enseign&eacute;es et la langue &eacute;trang&egrave;re sont conjointement impliqu&eacute;s et cela de mani&egrave;re dite g&eacute;n&eacute;ralement <i>&eacute;quilibr&eacute;e</i>. Ce terme ne suffit &eacute;videmment pas &agrave; pr&eacute;ciser comment s&rsquo;articulent langue et contenus disciplinaires. Dans des pratiques observ&eacute;es, on voit ais&eacute;ment que la balance penche plut&ocirc;t du c&ocirc;t&eacute; de la langue. Dans les cours en langue, on pose, par exemple, comme principe de r&eacute;duire au minimum le recours &agrave; la langue premi&egrave;re (qui est le plus souvent la langue principale de scolarisation), tabou h&eacute;rit&eacute; de l&rsquo;&eacute;poque audio-visuelle FLE. Ou bien l&rsquo;accent est mis sur le vocabulaire, qu&rsquo;il appartienne ou non &agrave; la terminologie de la discipline. Particuli&egrave;rement caract&eacute;ristique est cet extrait (qu&rsquo;il m&rsquo;est d&eacute;j&agrave; arriv&eacute; de citer pour sa valeur exemplaire) d&rsquo;une le&ccedil;on dans une classe de primaire (2&deg;) &agrave; Tripoli (Liban) o&ugrave; les math&eacute;matiques sont enseign&eacute;s en fran&ccedil;ais&nbsp;et (non en arabe) :</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>Prof&nbsp;: dans une ferme il y a /quarante six poules et seize lapins/ quinze lapins dix poules s&rsquo;&eacute;chappent/ il y a deux questions/ [puis elle traduit en arabe]&nbsp;/ maintenant avant de faire les deux questions on va expliquer un peu qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;on a dans une ferme/ que veut dire ferme&nbsp;?</p> <p>El&egrave;ve 1 [en arabe&nbsp;: jardin]</p> <p>Prof.&nbsp;: ferme&nbsp;?</p> <p>El&egrave;ve 2 [en arabe&nbsp;: maison]</p> <p>Prof&nbsp;: non</p> <p>El&egrave;ve 3 [en arabe&nbsp;: maison]</p> <p>El&egrave;ve 4 [en arabe&nbsp;: ville]</p> <p>Prof&nbsp;: non</p> <p>[&hellip;]</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <p>L&rsquo;enseignante commence classiquement la s&eacute;quence par l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; d&rsquo;un probl&egrave;me. Mais elle fait tout de suite &eacute;lucider <i>ferme</i>, alors que ce mot n&rsquo;est pas pertinent pour la r&eacute;solution du probl&egrave;me&nbsp;; plus important d&rsquo;ailleurs serait le sens de <i>s&rsquo;&eacute;chapper</i>. R&eacute;flexe lexical ordinaire des enseignants de langue pour lesquels aucun mot ne doit rester inexpliqu&eacute;.</p> <p>Les cours EMILE r&eacute;alis&eacute;s par des enseignants sp&eacute;cialistes de la mati&egrave;re et qui ont des comp&eacute;tences en fran&ccedil;ais adoptent souvent le format de communication&nbsp;: expos&eacute; de l&rsquo;enseignant comportant des questions &agrave; la classe, suivi de r&eacute;ponses de l&rsquo;apprenant et &eacute;valuation des r&eacute;ponses par l&rsquo;enseignant. Voici un extrait assez caract&eacute;ristique (classe 11&deg; en Roumanie&nbsp;; le&ccedil;on sur l&rsquo;appareil digestif), relev&eacute; par Bellini (2008)&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>Prof.&nbsp;:(euh) avec les autres je vous propose des affirmations et vous me [disez] c&#39;est vraie affirmation ou c&#39;est fausse les poumons sont form&eacute;s de lobules et segments sss les poumons sont form&eacute;s de lobules et segments (<i>le professeur lit) </i><b>palmanii sunt formati lobuli si segmente </b>les poumons sont form&eacute;s de lobules et segments c&#39;est vrai ou c&#39;est faux. Petru (<i>en le d&eacute;signant de la main)</i></p> <p>El&egrave;ve 4&nbsp;: oui</p> <p>Prof.&nbsp;: oui&nbsp;</p> <p>El&egrave;ve 4&nbsp;: oui (euh) c&#39;est c&#39;est vrai <i>/</i></p> <p>P. oui /<i> </i>les poumons sont form&eacute;s de lobules et segments / c&#39;est tr&egrave;s bien</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <p>Le terme<i> poumon</i> est associ&eacute; &agrave; sa description, pr&eacute;sent&eacute;e comme une <i>affirmation</i> qu&rsquo;il faut &eacute;valuer. L&rsquo;absence de r&eacute;ponse, apr&egrave;s r&eacute;p&eacute;tition de la question, am&egrave;ne l&rsquo;enseignant &agrave; traduire litt&eacute;ralement en roumain. Puis l&rsquo;enseignant valide la r&eacute;ponse, en r&eacute;p&eacute;tant la formulation initiale pour la quatri&egrave;me fois. On est fond&eacute; &agrave; consid&eacute;rer qu&rsquo;ici l&rsquo;objectif linguistique est au moins aussi important que l&rsquo;objectif disciplinaire, quand celui-ci prend la forme, comme c&rsquo;est visiblement le cas ici, d&rsquo;une acquisition par m&eacute;morisation.</p> <p>L&rsquo;autre dimension affich&eacute;e des activit&eacute;s EMILE ordinaires est de &laquo;&nbsp;r&eacute;viser&nbsp;&raquo; des connaissances d&eacute;j&agrave; acquises dans les cours de FLE. Mais, consid&eacute;rant la faible coordination entre cours de FLE et cours EMILE en FLE, on peut s&rsquo;attendre &agrave; ce que ces contenus d&eacute;pendent finalement de faits linguistiques pr&eacute;sents de mani&egrave;re plus ou moins significative dans les supports (&eacute;crits, oraux, audiovisuels&hellip;) utilis&eacute;s. Rien ne garantit que ces &eacute;l&eacute;ments linguistiques pr&eacute;sents dans les supports fassent vraiment difficult&eacute; pour les apprenants, ce qui supposerait que l&rsquo;enseignant de la mati&egrave;re connaisse bien les ressources en fran&ccedil;ais de chaque apprenant, connaissance qui ne rel&egrave;ve pas de ses comp&eacute;tences didactiques. Ces &laquo;&nbsp;r&eacute;visions&nbsp;&raquo; ne sont probablement pas inutiles, avec cependant un net risque de r&eacute;p&eacute;titivit&eacute;. Le plus souvent ces activit&eacute;s grammaticales empruntent &agrave; la m&eacute;thodologie ordinaire&nbsp;: pr&eacute;sentation et explication/illustration d&rsquo;une &laquo;&nbsp;r&egrave;gle&nbsp;&raquo; par l&rsquo;enseignant, exercices &eacute;crits d&rsquo;application &agrave; r&eacute;ponse ferm&eacute;e On peut nourrir des doutes sur la capacit&eacute; de ces activit&eacute;s &agrave; constituer des rem&eacute;diations.</p> <p>La d&eacute;marche m&eacute;thodologique ordinaire la plus r&eacute;pandue ressemble sans doute &agrave; celle utilis&eacute;e dans la fiche p&eacute;dagogique suivante, accessible sur un site o&ugrave; figurent de nombreuses s&eacute;quences tr&egrave;s semblables &eacute;labor&eacute;es par des enseignants de mati&egrave;res, en formation CLIL/EMILE (IPRASE Trento). Cette fiche, produite par un enseignant en formation, d&eacute;crit la structure d&rsquo;une s&eacute;quence qui est constitu&eacute;e des t&acirc;ches/activit&eacute;s suivantes&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p><b>1</b></p> <p>Introduction of functional language: sea, drop, mountain, river, lake, rain, snow, ice, wind, cloud, sun&hellip;</p> <p>Teacher elicits vocabulary relating to the bodies of water and the weather.</p> <p>Flash cards. Key words. Posters. Song <i>the water cycle for kids</i></p> <p><b>2</b></p> <p>Look and register to learn the specific vocabulary: the water cycle, Evaporation, condensation, precipitation, runoff&hellip;</p> <p>Teacher tells that the process by which water moves and is changed is called the water cycle.</p> <p>To present a model of the water cycle, teacher puts some hot water in a glass and covers it whit a top.</p> <p>Labels, pictures, a cup of glass, Hot water, Worksheet</p> <p>Firstly Teacher to students and then students to students</p> <p><b>3</b></p> <p>Watch a video to review vocabulary relating the water cycle</p> <p>Teacher show a video to present a model of the water cycle</p> <p>Video <i>Bill Nye WaterCycle</i></p> <p><b>4</b></p> <p>Students cut out pictures and use them to do a sequence of water cycle;</p> <p>Students label a worksheets about the specific stages</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <p>A noter que l&rsquo;on ne reproduit ici qu&rsquo;une partie de cette fiche, ce qui tend &agrave; la simplifier. La s&eacute;quence commence par une activit&eacute; d&rsquo;anticipation, tr&egrave;s utilis&eacute;e en lecture de textes en langue &eacute;trang&egrave;re, d&rsquo;ailleurs fort discutable dans son principe. Dans une perspective scientifique, on se serait attendu &agrave; ce que l&rsquo;enseignant mette en &eacute;vidence avec les apprenants leurs savoirs spontan&eacute;s sur le sujet. L&rsquo;enseignant expose ensuite la nature du cycle de l&rsquo;eau et met l&rsquo;accent sur le passage du vocabulaire savant au vocabulaire sp&eacute;cifique (<i>&eacute;vaporation</i>, <i>condensation</i>, <i>pr&eacute;cipitation</i>). On ne pr&eacute;cise pas la forme textuelle que devrait prendre ce discours de vulgarisation. Aucune indication n&rsquo;est donn&eacute;e sur la m&eacute;thodologie employ&eacute;e pour guider la compr&eacute;hension de l&rsquo;oral. L&rsquo;enseignant proc&egrave;de ensuite &agrave; une exp&eacute;rience, mais on ne dit rien de la nature des &eacute;changes avec les apprenants et de la forme du commentaire suivi de l&rsquo;exp&eacute;rience par l&rsquo;enseignant. La v&eacute;rification des acquis s&rsquo;effectue sur des donn&eacute;es graphiques et les activit&eacute;s propos&eacute;s concernent les termes principaux, mais s&eacute;par&eacute;ment et &agrave; la mani&egrave;re de l&rsquo;enseignement du lexique. Cette fiche ne permet pas vraiment de comprendre si et comment l&rsquo;enseignement en langue se distingue de l&rsquo;enseignement de la langue, tant les activit&eacute;s relatives &agrave; l&rsquo;acquisition des connaissances restent dans l&rsquo;ombre de celles consacr&eacute;es &agrave; langue &eacute;trang&egrave;re utilis&eacute;e. Et il est vraisemblable que ce n&rsquo;est pas le sch&eacute;ma propos&eacute; qui est en cause, mais bien l&rsquo;absence de prise en compte explicite des dimensions cognitives de l&rsquo;acquisition des connaissances disciplinaires.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><b>4. EMILE version haute&nbsp;: son potentiel m&eacute;thodologique</b></h2> <p>Cette version ordinaire des activit&eacute;s et des s&eacute;quences EMILE n&rsquo;est pas la seule d&eacute;crite dans la litt&eacute;rature didactique. Une autre interpr&eacute;tation d&rsquo;EMILE rec&egrave;le des potentialit&eacute;s m&eacute;thodologiques qui pourraient contribuer &agrave; une r&eacute;alisation pleine de l&rsquo;approche par t&acirc;ches.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>4.1 EMILE comme acc&egrave;s aux connaissances et &agrave; l&rsquo;expression scientifique en deux langues</b></h3> <p>Une autre conception d&rsquo;EMILE/CLIL consiste &agrave; consid&eacute;rer cette d&eacute;marche comme une strat&eacute;gie d&rsquo;acquisition de comp&eacute;tences scientifiques en deux langues. Il s&#39;agit de cours consacr&eacute;s &agrave; une mati&egrave;re qui utilisent deux langues et c&rsquo;est ce recours &agrave; deux langues qui produirait des b&eacute;n&eacute;fices cognitifs, en termes d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la m&eacute;thodologie de la discipline et de construction des concepts. Dans un article r&eacute;cent, O. Meyer <i>et al.</i> (2015) font &eacute;tat d&rsquo;&eacute;tudes sur les relations entre acquisitions langagi&egrave;res et acquisitions cognitives dans les pratiques CLIL. Les auteurs soulignent, &agrave; partir du concept de<i> litt&eacute;racie</i> (des disciplines), que cette derni&egrave;re doit &ecirc;tre d&eacute;finie, ind&eacute;pendamment de la langue utilis&eacute;e (nationale ou &eacute;trang&egrave;re, mais utilis&eacute;e comme langue d&rsquo;enseignement des mati&egrave;res &ndash; dite aussi langue de scolarisation), comme &eacute;tant le contr&ocirc;le des &laquo;&nbsp;discours secondaires&nbsp;&raquo; par rapport aux &laquo;&nbsp;discours de la familiarit&eacute;&nbsp;&raquo;. On retrouve l&agrave; la distinction entre les formes de la communication ordinaire (Basic Interpersonal Communicative Skill, BICS) et les formes de la communication relatives aux connaissances, quelles qu&rsquo;elles soient (Cognitive Academic Language Proficiency, CALP), distinction rendue populaire par J. Cummins dans l&rsquo;espace anglophone, depuis les ann&eacute;es 1975. Or, une &eacute;tude de C. Dalton-Puffer (2004) montre que, dans les classes CLIL observ&eacute;es, des comp&eacute;tences productives en langue ne sont pas vraiment d&eacute;velopp&eacute;es. Mais, surtout, elle rel&egrave;ve que la dimension CALP, sous la forme de ses fonctions cognitives-linguistiques comme <i>d&eacute;finir</i> ou <i>faire des hypoth&egrave;ses</i>, est tr&egrave;s peu pr&eacute;sente dans les discours de la classe, alors que la ma&icirc;trise des mati&egrave;res scolaires passe par celle de leurs formes linguistiques appropri&eacute;es (CALP).&nbsp;</p> <p>L&rsquo;approche EMILE/CLIL aurait, dans cette perspective haute, deux finalit&eacute;s &eacute;ducatives majeures, qui lui sont sp&eacute;cifiques, relatives l&rsquo;une et l&rsquo;autre au d&eacute;veloppement cognitif-linguistique des apprenants. D&rsquo;une part, en tant qu&rsquo;utilisant une langue &eacute;trang&egrave;re, EMILE/CLIL permet des approches bilingues/plurilingues des concepts et des notions, des proc&eacute;dures, des m&eacute;thodologies et des &eacute;pist&eacute;mologies des disciplines, qui sont fondamentales pour leur compr&eacute;hension. Et, en ce sens, l&rsquo;emploi de deux langues cr&eacute;e de la pluriperspectivit&eacute; cognitive susceptible de favoriser les acquisitions disciplinaires. D&rsquo;autre part, en tant que langue d&rsquo;enseignement des mati&egrave;res, c&rsquo;est-&agrave;-dire, en fait, en tant que langue de scolarisation, EMILE doit permettre aux apprenants d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; l&rsquo;expression scientifique dans une autre langue (le fran&ccedil;ais en l&rsquo;occurrence), ce qui doit se r&eacute;aliser en &eacute;troite collaboration m&eacute;thodologique avec l&rsquo;enseignement des mati&egrave;res dans la langue de scolarisation principale du contexte, lequel a la m&ecirc;me responsabilit&eacute; &agrave; cet &eacute;gard. Le d&eacute;tour par une autre langue assure une forme de souplesse conceptuelle, qui doit conduire les apprenants &agrave; davantage de r&eacute;flexivit&eacute;. Celle-ci se manifeste avant tout &agrave; la capacit&eacute; de g&eacute;rer les diff&eacute;rentes conventions discursives des communaut&eacute;s scientifiques qui se sont construites avec le temps Car, si les d&eacute;marches m&eacute;thodologiques, les cadres &eacute;pist&eacute;mologiques et les concepts sont partag&eacute;s au sein de chaque communaut&eacute;, les formes discursives, surtout &eacute;crites, qui les repr&eacute;sentent, ne le sont pas n&eacute;cessairement : elles d&eacute;pendent de traditions nationales, c&#39;est-&agrave;-dire, en derni&egrave;re instance, des langues. La pluriperspectivit&eacute; cognitive ne passe pas seulement par les termes, diff&eacute;rents d&rsquo;une langue &agrave; l&rsquo;autre, qui r&eacute;f&egrave;rent &agrave; un m&ecirc;me objet de savoir, mais aussi par la diversit&eacute; des formes de la communication qui sont des formes diff&eacute;rentes de &laquo;&nbsp;faire/dire la science&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ces finalit&eacute;s ne se confondent visiblement pas avec des objectifs linguistiques de meilleure ma&icirc;trise de la langue &eacute;trang&egrave;re, en g&eacute;n&eacute;ral, d&eacute;crits plus haut. Une telle absence des finalit&eacute;s cognitives-linguistiques dans la plupart des formations EMILE/CLIL est pr&eacute;occupante, comme cela a &eacute;t&eacute; soulign&eacute; de mani&egrave;re tr&egrave;s argument&eacute;e dans l&rsquo;article&nbsp;: &laquo;&nbsp;Towards a Linguistic-Cognitive Turn in CLIL&nbsp;: Unfolding Integration&nbsp;&raquo; (Reitbauer <i>et al. </i>2018), auquel on invite le lecteur &agrave; se reporter. Car la ma&icirc;trise du discours des disciplines est d&eacute;terminante pour la r&eacute;ussite scolaire.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>4.2 D&rsquo;une &laquo;&nbsp;m&eacute;thodologie EMILE&nbsp;&raquo; &agrave; EMILE comme gestion de l&rsquo;alternance des langues dans les enseignements en fran&ccedil;ais</b></h3> <p>Les cons&eacute;quences de cette mani&egrave;re d&rsquo;appr&eacute;hender les finalit&eacute;s d&rsquo;EMILE/CLIL sont alors assez simples &agrave; &eacute;noncer&nbsp;: <b>la trame m&eacute;thodologique de l&rsquo;enseignement est n&eacute;cessairement celle de la mati&egrave;re enseign&eacute;e, telle que l&rsquo;on peut l&rsquo;&eacute;laborer &agrave; partir de la didactique correspondante </b>(par ex., didactique des math&eacute;matiques ou de la g&eacute;ographie) et non &agrave; partir de la didactique des langues. Cet EMILE/CLIL &quot;cognitif bilingue&quot; consiste &agrave; organiser les enseignements d&#39;une mati&egrave;re en fonction de ses propres principes didactiques, mais en tenant compte du fait que deux langues sont utilis&eacute;es pour enseigner. Il n&rsquo;a pas &agrave; intervenir sur la nature des activit&eacute;s et sur leur mise en s&eacute;quence, mais uniquement sur les modalit&eacute;s de gestion des deux langues co-utilis&eacute;es. Des b&eacute;n&eacute;fices cognitifs sont alors envisageables &agrave; partir de cet emploi &laquo;&nbsp;simultan&eacute;&nbsp;&raquo; de deux langues. Mais <i>simultan&eacute;</i> ne veut pas dire &laquo;&nbsp;emploi de deux langues m&eacute;lang&eacute;es dans le m&ecirc;me &eacute;nonc&eacute;&nbsp;&raquo; (<i>code meshing</i>)&nbsp;; cela renvoie &agrave; l&rsquo;emploi de deux langues dans la classe &agrave; des moments diff&eacute;rents qui permettrait des modalit&eacute;s plus riches d&rsquo;acc&egrave;s aux connaissances. En effet, il ne s&rsquo;agit pas de laisser enseignants et apprenants utiliser les deux langues &agrave; leur gr&eacute;, ce qui reviendrait &agrave; privil&eacute;gier la langue qu&rsquo;ils connaissent le mieux. La micro-alternance, au niveau d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; ou d&rsquo;un bref &eacute;change, est utilis&eacute;e de mani&egrave;re intuitive pour surmonter des difficult&eacute;s limit&eacute;es. Mais, pour rendre possible des acquisitions cognitives-linguistiques, l&rsquo;alternance de leur emploi doit &ecirc;tre d&eacute;finie et utilis&eacute;e de mani&egrave;re consciente et strat&eacute;gique. Elaborer, pour chaque contexte d&rsquo;enseignement, un mod&egrave;le de r&eacute;f&eacute;rence pour l&rsquo;emploi altern&eacute; des langues en classe constitue la base d&rsquo;un contrat p&eacute;dagogique entre enseignants et apprenants qui pourrait permettre d&rsquo;assurer de mani&egrave;re contr&ocirc;l&eacute;e des acquis cognitifs-linguistiques.</p> <p>Cela est rendu possible, malgr&eacute; les diff&eacute;rences didactiques entre les disciplines, par le fait que ces enseignements, quels qu&rsquo;ils soient, partagent des formats de communication verbale qui en structurent les diff&eacute;rents moments. On en trouvera une description dans la section 3&nbsp;: <i>Les formes de la communication en classe et l&rsquo;acquisition des connaissances disciplinaires</i> dans Beacco <i>et al.</i> (2010), r&eacute;sum&eacute;e ici comme suit :&nbsp;</p> <ul> <li><i>l&rsquo;expos&eacute; de l&rsquo;enseignant</i>&nbsp;: l&rsquo;enseignant parle seul et les &eacute;l&egrave;ves sont en situation d&rsquo;&eacute;coute et n&rsquo;interviennent pas ou peu (par ex. demande de clarification). On vise &agrave; ce que les apprenants soient capables de reproduire ces connaissances, signe qu&rsquo;ils les auraient int&eacute;gr&eacute;es&nbsp;;&nbsp;</li> <li><i>l&rsquo;expos&eacute; avec interactions</i>&nbsp;: &agrave; l&rsquo;expos&eacute; sont incorpor&eacute;es des questions aux &eacute;l&egrave;ves, dont l&rsquo;enseignant conna&icirc;t la r&eacute;ponse et il attend celle-ci. L&rsquo;&eacute;change prend alors la forme classique : question; r&eacute;ponse d&rsquo;un l&rsquo;apprenant ; &eacute;valuation de la r&eacute;ponse par l&rsquo;enseignant&nbsp;;</li> <li><i>les &eacute;changes collectifs</i>&nbsp;: ceux-ci ne visent pas &agrave; transmettre un savoir mais &agrave; n&eacute;gocier la signification de ce dont il est question dans la le&ccedil;on. Ces &eacute;changes ressemblent &agrave; des conversations ordinaires.&nbsp;Ce format de communication permet aux apprenants de passer des savoirs ordinaires aux savoirs scientifiques&nbsp;(Renfew &amp; Brown 2007) ;</li> <li><i>les interactions entre apprenants</i>. Elles portent sur la t&acirc;che &agrave; r&eacute;aliser. Si cette derni&egrave;re comporte une dimension verbale (r&eacute;ponse &agrave; une question, production d&rsquo;un compte-rendu &eacute;crit d&rsquo;exp&eacute;rimentation..), les &eacute;changes deviennent m&eacute;talinguistiques. Mais ils peuvent facilement glisser vers du &laquo;&nbsp;priv&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;et prendre le cours des conversations ordinaires&nbsp;;</li> <li><i>les expos&eacute;s par un/des &eacute;l&egrave;ve/s</i>&nbsp;: souvent r&eacute;alis&eacute;es &agrave; l&rsquo;aide de notes ou de Power Point, ils constituent une activit&eacute; d&rsquo;exposition organis&eacute;e qui rel&egrave;ve du discours de divulgation&hellip;. Ils reposent sur la consultation de sources pertinentes et fiables, qui sont transpos&eacute;es. C&rsquo;est une forme d&rsquo;approche du discours scientifique lui-m&ecirc;me&nbsp;;</li> <li><i>la prise de notes</i> par les apprenants, qui correspond &agrave; des strat&eacute;gies tr&egrave;s personnelles (par exemple notes prises spatialement par nuages/bulles et liens)&nbsp;;</li> <li><i>la lecture du manuel</i> ou d&rsquo;autres textes documentaires (audiovisuels, par exemple, comme ceux disponibles sur Internet) qui rel&egrave;ve du lire pour apprendre et pour m&eacute;moriser (et qui peut donc s&rsquo;accompagner de prise de notes) et, plus indirectement, du lire pour &eacute;crire&nbsp;;</li> <li><i>la production de textes &eacute;crits</i>. Les genres de textes attendus des &eacute;l&egrave;ves sont le plus souvent mal caract&eacute;ris&eacute;s. Ils sont souvent ind&eacute;termin&eacute;s (comme le &laquo;&nbsp;r&eacute;sum&eacute;&nbsp;&raquo;) mais pourront se rapporter aux genres de discours relatifs &agrave; la divulgation des connaissances ou m&ecirc;me &agrave; des genres &laquo;&nbsp;non scientifiques&nbsp;&raquo; (par ex., roman historique, lettres &eacute;chang&eacute;es entre les membres d&#39;une soci&eacute;t&eacute; savante&hellip;).&nbsp;</li> </ul> <p>Toute la question est d&rsquo;identifier la forme de distribution des deux langues entre ces formes de communication la plus propice aux acquisitions cognitives-linguistiques (voir aussi Tarja, Dalton-Puffer &amp; Llinares Garc&iacute;a 2013). Celle-ci d&eacute;pend tr&egrave;s vraisemblablement&nbsp;:</p> <blockquote> <p>de chaque mati&egrave;re scolaire et des disciplines scientifiques de r&eacute;f&eacute;rence concern&eacute;es ;</p> <p>de la place occup&eacute;e par les diff&eacute;rents formats de communication utilis&eacute;s dans la classe en fonction de la d&eacute;marche m&eacute;thodologique propre &agrave; chaque mati&egrave;re&nbsp;;</p> <p>des activit&eacute;s cognitives concern&eacute;es&nbsp;;&nbsp;</p> <p>de l&rsquo;enseignant et, en particulier, de son degr&eacute; de ma&icirc;trise du fran&ccedil;ais&nbsp;;</p> <p>du degr&eacute; de ma&icirc;trise de langue &eacute;trang&egrave;re des apprenants;</p> <p>[&hellip;]</p> </blockquote> <p>On pose que ces formes de r&eacute;f&eacute;rence de l&rsquo;alternance doivent &ecirc;tre &eacute;labor&eacute;es par les didacticiens des disciplines et des langues et mises au point dans des recherches-actions organis&eacute;es, m&ecirc;me si chacune est propre &agrave; une mati&egrave;re donn&eacute;e. Consid&eacute;rant l&#39;&eacute;tat de la recherche sur cette question, ces d&eacute;cisions reviennent, pour le moment, &agrave; l&#39;enseignant d&rsquo;une mati&egrave;re en fran&ccedil;ais&nbsp;: il importe alors de le sensibiliser &agrave; ces questions, car il a la responsabilit&eacute; d&rsquo;&eacute;valuer les b&eacute;n&eacute;fices escompt&eacute;s de l&rsquo;emploi d&rsquo;une langue, de l&rsquo;autre ou de deux simultan&eacute;ment dans chaque forme de communication.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>4.3 Un moteur m&eacute;thodologique&nbsp;: les genres discursifs comme fondement pour EMILE</b></h3> <p>Dans l&rsquo;espace de la classe EMILE, ce qui importe pour l&rsquo;organisation de l&rsquo;enseignement est bien la gestion des formats de communication verbale, mais aussi la connaissance des formes linguistiques que celle-ci re&ccedil;oit. Or, elles ne sont pas al&eacute;atoires, car ces textes oraux ou &eacute;crits, comme tous les textes, sont la r&eacute;alisation de <i>genres de discours</i>. De la sorte, les textes qui rel&egrave;vent d&rsquo;un m&ecirc;me genre peuvent pr&eacute;senter une structure partag&eacute;e ou des r&eacute;alisations verbales ritualis&eacute;es, plus ou moins communes (Beacco 2004).</p> <p>&nbsp;</p> <p><b><i>L&rsquo;expression scientifique&nbsp;: les fonctions cognitives-linguistiques</i></b></p> <p>Pour construire un &laquo;&nbsp;programme linguistique&nbsp;&raquo; propre &agrave; une mati&egrave;re scolaire, il est ainsi n&eacute;cessaire de disposer d&rsquo;un inventaire des comp&eacute;tences disciplinaires impliqu&eacute;es, par exemple, pour l&rsquo;histoire&nbsp;: formuler les bonnes questions &agrave; propos des documents disponibles ; analyser les sources d&rsquo;information disponibles et faire la distinction entre sources primaires et secondaires&hellip;&nbsp; Mais il convient aussi de d&eacute;crire chaque genre de discours et ses &eacute;l&eacute;ments constitutifs, par exemple, pour le genre &nbsp;expos&eacute; : interpr&eacute;ter des donn&eacute;es quantitatives ou &laquo; [le]&deg;d&eacute;velopper de mani&egrave;re claire et m&eacute;thodique, en en soulignant les points significatifs &raquo; (descripteur B2 du <i>Cadre europ&eacute;en de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues</i>, p. 50). Ces &eacute;l&eacute;ments constitutifs des genres de discours sont, en particulier, des <i>fonctions cognitives-linguistiques</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire les repr&eacute;sentations discursives des processus cognitifs activ&eacute;s pour l&rsquo;&eacute;laboration ou l&rsquo;exposition du savoir, soit des op&eacute;rations cognitives comme : <i>calculer, classifier, comparer, d&eacute;crire/repr&eacute;senter, d&eacute;duire&hellip;</i> (Beacco 1988, Schleppegrell, 2004). Pour chacune, il est possible d&rsquo;identifier les ressources linguistiques n&eacute;cessaires &agrave; leurs r&eacute;alisations, propres &agrave; un genre donn&eacute; dans une discipline donn&eacute;e. D&eacute;finir en histoire peut se r&eacute;aliser par une s&eacute;rie d&rsquo;exemples, par une/des comparaisons, par l&rsquo;&eacute;tymologie... Ce qui renvoie &agrave; la ma&icirc;trise de formes linguistiques comme&nbsp;: <i>par exemple</i>, <i>&agrave; titre d&rsquo;exemple</i>, <i>ces exemples montrent que</i>&hellip;, <i>d&rsquo;apr&egrave;s ces exemples</i>&hellip; (Beacco 2010). Les fonctions cognitives-linguistiques sont utilis&eacute;es de mani&egrave;re isol&eacute;e ou sont peu reli&eacute;es entre elles dans les interactions orales en classe, du fait du caract&egrave;re improvis&eacute; de celles-ci. Il est tout &agrave; fait envisageable de cr&eacute;er des inventaires de leurs r&eacute;alisations verbales, &agrave; la mani&egrave;re des fonctions des <i>Descriptions des niveaux du CECR par langue</i> ou des <i>Niveaux-seuil</i>.</p> <p><b><i>L&rsquo;expression scientifique&nbsp;: les textes</i></b></p> <p>Les textes suivis monologaux (expos&eacute; de l&rsquo;enseignement et, surtout, texte du manuel) sont plus proches des textes produits dans les communaut&eacute;s scientifiques, m&ecirc;me s&rsquo;ils demeurent des discours de transmission des connaissances (et non d&rsquo;exposition/discussion des connaissances).</p> <p>La prise de conscience par les apprenants des r&egrave;gles/r&eacute;gularit&eacute;s de leur fonctionnement doit alors s&rsquo;appuyer sur une analyse de discours men&eacute;e en bonne et due forme. On donne ici &agrave; titre d&rsquo;exemple, l&rsquo;analyse d&rsquo;un extrait d&rsquo;un manuel d&rsquo;histoire destin&eacute; aux &eacute;l&egrave;ves fran&ccedil;ais de 3&deg;ann&eacute;e primaire, r&eacute;alis&eacute; avec de tels instruments<a all="" council="" europe="" href="#1b" in="" language="" name="1h" of="" subjects:="" the="" title="Exemple déjà présenté dans 2017 : "><sup>1</sup></a>.</p> <hr /> <p><b>Pourquoi parle-t-on de Gallo-Romains&nbsp;?</b></p> <p>Les Romains ne cherchent pas &agrave; opposer les vainqueurs et les vaincus. Les notables gaulois, personnages importants, participent &agrave; la direction des villes et du pays. Au fil des ann&eacute;es, les Gaulois disposeront des m&ecirc;mes droits que les Romains.</p> <p>La Gaule se romanise&nbsp;: les Gaulois adoptent les croyances, la mani&egrave;re de vivre et la langue des Romains, le latin. Ils conservent n&eacute;anmoins certaines traditions, leurs dieux et leur savoir-faire dans l&rsquo;artisanat et l&rsquo;agriculture. Ce m&eacute;lange de nouveaut&eacute; et de tradition forme la civilisation gallo-romaine.</p> <p><b><i>(Odysseo &ndash; Histoire-G&eacute;ographie CE2, Magnard, 2013, page 42)</i></b></p> <hr /> <p>Ce texte est centr&eacute; sur &laquo;&nbsp;d&eacute;finir&nbsp;&raquo;&nbsp;(fonction cognitive-linguistique)&nbsp;; la question initiale trouve sa r&eacute;ponse dans la derni&egrave;re phrase du texte (&hellip;<i> forme la civilisation gallo-romaine</i>)<i>. </i>Cette d&eacute;finition est donn&eacute;e par une &eacute;num&eacute;ration d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments, non reli&eacute;s par des conjonctions. Elle prend la forme d&rsquo;une description (avec &eacute;l&eacute;ments de r&eacute;cits). On utilise des phrases simples (sans subordonn&eacute;es) au pr&eacute;sent dit <i>historique </i>(avec une anticipation&nbsp;: <i>disposeront</i>). Le caract&egrave;re double de la notion est d&eacute;velopp&eacute; par deux paragraphes, qui concernent la politique de Rome en Gaule et les r&eacute;actions des populations locales, repr&eacute;sent&eacute;es par des pluriels: <i>Romains</i>, <i>Gaulois</i>). Ces termes sont r&eacute;p&eacute;t&eacute;s, ce qui assure une bonne lisibilit&eacute; des reprises anaphoriques (&agrave; la diff&eacute;rence de <i>gallo-romain/m&eacute;lange</i>&nbsp;; voir infra).</p> <p>La premi&egrave;re partie de la d&eacute;finition est une affirmation (<i>ne cherchent pas &agrave; opposer</i>) illustr&eacute;e par deux exemples (<i>direction des villes</i>, <i>droits</i>). Le second adopte la m&ecirc;me structure&nbsp;: une assertion (<i>se romanise</i>) et des donn&eacute;s/exemples (apr&egrave;s les deux points&nbsp;: <i>croyances, mani&egrave;re de vivre, langue</i>). Un correctif est apport&eacute; (introduit par <i>n&eacute;anmoins</i>), toujours sous forme d&rsquo;exemples (<i>certaines traditions, dieux &hellip;)</i>. Des mots g&eacute;n&eacute;riques (<i>se romanise&nbsp;; tradition</i>) permettent de passer des faits concrets &agrave; <i>ce m&eacute;lange</i>, terme qui est comme un r&eacute;sum&eacute; final. Ce terme non scientifique (qui reprend aussi <i>gallo-romain</i>) permet d&rsquo;&eacute;viter des termes plus techniques comme <i>m&eacute;tissage, acculturation</i> de mani&egrave;re &agrave; s&rsquo;adapter au niveau des apprenants. Des d&eacute;finitions sont donn&eacute;es au fil du texte (<i>notable = personnages importants&nbsp;; langue de Romains = latin</i>). On n&rsquo;utilise aucun fait/lieu pr&eacute;cis (d&eacute;sign&eacute; par un nom propre) mais des termes abstraits, souvent au pluriel (<i>droits, croyances, traditions, savoir-faire&hellip;</i>), avec des d&eacute;terminants ind&eacute;finis (<i>des, certaines</i>). Cette forme de la repr&eacute;sentation du savoir historique permet de rester sur un plan g&eacute;n&eacute;ral, non probl&eacute;matis&eacute;, adapt&eacute; &agrave; la strat&eacute;gie de transposition didactique.</p> <p>On fait l&rsquo;hypoth&egrave;se que la perception des traits les plus importants de ce texte est de nature &agrave; faciliter le guidage de sa lecture par les apprenants, voire &agrave; permettre de les accompagner dans la production de textes similaires. R&ocirc;le d&eacute;j&agrave; &laquo;&nbsp;ancien&nbsp;&raquo; assign&eacute; &agrave; l&rsquo;analyse de discours en didactique du FLE (voir Beacco &amp; Darot 1984, puis Dalton-Puffer 2004). Il est bien &eacute;vident que l&rsquo;analyse propos&eacute;e plus haut l&rsquo;est &agrave; des fins d&eacute;monstratives et qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas imm&eacute;diatement accessible &agrave; un enseignant d&rsquo;histoire.</p> <p>Tout ceci implique que les enseignants EMILE soient sensibilis&eacute;s &agrave; ces questions linguistiques. Il ne s&rsquo;agit pas de faire d&rsquo;eux des linguistes, mais de pr&eacute;voir des formations dans ce domaine et, surtout, d&rsquo;&eacute;tablir les bases de collaborations avec les enseignants de FLE classiques (qui peuvent &ecirc;tre amen&eacute;s &agrave; utiliser des textes d&rsquo;orientation scientifique, en particulier dans les formations sur objectifs sp&eacute;cifiques) et avec ceux de la langue de scolarisation, qui ont &agrave; pr&eacute;parer les apprenants aux cours des autres mati&egrave;res donn&eacute;s dans cette langue. Nous ne sommes certes pas les premiers &agrave; sugg&eacute;rer ce genre de convergences (pour l&rsquo;anglais en France, voir Chaplier 2013, 6.4.1 et aussi 6.4.2 pour l&rsquo;alternance des langues).</p> <p>Il importe aussi de faire une place majeure dans les enseignements EMILE aux textes &eacute;crits (car ce sont eux qui se rapprochent le plus de l&rsquo;expression scientifique effective), en organisant des activit&eacute;s de lecture et en pr&eacute;voyant des activit&eacute;s de production &eacute;crite de genres de textes, dont la nature et les caract&eacute;ristiques formelles et structurelles auront &eacute;t&eacute; clairement identifi&eacute;es. Et enfin, il convient de tirer parti du fait que cet enseignement en deux langues est aussi une exp&eacute;rience de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; discursive&nbsp;: l&rsquo;appropriation des connaissances en deux langues permet des formes de pluriperspectivit&eacute; cognitive favorable aux apprentissages, mais c&rsquo;est aussi une exp&eacute;rience de la diversit&eacute; culturelle des discours, omnipr&eacute;sente dans l&rsquo;enseignement des langues et cruciale dans les formes textuelles de l&rsquo;expression scientifique. En effet, dans une m&ecirc;me communaut&eacute; scientifique, qui a en partage concepts, &eacute;pist&eacute;mologies, m&eacute;thodologies &hellip; la forme des textes produits est diff&eacute;rente d&rsquo;une langue &agrave; l&rsquo;autre, puisque la bonne forme des genres de discours (leur &laquo;&nbsp;propri&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;, au sens de D. Hymes) utilis&eacute;s pour la communication scientifique et technique, est command&eacute;e par des &laquo;&nbsp;r&egrave;gles&nbsp;&raquo; (souvent non explicites) diff&eacute;rentes. Ce &laquo;&nbsp;d&eacute;tour&nbsp;&raquo; par un CALP en langue &eacute;trang&egrave;re est de nature &agrave; favoriser l&rsquo;acquisition du CALP en langue premi&egrave;re, qui est fondamentale pour la r&eacute;ussite scolaire des apprenants. En effet, on peut raisonnablement avancer que &laquo;&nbsp; [&hellip;] la ma&icirc;trise des connaissances ne se r&eacute;duit aucunement &agrave; celle du langage qui permet de les exprimer [&hellip;]. Le langage des apprenants utilis&eacute; dans les mati&egrave;res scientifiques, artistiques et techniques (dont, partiellement, les enseignements de la/des langue/s de scolarisation) est &agrave; consid&eacute;rer par les enseignants de ces mati&egrave;res comme un ensemble d&rsquo;indices de surface permettant indirectement d&rsquo;observer leurs acquis cognitifs. Mais, inversement en quelque sorte, si les apprenants acqui&egrave;rent les &laquo;&nbsp;bons moyens&nbsp;&raquo; linguistiques de communiquer relativement aux connaissances, alors cette ma&icirc;trise est peut-&ecirc;tre en mesure d&rsquo;influencer positivement leurs acquisitions et de les amener aux postures et d&eacute;marches scientifiques recherch&eacute;es.&nbsp;&raquo; (Beacco <i>et al.</i> 2010). L&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;Ecole constitue un d&eacute;paysement discursif que masque l&rsquo;usage d&rsquo;une langue r&eacute;put&eacute;e connue, constat d&eacute;j&agrave; effectu&eacute; dans la didactique des disciplines en France depuis les ann&eacute;es 80 (voir collectif INRP 1983 ou Caillot 1994).</p> <p>&nbsp;</p> <p>Recentrer ainsi les approches EMILE revient &agrave; les inscrire dans une dynamique de refondation. Celle-ci est en mesure de cr&eacute;er des perspectives de recherche en m&eacute;thodologie des enseignements des langues, en g&eacute;n&eacute;ral, et d&rsquo;en devenir le &laquo;&nbsp;moteur&nbsp;&raquo;. On est en droit d&rsquo;attendre des avanc&eacute;es en termes de gestion de l&rsquo;alternance des langues, de connaissance de formes de l&rsquo;expression scientifique et de transposition des connaissances en fran&ccedil;ais et dans les langues de scolarisation des apprenants ou encore de nouvelles formes de collaboration entre enseignants de langue &eacute;trang&egrave;re, des disciplines et de langue de scolarisation. Mais ind&eacute;pendamment de cela, une v&eacute;ritable approche EMILE en fran&ccedil;ais, non con&ccedil;ue comme une annexe du cours de FLE, ne peut que prendre la forme d&rsquo;un retour aux origines de l&rsquo;approche communicative, qui se fonde sur la centralit&eacute; de la communication et donc des comp&eacute;tences de communication verbale et des textes/discours.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><b>5. &Agrave;&nbsp;la recherche de l&rsquo;actionnel</b></h2> <p>Or, l&rsquo;approche actionnelle, si elle veut &ecirc;tre ce qu&rsquo;elle ambitionne d&rsquo;&ecirc;tre, doit prendre le m&ecirc;me chemin, pour ne pas rester une modification cosm&eacute;tique des mani&egrave;res d&rsquo;enseigner le fran&ccedil;ais comme langue &eacute;trang&egrave;re. En effet, si l&rsquo;on effectue un sondage dans les manuels FLE publi&eacute;s r&eacute;cemment par les &eacute;diteurs fran&ccedil;ais, il est ais&eacute; de constater que l&rsquo;introduction de cette &laquo;&nbsp;nouvelle&nbsp;&raquo; m&eacute;thodologie n&rsquo;a pas produit les bouleversements annonc&eacute;s dans les discours de certains didacticiens.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>5.1 Actionnel ou projet&nbsp;?</b></h3> <p>En premier lieu, la place des &laquo;&nbsp;t&acirc;ches&nbsp;&raquo;, quelles que soient les ambig&uuml;it&eacute;s attach&eacute;es &agrave; ce terme, ne s&rsquo;en trouve pas augment&eacute;e de mani&egrave;re significative. Dans un manuel publi&eacute; par un &eacute;diteur qui affiche son ancrage dans la &laquo;&nbsp;perspective actionnelle&nbsp;&raquo; (<i>D&eacute;fi 1,</i> quatri&egrave;me de couverture), les t&acirc;ches (sur support papier ou num&eacute;rique) occupent une place tr&egrave;s limit&eacute;e en fin de &laquo;&nbsp;dossier&nbsp;&raquo;&nbsp;: dessiner un arbre g&eacute;n&eacute;alogique (dossier 01), r&eacute;aliser des statistiques sur les familles de la classe (dossier 02), cr&eacute;er un spot publicitaire pour soutenir les commerces de proximit&eacute; (dossier 07), cr&eacute;er une brochure sur les gestes anti-gaspillage (dossier 08)&hellip; La plupart sont des t&acirc;ches langagi&egrave;res sans dimensions sociales effectives et elles ne se distinguent pas v&eacute;ritablement d&rsquo;activit&eacute;s pour l&rsquo;apprentissage de la langue qui entreraient dans la cat&eacute;gorie traditionnelle&nbsp;: <i>activit&eacute;s de r&eacute;emploi</i>. De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, <i>actionnel</i> est interpr&eacute;t&eacute; comme r&eacute;alisation de projets de groupe, comme les <i>Ateliers 2.0</i> du manuel <i>Saison 1</i>&nbsp;: cr&eacute;er un mini-guide de sa ville (module 2, unit&eacute; 6), r&eacute;aliser une newsletter (module 3, unit&eacute; 8) ou pr&eacute;parer une exposition (module 3, unit&eacute; 9) ou comme les <i>Projets de classe</i>,<i> </i>&agrave; r&eacute;aliser de mani&egrave;re collaborative, de <i>Cosmopolite A2</i>&nbsp;: postuler &agrave; un &laquo;&nbsp;job de r&ecirc;ve&nbsp;&raquo; (fin du dossier 3), &eacute;crire un article sur un sujet d&rsquo;actualit&eacute; pour publier dans un journal citoyen (fin du dossier 8).</p> <p>Ces activit&eacute;s sont certes bienvenues mais, confin&eacute;es en fin de module/dossier, elles font figure d&rsquo;appoint aux activit&eacute;s propos&eacute;s dans les pages ant&eacute;rieures de ces manuels, pages o&ugrave; l&rsquo;on chercherait en vain de l&rsquo;actionnel. Ces projets et, &agrave; plus forte raison, la pr&eacute;paration &agrave; g&eacute;rer des t&acirc;ches sociales r&eacute;alistes, ne servent pas &agrave; structurer l&rsquo;ensemble des activit&eacute;s d&rsquo;apprentissage, comme on pourrait s&rsquo;y attendre quand on dit s&rsquo;inscrire dans une m&eacute;thodologie constitu&eacute;e. Tout se passe comme si dans <i>t&acirc;ches sociales</i>, on avait oubli&eacute; <i>social</i> pour ne conserver que <i>t&acirc;ches</i>, ce qui est d&rsquo;un b&eacute;n&eacute;fice quasi nul, puisque n&rsquo;importe quelle forme d&rsquo;enseignement (sauf les projets autog&eacute;r&eacute;s) est organis&eacute;e par des activit&eacute;s &laquo;&nbsp;impos&eacute;es&nbsp;&raquo; aux apprenants par l&rsquo;enseignant ou le manuel, c&rsquo;est-&agrave;-dire par des t&acirc;ches de nature communicative ou m&eacute;talinguistique.</p> <p>Cependant, structurer les enseignements de la sorte ne pose pas de probl&egrave;mes d&rsquo;organisation m&eacute;thodologique insolubles, comme les montrent les formations destin&eacute;es aux adultes et, en particulier, aux adultes migrants, qui sont tenues de pr&eacute;senter un haut degr&eacute; de vraisemblance sociale pour cr&eacute;er de la motivation. La notion de sc&eacute;nario social (voir 2.2 supra) a une d&eacute;j&agrave; longue histoire en didactique du FLE, que l&rsquo;on peut faire remonter &agrave; l&rsquo;&egrave;re du fran&ccedil;ais fonctionnel, avec le sc&eacute;nario de recherche d&rsquo;un emploi &eacute;labor&eacute; par P. Colombier &amp; J. Poilroux (1977). Elle a &eacute;t&eacute; remise en lumi&egrave;re par le Conseil de l&rsquo;Europe (Rossner 2014) et est utilis&eacute;e de mani&egrave;re massive et strat&eacute;gique dans les formations destin&eacute;es aux adultes migrants par l&rsquo;Office f&eacute;d&eacute;ral suisse des migrations (site <i>fide</i>). Rien n&rsquo;emp&ecirc;che de r&eacute;aliser l&rsquo;approche actionnelle dans des m&eacute;thodes FLE, si l&rsquo;on prend bien garde au fait que, pour des publics jeunes, et vivant loin de pays francophones, ce r&eacute;alisme sociolinguistique n&rsquo;est pas la panac&eacute;e</p> <p>&nbsp;</p> <h3><b>5.2 La dissolution de l&rsquo;actionnel&nbsp;: &eacute;crasement des genres discursifs/des textes, &eacute;crasement des strat&eacute;gies d&rsquo;apprentissage</b></h3> <p>Dans les m&eacute;thodes de fran&ccedil;ais publi&eacute;es en France, l&rsquo;actionnel a re&ccedil;u cette forme caract&eacute;ristique des m&eacute;thodes actives, dont elle constitue un avatar, mais qui est encore loin des objectifs affich&eacute;s d&rsquo;enseigner le fran&ccedil;ais en donnant aux apprenants les moyens linguistiques de r&eacute;aliser des t&acirc;ches sociales concr&egrave;tes faisant sens pour eux. Il a aussi d&ucirc; compter avec les mani&egrave;res habituelles et r&eacute;pandues d&rsquo;enseigner le fran&ccedil;ais que nous avons d&eacute;j&agrave; caract&eacute;ris&eacute;es comme relevant d&rsquo;une m&eacute;thodologie ordinaire/globaliste (Beacco 2007). Celle-ci se caract&eacute;rise par le fait que les supports utilis&eacute;s servent de point de d&eacute;part &agrave; toutes les activit&eacute;s d&rsquo;enseignement, quelles qu&rsquo;elles soient&nbsp;: de nature communicative (relatives &agrave; la gestion de la production/r&eacute;ception des textes oraux et &eacute;crits) ou de nature formelle (descriptive ou m&eacute;talinguistique)&nbsp;: morphosyntaxe, lexique, prononciation&hellip; De la sorte, les &eacute;chantillons de langue ainsi utilis&eacute;s ne sont pas consid&eacute;r&eacute;s comme des textes exemplifiant des genres de discours, mais comme des illustrations du fonctionnement g&eacute;n&eacute;ral du syst&egrave;me de la langue fran&ccedil;aise.</p> <p>Le premier effet de l&rsquo;approche globaliste est de sous-estimer le fait que chaque comp&eacute;tence communicative rel&egrave;ve d&rsquo;une d&eacute;marche m&eacute;thodologique propre&nbsp;: on n&rsquo;apprend pas &agrave; &eacute;couter un enregistrement vid&eacute;o comme on apprend &agrave; r&eacute;diger un texte. La seconde est que la description des caract&eacute;ristiques linguistiques de chaque genre est largement ignor&eacute;e et sacrifi&eacute;e &agrave; une description g&eacute;n&eacute;rale standard du fran&ccedil;ais. La grande flexibilit&eacute; de cette approche lui permet de s&rsquo;approprier des &eacute;l&eacute;ments des m&eacute;thodologies constitu&eacute;es, comme les <i>fonctions</i> de l&rsquo;approche notionnelle-fonctionnelle (d&eacute;nomination premi&egrave;re de l&rsquo;approche communicative&nbsp;: Wilkins 1976). Mais cette int&eacute;gration d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments isol&eacute;s d&eacute;construit la coh&eacute;rence de la m&eacute;thodologie d&rsquo;origine &agrave; laquelle ils appartiennent et fait se &laquo;&nbsp;dissoudre&nbsp;&raquo; celle-ci dans les pratiques d&rsquo;enseignement pr&eacute;&eacute;tablies, fond&eacute;es sur des supports &agrave; exploitation polyvalente.</p> <p>Il en va de m&ecirc;me pour l&rsquo;actionnel/par t&acirc;ches. Ces t&acirc;ches sont r&eacute;alis&eacute;es &agrave; partir de supports, &laquo;&nbsp;exploit&eacute;s&nbsp;&raquo; de mani&egrave;re polyvalente, comme dans les exemples suivants. Dans l&rsquo;unit&eacute; 6 de <i>D&eacute;fi 1</i>, un document et un questionnaire destin&eacute; aux apprenants sur l&rsquo;utilisation d&rsquo;Internet (p. 94-95) servent &agrave; la lecture, &agrave; des &eacute;changes entre apprenants (qui doivent comparer les r&eacute;sultats de l&rsquo;enqu&ecirc;te) et &agrave; des activit&eacute;s grammaticales. Un document enregistr&eacute; sur le m&ecirc;me sujet sert &agrave; l&rsquo;&eacute;coute, &agrave; la langue, &agrave; produire dans des interactions (<i>discutez en groupe</i>) et &agrave; la production &eacute;crite (<i>&eacute;crire des questions pour aider vos camarades &agrave; </i>r&eacute;viser). Dans <i>Cosmopolite 2</i> (le&ccedil;on 5, dossier 5 p. 92), un site Internet donne lieu &agrave; des activit&eacute;s de lecture, &agrave; des activit&eacute;s orales en petits groupes (chercher des associations) et puis &agrave; des activit&eacute;s &eacute;crites (pr&eacute;parer une liste d&rsquo;activit&eacute;s). Dans ces cas, les activit&eacute;s d&rsquo;&eacute;largissement/d&rsquo;&laquo;&nbsp;exploitation&nbsp;&raquo; auraient avantage &agrave; partir de supports plus adapt&eacute;s par exemple, &agrave; l&rsquo;interaction orale ou &agrave; la production d&rsquo;&eacute;crits.</p> <p>Il est vrai que, d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, les m&eacute;thodes FLE consult&eacute;es ne sont plus organis&eacute;es aussi syst&eacute;matiquement qu&rsquo;auparavant &agrave; partir d&rsquo;un support principal o&ugrave; s&rsquo;accrochent la plupart des activit&eacute;s&nbsp;: elles pr&eacute;sentent plusieurs supports. Mais elles tendent, en fait, &agrave; les multiplier outre mesure : on peut voir l&agrave; une mani&egrave;re de s&rsquo;adapter aux pages Internet qui regorgent des textes et d&rsquo;images. <i>Edito A1</i> (unit&eacute; 6 p. 90-91) adopte une approche par comp&eacute;tences (compr&eacute;hension &eacute;crite, production orale, compr&eacute;hension orale&hellip;) et ne laisse pas de pages sans documents illustr&eacute;s, ce qui est une pr&eacute;occupation &eacute;ditoriale compr&eacute;hensible. On y trouve une trace de polyvalence avec de la production orale, consistant en des r&eacute;ponses &agrave; des questions &agrave; partir de quatre exemples &eacute;crits, le risque &eacute;tant celui de la reproduction pure et simple ou avec des variations lexicales mais sans interaction simul&eacute;e. Ce qui est surtout &agrave; noter est que le guidage de la compr&eacute;hension des textes &eacute;crits est r&eacute;duit &agrave; des questions standard (de quoi on parle&nbsp;? vrai ou faux&nbsp;?)&nbsp;: elles sont trop indiff&eacute;renci&eacute;es et limit&eacute;es pour constituer v&eacute;ritablement un enseignement des strat&eacute;gies de lecture qui requiert de la r&eacute;flexivit&eacute; (et donc de la place dans l&rsquo;espace &eacute;ditorial).</p> <p>On croit donc voir se profiler ce qui semble &ecirc;tre une tendance &agrave; la r&eacute;duction de la polyvalence par multiplication des supports mais, en m&ecirc;me temps, une miniaturisation des activit&eacute;s, par effet Internet&nbsp;: celle-ci tend &agrave; &eacute;craser l&rsquo;apprentissage des strat&eacute;gies communicatives et nuit &agrave; l&rsquo;adoption de m&eacute;thodologies sp&eacute;cifiques &agrave; chacune des comp&eacute;tences vis&eacute;es. La non prise en compte des textes, en tant que tels, perdure et l&rsquo;absence de focalisation sur des strat&eacute;gies d&rsquo;enseignement, destin&eacute;es &agrave; devenir des strat&eacute;gies d&rsquo;apprentissage, cons&eacute;quence de la multiplication d&rsquo;activit&eacute;s rapidement men&eacute;es (ce qui est cens&eacute; permettre de contrecarrer la d&eacute;motivation), ne permet pas d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; l&rsquo;indiff&eacute;renciation, qui est la marque de la m&eacute;thodologie de la polyvalence.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><b>6. Actionnel et communicatif, m&ecirc;me combat&nbsp;!</b></h2> <p>Pour redonner des couleurs &agrave; une approche par t&acirc;ches ainsi dilu&eacute;e, une des possibilit&eacute;s r&eacute;side, comme pour un EMILE cognitif-linguistique, dans l&rsquo;adoption de m&eacute;thodologies diff&eacute;renci&eacute;es par comp&eacute;tences qui prennent aussi en charge les textes et non uniquement la langue. Cette m&eacute;thodologie des textes et des strat&eacute;gies dispose des ressources th&eacute;oriques n&eacute;cessaires avec, entre autres, l&rsquo;analyse du discours qui peine &agrave; se frayer un passage dans les activit&eacute;s d&rsquo;enseignement et ce depuis longtemps (Beacco 1996). Son enseignement dans les formations FLE est d&rsquo;ailleurs en recul, signe de la d&eacute;centration progressive de la didactique du FLE qui se retire du champ des sciences du langage (mais voir la discussion de Coste 1997). Signe aussi de la moindre visibilit&eacute;, par rapport aux ann&eacute;es 80, de l&rsquo;analyse du discours elle-m&ecirc;me dans les sciences du langage.</p> <p>Rapprocher l&rsquo;approche actionnelle et l&rsquo;approche communicative/par comp&eacute;tences est rendu possible parce que les m&eacute;thodologies d&rsquo;enseignement sp&eacute;cifiques aux diff&eacute;rentes comp&eacute;tences communicatives n&rsquo;interviennent pas au m&ecirc;me niveau de structuration des enseignements que l&rsquo;approche par t&acirc;ches. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;enseignement en FLE ou du FLE, les d&eacute;cisions &agrave; prendre pour organiser les activit&eacute;s peuvent &ecirc;tre sch&eacute;matis&eacute;es sommairement comme suit&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <table cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top"> <p style="text-align: center;">I Principes &eacute;ducatifs pour l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td valign="top"> <p style="text-align: center;">II Situations de communications retenues</p> </td> </tr> <tr> <td valign="top"> <p style="text-align: center;">I II Comp&eacute;tences de communication retenues (interaction, production...)</p> <p style="text-align: center;">et strat&eacute;gies d&rsquo;enseignement/apprentissage correspondantes</p> </td> </tr> <tr> <td valign="top"> <p style="text-align: center;">IV Genres de discours et textes retenus dans ces situations de communication</p> </td> </tr> <tr> <td valign="top"> <p style="text-align: center;">V Activit&eacute;s communicatives et m&eacute;talinguistiques correspondant au niveau de ma&icirc;trise vis&eacute; (niveaux de r&eacute;f&eacute;rence du CECR)</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p>L&rsquo;approche actionnelle intervient au niveau II, dans la mesure o&ugrave; une t&acirc;che sociale-linguistique ou la r&eacute;alisation d&rsquo;un projet se distribue en diff&eacute;rents moments et situations de communication qui font intervenir des formes discursives diff&eacute;rentes, lesquelles requi&egrave;rent chacune la mise en place d&rsquo;activit&eacute;s p&eacute;dagogiques sp&eacute;cifiques. La coh&eacute;rence de ces activit&eacute;s est alors assur&eacute;e par cette t&acirc;che sociale-linguistique, qui les fait converger (au niveau II). Ces choix commandent ou encadrent ceux des comp&eacute;tences &agrave; d&eacute;velopper (nature, importance relative&nbsp;: une seule comp&eacute;tence, un profil diff&eacute;renci&eacute; de comp&eacute;tences, un niveau homog&egrave;ne&nbsp;?) et ceux des genres de discours &agrave; apprendre &agrave; ma&icirc;triser (III et IV). La notion de <i>s&eacute;quence m&eacute;thodologique</i> peut &ecirc;tre utilis&eacute;e aussi bien pour d&eacute;signer la succession d&rsquo;activit&eacute;s langagi&egrave;res constitutives d&rsquo;un sc&eacute;nario social ou d&rsquo;un projet (niveau II) que pour caract&eacute;riser l&rsquo;ensemble des activit&eacute;s communicatives et formelles qui sont destin&eacute;es &agrave; faire acqu&eacute;rir la ma&icirc;trise d&rsquo;un genre de discours et les strat&eacute;gies communicatives correspondantes.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Nous avons tent&eacute; de montrer que pour revivifier l&rsquo;approche actionnelle et d&eacute;velopper un EMILE cognitif-linguistique, l&rsquo;on pouvait avoir recours &agrave; des concepts et &agrave; des proc&eacute;dures partag&eacute;s, &agrave; ceci pr&egrave;s qu&rsquo;EMILE doit aussi g&eacute;rer l&rsquo;alternance des deux langues utilis&eacute;es. Une certaine r&eacute;novation des enseignements de FLE pourrait prendre appui sur la n&eacute;cessaire refondation d&rsquo;EMILE, qui a le vent en poupe, &agrave; partir des formes discursives. Mais il n&rsquo;est pas certain que cette authenticit&eacute; socio-discursive ainsi prise en compte soit, demain, un levier pour des dynamiques innovantes concernant l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais. La <i>doxa</i> didactique, si l&rsquo;on consid&egrave;re la f&eacute;brilit&eacute; qui se d&eacute;veloppe actuellement (= fin 2018) autour de la <i>m&eacute;diation</i>, n&rsquo;a pas dit son dernier mot.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><b>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</b></h2> <p>BEACCO, J.-C. <i>La rh&eacute;torique de l&#39;historien. Une analyse linguistique de discours</i>. Berne&nbsp;: Peter Lang, 1988.</p> <p>BEACCO, J.-C. Linguistique de discours et enseignements de langues. In <i>Recherches et applications,</i> 1996-2, p. 183-192.</p> <p>BEACCO, J.-C. 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